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Testaments, Fondations et Taxes à Plougonven. |
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Les testaments et les fondations continuent d'être nombreux dans la seconde moitié du XVIIème siècle. J'en ai déjà cité bon nombre, et la série risquerait, en se prolongeant de devenir fastidieuse. Parmi ceux des gens du peuple, il y a pourtant lieu d'analyser, pour la diversité de ses legs pieux et charitables, l'acte testamentaire de Guillaume Salaün, de Toulivinen, qui dicte ses volontés dernières le 18 août 1661. Après avoir fondé le service annuel de rigueur, il donne à l'hôpital de Lanmeur la 7ème partie d'un boisseau de froment. — à chacun des 3 fabriques de Plougonven 3 livres. — à N.-D. du Folgoat et à N.-D. Sainte-Anne en Auré, 3 livres. — à la chapelle tréviale de Saint-Eutrope, et à celle de Saint-Michel, 30 sols. — à Messieurs Saint-Germain et, Saint-Sauveur, 15 sols. — à l'église tréviale de Lanleanou, 6 livres. — à N.-D. de Callot, 30 sols. — à Catherine Salaün, femme Yvon Le Corvez, 3 livres. — à Jean Labat, son valet, 3 livres, plus lui payer 25 livres 10 sois de gages arriérés. — à Jeanne Berregar, sa servante, 3 livres, une chemise toile donge, une paire de bas de carisé blanc, une paire de souliers et le choix entre une génisse prête à être sevrée ou 3 livres, plus lui payer 30 livres de gages arriérés. Par ailleurs, il déclare qu'Hervé Bourven, du moulin Gaspern, et autre Hervé Bourven, de Kerallouant, lui sont redevables, l'un de 12, l'autre de 29 livres (Archives du Presbytère).
François Le Corvez, de Pontaléguen, fait en 1663 un legs testamentaire à la fabrique. Hervé Pezron et 0llive Le Lay sa femme fondent en 1673 un service solennel et une prière nominale, en donnant à l'église 3 renées froment de rente sur Parc-Méen, à Parc-an-Aotrou. En 1674, Hervé Le Saoult, de Ponthouars, lègue pour dotation d'un service annuel un boisseau froment de rente sur le convenant Runeouff en Plouigneau (Archives du Presbytère).
A la date du 28 mars 1680 se place le testament d'un notable quevaisier, Allain Pezron, du village de Kergorre, qui débute par de paternelles et sages recommandations « Considérant que N. S. Jésus-Christ laissa pour héritage sa paix à ses disciples, la désirant et souhaittant laisser pour principalle et meilleure succession à sa femme et ses enffentz, qu'il suplye par amictyé paternelle de s'entre-aymer et porter honneur et respect, après son debcoix à Marguerite Manach leur mère, ainsy qu'ils ont faict jusques a present, affin de les informer de ses dernières intentions, a dict et déclare, statue et ordonne ce qu'ensuilt :
Recommande son âme à Dieu, à la Sacrée Vierge-Marie nostre Dame, et à tous les saincts et sainctes de Paradis. — demande à être inhumé dans l'église, et que ses obsèques, services, octave et funérailles soient observées par ses héritiers selon sa qualitté et condition ».
Il fonde 2 services annuels hypothéqués sur Liors-Rivoalen, à Kermerchou en Lanmeur, et une messe sur l'autel privilégié chaque lundi pendant 1 an. — Donne une vache à la fabrique et à l'église de Christ. — 5 sols à chacune des chapelles de Saint-Germain-Kervézec, Saint-Michel, Saint-Souron et Saint-Sauveur [Note : Il est curieux que de cette largesse soient exclues les chapelles de Saint-Eutrope et de Salut-Albin. Les montagnards n'aimaient guère, semble-t-il, les gens de la trève]. — 5 sols à chacune des églises de Callot, de Buhulat (Bulat-Pestivien), du Folgoat, de Plourin, de Sainte-Anne en Auray, de Saint-Jean-du-Doigt et Saint-Corentin de Scrignac.
Il déclare que lorsqu'il acquit de l'abbaye du Relec le convenant-quevaise qu'il possède à Kergorre, il obtint l'agrément du « chapitre des nobles et vénérables religieux » à ce que l'un de ses enfants, François Pezron, le préféré sans doute, lui succédât dans les droits de cette quevaise, bien qu'il ne fût pas le dernier-né, le juveigneur auquel l'usement réservait ce privilège. Mais ledit François étant mort il y a 5 jours sans avoir joui du convenant en question, son père désire que le plus jeune des enfants de ce François en dispose à son tour. Et au cas où il hériterait aussi des deux autres quevaises que le testateur possède au village de Kermeur, il devra payer 300 livres à chacun de ses 6 frères et sœurs. Cet article prouve qu'il y avait des accommodements avec la règle soi-disant inflexible de la quevaise, lorsqu'un père de famille voulait avantager tel de ses enfants qui lui en paraissait digne (Archives du Presbytère).
En 1690, Marguerite Meur, femme de Guy Le Goff, lègue par testament aux prêtres de Plougonven la moitié du lieu de Kermoric, valant de rente 3 quartiers froment, 1 quartier avoine, 30 sols argent, 3 corvées à bras, 2 chapons et 14 livres de beurre, moyennant 3 services annuels, une prière au prône et un De Profundis sur sa tombe après vêpres. L'autre moitié du même convenant appartenait déjà à la fabrique, qui l'avait acquise en 1653 du seigneur de Kerloaguen, et à laquelle François Larhantec fournit déclaration en 1679, en reconnaissant qu'il lui doit de rente convenancière 7 quartiers froment, 1 renée seigle, 3 renées avoine, 4 chapons, 6 poulets, 14 sols 2 deniers d'argent et 20 livres de beurre (Archives du Presbytère).
De son côté, le clergé paroissial savait faire fructifier l'excédent de ses revenus, au lieu de le laisser dormir inutile au fond d'un coffre. En 1668, il devient le créancier d'Hervé Le Fouler et Anne Salaün sa femme, qui lui consentent un contrat de constitution d'une rente de 22 livres 10 sols sur l'hypothèque de leur convenant de Lezozen (Archives du Presbytère).
Le « distributeur ordinaire » était alors Missire Hervé Le Dilacer, prêtre, demeurant au lieu noble de Bourdidel, qui, le 10 novembre 1682, fournit aveu des rentes appartenant aux prêtres de Plougonven sous les fiefs de Bodister et Gaspern, à Messire Germain de Talhouët, chevalier, seigneur de Bonamour, président au Parlement de Bretagne, mari et procureur des droits de dame Françoise Le Cozic, propriétaire de la châtellenie de Bodister, le Gasperu, Keraudren, Kermellec, le Muriou, St-Iliau, Kervern, etc. (Archives du Presbytère).
En 1684, le corps politique doit fournir un « Roolle et déclaration des chevaux, estalons et jumants estant dans la paroisse de Plougonven » aux commissaires de Sa Majesté pour l'inspection des haras de l'évêché de Tréguier (Archives du Presbytère). En 1692, la bourse des contribuables subit un rude assaut de la part du fisc, qui, armé d'une déclaration royale du 5 juillet 1689, exige de lourdes taxes pour les droits d'amortissement et de nouvel acquêt dûs sur les biens de la fabrique et du clergé. Il en coûte à la paroisse 2.124 livres 6 sols, non compris les 2 sols par livre, d'après le rôle de répartition dressé le 30 mars 1692 ; elle paye de plus 632 livres 9 sols « pour l'interest particulier de la fabrice », selon quittance du 4 mars 1693. Ce même jour, Guillaume Carronce et Guillaume Guéguen, trésoriers, déposent au greffe des domaine des gens de main morte un état des rentes et revenus de la fabrique (Archives du Presbytère).
Les archives du presbytère conservent un rôle daté du 6 mars 1694 « pour le payement des garnisons de cette province et la taille du Roi nostre Sire en 1694 en la paroisse de Plougonven ». Les termes taille et fouage sont équivalents, mais comme le montant de la somme perçue ne s'élève qu'à 180 livres 16 sols, il y a lieu de croire qu'elle représente seulement l'imposition du casernement, ou de garnison, car le fouage de la paroisse devait atteindre un chifire plus considérable. En voici le détail par fréries : Leserren : 22 livres 18 sols. — Kerhervé : 25 livres 7 sols. — Kerangueven : 13 livres 1 sol. — La Forest : 20 livres 4 sols, — Quilliou : 19 livres 12 sols. — Le Duc : 18 livres 1 sol. — l'Abbaye : 17 livres. — Kermorvan : 13 livres 5 sols. — Kervigaouez : 26 livres 2 sols (Archives du Presbytère). L'impôt du casernement, établi en 1689, était une infraction aux privilèges de la Bretagne et donnait lieu chaque année à des remontrances de la part des Etats, mais tout ce que ceux-ci purent obtenir, en 1732, ce fut que l'Etat leur abandonnât désormais le soin de répartir eux-mêmes cette taxe et d'en organiser l'emploi (A. Dupuy, L'Administration municipale en Bretagne au XVIIIème siécle, p. 180). (L. Le Guennec).
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