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L'ANCIENNE NOBLESSE et LES GENTILHOMMIÈRES DE PLOUGUENAST

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PLOUGUENAST de la fin du MOYEN-AGE à la REVOLUTION

LES SEIGNEURIES A HAUTE JUSTICE.

En cette fin du Moyen-Age, Plouguenast comptait quatre Seigneuries à Haute Justice : Le Cran - Le Pontgamp - Cornéan – La Touche.

Sa Seigneurie à haute justice comprenait le droit de cep et collier, c'est-à-dire de prison, le droit de fourches et patibulaires, c'est-à-dire de potences. Une seule, semble-t-il, l'exerça effectivement dans la paroisse, celle du Pontgamp. D'ailleurs, les Seigneurs abandonnèrent de bonne heure l'exercice de ce droit de haute justice, car l'établissement d'une cour, avec tous les personnages qu'elle comportait, coûtait trop cher, et les criminels étant habituellement des va-nu-pieds, la confiscation de leurs biens ne pouvait compenser les frais du procès. C'est pourquoi on ne badinait point avec les coupables. On pendait et étranglait pour "volleries". Un petit larcin vous faisait perdre facilement une oreille, sinon les deux. Si vous "déméritiez" vous étiez fustigé sur la place du marché...

Aucun des grands Seigneurs dont les noms suivront n'habitat le pays, exception faite pour la Touche. En 1471, le duc de Bretagne, François II, voulant s'assurer que la noblesse s'était conformée aux ordonnances de prises d'armes, ordonne des monstres générales. La revue a lieu à MONCONTOUR. De Plouguenast étaient présents les nobles suivants : DE CARMENE du manoir de la Touche ; - DE QUENGO du Rochay, ou du château du Pontgamp en LANGAST ; - DE QUEBRIAC du manoir de Tracouet ; - DE LA COULDRE du manoir de la Coudre.

 

LE CRAN.

En 1420, le manoir et le domaine du Cran étaient la propriété de Jehan DE BEAUMANOIR qui l'hérita de Robert DE BEAUMANOIR son "frère aîné". Cette Seigneurie relevait de Moncontour et versait à celle Lamhalle une rente de 5 sols, 6 deniers, et 9 sols, 6 deniers. Le fief était assez important, il s'étendait aux paroisses de GAUSSON, PLOEUC et PLOUGUENAST. Il y avait là un château ou manoir fortifié puisqu'il y avait des douves. Etant donné son emplacement avantageux au point de vue stratégique, la Motte Féodale avait été remplacée par un château de pierres plus solide.

Il était devenu la propriété des BEAUMANOIR de DINAN, probablement en 1352, lorsque les terres de Moncontour appartenant à Charles DE BLOIS, comte de Penthièvre, furent données à Jéhan DE BEAUMANOIR, le vainqueur du Combat des Trentes en reconnaissance du mal qu'il s'était donné pour la liberté du Comte Charles, alors prisonnier des Anglais.

Il y a d'autres aveux de 1451 et de 1458 fournis par Messire Jean DE BEAUMANOIR, de son vivant seigneur du Bois de la Motte qui détaillent "l'hôtel", le manoir, le domaine, avec appartenances et dépendances, etc.

D'autres aveux des années 1538, 1561 et 1583 nous indiquent que le Cran a passé à Demoiselle de la Rocques, dame d'Estuer, du Cran, de Beaumanoir, puis à demoiselle Anne DE LA ROCQUES épouse de noble homme Philippe GUEGAN, écuyer sieur de ces lieux. On cite toujours la maison, manoir, métairie, avec l'emplacement de le vieille tour. La maison du métayer couverte d'ardoises a 60 pieds de longueur. La propriété de 423 journaux de lande du Cran est contestée à la famille en 1583.

Pendant tout le XVIIème siècle, aucun renseignement sur cette seigneurie, sauf que le procureur fut maître Pierre MOUESSAN, époux de Gilette BERTHELOT du Pontgamp et que les métayers étaient une famille LUCAS.

En 1703, Messire Jean DUPARC seigneur de KERCADOU fait aveu au nom de sa femme, sans doute dame PERONELLE Angélique de la Villéon, demeurant habituellement à Paris. Alors le manoir a déjà disparu. On ne cite plus que la chapelle St Eloy, un emplacement de tours et douves, de vieilles mazières paraissant y avoir eu autrefois un château, vieil étang, vieille chaussée ruinée, avec une place appelée vulgairement la Fosse, bois de hautes futaies, les landes du Cran et autres terres, moulin, quelques dîmes, droit de haute justice et prééminences etc.

‘’La tenue St Ho est à la Seigneurie du Cran et doit pour chacun an et terme de mi-carème, 8 sols monnayés, au terme St Gilles 9 sols 6 deniers et au jour et terme St Michel 2 quarts de seigle et 2 quarts d'avoine, les rentes féodales et seigneuriales et la dîme à la 18è gerbe".

En 1764, Dame Périne de COETLOGON, comtesse de Carné, héritière principale de noble marquis de Coëtlogon, fils de dame Péronelle de la Villéon, reçoit le Cran dans son héritage.

Quand survint la grande Révolution de 1789, Gillette de Carné, veuve de Grenédan, éleit propriétaire et le fermier était René LAMANDE. Gillette de Carné émigra. En conséquence, tous ses biens furent confisqués et vendus comme biens nationaux. Ces biens étaient : La métairie du Cran - Le moulin du Cran - Le moulin de Tracouët - La métairie comprenait : la maison d'habitation, une maison en ruine servant de décharge, un cours de bâtiments, au nord de la maison, divisé en étable, grange, grange, pressoir, four et fournil en paille. De plus, trois courtils, le taillis (15 arpents) douze pièces de terre. Le tout était loué trois cents livres, dont 75 par imposition au propriétaire.

Vendu aux enchères publiques, la mise à prix fut de 4.500 livres seulement. Finalement la métairie fut acquise par Duval DU QUILLIO pour 10.100 livres.

Le moulin du Cran qui comprenait la maison d'habitation, le moulin avec deux roues, une étable, un courtil planté de pommiers. Le tout cerné au levant et au midi par le chemin du Breil à la Ville Bertho, au couchant et au nord par la rivière.

Il fut estimé 4.500 livres. Aucun amateur ne s'étant présenté, il resta invendu.

Le moulin de Tracouët comprenant, maison d'habitation, moulin, fournil, deux courtils et un pré, fut vendu à René THEBAULT fils, de PLOUGUENAST pour 10.400 livres.

 

LA SEIGNEURIE DU PONTGAMP.
Le Pontgamp, comme disaient les anciens, "le passage et ville du pontgamp" fut de tout temps un lieu de grande importance à Plouguenast, au moins autant, peut-être plus important, que le Bourg. Il n'avait rien à envier au Bourg. Il avait sa chapelle Ste-Anne, ‘’quel dommage qu'il l'ait laissée disparaître et que rien, absolument rien, ne rappelle plus là le culte séculaire de la grande Ste-Anne". Il avait ses prêtres habitués, et une agglomération aussi étendue que celle du Bourg et mieux placée. Il a fini par aspirer le bourg, car la lutte d'il y a cent ans, pour le changement de place de celui-ci fut principalement une lutte d'influence entre l'actuel Vieux Bourg et le Pontgamp.

Plusieurs choses expliquent la prépondérance prise par ce village. D'abord et surtout sa situation sur le chemin ou la route royale de St-Mato à Quiberon, c'est-à-dire de la Manche à l'Océan. Il gardait un des rares ponts sur le Lié. C'était un relai pour les cavaliers, les voitures et piétons avec des hôtels, dont l'un au moins nous est connu, l'hôtel à l'enseigne du "Cheval Blanc". Ce fut enfin le lieu où s'exerça la justice de la Seigneurie du Pontgamp. Un plan de 1766 conservé aux Archives de St-Brieuc en représente une partie avec son étang, son déversoir, sa chaussée, ses deux moulins et un calvaire au bas de la Côte-Raide. L'étang dut être réduit à un simple bief tel qu'il est aujourd'hui, quand on construisit les ponts et la route neuve sous Napoléon III vers 1867 et 1868.

Au début du XVème siècle, exactement en 1429 le fief du Pontgamp et Gourmené appartenait à Guillaume DE TOURNEMINE, sire de La Hunaudaye. Il resta dans cette famille, qui était alliée aux BEAUMANOIR jusqu'en 1552, il passa alors à Jean DE LAVAL, fils d'une TOURNEMINE, sire de CHATEAUBRIANT et en 1655, le 11 décembre, le duc de Bretagne (Jean) le donnait à Jean II DU QUENGO, seigneur du Rochay en Langast, archer à la compagnie de Jean DE LAVAL.

Le fief du Pontgamp comprenait la plus grande partie de la paroisse, d'une partie du Bourg à St-Théo et du Gaboret à St-Michel, dont 500 journaux de lande et 110 de landes de Cadorain et trois moulins à blé au pontgamp. Le fief fut créé baronnie en 1487, en même temps que les autres biens des sirs de la Hunaudaye. lorsque l'un d'entre eux, eut, pour le compte du duc de Bretagne, enlevé Moncontour aux troupes du roi de France.

Les QUENGO le possédèrent presque jusqu'à la Révolution. Les QUENGO s'appelèrent comte de TONQUEDEC à partir de 1636 quand ils eurent acheté le château de Tonquédec à Amoury GOUYON, marquis de la MOUSSAYE. En 1593, leur château du Rochay fut pillé par les troupes royales et juquenotes.

En 1750, Françoise Sylvie d'Espinay, dame de Tonquédec, vendit le Pontgamp à René DE QUENGO et Français de la MOUSSAYE. D'une part, le manoir et la terre du Pontgamp en Langast, d'autre part la Seigneurie du Pontgamp-Courmené, consistant en fiefs et juridictions, moulins à eau et prééminences d'église, ses foires et marchés qui se tiennent à Langast.

La Révolution trouve le Pontgamp aux mains de la MOUSSAYE. Les fiefs sont supprimés évidemment et la famille de la MOUSSAYE ayant émigré, les biens dont elle était l'absolue propriétaire sont vendus. Le château du Pontgamp en Langast est acheté par Pacifique VIET pour 2.700 livres. Le Moulin du Pontgamp, loué è Mathurin HAMON est acheté par celui-ci et Mathurin LE RAY, associés, pour 2.500 livres. Le moulin de Guettelièvre, estimé 5.000 livres est acheté 5.150 livres par une famille de Plouguenast. Le moulin de Bérier est acquis par Joseph HAMON de Plouguenast.

 

SEIGNEURIE DE LA TOUCHE CARMENE puis BROONSTINEUF.

De tout ce passé que nous essayons d'évoquer, le manoir de la Touche est le seul vestige de quelque intérêt. D'après un acte détaillé de 1664, le manoir proprement dit existait tel qu'il est aujourd'hui. C'est donc dire qu'il n'a jamais été fini. Le Seigneur qui l'entreprit au XVème siècle vit trop grand et ne put jamais terminer son œuvre. Le nombre de ses propriétaires successifs semble indiquer, d'autre part, qu'il ne donna jamais satisfaction à personne.

L'aveu le plus ancien le concernant remonte à 1477. Il est alors la propriété de l'Ecuyer, Louis de Carmené, avec 70 journaux de terre dont 16 de pré. A lui appartiennent aussi la ville es brets, le Buchou et la Drollaie.

Pendant les XVème et XVIème siecie il est possédé par les familles CARMENE et GUEHENEUC. Le droit de haute justice leur fut accordé au XVème siècle seulement.

En 1498, Messire Gilles DE CARMENE ou KERMENE, seigneur de la Touche et du Plessix, 1er échanson de la duchesse Anne, épousa Françoise de Broons, dame de Brondineuf en Sévignac. Le contrat fut passé en présence de la Duchesse Anne qui leur donna 3.000 livres, et du consentement de frère OLLIVIER de Broons, Abbé de St-Mélaine et de François de Broons Seigneur du Fourneau, 1er panetier de la Duchesse.

Cette Françoise de Broons avait épousé en 1ère noce François PREEZART dont elle n'avait pas eu d'enfant. De son second mariage avec Gilles De Carmené elle eut René De Carmené qui devint Seigneur de la Touche et de Brondineuf. C'est ainsi que la Touche Carmené devint la touche Brondineuf.

Le manoir avec ses dépendances fut vendu une première fois par Guillaume De Derval, sieur de Brondineuf à Jean Grossian, sieur de la Ville-Colas. Puis en 1625, nouvelle vente par Isaac Loizel, seigneur de Brye, conseiller du roi, et président du Parlement de Bretagne à demoiselle Budes, douarière de Brondolo, demeurant à Brangolo en PLEMY.

Les Budes en conservèrent la propriété pendant toute le XVIIème siècle. Dans deux aveux de 1664 et de 1673 on trouve la description complète et détaillée du manoir et des dépendances.

En 1730, la Touche passe à la famille THEPAULT, seigneur du Tilloz et de Tréfalgant dans l'évêché de Tréguier. On signale que la chapelle est en mauvais état et n'est point désservie faute de réparations, ainsi, que la maison principale.

En 1765, Louis Anne THEPAULT de Tréfalgant vend le manoir, le Colombier, les prééminences, les métairies, le fief et les juridictions à l'Ecuyer Pierre Marie Hyacinthe de CHAPDELAINE qui la transmet plus tard aux DE LA ROUE de Belnoë.

Ainsi le manoir si remarquable et si visité de la Touche n'a guère été habité, certainement pas depuis les Carmené. Ces Carmené avaient d'autres châteaux aux Essarts et en St-Gouens d'où ils étaient originaires.

 

CORNEAN.
De la quatrième haute justice en Plouguenast il y a très peu à dire, car ce fief fut de bonne heure acquis par les QUENGO et son histoire se confond avec la leur. Il n'apparaît pas qu'il y ait jamais eu là un manoir important.

Un rachat de l'an 1451 nous apprend que le domaine, les rentes, le moulin à fouler et les dîmes de Cornéan appartenaient à Ollivier DE BEAUBOUES. Un siècle plus tard, 1555, noble homme Noël DE TREAT, fils aîné et procureur de noble homme et puissant Briend DE TREAT, seigneur de BEAUBOIS, fait hommage de la terre et seigneurie de Cornéan avec dépendances s'étendant aux paroisses de Plouguenast, Plémy, Hénon.

En 1690, le fief est aux Quengo, seigneurs du Pontgamp et de Crénolles. A la mort de Sylvestre de Quengo, sa veuve ; Dame Marie Anne du Plessis de Gémonville en fait aveu en ces termes : "Item la terre et chastelenie de Cornéan, paroisse de Plouguenast, consistant en vieux vestiges de maisons, vieux viniers, landes et communs, tout ce qui en dépend avec droit de haute, basse et moyenne justice, création d'officiers, sénéchal, alloué, procureur d'office, greffier, notaire, sergent, à cause de laquelle elle est fondateur et prééminencière en la chapelle St-Michel de Cornéan. Item son rôle et rentière qui se lève sur les vassaux estant aux paroisses de Plouguenast, Pleumi et Hénon. La dîme sur les terres et dépendances où elle se lève. Un moulin de Cornéan".

Comme il n'y avait là d'un fief, il n'en fut pas question lors de la vente des biens nationaux.

Certains dictionnaires citent une cinquième haute justice dans la paroisse à Gomené.

 

LA PETITE NOBLESSE.
Après ces brèves notes sur les grands possesseurs de fiefs qui n'ont pas habité le pays mais qui étaient représentés par leurs sénéchaux, nous allons dire quelques mots maintenant de la petite noblesse, de ces gentilshommes campagnards qui vivaient sur leurs terres, souvent en l'exploitant, au milieu des paysans dont ils partageaient presque l'existence. Ces hobéreaux étaient dits, au moins les principaux d'entre eux, Seigneurs à basse et moyenne justice. C'était une délégation de l'autorité des grands Seigneurs dont ils tenaient leurs domaines en fiefs. Au cours des âges ces manoirs nobles se multiplièrent et s'étendirent. Petit à petit, en effet, sous l'autorité des rois de France tendant à concentrer tout le pouvoir entre leurs mains, ces grands domaines s'effritèrent. Acculés par des besoins d'argent, les "hauts et puissants" Seigneurs vendaient leurs terres et leurs privilèges morceaux par morceaux. Les gentilhommes laborieux et la bourgeoisie enrichie dans le négoce, en firent leur profit. De plus les rois créaient sans cesse de nouveaux nobles. Nous verrons des hommes de lois et de riches commerçants recevoir ou prendre ainsi des titres de noblesse.

Les principales gentilhommières de Plouguenast dont beaucoup ont disparu il y a bien longtemps étaient : Lanfosso, Montorien, la Ville d'Anne, Belnoë, le Vaudelier, la Couvre, la Forge, Haute-Ville, la Barre, Garmorin, la Langueraie, le Coulombier.

(Abbé Ange Lucas).

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