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SEIGNEURIES ET MANOIRS DE PLOUZANÉ

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Manoir de Coaténez.
Situé à 3 kilomètres au nord-ouest du bourg, ce manoir est perdu au sein d'un triste paysage de marais, de taillis, de brousses désertes, au milieu duquel, dans la fraîche verdure des prés, étincellent les miroirs argentés d'un chapelet d'étangs, formés par l'Aber-Ildut.

Ce qui y retient l'attention c'est l'imposant pavillon carré, envahi par le lierre, dans lequel s'ouvre le portail extérieur. Ce portail, en arc brisé, a des pieds-droits légèrement obliques, ce qui lui donne le tracé d'une mitre d'évêque Il est flanqué de part et d'autre de deux meurtrières à fauconneaux et on y accède en franchissant un pont de pierre. Les bâtiments d'habitation ont conservé une belle porte gothique, et une baie oblongue, jadis garnie de barreaux de pierre. Le puits est surmonté d'une statuette de saint tenant un livre.

Un beau pennon héraldique, provenant de Coaténez, a été transporté, vers le début du XIXème siècle, au manoir de Kervasdoué, en la commune de Locmaria-Plouzané. On y trouve les armes des Penmarch, écartelées d'un fascé-ondé en abyme sur un groupement de onze autres écussons, où se reconnaissent ceux des familles de Chastel-Langallo, Bohier, Poulpiquet, Barbier, Le Barbu, de Guengat, Keroulas, Kerguiziau et Kerouartz.

Le manoir de Coaténez est appelé dans la contrée le Château du Diable, et la fontaine qui l'avoisine feunteun an diaoul.

« Il y a longtemps, longtemps, dit la légende, le château du Diable était habité par de puissants seigneurs. A cette fontaine que nous voyons était attaché un gobelet d'argent, retenu par une chaînette de même métal. On juge qu'un tel trésor n'était pas sans éveiller bien des convoitises, aussi maintes fois disparut-il. Mais le vieux Guillou (c'est le nom donné à Satan en Basse-Bretagne) veillait avec jalousie sur son bien et en redevenait maître rapidement. Comment direz-vous ? C'est bien simple : en faisant la nuit sa tournée dans les chaumières, il regardait les mains de chacun et reconnaissait le larron dont les doigts, sitôt le larcin commis, prenaient une « teinte d'enfer » ce que, naturellement, le vieux Guillou était seul capable de reconnaître. Satan rentrait donc bien vite en possession de l'objet volé.

Un jour, un paysan, plus malin que le vieux Guillou lui-même, usa d'un stratagème. Brisant la chaînette d'un coup de pierre, il passa l'anneau du gobelet d'argent dans une branche d'épine blanche, et le transporta en sa demeure, ayant bien soin ensuite de brûler la branche d'épine. Faute de traces visibles cette fois sur les doigts du voleur, Satan fit de vaines recherches et voilà pourquoi, aujourd'hui, à la Fontaine du Diable, on est obligé de se servir, pour boire, d'une simple écuelle de bois » (TOSCER, Le Finistère Pittoresque).

Le 7 décembre 1458 Alain Quilbignon possédait le manoir de Coaténez (Dom MORICE, Preuves, II, 213). Ce domaine passe, vers 1525, aux Penmarch par le mariage de Charles avec Jeanne Quilbignon. Penmarch se fond à son tour, vers 1640, dans Le Veyer, seigneur du Parc, en Rosnoen, par l'union de Marie-Françoise de Penmarch avec François Le Veyer.

Les Le Veyer blasonnaient : d'or à 3 merlettes de sable. Coaténez fut ensuite transmis par alliance aux de Guer de Pontcallec et aux Kerguiziau.

En 1615 le sieur de Coaténez cède au sieur de Kersalaun une tombe se trouvant au haut bout de l'église de Plouzané. Des mariages furent célébrés dans la chapelle du manoir en 1637, 1638, 1641...

Manoir de Kérédec.
A 6 kilomètres nord du bourg, à 800 mètres de Bodonnou, le manoir de Kerédec est signalé sur la route de Saint-Renan par une vieille croix armoriée au blason mi-parti des du Garo : d'argent à trois sarcelles de sable, et des Kermorvan : d'argent à la croix ancrée d'azur.

C'est un édifice bien conservé du XVIème siècle, qui fut bâti par maître Sébastien du Garo, archer en brigandine à la montre de 1534. Un portail à arcade gothique introduit dans la cour, où la maison principale, en moyen appareil, est décorée d'une élégante porte de kersanton, en anse de panier, à fleuron que timbre un écusson aux armes des Garo et des Kermorvan. Deux autres écussons, sculptés sur la grange, portent aussi les trois sarcelles des du Garo, pleines, et écartelées de six pièces. Un pavillon carré, à pan coupé, s'élève derrière le manoir.

Kérédec fut le bien des du Garo du XVème siècle au XVIIème siècle. Voici leur lignée : Nédélec du Garo, en 1443 ; Jean, en 1481 ; Jean, en 1503 ; Sébastien, en 1534 ; Hervé, bailli de Lesneven, en 1569 ; N. du Garo, l'une des quarante salades de la garnison de Brest, en 1594, époux de Claude Le Ny [Note : La salade était un casque rond que portaient les soldats à l'époque].

Le manoir passe aux d'Andigné de la Chasse par le mariage, en 1627, de Marguerite du Garo avec Jean-Baptiste d'Andigné, conseiller au Parlement de Bretagne, en 1633. La famille d'Andigné, qui donna, en 1763, un évêque au Léon, était de la haute noblesse d'Anjou et s'était établie en Bretagne au XVIème siècle.

Kérédec fut vendu en 1704, par Charles d'Andigné, à Urbain de Quélen, sieur de Kerohant, en Hanvec.

Manoir du Hallegoët.
Ce manoir se trouve à 4 kilomètres nord-est du bourg. C'est un édifice à portail gothique et fenêtres à meneaux, flanqué sur l'arrière-façade d'une petite tour basse, qu'on a transformée en four.

Le Hallegoët a été le berceau d'une antique race, transplantée dans le Tréguier où elle a produit des conseillers au Parlement de Bretagne, un maître des requêtes de l'hôtel du Roi, puis un évêque : Guillaume de Hallegoët, évêque de Tréguier de 1594 à 1602.

La branche aînée des Hallegoët s'était éteinte dès 1383 dans la famille de Poulpiquet.

Manoir de Langongar.
Ce manoir est situé à 4 kilomètres nord du bourg.
D'après un aveu fourni en 1611 au fief de Keruzas par Allain de Cambout, chevalier des ordres du roi, gentilhomme de sa chambre, seigneur de Langongar, le manoir de Langongar avait chapelle [Note : Sur la chapelle est un écusson aux armes des Mol : trois ancres écartelées d'une croix alésée], allées, bois, taillis, colombier, métairie, un moulin ruiné. Il possédait une chapelle au chœur de l'église de Plouzané, dont les vitres portaient les armes de Langongar : un livre d'or au champ de gueules.

De cette seigneurie dépendait le lieu noble de Coatinsaoulx, en Ploumoguer.

Les seigneurs de Langongar étaient prévôts féodés de Brest. Le manoir appartenait en 1539-1543 à François de Keroulas, en 1772 à Michel de Gouzillon, chevalier, lieutenant des vaisseaux du Roi et, plus tard, à Jean de Gouzillon, capitaine de vaisseau, chevalier de Saint-Louis.

Il est, vers 1942, habité par M. de Parcevaux.

Manoir de Poncelin.
Le manoir de Poncelin, situé à un kilomètre ouest du bourg, a été remanié et modernisé. Il comportait une galerie à meurtrières et mâchicoulis défendant le portail extérieur, Ce portail, à portes cavalière et piétonne, était défendu à gauche par une embrasure rectangulaire très évasée.

Le manoir, qui appartenait en 1443 à Guyomar Poncelin, passa de cette famille aux Touronce, puis aux Kersauson, par le mariage, en 1621, de Marie de Touronce avec Jean de Kersauson, chevalier, seigneur de Rosamon. Il appartint dans la suite aux Kerguiziau, puis à la famille de Kerros.

Manoir de Langolian.
Ce manoir, situé à 5 kilomètres sud du bourg, doit sans doute son origine à une chapelle dédiée à saint Goulven, toujours honoré à Plouzané. Il appartenait en 1752 à Joseph-Gabriel de Mol, chevalier de Saint-Louis et lieutenant-colonel de dragons.

Manoir de Névent.
Ce manoir, situé à deux kilomètres au sud-est de la Trinité, est perché sur une hauteur dominant un vallon pittoresque qui va mourir dans l'anse de Sainte-Anne du Portzic. La maison semble avoir été remaniée au XVIIème siècle ; elle s'appuie sur un fort pavillon à toiture aiguë, flanqué d'une tourelle à col-de-lampe.

Névent appartenait aux Le Veyer, puis fut acquis en 1688 par Julien Verduc, docteur en médecine à Landerneau, et, en 1748, par Jean de Keroulas, conseiller au Parlement, qui le transmit à son neveu, Yves-Alain Le Borgne, marquis de Coétivy.

(H. Pérennès).

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