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LA CHAPELLE DE NOTRE-DAME DE BERVEN |
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La chapelle de Notre-Dame de Berven en Plouzévédé (en breton Ilis an Itron Varia an Derven), située à 1.500 mètres au nord du bourg et à proximité de la route de Saint-Pol-de-Léon à Lesneven, est une des plus célèbres du Léon. D'après un vieux manuscrit sur Notre-Dame du Folgoat, la première chapelle aurait, été construite au VIème siècle par des disciples de Saint Paul Aurélien, qui, prêchant la foi dans la région de Plouzévédé [Note : Parmi eux, Saint Tévédé qui a donné son nom à la paroisse], s'aperçurent que les habitants s'assemblaient autour d'un chêne plusieurs fois séculaire pour les cérémonies druidiques. Ils bâtirent à côté une chapelle à la mère de Dieu sous le nom de Notre-Dame du Chêne, Derven, qui aurait été changé depuis en Berven.
D'autres recourant à l'origine d'une fontaine miraculeuse, prétendent que Berven viendrait du verbe breton « Bervi », bouillonner. Les habitants auraient remarqué une source dont l'eau bouillonnait en jaillissant et auraient appelé la localité témoin du phénomène, du nom même qui en rappelle le fait [Note : Il s'agit de la fontaine de Kermojean-Huella, dont il est parlé à la fin de cette étude et où ce phénomène se produit lorsqu'on la vide à moitié].
Le sanctuaire serait avec Notre-Dame du Kreisker, le plus ancien dédié à la Vierge Marie dans le Léon.
« D'après la tradition, Saint Hervé serait né au hameau de Lanrioul vers 520. On y montre une pierre sur laquelle il a creusé l'empreinte de ses genoux à force d'y prier » (Le Guennec).
Les archives ayant été brûlées à la Révolution, nous ne possédons aucun renseignement sur les édifices qui ont précédé la chapelle actuelle.
« De grandes grâces ont été obtenues par l'intercession de Notre-Dame de Berven. Avant la Révolution, Madame du Lescoat du château de Kernaou en Ploudaniel, près de Lesneven, percluse de tous ses membres, se rendit en pèlerinage à Berven. Elle y fit célébrer la messe à son intention et s'y fit transporter en s'aidant de ses béquilles. Durant le Saint Sacrifice elle se trouva mieux et sur la fin elle était radicalement guérie. En reconnaissance elle laissa ses béquilles à la chapelle et y retourna bientôt portant une couronne dorée à la statue et d'autres pièces d'argent comme plats » [Note : Cette guérison et plusieurs autres sont relatées dans un registre que M. Boteraou curé de Plouzévédé a mis aimablement à notre disposition].
Les nombreuses faveurs que les serviteurs de Marie y ont reçues, les miracles qui s'y sont opérés, le concours des pèlerins de plus en plus nombreux ont déterminé les habitants dans la deuxième moitié du 16ème siècle à construire un nouvel édifice plus digne de la Reine des Cieux. Grâce au concours des paroisses voisines, aux largesses des seigneurs de Kerjean et des châtelains du pays, ils ont réussi à faire une des chapelles les plus belles et les plus complètes de la Bretagne.
D'après la tradition, il y aurait eu autrefois des moines à Berven, mais ils auraient disparu bien avant la Révolution. Le supérieur portait, paraît-il, un habillement rouge ce qui a fait croire que c'était des templiers. Il y avait, dit-on, un cloître au nord de la Chapelle.
Saint Berthguin qui a été évêque de Llandaff (Glamorgan) au 7ème siècle serait le même que Saint Berven. Certains le considèrent comme le 4ème ou 5ème, d'autres le 14ème ou 15ème évêque de Llandaff. On ne sait rien de plus à son sujet [Note : Ces renseignements nous ont été aimablement fournis par Lord Glyn Simon, de Llandaff].
Il y a un village Saint-Berven, en Plouvien (communication de M. Couffon).
Pendant la Révolution le curé de Plouzévédé, M, Didier Galez, comme la presque unanimité des prêtres du Léon, refusa de prêter serment. Il fut arrêté en 1792 et conduit à Brest où il fut probablement guillotiné. — Le Maire, Jean Prigent, l'un des chefs de la révolte du Léon en 1793, fut pris à Berven par le général Canclaux et guillotiné à Lesneven le 23 Avril 1793.
Avant la Révolution la chapelle de Berven possédait des richesses artistiques : ciboires, calices, patènes, ostensoirs, couronne dorée.
Avant. 1789 il y avait deux cloches fort belles. La plus grande était célèbre, on l'entendait de fort loin : elle n'avait pour rivale dans la région que la grande cloche de Saint-Pol-de-Léon, qui s'appelait cloc'h Paol : Le général Canclaux les fit transporter à Brest en 1791 pour être fondues.
Pendant la Révolution on voulut même brûler la chapelle, la piété des habitants ne permit pas cet acte sacrilège.
Après la Révolution la chapelle fut laissée à l'abandon et était dans un état lamentable, lorsque M. Tanguy, curé de Plouzévédé, entreprit les réparations les plus urgentes.
En juillet 1857, il fit placer une cloche fondue chez Briens fils à Morlaix.
M. Caroff qui lui succéda en 1861, continua son œuvre.
En 1862, un maître maçon de Pleyber-Christ, Louis Lavanant, fil d'importantes réparations au haut du clocher pour le prix de 600 francs.
En 1865, il fut établi 6 foires annuelles, le dernier jeudi de Janvier, Mars, Mai, etc…
Cette même année M. Caroff fit remplacer les 5 portes.
En 1879 on refit la toiture et on rehaussa de 1 mètre le mur nord de la chapelle qui était plus bas que le mur sud. A la même époque on dut refaire le lambris en bois de chêne qui tombait en ruine. Il était très beau et était orné de différentes peintures de l'Histoire Sainte. Une vache laitière de Kermojean, qui avait fourni du lait aux ouvriers qui construisirent la chapelle primitive, y était aussi représentée. (Quelques boiseries provenant de l'ancien lambris, peintes par Jean Le Gac en 1673, se trouvent à l'oratoire du Penity au sud du transept.) Tous ces travaux furent exécutés par Ollivier Laurent, entrepreneur au bourg de Plouzévédé.
En 1880, des couvreurs de Saint-Pol-de-Léon, dirigés par J.-Claude Grall, travaillent à laver et gratter les murs, les piliers, les arcades.
En 1881, on cimenta la nef, les bas côtés et le transept. Les ouvriers sous la conduite de J. Claude Grall travaillent 17 jours. Coût : 1.894 francs.
La principale cloche du nom de Maria fut placée le 14 Août 1883 et bénite le lendemain. Elle est très belle, pèse 935 kilos et a coûté 3.095 francs.
La 3ème cloche fut bénite le 30 Septembre suivant et occupe l'étage supérieur. Ces deux dernières ont été fondues au Mans par Bollée.
Les fenêtres possédaient de beaux vitraux qui ont disparu à une époque indéterminée.
Le principal pardon a lieu le 15 Août et un autre le 8 Septembre. La chapelle a été classée comme monument historique le 14 Juin 1909.
*** LA CHAPELLE. ***
Ainsi que M. Couffon l'a démontré, la chapelle actuelle, commencée en 1573, est l'œuvre de l'atelier du château de Kerjean situé à proximité et qui a eu une influence considérable sur l'introduction du style de la Renaissance dans la région, particulièrement dans le Léon.
« ... Notre-Dame de Berven, comme le porche de Lanhouarneau, a été vraisemblablement édifié par l'atelier de Kerjean. On y retrouve, en effet, au-dessus des claveaux rustiques de la porte occidentale, les niches à coquille si particulières, les mêmes volutes accusées et, sur les fenêtres de la nef datées de 1580, des couronnements imités de ceux de l'aile ouest du château. Comme ces derniers, ils comprennent au sommet une lourde table d'attente formant attique, épaulée par des volutes en S et surmontées d’une coquille » [Note : René Couffon : « L'architecture classique au pays de Léon » dans les mémoires de la Société d'Histoire et d'Archéologie de Bretagne, tome XVII, 1948, page 41].
C'est une des plus belles œuvres de la Renaissance en Bretagne, il n'y reste de gothique que l'arc brisé, le remplage flamboyant fenêtres et la pénétration des moulures des arcades de la nef.
INTÉRIEUR.
La chapelle de Notre-Dame de Berven a la forme dune croix latine, elle est terminée par un chevet droit [Note : Longueur dans œuvre : 24 m. 25 ; largeur 12 m. 50. Longueur du transept 18 mètres , largeur : 5 m. 10].
Jusqu'au transept une toiture unique couvre l'édifice. La nef ne possède pas de fenêtre et ne reçoit d'éclairage que par celles des bas côtés et du chevet.
La nef, qui comprend 4 travées, est séparée des bas-côtés par des piliers ronds sans chapileaux qui reçoivent des arcades en plein cintre, dont les doubles voussures en doucine et talon, viennent mourir dans les piliers. Ces piliers ont des socles assez bas et peu saillants.
La nef est lambrissée en berceau brisé. Les bas-côtés, également lambrissés, sont en demi-berceaux.
Il existait trois poutres engoulées dans la nef, la première a disparu, il y en a une au-dessus du jubé, une dans le chœur, cette dernière octogone et écotée et une dans chaque bras du transept.
SABLIÈRES.
Nef, côté gauche en partant du bas : Tête, animaux, monstres, tête humaine de profil, personnages curieux, hommes et femmes nus et allongés, au centre un plateau sur lequel se trouve un calice, animal fantastique, 2 têtes avec enroulements.
A droite, au-dessus de la dernière arcade : personnage allongé sur lequel se trouve une banderole portant la date de 1579, puis tête fantastique, pomme de pin et tête de vache figurant sans doute la laitière de Kermojean.
Les sablières du chœur sont ornées de dessins géométriques.
Au transept nord, inscription dont le début. est caché par le dais de l'arbre de Jessé : M. LAURENS BREZEL RECTEUR – Y. GUYADER - E. CLEGUER (apparent) FABRIQhVES 1607.
Aux sablières du bas-côté nord, sous forme de corbels, en partant du bas : Ange portant une banderole, Personnage portant la date de 1580, Sainte Marguerite terrassant le dragon, Saint Pierre.
Bas côté sud près de la 1er fenêtre : Saint Michel tenant la balance servant à la pesée des âmes, Tête bestiale.
Le mobilier dont certaines parties sont très belles, d'autres assez grossières mais curieuses, tel le retable de Saint Eloi, est très intéressant au point de vue iconographique.
CHANCEL ET JUBÉ.
La nef est séparée du chœur par un beau chancel de granit, formé d'un soubassement sur lequel reposent de belles colonnes cannelées réunies au sommet par des arcatures. Le soubassement comporte une tablette de 30 cm. de large formant banc.
Au centre une porte en plein cintre, portant au-dessus de la clef la date de 1601, donne accès au sanctuaire. La porte en bois de même style, est formée à la partie supérieure de fuseaux rayonnants.
Le chancel est surmonté d'un jubé en bois d'un travail moins distingué, auquel est adapté un Christ accosté de la Sainte Vierge et de Saint Jean. La tribune à laquelle on accède par un escalier situé dans la sacristie, est supportée du côté de la nef par 4 colonnes cylindriques en bois, surmontées de chapiteaux corinthiens et fermée par des panneaux sur lesquels sont sculptés en bas reliefs de droite à gauche : Notre-Seigneur tenant un roseau, la Descente de croix, le Portement de croix, la Mise au tombeau.
Ces panneaux sont séparés par des statuettes représentant, sans doute des vertus. Les attributs des 4 premières ont disparu. Les deux dernières à droite représentent : la Prudence avec un serpent et la Charité, petits enfants.
Au-dessous court une petite frise très élégante, composée de rinceaux. Seuls le Christ et les statuettes sont polychromes, le reste est peint en blanc.
Au-dessus des bas reliefs, panneaux sur lesquels sont peints des inscriptions
latines, à gauche :
QVÆ EST ISTA QVÆ
ASCENDIT DE DESERTO DELICIIS
AFFLVENS
CANTIC. 8
Au centre derrière le Christ :
O CRUX AVE, SPES UNI (la dernière
lettre n'existe pas)
CA
HOC PASSIONIS TEMPO
RE
AUGE PIIS JUSTITIAM,
REISQUE DONA VENIAM
1724
Au fronton, une tête de hure ailée.
A droite :
FECIT MIHI MAGNA
QUI POTENS EST
LVC : 1.9
Aux angles, en haut à gauche : Moïse tenant les tables de la Loi.
A droite, une femme tenant un livre ouvert avec inscriptions illisibles.
Du côté du chœur, la clôture du jubé est surmontée d'un pélican sous forme de lutrin.
Sur les panneaux figurent peints de
gauche à droite :
1. Ange, avec un flambeau et le sac des 30 deniers.
2.
Ange, couronne d'épines, roseau, coq.
3. Ange, échelle, tenailles, marteau,
clous.
4. Le Christ couronné d'épines et son calice.
5. Ange tenant
déployé le voile de la Sainte Face.
6. Ange, colonne de la
Flagellation, cordes [Note : Le chancel, ainsi que le retable du maître-autel
étaient peints autrefois. M. Le Bail, curé de Plouzévédé, a fait enlever ces
peintures, vers 1895, par un sculpteur de Landerneau. Ces renseignements nous
ont été fournis par M. Mével, recteur de Plougourvest].
Les clôtures latérales sont en bois et formées d'un soubassement avec panneaux, sur lequel reposent des colonnettes cannelées surmontées de chapiteaux feuillagés. Au-dessus, entablement à frise, corniche et tympans. Une porte de même style en occupe le centre de chaque côté. Elles sont flanqués extérieurement, ainsi que les extrémités du chancel, de belles colonnes cannelées surmontées de chapiteaux corinthiens.
Au-dessus de la porte nord, dans un cartouche tenu par des anges, monogramme du Christ, au-dessous son cœur percé de 3 clous. Au-dessus de la porte sud, monogramme de la Sainte Vierge, au-dessous, un cœur,
Plus haut formant l'Annonciation, sous une arcature, à gauche, la Sainte Vierge agenouillée sur un prie-Dieu, à droite, l'archange Gabriel.
Au soubassement du chancel, à l'extérieur, sont représentés du côté
nord, les apôtres. L'identification de quelques apôtres est souvent incertaine,
cependant d'après les attributs et le rang qui leur a été donné par Guillaume
Durand, il est probable qu'ils se trouvent dans l'ordre suivant en commençant
par la gauche :
1. Saint Pierre, clefs, livre.
2. Saint André, croix en
X, livre.
3. Saint Jacques le Majeur, le chapeau sur l'épaule, bourdon,
panetière, livre.
4. Saint Jean bénissant, calice.
5. Saint Philippe,
croix de Résurrection, livre.
6. Saint Barthélemy, couteau.
7. Saint
Thomas, équerre, livre ouvert.
8. Saint Mathieu, lance, livre ouvert.
9.
Saint Jacques le Mineur, bâton de foulon, livre.
Du côté de la nef :
10,
Saint Simon, scie.
A la porte centrale :
11. Saint Jude, croix renversée,
livre.
12. Saint Mathias, hachette, livre.
A droite :
Saint François d'Assise.
Aux panneaux latéraux au sud :
1. Sainte avec couronne et palme
[Note : Pourrait représenter Sainte Ursule, ou peut-être Sainte Flavia
Domitilla, ou Sainte Osithe (Ositha, Sytha) vierges et martyres].
2. Sainte Appoline, tenaille tenant une dent, livre ouvert.
3. Sainte avec un sein découvert
[Note : Pour opérer la mutilation des mamelles, le Père Cahier rappelle que les
bourreaux employaient parfois « la pression
violente d’un coffre dont le couvercle s'abattait pour déchirer les chairs en
manière d'étau ». Ce seraient peut-être Sainte Fébronic, vierge et martyre,
ou Sainte Macre (Macra) martyre, qui ont subi ce supplice. Ces renseignements
nous ont été aimablement donnés par le Père de Lannurien, de l'Abbaye de
Solesmes].
4. Sainte
Agathe, à demi-nue, épée transperçant un sein.
Ces saintes, particulièrement Sainte Agathe, sont plantureuses.
5. Sainte Geneviève, flambeau, livre
ouvert.
6. Sainte Catherine d'Alexandrie, palme, roue armée de dents et épée.
7. Sainte Barbe, couronne, palme, livre et tour.
8. Sainte avec couronne et
palme [Note : Pourrait représenter Sainte Ursule, ou peut-être Sainte Flavia
Domitilla, ou Sainte Osithe (Ositha, Sytha) vierges et martyres].
9. Sainte Marie-Madeleine, vase de parfums.
STALLES.
Les stalles sont remarquables, elles datent, comme le chancel et le jubé, du début du XVIIème siècle. La disposition est la même qu'à Saint-Herbot, mais sur deux rangées. 14 sont adossées au chancel, leurs accoudoirs formés de cariatides ailées d'un beau galbe ont un peu la physionomie de sphinx (chanoine Abgrall), les 10 autres ont leurs accoudoirs formés de têtes de monstres.
AUTELS ET RETABLES.
Le maître-autel en granit, beau travail de la fin du XVIème siècle, est surmonté d'un retable qui doit dater du dernier tiers du XVIIème siècle. A la porte du tabernacle, Notre-Seigneur, la tête entourée d'un nimbe étoilé, bénit et tient de la main gauche la boule du monde, surmontée d'une croix. A sa droite, Saint Pierre, à sa gauche, Saint Paul.
De chaque côté du tabernacle, au-dessus de la table d'autel, monogramme du Christ et de la Sainte Vierge séparés par des têtes d'anges ailés.
Des deux côtés, dans des niches, à gauche, la Sainte Vierge tenant l'Enfant Jésus sur le bras, à droite, Saint Joseph. Flanquant l'autel, deux anges avec flambeaux. A droite, grande statue de sainte.
Flanquant la belle fenêtre flamboyante du chevet, de chaque côté, deux colonnes torses très étirées, ornées de feuilles de vigne et de grappes de raisins que picorent des oiseaux.
Ces colonnes supportaient autrefois un arc de triomphe qui coupait fâcheusement la fenêtre du chevet. M. Caroff, curé de Plouzévédé, l'a fait supprimer en 1879.
Entre les colonnes, de bas en haut, à gauche : ange, évêque bénissant, Saint Jean Baptiste.
A droite : ange, Saint Sébastien (peint), évêque bénissant.
Au dessus des colonnes, pélicans aux ailes déployées ; au sommet, anges.
Sur les côtés, bouquets de fleurs et anges ; au soubassement, tête d'ange avec ailes.
Au transept nord, autel de granit du XVIIème siècle, très original, formé par des volutes (inspirées de celles du château de Kerjean et des fenêtres sud de la nef) des consoles et des cartouches supportant une table beaucoup plus large. Cet autel, ainsi que celui du transept sud qui est identique, se trouvait autrefois sous le jubé, ils ont été placés à cet endroit en 1879, ainsi que les retables qui les surmontent, par Ollivier Laurent, entrepreneur au bourg de Plouzévédé.
Au-dessus, une niche à volets de la fin du XVIème siècle, dont la décoration est d'inspiration flamande (Couffon) qui se trouvait autrefois dans le chœur, à gauche du maître-autel, contient au centre, la statue vénérée de la Sainte Vierge, debout sur un croissant lunaire et tenant l'Enfant Jésus sur le bras. La Sainte Vierge est entourée d'une gloire rayonnante et d'une couronne de roses. A ses pieds, Abraham et Jessé, et, sur les côtés, en plus petit, les rois de Juda formant arbre généalogique. C'est le plus bel arbre de Jessé du diocèse. Il en existe aussi à l'Eglise de St-Thégonnec. à Locquirec et un remarquable à Trédrez (Côtes-du-Nord, aujourd'hui Côtes-d'Armor) [Note : L'Eglise de Plourin-Morlaix possédait également un arbre de Jessé qu'un recteur a malheureusement vendu à un marchand d'antiquités et qui a été remplacé par celui que l'on peut voir à l'autel du bas côté nord. (Le Quennec)].
Sur les panneaux des volets, en bas-relief : l'Annonciation, la Visitation, la Nativité, l'ange annonce aux bergers la naissance, l'Adoration des mages et la Présentation au Temple.
Au panneau de gauche, 3 sybilles : Erythrée, fleur, symbole de l'Annonciation, Samos, berceau, Cimérienne, corne d'allaitement.
Au transept sud, autel identique, on en trouve un semblable au bas côté nord de la chapelle du Kreisker, Cet autel est surmonté d'une statue de Saint Eloi et de 4 panneaux en bas reliefs, relatant des épisodes de sa légende : 1 Saint Eloi arrêtant le cheval du roi Dagobert, au-dessus une colombe. 2 Saint Eloi priant conjure un incendie. 3 Saint Eloi ferre la patte coupée d'un cheval. 4 Saint Eloi reçoit 2 chartes de Dagobert.
Cet autel a été conservé parce que le culte de Saint Eloi rapportait beaucoup à la chapelle, celui de Saint Roch a été supprimé, mais sa statue ainsi que celle de Saint Jean l'Evangéliste ont été conservées dans ce transept.
Au chœur, à gauche : Dieu le Père tenant le fils, à droite, évêque bénissant. En face, belle Piéta, la Vierge tient un cœur de la main gauche.
Au transept nord, à l'angle : Sainte Anne, un livre ouvert sur les genoux, à ses côtés la Sainte Vierge.
Au 2ème pilier de la nef à gauche, au-dessus d'un bénitier, sainte qui a pour emblème une épée et un livre, à droite évêque bénissant.
Au plafond de l'abat-voix de la chaire à prêcher le Saint-Esprit. Au sommet un ange sonne de la trompette. A l'entrée du bas côté nord, autel de granit de même style que celui du maître-autel, il est surmonté d'une niche à volets, inspirée de celle de l'arbre de Jessé. Don de la famille Tréanton à l'occasion d'un mariage en 1895, c'est l'oeuvre d'un sculpteur de Landerneau.
Au centre une Piéta.
Sur le petit volet à gauche : Sainte Véronique, Sainte Hélène, Saint Louis roi de France, qui porte la couronne d'épines. Puis : Présentation au temple, Fuite en Egypte, dans le ciel un ange, l'Enfant Jésus au milieu des docteurs. A droite, scènes de la Passion : Portement de Croix, Crucifixion, Mise au tombeau.
A l'angle contre l'autel, statues en granit, mutilées : Sainte Catherine d'Alexandrie décapitée, à laquelle se trouve adossée une autre statue sans attribut et un Christ provenant sans doute de la croix qui se trouvait au nord de l'arc de triomphe. Cette croix du XVIIème siècle, qui outre le Christ, comprenait 4 statues placées sur une seule traverse est tombée en 1914 et s'est brisée. Le fût et le socle ont été enlevés en 1936 et rangés le long de la clôture est. Une reproduction de cette croix se trouve dans « Voyage dans le Finistère » de Cambry, édition Emile Souvestre, 2ème partie, page 23.
Il existe au bas de l'escalier en vis du clocher, une traverse de croix brisée en deux, qui mesurait 1 m. 80 et sur laquelle reposaient 4 statues. Dans la petite salle du clocher il y a des débris de statues dont celles des deux larrons. Il semble donc qu'il y ait eu un autre calvaire plus important.
Au dessous du maître-autel il y a une crypte voûtée en berceau surbaissé, de 5 m. 85 sur 2 m. 50 et 1 m. 80 de hauteur au centre. On y accède par un escalier situé dans le chœur à droite. Elle communiquait paraît-il par un souterrain avec la maison voisine appelée Ti-Bras, qui aurait servi de demeure aux moines et par laquelle ils fréquentaient leur église. Cette tradition doit être erronée, car il semble qu'il n'y ait jamais eu de porte au nord de la crypte.
SACRISTIE.
La sacristie de plan rectangulaire, accolée à l'angle ouest du transept sud comporte un étage et contient au rez-de-chaussée, une armoire coffre de 1639, à l'étage un bahut datée de 1601, et un bateau, sans doute un ex-voto.
Un beau calice de vermeil porte cette inscription :
Y.
MORVAN : A: DONE : CE: CALICE : A : NRE : DAME : DE GUYTEMEDEZ.
EXTÉRIEUR.
Toutes les fenêtres sont à arc brisé. Celles de la nef et du transept à meneau central ont un remplage à soufflets sans redents. Les frontons des fenêtres de la nef sont imités ainsi qu'il a été dit ci-dessus, de ceux des fenêtres du château de Kerjean. Celle située près du transept nord porte la date de 1580.
La belle fenêtre du chevet, divisée par trois meneaux, possède un remplage flamboyant sans redents, qui dénote, comme celles de la nef et du transept, la dernière phase de l'art gothique.
La porte sud à arc surbaissé, est flanquée de pilastres ioniques. Au-dessus de l'entablement, statues en granit décapitées : Sainte Anne assise, un livre sur les genoux, à ses côtés la Sainte Vierge. L'apôtre Saint Paul et une autre statue sans attribut, à ces deux dernières sont adossées d'autres statues. Elles doivent provenir de la croix qui se trouvait au nord de l'arc de triomphe. Il y a une porte à chaque transept à l'est et une autre au nord au droit de la 2ème travée. Une porte qui se trouvait près du transept nord a été bouchée.
« De chaque côté de la fenêtre flamboyante du chevet est une statue formant gargouille, dans le primitif costume de nos premiers parents. On a beaucoup épilogué, de sotte façon parfois, sur la provenance, l'âge et le réalisme de ces deux statues, qui doivent en réalité représenter Adam et Eve, honteux de leur nudité et la dissimulant de la façon la plus naïvement maladroite » (Le Guennec). Au haut du pignon, 2 volutes en S adossées, en guise de fleuron.
Aux angles du transept, fausses gargouilles.
Touchant à l'angle sud-est de la sacristie et séparé du transept par un couloir, l'oratoire du Penity, daté de 1563, possède un autel de granit de 1573, dont la table supportée par un pilastre, est surmontée de la statue de Notre-Dame de la Délivrance.
Aux angles de la façade ouest, les contreforts obliques sont amortis par une combinaison de 4 volutes en S, disposés à angle droit et se rejoignant au sommet. Cette disposition se retrouve au début du XVIIème siècle, au lanternon qui amortit le porche de Bodilis, ainsi qu'aux faux lanternons qui le flanquent.
CLOCHER.
Le clocher qui fait saillie sur la façade occidentale, possède une porte en plein cintre décrite ci-dessus. Au sud, une tourelle qui s'arrête à mi-hauteur de la tour, contient un escalier en vis donnant accès à une petite salle voûtée en berceau, dans laquelle se trouve un foyer avec cheminée. On y voit quelques marques d'ouvriers.
D'après la tradition, les moines condamnés au pain et à l'eau, assistaient aux offices de cette petite salle, appelée pour cette raison : chambre de la pénitence.
Cette petite chambre a peut-être été utilisée comme salle d'archives.
Au-dessus de la porte un carré de Kersanton [Note : Le kersanton, si fréquemment employé dans la région pour les colonnes, châpiteaux, voussures des porches, calvaires, statues, etc... n'a été utilisé à Berven qu'à cet endroit et aux menaux des fenêtres du chevet et du transept, ce qui na pas empêché d'arriver à une finesse surprenante au chancel et aux colonnes corinthiennes de l'arc de triomphe] contient un ovale renfermant un écusson oui a été martelé.
Sous les trois niches à coquille une inscription en deux lignes occupe toute la largeur entre les deux contreforts, elle est interrompue au centre par une espèce de grille. Nous n'avons pu arriver à la lire [Note : L'inscription mentionnée par Palustre à la base de la tour est peinte sur le jubé. Nous n'avons pu non plus retrouver l'inscription signalée par le chanoine Abgrall à la base de la tour « CETTE CHAPELLE COMMENCEE 1567 »]. La tour dont l'appareillage est très soigné et régulier, est contrebutée sur chaque face par deux contreforts perpendiculaires, qui, après trois retraits arrivent au dernier étage où ils sont amortis par des boules godronnées [Note : Ces boules godronnées sont identiques à celles que l'on peut voir au château de Kerjean, particulièrement au fronton de la fenêtre, près de l'angle nord-ouest du château. Cela confirme, une fois de plus, que les deux monuments sont bien l'oeuvre du même atelier. Ces boules godronnées se retrouvent plus tard à Saint-Thégonnec où elles ornent l'arc de triomphe daté de 1587].
Sur la plate-forme de la première galerie [Note : Hauteur de la tour, 19 m. 90, 2ème galerie, 23 m. 55, boule terminale, 35 m. 10], entourée d'une balustrade à balustres droits, réunis par des arcatures, se dresse un beffroi dont les chambres des cloches sont fermées par un linteau. Au-dessus se trouve une 2ème galerie en encorbellement comme la 1ère, entourée d'une élégante balustrade formée de cercles moulurés, ajourés intérieurement et extérieurement.
Les angles de cette galerie sont amortis par d'élégants clochetons, carrés, puis octogonaux, coiffés de petits dômes.
Un beffroi plus petit, dont les baies sont fermées par des arcades, est surmonté d'un dôme hémisphérique et de trois lanternons ronds très élégants qui rappellent la silhouette de la lanterne du château de Chambord.
« Ce clocher, un des plus beaux clochers à dôme de France [Note : « C'est ce que nous voyons à Berven, où, dans les étages en retraite, les vides ne l'emportent plus sur les pleins, où la pyramide, quittant son aspect moyen-âge, se transforme en une succession de dômes de la composition la plus heureuse. Certes, à notre avis, un semblable clocher, qui porte la date de 1575, l'emporte de beaucoup sur tous ceux élevés dans le même temps en Bretagne. Outre que la Renaissance s'y trouve franchement accusée, qu'il ne présente aucun de ces mélanges de style trop fréquents partout ailleurs, la silhouette des parties supérieures est excellente, et la substitution dons nous avons parlé n'a nullement nui à l'élancement. Dans le pays un peu dénudé où elle se dresse fièrement, cette tour, si bien couronnée, produit un effet merveilleux... » Léon Palustre, La Renaissance en France, tome III, page 38], a été bâti en exécution d'une délibération du 21 Juin 1573 et édifié très rapidement si l'on en juge par son unité et les dates 1575 et 1576 qui y sont inscrites ». (Couffon). Il semble que ce soit le prototype de ces clochers à double galerie en encorbellement et à double étage de chambres de cloches fréquents dans le Léon et dont les plus anciens à flèche sont ceux de Dirinon (1588) et La Roche-Maurice (1589) [Note : Le clocher de Roscoff dérive dans sa partie inférieure des clochers-murs de Philippe Beaumanoir. Voir René Couffon. Un Atelier Architectural à Morlaix à la fin du XVème siècle, dans les Mémoires de la Société d'Histoire et d'Archéologie de Bretagne, tome XIX, 1938]. Ainsi que le remarque M. Couffon, en l'absence de documents sur la date du clocher de Roscoff, il est impossible de décider lequel des deux est le plus ancien et il est plus naturel de voir le prototype dans celui de Berven. Cependant malgré le très grand mérite du clocher de Roscoff, celui de Berven marque un progrès sur lui, la décoration y est plus variée et plus poussée.
La balustrade supérieure formée de cercles dans les deux clochers est assez lourde à Roscoff et très élégante à Berven. Au dôme de Berven des moulures convergent vers le sommet [Note : Ces moulures existent également sur les petits dômes des lanternons d'angle et sur ceux des lanternons de la chapelle de Kerjean, mais sont à peines visibles sur les dômes de Roscoff et font défaut sur ceux des tourelles et des clochetons d'angle. A l'encorbellement de la galerie supérieure, un ornement en forme de virgule ou d'accent a été utilisé à la même époque à l'oratoire de Saint-Jean-du-Doigt. construit par Michel Le Borgne, et daté de 1577. Cet ornement se trouve à l'état embryonnaire à Kerjean, à deux fenêtres à frontons courbes et à la base du fronton de la fenêtre qui domine l'aile ouest du château, mais est plus apparent au sommet de ce fronton], des volutes en S amortissent les 4 angles, s'appuient sur le dôme et à la partie supérieure des volutes semblables contrebutent les six pilastres du lanternon principal et ceux du lanternon suivant [Note : Ces volutes en S, ainsi que celles des contreforts de la façade ouest, dénotent encore l'oeuvre de l'atelier de Kerjean]. A Roscoff les dômes des tourelles et des lanternons d'angle ne sont pas amortis. Deux lanternons superposés amortissent le dôme de Roscoff, tandis qu'à Berven il y en a trois, qui donnent à la partie supérieure une silhouette si élancée qu'à une certaine distance elle paraît terminée par une flèche.
Le lanternon principal des clochers à dômes octogonaux et ovoïdes de Pleyben (reconstruit) et surtout celui de Saint-Thégonnec, sont manifestement inspirés de celui de Berven.
(A. Le Bars).
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