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LE CHATEAU DE KERNUZ A PONT-L'ABBE

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Ce joli château , qui appartient vers 1850 à M. Maufras Duchatellier, et qui a été restauré par lui , formait anciennement une juveignerie de la baronnie du Pont-l'Abbé, et paraît avoir été, depuis les temps les plus reculés, un établissement considérable dans le beau pays où il est situé.

Le château de Kernuz à Pont-l'Abbé (Bretagne).

Composé d'une enceinte murée d'environ un kilomètre de tour, le château, avec une deuxième ligne fortifiée, est ainsi placé au milieu d'un carré régulier, formant aujourd'hui un parc de sept à huit hectares. — On comprend facilement, à l'aspect des lieux, l'objet et le caractère de ce système de défense. Le château crénelé de toutes parts formait, au centre d'une première circonvallation, une sorte de citadelle, dernier retranchement de la famille. Cette espèce de blokaus féodal était composé de la maison seigneuriale avec ses tourelles et deux tours placées à ses extrémités. Une cour, dont les côtés étaient fermés par les écuries, et une chapelle était ornée d'une plate-forme avec machicoulis, sorte de rempart dans l'intérieur duquel on entrait par une porte cochère fermée d'une herse près de laquelle était une porte plus petite.

Cette défense épaulait ainsi de partout la maison des maîtres pour le cas où leur première ligne aurait été forcée.

Quant à la deuxième ligne, formant la plus grande enceinte, elle est encore remarquablement belle dans une de ses parties. Composée d'un vaste mur en pierres posées par assises régulières, cette fortification s'élève à environ 6m au-dessus du sol sur une épaisseur de 1m. 50c. Cinq corps de garde, dont un est encore parfaitement conservé, se voyaient il y a encore peu de temps sur les deux côtés nord et est de cette ligne, et formaient ainsi un système de défense réellement formidable pour un pays de plaine. — Celui de ces corps avancés qui existe encore, est en effet de la construction la plus remarquable. Formé d'un carré ayant 7m. de face, ce fort présente des murailles en belles pierres de tailles qui n'ont pas moins de 1m. 30c. d'épaisseur. Placé en éperon à l'angle sud-est de la ligne entière, il ouvre à raz de terre six belles meurtrières, propres à recevoir de l'artillerie destinée à battre la campagne et les avenues du château. Au premier étage, où l'on arrive extérieurement par une terrasse à machicoulis dont les dessous sont formés d'une large herse et de quelques casemates bastionnées, régne un logement pour quinze à vingt hommes de garnison.

Si l'on examine l'état actuel de cette grande circonvallation, on ne tarde pas à voir, à l'aspect des matériaux, qu'elle a été construite successivement et à des époques probablement éloignées. — Le fort que nous venons de décrire est évidemment du XVIème siècle ; toute la partie nord de la grande enceinte est d'une époque beaucoup plus reculée, et tout prouve qu'elle n'offre plus qu'un demantellement d'une première muraille réduite de 6m. à 3m. environ. Les fortins, qui éperonnaient cette partie de la fortification, étaient eux-mêmes beaucoup moins solidement construits que celui que M. Duchatellier fait complètement restaurer.

Mais, quels étaient l'objet et la pensée générale de cette forteresse ? — Tout nous donne à croire que si la grande ligne formant première enceinte avait surtout pour objet de protéger la maison seigneuriale, elle avait aussi un autre but bien marqué et qui consistait à offrir un refuge assuré aux nombreux vassaux des seigneurs de Kernuz, un lieu où, en cas d'alerte et de chevauchée, toutes les familles voisines avec huis meubles et leurs bestiaux pouvaient s'abriter comme dans un camp retranché. Voilà ce que semble nous indiquer l'aspect des lieux.

Si nous revenons au château et aux dispositions de son intérieur, quelques autres enseignements nous sont fournis par les observations et les découvertes qu'une longue restauration a fourni l'occasion à M. Duchatellier de faire pendant plus de trois années de travaux continus.

Au premier rang de ces découvertes il faut mettre plusieurs monnaies d'argent trouvées dans un amas considérable d'attraits et de cendres élevé à plus de 2m. an-dessus du sol, et qui était resté placé à moins de 16m. du château depuis des siècles. On distingue parmi ces monnaies trois écus au nom de Jean V, duc de Bretagne et vainqueur de Charles de Blois à la bataille d'Auray, livrée en 1364. — Si on se rappelle, à l'occasion de ces monnaies et des débris carbounisés on elles ont été trouvées, si , dis-je , on se rappelle le rôle très-actif que joua la baronnie de Pont-l'Abbé, dans la guerre de la succession au duché de Bretagne, il n'est guère permis de douter que le château de Kernuz formant une juveiguerie de la maison de Pont-l'Abbé, n’ait subi à cette époque un incendie et un désastre considérables. La tradition locale et les matériaux retrouvés sur place le confirment entièrement.

Plusieurs autres monnaies d'époques plus anciennes, et que le propriétaire du château a également trouvées dans ses reconstructions, donnent à penser que, dès les temps les plus reculés du moyen-âge, Kernuz forma dans le pays un établissement militaire. On distingue parmi ces monnaies :

— Un gros en argent de Philippe-Auguste, qui monta sur le trône en 1180 ;

— Une obole de Philippe-le-Bel, qui fut roi en 1285 ;

— Une monnaie en or de Louis-Le-Hutin, qui monta sur le trône en 1314 ;

— Et enfin une monnaie en argent portant l’effigie de Pierre-Le-Cruel, roi de Castille, qui régna de 1350 à 1368.

Cette médaille, d'une très-belle conservation porte an revers les mots CIVITAS BARCENONA. — Ne peut-on pas inférer de sa présence en Bretagne et dans l'enceinte de Kernuz, que las seigneurs de cette maison firent partie, très-probablement, au XIVème. siècle, des bandes qui suivirent Duguesclin dans ses expéditions en Espagne ?

C'est ainsi que M. Duchatellier a également retrouvé pour une époque plus récente, plusieurs monnaies espagnoles en or et en argent, du règne de Philippe II, qui se mêla si activement aux intrigues du duc de Mercœur, en Bretagne, sur la fin du XVIème. siècle — Et comme si la présence de ces monnaies à Kernuz, devait se justifier par d'autres faits, il s'est trouvé qu'une des grandes salles du château de Kernuz, au moment où M. Duchatellier s'est occupé de sa restauration, contenait, sous une triple croute de badigeon, une fort belle peinture à fresque, dont nous regrettons de ne pouvoir donner qu'un spécimen fort altéré.

Cette peinture, historio-allégorique, se composait de plusieurs pans et de plusieurs scènes se rapportant aux guerres de la ligue et à la longue lutte d'Henri IV contre ses ennemis. Partisans du bon roi, quand presque tout le pays tenait pour le parti de l'union et des de Guise, les seigneurs de Kernuz s'étaient plu à faire peindre sur les murs de leur château des scènes en l'honneur du Roi et des diatribes contre le gros Mercœur, Philippe-Emmanuel de Lorraine.

Au nombre des devises qui pouvaient encore se lire était la suivante :

Ce serviteur de Mercœur - Faict figurer le Roy de .... - Ecoutant la messe très .... - Lequel depuis regna - Comme Roy en mil et, VC ..... - Lors le gros Mercœur .... - Ne ...... plus la

Des personnages à cheval, d'autres à pied et armés de toutes pièces, d'autres en costume religieux, d'autres avec la simple tunique des serviteurs formaient l'ensemble de ces peintures très-largement dessinées et relevées sur quelques points des couleurs les plus vives parmi lesquelles on remarquait l'orange et le bleu d'azur le plus éclatants.

Enfin comme si rien ne devait manquer à ce précieux souvenir de la fin des guerres du XVIème. siècle, il s'est trouvé que M. Duchatellier a rencontré dans le château même de Kernuz une monnaie en argent du fameux cardinal Bourbon que les Ligueurs proclamèrent un instant sous le nom de Charles X. Cette monnaie, qui porte sur la face une croix épatée avec quatre couronnes et en exergue les mots SIT NOMEN DNI BENEDICTUM 15.... , présente au revers l'écusson fleurdelysé de France, flanqué de deux C ; et en exergue les mots : CAROLUS X. D. G. : FRANCORUM REX.

Mais là ne se termine pas la série des monnaies trouvées par M. Duchatellier ; et les règnes d'Henri II, d'Henri III, d'Henri IV, de Louis XIII et de Louis XIV lui en ont fourni un très-grand nombre, parmi lesquelles on remarque des écus, des sous tournois et trois sous tournois de Gaston, frère puîné de Louis XIII.

Le château de Kernuz est encore aujourd'hui le chef-lieu d'une terre considérable, très-habilement restauré dans l'esprit de sa dernière construction qui date du XVIème. siècle ; il fournit pour la Bretagne un des spécimens les plus complets des riches maisons domaniales que cette province possédait en si grand nombre.

On voit par un acte sur vélin du chartrier de Kernuz qu'au 24 juin 1631 l'un des propriétaires de cette terre, qui était alors déjà détachée de la baronnie de Pont-l'Abbé, créa par acte testamentaire une fondation de huit combles de seigle en faveur des religieux Carmes de Pont-Labbé, moyennant que ceux-ci célébrassent les grandes messes des jours de Pâques, de la Pentecôte, de la Toussaint, de Noël et de l'Assomption en faveur de la famille de Kernuz, en même temps qu'ils allumeraient durant ces saincts offices deux grands cierges ardents placés dans leur chapelle devant le grand tombeau des donataires.

On ne sait pas aujourd'hui beaucoup autre chose sur le château de Kernuz, et la tradition n'a guère conservé d'autre souvenir de cette demeure, si ce n'est qu'elle soutint d'assez rudes attaques du temps de la Ligue, et qu'un souterrain, dont on voit encore l'entrée dans une maison située au nord de la place du Marhallan à Pont-Labbé, conduisait, par un escalier qui existe encore, du château de cette ville à celui de Kernuz.

Une dernière légende parle bien de quelques amours clandestins entre l'un des seigneurs de Kernuz et une belle nourrice qui demeurait dans l'une des fermes voisines ; mais nous n'avons pu rien recueillir de certain sur cette légende, et il en est seulement resté que cette ferme, placée très-près du château et au milieu de ses autres terres, en avait été momentanément distraite comme un gage d'amour en faveur de la belle vassale qui avait enflammé le cœur au moins très-volage, de l'un de ses jeunes maîtres.

Un dernier débris de l'ancienne histoire du château de Kernuz est le joli tombeau de l'un des seigneurs que le propriétaire actuel a fait restaurer dans l'enceinte de son parc. — Un écusson placé sur l'une des faces de ce petit monument prouve que le personnage dont on voit la figure était chevalier de l'ordre de St.-Michel. — Cette figure, qui repose sur le tombeau, est composée d'un beau granit et représente un chevalier portant l'armure du XVème. siècle. Une coutille est fixée à sa gauche par un ceinturon , et une hache d'armes avec un manche de hallebarde git à son côté droit.

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