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LE CLERGÉ DE POULDREUZIC DURANT LA PÉRIODE RÉVOLUTIONNAIRE

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Au moment de la Révolution, M. Dieuleveut était recteur de Pouldreuzic, et M. Kerdréac'h, vicaire.

Jean-Maurice Dieuleveut, né à Tréogant (Côtes-du-Nord) dirigeait la paroisse depuis 1784. Il refusa le serment à la Constitution civile du Clergé [Note : Peyron, Documents pour servir à l'histoire du Clergé... dans le Finistère pendant la Révolution. Quimper, de Kerangal, 1892, I. p. 111] et continua d'exercer ostensiblement son ministère jusqu'au 23 octobre 1792, date de sa dernière signature aux registres de catholicité.

Jacques Kerdréac'h, né à Plouhinec le 20 juin 1759 [Note : Voici l'extrait de baptême de M. Kerdréac'h : " Ce jour vingtième juin mil sept cent cinquante-neuf a été baptisé Jacques, né le même jour, fils légitime d'Yves Kerdréac'h et Marie-Catherine Le Guével, ses père et mère de Rosdanichou, parrain et marraine ont été Jacques Hélou et Marie-Françoise Kerdréac'h qui a déclaré ne savoir signé ". Jacques HÉLOU. G. KEBDRÉAC'H, prêtre], était à Pouldreuzic depuis 1784 [Note : Le 21 juin 1785, il bénit à Plouhinec, le mariage de son frère, Guillaume, avec Marie-Anne Le. Bloch et signe " prêtre de Pouldreuzic "]. Il signe d'abord " prêtre ", ensuite " curé ". Comme son recteur, il refuse de prêter le serment de 1790 [Note : Peyron, loc. cit.]. La dernière signature qu'il appose officiellement aux registres de Pouldreuzic est du 15 septembre 1792.

C'est donc en septembre-octobre 1792 que les deux prêtres insermentés de Pouldreuzic cessent de paraître en public. A ce moment, le District de Pont-Croix les recherche activement pour les mettre en état d'arrestation. Voici les mesures hostiles qu'il prend à leur égard.

Le 19 octobre 1792, le Directoire du District de Pont-Croix, s'occupe " des prêtres réfractaires de Pouldreuzic et de Lababan, qui continuent d'y résider et d'y prêcher la révolte et la sédition ". II arrête que, " faute aux municipalités de Pouldreuzic et Lababan de prendre sur le champ les mesures les plus actives, pour arrêter les prêtres réfractaires, il sera envoyé une garnison de deux cents hommes qui y resteront à leurs frais jusqu'à parfaite exécution de la loi et l'expulsion totale des séditieux, arrête de plus que les scellés seront apposés sur les effets mobiliers de Kerdréac'h, Dieuleveut, de Pouldreuzic et Riou, de Lababan, que les clefs des églises seront remises aux municipalités qui répondront de leur usage, que le présent arrêté sera notifié dans le jour par un gendarme aux procureurs des communes des municipalités de Pouldreuzic et Lababan " [Note : Arch. dép. District de Pont-Croix, Délibérations du District, n° 5, fol. 20].

Le 12 décembre, Coroller, intrus de Landudec, écrivait au District : " Les réfractaires de Pouldreuzic sont toujours dans le pays et font un mal considérable : ils logent tous les samedis dans un village nommé Keralever, entre Landudec et Pouldreuzic, environ un gros quart de lieue de Landudec " [Note : Peyron, Documents pour servir... II, p. 258].

Nouvelle lettre du 7 février 1793 : " Les prêtres réfractaires de Pouldreuzic, Plozévet et Lababan continuent de prêcher contre la loi et d'insulter la nation ; ils célébrent tous les jours, dit-on, et tous les dimanches à la chapelle du Locq, en Lababan, tout contre Landudec, logeant et se promenant dans les villages voisins, méprisant les décrets de la République. Je demande que le Maire de Guilers soit tenu de remettre les clefs de cette chapelle à Guillaume Canévet, procureur de cette commune ou à moi-même. Je demande qu'on éloigne, s'il est possible, les prêtres réfractaires et qu'on maçonne cette chapelle du Locq le plus tôt possible, car ils font un mal infini " [Note : Peyron, Documents pour servir... II, p. 260].

Un arrêté du District du 14 février porte qu'il sera enjoint sur le champ au citoyen Jouan, lieutenant de gendarmerie, de se rendre avec ses gendarmes jusqu'au village de Kéraliver en Pouldreuzic à l'effet de mettre en arrestation les prêtres réfractaires qu'il y trouvera [Note : Arch. dép. ubi. supra, n° 5, fol. 124].

Quatre jours plus tard, le District de Pont-Croix invite le Département à suspendre de leurs fonctions les officiers municipaux et le procureur de Lababan à cause de leurs relations avec les " prêtres rebelles et fugitifs " de cette municipalité et de ses voisines.

Le 24 avril, vu la lettre reçue du citoyen Bouédec, commandant la garde nationale de Plonéour, le District décide de faire arrêter par cette garde, pour qu'il soit conduit à la maison d'arrêt de Quimper, Jacques Plouhinec, de Saoudua en Pouldreuzic, convaincu d'avoir donné retraite à des prêtres réfractaires [Note : Le 11 mai, sur une pétition de la municipalité de Pouldreuzic, Plouhinec fut élargi].

Par ordre du District du 30 avril, le citoyen Bouédec se transportera à 10 ou 11 heures de la nuit chez Henri Le Gall du village de Tréguonguen en Pouldreuzic, avec la force nécessaire pour y faire perquisition, arrêter les prêtres qui pourraient s'y trouver et saisir les ornements, vases et autres effets que les prêtres ont dû enlever de Pouldreuzic [Note : Arch. dép. District de Pont-Croix, fol. 173].

Le 5 août 1793, il est procédé à la vente du mobilier des abbés Dieuleveut et Kerdréac'h, et l'on en recueille la somme de 116 livres, 6 sols, 6 deniers.

Pendant qu'on les traquait ainsi, les deux prêtres de Pouldreuzic, restés dans le pays, exerçaient leur ministère en cachette.

On peut voir à l'Evêché de Quimper les registres de baptêmes et mariages tenus par M. Kerdréac'h, du 23 octobre 1793 au 9 juillet 1798 [Note : Quelques actes sont rédigés et signés par l'abbé Dieuleveut, en 1793 et 1794. La signature de " Jacques Le Gall, sous-diacre ", apparait à deux reprises, le 11 mars 1794 et le 8 janvier 1798]. De ces baptêmes et mariages, voici le nombre :

1793 : Baptêmes : 25 ; Mariages : 14.
1794 : Baptêmes : 45 ; Mariages : 18.
1795 : Baptêmes : 21 ; Mariages : 15.
1796 : Baptêmes : 8 ; Mariages : 6. [Note : Les registres de cette année sont fort incomplets]
1797 : Baptêmes : 91 ; Mariages : 32.
1798 : Baptêmes : 13 ; Mariages : 8.

Les enfants baptisés comme les jeunes gens mariés sont surtout de Pouldreuzic, Lababan, Plovan, Plozévet, mais aussi de Plogastel-Saint-Germain, Pouldergat, Guilers, Tréméoc, Tréogat, Tréguennec... Beaucoup d'enfants reçoivent le baptême sous condition, ayant été ondoyés à la maison, " par nécessité " ou " par défaut de prêtre ".

Six mariages seulement, l'un de Pouldreuzic, les autres de Plozévet sont réhabilités, ayant été célébrés par des prêtres " sans juridiction ". M. Kerdréac'h rappelle constamment qu'il est " délégué par l'autorité apostolique ".

Ce confesseur de la foi exerça aussi son ministère à Meilars et Mahalon où il fit deux baptêmes et cinq mariages en 1797-1798 [Note : Ces actes ont été transcrits en 1839 sur les registres de Pouldreuzic] ainsi qu'à Plouhinec, sa paroisse natale, de février 1796 à mai 1802 comme l'attestent plusieurs feuilles volantes rédigées et signées de sa main, actuellement annexées aux registres de cette paroisse.

Dans la nuit du 3 au 4 février 1798, M. Kerdréac'h dit la messe à Plonéour-Lanvern [Note : Plonéour-Lanvern par l'abbé Cognec, p. 148-149].

Vicaire de Pouldreuzic en 1802, nommé recteur de Lababan, le 16 juillet 1803, l'abbé Kerdréac'h mourut vers la fin de cette année [Note : Arch. de l'Evêché] et fut inhumé au cimetière de Pouldreuzic. Sa pierre tombale portait l'inscription : "Jacques Kerdréac'h, prêtre" [Note : M. Kerdréac'h a de nombreux parents à Plouhinec et Poulgoazec].

Les contemporains ont rendu hommage à l'activité apostolique et au zèle intrépide des deux prêtres de Pouldreuzic : " Vers la fin de 1796, lisons-nous au manuscrit Boissière, M. Kerdréac'h, curé de Pouldreuzic, est l'apôtre de ce canton. Quand il dort, il est assis ou étendu sur un banc. M. Dieuleveut, recteur de Pouldreuzic est devenu sourd ; il a passé six mois d'hiver sur les bords d'un ruisseau, dans une brousse de saule " [Note : Man. Boissière, p. 61].

Ce sont là des souffrances physiques. Que dire de la détresse morale qui accablait ces héros constamment pourchassés, toujours sur le qui-vive, à chaque instant menacés, au cours de la Terreur, d'être saisis et mis à mort dans les vintg-quatre heures ! Que l'on songe à MM. Dieuleveut et Kerdréac'h, continuant leur ministère après l'exécution à Quimper de deux de leurs bons amis, l'abbé Riou, recteur de Lababan, guillotiné le 17 mars 1794, et M. Raguénez, prêtre de Landudec, décapité le 13 avril suivant !

(Pérennès).

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