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Dates des travaux de la cathédrale de Quimper

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J’ai dit par ailleurs, que le plan de la cathédrale de Quimper n’a pas été conçu d’un seul jet. En effet, soit que l’on examine avec soin les détails de son architecture, soit que l’on étudie les documents qui peuvent jeter quelque jour sur les dates de sa construction, il ressort clairement de l’un et de l’autre examen, que la réalisation de ce plan, qui a duré trois siècles, comprend deux périodes bien dis­tinctes, dont l’une s’étend de 1239 à 1340 environ, et l’autre de 1424 à 1515. Pendant la première on construisit le chevet, le choeur et ses bas-côtés ; ce fut l’oeuvre de Rainaud, évêque de Quimper de 1219 à 1245. Il n’accomplit pas seul tous ces travaux, mais l’on peut tenir pour constant, que le plan en était arrêté avant sa mort. Lorsque ce prélat fut appelé au siége de Quimper, il devait exister dans cette ville une cathédrale romane, sur laquelle nous ne possédons aucun renseignement. Mais déjà à cette époque l’art ogival avait fait en France sa brillante apparition.

Cathédrale Saint-Corentin de Quimper

C’est ici le lieu de rappeler que l’évêque Rainaud était français. Rainaldus aliàs Ranulphus de genere francus, est une mention qui se trouve dans tous les anciens Catalogues des anciens évêques de Quimper, et l’on peut, je pense, sans témérité, attribuer à l’influence de Philippe-Auguste, la nomination de ce français à un évêché breton. L’évêque Rainaud avait donc pu voir et admirer les merveilles du style ogival, dans les monuments nouvellement élevés en France, et l’on comprend qu’un prélat animé des sentiments généreux, dont il a dans d’autres circonstances, donné tant de preuves, ait voulu en agrandissant le choeur de son église, substituer à l’ancienne architecture, le nouveau style qui obtenait alors dans son pays, une vogue si grande et si méritée.

Rien ne prouve qu’en entreprenant cette restauration, l’évêque Rainaud eût le projet de reconstruire entièrement sa cathédrale. Son but paraît au contraire, avoir été de rebâtir seulement le choeur, en l’agrandissant, et d’annexer, comme chapelle absidale à cette nouvelle construction, la chapelle de Notre-Dame, qui en était primitivement distincte, et qu’il tenait à conserver, parce qu’elle renfermait les restes de plusieurs illustres et saints personnages. C’est ce qui paraît ressortir de la manière irrégulière dont le choeur est rattaché à la nef, avec laquelle son axe forme un angle très-prononcé.

Si l’évêque Rainaud avait eu le projet de reconstruire avec le choeur, la nef de son église, rien ne s’opposait à ce que le plan de ce monument fût régulier, tandis qu’en conservant cette nef dont l’axe n’était pas le même que celui de la chapelle de Notre-Dame, il devait nécessairement donner à un des côtés de la nouvelle construction, plus de longueur qu’à l’autre ; et c’est surtout à cette nécessité qu’il faut attribuer l’irrégularité que l’on regrette de voir dans le plan de la cathédrale.

Je sais bien que quelques églises du XIIIème siècle présentent dans leur axe, une inflexion qui, suivant une opinion admise par des esprits très-judicieux, aurait eu pour objet de rappeler la position de Jésus-Christ mourant sur la croix, suivant ce verset de l'Evangile : Et inclinato capite tradidit spiritum. Mais il importe de faire remarquer que l’inflexion de l’axe de ces églises est très-légère, et n’altère pas d’une manière sensible la régularité de leurs plans. Il n’en est pas de même de la cathédrale de Quimper, où l’inclinaison de l’axe est si prononcée, qu’elle produit un effet des plus disgracieux. Ce fâcheux effet ne dut pas échapper à l’attention de l’évêque Rainaud, mais on est en droit d’admettre qu’il y trouva une atténuation dans la pensée mystique à laquelle je viens de faire allusion, et qui était si bien dans les idées du moyen âge.

Les travaux exécutés pendant la seconde période, et qui comprennent les tours, la nef et le transept, sont dus à l’initiative de Bertrand de Rosmadec, évêque de Quimper de 1416 à 1445. « Zélé pour la beauté de la maison du Seigneur », dit dom Taillandier (Catalogue des évêques de Quimper), « il forma le dessein de renverser son église et d’en construire une plus vaste et plus magnifique ». Il ne faut pas prendre à la lettre ces lignes du savant bénédictin, car Bertrand de Rosmadec ne toucha pas à l’oeuvre de l’évêque Rainaud, que Gatien de Monceaux avait complétée quelques années auparavant, par la construction des voûtes du choeur.

J’ai parlé par ailleurs, des largesses que ce prélat fit à son église. Avant de songer à reconstruire la nef de sa cathédrale, il avait fait bâtir un nouveau palais épiscopal, qui fut désigné sous le nom de « bâtiment de Rosmadec, » jusqu’à sa destruction par un incendie, en 1595. Comme le mur nord de ce bâtiment était commun avec celui du bas de la nef, il ne lui fut pas possible, lorsqu’il entreprit ses travaux, d’établir des fenêtres dans cette partie de l’église. D’un autre côté, l’existence de ce palais épiscopal, que la proximité des murs de ville ne permettait pas de reconstruire plus au sud, l’obligea à rétablir la nef exactement à l’endroit qu’elle occupait auparavant. Par suite de cette circonstance, on dut maintenir l’irrégularité du plan de l’évêque Rainaud, que l’on aurait pu, sans cette difficulté locale, faire disparaître, ou du moins sensiblement atténuer, en inclinant un peu la nef vers le sud, et en supprimant la fausse chapelle d’un des bas côtés du choeur.

L’oeuvre commencée par Bertrand de Rosmadec fut continuée par ses successeurs, notamment par Jean de Lespervez, Alain Le Maout et Raoul Le Moël.

Il convient d’ajouter que le chapitre, personnellement, et en qualité d’administrateur de la fabrique de la cathédrale, y contribua pour une large part.

Cathédrale Saint-Corentin de Quimper

Ces observations étaient nécessaires avant d’aborder l’examen des documents qui permettent de dater les diverses parties de la cathédrale, dont une description sommaire, qu’il est utile de relire ici, a été faite par ailleurs. J’analyserai ces documents en suivant l’ordre chronologique.

1239 (jour de l’octave de l'Assomption). — Rainaud, évêque, touché de la pauvreté de l’église de Quimper, qui ne peut se réparer par ses propres ressources, accorde à la fabrique de la cathédrale, du consentement de son chapitre, le revenu d’une année de toutes les églises de son diocèse, à sa collation, qui viendront à vaquer, par autre cause que par permutation. — Cartulaires n° 31, f° 17 et n° 56, f° 1, v°.

1245 (11 mai). — Mort de l’évêque Rainaud. Il fut enterré dans un des enfeus du chevet de la cathédrale, à l’entrée de la chapelle absidale. Le chevet de l’église était donc construit à la mort de ce prélat.

1261 (9 août). — Mort de l’évêque Hervé de Landeleau, qui fut enterré dans le choeur de la cathédrale, où son tombeau demeura jusqu’en 1790. — Albert Le Grand, Catalogue des évêques de Cornouaille, p. 175 ; dom Taillandier, ibid., p. xxv.

1280. — Mort de l’évêque Yves Cabellic, inhumé dans la chapelle de Saint-Nicolas, aujourd’hui de Saint-Frédéric, située dans le bas-côté nord du choeur. —Testament d'Olivier de Conq, archidiacre de Poher, mort vers 1525 (Archives du Finistère).

1285 (vendredi après le synode de la saint Luc). — Abandon fait par le chapitre, au profit de la fabrique, des annates des bénéfices vacants par autre cause que par permutation. — Cartulaire du chapitre, n° 56, f° 51.

Cet acte marque, je pense, le commencement des travaux de restauration de la chapelle absidale, ou de Notre-Dame, désignée dans les titres des siècles suivants sous le nom de « Chapelle Neuve ».

1287 (vendredi, lendemain de la saint Corentin d’hiver (13 décembre). Il est arrêté en chapitre :

1° Qu’aucun clerc marié ne pourra jouir des privilèges de cléricature, ni même entrer au choeur, alors que son mariage serait dissous, sans une nouvelle installation.

2° Qu’aucun chapelain, clerc ou massicot, n’entrera au choeur sans habit de choeur, depuis l’hymne de Prime, jusqu’après-midi, ni depuis l’hymne de Nones, jusqu’après Complies ; ni depuis la porte du Crucifix, jusqu’au premier autel derrière le grand autel, etc. — Cartulaire du chapitre, n° 56, f° 51.

Il ressort de ces statuts, que non-seulement le choeur était terminé en 1287, mais que le service divin y était établi à cette date. La porte du Crucifix était la porte latérale nord du choeur. Ce nom lui venait de sa situation vis-à-vis la chapelle du Crucifix. L’autel placé derrière le grand autel était l’autel des Trois gouttes de sang.

1289. — Lettres de Pierre-Alain Guiomar, relatives à la donation par lui faite, de la dixme de Ploegonnec, pour l’oeuvre de la fabrique. — Cartulaire du chapitre, n° 31, f° 53, r°.

1290 (14 mars). — Mort d'Even de la Forest, enterré dans la chapelle absidale.

1295 (jour de l'Assomption). Consécration de l’autel de Notre-Dame, dans la chapelle absidale, par l’évêque Alain Rivelen.

Cette date doit être celle de la fin des travaux de restauration de cette chapelle.

1299 (avril). Mort de l’évêque Alain Rivelen, inhumé dans la chapelle absidale.

1323 (6 des Calendes de novembre). — Fondation faite par Olivier de Conq, archidiacre de Poher, d’une chapellenie dans la chapelle qu’il avait fait construire en l’honneur de saint Corentin et de saint Nicolas [Note : « De quadam cappellania de novo in capella nova quam ipse archidiaconus construi fecit in honore beatorum Corentini, patrons nostri, Nicolai et aliorum sanctorum in exclesia predicta, ante cameram capituli ecclesie prelibate etc. »], et dans laquelle avaient été enterrés Yves Cabellic, évêque de Quimper, son oncle, mort en 1280, et Yves de Conq, chanoine, frère du fondateur. — Titre du chapitre de Quimper (Archives du Finistère).

Olivier de Conq fut nommé grand vicaire capitulaire, à la mort de l’évêque Even de la Forest en 1290. La chapelle de Saint-Nicolas, qu’il fit bâtir, fait partie du collatéral nord du choeur et est aujourd’hui placé sous le vocable de saint Frédéric. Ce titre prouve que ce collatéral était terminé, ou du moins bien près de l’être, en 1280.

1335 (jeudi, lendemain du synode de la Pentecôte). — Alain Gonthier, évêque de Quimper, renouvelle la donation faite à la fabrique de la cathédrale, par ses prédécesseurs, des annates des bénéfices de son diocèse, qui viendraient à vaquer par autre cause que par permutation. — Cartulaire du chapitre, n° 56, f° 37.

Le chevet, le choeur, son bas-côté nord, et la chapelle absidale avaient été terminés au XIIIème, siècle. Il restait à construire le collatéral sud du choeur. Cet acte de 1335 marque la reprise des travaux qui paraissent avoir été suspendus depuis l’année 1295.

1336 (jeudi avant la Toussaint). — Fondation par l’évêque Alain Le Gall, d’une chapellenie dans la chapelle qu’il avait récemment fait construire (in capella quam de novo fundavimus in predicta nostra ecclesia Corisopitensi) en l’honneur de saint Corentin, de Notre-Dame et de tous les saints. — Cartulaire du chapitre, n° 51, f° 81.

La chapelle Saint-Corentin, dans le collatéral sud du choeur, est placée aujourd’hui sous le vocable de saint Paul. C’est la première chapelle à partir du chevet.

1361 (2 juin). — Dans un inventaire de la trésorerie de la cathédrale portant cette date, figure un ancien Martyrologe dans lequel est fait mention du commencement de la nouvelle oeuvre de l’église et d’un certain miracle (in quo fit mentio inceptionis novi operis hujus ecclesie et de quodam miraculo).

1408-1416. — Construction des voûtes du choeur par l’évêque Gatien de Monceaux. On lit dans son épitaphe : Ipse chori vostas fieri fecit pius altas.

1417. — Les voûtes du choeur sont peintes par un peintre nommé Jestin, et par un autre ouvrier dont le nom n’est pas exprimé. — Déal du chapitre de 1417 à 1419, f° 24, r° [Note : Il n’existe malheureusement de ce Déal, que cinq feuillets en parchemin que j’ai trouvés aux Archives départementales du Finistère, parmi les papiers de rebut. Ce sont les feuillets 24, 25, 26, 27 et 28. Que sont devenus les autres ? La destruction de ce registre ne me parait pas très-ancienne].

1418 (16juillet). — Prêt d’une somme de cent livres, fait à la fabrique par l’évêque Bertrand de Rosmadec. Elle lui est rendue la même année. — Ibid. f° 26, r°.

1418 (mars). — Le duc de Bretagne Jean IV, dit le « Conquereur, » mort dans la nuit du 1er au 2 novembre 1399, avait légué par son testament, une somme d’argent à la fabrique de Saint-Corentin. Il parait que le chapitre n’obtint pas sans difficulté la remise de ce legs, car dix-neuf ans plus tard, le chanoine Jean Le Marc’hec, fut envoyé à Nantes, pour en poursuivre le recouvrement. — Ibid. f° 27, r° et v°.

1424 (19 mars). — Accord entre l’évêque Bertrand, le chapitre et Jean Hascoed, procureur de la fabrique, pour l’établissement, dans la cathédrale, d’un tronc fermant au moyen de deux clefs, dont l’une serait gardée par le procureur de la fabrique, et l’autre par un chanoine. Il est stipulé que les offrandes que l’on y déposera, seront à la disposition du procureur de l’oeuvre nouvellement commencée, à l’exception des oblations faites aux deux époques de l’année où s’accomplit le pèlerinage des « Sept-Saints de Bretagne, » oblations qui appartiennent au chapitre. — Cartulaire du chapitre, n° 56, f° A.

1424. — Le 26 juillet de cette année, fête de sainte Anne, fut commencée la « nouvelle œuvre » des tours de la façade de la cathédrale. La première pierre fut potée par l’évêque Bertrand de Rosmadec, revêtu de ses ornements épiscopaux, et par Jean de Langueouez, chevalier, chargé par le duc Jean V de le représenter dans cette cérémonie, en présence de vénérables maîtres Jean Le Marc'hec, trésorier, Olivier de l'Hôtellerie, Jean de Treanna, Raoul Le Blanc (autrement Penquelennec), Pierre du Quenquis, Bertrand Symon, Jean Hascoed, procureur de la fabrique et gouverneur de la « nouvelle oeuvre, » et Guillaume Maucousu, tous chanoines de la cathédrale, et d’un grand nombre d’habitants de la ville et de la campagne [Note : Anno domini millesimo CCCC° XXIIII° die XXVI° mensis julii, qua die erat festum beate Anne matris Marie, fuit inceptum novum opus pinaculi occidentalis ecclesie Corisopitensis et turrium ibidem inchoatarum. In cujus fundamento collocaverunt insimul primum lapidem reverendus in christo pater et dominus dominus Bertrandus, dictus de Rosmadec, dei gracia Corisopiteusis episcopus, ornamentis episcopalibus indutus, et dominus Johannes de Langueuoez, miles, ad hoc ex parte illustris principis domini Johannis ducis britannie destinatus, presentibus et assistentibus ibidem venerabilibus viris magistris Johanne Militis, thesaurario, Oliverio Hospitis, Johanne de Treanna, Radulpho Albi, alias Penquelennec, Petro du Quenquis, Bertrando Symonis, Johanne Hascoedi, fabrice dicte ecclesie et operis predicti procuratore et gubernatore, et Guillermo Maucousu, dicte ecclesie concanonicis, necnon et populi atque plebis copiosa multitudine, et cetera. — Cartulaire du chapitre de Quimper, n° 36, f° 63, v°].

1436 (6 des Ides de mai). — Bulle du pape Eugène IV, donnée à Florence le 10 mai, qui accorde sept années et autant de fois quarante jours d’indulgences à ceux qui visiteront dévotement la cathédrale à la saint Corentin d’hiver (12 décembre), et qui contribueront par leurs aumônes, à l’achèvement de l’oeuvre entreprise par la fabrique. Ces indulgences furent accordées à la prière de l’évêque Bertrand de Rosmadec, du chapitre et du duc de Bretagne Jean V. On voit par cette bulle, que les dépenses de la « nouvelle œuvre » s’élevaient à deux mille ducats par an [Note : Voici le texte de cette bulle : « EUGENIUS episcopus servus servorum dei universis Xpi fidelibus presentes litteras inspecturis salutem et apostolicam benedictionem. Licet de cunctis orbis ecclesiis illarumque statu et conservacione, prout ex nobis injuncti debito pastoralis tenemur officii solicite cogitemus, ad venerabilem tamen corisopitensem ecclesiam tanto singularius nostre dirigemus consideracionis intuitum, quanto pocioris eam in partibus illis venustatis amminicalis clarere coguovimus, ac plurimorum notabilium numero suppositorum copiosius esse refertam, dignum prostrinentes ut Xpi fideles quoslibet ad imparcienda de quibus ipsius ecclesie decus et honor peramplius instaurari poterunt suffragia, spiritualibus cum muneribus, indulgenciis videlicet et peccatorum remissionnibus ferventius excitemus. Cum itaque, sicuti accepimus, ipsa, ecclesia, cujus gloriosus Xpi confessor sanctus Chorentinus est patronus, novo et pro que usque ad summam duorum milium ducatorum quolibet anno expense fiunt mirifico sumptuosoque opere reparari sit incepta, et ad ipsius perfectionem operis fabrice ecclesie ejusdem non sufficiant facultates, nos cupientes ut ecclesia prefata congruis honoribus frequentur (sic) et conservetur, ac opus ipsum laudabiliter perficiatur, necnon Xpi fideles colibencius causa devocionis ad ipsam ecclesiam confluant, et ad conservacionem ac perfectionem operis fabricam que hujusmodi manus prompcius porrigant adjutrices, quo ex hoc ibidem dono celestis gracie conspexerint se refectos, de omnipotentis dei misericordia et beatorum Petri et Pauli Apostolorum ejus auctoritate confisi, se venerabilis fratris nostri Bertrandi, episcopi, et dilectorum filiorum capituli Corisopitensis, ac Nobilis viri Johannis Ducis Britannie supplicacionibus inclinati, omnibus vere penitentibus et confessis qui, in festo sancti Chorentini predicti tempore hiemali celebrari solito, ecclesiam devote visitaverint annuatim, et ad conservacionem ac perfectionem operis atque fabricam hujusmodi manus adjutrices porexerint, septem annos et totidem qnadragenas de injunctis eis penitenciis misericorditer relaxamus presentibus perpetuis futuris temporibus duraturis. Volumus autem quod si aliàs visitantibus ecclesiam, vel ad perfectionem operis et fabricam hujus modi manus adjutrices porrigentibus, seu alias inibi pias elemosinas erogantibus, ant alias aliqua alia indulgencia in perpetuum vel ad certum tempus noudum elapsum duratura per nos concessa fuerit, hujusmodi presentes littere nullius existant roboris vel momenti. Datum Florencie anno Incarna ionis dominice millesimo quadringentesimo tricesimono (sec) sexto, idus maii, Pontificatus nostri anno nono ». — Signé : P. Davidis ; B. de Urbino ; Poggius ; et sur le repli : Jo. Buisson. — Cette bulle est sous plomb à lacs de soie rouge et jaune. — Archives du Finistère].

Cathédrale Saint-Corentin de Quimper

1439. — Les travaux paraissent avoir été suspendus pendant cette année. Le compte du procureur de la fabrique, mentionne seulement dix-sept journées de couvreurs, et l’emploi de deux mille ardoises , d’un tonneau de chaux, de quelques lattes et d’un peu de ciment. — Compte de Robert Olivier, chanoine, procureur de la fabrique.

1440. — Le compte de la fabrique ne fait aucune mention de travaux de maçonnerie. Il y eut cette année seize journées de couvreurs, et l’on employa quatre mille ardoises pour l’entretien de la couverture de l’église. — Compte du même Robert Olivier.

1458. — Aucune mention de la « nouvelle oeuvre ». Jean Blandin, couvreur, et un de ses ouvriers travaillent pendant onze jours à la couverture. — Compte de Jehan Cochet, chanoine, procureur de la fabrique.

1467 (9 avril avant Piques). — Codicile testamentaire par lequel l’évêque Jean de Lespervez, lègue tous ses biens meubles et immeubles, pour être employés « aux fondations et aultres choses de charité et aumosne qu’il entend faire ». Dans ce legs une somme de mille livres fut réservée pour les réparations de la cathédrale.

1467 (28 avril). — Marché passé entre maître Pierre Morvan, recteur de Guiscriff, maître de la « nouvelle oeuvre » de la cathédrale, et Rivallen Rospabae, charpentier, pour la charpente du croisillon sud du transept de la cathédrale. — Premier registre des contrats, f° 37, v°.

1468 (16 mai). — Marché passé entre le chapitre, Roland Le Saux, charpentier, et Pierre Le Gluydic, pour la construction, au centre de l’église, de la charpente d’un clocher qui devait s’élever de cinquante pieds au-dessus de la couverture. — Premier registre des contrats, f° 44, v°.

1468. — Le compte de la fabrique de cette année, est presque exclusivement consacré aux dépenses faites pour la construction du clocher central, qui fut recouvert de plomb. Un article mentionne le paiement d’une somme de cinq sous, au maître du pavé de l’église (magistro pavimenti). — Compte de Guillaume Periou, recteur de Laz, procureur de la fabrique.

1469. — Continuation et achèvement des travaux du clocher central qui fut, cette année, entièrement recouvert de plomb. Le compte de fabrique mentionne du mois d’octobre 1469, au mois de juin 1470, six cent onze journées d’ouvriers plombiers, pour lesquelles ils reçurent la somme de 97 livres 3 sous 3 deniers. Une tempête renversa la même année, les cloisons en planches (fenestras lignas), qui fermaient les fenêtres du haut de la nef, du côté de l’évêché. On les consolida au moyen de dix bandes de fer. Trois milliers d’ardoises furent employés aux travaux de la toiture. — Compte du même Guillaume Periou.

1474 (5 décembre). — Marché passé entre le chapitre, d’une part, et Jean Kerjagu, Pierre Le Gluydic et Hervé Calvez, de l’autre, pour la charpenterie des stalles du choeur de la cathédrale. — Deuxième registre des contrats, f° 30, v°.

1474. — Les travaux de maçonnerie sont suspendus. On établit au-dessus de la tour qui renferme les cloches, du côté de l’évêché, un toit pointu ou flèche (pinum) en ardoises, pour la construction de laquelle on employa : trois charretées de planches et de membrures, cinq mille lattes, quinze mille ardoises, soixante-dix mille clous, trois barriques de chaux, une certaine quantité de ciment et deux livres d’étain. Il y avait au-dessus de cette tour, une croix que l’on descendit, et que l’on remit au sommet de la toiture, après son achèvement. — Compte de Guillaume Periou, procureur de la fabrique.

1475 (6 février). — Marché passé entre Guillaume Periou, procureur de la fabrique, et Alain an Helguezen, Charles Bernard, le jeune, Jean an Guen et Guillaume an Lés, pour la fourniture des pierres nécessaires à la construction du croisillon nord du transept. — Deuxième registre des contrats, f° 35, v°.

1477. — On travaille à la construction du croisillon nord du transept. Du mois de novembre 1477 au mois d’octobre 1478, le compte mentionne 1653 journées, pour les tailleurs de pierres et les maçons travaillant dans l’église, et 1651 journées pour les ouvriers travaillant dans la carrière. Il fut payé pour ce travail 359 livres 4 sous 9 deniers, soit environ onze mille francs de notre monnaie. Le nombre des ouvriers était ordinairement, de quinze dans l’église, et de neuf dans la carrière. — Compte de Guillaume Periou.

1478. — Continuation des travaux du croisillon nord. Du mois de janvier 1478 au mois de novembre suivant, il y eut 2098 journées pour les tailleurs de pierres et les maçons de l’église, et 1999 pour les ouvriers de la carrière. Le procureur de la fabrique paya pour ces journées, 469 livres 13 sous 10 deniers. On employa pour la construction 64 batelées de pierres. — Compte du même procureur.

1486. — Construction des trois voûtes du transept, par Pierre et Guillaume Goaraguer. Ces voûtes sont peintes aussitôt après leur achèvement, par Jean Soyer et Gilles Le Febure. La porte du croisillon est mise en place, et l’on construit au-dessus du pignon nord du transept, une flèche en charpente, recouverte de plomb (clocherium plumbi), qui paraît avoir été démolie la même année [Note : « Item Henrico ann Goff, maestro clocherii plumbi, solvi per plures vices, de mandato dominorum de capitulo, 95 lib. ». « Item solvi operariis qui visitaverunt clocherium plumbi per plures vices, jussu dominorum de capitulo, 25 sol. ». « Item Roberto Nicolas et Pezresio Camus tectoribus, pro descendendo clocherium plumbi ad terram, et pro vino, per plures vices, 23 lib. ». — Compte de G. Periou ]. Il y eut dans les carrières, 1752 journées d’ouvriers, qui furent payées 154 livres 12 sous 8 deniers. On employa pour les travaux de maçonnerie, 320 charretées et 45 batelées de pierres tirées des carrières de Kerrem et de Kerjestin, 74 tonneaux de chaux et 20.000 ardoises pour couvrir l’église. — Compte de Guillaume Periou.

1494. — Don fait à l’évêque et au chapitre, par le roi de France Charles VIII « pour la reparacion de l’esglise cathédral de Cornouaille, » du devoir de « billot » [Note : Le billot était une imposition qui se levait sur les boissons, et que les ducs et les rois cédaient souvent aux villes pour l’entretien de leurs murailles, la construction de leurs quais et pour d’autres travaux. Les seigneurs ecclésiastiques ou laïques en obtenaient aussi assez fréquemment, la concession dans leurs fiefs. C’est au moyen d’une semblable concession que la belle église de Locronan, à quatre lieues de Quimper, a pu être construite] dans les fiefs des Regaires de cette église, pendant l’espace de six ans, à partir de l’année 1494. — Compte de Rolland Le Baud, miseur de la ville de Quimper, du 11 octobre 1494 au 21 juillet 1496 (Archives du Finistère).

Cette concession donna lieu à un procès entre les bourgeois de Quimper, d’une part, et l’évêque et le chapitre, de l’autre. Le sequestre fut mis sur les fiefs des Regaires de l’église de Quimper, depuis le 21 juillet 1495, jusqu’au 22 novembre suivant. Comme la ville de Quimper était dans le fief des Regaires, les bourgeois ne voulaient pas que la perception de cet impôt leur fut distraite, même pour un temps, craignant sans doute qu’elle ne leur échappât pour toujours.

Ils députèrent donc vers le roi, qui était alors en Italie, Guillaume de Pontcastel et Jehan Le Baud, le jeune, avec la mission de lui exposer leurs griefs.

A la suite de ce voyage qui coûta à la ville 166 livres, une transaction approuvée par le roi Charles VIII, eut lieu entre les parties en cause. Par cette transaction les bourgeois s’engagèrent à payer chaque année, pendant six ans, une somme de 300 livres monnaie à l’évêque et au chapitre, qui de leur côté, renoncèrent à la perception du billot, dans les fiefs des Regaires de leur église.

La fabrique de la cathédrale put, à l’aide de ces ressources, établir les meneaux des hautes fenêtres de la nef, et exécuter certains travaux extérieurs tels que balustrades de galeries, pinacles, etc.

1496. — Un des vitraux du croisillon sud du transept, porte la date de 1496.

1501. — Indulgences plénières accordées par le pape Alexandre VI, à ceux qui contribueraient par leurs aumônes à l’achèvement de la cathédrale. — Moreau, Histoire de la Ligue en Bretagne, 1ère édition, p. 21.

Le produit de ces aumônes dût servir à l’achèvement des travaux.

1514. — Construction de l'ossuaire do la cathédrale, commencé au mois de juillet 1514 et terminé à la fin du mois de mars suivant. On y employa 252 charretées de pierres ; le nombre des journées de maçons et de tailleurs de pierres fut de 1608. — Compte d'Yves Lohéac, prêtre, procureur de la fabrique [Note : Il était recteur de Saint-Evarzec, près de Quimper. On voit dans la sacristie de cette église un reliquaire en cuivre argenté, ayant la forme d’un clou long de 12 centimètres, et renfermant un fragment d’un des clous qui servirent à crucifier Notre-Seigneur. Ce reliquaire est orné d’un Christ en croix, et au-dessous d’une pierre fine. On lit sur une de ses faces, en caractères gothiques . D : Y: Loheac : R (ector) : de Sancteverdec. Sur une autre face est écrit : De : sancto : clavo. Ce reliquaire porte en outre les armes des Loheac, qui sont : d’argent à une macle de sable, avec la devise de cette famille : Nigra sum sed formosa].

1524. — Réparation d’un des toits pointus en ardoises au-dessus des tours. Le maître charpentier Henri Guenmorvan, y travaille pendant 18 jours, et son serviteur pendant 17 jours.

1524. — Construction de grandes et de petites orgues par Hervé Guyllymyn.

1613 (10 août). — Incendie de la tour nord de la façade de la cathédrale.

1618 (12 novembre). — Construction d’un plancher en chêne sous les deux grosses cloches. — Délibération capitulaire, 1595-1648, f° 118, v°.

1620 (7 février). — Incendie de la flèche centrale en plomb, de la cathédrale.

1643. — Construction de nouvelles orgues, par Robert Dallam.

1644. — Construction de la tribune des orgues, par l’évêque René du Louet. On remarque à la clef de voûte de cette tribune, les armes de ce prélat, qui sont : Fascé de vair et de gueules.

1645. — Construction par François, Julien et Guillaume Mahouic, frères, et Roland Calvez, maîtres maçons, moyennant la somme de 42 livres tournois, d’un escalier en pierres de taille, dans une des chapelles du bas-côté sud de la nef, pour descendre du palais épiscopal dans l’église.

1679. – Marché pour la chaire à prêcher. — Déal de 1671 à 1682, f° 68, r°.

1737 (5 juillet). — Rétablissement du pavé de l’église — Déal de 1722 à 1747.

1777 (25 juillet). — Réparation de la charpente et de la toiture de l’église, au-dessus de la voûte du choeur, sur une longueur de 44 à 45 pieds, à partir du rond-point. Pour rendre la réparation plus durable, on place entre chaque ferme ancienne, une ferme neuve et on double les filières. Ce moyen permet de n’employer que des chevrons ordinaires, et l’on espère « que la couverture sera en état de durer plus d’un siècle ». — Déal de 1770 à 1782, f° 251, r° (Fabrique de Saint-Corentin).

1778 (2 août). — Réparation de la couverture du bas-côté nord. Le sieur Moro qui dirigeait alors les travaux de réparations de la cathédrale, demande qu’en rétablissant, cette couverture, on élève de quelques pouces la charpente, depuis le transept jusqu’au « porche des baptêmes », pour faciliter l’écoulement des eaux. — Ibid. f° 266, v°.

Le chapitre affecte à ces réparations, une somme de trente mille livres dont quinze mille lui ont été données par le roi.

1790 (25 septembre). — Destruction des armoiries de la cathédrale.

1791 (6 mars). — Démolition du jubé et des murs qui bouchaient les arcades du choeur. Voici le procès-verbal ou devis qui fut fait à cette occasion :

« L’an 1791, le 6 mars, je soussigné Jacques Castellan, entrepreneur des bâtiments civils à Quimper, rapporte que sur l’avis de MM. les officiers municipaux qui m’ont ressaisi d’une pétition de M. l'Evêque du Finistère, tandante à la démolition du frontispice qui forme l’entrée du choeur de notre cathédrale, comme aussi de razer la boiserie et les murs de dossier qui concernent tout le pourtour des stalles, afin de rendre l’intérieur de ladite cathédrale convenable pour l’office paroissial, certifie m’être transporté avec M. Le Goarre, maire, à la maison épiscopale et de là à l’église de Saint-Corentin, où étants en présance de M. l'vêque, de mondit sieur Le Goarre et de MM. Boulbrian et Le Franc, vicaires, avons vu que le frontispice, avec entablement de l’ordre corinthien, séparant la neffe du choeur, a 42 pieds de largeur de face, environd 25 pieds de hauteur reduit, sur 9 pieds d’épaisseur, vu aussi les murs et dossiers qui font la cloture midi et nord du choeur, les avons trouvé avoir 10 pieds au-dessus du pavé, pour la maçonnerie, et 12 pieds pour la menuiserie, ce qui masque le choeur et le maître-autel, de manière à ne voir ni entendre le célébrant qui officie. Considérant tout l’avantage qui résulteroit de l’exécution du projet de M. l’Evêque, déclare qu’il conviendroit de démolir les objets sy après, et je suis d’avis :

« 1° Que la masse du frontispice faisant l’entrée du choeur, soit démolie dans toute sa hauteur et largeur jusqu’au niveau du pavé de la neffe. Ensuite on établira une contremarche de niveau avec le parquet du choeur, pour recevoir un grillage en fer de trois pieds de hauteur, qui fera l’entrée et la cloture du choeur en cette partie, en attendant qu’un temps plus opportun ne fournise les moyens de faire une dépense plus considérable ».

« 2° Qu’on démolira les murs qui sont dans le vuide des arcades midi et nord, ainsi que le dossier en menuiserie faisant la cloture dudit choeur, et sera le tout razé à fleur des accoudoirs des stalles, au niveau desquelles il sera placé une tablette ou sablière pour recevoir le grillage en fer, qui ce trouve actuellement autour du maître-autel, lesquelles seront provisoirement placé dans le vuide des arcades au-dessus des acccoudoires, si on le juge à propos ».

« 3° Que les deux cenotaphes ou tombeaux sépulcrals (sic), l’un au midi du sanctuaire, l’autre au milieu du choeur seront pareillement démolis et razées au niveau et de plein pied au sol du sanctuaire et du choeur, égallement qu’un très-grand chandellier en cuivre à plusieurs branches, lequel est aussi désagréable qu’inutile, vu l’emplacement qu’il occupe. Ces trois objets démolis, il conviendroit de rétablir le sol avec des matériaux pareils aux anciens afin de mettre le tout uniforme.

« 4° Que les deux obélisques, qui sont l’un au midi l’autre au nord du choeur, seront pareillement démolis pour être replacés et adossés à droit, et à gauche, contre le prochain pillier vers le haut de l’église, de manière que les deux fassent une ligne oblique sur les bas-côtés, par leurs parmans, et sera le tout rétabli dans l’état actuelle, à l’exception des armes qui sont inscrusté dans leur pied d’estal qui seront supprimées ».

« Procédant à l’estimation des objets mentionnés au présent, ils se trouvent porter à la somme de 680 livres, pour mettre les choses en bon et passable état ».

Fait et arretté, pour servir à qui il appartiendra, le même jour et an que devant. Signé : Castellan ».

Par arrêté du Directoire du district de Quimper, l’évêque fut autorisé à faire les réparations qu’il jugerait convenables.

1793 (12 décembre, jour de la fête de saint Corentin). — Violation des tombeaux de la cathédrale ; les statues des évêques sont renversées et leurs ossements sont jetés hors de l’église. On brise les autels et on détruit les confessionnaux et les stalles du choeur, à coups de hache. Les vases sacrés sont souillés ; le tableau de la Descente du Saint-Esprit, d’après Le Brun, et celui du Purgatoire, d’après Rubens, sont brûlés ; l'Assomption de Leloir est lacérée. On brûle les statues des saints et les authentiques des reliques, sur le Champ-de-Bataille, en face de la statue de la Déesse de la Liberté, placée au bas du mont Frugy, et sur le piédestal de laquelle on avait gravé ce quatrain :

PÉRISSENT LES TYRANS,

PÉRISSENT LES DESPOTES,

CRÈVENT LES CI-DEVANTS,

VIVENT LES SANS-CULOTTES !

[Note : J’ai copié cette inscription dans un registre du greffe du tribunal civil de Quimper].

An III, (22 fructidor. — 8 septembre 1795). — Rétablissement du culte dans la cathédrale.

« Quimper le 22 fructidor 3ème année républicaine. Les citoyens de la commune de Quimper exerçant le culte catholique, apostolique et romain dans l’église cathédrale.

Aux autorités constituées à Quimper.

Les dégâts énormes que l’on a fait dans l’église de cette ville, sous la tyrannie de Robespierre, nécessitent des réparations immenses. Jusqu’ici nous avons fait tous nos efforts pour commencer à rendre à ce temple, et tout ce qui peut contribuer à la décence qui lui convient, et tout ce qui peut tendre à sa conservation. Mais quels que soient les sacrifices que nous avons faits pour cet objet si intéressant, quels que soient ceux qu’il est dans notre intention de faire encore, vous sentez, d’après le peu d’étendue de nos facultés, qu’il nous est de toute impossibilité de parvenir à faire toutes les réparations indispensables, si les autorités constituées ne nous aident par tous les moyens qui sont en leur pouvoir. En conséquence nous vous demandons que, prenant notre exposé en considération, vous ne détachiez pas de l’entretien de l’édifice susdit, le revenu des maisons et boutiques qui y sont adossées, et qui en faisant partie, en sont un accessoir naturel, nous obligeant à vous rendre compte de l’emploi qui en sera fait. Ce faisant, vous conserverez à la République, une propriété intéressante pour elle, et vous perpétuerez à la ville de Quimper, la jouissance d’un monument, qui lui est d’autant plus précieux, qu’il est un de ses plus beaux ornements, et qu’il est d’une plus grande utilité à tous ses habitants pour l’exercice de leur culte ». — Suivent quatre-vingt-dix signatures.

Un arrêté du Directoire du district de Quimper, du 26 fructidor suivant, fit droit à cette pétition.

1854 (1er mai). — Pose de la première pierre des flèches de la cathédrale, par Mgr. Graveran.

1856 (10 août). — Achèvement des flèches qui étaient, à cette date, débarrassées de leurs échafaudages.

1856. — Vitraux des chapelles Saint-Pierre et Sainte-Anne, par M. Lobin, de Tours.

1857-1859. — Reconstruction de la sacristie.

1860. — Achèvement de la galerie supérieure de la nef.

1863-1867. — Débadigeonnage de la cathédrale.

1863. — Pose de la grille en fer forgé, à l’extérieur de l’église.

1866-1870. — Rétablissement du trumeau et du tympan de la porte occidentale, et construction des trois murs qui soutiennent la tribune.

1867-1868. — Restauration des verrières du choeur, par M. Lusson.

1867-1869. — Pose de la grille en fer forgé autour du choeur.

1868. — Consécration du maître-autel.

1868. — Vitrail du fond de l’abside, par M. Steinheil.

1868-1874. — Vitraux des bas-côtés du choeur et de la nef, et des pignons nord et sud du transept, par M. Hirsch.

1869-1870. — Restauration des verrières de la nef, par M. Lusson.

1873-1874. — Restauration des verrières du transept, par M. Lusson.

......... etc.

(R. F. Le Men).

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APPENDICE.

CATHÉDRALE ACTUELLE.

 

Raynaud. — 1219-1245.

1239. — L'évêque Raynaud entreprend la reconstruction du chœur, auquel il rattache la chapelle Notre-Dame, qui devient chapelle absidale. Il est inhumé, en 1245, dans l'église du couvent de Saint-François, qu'il venait de fonder.

Yves Cabellic. — 1267-1280.

1280. - Le bas-côté Nord du chœur est construit.

Allain Rivelen. — 1290-1299.

1285-1295. — Reconstruction de la chapelle absidale. L'évêque Alain Rivelen, dit Morel, en consacre l'autel qui subsiste encore [Note : Du moins quant à l'immense table de granit, car les colonnettes et la maçonnerie qui le supportent sont modernes].

Allain Gonthier. — 1333-1335.

1335. — Construction du collatéral Sud du chœur.

Gatien de Monceaux. — 1408-1416.

1408-1416. — Construction des voûtes du chœur par l'évêque Gatien de Monceaux.

Bertrand de Rosmadec. — 1417-1444.

1417. — Les voûtes sont peintes par Jestin ; les fenêtres sont garnies de vitres coloriées.
1418. — Le duc Jean IV fait un legs pour la construction de l'église.
1424. — L'évêque Bertrand de Rosmadec entreprend la construction de la nef.
1424. — 26 Juillet, jour de sainte Anne, le même pose la 1ère pierre des tours avec Jean de Langueouez, chevalier, représentant le duc Jean V.
1436. — Le Pape Eugène IV accorde une indulgence à ceux qui, par leurs aumônes, contribueront à l'achèvement de l'œuvre.

Jean de Lespervez. — 1451-1472.

1460. — La nef est achevée.
1464. — Les bas-côtés de la nef sont voûtés.
1467. — L'évêque Jean de Lespervez donne tous ses biens en fondations pieuses, au nombre desquelles l'achèvement de l'église.
1467. — Le croisillon Sud du transept est couvert.
1469. — Construction d'un clocher en bois recouvert de plomb s'élevant à cinquante pieds au-dessus de la croix du transept.

Thibaud de Rieux. — 1472-1479.

1475. — On entreprend la construction du croisillon Nord du transept, qui sera terminé en 1486.

Allain Le Maout. — 1484-1493.

1487-1493. — Construction des voûtes du transept et de la nef.

Raoul Le Moel. — 1493-1501.

1494. — Construction des meneaux, des hautes fenêtres de la nef, des balustres, des galeries, des pinacles, etc. Vers cette époque, les fenêtres sont garnies de vitres peintes par les Jean Sohier.

Claude de Rohan. — 1501-1540.

1501. — Alexandre VI accorde une indulgence à ceux qui contribueront à l'achèvement de la cathédrale.

1515. — Construction de l'ossuaire dans le cimetière contigu à l'église. (Une croix marque la place de l'ossuaire supprimé en 1840.)
Les travaux accomplis de 1477 à 1514 (trente-sept ans), sont surtout l'œuvre de Guillaume Le Goraguer, maître tailleur de pierres [Note : Ce maître habile s'était déjà signalé par les grands travaux de l'église de Locronan].

Guillaume Le Prestre de Lézonnet. — 1614-1640.

1620. — Incendie de la flèche centrale, qui n'a pas été reconstruite.

René du Louet. — 1640-1668.

1644. — Construction de la tribune des orgues.

François de Coëtlogon. — 1668-1706.

1679. — Construction de la chaire à prêcher, sculptée par O. Daniel.

XIXème SIÈCLE

Joseph Graveran. — 1840-1855.

1854, 1er Mai. — Mgr Graveran pose la première pierre des flèches. (M. Bigot, architecte, M. Corentin Quéré, maître tailleur de pierres, M. Le Nestour, maître maçon).

René Sergent. — 1855-1871.

1856, 10 Août. — Les flèches, entièrement achevées, sont débarrassées de leurs échafaudages.

1857-1859. — Reconstruction de la sacristie sur les plans de M. A. Durand, architecte à Paris.

1860. — Achèvement de la galerie supérieure de la nef.

1852-1867. — Débadigeonnage de l'église par M. Mahé, entrepreneur de maçonnerie, sous la direction de M. Bigot.

1866. — Rétablissement du trumeau et du tympan de la porte principale, supprimés en 1820.

1868. — Consécration du maître-autel, exécuté sur les dessins de M. Boeswilwald, inspecteur général des monuments historiques.

1856-1874. — Restauration ou rétablissement des vitres par MM. Lobin, Hirsch, Steinhel et Lusson.

La cathédrale de Saint-Corentin est érigée en basilique par bref du Souverain-Pontife Pie IX, en date du 11 Mars 1870.

Dom Anselme Nouvel. — 1871-1887.

1870-1883. — Peintures à fresque des chapelles latérales par M. Yan’ Dargent.
1885. — Restauration de la chapelle absidale, par M. Bigot. Peintures décoratives de M. Lameire. Consécration de l'autel de Notre-Dame de la Victoire.
1886. — Installation du reliquaire du Bras de saint Corentin dans la chapelle de Saint-Corentin.

Pour compléter le tableau qui précède et terminer ce qui nous reste à dire de l'église Saint-Corentin, nous devons ajouter quelques observations sur le caractère architectural de l'édifice, sur la flèche centrale en plomb, enfin sur les maisons qui, de 1620 à 1680, envahirent tout le côté Nord de la cathédrale et les deux chapelles sous les tours.

Et d'abord, pour le caractère même de l'architecture une seule remarque est à faire : M. de la Monneraye est le créateur d'une théorie d'après laquelle les monuments bretons sont en retard d'un siècle sur les autres constructions de France, en ce qui concerne les motifs de décoration artistique. Cette théorie, qui a été trop facilement acceptée, n'a qu'un défaut : c'est d'être dépourvue de tout fondement. Sans être savant en archéologie, on pourra facilement, en relevant les dates de construction dans la cathédrale de Quimper, constater que chez nous, le mouvement ou la mode, si l'on veut, n'a subi aucun retard. Le caractère du XIIIème siècle apparaît bien dans les remaniements de la chapelle absidale, dans la construction du chœur et de son collatéral Nord, tandis que le collatéral Sud appartient évidemment au XIVème siècle, le transept, la nef et ses bas-côtés au XVème.

Autour des deux porches et à l'intérieur du porche du baptême, puis dans la partie extérieure de l'édifice, se voient d'innombrables niches fort élégantes, mais toutes vides à l'exception d'une seule ; rien n'indique qu'elles aient jamais abrité de statues. L'exception que je viens de signaler existe pour sainte Catherine, placée près du portail de Notre-Dame, à côté du palais épiscopal. Signalons aussi la statue de Notre-Dame elle-même, placée sur le tympan entre deux anges d'une grâce indicible qui balancent leurs encensoirs devant elle. Je dois ajouter qu'au portail principal, il y a aussi des statues d'anges sculptées dans les mêmes blocs que les niches elles-mêmes. Elles formaient cortège à l'image de Notre-Seigneur dans le tympan en bas-relief qui figurait le jugement dernier. Ce tympan, supprimé en 1820, fut remplacé en 1866, par une rosace autour de laquelle les mêmes anges sont toujours en adoration. A la place où était autrefois la statue du Bon Duc Jean V, brisée par les Terroristes, se voit maintenant une statue en Kersanton représentant Notre-Seigneur. Elle aurait pu être belle, mais même avec cette condition, elle aurait toujours eu le tort de ne pas être à sa place.

Le roi Grallon a été mieux traité que Jean V : peine les flèches furent-elles terminées, que sa statue équestre fut replacée sur la plate-forme entre les deux tours ; ce fut la première œuvre de Mgr. Sergent en faveur de cette cathédrale qui a tant reçu de lui. J'ai dit ailleurs combien populaire fut la fête de l'inauguration en Octobre 1858, et comment, devant une foule considérable où se voyaient des députations de l'Irlande et du pays de Galles, on renouvela une antique cérémonie en offrant à boire au roi barde.

Si du haut de la cathédrale, le roi Grallon domine encore le beau vallon de l'Odet, si deux flèches admirablement belles ont remplacé les éteignoirs sur les deux tours, grâce à la pensée féconde de Mgr Graveran qui pendant cinq ans demanda et obtint de chacun de ses diocésains le sou de Saint-Corentin, la flèche centrale en plomb n'a jamais été rétablie. Construite en 1468, elle fut frappée par la foudre, le 1er Février 1620, et entièrement détruite, chose bien facile puisqu'elle était faite de charpente. Cette catastrophe frappa si vivement les esprits qu'on voulut y voir le résultat d'une œuvre diabolique. Au dire de M. Le Men, « de curieuses relations de ce sinistre furent imprimées à Quimper, à Rennes et à Paris » ; elles portaient en titre : LA VISION PUBLIQUE d'un horrible et très épouvantable démon sur l'Église cathédrale de Quimper-Corentin, en Bretagne, le 1er jour de ce mois de Février 1620 ; lequel démon consuma une pyramide par le feu, et y survint un grand tonnerre et feu du ciel.

Aujourd'hui encore, lorsqu'on visite les combles de la cathédrale, on remarque, dans la partie qui correspond à la croisée du transept, les poutres qui servaient de base à cette flèche, et qui portent toujours les traces parfaitement visibles de l'incendie.

Ce qui n'a point laissé de traces, et c'est heureux, ce sont les masures qui ont entouré la cathédrale pendant plus de deux siècles. Je me rappelle fort bien avoir souvent entendu dans mon enfance exprimer de l'étonnement sur la liberté qu'on avait prise d'enlaidir la cathédrale par ces constructions parasites, et d'avoir ainsi privé de lumière tout un bas-côté.

A la Révolution, ces maisons, propriétés du Chapitre, furent vendues et acquises par différents particuliers. En 1840, l'opinion commença à demander la disparition de ces masures, et elle fut décidée en principe par Mgr de Poulpiquet ; toutefois cette œuvre ne commença que sous l'épiscopat de Mgr Graveran ; mais en exécutant cette excellente mesure, on commit une faute irréparable. L'ossuaire de la cathédrale, construction très élégante et très originale, subit le même sort que les échoppes. A peine a-t-on pu en sauver quelques débris, aujourd'hui réunis au Musée de Quimper. Quant à la place où s'élevèrent les masures dont nous venons de parler, elle est séparée de la voie publique par une grille de fer ; jamais l'église de Saint-Corentin n'a paru plus belle et mieux dégagée (Alexandre Thomas).

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