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Ressources de la fabrique de la cathédrale de Quimper

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La fabrique de la cathédrale de Quimper était administrée par le chapitre de cette église, qui nommait tous les trois ans, et pour trois années, un procureur chargé de la gestion de ses biens. Ce procureur que l’on prenait ordinairement parmi les chanoines, fut cependant quelquefois choisi, pendant les grands travaux du XVème siècle, parmi de simples prêtres qui avaient, sans doute, pour l’architecture une aptitude particulière. C’est ainsi qu’en 1467, lors de la construction de la charpente du croisillon sud du transept, le procureur de la fabrique était maître Pierre Morvan, recteur de Guiscriff, et que de 1468 à 1486, période pendant laquelle on construisit la tour centrale et le croisillon nord du transept, les mêmes fonctions furent confiées à Guillaume Periou, recteur de Laz, qui paraît avoir été un homme fort expert en l’art de bâtir. Plus tard, lorsque l’on construisit l’ossuaire de la cathédrale, le procureur de la fabrique fut Yves Lohéac, recteur de Saint-Evarzec.

Le procureur de la fabrique rendait ses comptes chaque année, à une commission déléguée par le chapitre, pour les entendre. L’année de sa gestion jusqu’en 1470, commençait le 1er juin. A partir de cette époque, le commencement de la gestion du procureur fabrique, fut fixé au 1er juillet [Note : En 1388, il fut arrêté en chapitre, que le procureur de la fabrique aurait pour émoluments 6 livres monnaie, c’est-à-dire 20 sous de plus que les cent sous qu’il avait auparavant, à la charge de faire la levée de certains deniers. — Cartulaire n° 31, f° 25. En 1514, les émoluments du procureur de la fabrique étaient encore de cent sous].

Cathédrale de la ville de Quimper

Au XVème siècle, la fabrique de Saint-Corentin ne possédait aucun bien fonds. Mais dès que la cathédrale fut terminée, le chapitre s’empressa d’y adosser un certain nombre d’échoppes, désignées dans les titres du XVIème siècle sous le nom de bothicœ (boutiques). En 1514, ces boutiques, qui étaient au nombre de neuf, rapportaient de location à la fabrique 15 livres 10 sous. En 1640 elles donnaient un revenu de 36 livres, qui était presque entièrement absorbé par leur entretien. Au reste, le chapitre déclare dans un acte de cette année, que ces échoppes avaient été « basties plus tost pour tenir net le circuit de la cathédrale, que pour le profit, n’y ayant que de pauvres gents qui y vendent les jours de marchés quelques chétives denrées » [Note : Déclaration du revenu de la fabrique de la cathédrale, faite à la chambre établie pour la liquidation des droits d’amortissement, le 6 juillet 1640].

Cathédrale Saint-Corentin de Quimper

Les revenus casuels de la fabrique étaient assez nombreux. Dès une époque ancienne, les amendes pour injures et pour contraventions aux règlements concernant les inhumations, lui avaient été attribuées. Au XIVème et au XVème siècle, elle percevait aussi 5 sous, des personnes enterrées dans l’église du Baptistère et dans les autres églises de la ville [Note : La fabrique ne profitait que pour une faible partie des décès de la ville de Quimper, car le produit des anniversaires et des autres fondations faites dans la cathédrale, appartenait tout entier au chapitre. En 1381 il fut statué en chapitre général, le lendemain de la saint Luc, que nul ne serait inhumé dans la cathédrale s’il n’avait donné 20 sous de rente ou 15 livres de capital, pour son anniversaire (Cartulaire Capitulaire Corisop. n° 31, f° 16). Un autre statut de 1410, arrête qu’aucune personne défunte ne sera portée au choeur à moins qu’elle n’ait fait fondation perpétuelle en l’église, et qu’il n’ait été payé pour son admission, une somme égale à la fondation, à moins qu’il ne s’agisse de princes, de prélats, de seigneurs de fief et de chanoines. D’après le même statut, pour être porté autour du choeur avant d’être enterré, il fallait être chanoine et avoir donné pour son élection, une potée (ollata) de vin, ou 2 sous et 8 deniers aux autres chanoines. (Ibid. n° 56, f° 57 v°). Les femmes n’étaient inhumées dans le choeur que par exception, et moyennant le paiement d’une somme de 12 écus, valant 15 livres tournois. Jeanne Le Barbu, chevalière (Johanneta Barbuti, militissa), femme d'Hervé du Juc'h, y fut enterrée le 14 février 1465. (Deal de 1464-1471, f° 8 v°). Le 19 décembre 1547, à la prière des seigneurs de Livinot et de Nevet, le chapitre consentit à ce que le corps de noble et généreuse dame Mary de Tuomelin, dame de Botbadern et de Livinot, fut inhumé dans le choeur, en considération des fondations faites dans la cathédrale, par elle et par son mari, feu Alain de Guengat, et de sa haute noblesse (Délibération capitulaire de 1550-1551, f° 1er v°)]. Le produit des troncs de saint Corentin et de saint Guillaume, et celui des offrandes faites sur l’autel du patron de la cathédrale, sur la châsse qui renfermait les reliques de saint Ronan, et enfin sur la tombe de saint Guillaume [Note : J’ai mentionné par ailleurs, l’existence dans la cathédrale, du tombeau de ce saint, dont la tradition de l’église de Quimper n’a conservé aucun souvenir. Il était cependant en grande vénération dans cette ville et probablement dans tout le diocèse, car on lui faisait plus d’oblations qu’à aucun autre saint de la cathédrale. En 1486, la offrandes que l’on retira du tronc de saint Guillaume s’élevèrent 81 livres 11 sous 8 deniers] venaient encore augmenter ses ressources, auxquelles il faut ajouter le produit du droit de neume ou de mortuage [Note : Ce droit consistait anciennement dans la perception de la neuvième partie des meubles des défunts ; mais en 1559, il fut réduit à la neuvième partie du tiers des meubles] et celui du droit de chape que payaient les chanoines, et qui rapporta en 1486, 207 livres 10 sous.

Mais la fabrique avait une source de revenus, plus importante, dans les annates, c’est-à-dire dans le produit d’une année de tous les bénéfices du diocèse, venant à vaquer par mort ou par résignation. On a vu par ailleurs, que les annates furent affectées pour la première fois à l’oeuvre de la fabrique de la cathédrale par l’évêque Rainaud, en 1239, lorsqu’il commença la reconstruction du choeur de sa cathédrale. En 1285, par un acte du vendredi après le synode de la saint Luc, le chapitre fit abandon à la fabrique de Saint-Corentin, de ce qui pouvait revenir aux chanoines de ces mêmes annates. En 1335, l’évêque Alain Gonthier renouvela la donation faite par l’évêque Rainaud au profit de cette fabrique. Par ses lettres du 23 mars 1478, le duc de Bretagne, François II, déclara que par le séquestre que ses juges ordonnaient des fruits des cures qui étaient en litige, il ne prétendait pas empêcher la possession où était le chapitre de jouir des annates des cures vacantes par mort ou par résignation.

Le pape Jules II, par sa bulle du 9 janvier 1509, fulminée le 24 mars suivant, par l’abbé de Daoulas, délégué du pape à cet effet, confirma le droit qu’avait le chapitre de percevoir les annates pour les appliquer à la fabrique de leur église cathédrale, et l’autorisa en outre, à s’attribuer pour la même fin, le revenu d’une année des bénéfices qui viendraient à vaquer par permutation. Mais ce dernier droit fut bientôt contesté au chapitre [Note : D. Lobineau. Histoire de Bretagne. Preuves, col. 1618 ; et Titres du Chapitre de la cathédrale, aux Archives du Finistère]. Enfin Louis XII, par ses lettres du 12 avril 1510, confirma au même chapitre, la possession du droit d’annates sur les cures du diocèse. Ces lettres, qui furent signifiées au lieutenant de Quimper le 4 mai suivant, portent que tous les fruits, émoluments, revenus des églises paroissiales et cures du diocèse, vacantes par mort ou par résignation, appartiendront au chapitre de Quimper, qui les emploiera à l’entretien et réparation de l’église cathédrale (Ogée, Dictionnaire de Bretagne, t. II, p. 403).

Le revenu des annates était fort variable suivant les années. Ainsi tandis qu’en 1438 il n’était que de 52 livres 19 sous, il atteignait le chiffre de 824 livres 18 sous 9 deniers en 1468, et celui de 919 livres 18 sous 10 deniers en 1514.

J’ai retrouvé onze comptes de la fabrique de la cathédrale, qui se rapportent à une période de près d’un siècle, de 1438 à 1524. En prenant la moyenne de ces onze années, on trouve que les annates du diocèse pendant le XVème siècle et le premier quart du XVIème, rapportaient bon an mal an, à la fabrique la somme de 392 livres 7 sous 9 deniers.

Mais de nombreux procès avec les titulaires des bénéfices, venaient souvent diminuer ce revenu. Ainsi en 1524 une contestation s’étant élevée entre le procureur de la fabrique et le recteur de Guiscriff, au sujet de l’annate de cette paroisse, la cause fut portée à Nantes devant le conseil du duc, et le sénéchal de Quimper fut commis par ce Conseil, pour examiner les témoins. Outre les frais ordinaires que le procureur de la fabrique eut à payer pour ce procès, il dut faire remettre au sénéchal, une somme de cent sols, pour le défrayer de son voyage de Quimper à Nantes. De plus, pour se concilier les bonnes grâces de ce magistrat de qui pouvait dépendre l’issue du procès, il lui fit cadeau d’une douzaine de chapons qui coûta 50 sous, et qu’il fit porter de Quimper à Nantes, par un messager nommé Germain Toulbodou, qui reçut 25 sous pour son salaire. Enfin pour se rendre également favorable le greffier du Conseil, le procureur de la fabrique lui fit aussi présent d’une demi-douzaine de chapons.

Malgré ces dépenses inévitables et souvent sans profit, le revenu des annates du diocèse et les divers autres revenus casuels énumérés plus haut, suffisaient, au XVème siècle, en temps ordinaires, à l’entretien de la cathédrale et de ses dépendances, et au paiement des gages du maître de la psalette, des musiciens, de l’organiste, du souffleur d’orgues, des bedeaux, du sonneur de cloches, etc. Mais dans les années où s’exécutèrent les grands travaux de la cathédrale, ces ressources étaient insuffisantes, et il fallait alors avoir recours à la libéralité des ducs de Bretagne, des évêques de Cornouaille, et à celle des chanoines, qui se cotisaient dans les moments difficiles, pour venir en aide à la fabrique. Les dons des chanoines s’élevèrent à 152 livres 18 sous 3 deniers en 1477, et à 97 livres 3 sous 5 deniers en 1478. En compensation des sacrifices qu’ils s’imposaient, leurs armoiries étaient sculptées dans les chapelles ou dans les voûtes à la construction desquelles ils avaient contribué.

Ces ressources furent encore augmentées par les Indulgences que le pape Sixte IV, en 1439, et le pape Alexandre VI, en 1501, accordèrent aux fidèles qui feraient des dons à la cathédrale (Moreau, Histoire de la Ligue en Bretagne, 1ère édition, p. 20). On établit aussi au XVème siècle, dans tout le diocèse, une quête appelée « quête de Saint-Corentin, » qui se faisait dans les paroisses, pendant la visite de l’évêque et des archidiacres, et dont le produit était versé entre les mains du procureur de la fabrique. Mais comme ces dons volontaires diminuaient d’année en année, la quête de Saint-Corentin fut quelquefois transformée en une véritable imposition que les procureurs des fabriques des diverses paroisses du diocèse, étaient tenus de lever sur leurs paroissiens, d’après un rôle établi, sous peine d’encourir les foudres de l’excommunication. C’est ainsi qu’en 1477 le procureur de la fabrique de Plounevez-Quintin fut excommunié par le promoteur, pour n’avoir pas payé la somme à laquelle sa paroisse était taxée ; et ce qui prouve que la perception de cet impôt ne se faisait pas avec une régularité parfaite, c’est qu’il fut reconnu plus tard, que ce procureur avait, un des premiers, remis cette somme au commissaire de l’évêque.

Le diocèse de Quimper n’est pas le seul où les évê­ues et le chapitre eurent recours à ce procédé de contribution obligatoire, pour se procurer l’argent nécessaire à la construction ou aux réparations de leur cathédrale. En effet, en 1433, Olivier du Tillet, évêque de Léon, et son chapitre, voulant relever les parties de leur église qui menaçaient ruine, et la fabrique étant trop pauvre pour exécuter ce grand travail, s’entendirent avec les principaux seigneurs de leur diocèse, pour y établir pendant une durée de trois ans, une contribution en argent ou en blé. Voici le texte inédit et curieux, de la convention qui fut passée à cet effet :

« A la suplication que messire Yves Soeon, prebtre, comme procureur de la fabrique de l’église cathédrale de Léon, faisoit au jourdui en chapitre en celle églisse cathédrale, pour les chosses qui en muent, à maistre Guillaume Chevrier, vicaire en spiritualté (sic) et temporalité, de Révérend père en Dieu Olivier, par la grâce de Dieu Evesque de Léon, et aux chanoines et gientz dudit chapitre presentz, et plusieurs notables de ladite églisse, en espécial maistre Hervé Pencoedic, Jehan Portsal, Hamon Kerredan, Yves Boutoiller, Yvon de Kercoent et Jacques Pencoedic, chanoines de ladite église, maistre Hervé de la Ville neuffe et Paul Nouel, maistres en théologie, et ledit maistre Paul, vicaire en icèle églisse, et messire Alen de Trégondern, Jéhan Floc’h, Jéhan Mahé, Jestin Vizian et Yvon Kernilis, prestres et...., en celle églisse, et plusieurs autres gientz notables de ladite églisse, celui chapitre fait à son de cloche en la manière accoustumée, disant ledit Soeon, que par l’introduction et advis des (sic) plusieurs des nobles de cest évêché de Léon, esmeuz en pitié et en dévotion vers celle églisse, voyantz icèle en … estre choite en ruyne et en entié ruyneuse, et que jamès elle ne peust estre réparée pour la revenue dudit fabrique (sic), ne autrement que par l’aulmône de bonnes gientz, ainxin que eust été advisé par le duc nostre souverain chieff , et par les grantz dudit évesché, come par très-puissant seigneur monseigneur de Rochan et de Léon, qui est le plus grand après le prince oudit évesché, et o le consentement des autres seignours chevaliers, escuiers et autres notables gientz dudit évesché, sanz ce que eust esté ordrenné pour aulmône à cèle fin, portast préjudice à nostredit seigneur, ne à mondit seigneur de Rochan et de Léon, ne aux autres nobles du pays, ne à leurs subgitz, par quoy ilz demorassent, ne fussent obligés en nul temps à contribuer en la réparacion d’icelle églisse, ne que ce que eust esté ordrené pour le présent portast conséquence contre eulx pour le temps à venir, mais ce qu’ilz font et feront sera et est de leur libéralité, don, aulmône et grâce, et non autrement... retrait par devers nostre prince et devers mondit seigneur de Léon, lesquielx o l’advisement, delibéracion et consentement desdits autres seignours, nobles et autres gientz notables dudit évesché, avoint voulu et ordrené que chacun habitant tenant ménage oudit évesché, nobles et autres, eust donné pour son aulmône, pour cest an présent, à aider à ladite réparacion, demy bosseau froment, mesure coursable de sainct Paul, et pour l’an proches, doze denyers, et pour l’an tiers, huit denyers, pourveu que les pauvres indigentz et misérables personnes ne soint pas soubz celle contribution, et sans porter préjudice …. au temps à venir, comne dit est, lesditz troys ans passez ; et auxi pourveu quilz eussent lettres autentiques et valables de l’évesque et chapitre de Léon, o le consentement dudit fabrique, que cest octroy, don, grâce, aul­mône, poyement ne exécution que à cèle cause seroint faitz, ne porteront préjudice ausditz habitants, ne à leurs successours, ne à autres dudit évesché, ne conséquence pour le temps à venir, par quoy ilz seroint auchunement obligés, ne qu’ilz puissent estre contraintz de contribuer en la réparacion de ladite églisse ; et supplia ledit fabrique auxdiz vicaire et chapitre, octroier cestes lètres et les bailler en forme valable, par quoy l’octroy et la grâce que les diz seignours et leurs subgitz ont faicte, puisse avoir fruit et effet, car autrement ne le peut avoir, Nous lesdiz vicaire et chapitre, en nostre chapitre faisant, pour ceste cause o son de cloche en la manière, o la delibéracion desdiz autres gientz de ladite églisse, voyant la bonne dévocion de nostre dit prince et desdiz seignours et de leurs subgitz envers ladite églisse, cognoissantz et déclérantz qu’ilz ne sont tenuz, ne obligez, ne ne pevent estre contraintz à contribuer en ladite réparacion, si ce n’est de leur plaisir et aulmône, avons voulu et octroié, cognoissons et déclérons que lesdiz octroy, don, aulmône et grâce et celle … ne poyement, ou exécution, qui seront faitz desdiz habitans, ne sur eulz desdites sommes, ne de partie d’icelles, ne leur porteront préjudice, par quoy ilz seroint tenuz, ne poroint estre contraintz à contribuer nul temps à venir en la réparacion de ladite églisse, ne que nous, ne ledit fabrique et nos successours les pourrions à ce contraindre, ne ce que en sera fait, traire en conséquence. Et en tesmoins de ces chosses, avons donné et octroié ces lètres scélées de noz seaux, le quart jour de septembre l’an mil IIIIc trante et troys. — Signe : H. Pencoetdic, verum est ; J. Pencoetdic, verum est ; J. Porzsal, verum est ; H. Kerrédan, verum est ; Y. Boutouiller, presens fui » (Archives du Finistère. Le parchemin qui contient cet acte est troué et usé en plusieurs endroits).

Je n’ai pas trouvé de titres analogues pour l’évêché de Quimper, mais je suis persuadé qu’il en a existé, si je m’en rapporte aux comptes de fabrique qu’il m’a été possible de réunir.

Quant à la « quête de Saint-Corentin, » dont j’ai parlé plus haut, elle fut maintenue longtemps après son établissement. Elle servit encore en 1701, à procurer des fonds pour la fonte d’une cloche destinée à la cathédrale. Elle est qualifiée cette année de « quête extraordinaire, » et rapporta 889 livres 1 sou 10 deniers.

Au reste, le procureur de la fabrique de Quimper, administrait ses revenus avec la plus stricte économie, et n’entreprenait de travaux que lorsqu’il possédait les fonds nécessaires pour les payer. Voici avec des lacunes malheureusement trop nombreuses, et d’après les comptes que j’ai déjà mentionnés, un état des recettes et des dépenses de cette fabrique, de 1439 à 1524, dans les années ordinaires et dans les années où l’on exécutait des travaux.

1431 — Compte de Robert Olivier, chanoine. (Année sans travaux). Recette, 135 livres 15 sous 10 deniers. — Dépense, 81 livres 9 sous 5 deniers.

1440. — Compte de Robert Olivier, chanoine. (Année sans travaux). Recette, 164 livres 8 sous 8 deniers. — Dépense, 112 livres 18 sous 2 deniers.

1458. — Compte de Jehan Cochet, chanoine. (Année sans travaux). Recette, 221 livres 4 sous 6 deniers. — Dépense, 167 livres 4 sous 7 deniers.

1468. — Compte de Guillaume Periou, recteur de Laz. (Construction d’un clocher central en charpente, recouvert de plomb). Recette, 990 livres 14 sous. — Dépense, 769 livres 1 sou 10 deniers.

1469. — Compte du même procureur. (Achèvement du clocher commencé l’année précédente). Recette, 695 livres 14 sous 8 deniers. — Dépense, 1.026 livres 8 sous 4 deniers.

1474. — Compte du même procureur. (Travaux stalles du choeur ; toit ou flèche en ardoises, sur une des tours du côté de l’évêché). Recette, 766 livres 22 deniers. — Dépense, 574 livres, 8 sous 5 deniers.

1477.— Compte du même procureur. (Construction du croisillon nord du transept). Recette, 902 livres 18 sous 2 deniers. Dépense, 546 livres 17 sous 10 deniers.

1478. — Compte du même procureur. (Continuation des travaux de l’année précédente). Recette, 1.200 livres 3 sous 9 deniers. — Dépense, 1.077 livres 6 sous 6 deniers.

1486. — Compte du même procureur. (Construction et peinture des trois voûtes du transept ; flèche en plomb au-dessus du croisillon nord). Recette, 1.511 livres 15 sous 5 deniers. — Dépense, 1.459 livres 2 sous 7 deniers.

1514. — Compte d'Yves Lohéac, recteur de Saint-Evarzec. (Construction de l’ossuaire de la cathédrale). Recette, 1.837 livres 16 sous 6 deniers. — Dépense, 1.779 livres 16 sous 5 deniers.

1524. — Compte de Dominique de Glesvédé, chanoine et chantre. (Année sans autres travaux extérieurs que la réparation d’un des toits pointus en ardoises, au-dessus des tours). Recette, 718 livres 1 sou 7 deniers. — Dépense, 740 livres 11 sous 9 deniers.

Il résulte des renseignements qui précèdent, que de 1429 à 1524, les charges de la fabrique avaient augmenté progressivement et d’une manière très-sensible. En 1524 les dépenses dépassèrent largement les recettes, différence dont le chanoine Dominique de Glesvédé, procureur pour cette année, fit gracieusement remise à la fabrique. Il ajouta à ce don celui d’une somme de 40 livres monnaie, pour refaire le bâton d’argent de l’appariteur du chapitre.

A dater de cette époque, la situation de la fabrique, loin de s’améliorer, devint de jour en jour plus précaire. En 1599, ne pouvant payer la réparation faite aux vitraux de la cathédrale, par un peintre verrier de Quimper, elle fut dans l’obligation de mettre en gage deux plats d’argent, chez la veuve de cet ouvrier. Voici l’acte qui fut rédigé à cette occasion :

« Je soubzsigné chanoyne, en présent fabrique de l’église monsieur sainct Corentin, catédralle de Cornouaille, confesse avoir prins de la Thésaurerye de ladite églize, suivant l’ordonnance de messieurs, cy devant, pour les causes y mentionnées, deux platz d’argent pesant neuff marqs six onces, lesquels ay mis en gaige pour les affaires de ladite fabricque, entre les mains de honorable femme Anne Quemener, veuffve de Pierre Sortès, et ce pour la somme et nombre de cincquante deux escus, quy restoit du marché faict par cy devant avecque feu sondit mary, pour réparer les vitres de ladicte églize, lesquels gaiges seront retirés par les deniers de ladicte églize. — Le douzième jour de juign l’an mil V centz quatre-vingtz-dix­neuff., (Signé) J. Foxus ».

Le 15 mars 1602, le chapitre ordonne au procureur de la fabrique, de payer à M. du Borage, 68 écus pour reprendre les vases d’argent qui avaient été mis en gage chez lui.

En 1604, les chanoines se cotisent de chacun six livres, peur subvenir aux nécessités de la fabrique [Note : Il résulte de la déclaration fournie le 6 juillet 1640, à la chambre souveraine, par vénérable et discret Georges Ferrant, chanoine et fabrique de Saint-Corentin, que cette église possédait alors, outre les annates et les échoppes qui entouraient la cathédrale, cinq cents livres de rentes racquittables au gré des débiteurs. Le procureur fait observer, à la suite de sa déclaration, que les revenus de la fabrique « ne suffisent pas à demy pour le dot (sic) et entretien d’un grand nombre de suppostz et officiers nécessaires pour le service divin, et d’un si grand et vaste édifice, comme est ladicte cathédrale, laquelle estant proche de la mer, est souvent ravagée par les tonnerres, et par l’impétuosité des vents et orages »].

Le 5 février 1703, la fabrique contracte un emprunt de mille livres.

Le 19 mai 1775, l’évêque Farcy de Cuillé fait don à la fabrique, d’une somme de 156 livres, provenant de son bénéfice de la chapellenie de Poulhaou.

Le 7 avril 1780, le chapitre charge le syndic de retirer le soleil qu’il avait envoyé dorer à Rennes, et vu la pauvreté de la fabrique, tous les membres de la « compagnie », se cotisent pour faire face à cette dépense (Déal de 1597 à 1627, f° 7 r°, 17 v° et 23 v° - Déal de 1696 à 1704, page 96. – Déal de 1770 à 1782, f° 224 v°, et 278 v°).

(R. F. Le Men).

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