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MOBILIER DU CHŒUR ET DE LA NEF DE LA CATHEDRALE DE QUIMPER.

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Tout autour du chœur règne une belle grille de fer ouvragé.

Les stalles présentent une très grande variété dans les motifs d'accoudoirs et de miséricordes [Note : On appelle ainsi l'appui fixé sous le siège de la stalle et qui devient lui-même un siège quand la planche mobile a été relevée].

Il faut reconnaître que la partie servant de prie-Dieu n'est pas assez riche, mais cette pauvreté de sculptures est atténuée par le bon effet que font les bancs adossés à ces panneaux de menuiserie. On a dit trop de mal des stalles de la cathédrale ; elles sont bien simples, c'est incontestable, mais elles présentent un très bon ensemble. Quant au buffet de l'orgue d'accompagnement, on pourrait lui souhaiter un peu plus de richesse et d'élégance.

Le trône épicopal est un très intéressant spécimen de ce que l'art gothique a produit dès le début des ateliers qui s'ouvraient à Saint-Pol, il y a environ cinquante ans. On n'y a rien conçu ni rien exécuté de meilleur. Ceci doit s'appliquer non seulement au trône proprement dit, mais aux fauteuils des chanoines assistants. Il manquerait un siège du même genre pour le dignitaire qui, aux messes pontificales, fait fonction de prêtre assistant. Quant au baldaquin auquel se suspendent des lambrequins de couleurs liturgiques, s'il n'est pas ridicule, du moins il ne s'en faut guère.

Le pavé du chœur est en céramique, et il est de bel effet. Il a remplacé un carrelage en pierre blanche qui a été en peu d'années rongé par le salpêtre. Lorsque se fit cette substitution, on se rappela ce qui avait été dit par M. Le Men dans sa Monographie de la Cathédrale : « D'après une tradition, rapportée par M. de Blois (de Morlaix), lorsqu'on renversa pendant la Révolution les tombeaux des évêques, et que l'on jeta leurs ossements hors de l'église, le corps d'Hervé de Landeleau fut trouvé entier et bien conservé ; ce qui porta à le laisser en sa place ». Des fouilles ont été faites à l'endroit où l'on savait avec certitude qu'avait été inhumé ce saint évêque, mais elles n'ont donné lieu à aucun résultat.

Pour décrire le maître-autel de la cathédrale de Quimper il faudrait, non quelques pages rapides, mais un opuscule bien rempli.

D'après le R. P. Tournesac, architecte d'un goût éprouvé, archéologue érudit, cet autel est, entre tous ceux qui sont faits en métal, le plus beau qui existe dans le monde.

Commandé par Mgr Sergent, payé aux frais de l'État, dessiné par M. Boeswilwald, exécuté par M. Poussielgue, il a été consacré le 24 Juin 1868 par Mgr Godefroy Saint-Marc, premier archevêque de Rennes.

Quimper : cathédrale Saint-Corentin (l'ancien maître-autel)

Malgré son incontestable beauté, cette merveille d'orfèvrerie a été l'objet de critiques sévères, et à mon avis, bien injustes, surtout dans la Monographie de la Cathédrale par M. Le Men. L'avis du savant archiviste fut accepté par le grand nombre ; aujourd'hui l'opinion s'est modifiée et l'admiration a prévalu. Cela peut tenir à ce qu'en réalité l'autel fait mieux corps avec l'ensemble du monument, parce que à ses riches dorures répondent celles des crosses et des couronnes de lumière appliquées à chaque colonne du sanctuaire et du chœur ; avant la création de cette décoration fort brillante, l'autel seul se détachait sur le style sévère des piliers et la teinte uniforme du granit.

M. Le Men a aussi critiqué ici l'emploi du style arabe ; M. Boeswilwald a longtemps séjourné en Espagne et a fait une étude spéciale des monuments de l'art mauresque : l'Alhambra, l'Alcazar, la cathédrale (autrefois mosquée) de Cordoue, et il s'est laissé inspirer par ces réminiscences que notre autel accuse certainement ; mais pour tout juge sans parti pris, ce genre arabe n'offre rien qui ne s'harmonise ici avec le style chrétien et français.

Ce qu'on va lire est loin de constituer une description complète ; tout d'abord, j'attirerai l'attention sur la belle vigne dont le pied s'élève au milieu même de la table, poussant jusqu'aux extrémités, des ceps chargés de feuilles et de raisins ; des épis émergeant du même sol se dressent sur leurs tiges ; cet ensemble est divisé en panneaux par de très riches colonnes.

Sur la porte du tabernacle, Notre-Seigneur est assis ; c'est une belle statuette d'un relief très saillant ; le Christ porte un livre rappelant qu'il est l'Alpha et l'Oméga, le commencement et la fin de toutes choses. De chaque côté du Sauveur sont assis les saints Apôtres sur une sorte de banc qui se prolonge derrière les petites arcades ogivales formant la décoration du retable. Ces figures d'Apôtres comme celle de Notre-Seigneur sont très remarquables par leur noblesse.

Dans le coffre d'autel comme dans ce beau retable les parties planes sont richement ornées d'émaux cloisonnés aux teintes les plus belles et les mieux harmonisées qui vont se fondant les unes dans les autres. Des cabochons très nombreux ajoutent encore à la variété des tons et en font valoir la douceur.

Le crucifix, de très grande dimension, est accompagné des statuettes de la Sainte-Vierge et de saint Jean ; tout au pied de la croix sont assises quatre statuettes plus petites représentant les Évangélistes. Les six chandeliers, d'excellent style, sont semblables par le dessin, et différent (deux par deux) quant à la teinte de l'émail. Ceux qui prétendent que cet autel avec ses accessoires très artistiques constitue une masse d'or disent simplement une ineptie ; par sa nature brillante l'or est de toutes les matières celle qui fait mieux paraître au loin les creux et les saillies ; aussi pas un seul autel, à ma connaissance, ne présente aussi avantageusement que celui-ci ses plus minutieux détails, surtout quand le soleil paraissant au sommet de la grande verrière occidentale par dessus l'immense buffet des orgues vient lui donner toutes les splendeurs du Couchant.

D'ailleurs, si l'abondance de dorure était ici un défaut, il faudrait encore reconnaître qu'il est atténué par les riches nuances des peintures du baldaquin. Cet abri monumental du maître-autel est sculpté en chêne et richement peint ; les couleurs qui y dominent sont, avec l'or, le rouge pourpre, le bleu d'azur, et sur les deux faces formant toiture, le vert clair. La face antérieure et le côté opposé ont l'ouverture en ogive encadrée dans un tympan élancé terminé par un très riche fleuron ; l'ouverture des côtés se termine en une ligne droite dont la sécheresse est dissimulée sous une profusion de feuillages et d'oiseaux sculptés. Au sommet des colonnes sont quatre anges en bronze doré, pleins de grâce dans la physionomie et dans l'attitude et dont les ailes élevées donnent à l'ensemble de l'œuvre une étonnante envergure.

On peut voir au Musée archéologique de Quimper un fragment d'une des stalles qui meublaient le chœur autrefois, et un fragment du maître-autel en pierre blanche érigé au XVème siècle, démoli au XVIIIème ; les stalles devaient être fort belles ; l'autel était d'un goût irréprochable, d'une très bonne exécution, mais vraiment le passé ne saurait ici faire regretter le présent.

Le chemin de croix provient des ateliers de M. Bonasse Lebel et constitue une œuvre remarquable, mais il faut bien le reconnaître, il allourdit les piliers du chœur.

Si maintenant nous passons dans la nef, nous remarquons d'abord l'entrée du chœur et nous y trouvons deux niches élégantes où se voient des statues polychromes représentant les deux patrons, Notre-Dame et saint Corentin. Mgr Sergent fit replacer les dais en granit qui avaient été brisés pour faciliter le placement des statues colossales établies par l'évêque intrus Alexandre Expilly, statues aujourd'hui placées dans l'église de Penmarc'h. C'est aussi Mgr Sergent qui fit rétablir la petite niche où l'on exposait, quatre fois par an, les reliques de saint Corentin, aux époques du pèlerinage des Sept Saints de Bretagne, appelé en breton Tro-Breiz. Au-dessus des statues et de leurs niches se voient les magnifiques armoiries de l'évêque Jean de Lespervez, avec un bel encadrement taillé dans le granit ; sous les deux blasons, se lit la devise : Orphano tu cris adjutor.

Signalons la chaire à prêcher : elle est d'un aspect très lourd et nuit considérablement à la beauté d'ensemble de l'édifice, mais étudiée dans ses détails, elle ne laisse pas que de plaire à ceux qui n'ont pas fait vœu de réserver toute leur admiration pour le genre gothique.

Quimper : cathédrale Saint-Corentin (Chaire)

Un ange et Moïse, le divin législateur, soutiennent le vaste dais qui sert d'abat-voix.

Au sommet est un autre ange qui joue de la trompette, souvenir de la résurrection générale. Sur la cuve et la rampe d'escalier sont représentés différents épisodes de l'histoire de saint Corentin. Cette chaire a été faite en 1679, pour en remplacer une autre qui occupait la même place, du moins au XVIème siècle. Elle fut payée 1.400 livres tournois à Jean Michelet, maître menuisier, et Olivier Daniel, maître sculpteur, demeurant tous deux à Quimper.

Les mutilations des Terroristes avaient fait disparaître deux des bas-reliefs ; ils furent remplacés, peu après la Révolution, par un sculpteur quimpérois du nom de Piouffle.

Le long de la nef nous n'avons à signaler que les beaux lampadaires en bronze doré placés sous chaque arcade : comme le maître-autel, comme le reliquaire du Bras de saint Corentin, ils viennent des ateliers de M. Poussielgue.

Enfin, nous voici près du grand portail. Avant la restauration de la cathédrale, la tribune supportant les orgues était un massif de maçonnerie sur lequel on avait barbouillé les plus horribles marbrures. Mgr Sergent ne se contenta point de faire repiquer le granit, mais il voulut qu'un placage gothique fut appliqué sur ce spécimen des pastiches grecs.

On peut trouver légère et bien maigre la découpure ogivale sur laquelle semble reposer la lourde masse des grandes orgues.

Comme nous sommes ici pour voir et non pour écouter, donnons un regard à cet immense buffet, œuvre remarquable et considérable de la Renaissance. Elle était terminée en 1644, sous l'épiscopat de René du Louët ; j'ignore les noms du menuisier et du sculpteur.

Quimper : cathédrale Saint-Corentin (Grandes orgues de Dallam, refaites par Cavaillé-Coll

Les orgues elles-mêmes furent l'œuvre de Robert Dallam, catholique anglais réfugié en France et qui s'intitulait « organiste ordinaire de la reine d'Angleterre ». La souveraine qui protégeait cet émigré était Henriette de France, fille de Henri IV et femme de Charles Ier.

En 1672, le Père Innocent, de l'ordre des Carmes, fit des restaurations importantes aux orgues de Robert Dallam, reçut pour son travail 200 livres et fut en outre défrayé de tous les matériaux par lui fournis.

En 1706, le Chapitre s'engagea pour 180 livres près de Jacques Lebrun demeurant ordinairement à Nantes, mais « de présent en cette ville de Quimper ».

Le 1er Août 1745 et le 25 Avril, d'importants travaux furent commandés au sieur Tribuot, maître facteur d'orgues du roi, à Paris. Il avait refait ou réparé les orgues des Invalides et de Versailles, et construit celles de la cathédrale de Vannes. La restauration des orgues de Saint-Corentin lui fut payée 8.500 livres.

Les orgues de la cathédrale furent reconstruites en 1846 par M. Cavaillé-Coll, dont le nom bien connu restera attaché aux progrès accomplis au XIXème siècle. Il fit vraiment une œuvre nouvelle, en conservant cependant quelques éléments des orgues anciennes.

De 1846 à 1889, l'orgue ne subit aucune modification ; entretenu par un facteur habile et consciencieux, estimé dans toute la Basse-Bretagne, il fut une seule fois soumis à un complet nettoyage ; c'était au moment où la cathédrale venait d'être débarrassée de son affreux badigeon (1867) ; on comprend combien le repiquage avait dû accumuler de poussière dans les innombrables tuyaux.

A la date de 1889, indiquée plus haut, M. Claus, de Rennes, fut chargé de mettre l'orgue en bon état, mais sans lui faire aucune modification essentielle. Il repassa la soufflerie, les sommiers, les tuyaux et le mécanisme ; un seul jeu fut changé, au récit ; un autre jeu, l'un des plus importants, il est vrai, fut renouvelé en grande partie.

Enfin, le lendemain de l'Assomption 1900, le grand buffet d'orgue commença d'être un corps sans âme ; tout ce qui constituait l'immense instrument fut transporté dans les ateliers de deux jeunes facteurs d'orgues, établis depuis peu à Quimper : les MM. Wolf frères. Mgr Dubillard, dès la première année de son épiscopat, avait adhéré au voeu de M. J.-C. Coat, chanoine et curé-archiprêtre de sa cathédrale ; le Chapitre et le Conseil de Fabrique se rangèrent au même avis et une somme d'environ 20,000 francs fut destinée à la reconstruction des orgues.

Le vendredi 25 Octobre 1901, Son Excellence Mgr Lorenzelli, Nonce Apostolique de Sa Sainteté auprès du gouvernement français, arrivait à Quimper pour assister à la bénédiction du vieil instrument renouvelé. Cette fête, remarquablement belle, fut célébrée le surlendemain, dimanche 27, et Mgr Rumeau, évêque d'Angers, prononça un discours qui restera et qui compte parmi les plus belles pages de l'éloquence de la chaire à notre époque. Bien des églises, plus connues que la nôtre et qui font la gloire des grandes villes, pourraient nous envier ce merveilleux instrument.

Ayant terminé notre visite à l'orgue, jetons un coup d'œil sur les deux bénitiers taillés dans la pierre de Kersanton et surmontés chacun d'un ange en prière. Sur le pied de la cuve se déroule une banderole où on lit, en latin et en breton, les paroles qui accompagnent le signe de la croix. Ces bénitiers ne sont pas dépourvus d'élégance, mais ils ont été trop vantés à l'époque où ils furent donnés à la cathédrale, et ils sont loin de valoir celui qui est à la porte de la sacristie et qui date du Moyen-Age.

(Alexandre Thomas).

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