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LE LYCÉE LA TOUR D'AUVERGNE DE QUIMPER.

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La question du Lycée, bien souvent posée au cours du XIXème siècle, va se trouver résolue en 1881. Un décret du 15 Octobre 1881, portant la signature de Jules Grévy, président de le République, et de Jules Ferry, déclare le Collège de Quimper « Lycée national ». Depuis plusieurs années, le préfet et les deux députés de l'arrondissement multipliaient les démarches. Au banquet du 17 Octobre 1886, dans son toast, Louis Hémon disait : « Mon rôle n'a jamais été que celui d'un intermédiaire, d'un agent de transmission ». Pourtant, le député républicain de Quimper, par sa valeur intellectuelle, par sa sincérité et par son désintéressement, était singulièrement influent dans les milieux politiques de Paris.

Le Conseil municipal était en principe favorable, mois l'argent manquait. Le ville s'engageait à pourvoir aux « voies et moyens » jusqu'à concurrence de 450.000 francs, à assurer l'entretien des bâtiments, à entretenir pendant dix ans un certain nombre d'élèves boursiers. Elle dut contracter au Crédit Foncier de France trois emprunts d'un total de 463.000 francs, à 4,60 %, puis à 4,10 % à partir de 1893. La dépense totale était évaluée à 1.362.267 francs. En 1883, on s'aperçut que les dépenses supplémentaires non prévues étaient grandes. On se plaignit que la construction du Lycée coûtât très cher et les adversaires politiques des républicains ne manquèrent pas cette occasion d'attaquer la gestion financière de la ville. Au total, il ne semble pas exagéré de dire que le Lycée a coûté 2 millions.

Les plans et les devis étaient dressés par Paul Gout. Pour ne pas interrompre les cours, l'on fit des installations provisoires, aussi mal commodes que pittoresques. Dès 1884, quelques classes étaient installées dans les nouveaux bâtiments, et en 1886 la ville créait, comme elle l'avait promis, des bourses d'internat et d'externat pour l'enseignement classique et l'enseignement spécial.

L'inauguration du Lycée de Quimper eut lieu le 17 Octobre 1886. Elle fut présidée par le Ministre de l'instruction publique, Goblet. Il avait plu toute la nuit du samedi au dimanche, et si l'on en croit le Finistère, ce mauvais temps faisait la joie des réactionnaires et quelques-uns émettaient même tout haut l'espoir que le vent tournerait en tempête. Il n'en fut rien : l'après-midi et la soirée furent passables. Arrivé le samedi, à onze heures, le Ministre visita le matin les écoles de Quimper et le musée, reçut à deux heures l'Evêque, à trois heures les membres de l'Enseignement primaire qui consignaient sur un registre ce qui manquait à leur école en matériel d'enseignement. Puis, dans son discours, il rappela les noms de ceux qui avaient illustré l'ancien Collège, commettant au sujet de Laënnec l'erreur si répandue qui le classe parmi les gloires d'un Collège où il n'a jamais étudié ; il montra l'importance du rôle que devait jouer dans le Sud-Finistère le Lycée, seul établissement laïque d'enseignement secondaire pour une population de 300.000 âmes.

Le soir, à six heures, un banquet par souscription, de 620 convives, fut servi sous les halles : le menu nous paraît digne de Pantagruel. La fête de nuit fut réussie : le soir, on embrasa le mont Frugy avec des feux de bengale ; les lueurs rouges dans les hêtres produisaient un effet merveilleux. La fête se termina par une retraite aux flambeaux suivie par une grande foule. En dépit des attaques de l'Union Monarchique, Quimper semble avoir fait au Ministre républicain le meilleur accueil.

Le Lycée, qui porte depuis 1897 le nom de La Tour d'Auvergne, a aujourd'hui 50 ans ; le « recul du temps » dant parlent les historiens, n'est pas suffisant pour exprimer un jugement d'ensemble ; il n'est pourtant pas inutile de citer quelques faits et quelques chiffres.

Les bâtiments où le nouveau Lycée s'installa en 1886 formaient un cadre convenable que nous envieraient bien des Lycées de Fronce ; les administrateurs qui s'y sont succédé ont essayé d'en rendre le séjour agréable aux élèves. Les Proviseurs depuis l'origine en furent : Delande Jules, 1886-1887 ; Condé Gustave, 1887-1889 ; Lefèvre Émile, 1889-1905 ; Gaillot Pierre, 1905-1906 ; Aubril Luc, 1906-1909 ; Rodier Eugène, 1909-1910 ; Juneaux Paul, 1910-1918 ; Boniton André, 1918-1929 ; Roume Paul, 1929-1932 ; Kessler Joseph, 1932..... Depuis quelques années, l'effort de modernisation semble s'être accentué : installations sanitaires nombreuses, organisation des salles de manipulation de physique et chimie, du cabinet d'histoire naturelle, de la salle d'éducation physique, de l'infirmerie, aménagement des réfectoires, renouvellement du matériel scolaire, projet de chauffage central.

Le nombre d'élèves est toujours croissant. Cette année, fut enregistré le chiffre record de 486, dont 272 pensionnaires. Il est difficile d'imaginer une augmentation de ce chiffre dans le cadre actuel.

Notre établissement a déjà été illustré par quelques gloires de la Bretagne et de la France moderne.

Anatole Le Braz fut longtemps professeur au Lycée de Quimper. Laissons parler ceux qui l'ont connu : « Au physique, il apparaissait, alors, proche de la quarantaine, un robuste gars de chez nous, musclé, rablé, coloré, large d'épaules, épanoui de taille, le cheveu noir et bouclé, le sourire engageant ; en apparence au moins, l'homme le plus étranger à la plaintive Elégie et à la Mélancolie dite bretonne », dit M. Auguste Dupouy (Bretagne, Mars 1936). Celui-ci, breton, ancien professeur du Lycée de Quimper, auteur d'une Histoire de Bretagne, ami des « Pêcheurs bretons », amoureux de la « Cornouaille », était bien fait pour comprendre Anatole Le Braz : « Nous nous promenons, la classe faite, dans les allées de Locmaria ou sur la route de Brest..., je le reconduis jusqu'à la maison de Stang-ar-C'hoat... Le bureau du maître (mais jamais aucun de ses amis de Quimper ne l'a traité de maître : tout était trop simple et cordial entre nous) Les soirées du lundi, lectures et causeries autour des chopes de bière. L'Université [est représentée} par les collègues Moulin, Le Moine, Huot-Sordot, poète aussi à ses heures, puis par Litalien et Le Beau... ».

Survient la guerre de 1914-1918 qui devait emporter bien des jeunes gens de talent. Parmi tant de héros, retenons les noms de deux professeurs remarquables : Bouvier et Jacquelin.

Avec quelle émotion, M. Le Moine, professeur honoraire de dessin au Lycée, nous a parlé de son ami Bouvier ! Fils d'universitaire, agrégé des lettres, il fut blessé à la Boisselle en 1915 et tué au Moulin de Laffaux en 1917. Bouvier était, et en artiste, un passionné de la campagne quimpéroise. Aux vacances de Pâques 1914, au cours d'un voyage en Belgique, il étudiait avec enthousiasme, accompagné de M. Le Moine, les chefs-d'œuvre des peintres flamands.

Il avait pour grand ami un autre professeur, Henri Jacquelin, maire de Quimper. Les deux camarades ne se ressemblaient guère. Autant Bouvier était calme, autant Jacquelin était vif, mordant, riche en bons mots. Jacquelin, modèle d'esprit mais aussi de bonté, partit au front en volontaire ; évacué pour fièvre typhoïde, il repartit et fut tué en Septembre 1918. Sa femme, professeur d'Ecole Normale, son fils, ingénieur de l'Ecole Centrale, savent qu'à Quimper le souvenir d'Henri Jacquelin n'est pas effacé.

Glorieux pendant la guerre, le Lycée La Tour d'Auvergne est encore aujourd'hui à l'honneur dans le monde des lettres et des sciences.

Max Jacob, poète, prosateur, peintre, fantaisiste, fut élève du Lycée (prix d'honneur 1893 et 1894) : brillamment doué, passionné de musique et de peinture, il fait preuve déjà de beaucoup d'originalité. M. René Villard, ancien professeur au Lycée de Saint-Brieuc, fils du professeur de dessin du Lycée et frère du peintre Abel Villard, nous le décrit : « avec ses cheveux noirs et crépus de nègre blanc, le front bombé, un peu bossué, les mâchoires inégales, convergeant vers un menton oblique et que devait, pendant des années, cacher une belle barbe assyrienne » (Hubert Fabureau : Max Jacob, Édition de la nouvelle Revue critique). Elève sans vocation de l'Ecole Coloniale, Max Jacob voulut faire de la peinture ; tour à tour, clerc d'avoué, employé de commerce, auteur de livres pour enfants, secrétaire et critique d'art, il est présenté en 1907, par Guillaume Apollinaire, au Selon des Artistes français : « ... C'est le poète le plus ample qui soit et il paraît souvent le plus étrange ». En 1911, un marchand de tableaux cubistes publie son Saint-Mathorel, illustré d'eaux-fortes de Picasso : c'est le succès et la fortune. Si Max Jacob a aujourd'hui tourné le dos à Montmartre pour aller chercher au monastère de Saint-Benoît-sur-Loire une paix qui n'est pas de ce monde, il n'a rien perdu de son charme, de sa délicatesse, de son esprit. Il n'oublie pas Quimper : « ... Jour de fête à Quimper. Les marronniers protègent les berges au crépuscule, et de si haut ! Les berges pleines de peuple ! Les forains sont sur la place » (Le cornet à dés).

Citons pour terminer une des gloires scientifiques de la France actuelle. En 1891, Raoul Anthony obtenait le prix d'honneur du Lycée : il est, vers 1936, professeur d'anatomie comparée au Muséum d'Histoire Naturelle et sera demain membre de l'Académie des Sciences. Souhaitons à ce savant ancien élève d'égaler, dans la chaire de Cuvier, la gloire de son prédécesseur.

Et s'il faut conclure cet exposé, que les circonstances ont rendu bien rapide, qu'il nous soit permis d'émettre le vœu que les jeunes sachent relayer leur anciens et fassent, eux aussi, dans des travaux pacifiques, honneur au Lycée La Tour d'Auvergne.

(Louis NICOLAS).

ANNEXES (situation en 1936).

Informations sur les élèves au lycée " le Tour d'Auvergne" à Quimper (Bretagne)

 

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