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Les paroisses de Quimper à la fin de l’ancien régime.

Les documents d’archives ne fournissent guère de renseignements statistiques précis concernant la population du vieux Quimper. Les statistiques qui ont été produites au XVIIIème siècle ne semblent reposer sur aucune base sérieuse ; ce sont généralement des estimations hasardées qui ne méritent que peu de crédit. Renseignements fragmentaires, chiffres hypothétiques, discordants même pour des périodes voisines, voilà les seuls éléments dont nous disposons pour connaître directement le mouvement de la population à Quimper, à la fin de l’ancien régime.

Vers 1778, le géographe Ogée attribuait à Quimper une population de 9.500 habitants. A la fin de 1789, un recensement officiel fait en vue de la formation des nouvelles municipalités compta 7.626 habitants. En floréal an II, après l’annexion de la majeure partie de l’ancienne paroisse de Locmaria, un nouveau recensement ayant pour objet de déterminer la consommation mensuelle du pain donna le chiffre de 6.500 habitants. Enfin, en 1803, la Statistique de la France, par Herbin et Peuchet, établie d’après des renseignements officiels (que nous avons pu consulter à la Bibliothèque nationale) donnait à Quimper une population de 6.608 habitants.

Le recensement de décembre 1789 et janvier 1790, opéré dans chaque quartier par des officiers de la garde nationale, assistés de commissaires civils, nous paraît avait été fait consciencieusement ; mais nous ignorons dans quelle mesure on a tenu compte de la population flottante, élèves du Collège et des pensionnats, garnison, étrangers hospitalisés à l'Hôpital général de Saint-Antoine ou à l'Hôtel-Dieu de Sainte-Catherine.

Il nous a paru possible de contrôler ces chiffres, par voie indirecte, en étudiant deux sortes de documents qui, jusqu’à ce jour, n’ont guère été utilisés à cette fin : d’une part, les rôles de la capitation qui subsistent et, d’autre part, les registres des baptêmes et des sépultures de chaque paroisse. Le dépouillement de ces documents exige de longues et patientes recherches, mais il permet, au point de vue démographique, des résultats d’une suffisante approximation, surtout si les recherches d’état civil portent sur une vingtaine d’année consécutives. Pour effectuer cette enquête rétrospective, nous avons dû examiner d’abord la consistance et les limites des anciennes paroisses de Quimper.

 

Sous l’ancien régime, la ville de Quimper, dont les limites ne concordaient pas avec celles de la commune actuelle, était divisée en six paroisses dont quatre : La Chandeleur, Saint-Julien, Saint-Sauveur et Saint-Ronan se trouvaient en majeure partie dans la ville close. La paroisse du Saint-Esprit et de Lanniron comprenait le faubourg de la rue Neuve et la rive gauche de l'Odet. Enfin, la plus grande de ces paroisses, celle de Saint-Mathieu, s’étendait sur la rive droite du Steïr et de l'Odet, en la Terre-au-Duc. La paroisse du Saint-Esprit et surtout celle de Saint-Mathieu comprenaient une partie rurale dont nous indiquons ci-dessous les limites exactes. Cette organisation paroissiale datait du XVIIème siècle. Toutes ces paroisses, à l’exception de Saint-Mathieu qui avait son église propre, étaient desservies sur des autels particuliers dans la cathédrale. Quant à Locmaria, partiellement annexée à la commune de Quimper en 1791, elle constituait alors une paroisse distincte et indépendante de la ville.

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LA CHANDELEUR.

La paroisse Notre-Dame de la Chandeleur, dite souvent La Chandeleur ou simplement Notre-Dame, comprenait la place Saint-Corentin, la rue du Chapitre (rue de la Mairie), la place et la rue Toul-al-Laër, les rues du Frout et des Regaires et le quartier du Séminaire ou de Crec'heuzen. Vers l’Est, elle s’étendait au delà de l’Asile actuel des aliénés, jusques et y compris le manoir de la Forêt.

Le dernier seigneur de la Forêt, le comte Pierre de Roquefeuil-Montpéroux, capitaine de vaisseau, époux de Léocadie de Lagadec, mourut à l’âge de 54 ans, le 16 juin 1789, en son manoir, paroisse de La Chandeleur. Il fut inhumé, en son enfeu, chapelle de Saint-Crépin, dans la cathédrale. Le manoir de La Forêt possédait depuis le XVème siècle un enfeu à la cathédrale (chapelle Saint-Adrien, dite aussi des Marions). Cette chapelle avant été supprimée au milieu du XVIIème siècle, le droit d’enfeu fut annexé à la chapelle voisine de Saint-Crépin.

Sur le territoire de cette paroisse se trouvaient la cathédrale, l’évêché, la plupart des maisons prébendales, le séminaire et sa chapelle, l’enclos des Soeurs blanches ou soeurs de la Charité, la chapelle et le cimetière de Saint-Primel.

La paroisse comptait environ 133 maisons, 272 ménages et 1.360 habitants dont les deux tiers intra muros. La moyenne annuelle des décès s’élevait à 46. Une cinquantaine de ménages — dont moitié pour la seule rue des Regaires — étaient exonérés de la capitation ; le nombre des indigents atteignait donc environ 250, soit 18 % de la population.

L’autel paroissial se dressait dans la chapelle de La Chandeleur qui occupait une partie du croisillon Nord du transept de la cathédrale.

Jean Goasguen, recteur de la paroisse de 1781 à 1792, demeurait en 1790, avec sa soeur, rue du Sallé, dans la maison de Sébastien Le Roux, vitrier. Originaire de Quimerc'h où il naquit vers 1724, Jean Goasguen prêta serment en 1791 et devint vicaire de la cathédrale. Il mourut en son domicile, rue Neuve, le 22 avril 1798, âgé de 73 ans.

Les inhumations de la paroisse se faisaient d’ordinaire dans le cimetière de Saint-Primel, situé au Nord de la rue des Regaires, non loin de l’hospice actuel. Ce cimetière, désaffecté sous la Révolution, fut vendu comme bien national et acquis par le sieur Castellan, entrepreneur de travaux publics. Sa superficie n’atteignait pas 10 cordes (à peu près 6 ares). Il suffisait néanmoins aux sépultures car, en ce temps-là, on n’accordait pas de concessions dans les cimetières et l’on sait que généralement les notabilités du clergé, de la noblesse se faisaient enterrer dans les églises et chapelles.

Les Du Boisguéhenneuc, seigneurs du Minven, demeurant en leur hôtel du Collège, paroisse Saint-Sauveur, étaient inhumés en leur enfeu de la chapelle Saint-Primel. Parfois, de modestes serviteurs du Chapitre recevaient le suprême honneur d’une sépulture dans la cathédrale. Ainsi, en 1751, Simon Charue, qui avait servi en qualité de serpent (musicien) au choeur de la cathédrale pendant 70 ans, mourut sur la paroisse de La Chandeleur dans une extrême vieillesse, à peu près centenaire. Il fut inhumé dans la cathédrale par messire Jean-Louis Gourcuff de Tréménec, grand-chantre et vicaire général.

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SAINT-JULIEN.

La paroisse de Saint-Julien s’étendait sur le quartier Sud-Ouest de la ville close. L’enclos des Cordeliers, avec son couvent, sa chapelle et son ancien cimetière, occupait la moitié de sa superficie, au couchant de la rue Saint-François. Elle comprenait deux artères, la rue Keréon et la rue Saint-François.

La rue Keréon, de la place Saint-Corentin au pont Médard — y compris la place Maubert et la petite place Médard — comptait 64 maisons et 155 ménages. C’était la rue la plus fréquentée et la plus commerçante de Quimper. Là, particulièrement, s’étaient établis les principaux épiciers, les marchands de draps, modes et soieries, les médecins, apothicaires, orfèvres, horlogers et chapeliers.

La rue Saint-François (20 maisons et 32 ménages), beaucoup plus calme, ne recevait guère que des piétons, plaideurs ou hommes de loi. La partie méridionale de cette rue n’était pas encore bâtie et son extrémité sur le Parc-Costy était fermée par un tourniquet. Les cavaliers et les véhicules s’arrêtaient donc devant le portail des Cordeliers, à peu près devant le pignon oriental des Halles actuelles.

On sait que le Présidial et cinq hautes justices seigneuriales siégeaient dans un bâtiment des Cordeliers. La proximité des auditoires retenait sur la paroisse Saint-Julien un grand nombre d’hommes de loi, avocats, procureurs et notaires.

La population atteignait environ 780 habitants, population généralement aisée où l’on ne rencontrait guère d’indigents, car 12 ménages seulement (soit 8 %) ne payaient aucune capitation. Par contre, signe d’aisance, un grand nombre de ménages employaient une ou plusieurs servantes. La mortalité y demeurait faible, en moyenne 22 décès par an. C’était donc, dans l’ensemble, un quartier privilégié qui n’attirait cependant pas l’aristocratie. A la vérité, on y trouvait une douzaine de familles nobles et quelques modestes hôtels particuliers, mais la moyenne et la petite bourgeoisie y occupaient la plupart des appartements.

La paroisse était desservie au haut de la cathédrale, dans la chapelle de Saint-Julien (plus tard chapelle des Saints-Anges), dans le bas-côté Sud-Est du choeur.

Les inhumations se faisaient au cimetière de Saint-Nicolas, situé au Sud de la place Mescloaguen, en la paroisse de Saint-Sauveur. Le recteur Quéré demeura au moins 17 ans à la tête de cette paroisse, de 1774 à 1791 ; il habitait, avec sa servante, le premier étage du n° 68, vers le milieu de la rue Keréon, au-dessus du magasin d’un sieur Boutier, chapelier. En février 1791, Quéré refusa le serment et quitta Quimper.

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SAINT-SAUVEUR.

La paroisse de Saint-Sauveur était considérée comme la plus ancienne paroisse de la cité épiscopale. C’est en cette qualité que son recteur, René Bourbria, fut désigné par l'Intendant de Bretagne pour convoquer à Quimper l’assemblée diocésaine de Cornouaille en vue des élections aux Etats généraux. Cette assemblée se tint, le 2 avril 1789, dans la chapelle du Collège, annexe de la paroisse, sous la présidence de Bourbria.

La paroisse s’étendait sur tout le quartier Nord-Ouest de la ville close, entre la rue Keréon, la rue Obscure et le mur de ville. Hors de l’enceinte, son territoire englobait aussi la chapelle et le cimetière de Saint-Louis, quelques maisons au Nord du Champ-de-Foire aplani en 1749 et quatre maisons à Poulhaou. Elle comprenait donc les rues des Etaux, du Guéodet, la rue des Boucheries (aujourd’hui Brizeux), la rue et la place Mesgloaguen, la rue des Gentilshommes (anciennement rue Viniou), la rue Saint-Nicolas, la place au Beurre de pot, les rues du Collège et du Sallé.

Sur le territoire de Saint-Sauveur se trouvaient l'Hôtel de Ville, le Collège et sa chapelle, l'Hôpital général de Saint-Antoine et sa chapelle (maison de justice, vers le milieu du XXème siècle), la chapelle et le cimetière de Saint-Nicolas et l’église de la Cité ou Notre-Dame du Guéodet.

La rue du Collège, la place au Beurre et la rue du Sallé étaient comme de nos jours fort animées par les allées et venues de sept cents écoliers, externes du Collège, qui de la place au Beurre s’égaillaient par toute la ville vers les auberges et les pensions « tenant écoliers ».

Les bouchers, charcutiers et tripiers quimpérois étaient presque tous paroissiens de Saint-Sauveur. La place Mesgloaguen et son issue vers la porte Saint-Antoine étaient peuplées des 27 familles de bouchers de la ville ; la rue du Guéodet, dite aussi petite rue des Etaux, appartenait presque exclusivement aux charcutiers. Pendant des générations, les Goyat, Piouffle, Morvan, Merrien, Bodolec, Meudec et Péron ont détenu à Quimper le monopole de la boucherie et de la charcuterie.

Cependant, on ne s’enrichissait guère dans cette corporation. Un seul d’entre-eux, Pierre Morvan, qui sera « terroriste » en l’an II, boucher et charcutier rue du Guéodet, était taxé à 21 livres de capitation ce qui supposait un revenu de 850 à 900 livres ; 3 bouchers et 2 charcutiers payaient 10 livres ; tous les autres étaient vraiment pauvres.

Comme il n’y avait pas d’abattoir public, — la première tuerie ne fut construite qu’en 1806 — les bêtes étaient abattues en pleine rue. « Dans l’endroit le plus élevé de la ville, on fait des amas de fumier et de sang des bestiaux qui dans l’été causent une infection insupportable et des maladies épidémiques. En tout temps, le sang, les immondices et les dépouilles des bestiaux se répandent le long de la rue des Etaux, de la place Maubert et jusques à l’entrée du Parc-Costy ». Ces doléances formulées en 1748 étaient encore justifiées 40 ans plus tard. « Les boucheries étant établies au quartier Mesgloaguen, le sang qui coule presque continuellement dans les rues les plus fréquentées cause une infection dangereuse pour la santé surtout dans les chaleurs de l’été. Détruisez cet abus et vous étoufferez les germes des fréquentes épidémies qui affligent notre ville. Attendez-vous bien à des clameurs, car il est des personnes qui ignorent le prix de la santé tandis qu’elles en jouissent et qui disent que leurs pères ont bien vécu au milieu de cet air corrompu ».

L’érudit J. Trévédy, étudiant le plan de 1764, s’est donné bien du mal pour découvrir la rue Viniou. Il a fait à ce sujet des hypothèses ingénieuses mais nullement fondées qui l’ont conduit à identifier la rue Viniou avec la rue Bily (dite aussi de Saint-Nicolas). La vérité est beaucoup plus simple : la rue Viniou n’était autre que la rue des Gen­tilshommes ; cette dernière appellation avait prévalu au XVIIIème siècle.

Quant à la rue ou rampe Saint-Nicolas, on l’appelait souvent rue Bily, bien qu’il y eût en la Terre-au-Duc une autre rue Vily, ainsi nommée depuis le moyen-âge. Le nom de Bily ou Billy donné dans la première moitié du XVIIème siècle à la rampe Saint-Nicolas avait été emprunté vraisemblablement à l’avocat Billy du Plessix, deux fois maire de Quimper, en 1740 et 1748. Billy, grand-père maternel du sénéchal Le Goazre de Kervélégan, habitait au haut de cette rue, près de la chapelle Saint-Nicolas et possédait la plupart des immeubles riverains, des deux côtés de la rampe. L'hôtel du maire Billy subsiste ; les descendants de Billy l’ont habité pendant plus d’un siècle : Le Goazre de Kervélégan, conseiller au Présidial, son fils, le sénéchal de Kervélégan, le gendre de l’ancien sénéchal, M. Lozac'h, juge au tribunal civil et, sous le second Empire, le gendre de M. Lozac'h, le chef de bataillon Félix Borelly.

Les incommodités inhérentes au voisinage des boucheries n’avaient pas éloigné de ce quartier l’aristocratie nobiliaire ou bourgeoise assez nombreuse en cette paroisse. Rue du Collège demeuraient les familles Du Boisguéhenneuc, de Poulpiquet, de Moelien, de Reymond, de Kerléan, de Derval ; rue des Gentilshommes : de Kerhorlay, Léon de Tréverret, François de Kergariou, de Keratry cadet ; place au Beurre : de Penfentenyo-Kervéréguin, de Kerguélen-Trémarec ; rue du Sallé : Aleno de Saint-Alouarn, du Ménez-­Pérennou, Le Forestier ; rue Mesgloaguen : d'Esclabissac.

La rue des Gentilshommes ne méritait plus guère son nom, à la veille de la Révolution. Les plus belles demeures avaient passé aux mains de riches bourgeois dont les noms s’ornaient de la particule mais sonnaient la roture : Du Bois-hardy, Le Goazre de Toulgoët, Le Bastard de Mesmeur, Bobet de Lanhuron, Yvonnet du Run, Danguy des Déserts, Le Breton de Villeblanche, pour la plupart gens de loi.

Nous avons compté dans cette paroisse 124 maisons et 216 ménages. La moyenne annuelle des décès s’élevait à 64 dont un tiers à l’hôpital Saint-Antoine où l’on recueillait les enfants trouvés. La population atteignait environ 1.200 habitants dont 90 indigents, soit une proportion de 8 % comme dans la paroisse Saint-Julien.

Les inhumations se faisaient généralement au cimetière de Saint-Nicolas dont la superficie n’atteignait pas 10 ares. Depuis 1748 au moins, on avait aménagé autour de la chapelle Saint-Louis un second cimetière. Le roc affleurant à cet endroit, on rencontra beaucoup de difficultés à y creuser des fosses et on ne l’utilisa, semble-t-il, que progressivement et comme à regret.

L’autel paroissial de Saint-Sauveur se dressait dans la chapelle de Saint-Pierre, près du pilier Nord de l’entrée du choeur. Vu l’importance de la paroisse, la chapelle de Saint-Antoine, toute voisine, était considérée comme une annexe de la chapelle de Saint-Pierre.

Le 9 octobre 1760, le recteur de Saint-Sauveur, Thomas Oury, mourut en sa demeure, rue Keréon. Il eut pour successeur de 1761 à 1786, Alain-Claude Le Voaz de Kerudalem, originaire de Crozon. Sa soeur, Marie Le Voaz, morte en cette paroisse en 1781 ; fut inhumée au cimetière Saint-Louis. Messire Le Voaz de Kerudalem, décédé en 1786, à l’âge de 74 ans, reçut la sépulture en la cathédrale par Sébastien-René Correc-Descognets, grand archidiacre et vicaire général. Il fut remplacé en 1786 par son confrère et voisin René Bourbria, jusque-là recteur de Saint-Ronan. En 1790, Bourbria habitait hors de sa paroisse, dans la rue Neuve, chez la veuve Robbe, maîtresse de la poste aux chevaux.

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SAINT-RONAN.

C’était la plus petite paroisse de la ville, la seule qui n’eût la moindre chapelle sur son territoire. En revanche, elle possédait la Prison du roi et le Château de la Tourbie, ancienne demeure des gouverneurs de la ville. Au voisinage immédiat de la Tourbie se trouvait l’auberge de la « Croix verte », dite plus tard « La Tourbie », puis, inclinée à l'Est vers les Douves, une petite place d’armes appelée le Boulevard aux Canons. Entre la Tourbie et la porte des Regaires, il n’existait aucune issue du côté d’orient, aussi tout l’espace compris entre la rue Obscure et le mur de ville était-il occupé par des jardins.

Saint-Ronan comprenait la rue Obscure et la rue Briziac ou de Kerfeunteun où passait la route royale de Quimper à Landerneau et Brest, puis la rue Verdelet : au total 61 maisons, 131 ménages et 600 âmes. Le nombre des indigents y était relativement élevé : 90, soit 15 % de la population.

Parmi les notables, on pouvait citer les familles nobles de Larchantel, de Trédern, de Kerguern, Boibilly de la Boissière, Tréouret de Kerstrat, Le Borgne de Kermorvan, de Kerléan, Kerguélen de Pennanyun, de Moucheron, de Pompery ; cinq chanoines : De Larchantel, de Kermorvan, Des Cognets, de Séverac et Audouyn, et fort peu de bourgeois : les frères Doucin, avocats ; Julien Bréhier, négociant ; Le Guillou de Kérincuff, avocat, maire de Quimper en 1790, et Billette de Querouel, rentier.

La paroisse était desservie au haut de la cathédrale dans la chapelle de Saint-Ronan (plus tard Notre-Dame des Carmes), au bas-côté Nord-Est du choeur. La moyenne annuelle des décès restait inférieure à 20. Les inhumations se faisaient d’ordinaire au cimetière Saint-Nicolas, parfois cependant à Saint-Primel.

Les recteurs furent, de 1766 à 1767, Jean Goasguen ; de 1770 à 1786, René Bourbria ; de 1786 à 1787, François-Sébastien Morvan qui en 1788 devint, croyons-nous, recteur de Plonéour-Lanvern ; puis de 1787 à 1791, Martail. Ce dernier habitait en 1790, vers le milieu de la rue Obscure, côté Ouest, une vieille maison à portail gothique. Martail dut refuser le serment en 1791 et quitter Quimper, car à partir de cette date nous le perdons de vue.

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SAINT-ESPRIT.

La paroisse du Saint-Esprit et de Lanniron s’étendait presque tout entière sur la rive gauche de l'Odet, comprenant la rue Sainte-Catherine, la rue Sainte-Thérèse, la rue Neuve et Pen-ar-Stang. Toutefois, la rue Sainte-Catherine se prolongeait au Nord de l'Odet jusqu’au portail latéral Sud de la cathédrale, appelé aussi pour cette raison portail de Sainte-Catherine. Cette portion de rue dont la largeur a été doublée au XIXème siècle portait aussi le nom de rue de l'Evêché (aujourd’hui rue Gradlon). Là débouchait la venelle ou rue Dorée dont il ne subsiste que l’entrée occidentale sur la rue Saint-François. En face du palais épiscopal s’élevait l’auberge du Lion d'Or dont l’enseigne fut transférée sous la Révolution par le sieur Bonnaire sur l’évêché même et plus tard sur l’auberge de la Grand-Maison où elle demeura jusqu’à nos jours, place Saint-Corentin. 

La paroisse comprenait encore, dans sa partie rurale et au fief des Regaires, le manoir épiscopal et la métairie de Lanniron enclavés en Locmaria, puis au nord du prieuré de Saint-Laurent et de la paroisse d'Ergué-Armel, les villages de Kergoatalez, Kervir-Huellaf, Kervir Izella et même, sur la rive droite du Jet, Le Coutilly, le Cleuziou, Kerampunsal et Kerellan (aujourd’hui en Ergué-Gabéric).

De ce côté donc les limites anciennes dépassaient sensiblement les limites actuelles de Quimper.

Sur cette paroisse se trouvaient l'Hôtel-Dieu (aujourd’hui préfecture), fondé par la Communauté de ville et tenu par les Soeurs hospitalières de Sainte-Catherine, la chapelle et le cimetière de Sainte-Thérèse et la chapelle de la Madeleine à Pen-ar-Stang, deux auberges assez bien achalandées, la Croix-d'Or, rue Sainte-Catherine et la Croix de Malte, près de la Madeleine et une poste aux chevaux.

On rencontrait bien quelques bourgeois dans la rue Sainte-Catherine, mais dans l’ensemble, c’était un quartier pauvre aux maisons basses, peuplées de gens de métier : tanneurs, tailleurs, tisserands, jardiniers, journaliers et cultivateurs. On y comptait au total 105 maisons et 283 ménages avec une moyenne annuelle de 85 décès dont un tiers à l'Hôtel-Dieu. La population pouvait être évaluée à 1.450 habitants.

Il y avait dans la rue Neuve et la rue Sainte-Thérèse 70 ménages ne payant aucune capitation, soit environ 350 indigents (24 % de la population). D’autre part, 67 ménages, ne payant qu’une taxe minime de 10 sols, se trouvaient dans une pauvreté voisine de l’indigence. En ce quartier, la moitié de la population vivait donc dans une condition vraiment misérable.

La paroisse était desservie dans la chapelle du Saint-Esprit, qui occupait le croisillon Sud du transept de la cathédrale. Les inhumations se faisaient au cimetière de Sainte-Thérèse, au flanc du Frugy, cimetière désaffecté en 1792 pour faire place au plateau de la Déesse.

Au début de 1774, Quéré, recteur du Saint-Esprit, quitta cette paroisse pour celle de Saint-Julien. Il fut remplacé, de 1774 à 1788, par Jean Balboux, mort sur la paroisse de la Chandeleur, rue du Frout, à l’âge de 48 ans et enterré dans la cathédrale par messire Descognets, grand-archidiacre et abbé commendataire de l’abbaye de Saint-Méen.

Le dernier recteur de cette paroisse, Hervé Le Franc, d’origine Quimpéroise, habitait rue Sainte-Thérèse avec sa servante dans une maison où logeaient aussi trois ménages d’ouvriers. Il prêta le serment et devint curé constitutionnel de Moëlan. Las sans doute d’être poursuivi par les Chouans, il rétracta son serment à la fin de 1795 et dès lors fut détenu comme réfractaire à Quimper puis à Brest.

Le décret de la Constituante, en date du 17 avril 1791, relatif à une nouvelle circonscription des paroisses du district de Quimper, supprima la paroisse du Saint-Esprit et son territoire fut partagé entre Quimper et Ergué-Armel. Ainsi, en dépit du bon sens, les quartiers actuels de la Gare et de Saint-Julien, Kergoatalez et les deux Kervir, qui pendant des siècles avaient appartenu à Quimper, passèrent à la commune voisine.

Par son imprévoyance, la municipalité de l’époque, présidée par Le Goazre cadet, frère de Kervélégan, laissa emprisonner Quimper dans les limites trop étroites, abandonnant toute possibilité d’extension de la ville de ce côté. On vit bien les inconvénients de cette délimitation lors de l’établissement de la gare de Quimper qu’on ne pouvait tout de même pas laisser en dehors du périmètre de l’octroi. A ce moment, Ergué-Armel dut, bon gré mal gré, restituer une partie du territoire si légèrement concédé en 1791 (environ 9 hectares), restitution insuffisante et tardive.

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SAINT-MATHIEU.

L’ancienne paroisse de Saint-Mathieu s’étendait sur la Terre-au-Duc, rive droite du Steïr et de l'Odet, bien au-delà des limites actuelles de Quimper, jusqu’au village de Kergolvez et le Pont de Troheïr, comprenant le Cosquer-Izellaf, Pontigou, le Moulin-Vert, Prateyer, Kergroac’h, Kergolvez, le manoir de Cremarc'h ou Kernisy, aujourd’hui en Penhars.

De Kernisy, la limite passait par la Terre-Noire, le chemin des Justices, à l'Ouest de l'Ecole normale, la rue Bourlibou, la venelle du Kergos dite aussi venelle du Pont-aux-Anglais. Le manoir de Kergos était en Saint-Mathieu. L’enclos des Dames du Calvaire, annexé à Quimper en 1791, était alors en Penhars. Le côté méridional de la rue Bourlibou, le chemin du Bout du Pont (aujourd’hui rue de Pont-l’Abbé) et le moulin du Prieuré ou Moulin des Couleurs relevaient de la paroisse de Locmaria.

Depuis plusieurs années la ville s’est considérablement étendue sur la partie rurale de Saint-Mathieu. Jusqu’au début du XIXème siècle, la population de la paroisse (au moins les quatre cinquièmes) était concentrée sur un espace restreint circonscrit par le Moulin du Duc, la rue Vily (partie Sud de la rue de la Providence), la rue des Orfèvres (aujourd’hui du Chapeau-Rouge), la place Saint-Mathieu et la rue Vis.

Les enclos de l'Abbaye de Kerlot, des Dames Ursulines, des Dames de la Retraite, des Capucins et des Cordelières occupaient à l'Ouest de l’église Saint-Mathieu et de la rue Vis une vaste étendue à peu près équivalente à la superficie de la Ville Close tout entière, soit environ 15 hectares qui deviendront sous la Révolution la proie des spéculateurs.

Les rues les plus peuplées étaient la rue Rossignol (aujourd’hui rue Saint-Mathieu), 87 ménages, la rue Orfèvre, 80, la rue Vily, 78, la place Terre-au-Duc, 63. La rue Vis ne comptait que 19 ménages et celle de la Vieille-Cohue (rue Laennec), 16.

Nous avons compté en cette paroisse 241 maisons, dont une quinzaine dans la campagne, et 513 ménages. La moyenne annuelle des décès étant de 86, la population totale s’élevait à environ 2.500 habitants dont 575 ne payant aucun impôt pouvaient être considérés comme vraiment indigents. Cette proportion d’indigents, plus forte que dans les autres paroisses, atteignait 23 % de la population. Les pauvres, disséminés dans les diverses rues, étaient particulièrement nombreux dans les mansardes de la rue Rossignol et surtout dans les taudis de la rue Vily.

La répartition sociale des différents quartiers n’était pas bien tranchée : nobles, bourgeois et gens de métier voisinaient dans les mêmes rues.

La place Terre-au-Duc apparaissait à peu près telle que nous la voyons aujourd’hui. Elle n’avait point d’issue vers la rue Astor et les Halles actuelles. Sur ce point, l’accès de la Ville Close était fermé par la maison de Cajan, maître-menuisier, démolie lors de la construction du pont du Steïr. On y trouvait 6 notables commerçants, 4 rentiers, 5 avocats, 4 maîtres-cordonniers, 4 maîtres-perruquiers, 2 cafés et 3 cabarets.

La rue du Sel ou du Quai (aujourd’hui rue René-Madec) était presque entièrement occupée par la noblesse et les gens de loi.

La rue des Orfèvres ou simplement rue Orfèvre (au moyen âge rue des Febvres, serruriers) ne méritait plus guère son nom car on n’y trouvait aucun orfèvre et seulement deux serruriers. On commençait à l’appeler rue du Chapeau-Rouge, du nom d’une auberge tenue par Charles Messanot (arrière grand-père maternel du député Louis Hémon) se trouvant à l’entrée (côté Est) de la rue Vily.

La rue Vily abritait près de 400 habitants presque tous misérables. Sur 78 ménages, un seul, celui de Jean Derrien, charron, jouissait de quelque aisance, Les autres subsistaient péniblement du salaire aléatoire de petits métiers : compagnons au travail irrégulier, jardiniers, manoeuvres, portefaix, tisserands, blanchisseuses.

Outre l’auberge du Chapeau-Rouge, il existait en Saint-Mathieu trois autres auberges assez bien achalandées : Le Dauphin couronné (R. Rossignol), le Soleil Royal, la Tête Noire (place Saint-Mathieu).

Il serait trop long d’énumérer toutes les notabilités de la paroisse. Parmi les familles nobles, nous citerons, place Terre-au-Duc : de Kermorial, de Silguy cadet ; rue du Sel : Gourcuff de Tréménec, de Vincelles, Nouvel ; quai de l'Odet : de Moelien ; rue Vis : Ambroise Duhaffond ; rue de la Vieille-Cohue : du Marhallac'h, de Silguy aîné, Duval de la Poterie, Furic de Kerguiffinan ; rue Rossignol : Le Bouteiller, de Ploeuc ; place Saint-Mathieu : Euzenou de Kersalaün fils ; rue Orfèvre : du Brieux ; à Kernisy : de Rospiec.

Parmi les gens de finance, place Terre-au-Duc : Le Clerc père et fils, banquiers et entreposeurs de tabacs, Lorin, inspecteur des domaines ; rue du Sel : les deux frères Le Déan (le cadet député aux Etats généraux et à la Constituante), tous deux receveurs des fouages et receveurs des biens du marquis de Châteaugiron en Cornouaille, Perrin, banquier et receveur général du tabac (locataire de l’hôtel de Keratry) : quai de l'Odet : Gazon, receveur des fouages extraordinaires et autres impositions (acquéreur de l’ancien hôtel de Tinténiac) ; rue Rossignol : Bainville, receveur général des Devoirs.

Parmi les gens de la loi, place Terre-au-Duc : Kernaflen de Kergos aîné, Flamant, Joseph Le Gendre, avocat, maire de Quimper, et son frère, Nicolas Le Gendre, Démizit ; rue du Sel : Jean-Baptiste Delécluse, Audouyn de Keriner, Delécluse de Longraye, Laennec ; rue Rossignol : Girard père et fils, Lharidon de Penguilly, Quilfen, Clémansin, Le Bars et Chauvel ; venelle de Kergoz : Kernaflen-Kergos cadet ; rue Orfèvre : Le Moyne, Le Siner et Vallet.

Dans le monde du négoce, citons : Dérédec, Sévène, Rateau, Barbe, Dumesnil, Derénière, Pierre Porquier, l’ancêtre de deux maires de Quimper au XIXème siècle et, hors série, un rentier, Souché de la Brémaudière, bourgeois entiché de noblesse.

Deux chanoines seulement demeuraient en Saint-Mathieu : Jean Guesdon et François-Hervé de Silguy. Enfin, on y trouvait à la veille de la Révolution deux docteurs en médecine : Alexandre Delaroque-Trémaria et Jean-Baptiste Le Breton, et trois maîtres en chirurgie : Nicolas Poullier, Jean-Louis Bonet et de Lannegrie.

L’église Saint-Mathieu datant du XVème siècle possédait de beaux vitraux. Au Nord, tout contre l'église, se trouvait la chapelle de Notre-Dame du Paradis. Le cimetière paroissial s’étendait au Sud, sur la majeure partie de la place Saint-Mathieu. En 1788, ce lieu de sépulture fut jugé insuffisant pour l’inhumation des morts ; sa translation s’imposait d’ailleurs pour des raisons de salubrité et d’hygiène. Le 2 novembre 1788, jour de la fête des Morts, le nouveau cimetière, situé près la chapelle Saint-Marc, fut solennellement béni par le recteur Coroller, accompagné d’un nombreux clergé et du procureur Lharidon de Penguilly, marguillier de la paroisse.

François-Guillaume Coroller, né à Quimper en 1734, docteur en théologie de la faculté de Paris, fut recteur de Saint-Mathieu de 1764 à 1791. Il combattit ardemment la Constitution civile du clergé et publia diverses brochures pour réfuter les écrits de l’abbé Claude Le Coz, supérieur du Collège et défenseur attitré des prêtres assermentés. Coroller émigra, puis au Concordat reprit la direction de sa paroisse où il mourut en 1807 à l’âge de 72 ans.

Un curé ou vicaire, Le Moel, et quatre prêtres chapelains : Janjacquer, Bourdet, Launay et Yven, secondaient le recteur dans le service paroissial. Comme il n’y avait pas de presbytère, tous ces prêtres logeaient séparément en divers points de la Terre-au-Duc et même en la Ville-Close, comme Bourdet qui demeurait chez son neveu Richecoeur, horloger place Maubert

Jean Savina.

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