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Les Peintres-Verriers de la cathédrale de Quimper

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Jean SOHIER dit JAMIN.

Je dois comprendre sous cette même dénomination, deux ou trois individualités différentes, qui se sont succédées pendant un siècle, et que l’identité de leur prénom et de leur surnom, ne permet pas de distinguer l’une de l’autre. Ces peintres-verriers sont désignés dans tous les comptes de fabrique, par le surnom ou sobriquet de Jamin (Jaminus), qui n’est après tout, qu’un diminutif de Jean. C’est seulement dans des actes que j’analyserai plus bas, que l’un d’eux figure sous son véritable nom.

Le premier peintre de cette famille, est mentionné en 1418, dans divers articles d’un Déal, ou registre à l’usage du procureur de la fabrique, desquels il résulte qu’à cette date, il avait passé un marché avec le chapitre, pour la réparation des vitraux de la cathédrale, et notamment pour ceux de la « chapelle Neuve », c’est-à-dire de la chapelle absidale. Ce travail, pour lequel il reçut, en divers paiements, la somme de 21 livres 5 sous, fut commencé le 3 février 1418, et terminé le 7 juillet suivant [Note : Anno domini M° CCCC° decimo octavo, die tercia mensis februarii, tradidit magister Thomas de Stagno de oblacionibus visitacionis quatuor libras quinque solidos qui sunt traditi Jamino pro reparacione vitrorum cappelle nove, et aliorum vitrorum secundum forum (suivant le marché) quod fuit factum cum eo. Item die XVII februarii, habuit idem Jaminus sez libras de vacancia (l’annate) de Ploegastel. Item die tercia marcii, habuit dictus Jaminus de archa sancti Ronani XXXV sol. Item die tercia mensis aprilis habuit dictus Jaminus XX sol. Item habuit in crastino Ascencionis domini anno XIXe, IIII libras X sol. Anno domini M° CCCC° decimo nono, die septima mensis julii habuit Jaminus pro reparacione vitrorum IIII libras de vacations parochialis ecclesie de Lanbaban, et hoc fuit pro complemento solucionis eidem Jamino debite. — Déal de 1417 à 1419, f° 27 r° et v°].

A partir de cette époque les titres manquent pour nous faire connaître les autres travaux de ce peintre-verrier ; mais comme nous le trouvons travaillant dans la cathédrale, très-peu de temps après l’achèvement des voûtes du choeur, on peut bien lui attribuer quelques-uns, sinon tous les vitraux de cette partie de l’église.

Ce n’est qu’en 1474 que nous retrouvons Jamin, ou Jean Sohier II, dans un marché daté du 3 mars, passé avec Guillaume Periou, procureur de la fabrique, et par lequel il s’engage, moyennant une pension annuelle de cent sous, à réparer tous les vitraux de l’église, et à fournir les cierges nécessaires au choeur pendant l’année, et dans le reste de l’église à la fête de la Purification [Note : Deuxième registre des contrats, f° 31 v°. — Dans cet acte, il est désigné sous le nom de « Johannes, seu Jaminus Sohier, vitrarius, civis Corisopitensis »].

On trouvera peut-être bien faible le prix de cette pension, mais il ne faut pas perdre de vue que les seigneurs étaient tenus d’entretenir et de réparer les vitraux établis par eux, ou par leurs ancêtres, et dans lesquels ils avaient leurs armoiries, et s’ils négligeaient ce devoir, le chapitre pouvait faire remplacer par des verres blancs, les parties manquantes de ces vitraux. Je pense donc, bien que Jean Sohier s’engage à réparer tous les vitraux de l’église (promisit fenestras vitreas, ac vitra quecumque dicte ecclesie reparare debite et decenter), qu’il s’agit seulement ici, des vitraux dont la fabrique avait l’entretien.

De 1474 à 1486, année pendant laquelle il peignit une partie des voûtes du transept [Note : Item dicto Jamyno Soier et Egidio Le Febure, pro colorando et depingendo voltam ecclesie Corisopitensis, et arma principis in eadam exsculta, 7 lib. — Compte de la fabrique pour 1486], cette pension de cent sous est régulièrement payée au peintre-verrier. Il se trouve ensuite une lacune dans les actes, jusqu’en 1499. Le 18 août de cette année « Jamyn Sohier, peintre, et Marguerite, sa femme, » fondèrent dans la cathédrale un obit de vingt sous « forte monnoie » de rente sur « leur maison où ils demeurent à présentz au Tour du Chasteau, devant ladite église de Cornouaille, située et faisante ung coign entre la maison de Plaesou Goalichet, veuffe feu Guillaume Le Mesgoez, d’un costé, et du bout derrière, fiert sur une autre maison de ladite Plaesou ».

L’oeuvre de ce peintre nous est inconnue, mais comme il était le verrier en titre de la cathédrale à l’époque de la construction des voûtes du transept et de la nef, et après leur achèvement, on peut bien lui attribuer une large part dans la peinture des vitraux de ces deux parties de l’église, dont quelques-uns sont des plus remarquables [Note : Je citerai, entre autres, les deux premiers vitraux de la nef, du côté nord à partir du bas de l’église. Dans le troisième panneau de ce dernier vitrail, est une Notre-Dame dont la tête, avant la restauration de 1870, était admirable, bien que la pièce de verre sur laquelle elle était peinte, fût fêlée. Est-il vrai que l’on ait dans cette restauration, remplacé l’original de cette tête par une copie ? Si cela est, c’est fort regrettable].

J’ignore l’époque de la mort de ce Jean Sohier II, et ne sais pas davantage si c’est lui ou un troisième Jean Sohier, qui figure encore dans le compte de la fabrique de la cathédrale pour l’année 1514, sous le nom de Jamin ; mais à cette date, ses émoluments sont augmentés, car il reçoit 12 livres pour sa pension.

Les fils de ces peintres-verriers, abandonnèrent l’art de la peinture sur verre. On les retrouve à Quimper, pendant la durée du XVIème siècle, dans une position aisée, et tenant un commerce d’étoffes. J’ai mentionné par ailleurs, une portion de la tombe de l’un d’eux, qui porte la date de 1573. Cette famille avait pour armes un croissant et un chef chargé de trois étoiles. J’ai en ma possession un double sceau du XVIème siècle, en argent, qui porte ces armoiries à une de ses extrémités, et à l’autre le monogramme de Jehan Sohier. Ce sceau a été trouvé dans la commune de Kerfeunteun, près de Quimper.

En 1560 et 1570, Jehan Souhier, dit Jamyn, était patron d’une chapellenie fondée au XVème siècle, dans la cathédrale, par le chanoine Jean Cochet, dont il était héritier. On trouve en 1709, nobles gens Corentin Souhier et Catherine Furic, sa femme, sieur et dame du Cosquer.

Guillaume.

Ce verrier qui ne m’est connu que par son prénom, est mentionné dans un compte du procureur de la fabrique pour 1439. « Item Guillelmo et … pro reparacione vitrinarum 50 sol. ».

Jean GOELLIGOU.

Il figure dans un article du compte de la fabrique pour 1458. « Pro reparacione vitrinarum, Johanni Goelligou, 76 sol. ».

Jean QUÉMÉNER.

Il fit en 1524, d’après le compte de cette année, trois réparations aux vitraux de la cathédrale ou de la sacristie ; une de ces réparations fut faite à la suite d’une tempête qui avait brisé les vitraux de l’église :

« Item Johanni Quemener, pro sex petiis vitri pro fenestris domus sacristie, pro qualibet petia 4 sol. 6 den. valentes insimul 27 sol. 6 den. ».

« Item Johanni Quemener, qui reparavit vitros ecclesie per intemperiem venti ruptos, 100 sol. ».

« Solvit predictus procurator Johanni Quemener, vitrario pro suo salario pro reparacione et mundacione vitrorum ipsius ecclesie, 8 lib. ».

Dans l’hiver de 1525, une nouvelle tempête brisa les vitres de la cathédrale, et le chapitre ordonna de payer 100 sous à J. Quéméner pour les réparer (Déal de 1525-1549, f° 14 r°. – En 1539 la foudre tomba sur l’église et brûla le lutrin qui était dans le chœur. – Ibid, f° 130 v°).

Il y avait à Morlaix un peintre-verrier du nom de Thomas Quemener, qui fit en 1546, quelques travaux dans l’église de la collégiale du Mur. J’ignore s’il était parent de celui-ci.

Jean Le BESCOND.

Ce peintre verrier répara en 1524, un vitrail de la chapelle de Notre-Dame de la Chandeleur, dans lequel étaient les armes du chanoine Charles du Lescoët.

« Item Johanni Bescond et suo famulo pro reparacione vitri in capella beate Marie de la Chandeleur, in quo quidem vitro sunt intersigna armorum domini Caroli Lescoet » (Compte du chanoine D. de Glesvédé).

Guyon LE GUEN.

Le 14 mai 1537, il fit un marché avec le chapitre, pour la réparation de tous les vitraux de la cathédrale « ad dictum, seu laudem, bonorum artificium quos ipsi domini (canonici) volent eligere » pour la somme de 50 livres monnaie. Il est stipulé dans le marché, qu’il ne fournira pour cette réparation, ni la chaux ni les échelles (Déal du chapitre : 1525-1549, f° 115 v°).

Le 22 janvier 1549, Guyon Le Guen et Guyonne Certain, sa femme, fondent « ung obit en ladicte église (cathédrale), et auront leur thombe en la chapelle de la Trynité , et pour ledict obit, ont promist ausdictz chanoynes et chappitre, quarante-ung souls ouit deniers monnoie de rente sur la maison en laquelle demeuroit ledict Guen et sa femme, au Tour du Chastel » (Quatrième registre des contrats du chapitre, f° 2 v° et 3 r°).

Il y avait à Quimper, à la fin du XVème siècle, un orfèvre du nom d'Arnolet Certain, dont la femme de Le Guen, était peut-être la parente.

Jean LE CORRE.

Je trouve dans un registre à la date du 24 octobre 1579, la délibération capitulaire suivante :

« Il est ordonné à vénérable maistre Yves Toullanlan, chanoine de Cornouaille, à présent procureur fabricque de l’église dudict lieu, poyer à Jehan Le Corr, vitrier, le nombre de 43 escuz 15 sous monnoie, revenant à la somme de cent ouict livres cinq soulz monnoie, pour la réparacion que ledict vitrier a faict jusqu’à ce jour 24 octobre, entour les vittres d’icelle église, mesmes pour les estauffes (les matières) par lui fournies pour ladicte réparacion, et rapportant quictance dudict vittrier d’icelle somme, elle sera allouée audict sr chantre, en la despance de son compte d’icelle fabricque. Faict au lieu capitulaire d’icelle église, où estoient présentz et chapitre faisantz, ledict sr chantre, maistres Guillaume du Buys, Jacques Mocam, Jacques d4Ossancourt, Pierre Goasguennou, et Hervé du Haffont, toutz chanoines ».

En 1588, Jean Le Corr, répara les vitres de l’église de Locronan :

« A Jan Le Corr, vitrier pour réparoir les vittres de ladite église, 26 livres 5 sous ».

« Audit vittryer quand il vind voyr lesdites vitres et prendre marché de les réparoyr, 16 sous 6 deniers ».

« Oultre audit Corre, pour avoir réparé un (sic) vittre qui n’estoit pas en son marché, 4 livres » [Note : Fragments de comptes de la fabrique de l’église de Locronan. — Quand je les ai dépouillés en 1857, au presbytère de cette commune, il n’en restait que quelques feuillets].

Pierre SORTES.

Ce peintre-verrier ne m’est connu que par un acte donné par ailleurs.

Pierre et Gilles LE CAMUS.

Je relève dans un compte de la fabrique, les articles suivants :

« Le 4 octobre 1631, j’ai baillé à M. P. Le Camus, maistre vitrier, pour avoir faict la moitié d’un panneau de vitre neuffve, et le reste remis en plomb neuff, en la chapelle S. Sébastien, 40 sous tournois ».

« Le 19 août 1632, j’ay baillé à M. Pierre Le Camus, maistre vitrier, la somme de 32 livres tournois, et ce pour avoir raccommodé et mis en plomb neuff la vitre du costé de l’Epitre, en la chapelle de la Trinité, au haut de l’église ; plus pour avoir faict un panneau de neuff à la vittre plus basse du mesme costé ».

« Le 24 janvier 1634, j’ay baillé audict Camus pour avoir mis en plomb neuff, l’imaige de S. Pierre, dans la chapelle de S. Sébastien, 40 sous ».

En 1646, il mit encore des vitres dans la chambre du sergent de choeur et dans celle du Théologal.

Pierre Le Camus était probablement le fils de Gilles Le Camus, qui vivait à Quimper, à la fin du XVIème siècle. Voici les renseignements que je trouve sur ce peintre-verrier, dans un fragment de compte de la fabrique de l’église de Locronan, pour l’année 1590 :

« Poyé à Gilles Le Camus, vitrier, quand il vint faire marché pour réparoir les vitres de ladite église (de Locronan), 16 sous 8 deniers ».

« A M. de Pratmenou et maistre Loys Toulguengat, notaire, pour avoir faict l’acte d’accord entre lesdicts paroissiens et ledict vitrier, 5 sous 10 deniers ».

« Poyé audict vitrier pour raccoustrer les vitres de ladicte église, 82 livres 10 sous ».

« Audict vitrier pour desdommaigement de son marché d’accoustrer lesdictes vitres, quy disoit perdre avecques son marché, 100 sous ».

En 1626, Yves Le Stang, gouverneur do l’hôpital de Sainte-Catherine, à Quimper, passa un marché devant notaires, avec Hervé Le Déliou et Ambroise Le Garro, peintres-verriers dans cette ville, pour le vitrage des cinq « fourmeries » (fenêtres) de la chapelle de cet hôpital, à raison de 3 sous 6 deniers le pied. Par cet acte, les ouvriers s’obligeaient « à parer et orner lesdictes fenêtres scavoir : les soufflets de la maîtresse vitre des mystères de la Passion, les jours d’icelle d’une croix moyenne d’or avec les trois cloux, du soleil, de la lune, des noms de Jésus Maria environnés de rayons et de feuillages, et de deux écussons, portantz l’un les armes du Roy, l’autre écusson celles de la ville de Quimper ; et les autres quatre vitres des mesmes mots do Jesus Maria ».

Pour les « images » autres que celles décrites plus haut, les peintres devaient être payés à dire d’experts.

Des contestations s’étant élevées entre les parties contractantes, pour le paiement de cette verrière, dont le prix n’était pas encore réglé en 1631, Bastien Verger et Pierre Le Camus, vitriers, désignés pour en faire l’expertise, estimèrent que les images de sainte Catherine et de sainte Marguerite qui avaient été mises dans deux des panneaux, devaient être payées 66 livres tournois (Titres de l’hospice de Quimper).

Jean LE BRAS.

Je lis le nom de ce peintre-verrier, dans une transaction qu’il passa en 1644 avec le chapitre de Quimper, au sujet du paiement des arrérages d’une rente. Il demeurait dans cette ville, près de la place du Tour du Chastel, aujourd’hui place Saint-Corentin.

Jean RIAULT.

Il ne m’est connu que par l’article suivant du compte de Jacques du Bouexic, chanoine et procureur de la fabrique pour 1657 :

« A Jan Riault, vitrier, pour avoir réparé les vitres de l’église, suivant son mémoire et quittance du 5 octobre 1657, 270 livres ».

Après ce peintre-verrier, je trouve de 1700 à 1764, Guillaume Le Bodolec et N. Rogeron, vitriers, travaillant dans la cathédrale et dans quelques chapelles de Quimper ; mais je dois clore ici cette liste, car dès le XVIIème siècle, l’art du peintre-verrier, à Quimper, était grandement tombé en décadence. Je n’en veux d’autre preuve que cette délibération capitulaire :

« Ce jour, saiziesme mars 1621, en chapitre, présentz nobles et vénérables messires Jean Brient, archidiacre de Poc'haer, Jean du Marchallec'h, Mathurin Roville, Germain Kerguelen, Françoys du Liscoet, Jacques L'Honoré, Julien Le Texier et Jean Roville, toutz chanoines et capitulantz à la manière accoustumée ; a esté délivré présentement, de l’ordonnance desdictz sieurs capitulants, par ledict sieur Kerguelen, à présent fabricque, la somme de cent livres tournois, audict sieur Brient, qui a promis de faire recouvrir (sic) pour ladicte somme, des vitraiges de Flandres, pour estre employés à rabiller les vitres de l’église cathédrale, grandement endommagées » (Délibérations capitulaires, 1597-1627, f° 139 r°).

Pour un motif qui n’est pas expliqué, il ne fut pas donné suite à cette délibération, et le 10 octobre 1623, Jean Brient restitua au procureur de la fabrique, les cent livres qui lui avaient été remises (R. F. Le Men).

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