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QUIMPER : les rentes payées au Roi et à l'Evêque.

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L'Evêque percevait sur toute la Ville-Close et les faubourgs de son fief une rente générale dite taille de mai, dont le Roi, comme souverain, recevait une moitié. En 1682, l'Evêque élève sa part de la taille de mai à 20 livres [Note : Rapport de 1781. HEVIN. — Aveu de 1682. Le Miseur avait, en 1594, payé 24 livres pour cet objet. Voir Compte des Miseurs. XI, p. 135. En 1713, la Communauté racheta la part de la taille due au Roi, pour 288 livres payées en louis d'or, d'argent et monnaie. La taille est estimée 20 livres monnaies faisant 24 liv. de rente dans le reçu qui est aux Archives départementales, E. 2. (15 avril 1713)]. — En outre, quelques maisons payaient une redevance particulière, dont nous parlerons plus tard. C'était le plus souvent une somme très minime.

Quimper (Bretagne) : la place Terre au Duc.

Les rentes payées au Roi par les maisons de la Terre au Duc étaient aussi en argent, sauf pour une maison aux environs de la rue Vis actuelle. Elle devait au Roi « douze campannes et douze chaperons à faucon » (Réformations, f° 52, v°). Tout le monde sait ce qu'est un chaperon : une sorte de petite toque de cuir dont on couvrait la tête du faucon quand on partait en chasse ; par le vieux mot campanne, qui veut dire cloche, il faut entendre sans doute les sonnettes ou grelots que l'on mettait au cou du faucon.

Comme nous l'avons dit, le Stéïr séparait le fief proche du Roi et le fief de l'Evêque. Toutefois, l'Evêque percevait une rente sur trois maisons ou terrains aux abords du moulin du Duc (Aveu de 1682) ; et, de son côté, le Roi recevait une rente sur trois maisons de la ville (Réform., f° 56 et 57, v°). De cette dernière circonstance, Bougis, réformateur du Domaine du Roi, concluait, en 1683, que ces maisons ne faisaient pas partie du fief de l'Evêque. Mais Hévin répondait victorieusement « Ces maisons n'ont pas été originairement retenues par les Ducs donateurs de l'Evêque ; elles ont été achetées par eux en 1404 » [Note : Cette acquisition n'opérait pas consolidation au fief supérieur, puisque l'Evêque aurait pu exercer le retrait féodal (Art. 318 Cout...)]. Le vendeur du Duc payait la rente féodale à l'Evêque, les Ducs l'ont payée, le Roi la doit... et en effet, l'Evêque la réclame et l'obtient (HEVIN, p. 86 et suiv.).

Deux de ces maisons étaient situées dans la rue Obscure, que Hévin confond avec la rue du Salé ; il se pourrait que l'une d'elles formât le coin entre les deux rues.

La troisième maison rue Kéréon, place Maubert, appartenait au sieur Tromelin de Lancelin. Elle était composée orginairement de deux maisons distinctes, dont chacune payait de deux ans en deux ans la moitié de la rente en nature que nous allons faire connaître. Le rôle de la Réformation de 1539 créa à ces deux maisons réunies une situation juridique bizarre. Il chargea la maison d'une rente à payer tous les deux ans le jour de la saint Jean-Baptiste ; et ainsi décrite : « deux escus de douvelles à deux lyons rampans paincts en iceux et deux seilles (selles) à charrestier (charretier), sans garniture, à être payés, par chacun an, savoir : une année au Roi et l'autre à Monsieur de Cornouailles alternativement » (Réformations, f° 57, v°. HEVIN, p. 91).

Ville close de Quimper (Bretagne).

Cent quarante-trois ans plus tard, nous voyons l'Evêque, dans son aveu de 1682, réclamer à son tour, tous les deux ans, sur la maison du sieur de Tromelin de Lancelin « deux selles à charrette, deux écus à targe de douvelles, blanchis à la chaux peints de mître et de crosse d'Evêque ».

Chose curieuse ! Dès 1539, les Commissaires du Roi n'ont pas compris le sens des vieux titres qu'ils copient ; le rédacteur de l'aveu de 1682 ne le saisit pas davantage : et c'est Hévin qui nous le révèle en copiant un compte de l'Evêque de 1459. Il s'agit non de selles de charrette mais de selles à chevestre ou chevêtre, c'est-à-dire à licou.

Quant aux deux écus, ce sont deux boucliers en planches assemblées peintes à la chaux, sur lesquels sont représentés deux lions rampants, c'est-à-dire représentés debout et comme s'élevant le long d'une rampe, lorsque la redevance est due au Roi ; et une mître avec une crosse, si c'est au tour de l'Evêque de recevoir les deux écus [Note : La maison avait changé de maître depuis 1539 ; au commencement du XVIIème siècle, elle appartenait à René de Tromelin, sr. de Lancelin et du Parc (paroisse de Kerfeunteun), qui de Conseiller devint Président au Présidial, le 28 mai 1641. Il mourut le 5 mai 1642. — Au mois de mars précédent, la ville lui avait fait l'honneur d'être le parrain d'un fils de son second mariage. Archives départementales, E].

Hévin suppose que ces écus et selles devaient servir à « quelque fête et réjouissance ou course de quintaine ». Un mieux mot qu'il faut définir... La quintaine est, à proprement parler, un poteau « auquel on attachait un bouclier pour faire des exercices militaires, jeter des dards, rompre des lances, etc. » (TREVOUX, v°. Quintaine).

On disait courir la quintaine comme on disait courir la bague, comme on a dit depuis courir des têtes. Les têtes de Turcs à frapper avec la lance, le sabre ou le pistolet, et en galopant, ont remplacé les écus attachés autrefois à la quintaine.

Il faut encore mentionner un autre droit seigneurial de l'Evêque et surtout la façon dont ce droit s'exerçait.

Le seigneur de Trohéïr (paroisse de Kerfeunteun) doit à l'Evêque « au jour de Noël, à l'endroit de Puer natus est nobis, un demi écu d'or, présenté par un gentilhomme ; et, à l'entrée de chaque évêque et de neuf ans en neuf ans, une paire de mitaines enrichies d'or » [Note: Aveu du 14 juillet 1682. L'Evêque réclamait la redevance sur le manoir et la terre de Troheïr ; mais il est débouté de cette mouvance ; la redevance était due ; mais par les villages de Kergolvez et Kergroach dépendants de la terre de Troheïr. — Cette distinction importait ; la saisie ne pouvait être prononcée que sur les terres soumises à la rente. L'Evêque ne conteste pas cette décision. Le manoir de Troheïr relevait du Roi, auquel il payait une cheffrente de 8 livres (Réformations de 1539)].

Tel est le droit que réclament les aveux de l'Evêque ; mais voici comment, dans l'usage, les choses se passaient en 1745, et, selon l'Evêque, de temps immémorial et même depuis l'établissement du droit, en 1475 (Evêque, f° II, v°).

Marché de Quimper (Bretagne). Marché de Quimper (Bretagne).

Le jour de Noël, à la grand'messe, au moment où le choeur entonnant l'Introït annonce au peuple la joyeuse nouvelle : « Un petit enfant nous est né ! » les juges des Regaires se levaient de leur banc, en robes, et se rangeaient dans le sanctuaire, devant le trône de l'Evêque, selon l'ordre qu'ils occupaient à l'audience. Le Sénéchal donnait la parole au Procureur fiscal, qui disait à haute voix : « Il est dû au seigneur Evêque un demy écu d'or par le seigneur de Thohéïr ». Celui-ci ou son mandataire s'avançait, faisait hommage et remettait la pièce. Les juges dressaient procès-verbal. Si le seigneur de Trohéïr n'était pas présent, le procureur requérait défaut, condamnation et saisie des terres assujetties à la cheffrente ; les juges prononçaient séance tenante.

Le Sénéchal contestait ce cérémonial « comme abusif et même peu décent ». L'Evêque maintenait qu'il datait de l'établissement du droit en 1475 ; mais il est vrai de dire que les sentences de défaut ainsi délivrées et produites en preuve étaient seulement de 1657 et 1658 (Sénéchal, f° 32, r° et suiv. Evêque, f° II, v°).

Toutefois, si l'on s'en rapporte à Cambry, les protestations du Sénéchal ont été vaines ; et la perception du droit a continué de se faire selon la forme solennelle que nous avons rapportée. Cette cérémonie avait, en droit féodal, une importance juridique qui a échappé à Cambry. Il ne voit dans cette solennité qu'une mise en scène ridicule (CAMBRY, II, 328) ; mais, en 1745, le Sénéchal et l'Evêque étaient mieux instruits. Le Sénéchal contestant la juridiction des juges des Regaires dans la cathédrale niait la légalité de l'acte juridique accompli dans l'Eglise. L'Evêque, au contraire, invoquait cet acte en preuve de sa juridiction. (J. Trévédy).

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