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NOM DES RUES ET PLACES DE QUIMPER.

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La plupart des rues et places de Quimper ont dû être originairement nommées en langue vulgaire, c'est-à-dire en breton : Ainsi rue Themer, Demer puis Tevel, rue Kéréon, place Mez-Gloaguen (XIIème, XIIIème et XIVème siècles). Dès le XIIIème siècle, nous trouvons quelques-unes de ces dénominations traduites en latin dans les actes publics : la rue Demer devient vicus Obscurus ; la rue Kéréon, via Suturum ; la place Mez-Gloaguen, Campus Gloaguen, etc. Mais il est clair que les noms latins ne furent jamais les noms vulgaires ; et le bottier à la mode au XIIIème siècle, s'il avait adressé un prospectus à ses clients, n'aurait pas donné son adresse via Sutorum.

Il va sans dire que les noms bretons de nos rues ont été soumis dans le cours des siècles aux changements d'orthographe introduits par l'usage ; exemple : la rue nommée originairement Toul-an-Lazr (Trou du Cuir), du voisinage des tanneries qui existaient encore à la fin du dernier siècle ; son nom est écrit Toul-al-Laer par le chanoine Moreau, et il s'écrit aujourd'hui Toul-al-Ler [Note : Quelques personnes traduisent le nom Toul-al-Laer par Trou du voleur ; mais la forme primitive du nom de la place ne laisse aucun doute sur le sens]. D'autres noms en s'altérant sont devenus méconnaissables : par exemple, la ruelle an Douar, an Douaric (aveu de l'Evêque 1682) est inscrite sur le plan de 1764 sous le nom de rue Dorée qui n'est assurément pas la traduction de an Douar. Si nous avions la version latine de an Douar, nous ne serions pas embarrassés sur le sens de ce vieux nom [Note : An Douar mot à mot la Terre. Quelle terre ? — Question que le nom breton laisse indécise].

Ceci m'amène à dire que les traductions latines ont eu pour nos devanciers et pour nous cet avantage : elles ont conservé le sens exact des vieux noms bretons. C'est ainsi que la traduction Campus Gloaguen justifie M. de Blois et M. Le Men traduisant Mez-Gloaguen par Champ de Gloaguen (nom d'homme) et condamne absolument l'opinion de ceux qui, trompés par la ressemblance fortuite des mots — et peu aimables pour notre ville - prétendent traduire Mez-Gloaguen par au-dessus du Cloaque.

Depuis le XVIème siècle, les noms latins ont été abandonnés, et les noms bretons sont conservés pour la plupart. C'est ainsi que la via Sutorum redevient officielllement la rue Kéréon ; et que le Campus Gloaguen reprend son vieux nom. Quelques rues cependant ont pris un nom français, par exemple, la rue Obscure. Quant au nom de la vieille rue Viniou (XIIème siècle), il avait été traduit en latin par Vicus Vineae (XIIIème siècle) ; l'Evêque dans son aveu de 1682 écrit en français : rue de la Vigne. Au commencement du dernier siècle, un habile homme a cru pouvoir donner une leçon de latin à l'Evêque : le plan de 1764 porte rue des Vendanges, traduction maladroite de Vicus Vineae, nom de rue ridicule à Quimper, — et qui cepensant subsiste.

Les noms français des rues ont changé de forme dans le cours des siècles ; mais le sens primitif est resté : ainsi la rue de la Chair salée (XIVème siècle) est devenue la rue du Salé [Note : C'est commettre une faute d'orthographe que d'écrire rue du Sallé, comme porte la plaque au coin de la rue]. La place au Beurre de Pot porte le nom simplifié et un peu moins vulgaire de Place au Beurre. Le nom de rue des Febvres seul a été transformé maladroitement en celui de rue des Orfèvres.

Quimper (Bretagne) : Place au Beurre.

Autrefois en beaucoup de villes chaque corps de métier était cantonné dans sa rue. Cet ancien usage est attesté par exemple à Rennes par les vieux noms de rues de la Beaudrairie, de la Parcheminerie, de la Poulaillerie. De même Quimper a eu ses rues des Cordonniers (Kéréon), des Serruriers ou Febvres (par corruption des Orfèvres ou Orpheuvres), de la Chair salée ou du Salé, c'est-à-dire des Charcutiers. Ces noms ont survécu à l'usage qui leur avait donné naissance.

Dès 1750, les cordonniers désertaient la rue Kéréon ; pas un serrurier ne demeurait rue des Febvres ; et des treize lardiers exerçant leur industrie dans la Ville-Close, pas un ne tenait boutique dans la rue du Salé [Note : Je puise ces renseignements dans le rôle de la Capitation de 1750, pièce unique aux Archives départementales].

Quimper (Bretagne) : Maisons de la rue Kéréon.

Mais il n'importe : plus heureuse que la rue des Febvres affublée du nom ridicule de Chapeau-Rouge, la rue du Salé et la rue Kéréon ont gardé leurs noms. — Pourquoi pas ?... La rue Neuve garde bien le sien qui a cessé d'être vrai il y a plusieurs siècles !

Nos vieilles rues restèrent ainsi en paisible possession de leurs vieux noms jusqu'à la fin du dernier siècle.

A cette époque, notre ville changea son vieux nom de Quimper-Corentin, dont on ne faisait qu'un mot Quimpercorentin et qu'on écrivait par abréviation Quimpertin ; et prit le nom de Quimper-sur-Odet. Etant admis que Quimper (Kemper) veut dire confluent, cette dénomination de Confluent sur l'Odet était assez bizarre [Note : On aurait mieux compris Quimper-Odet, comme Quimperlé (Kemper-Ellé, confluent de l'Ellé]. — Aux yeux de quelques citoyens, cette modification dans le nom de la vieille ville était insuffisante : le nom de Quimper, associé pendant tant de siècles au nom de son premier Evêque, s'était souillé à ce contact ; les purs du Comité de surveillance nommèrent leur ville Montagne-sur-Odet ; mais, hâtons-nous de le dire, la population de Quimper ne s'est jamais associée à cette fantaisie.

Le nom de la ville modifié, plusieurs noms de rues et de places allaient subir le même sort.

Les places et les rues désignées par les noms de saints (Saint-Corentin, Saint-François, etc.) devaient naturellement être débaptisées. Les noms de l'Evêché, des Regaires, de la Vieille-Cohue, des Gentilshommes, de la Terre-au-Duc, etc. rappelaient l'ancien régime, le « régime barbare », comme disait le Comité de surveillance ; celui de rue du Collège rappelait les Jésuites fondateurs du collège : ces noms disparurent... J'ai trouvé douze noms nouveaux substitués aux anciens.

La substitution des nouveaux noms, vers 1792, la restitution des noms anciens, après 1815, n'ont pu se faire sans délibérations du Conseil municipal. Or, chose assez curieuse, ni l'une ni l'autre des délibérations n'a laissé de trace aux registres de la Mairie de Quimper. J'ai dû chercher des renseignements dans les actes de ventes rapportés pendant la période révolutionnaire, et dans les actes de l'état-civil ; mais je n'ose me flatter de ne pas commettre d'omission.

Voici les douze places ou rues ayant changé de noms :

Place Saint-Corentin devenue Place de la République.

Rue Sainte-Catherine devenue Rue de la Révolution.

Rue Sainte-Thérèse devenue Rue du Champ-de-Bataille.

Rue Saint-François devenue Rue Voltaire.

Rue Saint-Mathieu devenue Rue du Rossignol.

Place Saint-Mathieu devenue Place de la Révolution.

Place Terre-au-Duc devenue Place de la Nation.

Rue des Gentilshommes devenue Rue de l'Egalité.

Rue de la Vieille-Cohue devenue Rue Mably.

Rue des Regaires devenue Rue Jean-Jacques-Rousseau.

Rue du Salé devenue Rue Franklin.

Rue du Collège devenue Rue des Arts.

Comme on le voit, la rue Saint-Mathieu reprenait son nom champêtre de rue du Rossignol. Les mots de Duc, Gentilshommes, Cohue (du Roi), Regaires, rappelaient un passé abhorré ; mais on ne voit pas pourquoi le nom de la rue du Salé a encouru l'ostracisme. Ce nom n'était pas plus aristocratique et ne sentait pas plus l'ancien régime que les noms de rue des Etaux et Place au Beurre, etc. qui furent conservés.

Un nom nouveau apparaît : c'est celui de Place du Finistère donné à la place que nous nommons à présent Place Neuve. La place venait d'être taillée dans l'ancien enclos des Ursulines, le département venait d'être créé : ils avaient même âge et même origine politique. Le nom de Place du Finistère rappelait la date de la création de la place : il était heureusement trouvé ; il valait bien mieux que le nom de Place Neuve imaginé depuis, quand les arbres abattus aujourd'hui avaient déjà vieilli... Mais c'est ainsi : quand nous ne serons plus, et que trois ou quatre générations d'arbres auront passé, la vieille place sera toujours nommée Place Neuve... Ainsi le veut la routine.

 Pour terminer cette étude des rues de Quimper, rappelons que le numérotage des maisons a été introduit en notre ville en 1766 [Note : M. DE BLOIS. Dictionnaire d'Ogée. II, p. 416. V° Quimper. Les numéros étaient inscrits sur des planchettes de chêne. Cependant des titres du milieu du XVIIème siècle indiquent des maisons par un numéro. Ainsi : la maison aujourd'hui n° 4 de la place Terre-au-Duc est dite la 32ème maison. Y aurait-il eu, à cette époque, un premier essai de numérotage ?...]. Ce numérotage ne fut pas établi par rue, selon l'usage actuel, ni par paroisses, comme autrefois en d'autres ville, ni par quartiers ; il était unique et général pour toute la ville.

Voici comment j'ai fait cette petite découverte. Les actes de l'état-civil indiquent depuis quelques années seulement les numéros des maisons où sont survenus les naissances ou les décès. En l'absence de ce renseignement, j'ai dû rechercher sur les registres de l'Enregistrement la mention des baux et des ventes de maisons.

J'ai pu, de 1809 à 1812, relever une vingtaine de numéros se rapportant à un nombre à peu près égal de rues. D'autres mentions d'enregistrement assez nombreuses ne me donnaient pas les numéros, mais elles me renvoyaient aux actes des notaires : j'ai pu en consulter une vingtaine, et ils m'ont fourni onze numéros.

Or de ces trente-et-un numéros pas un ne se répète : ils forment de proche en proche les chiffres d'une série unique, qui commence dans l'ancien fief de l'Evêque et se continue dans la Terre-au-Duc. Chacun de ces chiffres jalonne pour nous le chemin qu'a suivi l'officier commis au numérotage, en 1766.

Il est parti de la place Saint-Corentin, par la rue Kéréon, est descendu dans la rue Saint-François, puis, remontant vers Mezgloaguen, il a parcouru toutes les rues de la Ville-Close, en commençant par la rue des Etaux, pour finir par la rue du Frout ; puis il a passé le pont de Sainte-Catherine, pour numéroter le faubourg ; enfin, franchissant le Stéïr, il a numéroté la Place Terre-au-Duc d'abord, puis, faisant le tour par la rue du Quai et le Quai, il a numéroté toutes les rues de cet ancien faubourg en finissant par la rue du Chapeau-Rouge actuelle.

Les numéros que j'ai pu relever dans l'ancien fief de l'Evêque sont compris entre 28 et 496 ; ceux relevés dans la Terre-au-Duc sont compris entre 541 et 713 [Note : Il ne faudrait pas conclure de là que, en 1812, ni même en 1766, il n'y eut que 713 maisons à Quimper. 713 n'est peut-être pas le plus haut chiffre du numérotage établi en 1766. Depuis cette époque, des maisons avaient été bâties, et, d'après la méthode suivie, elles avaient dû prendre un numéro bis. — Quimper comptait en 1882, 1.415 propriétés bâties ; mais ce chiffre comprend non seulement les édifices situés sur la rue et portant un numéro, mais encore les magasins, hangars, etc., dans les cours des maisons].

Du reste, l'officier n'a pas pris le soin de ranger comme aujourd'hui les numéros pairs d'un côté, impairs de l'autre. Ainsi, il numérote 558 la maison aujourd'hui numéro 1 de la rue Laënnec (une de celles où l'on fait mal à propos naître Laënnec) ; puis traversant la rue il donne le n° 559 à la maison vis à vis, aujourd'hui n° 3, rue du Quai [Note : On peut voir encore le n° 559 inscrit sur le linteau de la porte ; et l'acte de vente de la maison par M. Jean-Baptiste Cropp à M. Lamaire, baron de l'Empire, confirme cette indication (1810)] : plus loin, la rue n'est bâtie que d'un côté et les maisons portent les n" 272, 273 (maison natale de Laénnec), 274 et ainsi de suite sur le Quai.

Cet ancien numérotage, quelque incommode qu'il fût, subsistait encore en 1812, comme on vient de le voir. Si je suis bien informé, c'est vers 1820 seulement• qu'il fut remplacé par un autre analogue à celui qui est en usage aujourd'hui. Nombre de maisons portent encore le numéro peint sur le mur à cette époque, auprès du numéro actuel peint sur une plaque vernie. (J. Trévédy).

Le nom des rues de Quimper (Bretagne). Le nom des rues de Quimper (Bretagne).
     
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