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L'Abbaye Blanche ou Couvent des Dominicains de Quimperlé

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Quimperlé : abbaye Blanche des dominicains

Nous avons la bonne fortune de posséder, aux Archives du Finistère, un document, hélas ! trop court, mais fort intéressant, sur l'histoire des Dominicains de Quimperlé

C'est la notice historique composée en 1643 par le Père Yves Pinsart, prieur du couvent, et adressée par lui au Père de Sainte-Marie, historiographe de l'Ordre. 

Il convient de commencer notre étude par cette pièce importante. 

En voici la transcription. 

« Mon Révérend Père, Depuis peu l'on m'a fait douter que le R. P. Louis Chardon, cy-devant religieux de ceans ne vous aye pas envoyé ce que je luy avais donné de la fondation de cette maison, c'est ce qui m'oblige à tascher de réparer ce que j'ay quelque subject de craindre qu'il ayt obmis, ou que l'infidélité des messagers ayt empêché de vous arriver. Sans redire au long ce que je lui avais commis, je me contenterai de vous mander sommairement quelques choses qui me semblent ne devoir pas être obmises par votre histoire, attendue de tout le monde, sans qu'elle paraisse défectueuse ; et pour commencer : 

Cette maison (fut fondée) l'an 1254 dans le chasteau ducal appelé de Carnoët, dans le fauxbourg de Quimperlé, dit le Bourgneuf, au diocèse de Vennes, sur le rivage du fleuve d'Ellé qui baigne les murailles de nos cours, bastiments et jardins, et sur lequel les vaisseaux de la mer occeane, distante de deux lieues, nous viennent aux marées deux fois le jour, par Blanche de Navarre, fille de Thibaut, comte de Champagne espouse de Jean Ier, duc de Bretagne, dict le comte Roux, fils de Pierre de Dreux, dict Mauclerc, aussi duc de Bretaigne, dont le couvent n'est connu que sous le nom d'Abbaty-Guen, qui signifie en français l'abbaye Blanche ; la dite Blanche fonda en mesme temps le couvent et un abbaye de filles de l'ordre de saint Bernard, appelée la Joye, près la ville de Hennebont, cinq lieues d'yci où elle gist, et Jean Ier son mary fonda l'abbaye de Prières de l'ordre de saint Bernard, afin de prier Dieu pour ceux qui sont submergés à la coste de Bretaigne, ou son corps repose. Blanche et Jean son mary, selon la tradition, attirés par les bons exemples des religieux et leur piété, ont demeuré quelques années en ce couvent où l'on voit encore leurs sale, gallerie, chambres et quelques offices ; et cette maison a droit de quatre-vingt seize livres sur le domaine du roy, de coulombier, de four à bau, et depuis sa fondation elle a été décorée du droit de foires franches, droit de chauffage de la forêt de Carnoët cy proche, et autres. Il se void au coeur de l'église, l'une des mieux ornées et appropriées de la province, sur la porte de la sacristie un épigraphe faisant mention de partie de tout cela en ces termes : 

Sumptibus ista suis posuit Navarea Blancha 

Claustra, uxor Jani principis Armoricae. 1255 

Inde domos nostras dixere abbatia Blancha ; 

Partheniam [Note : L'abbaye de la joie, paroisse de Saint-Gilles, près de Hennebont (diocèse de Vannes)] Henbont fecit, ibi que jacet. 1284 

Atque Precum [Note : L'abbaye de Prières, paroisse de Billiers (diocèse de Vannes)] Janus conjux, quas condidit amplis 

AEdibus, et sacro clauditur ipse loco. 1286 

Dissociata jacent tumulis nunc membra duobus, 

Coeli sed mentes continet una quies. 

Cette maison ayant toujours esté chérie des ducs de cette province, leur a servy des confesseurs, prédicateurs et bons officiers : et Jean de Monfort, père de Jean dit le Conquérant, lequel commença la guerre, contre Charles de Blois pour la succession du duché de Bretagne, et mourut à Henbont le 26 septembre 1345, voulut que son corps fut, enterré au coeur du dit couvent, où l'on a veu avant la chute de la dite église, un cénotaphe ou fausse chasse couverte de drap d'or à fleurs de velours noir ; à la mémoire duquel seigneur l'on void au droit de l'épigraphe ci-devant rapporté cette épitaphe : 

« Bella sub armoricis Bleso civilia signis 

Longa comes Janus ferro Monsfortius infert, 

Ut Britones quaerat, tantis ast invida coeptis 

Jussit abire polum mors. Nil minus inclita bello 

Uxor cum nato rem perficit, ossa que chari hic 

Conjugis ad medium majoris collocat area ». 

(Ponebat F. Yvo PINSART, doct., Paris Théol. Corisop. prior). 

Comme les choses humaines sont subjettes au changement, cette maison, autresfois si célèbre en ses bastiments et en ses moeurs, decheut peu à peu, mais elle trouva des réparateurs en l'un et l'autre. Elle doit le restablissement de ses mœurs au Révérend Père Matthieu Ori, natif de Dinan en Bretaigne, l'éloge duquel se void dans Antonius Senensis, in Biblioteca litt. m. Mais il faut changer le nom de Gallus et mettre Brito, et ajouter ce que tous les hystoriographes Jésuites et Reibad (Note : Ribadeynera Pierre, célèbre jésuite, auteur d'une Vie des saints, né le 1er novembre 1527, mort le 1er octobre 1611) mettent, que ce fût la dextérité de saint Ignace, dont il avoit été à Paris le défenseur du Livre des exercices qui le mena de Venise à Rome et le présenta au Pape avec son livre. Or ce Matthieu Ori, le huitième juillet, l'an 1545, restablit la vie religieuse et reforme au dit couvent, la quelle y avait duré jusques à ce que les guerres civiles ayant causé un déluge général dans toute la France, notre province et ce couvent mesme n'en furent pas exempts ; pendant la négligence du siècle et la nonchalance des supérieurs, l'église tomba en un temps fort calme et en plein jour, environ l'an mil cinq cent nonante et deux, durant le second prioré du père Folliard, ce qui contraignit les religieux de se retirer et d'abandonner la maison comme déserte, jusqu'à l'an 1600 que le R. P. Boullouch, encouragé par la noblesse du pays et bourgeois de la ville, secouru de tous les ordres, entreprit le rétablissement de cette église ; depuis ce temps chacun des prieurs y a travaillé selon son pouvoir et son zèle jusqu'en l'an 1624 que j'y arrivé à commencer à travailler aux réparations de toute la partie de la maison ; mais ayant été eslue et appelé pour regenter à Paris, l'ouvrage ayant cessé jusques à la fin de 1634, je fus pour la seconde fois eslue et confirmé Prieur, et continué jusques à présent que Dieu m'a fait la grâce d'y restablir l'office de jour et de nuict, la vie religieuse, un cours de philosophie, et d'achever de la restablir et l'orner à tel point qu'il n'y en a guères de plus riantes en cette province. 

Or d'autant qu'il falloit faire un grand tour et circuit pour aller du couvent à la ville, laquelle est du diocèse de Cornouaille, et passer le long de la rivière d'Ellé, et aller chercher par un chemin très difficile le pont de terres de Vennes, le duc Jean donna permission de bastir un pont sur ladite rivière, au droit de la grande porte dudit couvent ; laquelle permission fut renouvellée par Jean duc de Bretagne (1381), et par le Roy Louis le Juste l'an 1636, esmologuée au parlement de Bretagne le 6 juillet 1638. Et fut basty à nos fraictz le dit pont de pierres et a de fortes voûtes l'an 1640 ; en sorte que c'est un des plus beaux couvents de cette province ; et pour décorer l'arrivée dudit couvent du bout d'iceluy, se voit un beau pavé long d'environ soixante toises, décoré de deux beaux rangs d'arbres conduisant à la grande porte dudit couvent, lequel est à présent presque tout rebasti par l'aide de nos amis. Notre réfectoire est un des plus beaux qui se voient ; la chaire du lecteur est pratiquée au côté droict dans une belle voute esclairée d'une belle vitre au haut de laquelle on voit les armes de la duchesse Blanche, notre fondatrice, laquelle portait my parti des ducs de Bretagne de la maison de Dreux, qui est échiqueté d'or et d'azur au canton de Bretagne, et de Champagne supporté de Navarre. Au dessoubs les armes des seigneurs Evesques de Vennes et de Cornouaille avec cet escriteau : F. Yvo Pinsart Dinanensis, doctor parisiensis Corisopitensis Theologus, ac 2° prior, Johanni 1° ac Blanchae Navarraea Britanniae quondam Ducibus, hujus munificentissimis fundatoribus, nec non Sebastiano Venetensium (Sébastien de Rosmadec) et Guillelmo Corisopitensium (Guillaume Le Prestre de Lezonnet) Illustrisimis praesulibus sedentibus ponebat 1635

Nous avons aussi rebasti la salle et la chambre du Duc à neuf avec des fenestrages d'onze pieds de hauteur et cinq de largeur, et sur icelles salle et chambre, un beau et superbe dortouer contenant cinq chambres chaque, d'environ 15 pieds en long et 12 de large. Nous avons aussi de très beaux jardins et vergers sur le long de la rivière, et ne reste à restablir que la bibliothèque, les cloistres et le chapitre, que nous espérons commencer à rebastir des deniers que le Roy nous a donnés depuis peu, à prendre sur les deniers des vins qui se débitent en ladite ville, suivant les patentes et arrêts de son conseil de cette année. 

Nous avons quasi perdu tous nos tiltres du tems précédent la réforme, de façon que nous n'avons point de mémoires de plusieurs grands hommes qui ont fleury céans, fors du frère Yves de Pontsal, évesque de Vennes, environ 1444 (Albert Le Grand, Les Vies des Saints de la Bretagne Armorique, édition Thomas Abgrall, Quimper 1901, p. 117-119) ; de Hervé du Parc, ambassadeur vers Henry quatriesme roy d'Angleterre, qui lui donna une croix d'or ornée de quelques pierreries, et une relique de la robe de Notre Seigneur ; laditte croix fut convertie en deux chandeliers d'argent et un petit Jésus pour la dite relique ; H. Menfré qui fit bastir une belle chapelle de Saint-Vincent-Ferrier en la muraille de l'église du couvent ; deffunt Guillaume du Botderu, docteur en théologie, inquisiteur de la foi et prieur du dit couvent, qui l'an 1483 fit bastir un beau corps de logis accompagné de salle, chambre, prisons et office nécessaires pour la justice, et au-dessus une belle librairie garnie de livres qui est à présent fort délabrée. 

Nous avons depuis quinze ans enterré céans le R. P. du Pas, docteur de Nantes et scavant historiographe dont nous n'avons pu conserver les oeuvres. Quand il mourut il laissa son travail prest à mettre sous la presse, et le P. Blanche le vendit au baron du Vieux Chastel, qui promettait le faire imprimer pour la somme de dix-huit livres de rente. 

Liste des prieurs et ans de leurs institutions depuis la réformation : 1545. Trocler ; 1548. Joson ; 1551. Brisorgueil ; 1555. Morvani ; 1556. Carluer ; 1559. Laouénan ; 1562. Yvo Toux ; 1566. Rebillon ; 1568. De Létuec ; 1571. Abiven ; 1573. Du Boys ; 1576. Gac ; 1578. Folliard ; 1579. Renaud ; 1582. Folliard, 2° ; 1593. Noueter ; 1596. Fredoux ; 1598. Halgan ; 1600. Boullouch ; 1610. Guesroue ; 1616. Rolland ; 1619. Guillard ; 1622. Rolland, 2° ; 1624. Pinsart ; 1628. Prouin ; 1631. Blanche ; 1635. Pinsard, 2°; continué deux fois, et la dernière par autorité apostolique avec commandement de poursuivre les réparations commencées. 

Mon R. P., c'est ce que j'ai pu trouvé qui m'ayt semblé dignes de vous escrire. Je vous supplie que votre histoire n'obmette pas cette pauvre maison, et de faire part en vos prières à celuy qui de tout son coeur vous souhaite une parfaite santé afin de donner au public pour la gloire de Dieu le fruict de vos veilles. C'est, mon R. P., vostre très humble et obéissant serviteur en N. S. - F. Yves PINSART. Du couvent Saint-Dominique, lès Quimperlay, ce 2 décembre 1643 » (Archives du Finistère, 20 H, 29). 

 

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Droits et privilèges divers

(Archives du Finistère, 20 H, 29)

 

Depuis leur fondation, les Dominicains possédaient droit de colombier. 

Le 23 janvier 1384, le duc de Bretagne, Jean IV, leur accordait une rente de 100 livres. Cette donation fut confirmée par d'autres ducs ainsi que par les rois de France, Louis XIII (1629), Louis XIV (1648) et Louis XV (1717). 

Au cours des XVIème et XVIIème siècles, les religieux eurent à soutenir divers procès devant les juges de Quimperlé, contre les receveurs ou fermiers du domaine, concernant tantôt le paiement, tantôt les arrérages de cette rente. Chaque fois ils furent triomphants. 

Le 12 avril 1434, le duc Jean V crée en leur faveur la Foire-Franche, dite aussi de Saint Grégoire : « Le duc crée en faveur de ses chapelains et orateurs, les frères prêcheurs de Quimperlé, une foire franche et exempte de tous péages, coutumes et droits de foire (pour l'impôt et billot du vin débité), la dite foire à être tenue au devant de l'hôtel des dits frères le jour de monsieur Saint Grégoire, et permet à ses amis les Dominicains, la perception des péages et coutumes » (Note : Cette foire tenue d'abord le 13 mars, jour de la Saint-Grégoire, fut plus tard reportée au 25 juillet, jour de la Saint-Jacques ; elle existe ensuite sous le nom de foire du Bourg-Neuf). Les religieux furent par la suite autorisés à percevoir la moitié du droit de billot sur les vins débités à cette foire. 

Note : Procession de Saint Grégoire. Renouvellement d'un voeu fait par la ville de Quimperlé à l'occasion d'une maladie contagieuse. « Du jeudy seizième jour du mois de mars 1684, sur les dix heures du matin. Assamblée des nobles bourgeois et habitants de la communauté de Quimperlé, tenue en l'auditoire et palais royal dudit lieu, après le son de cloche en la manière accoustumée. Où présidoit Messire Charles de Rabeau, chevalier seigneur de Beauregard, Chabry, mareschal des camps et armées de Sa Majesté, commandant pour son service au commandement des ville et citadelle du Port-Louis, villes de Hennebond et de Quimperlé, assisté de M. le Procureur du Roy. Présans les particuliers habitants cy-après nommés sçavoir : Estienne Frogerais, sieur de Saint-Mandé, sindic et miseur, et les sieurs Jan Lohéac, sieur de Grand-Champ, Jullien Guyet, Martial Veyrier, François Auffret, Samuel Billette, René de Coëtnours, Louis Moustel, Estienne Milon, Pierre Gérard, François Le Sage, Jacques Auffret, Jean Trémaudan, Christoffe Le Béchennec, Joseph Lohéac, Bertrand Huart, autre Jan Lohéac, François Gourhaël, Claude Penicaud, Urbain Tasché et plusieurs autres ...... Lesdicts sieurs habitans ayant dellibéré sur la remontrance de leur sindicq, après que lecture leur a esté faite, ont unanimement recogneu la pocession immémoriale, en laquelle on est en ceste ville, de faire tous les ans, au jour de la feste de Saint Grégoire, une procession généralle, qui se lève en l'église abatialle de l'abbaye Sainte-Croix, se rend en celle de Saint Dominique, en laquelle se cellèbre ensuite une messe à notte, et la prédication par le prédicateur de la communauté ; laquelle finye, on retourne aussi processionnellement en ladite esglise abatialle de Sainte-Croix, où elle se termine ; laquelle ils ont par tradition entendu dire se faire en vertu d'un voeu général de la communauté, et ce en action de grâces à Dieu de l'avoir conservée ou dellivrée d'un mal contagieux. Et comme le tiltre primordial de ce voeu ne se trouve et qu'ils ne veulent abollir cette bonne et antienne dévotion, quy ne peut qu'atirer sur elle les bénédictions de Dieu et en éloigner les fléaux, ils ont résollu et arrêté de renouveler ledit voeu, ce qu'ils font publiquement au nom de toute cette communauté, par le présent acte par lequel ils veullent et entendent que à l'advenir et à perpétuité, par chacun an et à chaque jour de la feste de Sainct Grégoire. il se fera une procession solennelle et qui se lèvera ainsi que l'on a fait au passé et de tout temps immémorial, etc. Que les communautés tant des pères Dominicquains, que des capucins de ceste ville et toutes autres communautés mendiantes qui pourront cy après s'y éstablir, et les communautés des paroisses de Saint-Collomban et Saint-Michel de ceste ville y assisteront en corps, et sur leur deffault ou refus de ce faire, ont par ceste donnés ordre et pouvoir à leur dit sindicq, ou à ceux qui lui succéderont en la dicte charge, de se pourvoir contre eux, soit devant les juges ecclésiastiques ou séculliers pour les y astreindre par toutes les voyes de droit ». (Suivent les signatures). (Archives de la mairie de Quimperlé. — Registre des délibérations de la communauté. 1682. 1692).

En 1627 intervient une sentence du sénéchal de Quimperlé, défendant sous peine de prison, de lever quelqu'impôt que ce soit sur la foire du Bourg-Neuf, interdisant aussi d'y vendre du bétail, et prescrivant aux commerçants de dresser leurs boutiques dans la cour du couvent des Dominicains. 

Les lettres ducales de 1434 ordonnent que les assises ou plaids généraux de Carnoët et de Quimperlé seront tenus une fois l'an, le jour même ou le lendemain de la foire de Bourg-Neuf devant l'hôtel des Dominicains et en leur faveur. 

Sur une demande des Dominicains de Rennes, le pape Paul V, à la date du 20 juillet 1610, enjoint, sous peine d'excommunication et d'une amende de 500 ducats or, de laisser les religieux enterrer dans leur église les fidèles qui y auront choisi le lieu de leur sépulture. 

Les Dominicains obtiennent en 1626 exemption d'impôt sur les vins et autres denrées ou marchandises. 

En 1630, Louis XIII leur confère « tous droits et devoirs de pavège, cloisons, lignages, facture et entretenement de pavez, tous subsides et impositions, permission d'aller, venir, passer et repasser, leurs gens, serviteurs, chevaux et harnais, de mener et conduire, dans tout le royaume leurs vivres nécessaires pour leur entretenement et nourriture, sans être tenus de payer aucuns subsides, tributs, coutumes, fouages, batelages... Et ce, pour leur donner occasion de nous avoir recommandez en leurs prières et oraisons »

En 1643 les religieux obtiennent un four banal au Bourg-Neuf. Vers cette époque, il leur est accordé par le roi une part des deniers des vins qui se débitent à Quimperlé, destinés « au rétablissement de leurs cloistres et chapitre »

D'une pièce de 1747 il ressort qu'ils avaient droit de pêche sur la rivière sur l'espace d'une lieue. 

 

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Donations et fondations

(Archives du Finistère).

Les pieuses donations faites au couvent des Dominicains, du XIVème au XVIIIème siècle, viennent de rois, de ducs, de nobles, et de gens du peuple. En voici quelques-unes : 

1384 (28 janvier). — Donation du duc de Bretagne, Jean IV, rappelée dans une pièce du 23 janvier 1492. « Aujourd'hui durant la delivrance des generaux plects de ceste court se comparust venerable et discret maistre Guillaume du Botderu maistre en theologie religieux du couvent des freres … se disant prieur du dict couvent lequel apparust et exhiba neuf mandemens patentes annexes et assembles en une mesme liasse soubz scel loyal et particulièrement signe et scelle sellon (que) est declere et dist teneur et effet (que) sensuit. 

Et premier : Jehan duc de Bretaigne comte de Monfort et de Richemont a tous ceulx qui ces presentes verront ou oiront salut. Scavoir faisons nous de nostre propre volunté et certaine science considerans que les choses terriennes sont vaines et terminables et les celestiennes fermes et perdurables esmeuz et influz en nostre conscience de la grace et esmouvement divin qui a acquerir et ediffier en son regne esmeut et admoneste toute creature, et aussy considerans la tres grande affection et dilection que nostre Seigneur et Pere que Dieu absolve avoit ez sa vie aux freres et couvent de lordre des prescheurs pres notre ville de Kemperelle en diocese de Vennes et que en larticle de  la mort il esleut establit et ordrena que son corps y fust enterré et mis ez sepulture et comme de fait y a esté mis et ensepulturé de longtemps a mesment nous considere le tres parfaicte amour et affection que les frères du dit couvent ont toujours eue et ont a nous, et aussi que le dit couvent a esté et est fondé par nos predecesseurs pour et affin que a toujours perpetuellement nouz nos hoires et successeurs droicturiers soyons participés et accomuniez ez messes oraisons prieres suffrages et autres divins offices ez biens spirituels qui sont et seront faits dits et celebrés en !église ez au couvent du dit lieu et parmi ce que le prieur et les freres du dit couvent tant pour eulx que pour leurs successeurs qui pour le tems a venir seront nous ont promis doivent et sont tenus entrautre chose dire faire dire et celebrer au dit couvent perpetuellement une messe par chacun jour en priant Dieu pour lame de notre pere et pour nous et nos predecesseurs et successeurs et ez oulte faire par chacun an perpetuellement quatre anniversaires pour mon pere et nous et nos predecesseurs et sucesseurs a scavoir est le premier au prochain mercredy ampres la feste de la purification nostre damme, le second au premier vendredy ampres les oyettieves de pacques, le tiers au prouchain mercredy ampres la feste de sainct Jehan baptiste et le quart au jour de !anniversaire de nostre dit Père, et en chacun anniversaire vigilles de neuff leysons o note et seront les dits anniversaires escripts au martirologe du dit couvent et iceulx pour acroistre la libraerye et acquerir vestemens paremens galices reliquaires et autres choses necessaires et appartenen a la sacristie ou secretamairie selon l'ordrenance et l'agreigement de la majeur partie des vaillans et plus suffizans freres du dit couvent et ez pure aumone et perpetuelle donaison irrevocable faicte entre vifs par lavisement et assentement et conseils de nos reverends peres en Dieu les prelats de Bretaigne et de nos tres chiers et bien aimez cousins et feaulx les barons de notre cours avoir livré donné cessé octroié et transporté et encores donnons cessons octroions et transportons afin et perpetuel heritage et a leurs successeurs pour nous nos hoirs et successeurs cent livres de rente a estre prises et levées et receues des dits freres du convent qui sont et seront pour le tems a venir a james perpetuellement par chacun an aux termes de la feste la purification Nostre dasme et la feste de sainct Jehan baptiste pour moitié sur les prouffits droictures et revenus de nostre dite ville de Kemperaloe de nostre chateau de Carnoat... Faict et donné en nostre ville de Vennes le 28ème jour du mois de janvier de l'an 1384 »

1400 environ. — Tinténiac, baron de Kimerch, en Bannalec, moyennant une rente de 9 livres, fonde des armoiries dans la chapelle Saint-Hyacinthe dépendant du couvent, et un service solennel à célébrer chaque année par les religieux dans l'église de Bannalec. En 1619, la famille de Tinténiac, ayant laissé la dite rente s'arrérager, et voulant toutefois y satisfaire, et conserver les privilèges honorifiques pour lesquels elle était due, transportèrent aux religieux 2 minots de froment et une pérée d'avoine de chefrente assise sur le lieu de Keramboudou en Saint-Ourc'han ou Tourhan, aujourd'hui Saint-Thurien, avec réserve d'une rente de 24 sols tournois, du droit féodal et de seigneurie. 

1523. — La dame du Hautbois, douairière de Kerigomarch fonde deux messes, moyennant une rente de 11 livres, réduite à 6 livres monnaie, assise sur la terre de Kerigomarch, en Arzano. 

1583. — Fondation par François Morice, d'une messe et d'un service, moyennant une rente de 7 livres 4 sols tournois. 

1609. — Ecuyer Gilles de Coatguelfen et Marie Coadic, sa femme, sieur et dame de Corn-an-Gasel fondent des services, moyennant une rente de 12 livres sur Keruscun en Scaër. 

1611. - Fondation d'un service annuel solennel par François Lohéac, sieur de Kermorgat, moyennant une rente convenancière de 4 minots de froment rouge, à la mesure de Quimperlé, avec le fonds sujet à cette rente sur une tenue par dehors (c'est-à-dire sans bâtiments d'habitation) au village de Kerencoat en Guidel. 

XVIIème siècle (1ère moitié). — Fondation de Dufeigna de Keranforest, de Quimperlé, moyennant une rente constituée de 60 livres sur des droits réparatoires au lieu de Kerdrain en Riec. 

1618. — Rosmadec, baron de Mollac fonde des prières et s'oblige à restaurer un vitrail au-dessus de la grande porte de l'église du couvent, ainsi qu'à l'entretenir à ses frais, parce qu'il y pourra placer telles armes et alliances que bon lui semblera. Le prieur du couvent, au nom de ses religieux, et en son nom, promet de garantir le bienfaiteur envers et contre tous. Cet acte signale des armes de rois et de ducs dans l'église, sans les décrire. 

1623. — Fondation d'un Stabat solennel et d'autres prières par les époux de Jauregui, sieur et dame de Kercoteletz, de Quimper, moyennant une rente de 10 livres. 

1624. — François Lohéac et Louise Tuault, sa femme, sieur et dame de la Villeneuve en Rédéné, fondent une messe basse, moyennant deux rentes de 12 livres tournois et 10 sols monnaie. 

1635. — Fondation d'une messe basse par Jeanne Lohéac, veuve de Jauréguy, moyennant une rente de 6 livres tournois sur tous les biens de la fondatrice. 

1636. — Louis XIII, en mars 1636, accorde des lettres patentes pour la construction d'un pont à Quimperlé, sur l'Ellé : « Le Seigneur Roy en consequence d'autres lettres obtenues par les religieux [dominicains] du duc Jean de Bretagne du vingt et cinquiesme aoust mil trois cents quatre vingts un permet accorde et octroie aux dits religieux pleine puissance de faire construire et bastir a leur depens un pont de pierre ou de bois sur la rivière de la ville de Quimperlé au lieu et endroit designé par les dites lettres et par le plan de la dite ville y attaché par lequel lon puisse librement et seurement passer de la dite ville au faubourg ou est sittué le dit couvent a la charge que lesdits religieux et leurs successeurs en icelui seront tenus de faire dire et celebrer à perpetuité en leur églize deux basses messes par chacune sepmaine pour la sancté du dit Seigneur Roy et de ses successeurs roys et que les habittans du dit Quimperlé ne seront en aucune façon obligés aux frais du bastiment et entretenement dudit pont si ce nest de leurs consentements... » (Archives départementales, 20 H 4). 

1638. — Jeanne de Stanc'hingant, douairière de Kergouic, demeurant à Cléguer (diocèse de Vannes) fonde deux messes, l'une à chant, l'autre à basse voix, moyennant le don d'une moitié de tenue à domaine au village de Moustoir-Bihan en Meslan, et de la rente de 10 sols monnaie, un minot de froment rouge, un demi-minot d'avoine (mesure du Faouët), un chapon et moitié des corvées et servitudes. 

Avant 1642. — Guillemette Lohéac, dame de Kervagat, fonde une première messe tous les dimanches avec aspersion à l'issue d'icelle, moyennant une rente de 6 minots rides de froment, mesure d'Hennebond. 

1643. — Ecuyer Guy Testou, seigneur du Cosquer, demeurant au Lain en Lothéa, moyennant une rente de 6 livres, fonde deux services avec vigiles, et une tombe dans l'église du couvent, si le testateur meurt à Quimperlé. 

Les époux Jourdrain, sieur et daine de Coédor, en Guidel, fondent deux messes et une tombe, moyennant la somme de 9 livres, puis celle de 11 livres tournois, au principal de 220 livres. 

1643, 1653. — Marguerin Pégasse, sieur de Coataven, en 1643, et dame veuve Pégasse, en 1653 fondent une messe à haute voix et une lampe ardente vis-à-vis l'autel du Saint-Rosaire. Pour la messe on donne 200 livres, pour l'entretien de la lampe, une rente de 20 livres. 

1646. — Charles Lohéac fonde deux messes à notes, moyennant un don de 200 livres. 

1659. — Yves Lohéac, sieur de Kerroc'h, fonde deux messes à notes, moyennant une rente de 50 sols monnaie. 

1660. — Robert de Lafontaine, de Quimperlé, fonde deux messes à chant et un service, moyennant un don de 15 livres et une rente foncière de 60 sols tournois, assise sur jardin et verger situés au haut de Lovignon, en Rédéné. L'honoraire de messe était de 8 sols. 

1661. — Fondation de prééminences dans l'église du couvent, par Guillaume Le Bouyec, sieur de Keransquer, en Rédéné, moyennant une rente, non qualifiée, de 7 livres monnaie, assise sur la terre de Keransquer. 

1662. — Marie de Jauregui, veuve de Penméné, fonde deux messes de Requiem, moyennant une rente convenancière de 6 minots rides de froment, mesure d'Hennebont, plus les corvées non appréciées, sur une tenue à Brorimont, en Moëlan. Il est stipulé dans un autre acte, par les héritiers de la donatrice qu'elle aura une tombe dans l'église et qu'un cierge sera allumé sur cette tombe pendant les messes et les offices recommandés dans l'église. 

1670. — Jeanne Carré, dame de Guerros, femme du sieur Lohéac, demeurant à Rosgrand, en Rédéné, fonde une messe et une tombe, moyennant une rente foncière de 6 livres, assise sur maison et dépendances, près de la rue des Cinq Croix, paroisse de Rédéné. 

1676. — Jacquette de Coetnours, veuve Le Béchennec, fonde des messes et des prières, moyennant une rente convenancière de 7 livres 10 sols, assise sur Kernarénon en Rédéné. 

1679. — Françoise Carré, femme de Kerret, demeurant au manoir de Rosgrand en Rédéné, fonde des nocturnes et des messes, moyennant une rente convenancière de 4 minots de froment rouge, 18 sols en argent, 1 chapon, des corvées appréciées 4 livres 10 sols, sur une tenue au village de Kerguimarc'h ou Kerguimarec, en Clohars-Carnoët. La fondatrice donne, au surplus, une jupe de moire verte avec sa garniture de dentelle d'argent, pour un devant d'autel à la chapelle de N.-D. du Rosaire, où elle fera apposer ses armes et celles de son mari. 

1688. — Fondation de messes et de tombes de Françoise et Jeanne Carré, moyennant deux rentes, l'une de 6 livres sur une maison et dépendances rue aux Porcs, paroisse de Saint-Michel en Quimperlé, l'autre de 60 sols sur le lieu de Kerroux en Quéven (diocèse de Vannes). 

1689. — Le sieur Le Gouyec, prêtre à Guidel (diocèse de Vannes), et les époux Costaouec fondent un sermon pour l'instruction des personnes enrôlées dans la confrairie du Saint Rosaire à Clohars-Carnoët, sermon qui sera donné par un dominicain de Quimperlé, le jour que le recteur de la dite paroisse jugera le plus utile à ses paroissiens et le plus commode au prédicateur, après toutefois le décès des fondateurs et l'érection de la confrairie du Rosaire. Pour cette fondation est attribuée au couvent une rente annuelle de 4 livres 10 sols, assise sur des droits réparatoires aux villages de Kervellec, Keranquernecq, Kernevez-Pouldu et ailleurs en Clohars-Carnoët. 

1691. —  Gilles Marot, sieur du Glazéno, fonde 20 messes basses, moyennant un don de 240 livres. Un sou sera donné à chaque pauvre qui se trouvera à l'enterrement et au service d'octave.

1695. — Alexis de l'Aage, seigneur de Kerigomar, fondateur, fait au couvent un don de 100 pistoles pour 2.000 messes, et de 1.500 livres « pour réparations de l'église de Saint-Jacques du prieuré du Bourgneuf (couvent des Jacobins) »

1701. — Botderu, sieur de Kerdrého, moyennant une rente de 30 livres par an, fonde des prières pour les défunts et une adoration perpétuelle du Saint Sacrement. 

1702. — Marie Fourmantin, soeur du Tiers-Ordre de Saint Dominique, servante d'un prêtre à Quimperlé donne au couvent une rente constituée de 11 livres 2 sols 2 deniers et un principal de 200 livres y affecté, pour une fondation de messes avec sonnerie et vigile des morts, ainsi que d'une tombe dans l'église du monastère. 

1705. — Soeur Vincente Grout fonde un service et 12 messes basses, moyennant une rente constituée de 10 livres, au principal de 180 livres. 

1713. — Noble homme Jacques Caillebote fonde une messe annuelle moyennant une rente féagère perpétuelle de 30 sous tournois sur une maison rue à l'Herbe, paroisse de Saint-Colomban en Quimperlé. 

1721. — Jean-Thomas Lalau, sieur de Maisonneuve, notaire et procureur à Quimperlé fonde une messe basse, moyennant une rente constituée de 27 livres 15 sols 7 deniers, avec le principal de 500 livres y affecté. 

1746. — Yves Pitouays, sieur de Penenrun, fonde une messe, six Saluts et un droit de tombe dans l'église du couvent, moyennant 274 livres pour la troisième fondation et 1200 livres qui seront placées en fonds de terre ou en rente constituée. 

1788. — Ecuyer Yves Geffroy, seigneur de Kerisperts et de Kervégant fonda une messe et des prééminences dans l'église du couvent, moyennant une rente de 30 livres, assise sur la terre de Kervéguant en Arzano. 

 

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Historique.

La notice du Père Pinsart mentionne la chute de l'église du couvent en 1592. Cette même année, un procès-verbal, dressé, à la requête des religieux, par le sénéchal de Quimperlé, constate : -1° que l'église manque de réparations dans l'endroit du choeur, et qu'ailleurs elle menace ruine ; -2° que le clocher s'est effondré. -3° que le maçonnage semble toutefois suffisant pour porter les réparations à faire à l'église ; -4° que tout le corps-de-logis manque de bois et de couverture ; -5° que les religieux ne peuvent s'acquitter du service divin (Note : Jusqu'au début du XVIIème siècle, le service divin des Dominicains se fit dans une petite chapelle proche du couvent). 

En 1613, un arrêt du Parlement de Rennes, condamne tous ceux qui ont des prétentions aux vitraux de l'église du couvent, à les faire réparer, sous peine de déchéance. 

En 1619, on refait le lambris de l'église ; les sieurs Jourdrain, de Guidel, y aident les religieux, à condition d'y avoir leurs écussons. 

Le pont construit par les Dominicains en vertu des lettres royales de 1636 fut achevé en 1643. On y voyait une croix en granit reposant sur deux tables de pierre. L'une de ces tables portait l'inscription : JESVS MARIA DOMINICVS ; l'autre était ornée d'un écusson aux armes des Frères Prêcheurs, surmonté d'une date A D 1640. 

Ce pont donna lieu à de multiples contestations. 

Un premier procès avec les Bénédictins de Sainte-Croix se termina par une reconnaissance aux termes de laquelle « les jacobins consentent que les fermiers des bénédictins lèvent à jamais les devoirs de sel et autres denrées, qui sortent de Quimperlé, par le nouveau pont, de même façon qu'ils sont fondés à les lever au pont de terre de Vannes, sans que pour cela les bénédictins puissent prétendre à autres droits sur le dit pont de Saint-Dominique »

Un nouveau procès commença en 1681, à propos des réparations du pont de Bourg-Neuf, dont la solidité était menacée par les travaux de l'Abbé Charrier de Sainte-Croix, autour de son abbaye. Ce dernier avait fait élever un mur avancé de 10 à 12 pieds dans la rivière, dont les eaux rétrécies allaient heurter les arches du pont. Le crédit dont jouissait Charrier près du duc de Chaulnes, fit échouer les prétentions d'ailleurs fondées, des Dominicains. 

Vers 1686, le duc de Mazarin engage les Jacobins à réparer le pont du Bourg-Neuf ou à le céder aux Bénédictins. Un arrangement fut rédigé, mais l'abbé Charrier ne voulut point y adhérer. Le procès se termina en 1767, par la cession de ce fameux pont à la ville de Quimperlé. 

Vers la fin de 1637, les Dominicains présentent au Parlement les doléances suivantes : 

- 1° Malgré tous les services qu'ils rendent, il leur est impossible d'échapper à la haine de certaines personnes qui les persécutent ; 

- 2° On veut empêcher les fidèles de leur faire l'aumône, et eux, religieux, de visiter les malades et de dire la messe à l'église Sainte-Croix ; 

- 3° On s'est rendu jusqu'à leur couvent, pour tourner en risée le prédicateur, et pour commettre des indécences et des voies de fait ; 

- 4° On s'est refusé à publier les avis de cérémonies et d'offices divins, envoyés par eux au clergé de Quimperlé ; 

- 5° On a défendu aux fidèles d'aller entendre dans leur église la parole de Dieu ; 

- 6° On a couvert de boue les placards ou annonces des fêtes, offices et exercices religieux qui ont lieu dans leur communauté. 

La Cour, vu cette requête, fit défense à toute personne de troubler les suppliants dans l'exercice de leurs fonctions en leur église, et décerna commission au Procureur du roi pour informer des faits dont se plaignent les exposants. 

Comme conséquence de cet arrêt en intervint un autre « qui fait commandement à toute personne de marcher aux processions, enterrements et autres assemblées, séparément des dits religieux, avec défense de se mêler entre les prêtres et les Jacobins, sous prétexte de porter les croix, les bannières, les torches, etc... »

Malgré les défenses du Parlement, quelques laïcs osèrent s'emparer des croix et des bannières de l'église Saint-Colomban et se placer immédiatement avant et après les Jacobins. Avertis de cesser leur marche et leurs indécences, ils en vinrent à des menaces envers les religieux, et par là, forcèrent ces derniers à se plaindre de nouveau et à demander l'exécution de l'arrêt précité : ce qui leur fut accordé. 

En 1656 d'anciens religieux du couvent, qui n'avaient pas accepté la réforme, adressaient à Nantes, à un marchand du nom de Vazé, un certain nombre d'objets qu'ils avaient pris au monastère. Celui-ci les logea dans un magasin qu'il possédait aux Couëts, près de Nantes. Le tout comprenait un bahut, dix barriques, deux ballots et un coffre. Le procès-verbal suivant, rédigé à la requête du Père Guillouzou, prieur du couvent de Quimperlé, est très curieux : « Et faict faire ouverture du dict bahut en presence du dict pere Guillouzou et autres religieux du dict couvent de Nantes et du dict Vazé... aurions veu quil estoit plain de hardes et ornementz deglise. Et premier un chasuble de drap d'or gasté de pouriture, un autre de velours rouge aussi gasté, un autre de satin rouge gasté et pourri, un autre de damas bleuf aussi gasté, un autre de satin noir aussi pourri et gasté, un autre de thoille dargent a fleurs, un autre de velours à fleurs bleuf aussi gastéz, un autre de velours noir poury, un autre de velours rouge aussi poury, un autre de velours noir commensé a pouryr, un autre de taffetas viollet, un autre de thoille de cotton noir, un autre de velours a ramage vert, un autre de taffetas a fleurs, un autre de camelot blant, un autre de satin bleuf avec une garniture d'estolles et fanons, deux dalmaticques de taffetas à fleurs, un autre de velours bleuf a fonds bleuf en partie gasté, une dalmatique en broderie, une autre dalmatique de satin blanc, un autre dalmatique de taffetas caffart, un devant dautel de velours rouge avecq de largent et un autre de velours noir en partie gasté, un autre devant dautel rouge aussi en partie gasté, un devant dautel de tabie couleur de roze, un autre devant dautel coulleur de silvie, un autre devant dautel de tabie a fleurs et fond blanc, un autre devant de taffetas blanct pouri, huict voysles de callise de taffetas velours et satin de plusieurs coulleurs, sept palles de callisse de velours, deux guimpes de taffetas blanc, huict corporaux et un petit paquet de purificatoires, deux aubes, deux amitz. 

Et aussi faict ouverture du ballot, unne credensse de justame rouge et blanc, unne escharpe de taffetas orangé avecq dantelle dor, un autre de taffetas orangé avec dantelle dor, un autre de taffetas vert avecq dantelle dor, un ciel de damas rouge avecq de la frange, unne dalmatique de damas caffart, unne chappe de velours rouge en broderie, un chasuble de damas dargent, un tableau de sainct Antonin, un autre tableau de sainct Thomas daquin gastéz, un devant dautel de damas caffart, un autre credense de justame, unne dalmatique de satin rouge, un devant dautel de taffetas coulleur de silvie, un tappi vert en broderie, un devant d'autel de damas a fleurs font vert, un dalmatique de damas à fleurs font blanc, un devant dautel de damas blanc, un autre devant d'autel de taby a fonds blanc, un autre de camelot blanc gasté de pouriture, un autre devant dautel de damas caffard, unne dalmatique de satin noir, un devant dautel douvrage de fil doublé de rastz rouge, un devant dautel de satin noir, un vieil devant dautel de satin blanc en broderie et decouppe, trois voysles, une bourse et deux palles, un autre vieil voille noir, un coussin noir, deux grands chandeliers de cuivre, et un petit aussi de cuivre »

Le lendemain, 24 octobre, au couvent de Nantes on fait ouverture des barriques où l'on trouve des livres et quelques ornements. Le tout est remis entre les mains du prieur qui est chargé de présenter ces objets à toute réquisition de la justice. 

Le jour suivant, 25, on se transporte à la maison de La Boultière, proche le bourg des Couetz. Le dit Vazé y présente deux ballots couverts de toile et un petit coffre de bois de noyer. Ces objets lui auraient été envoyés par le Père Davoyne, ci-devant prieur du couvent de Quimperlé, pour qu'il en vende le contenu. Ballots et coffre sont portés au couvent de Nantes. On trouve dans les ballots. « Un chasuble de damas rouge, unne tunique de satin noir, un chasuble de camelot blanc, un chasuble de damas blanc, un chasuble de velours et ramage de couleur de feuilles mortes, une chappe de velours rouge a ramage et lorfaict en broderie, un chasuble de satin Isabel, un drap mortuaire de sarge, un chasuble de damas vert, un chasuble blanc de soie, un chasuble de velours a ramage, une chappe de taffetas à fleurs rouges, une chappe de taffetas à fleurs blanches, une dalmatique de velours rouge en broderie, deux dalmatiques de damas vert, un devant dautel de sarge viollette, un dalmatique de velours rouge, une chappe de damas blanc, un devant dautel de velours rouge, un chasuble de damas vert, un devant dautel a tapie mortuaire, une vieille escharpe bleufve, une autre escharpe de velours vert. Dans un autre ballot, une nappe dautel vieille a dantelle, unne longue nappe de communion, onze aulbes, quatre surplis, trois amitz, unne nappe dautel a dantelle, une petite nappe a dantelle, unne nappe de communion, unne petite nappe dautel, une petite courthine de thoille, unne tauviolle a ouvrage, une petite nappe dautel, autre petite nappe dautel, autre nappe dautel, sept ceintures, une autre petite nappe dautel vieille, autre petite nappe dautel »

Le coffre contenait un certain nombre de sacs avec des parchemins et des papiers. Voici les titres apposés sur quelques-uns de ces sacs : « De la foire et claufage de la forest ». « Contre le sieur d'Aiguilon au nom des religieux de Quimperlé ». — « Pont Sainct Dominique ». — « Contracts, testaments, transactions du priorat du père Pinsart ». — « Affaires de l'ordre ». — « Privilèges pour les sepultures, confessions, et condictions de messes ». — « Privilèges du droict de la foire »

On signale également « plusieurs papiers ou parchemins aux grands sceaux qui semble privilèges et attributz a la maison sur lun desquelz est escript lettres des ductz Arthur, pierre, françois et Charles Roy »

Choisis par le Père Guillouzou, Guillaume Lemonnier et François Dorion, libraires et imprimeurs à Nantes, estiment à 570 livres 5 sols la dépréciation des livres contenus dans les barriques (Archives départementales, 20 H 4). 

Antérieurement à 1662, la ville de Quimperlé, afin de rendre la rivière plus navigable, avait fait élever un talus sur la grève, et l'avait joint au mur d'enclos du couvent des Jacobins. L'espace laissé libre, le long de la rivière, entre le talus et la muraille de clôture, servit alors de dépôt de lest aux bateaux qui abordaient en ville, et ne tarda pas à se combler. L'endroit devint un lieu de promenade, et la ville le revendiqua comme sa propriété. Un procès s'ensuivit avec les Dominicains, qui par décret de l'intendant de Bretagne, du 9 mars 1749, furent maintenus dans « la propriété et jouissance du terrain joignant leur bois et nommé l'ancienne digue, jusqu'à la porte qui sert pour la décharge de leurs vins et provisions ; fait défense à la communauté de Quimperlé de les troubler dans la coupe et dans la disposition des ormeaux plantés sur ledit terrain, parce que, néanmoins, au cas que la ville se trouve en état de continuer pour l'utilité publique ce nouveau quai qu'elle a commencé du côté du Bourg-Neuf, elle n'y pourra être opposée » (Archives de la mairie de Quimperlé). 

En 1598 la peste dévasta Quimperlé. Pour s'être voués à saint Grégoire, l'un des patrons du couvent des Jacobins, les habitants virent bientôt cesser le terrible fléau. 

Comme témoignage de gratitude, ils firent voeu de célébrer annuellement, une procession, à laquelle assisterait, avec les autorités, le clergé tant séculier que régulier. Un acte de la communauté de ville du 10 Mars 1684 reconnaît la procession comme traditionnelle

Cette procession partait de l'église des Bénédictins pour aller à celle des Dominicains, d'où elle était reconduite à son point de départ. 

Les Bénédictins soutenaient que de droit immémorial, ils avaient le droit de préséance dans les processions, qu'ils jouissaient, au surplus, du droit d'occuper les premières places dans l'église des Jacobins, au jour de la procession votive, et même d'y chanter la messe. 

A ces prétentions les Dominicains firent opposition. Un arrêt du Parlement de 1734 leur enjoignit de se rendre à la procession de Saint-Grégoire, de la reconduire dans l'église des Bénédictins, et de céder à ces derniers les premières places au choeur. 

Un acte du 5 juin 1772 nous apprend que le sieur Joly de Rosgrand, sénéchal de Quimperlé, vient de restaurer la chapelle de Saint-Hyacinthe située dans l'église conventuelle. Cette pièce est inscrite à la suite d'un aveu des sieurs de Tinténiac qui possédaient des droits et prééminences dans la chapelle de Saint-Hyacinthe attenante du côté de l'Evangile au choeur de l'église des Jacobins ; mais par acte du 21 janvier 1769 ils avaient abandonné ces droits au sieur Joly de Rosgrand qui, le 29 octobre 1770 s'était empressé d'y inhumer son fils, René-Hyacinthe Joly âgé de 16 mois, fils de Simon Bernard Joly de Rosgrand et de Catherine Louise Briant du Stanc. 

L'an 1772, le 5 juin, les notaires de Quimperlé certifiaient « s'être transportés à l'abbaye blanche, au chapitre, et y avoir trouvé le R. P. Jean Rohr professeur de théologie, prieur, Pierre Mevel sous-prieur, Pierre Onyer sacristain, et François Meheust procureur, tous religieux de la dite abbaye et messire Simon-Bernard Joly de Rosgrand seigneur de Rosgrand, Kergueffre, Kerbrech, etc., sénéchal de Quimperlé, conseiller du Roi, son premier magistrat civil et criminel, demeurant en son hôtel, paroisse de Saint Michel. Les religieux dominicains ont reconnu que la chapelle qui est la première et joint le sanctuaire près le maître-autel côté de l'Evangile, était en ruines et devait être interdite, qu'elle était conséquemment abandonnée, quand le sieur de Rosgrand, seigneur fondateur et patron de cette chapelle qui lui est prohibitive, répondant au désir des révérends pères, a cette année et précédemment fait toutes les dépenses pour sa réédification ; dont toutefois le massif ni la pierre sacrée de l'autel n'ont souffert aucun dérangement. La dite chapelle étant établie à grands frais par le sieur de Rosgrand, les dits pères ont cru devoir reconnaître son titre de fondateur, s'il ne l'était déjà, et la cérémonie de la bénédiction de la chapelle sera différée jusqu'à la visite prochaine du R. P. Julien Pierre Loyseleur, licencié en théologie de Paris, provincial de l'O. P., ou autre qu'il pourra substituer » (Papiers Audran, Quimperlé). 

Dans une pièce du 27 février 1790 tirée des Archives départementales, qui est la déclaration de l'état des biens en 1790, nous relevons les détails suivants : … « Ce couvent dont l'enceinte fermée de murs, comprend environ trois journaux de terre, est composé d'une église dédiée à saint Jacques, d'un cloître, de trois dortoirs, d'un verger fournissant annuellement la provision de cidre, d'un jardin qui, outre les légumes pour la consommation intérieure, produit encore environ 100 livres chaque année, d'un bouquet de bois de haute futaye devant la grande porte de l'église. Cette maison reçoit sur le domaine du Roi 96 livres léguées par les ducs de Bretagne ses fondateurs à charge de prières et oraisons ; et son chauffage dans la forêt de Carnoët évalué 300 livres. Elle possède une allée d'arbres commençant à la porte extérieure du couvent et finissant au pont Saint Dominique bâti et possédé jadis par les religieux, mais cédé à la ville. Il ne reste plus qu'un côté de cette allée, l'autre ayant été détruit pour l'élargissement de la grande route de Lorient et Hennebont »

Outre quelques domaines congéables et rentes foncières, le couvent perçoit : 

- De la famille Bocozel … 16 livres. 

- De la terre et seigneurie de Keransquer … 8 livres 

- De la terre et seigneurie de Kervégan … 30 livres 

- De la terre et seigneurie de Rosgrand … 8 livres 

- De la terre et seigneurie de Kerigomarch … 7 livres 

- De la seigneurie de Poulras, près le quai, à Quimperlé … 20 livres

- De l'Hôpital de Quimperlé … 6 livres 

Soit un total de : 1.978 livres. 

Charges. — « Tous les biens ci-dessus sont des fondations et se trouvent chargés de 110 messes à chant à 2 livres chaque et  416 messes basses à 15 sols selon le tarif du diocèse ». Le total des charges est de : 934 livres.

Mobilier. — Extrait de la déclaration des biens du couvent faite par les religieux en 1790. « L'église dans laquelle, vis à vis du maître autel repose dans un tombeau de bronze, le corps de Jean de Monfort, duc de Bretagne, époux de la fameuse et belliqueuse comtesse de Montfort, lequel y fut inhumé en présence de Jean quatre, son fils et les Etats assemblés dans la dite maison, le 26 septembre 1345. L'église est composée d'un maître autel, d'un choeur boisé, d'une tribune, de cinq chapelles. L'argenterie consiste en une croix, deux chandeliers d'acolytes, un encensoir, un soleil, un ciboire, trois calices, un plat et deux burettes, deux statues destinées par le donateur à être portées par le célébrant aux processions, et un reliquaire garni d'argent ; les chasubles, chapes et devant l'autel en petite quantité sont très-simples, le linge presque usé ; il y a un pupitre, quatre livres de chant, trois cloches. Dans l'intérieur de la maison, une bibliothèque fort incomplète, ruinée par les guerres civiles ; elle peut contenir environ cent volumes in-folio, quatre-vingts in-4° et deux cents in-12° ; il n'y a aucun manuscrit si ce n'est quelques cahiers de philosophie, .... Fait et arrêté entre nous, ce 27 février 1790. Ainsi signé en la minute : frère Pierre Fissot, prieur des dominicains de l'abbaye Blanche de Quimperlé, frère Pierre de Launay, frère Jean Le Louire » (Archives de la fabrique de l'église Sainte-Croix de Quimperlé).  

Le 11 mai 1790, la municipalité venant s'assurer des intentions des religieux de sortir ou de demeurer dans leur couvent, trouva un personnel fort réduit. 

« Le père Pierre Julien Fissot prieur a déclaré que ses réflexions ne sont pas encore faites, qu'il est âgé d'environ 40 ans dont il a passé 24 en religion, qu'il est profès du couvent de Rennes. Il déclare de plus que le père Yves Guyomare profès dans cette maison est religieux prêtre dans le couvent de Vitré, et que le frère Henry Coquil, profès de cette maison en qualité de frère convers, est actuellement en la maison de Rennes. 

Le père Pierre de Launay interpellé a déclaré que de préférence il resterait finir ses jours dans l'Ordre, pourvu qu'il ne fut contraint à monter à l'autel journellement, sans aucune considération à ses infirmités qui souvent le font souffrir beaucoup plus quand il lui faut officier. Quant à son âge, a dit être âgé de cinquante six ans, un mois et onze jours. 

Le frère Jean le Louer âgé de 46 ans déclare que son intention est de rester dans l'Ordre et de résider dans la maison qui lui sera indiquée » (Archives paroissiales de Sainte-Croix de Quimperlé. — Le couvent n'avait donc que trois religieux au moment de la Révolution. Il en comptait douze en 1623, vingt en 1635, seize en 1662, onze en 1702). 

Le couvent des Dominicains fut vendu, en 1793, à un sieur Beauvais, qui le revendit à M. et Mme Le Maistre. Ceux-ci y demeurèrent jusqu'à la venue, des Dames de la Retraite qui en firent l'acquisition en janvier 1808. Les bâtiments qu'elles occupent alors portent les dates de 1636 et 1671. 

Note : Le couvent et ses dépendances furent vendus par le district de Quimperlé le 8 août 1793. M. Alexandre-Pierre Beauvais, fils de l'acquéreur de 1793 les vendit à M. et Mme Maistre de Quimperlé, aux termes d'un acte du 26 germinal an IX, et les époux Maistre par acte du 12 janvier 1808, au rapport de M. Manciel, notaire à Quimperlé, cédèrent la propriété des dominicains pour le prix de seize mille cinq cents livres tournois à Mlles Marie-Charlotte-Corentine de Marigo, Pétronille-Yvonne-Michelle de Kerguélen, Marie-Esprit-Laurence Gilart Larchantel, Marie-Renée Gilart Larchantel, Marie-Nicole Duvergier-Kerhorlay, Hyacinthe-Louise-Josèphe Duboisguéhenneuc de Méros, Louise-Jacquette-Corentine de Leissègue-Rosaven, Louise-Marie Guillou du Cleguer, Marie-Jacquette de Leissègue-Rosaven, toutes dames de la retraite ; lesquelles déclarèrent formellement « ne faire cette acquisition ni pour elles personnellement ni pour leurs héritiers, mais uniquement pour le compte et au profit de l'établissement consacré à l'oeuvre si charitable et si utile des retraites qui contribue d'une manière si efficace à la réforme des moeurs parmi les femmes de la campagne, et à affermir la religion dans le coeur de toutes ; établissement auquel les biens acquis sont spécialement destinés ». Elles déclarèrent de plus vouloir que le même établissement offre un asile à des veuves d'officiers de marine et autres dames peu fortunées, qui y trouveront une existence convenable à leur état, et une pension proportionnée à la modicité de leurs ressources ; elles déclarèrent finalement que si cet établissement venait à s'éteindre un jour par quelque évènement que ce soit, elles mettent dès ce moment comme dès lors, à la disposition de Monsieur l'évêque de Quimper et de ses successeurs à perpétuité, tout ce qui leur provient de l'acquisition avec ses accroissements et améliorations (tiré de l'étude de M. Audran, notaire à Quimperlé).

A la liste des prieurs donnés dans sa Notice par le Père Pinsart, il faut ajouter les noms suivants : - 1483. Guillaume de Botdéru, docteur en théologie, inquisiteur de la foi. - 1500. Jean Kermafflen, licencié en théologie. - 1657. Richard Guillouzou. - 1772. Jean Rohr. - 1790. Pierre Fissot. 

 

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Le Reliquaire

Quimperlé : abbaye Blanche des dominicains

Le 27 avril 1809 fut un jour mémorable pour la maison des Dames de la Retraite ; on dressa ce jour-là un acte intitulé : Procès-verbal relatif à un Reliquaire qui a appartenu à la Maison des Dominicains de Quimperlé ; il vaut la peine d'être cité in-extenso

« Le vingt-sept avril de l'an mil huit cent neuf, nous Michel Henry, curé de la paroisse de Sainte-Croix de la ville de Quimperlé, et Pierre Le Flô Branho, chanoine honoraire et supérieur des dames Ursulines de ladite ville de Quimperlé, commis par Monseigneur Dombideau de Crouseilles, évêque de Quimper, baron d'empire, membre de la Légion d'honneur, à l'effet de rapporter état et procès-verbal d'un reliquaire qui nous a été présenté, et présumé avoir appartenu à la maison des ci-devant Dominicains de la même ville de Quimperlé  en conséquence nous nous sommes réunis, ce jour, et avons procédé à cette appréciation comme suit : 

Extérieur du Reliquaire. Ce reliquaire en forme de quaré long présente, à son premier aspect, une petite chapelle dont la toiture est à l'impériale ; sa longueur, en mesurant par le socle, est de 14 pouces, sa hauteur moyenne 12 pouces et demi ; sa partie supérieure 10 pouces ; sa largeur dans la base est de 4 pouces 4 lignes, et dans la partie supérieure d'un pouce 10 lignes ; sa hauteur est de 8 pouces. Aux quatre coins, sont de petits pilliers en bois des isles, tournés, de la hauteur de neuf pouces 3 lignes, emboités dans des tuyaux en argent, le tout surmonté, au milieu, d'une tour en argent et en galleries, de la hauteur de sept pouces, de forme hexagone, aiant à son sommet un anneau rempli par les Armes de Bretagne, des deux côtés. 

Le coffre de ce reliquaire est en bois couvert d'une platine en argent élégamment ciselée avec figures et ornemens en vermeil, et attachée audit coffre par une quantité de petits clous. 

Dix ouvertures en forme de fenêtres se trouvent dans sa hauteur moyenne, et dans le devant de la partie antérieure qui représente la toiture sont sept ouvertures dont cinq circulaires, la sixième elliptique et la septième rectangulaire. 

Sur le sommet de la toiture sont encore deux ouvertures circulaires et deux autres de la même forme aux deux bouts, le tout destiné à la montre des reliques. 

La partie postérieure présente également dans sa hauteur moyenne dix ouvertures aussi en forme de fenêtres et trois ouvertures circulaires sur la toiture, le tout destiné à ornement, excepté l'ouverture circulaire du milieu qui présente une relique. 

A la partie antérieure du socle se trouve attaché un médaillon dont le contour est en argent ciselé, couvert d'un cristal convexe à points, sous lequel on voit l'image de la Sainte-Vierge présentant le rosaire à saint Dominique. 

Après examen ci-dessus de l'extérieur du reliquaire, nous avons fait appeler Joseph Guillerm, serrurier, à l'effet de séparer la platine d'argent du coffre. 

Nous rapportons avoir trouvé dans l'intérieur de la tour une relique aiant pour inscription ces mots : "des onze mille vierges". A l'ouverture elliptique, une relique avec l'inscription : "Vera Crux" ; à l'ouverture circulaire, au-dessous de la précédente, une relique avec l'inscription : "De sepulchro Domini" ; dans la partie à droite de l'ouverture rectangulaire, une relique avec l'inscription : "Vera spina", et à celle de gauche, une relique avec l'inscription : "De monumento Domini". 

Dans l'une des deux ouvertures circulaires placées aux deux extrémités du rectangle des reliques, les inscriptions de saint Jean-Baptiste et du soulier de la Vierge. Dans deux autres ouvertures circulaires, sur la toiture, les reliques de saint Maurice et de saint Gurlo ; que dans toutes et chacune des autres ouvertures, nous avons trouvé des reliques dont, par vétusté, les inscriptions étaient ou illisibles ou anéanties ou confondues. Le fond de toutes les ouvertures est garni d'étoffe de soie cramoisie et les reliques garanties par des verres simples. 

Intérieur du coffre. Aiant rempli cette partie de notre commission, nous avons fait ouverture du coffre par espoir d'y trouver quelques écrits probataires de l'autenticité, du tout ; nous nous sommes aperçus avec douleur que ce coffre ne contenait aucune trace ni aucun vestige d'un pareil monument. 

Par suite de notre commission nous avons fait appeler Monsieur Le Moign, recteur de Redenné ; Pierre-Louis Michel, maire de la même commune ; Yves Fichoux, marguillier ; François Ervan, propriétaire-cultivateur, et Pélagie Fichoux, aussi de la même commune, lesquels nous ont d'une voix unanime déclaré avoir été constamment dans l'opinion que ce reliquaire avait appartenu à la maison des Dominicains de Quimperlé et que depuis plusieurs années il était conservé par la commune de Redenné. 

Pélagie Fichoux a ajouté avoir caché chez elle ce reliquaire dans les temps orageux de la Révolution, et que dans un temps plus calme elle le remit audit Pierre, recteur de Redenné, lequel présent a reconnu la vérité de cette partie de la déclaration de la dite Fichoux et a dit lui-même en avoir fait la tradition à l'un de nous soussignés en présence des dits Yves Fichoux et Michel.

François Ervan a ajouté à sa déclaration avoir vu ce reliquaire chez l'ancien recteur de Redenné et que celui-ci a, à différentes reprises, certifié qu'il provenait de la maison des Dominicains de Quimperlé. 

Le frère Raymond Le Coquil, ancien Dominicain de la maison de Quimperlé, également appelé par nous, nous a fait de mémoire, sur notre interpellation, la description d'un reliquaire que, dans son temps, dans cette maison, on exposait à la vénération des fidèles, et à la première représentation du reliquaire, soumis à notre examen, il en a reconnu l'identité, et nous a proposé de le certifier en quelque manière que ce fut, s'il en est requis. 

Ensuite nous avons fait appeler François Dodeur et Hyacinthe Le Moign, anciens habitants de cette ville, auxquels nous avons fait les questions suivantes : D. — Vous rappelez-vous d'avoir vu dans l'église des Dominicains de cette ville un reliquaire richement orné ?  R. — Oui. D. — L'exposait-on à la vénération publique ? R. — Oui, on le portait processionnellement. D. — S'il vous était représenté, le reconnaîtriez-vous ?  R. — Oui. En l'endroit nous avons représenté aux dits Dodeur et Le Moing, le reliquaire qui fait l'objet du présent. Ils ont avec enthousiasme et spontanément dit : Ah! le voilà ! C'est lui-même ! et ont ajouté que tous leurs concitoyens feraient la même déclaration qu'eux, parce qu'il est de notoriété publique que ce reliquaire existait dans le couvent des Dominicains de Quimperlé. De tout quoi nous avons rapporté le présent pour être soumis à Monseigneur l'évêque, sous nos seings les dits jour et an. HENRY, LE FLÔ DE BRANHO ».

 

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Le tombeau de Jean de Montfort

Le 3 décembre 1893, en creusant un canal dans la basse-cour des Dames de la Retraite, à Quimperlé, on découvrit un tombeau. 

La découverte eut lieu au point donné comme l'église principale, et portant le n° 8, sur le plan de l'abbaye des Dominicains, conservé aux Archives du Finistère. 

Pour dégager le tombeau, il fallut enlever les terres environnantes. Pas de couvercle sur la sépulture. Puis on remarqua qu'elle avait déjà été violée, en y apercevant quantité de carreaux armoriés, la plupart brisés, débris évidents d'un pavé de choeur. 

Le fond du tombeau était garni d'un dallage en pierres, signe caractéristique d'une époque bien déterminée, la première moitié du XIVème siècle.

Une autre observation importante résultait des dimensions du sépulcre, qui mesurait 85 centimètres de largeur. On était donc en droit de se demander s'il avait été construit pour recevoir deux cadavres. 

A peu de distance et rangés parallèlement, six cadavres furent également découverts, mêlés à des débris de bois. 

Le médecin de la communauté des Dames de la Retraite, appelé à examiner les ossements du tombeau, reconnut le crâne d'un homme adulte, dans la force de l'âge. Dans le second squelette, il crut reconnaître une femme ; mais en l'absence des os pelviens, il ne put, établir que des probabilités relativement au sexe. 

Quant à l'ancienneté des restes, il fut impossible de le constater avec précision. On dut donc s'adresser à l'histoire. 

Le rapport, daté du 22 décembre 1643, adressé par le Père Yves Pinsart, alors prieur, au Père de Sainte-Marie, nous apprend qu'avant la chute de l'église, vers 1592, «  l'on a veu, au choeur du couvent, un cénotaphe ou fausse-chasse couverte de drap d'or à fleurs de velours noir »

Ce cénotaphe ne fut pas rétabli après la chute de l'église, car Ogée ne parle que du tombeau de bronze, où fut mis le duc dans l'église des Dominicains, et de la pierre tombale marquée d'une simple croix en relief qui le recouvrait (Dictionnaire historique et géographique de Bretagne, 2ème édition, I, 141 et II, 429). 

De leur côté, les Dominicains, à la veille de leur expulsion (2 février 1790), déclarent que, « vis-à-vis du maître-autel repose dans un tombeau de bronze, le corps de Jean de Montfort, époux de la fameuse et belliqueuse comtesse de Montfort »

Ils avaient déclaré dans le même inventaire, qu'il « fût inhumé en présence de Jean IV, son fils, et des Etats assemblés »

Quatre ans après, Cambry, président du district de Quimperlé, parlant des Dominicains, déclare que le comte de Montfort fut enterré sous le grand autel de leur église de Quimperlé, et il ajoute qu' « on lisait il y a peu de temps, son épitaphe au-dessus de la chapelle de saint Hyacinthe »

S'il faut en croire l'abbé de Boisbilly, une inscription ainsi conçue, aurait fait le tour de la pierre : HIC JACET IOHANNES DUX BRITANNIAE ET COMES MONTFORTIS QUI DECESSIT XX SEPTEMBR1S ANNO MCCCXLV ORATE PRO EO. 

La pierre portant cette épitaphe aurait recouvert le sépulcre en bronze, placé au-dessous du pavé du choeur, à fleur de ce pavé. Toutefois le plan de l'abbaye, dressé avant la démolition de l'église, ne l'indique pas (De La Villemarqué, Le tombeau de Jean de Montfort). 

En 1816, Mme de Brindejonc, veuve d'un capitaine de vaisseau, et pensionnaire chez les Dames de la Retraite fit encastrer dans la façade d'un appentis, au-dessus du tombeau présumé de Jean de Montfort, une stèle de granit où l'on lit : FAIT PAR  M. V. - IHS  BRINDEION MR - 1816. 

M. de Blois constatait en 1843 que toute trace de la sépulture de Jean de Montfort avait disparu (Ogée, II, p. 431). 

En 1876, Mme de Ouelen, supérieure des Dames de la Retraite fit extraire d'un endroit voisin de l'emplacement du sépulcre de Jean de Montfort un sarcophage en granit qui s'y trouvait à fleur de terre et mesurant 1 m. 55 de longueur sur 0 m. 52 de large. Quelques années plus tard, il était converti en réservoir à eau. 

H. Pérennès

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