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LES ORIGINES DE L'ABBAYE DU RELECQ

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Le sixième siècle de notre histoire bretonne est un siècle tourmenté : époque des grandes émigrations venues de Grande-Bretagne et d'Irlande, époque d'évangélisation poussée parallèlement au défrichement des grandes forêts et des plaines arides, époque de grandes luttes et de compétitions sanglantes entre des chefs dont la barbarie et les ambitions ne connaissent d'autre barrière que l'autorité des grands saints fondateurs de notre patrie bretonne.

Tandis que saint Pol évangélise le pays de Léon, le royaume de Domnonée, comprenant toute la partie nord de la Bretagne actuelle, depuis le Couesnon jusqu'à l'Elorn, est en période de révolution dynastique. Le tyran Conomor, comte du Poher, pays de Carhaix, en est devenu le régent redouté depuis la mort mystérieuse du roi Iona que la voix publique l'accuse d'avoir assassiné. Le fils d'Iona, le jeune Judual, doit fuir le palais de Conomor sous la menace d'un nouveau meurtre. Réfugié au monastère de saint Lunaire, sur les bords de la Rance, il y est poursuivi par son odieux persécuteur. Il lui échappe et se rend à la cour du roi Childebert où il est retenu plus en prisonnier qu'en protégé.

Cependant, la voix populaire gronde contre l'usurpateur devenu assassin de sa femme Tryphine et solennellement anathématisé au concile du Menez-Bré. Elle appelle le fils de son ancien roi.

Alors, saint Samson, le vaillant fondateur de l'évêché de Dol, prend le chemin de Paris. A force d'instances, il obtient de Childebert le retour du jeune Judual. Ensemble ils organisent contre Conomor l'armée de l'indépendance. Battu en deux rencontres successives, Conomor recule jusqu'au cœur de ses états, à la limite du Poher, et s'adosse à la montagne d'Arrhée, au lieu où s'élève aujourd'hui la chapelle du Relecq. La bataille se déroule en 555 sanglante et longue, au lieu dit Brank-Halleg (branche de saule), pendant que saint Samson, nouveau Moïse, priait sur la montagne. Conomor est tué d'un coup de javelot porté par Judual lui-même, et le fils d'Iona reprend possession du trône de son père.

Une légende recueillie par Albert le Grand et conservée dans le pays dans une de ces guerz qui se chantent toujours ajoute encore une scène d'horreur à la grandeur de cette tragédie.

Clotaire, roi de France, aurait conduit en personne l'armée de Judual, renforcée des bataillons francs. Dans les rangs de Conomor se trouvait le propre fils de Clotaire, Chramme, en révolte contre l'autorité paternelle. Vaincu et pris avec sa femme et ses enfants, le malheureux Chramme aurait été livré aux flammes avec sa famille dans une chaumière des envi­rons, au Cloître, dit-on ; la guerz dit à Kervorgan, dans la hutte d'un charbonnier.

Cet épisode paraît manquer de fondement. D'après les chroniques, la bataille livrée par Clotaire à son fils n'aurait eu lieu que quelques années plus tard, en 560 probablement, entre la Vilaine et Vannes. La confusion viendrait de la similitude du nom de Conomor avec celui de Conoo, comte de Wéroc (pays de Vannes), chez qui se serait réfugié Chramme.

La bataille de 555 est moins discutable. La topographie du lieu répond à la description transmise par les traditions orales. Et cette localisation de la bataille trouve encore sa confirmation dans certains noms de lieux très significatifs. Il y a quelques années, on montrait encore, au village de Mengleuz, dans le voisinage du Relecq, une grande pierre plate schisteuse, appelée dans le pays Men-bez-Comor (pierre tombale de Comorre). Plus près de Brank-Halleg se trouve Roc'h Conan (la Roche du chef), Ban Lac'h (la butte du mas­sacre) et Ros-ar-c'han (le coteau de la bataille).

Quelques années se passent lorsque intervient le grand apôtre du Léon, saint Pol. Sollicité peut-être par Judual, il dirige vers le champ de bataille où s'est joué le sort de la Domnonée son disciple, saint Tanguy, réfugié au monastère de l'île de Batz, après le meurtre de sa sœur.

Il lui adjoint douze moines tirés de ses monastères de l'île de Batz et d'Ouessant. Un grand nombre de gentilshommes de la région se joignent à eux dès les débuts du nouveau monastère.

Dans ce vallon de Brank-Halleg, le spectacle qui s'offrit à leurs regards dut être terrifiant. Çà et là les ossements épars des victimes de la sanglante lutte, restes blanchis épargnés par les loups et les oiseaux de proie. L'imagination de l'auteur de la guerz s'émeut devant ce spectacle : « Ce fut une pitié, — chante-t-il en un breton d'ailleurs assez déplorable, — De voir étendu sur le sol — le grand nombre de cadavres — dont une partie des membres avait disparu. — Les morts sont rassemblés, — dans une même tombe ils furent mis ; — suivant les écrits des chrétiens — ils sont sous les pieds de la Vierge ».

L'oeuvre principale dut être, en effet, de recueillir et d'inhumer ces débris. La chapelle qui s'éleva sur ce théâtre semé d'ossements fut consacrée à Notre-Dame-des-Reliques, d'où le nom de l'abbaye (abbatia de reliquiis) et celui du village qui l'entoura par la suite : le Relecq.

Ainsi, huit siècles plus tard, Jean de Mont­fort, vainqueur de Charles de Blois, construira la Chartreuse d'Auray sur le champ de bataille qui lui assura la couronne de Bretagne.

(abbé F. Cornou).

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