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LES DISCIPLES DE SAINT TANGUY

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Le monastère fondé par saint Tanguy n'avait rien de luxueux. Il devait être la reproduction de celui de l'île de Batz d'où Tanguy était sorti. Or, saint Pol de Léon, en fondant la communauté de Batz, y avait établi les règles suivies par son illustre maître Iltud dans son monastère de l'île de Bretagne qui servit de modèle à une foule d'autres, surtout en Irlande.

On peut donc reconstituer la physionomie de la fondation du Relecq d'après ce que nous savons des autres monastères construits à cette même époque par les disciples des grands moines d'Irlande et de la Bretagne insulaire et dont les traces ont pu être retrouvées, notam­ment à l'île Lavré qu'illustra saint Budoc et où s'écoula la jeunesse de saint Guénolé.

Les bâtiments se composaient tout d'abord de l'église, d'un réfectoire pour le repas commun des moines, d'une hôtellerie pour recevoir les étrangers. Puis les cellules des moines, sortes de logettes en planches ou même quelquefois en simple clayonnage, rarement en pierre, rangées les unes à côté des autres, dans lesquelles les moines se retiraient pour se livrer à la méditation et à leurs austérités, suivant leurs inspirations personnelles. Tous ces bâtiments s'élevaient autour d'une cour intérieure et l'ensemble des édifices était environné d'un rempart de terre ou de pierre précédé d'un fossé. En dehors de cette enceinte se trouvaient les dépendances du monastère : l'étable, l'écurie, le grenier, le four et le moulin. C'est ce même plan que l'on peut retrouver aujourd'hui encore au Relecq, à travers les modifications survenues au XIIème siècle.

Les moines étaient vêtus d'une tunique en peau de chèvre. Ils portaient la tonsure usitée en Irlande et qui consistait à raser tout le devant de la tête, à partir d'une ligne tirée d'une oreille à l'autre.

L'oeuvre à faire était de celles que des moines seuls pouvaient mener à bonne fin. La récitation du saint office n'occupait pas toute la journée. Sous la direction austère et paternelle des successeurs de saint Tanguy, les moines du Relecq aidèrent à l'évangélisation des païens encore assez nombreux à cette époque dans la région, comme en témoigne la vie de saint Pol de Léon. Une école était attachée au monastère, fréquentée par les petits jeunes gens de la région qui y apprenaient non seulement la lecture, mais la grammaire, l'arithmétique, la géométrie et la rhétorique (La Borderie, « Histoire de Bretagne »).

Mais, en même temps qu'à la conquête des âmes et à leur propre sanctification, les moines se livrèrent avec ardeur au défrichement du sol. Ce fut là le grand labeur social auquel ils s'attelèrent.

Autour d'eux, tout était solitude, forêts, terrains marécageux envahis par les joncs et les roseaux, flancs de montagne revêtus d'une épaisse et rude toison de lande et de bruyère. Ils desséchèrent les marais qui se transformèrent en prairies, leurs haches firent dans les forêts de larges trouées où poussèrent des récoltes et où s'élevèrent des arbres fruitiers. Autour des bâtiments du monastère, un verger fournissait des légumes, et l'eau des marécages, rassemblée dans un étang, servait à faire tourner les roues d'un moulin.

Le monastère devenait un vaste atelier. On y travaillait le fer, le bois ; on y tissait le chanvre et le lin ; on y corroyait des cuirs ou du parchemin ; toutes les industries de l'époque y avaient leurs métiers et leurs ouvriers.

Ces exemples étaient un stimulant et une lumière pour les populations découragées et ignorantes. Les paysans apprirent des moines la bonne culture et le travail rémunérateur et ils ne craignirent pas de se donner une famille quand, grâce aux procédés empruntés aux moines, ils se sentirent en état de la nourrir. Bien plus, ils se groupèrent d'instinct près des monastères, sûrs de trouver dans le voisinage assistance et protection pour les besoins de leur âme et de leur corps.

Alors s'éleva peu à peu autour du sanctuaire de Notre-Dame, le village du Relecq, comme partout ailleurs c'étaient des bourgs et des villes qui prenaient naissance sous des noms qui ne permettent pas de douter de leur origine monastique. On a compté que, pour la France, les trois huitièmes de ses bourgs et de ses vil­lages se sont formés de la sorte autour du centre de foi et d'activité qu'était le monastère.

Ainsi, malgré la pauvreté des apparences, la petite communauté fondée par saint Tanguy prenait, sous la protection de Notre-Dame du Relecq, un magnifique et fécond développement.

La règle, très suivie, était, nous l'avons dit, empruntée aux monastères d'Irlande. Elle allait, dans le courant du IXème siècle, se modifier légèrement pour se conformer à la constitution donnée par saint Benoît aux florissantes abbayes bénédictines. C'est en 818 que Louis le Débonnaire, désireux de mettre plus d'unité dans les diverses règles monastiques, prescrivit, par une ordonnance solennelle, de substituer aux usages anciens la règle de saint Benoît.

La transformation commença par Landevennec, sous l'abbé Matmonoc, dont Louis le Débonnaire avait pris les conseils, et se répandit peu à peu en Bretagne. Elle modifia légèrement l'habit et la tonsure. Moins dure et plus humaine, elle introduisit quelques changements heureux dans la façon de vivre des religieux. Vivant jusque là dans l'abstinence la plus rigoureuse, les moines furent autorisés à user de viande dans la maladie. Les logettes séparées disparurent. Les moines habitèrent tous sous le même toit et vécurent constamment ensemble. Les bâtiments s'élevèrent, s'élargirent, prirent un aspect plus noble et plus imposant.

Mais, pendant que s'étendait l'influence bienfaisante des moines, pendant que grandissait la dévotion à Notre-Dame du Relecq, un orage formidable s'annonçait, qui allait bientôt éclater et détruire l'oeuvre de plus de trois siècles d'efforts et de piété. La fondation de saint Tanguy n'allait pas survivre au désastre général où le Xème siècle devait précipiter la Bretagne.

(abbé F. Cornou).

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