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L'évêque de Rennes et ses auxiliaires

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évêché de Rennes

Entrée solennelle des évêques de Rennes. — Privilèges honorifiques. — Etendue des régaires de Rennes et de Rannée. — Manoirs épiscopaux. — Juridiction temporelle et droits féodaux. — Prévôt féodé. — Franchise et droit d'asile. — Anecdotes. — Election de l'évêque. — Revenus de l'évêché. — Devoirs de l'évêque envers le Chapitre. — Vicaires généraux. — Officialité. — Chancellerie ou secrétariat. — Pénitencerie.

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évêché de Bretagne : évêché de Rennes

 

L'EVEQUE DE RENNES et SES AUXILIAIRES

évêché de Rennes

L'histoire ecclésiastique de la Bretagne au moyen-âge est partagée en deux grandes périodes par les invasions normandes du Xème siècle. Nous ne savons presque rien de ce qu'était la puissance temporelle des évêques de Rennes avant cette irruption des barbares dans notre diocèse, mais nous n'ignorons pas les ruines qu'ils amoncelèrent sur leur passage, forçant les évêques, les prêtres et les moines à fuir à l'étranger avec les reliques et les trésors de leurs églises. Lorsque la Bretagne se reconstitua aux XIème et XIIème siècles, les grandes restitutions faites à l'Eglise y ramenèrent l'abondance. « Les évêques devenus riches, dit D. Morice, allèrent dans les cours des princes et bientôt ambitionnèrent quelque ressemblance avec eux : le couronnement des princes se faisait avec toutes les cérémonies qui conviennent à la majesté royale ; les évêques établirent de pareilles cérémonies dans leur installation ou souffrirent qu'on les établît ». Dans ces siècles de foi, on considérait avant tout la sainteté du caractère épiscopal méritant bien tous les honneurs rendus par les fidèles. 

Voici donc comment se faisait la première entrée solennelle d'un évêque de Rennes dans sa ville épiscopale. La veille du jour fixé pour la cérémonie, le nouvel évêque se rendait à cheval au monastère de Saint-Melaine, situé en dehors des murs de la ville, et dont l'abbé était tenu de lui donner à souper et à coucher ainsi qu'aux gens de sa suite. Le baron de Vitré était obligé d'accompagner le prélat jusqu'à cette abbaye et de lui tenir l'étrier droit quand Sa Grandeur descendait de cheval ; en revanche, « ledit cheval avec son harnois et caparaçonnement demeurait audit seigneur de Vitré, comme à luy acquis à raison de ce service ». Entré à Saint-Melaine, où tous les moines venaient le saluer, l'évêque allait vénérer les reliques du monastère, acceptait le repas que lui offrait l'abbé et passait la nuit « en veilles et oraisons ». Le lendemain matin, l'abbé de Saint-Melaine, assisté de tous ses religieux revêtus de leurs plus précieux ornements, conduisaient processionnellement le prélat de leur couvent à l'église paroissiale de Saint-Etienne ; cette église était alors considérée comme la première de Rennes, après la cathédrale, quoiqu'elle fût située dans un des faubourgs. Le recteur de Saint-Etienne attendait dans son cimetière l'arrivée de l'évêque, et ce dernier, agenouillé sur un prie-Dieu préparé à cet effet, prêtait entre ses mains un premier serment de fidélité aux coutumes du diocèse ; se relevant ensuite, le pontife entrait dans l'église et y trouvait l'attendant les dignitaires et les membres du Chapitre, ainsi que les quatre seigneurs principaux de l'évêché auxquels incombait la charge de porter la chaise épiscopale. Après s'être revêtu de ses ornements pontificaux, l'évêque prenait place sur ce siège d'honneur, que soutenaient les barons de Vitré, d'Aubigné, de Châteaugiron et de la Guerche ; il s'avançait ainsi triomphalement, précédé d'une longue suite de chanoines, de prêtres et de religieux, et suivi de la foule. La procession s'arrêtait devant la porte Mordelaise, qui se trouvait fermée : le capitaine ou le gouverneur de Rennes se présentait alors, et l'évêque prêtait un second serment de respecter les franchises de sa ville épiscopale ; la porte s'ouvrait ensuite et l'on se remettait en marche. Mais à l'entrée de la cathédrale se tenait le trésorier ou un autre dignitaire du Chapitre ; l'évêque, arrêté de nouveau, prêtait sur les Saints Evangiles un troisième serment de respecter les libertés de l'Eglise de Rennes. Il pénétrait enfin dans le sanctuaire, y adorait Dieu et y recevait les hommages de ses chanoines et de son clergé ; puis se retirant en son palais épiscopal, il y offrait un dîner, à la suite duquel le seigneur d'Aubigné « se saisissait de toute la vaisselle qu'on y avait servie, pour récompense d'avoir soutenu un des pots de la chaire pontificale » (Registre des délibérations du Chapitre de Rennes – Du Paz, Histoire généalogique, - Le Grand, Chronologie des Evêques de Rennes – Dom Morice, Histoire de Bretagne). 

Dans la suite des siècles, ce beau cérémonial subit quelques changements, dont le seul important fut la substitution de quatre bourgeois de Rennes aux quatre barons du diocèse. Malgré sa longueur, nous croyons devoir transcrire ici le procès-verbal de l'entrée solennelle du dernier évêque de Rennes avant la Révolution. Ce fut le 14 et le 15 septembre 1770 que Mgr François Bareau de Girac fit son entrée dans sa ville épiscopale.

« Le vendredi 14 septembre, MM. Le Mintier, de la Motte-Morel, de la Croix et Le Prévost de Bourgerel (tous quatre chanoines), nommés par le Chapitre pour aller au-devant du seigneur Evêque, sont partis à cet effet en carosse vers les deux heures de l'après-midi, revestus de manteaux longs et en chapeau, et se sont rendus jusqu'au pont de Cesson, où, après avoir attendu quelque temps, ils ont apperçu le carosse de Monseigneur près d'arriver à l'endroit où ils s'étaient arrestés ; et étant descendus de leur carosse ils ont vu Monseigneur descendre du sien en rochet et camail pour venir à leur rencontre. L'ayant abordé, M. Le Mintier lui a fait un compliment, auquel Monseigneur a répondu de la manière la plus obligeante pour le Chapitre et pour ses députés. Ensuite ils l'ont prié de monter dans leur carosse, ce qu'il a fait ; il en occupait seul le fond, MM. Le Mintier et de la Motte se sont placés sur le devant, et MM. de la Croix et de Bourgerel ont monté seuls dans le carosse du seigneur Evêque. Dans la marche, on a suivy l'ordre accoutumé ; le carosse où était Monseigneur avec deux premiers députés était précédé de la maréchaussée, qui vint à sa rencontre ; et suivi immédiatement du carosse où étaient montés les deux autres députés. 

Cependant MM. du Chapitre s'étaient assemblés après complies au son de la cloche capitulaire, et de là s'étaient rendus chez les Pères Bénédictins, à l'abbaye de Saint-Melaine ; entrants par la porte de côté dans le cloître, ils avaient été conduits dans la grande salle où ils attendirent Monseigneur, dont l'arrivée prochaine fut annoncée par le son de toutes les cloches de la ville, au moment qu'il descendit dans la cour de Saint-Melaine. Il y fut reçu, selon l'usage, par les religieux de l'abbaye ; les quatre députés se séparèrent de lui et allèrent rejoindre leur compagnie. 

« Peu de temps après, Monseigneur, conduit par les RR. PP. Bénédictins, entra dans la salle où MM. l'attendaient ; ils s'avancèrent au devant de lui et lui firent tous ensemble une profonde révérence. Alors M. le trésorier (Maurille Hay de Bonteville) prenant la parole, le bonnet en tête, lui fit, au nom du Chapitre, un compliment où il exprimait avec dignité les sentiments du corps ; Monseigneur lui fit une réponse remplie de tous les témoignages d'estime et d'amitié que pouvait espérer le Chapitre. Ensuite, avant de recevoir les compliments du clergé et des religieux entrés dans la salle, il monta dans la chambre qui lui était préparée, suivi de MM., auxquels il réitéra ses témoignages d'affection pour tous en général et pour chacun en particulier, lorsque M. le trésorier les lui nomma l'un après l'autre. Ils lui demandèrent à quelle heure il désirait faire son entrée le lendemain, et, s'étant informé de l'usage, il assigna aux neuf heures du matin son départ des Bénédictins pour se rendre à Saint-Etienne. MM. se retirèrent et retournèrent à la salle capitulaire dans le même ordre qu'ils étaient venus, et là il fut arresté que le lendemain l'on partirait à huit heures trois quarts pour arriver à Saint-Etienne avant Monseigneur. MM. les dignitaires (MM. Hay de Bonteville, trésorier ; de la Corbière, chantre ; de Caqueray, archidiacre de Rennes ; Gibon du Pargo, archidiacre du Désert, et de Vendomois de Saint-Aubin, scholastique) et les quatre chanoines députés furent invités à souper ce même jour, avec Monseigneur, chez les Pères Bénédictins ». 

Le lendemain, samedi 15 septembre, le Chapitre se rendit processionnellement de l'hôpital Saint-Yves, dont la chapelle servait alors provisoirement de cathédrale (nota : la cathédrale de Rennes, menaçant ruine, avait été démolie en 1756), à l'église de Saint-Etienne. 

« Les cloches de cette paroisse sonnèrent à l'arrivée de MM. du Chapitre, qui s'arrestèrent au bas de la nef, rangés en haie sur deux lignes. Quelque temps après arriva le seigneur Evêque, précédé du clergé de Saint-Etienne en teste (qui était allé au devant de lui) et des Pères Bénédictins de Saint-Melaine (qui l'avaient amené processionnellement) ; il était en rochet, camail et sans étole, sous un dais porté par quatre marguilliers de Saint-Etienne. Au moment que Monseigneur entrait dans l'église, le premier massier lui mit un carreau sur lequel s'étant mis à genoux il baisa la croix et prit de l'eau bénite au goupillon que lui présenta M. le trésorier (considéré comme recteur primitif de Saint-Etienne) ; celui-ci, après une profonde révérence au seigneur Evêque qui s'était levé, se couvrit et le complimenta pour la seconde fois. Après la réponse, le choeur chanta en musique l'antienne Ecce sacerdos magnus, durant laquelle Monseigneur, précédé de MM. du Chapitre, avança vers le sanctuaire, où les Pères Bénédictins occupaient le côté de l'évangile ; MM. du Chapitre se placèrent du côté de l'épître ; on avait eu soin de faire défendre l'accès par deux fusiliers envoyés exprès de la part du Chapitre. Après avoir fait sa prière au pied de l'autel, Monseigneur étant monté sur la plus haute marche, M. le trésorier lui donna l'étole à baiser et la lui passa au col, lui mit au doigt l'anneau pastoral, le revêtit d'une chappe, lui mit la mître en tête et la crosse en main. Ainsi revêtu de ses habits pontificaux, Monseigneur donna la bénédiction au peuple, et aussitôt la procession générale commença à défiler dans l'ordre accoutumé ; suivait sous un dais porté par les quatre marguilliers le seigneur Evêque, qui durant la marche donnait des bénédictions au peuple assemblé en foule ; en sortant de l'église, on chanta l'antienne Sacerdos et pontifex, et durant la marche on chanta successivement les hymnes Iste confessor et Jesus redemptor, perpes corona, etc. 

« Arrivé à la porte Mordelaise, le clergé séculier et régulier passa outre, et au moment que le porte-croix de l'église cathédrale toucha le pont (tombant sur les douves de l'enceinte de ville) la porte fut fermée, MM. les échevins et Communauté de ville en corps étaient restés en dedans ; le sieur Miniby, en l'absence de M. le maire, avec deux autres échevins, passant au milieu du Chapitre rangé en baie, avancèrent jusqu'au dais pour faire prêter à Monseigneur les serments ordinaires et accoutumés ; après quoi ils retournèrent rejoindre leur corps. La porte fut ouverte, l'église cathédrale entra, et au passage du seigneur Evêque il fut complimenté par un des échevins et il lui fut présenté un dais de satin blanc parsemé d'hermines, garni de franges d'argent, chargé sur le fond et sur les deux pentes de côté des armes de Monseigneur, et sur les deux autres des armes de la ville ; quatre échevins le portèrent sur le seigneur Evêque, précédés des tambours, fifres et trompettes de la ville, et suivis des autres échevins en habit de cérémonie jusque dans l'église, tandis que le choeur chantait en plein chant l'hymne Exultet cœlum laudibus

« Au bas de l'église de Saint-Yves, vers le milieu de la nef, était placé un prie-Dieu couvert d'un tapis avec un carreau sur lequel Monseigneur se mit à genoux et prit de l'eau bénite que M. le trésorier lui présenta avec le goupillon ; puis se leva, bénit l'encens et fut encensé de trois coups par ledit sieur trésorier, qui, ayant rendu l'encensoir et s'étant profondément incliné, fit au seigneur Evêque une troisième harangue, à laquelle Monseigneur ayant répondu, se mit de nouveau à genoux pour prêter les serments accoustumés : M. le trésorier lui demanda par trois fois différentes : Est-ne ingressus tuus pacificus ? Et chaque fois Monseigneur répondit : Est pacificus. M. le trésorier ajouta : Juras-tu statuta, libertates et consuetudines hujus Ecclesiœ Rhedonensis servare ? Monseigneur répondit : Juro. M. le trésorier, lui montrant le livre des Evangiles, lui dit : Tange sacra. Monseigneur y portant la main répondit : Tango. M. le trésorier lui demanda en outre : Juras-tu bona hujus Ecclesiœ non alienare et alienata revocare pro posse ? Monseigneur répondit : Juro. Tange sacra, reprit encore le sieur trésorier. Monseigneur, portant de nouveau la main sur le livre des Evangiles, répondit : Tango. Alors M. le trésorier, le saluant, lui dit : Sic intrabis fidelis

« Aussitôt, Monseigneur s'étant relevé, fut conduit de la nef jusqu'à la porte du choeur, sous le dais porté par les mêmes échevins ; MM. du Chapitre se placèrent dans les hautes stalles du côté de l'épître, les Pères Bénédictins dans les hautes stalles du côté de l'évangile, et MM. les échevins dans les basses stalles du même côté de l'évangile. Le seigneur Evêque, entré dans le choeur, alla se mettre à genoux sur un prie-Dieu couvert d'un tapis avec carreaux, placé entre l'Aigle et l'autel, à l'endroit où est ordinairement le Moyse que l'on  avait ôté (nota : L'Aigle et la statue de Moyse tenant les tables de la Loi étaient d'antiques lutrins provenant de l'ancienne cathédrale), et ensuite s'étant levé, M. Gibon du Pargo, archidiacre du Désert, et M. de Rommilley, chanoine député pour faire la fonction de l'autre archidiacre, vinrent en chappes se placer à ses côtés et demeurèrent debout ; en même temps, M. Picaud de la Pommeraye, chanoine député pour faire la fonction de chantre, entra au choeur, portant le bâton cantoral, précédé des deux chanoines assistants, du sous-chantre et des deux chappiers ; lorsqu'ils furent rendus à l'escabeau, la musique entonna le Te Deum, pendant lequel M. le trésorier, revêtu d'étole et de chappe, vint accompagné du diacre et du sous-diacre, aussi en chappes, et se tint debout au pied de l'autel ; à la fin du Te Deum, M. le trésorier, après une profonde révérence au seigneur Evêque et génuflexion au pied de l'autel, y monta, le baisa, et se tournant du côté de l'épître vers Monseigneur qui s'était remis à genoux sur son prie-Dieu, il chanta à haute voix l'oraison Deus fidelium pastor, dans-un livre soutenu par le diacre et le sous-diacre. 

« L'oraison finie, Monseigneur, assisté des deux archidiacres, avança au pied de l'autel où on lui mit la mître en tête ; ayant fait génuflexion, il monta à l'autel, le baisa et fut conduit à son trône pontifical, où il se plaça dans un fauteuil, ayant les deux archidiacres assis à ses côtés. Alors M. le trésorier, les autres dignitaires et les chanoines, chacun suivant l'ordre de sa réception, se présentèrent, l'un après l'autre, au seigneur Evêque, et après une profonde inclination baisèrent son anneau pastoral, l'embrassèrent aux deux joues, et lui faisant une seconde inclination avant de se retirer, lui dirent : Ad multos annos, pater reverendissime

« Après le baiser de paix auquel se présentèrent les sieurs sémi-prébendés et le sieur sous-chantre, Monseigneur, quittant son trône, vint au milieu de l'autel, accompagné des deux archidiacres, et donna la bénédiction solennelle ; ensuite, étant descendu de l'autel, il entra dans la sacristie ; il y fut suivi de MM. qui le reconduisirent au palais épiscopal et entrèrent avec lui dans la salle de compagnie et quelque temps après se retirèrent ; alors arrivèrent MM. de Rommilley et de la Motte-Morel, en manteaux longs et bonnets carrés, précédés des deux massiers, pour présenter les honneurs du   Chapitre, consistant en douze petits pains de demi-livre et douze bouteilles de vin rouge (nota : La Communauté de ville, à l'exemple du Chapitre, présentait aussi des honneurs aux nouveaux évêques de Rennes : ses comptes nous apprennent qu'elle offrit ainsi à Jacques d'Espinay une pipe de vin d'Anjou, deux pots d'hypocras et six quartes de vin ; — à Michel Guibé, du gibier, du vin et une coupe d'argent doré ; — à Yves Mahyeuc, du gibier et de l'hypocras ; — à Claude Dodieu, des pâtisseries et du vin, etc. (Archives municipales), et ainsi se terminèrent les cérémonies de la réception du seigneur Evêque » (Registre des délibérations capitulaires). 

Lorsque Henri II établit à Rennes le Parlement de Bretagne, en 1553, l'évêque de cette ville fut déclaré membre-né de cette assemblée ; aussi voyons-nous, à partir de cette époque, la plupart de nos prélats venir prendre place au Parlement à leur arrivée parmi nous. Dans les derniers temps, les évêques de Rennes furent, de plus, considérés comme présidents-nés aux Etats de Bretagne, lorsque ceux-ci se tinrent dans leur diocèse. Enfin, tant que notre province eut ses souverains particuliers, nos évêques prétendirent avoir le privilège de couronner les ducs de Bretagne dans leur église cathédrale : cette magnifique cérémonie, dont tous les détails et prières sont minutieusement décrits dans le Missel de Michel Guibé, fut célébrée pour la dernière fois par Yves Mahyeuc, en 1532, lorsqu'il couronna duc de Bretagne le dauphin François III. 

Outre ces prérogatives d'honneur, l'évêque de Rennes avait une juridiction seigneuriale s'étendant sur une partie de sa ville épiscopale et sur certaines paroisses de son diocèse ; c'était ce qu'on appelait le Régaire (ou Regaire) de l'évêché. 

Au moyen-âge, on nommait ainsi l'ensemble des droits temporels attachés à un évêché, à une abbaye ou à un chapitre. « Les grandes seigneuries ecclésiastiques avaient reçu ce nom de régaires ou régalles (en latin regarium et regalium) parce que, disent les uns, elles provenaient de la libéralité des rois ou des souverains du pays ; suivant d'autres, au contraire, parce que les évêques ayant été, lors de la dotation primitive de leur évêché, affranchis de toutes charges féodales, avaient sur leurs seigneuries un droit franc de toute sujétion et quasi souverain ; d'où cette expression fréquemment usitée dans nos actes : tenir en franc regaire. 

« L'origine de ces seigneuries épiscopales se perd, en Bretagne, dans la nuit des temps, et remonte vraisemblablement à l'institution même des divers évêchés ou des grands monastères qui en devinrent les sièges. Des neuf évêques de Bretagne, six, savoir ceux de Quimper, de Léon, de Tréguier, de Saint-Brieuc, de Dol et de Saint-Malo, avaient la seigneurie universelle de leurs villes épiscopales, au lieu que les trois autres, c'est-à-dire ceux de Vannes, de Rennes et de Nantes, n'embrassaient dans leur regaire qu'une part plus ou moins considérable de leurs cités. Si l'on recherche d'où vient cette différence, on verra que les six premières villes ont une origine bretonne et purement ecclésiastique, pendant que les trois autres existaient dès l'époque gallo-romaine et avant la fondation des trois sièges épiscopaux qui s'y fixèrent » (De la Borderie, Mélange d'Histoire et d'Archéologie bretonne, I, 217). 

M. Paul de la Bigne Villeneuve ayant publié une excellente notice sur le régaire de l'évêché de Rennes, nous ne pouvons mieux faire que d'en reproduire les principaux passages. 

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« Etendue du Régaire de Rennes. — La seigneurie temporelle de l'évêché de Rennes se composait de deux membres ou juridictions : le régaire de Rennes et le régaire de Rannée. La juridiction du régaire de Rennes ne s'étendait guère, dans l'intérieur de la ville, qu'aux alentours du palais épiscopal, attenant à la cathédrale, qui était également comprise dans le régaire, ainsi qu'il résulte des termes employés dans les aveux rendus par les évêques de Rennes. Je cite d'abord comme plus détaillé celui de 1682 : L'évêque (Mgr de Beaumanoir) reconnaît tenir du roi la maison et « manoir épiscopal dudit Rennes, sa cour et jardins, l'auditoire de l'officialité, les prisons et autres logements en dépendant ; le tout s'entretenant, joignant d'un côté l'église cathédrale de Saint-Pierre, par le devant le paravis de ladite église, par derrière la rue Saint-Guillaume ; le tout en la paroisse de Saint-Estienne dudit Rennes... ». « Le manoir épiscopal de Rennes, disent les aveux de 1542 (rendu par Mgr Claude Dodieu) et de 1618 (rendu par Mgr Larchiver), maisons et pourprins d'iceluy, au joignant l'église cathédrale de Saint-Pierre, ô le franc regaire appartenant audit évesque à l'entour desdictes églize et manoir... ».  

Contigu au collatéral Nord de la cathédrale, le manoir ou palais épiscopal occupa jusqu'en 1770 la majeure partie du terrain, couvert à la fin du XIXème siècle par les maisons formant le côté méridional de la rue de la Monnaie, jusque vers la rue Saint-Guillaume. Ce manoir, mentionné dans les actes dès le XIIème siècle, avait été augmenté et reconstruit en partie par l'évêque Etienne de Fougères, qui bâtit dans le verger attenant une chapelle dédiée par lui à la Vierge et à saint Firmat, compagnon de Robert d'Arbrisselles, dont il avait écrit la vie. Cet évêque rebâtit son palais en pierre « palaticum lapideum », ce qui semble indiquer que le manoir primitif, devenu de son temps la proie des flammes, était simplement en bois. Plus tard, au XVème siècle, Jacques d'Espinay y ajouta de nouvelles constructions : l'aile bâtie par cet évêque bordait la rue de la Cordonnerie (ancien nom de la rue de la Monnaie). 

Tout cela, dit M. de la Digne Villeneuve, fut vendu en 1770 à M. le président de la Houssaye, qui s'y installa pendant que l'évêque de Rennes allait prendre possession du palais abbatial de Saint-Melaine, qui venait d'être uni à l'évêché de Rennes. Sur l'emplacement du vieux manoir épiscopal ont été construites les maisons formant à la fin du XIXème siècle les dépendances de l'hôtel Jullien. 

« Outre le manoir et ses dépendances, le régaire de Rennes comprenait plusieurs maisons dans les rues du Chapitre, de la Cordonnerye, proche Saint-Aubin, rue Basse-Saint-Etienne, rue d'Echange, rue Saint-Louis, carfour Jouault, le Forsbourg-l'Evêque presque tout entier (nota : Nous avons vu précédemment que le Bourg-l'Evêque et la paroisse de Bruz avaient été donnés en 1071, par le comte de Rennes, à l'évêque Sylvestre de la Guerche, le jour même de son sacre), la Perrière, et, hors les barrières, les villages de la Tousche et de Mauvinet, vis-à-vis du prieuré de Saint-Cyr »

Le même régaire s'étendait, de plus, dans les paroisses rurales de Saint-Grégoire, de la Chapelle-des-Fougerais, de Saint-Laurent, de Cesson, de Saint-Jacques-de-la-Lande, de Chartres, de Noyal-sur-Vilaine, de Chantelou, de Nouvoitou et de Bruz, où le seigneur évêque avait des fiefs considérables et des droits étendus et importants ; enfin dans la paroisse de Poligné, où l'évêque possédait un fief « qui fut à deffunct noble et puissant Jehan de Malestroit » (Aveux de 1542 et 1618).

Le régaire de Rannée, près la Guerche, beaucoup moins considérable que celui de Rennes, se bornait aux dépendances du manoir de Rannée et à quelques maisons dans le bourg. L'évêque n'avait dans le reste du territoire de cette paroisse que des traits de dîmes, auxquelles on peut ajouter quelques rentes dues par le châtelain de la Guerche, par le maître-chapelain de l'église collégiale de Notre-Dame de la Guerche, par les prieurs de la Trinité de la Guerche et de la Fontaine-Harouys. 

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« Juridiction temporelle de l'évêque. — La Cour des régaires de l'évêque de Rennes était une haute justice, comme toutes les juridictions séculières attachées aux évêchés bretons : les appels en ressortissaient nuement et sans intermédiaire au Parlement, sauf ce que nous allons expliquer tout-à-l'heure. Hévin remarque, sur ce point, que la justice temporelle des évêques était une éclipse de la souveraine, et que c'est pour cette raison qu'on l'appelait régale ; il ajoute qu'autrefois, aux termes de l'art. 168 de la Très-ancienne Coutume, les évêques, pairs ecclésiastiques de la couronne ducale, comme seigneurs temporels en régale, donnaient des grâces et rémissions.  Quoi qu'il en soit, voici, aux termes des aveux des XVIème et XVIIème siècles, les prérogatives particulières de la justice temporelle de l'évêque de Rennes : « Quelle justice haulte il (l'évêque) et ses prédecesseurs evesques ont droict d'avoir et sont en possession de tenir de toute antiquité en ladicte chastelenye et paroisse de Bruz levée sur quatre postz. Mesme d'instituer on destituer officiers en ladicte jurisdiction secullière dudict evesque, comme séneschaux, alloués, lieutenans et procureur, les sentances desquels séneschaux, tant en matière civille que criminelle s'en vont à la chambre verte dudit evesque et de là en la Cour de Parlement dudict païs et duché de Bretaigne par mandement et relieff de la Chancellerie »

Ce second degré de juridiction, appelé Chambre Verte, et plus anciennement Grands et longs Jours, fut l'occasion d'un procès intenté en 1509 à l'évêque de Rennes par le procureur général de Bretagne, qui lui contestait le droit de réviser les jugements de sa Cour avant l'appel définitif devant le Parlement, et terminé en 1513 par un arrêt solennel rendu par le roi Louis XII, en son conseil, confirmant le droit de ressort épiscopal, en supprimant toutefois le titre de Grands et longs Jours

Des lettres patentes du roi Louis XIII, données à Paris, au mois de mars 1626, confirmèrent pleinement ce droit ainsi que tous les privilèges des régaires de l'évêque de Rennes. Cette juridiction s'exerçait le plus ordinairement dans la salle basse du Présidial de Rennes, à l'issue de l'audience dudit Présidial ; mais pour la commodité des vassaux, le sénéchal tenait de temps en temps ses audiences, particulièrement en été, au bourg de Bruz, à celui de Saint-Grégoire, et dans les autres lieux auxquels les autres fiefs du régaire s'étendaient. C'était dans les landes de Bruz qu'était assise la justice patibulaire, à quatre piliers, de l'évêque, signe de sa juridiction plénière, avec « seps et collier, proche le carefour du chemin qui descend du bourg de Bruz à aller au Manoir, dans lequel manoir il y a prisons ; et les habitans du fief Trisnel qui s'étend audit bourg de Bruz et au Chesne-Veillet, ès villages de Louesinard, des Planches et de la Noë et autres, sont tenus de garder auxdictes prisons, pendant vingt-quatre heures, si tant est besoin, les prisonniers y retenus » (Aveu de 1682). 

L'évêque avait également droit de créer, pour le service de sa juridiction, tous autres officiers tels que notaires, greffiers, procureurs, huissiers, sergents, etc. 

Quant à ce qui concerne le régaire de Rannée, cette juridiction avait un sénéchal et un receveur spéciaux pour les vassaux de Rannée et de la Guerche. 

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« Autres droits féodaux de l'évêque de Rennes. — Indépendamment de tout ce qui a rapport au droit de haute, moyenne et basse justice, attribué au régaire de Rennes, l'évêque possédait encore plusieurs autres droits découlant de sa qualité de seigneur féodal. 

Ainsi, il était seigneur châtelain de Bruz, de Rannée et de Saint-Jacques-de-la-Lande, et en cette qualité il tenait du roi (et plus anciennement du duc), à Bruz, « le manoir épiscopal, maisons, jardins, bois de fustayes, coulombier et pourpris de la chastelainie de Bruz, en la paroisse dudit lieu, contenant le tout, entre les douves, cinq journaux, les prairies contenantes trente journées, deux attaches de moulins sur la rivière de Saiche, nommés de Saint-Armel et de la Barre ; le pressouer à ban avec ses merrains et ustencils, et le droit de dixme et pressouerage des vins crûs en ladicte chastelainie, trois vignes contenantes huit journaux » ; plus le fief et bailliage de Bruz, comprenant toute la paroisse. Le manoir épiscopal de Bruz, construit probablement vers la fin du XIème siècle, fut rebâti au XVème par l'évêque Anselme de Chantemerle : sanctifié par le séjour du bienheureux Yves Mahyeuc, qui y mourut en 1541 ; habité au commencement du XIXème siècle par le célèbre jurisconsulte Toullier, dont les descendants le possèdent encore à la fin du XIXème siècle, ce manoir est agréablement placé au bord de la rivière de Seiche, à peu de distance du bourg de Bruz. 

Dans la paroisse de Rannée, l'évêque de Rennes possédait « le manoir et pourpris de Rannée, près la Guerche, qui consiste en maisons, cours, jardins, terres et deport, contenant deux journaux, et un fief en dépendant ». Le manoir épiscopal de Rannée, appelé les Salles, se trouvait à l'Orient de l'église de Rannée : il avait été donné à l'évêché, vers 1096, par l'évêque Sylvestre de la Guerche, et il fut reconstruit en 1427 par Mgr de Chantemerle, mais il n'en reste plus de traces aujourd'hui ; de ce manoir dépendaient les vignes qui ont donné, à peu de distance de là, leur nom au village appelé la Vigne-à-l'Evêque, par abréviation la Vigne-au-Vêque. 

Enfin, l'évêque de Rennes tenait encore, d'après l'aveu rendu en 1542 par Claude Dodieu : « le manoir, maison, pourprins et chastelainie de Sainct Jammes de la Lande, contenant tant en jardins et boys de hutte fustaye, environ quatre journaux de terre », sans compter les bois taillis situés dans la même paroisse, et contenant environ dix journaux. L'évêque y avait aussi « le droit de pasnaige des landes et communs »

Le manoir de Saint-Jacques, situé près du bourg de ce nom, n'était plus aux mains de l'évêque à l'époque de l'aveu de 1618 ; il avait été reconstruit vers 1425 par Mgr de Chantemerle, et, plus tard, vendu et aliéné pour acquitter des taxes imposées par le roi sur l'évêché de Rennes, en 1563. Ce n'est plus à la fin du XIXème siècle qu'une maison de ferme, mais l'édifice conserve son cachet d'antiquité et des douves l'entourent encore.

L'évêque était de plus, comme seigneur châtelain, fondateur des églises paroissiales de Bruz, de Saint-Jacques et de Rannée. Les vassaux estagers (c'est-à-dire propriétaires de maisons sous l'étendue du fief) sous son fief du Forbourg-l'Evêque, à la porte de Rennes, lui devaient « le devoir de chevauchée, le lendemain du jour Saint-Pierre et Saint-Paul, à peine d'amende ». Ce jour était celui de la foire dite des Pollieux, qui appartenait à l'évêque et à son chapitre. Pendant cette foire, l'évêque avait « droit de police, bouteillage et estelonnage sur tous vendans et debitans vins ; droit de les condamner en telles amendes qu'il appartiendrait, en cas que leurs vaisseaux, pots et pintes ne fussent de mesure ; enfin droit de connaître prohibitivement des délits, si aucuns arrivaient dans ladite foire »

Plusieurs hommes du même fief étaient tenus de faire des corvées d'août, chaque année, pour fanner le foin de la prairie de l'Evêque, située sur les bords de la rivière d'Ille, en côté du Forbourg-l'Evêque, d'une étendue de quinze journaux et prisée 200 livres de rente, en 1542. Un droit de coutume qui se levait sur le pont Saint-Martin de Rennes, et un droit de pêche et bateau sur l'Ille, complétaient les privilèges de la seigneurie épiscopale de Rennes. 

Le four-à-ban de l'évêque était situé près du caroil (carrefour Jouault), à l'entrée du Bourg-l'Evêque. Son revenu valait 80 livres tournois de rente, dit l'aveu de 1542. 

Les moulins du Bourg-l'Evêque, sur la rivière d'Ille, appartenaient pour les trois quarts à l'évêque ; le Chapitre jouissait du dernier quart, par don d'Anselme de Chantemerle, en 1405. — L'aveu de Claude Dodieu estime à 300 livres de rente la portion de l'évêque. Le fief de Bruz donnait à l'évêque, droit de fonds et de pêche en la rivière de Seiche, propriété et disposition des espaves, galois et communs, droit de garennes et refuge à pigeons, et droit de jouir, pendant le mois d'août, chaque année, du revenu du colombier de la seigneurie de Lestrillet ou Lestrillaye. — Les vassaux de ce fief devaient aussi la chevauchée, le lundi après la fête de saint Armel. Ce devoir de chevauchée consistait, tant à Rennes qu'à Bruz, dans l'obligation pour les vassaux de comparaître à cheval devant les officiers de la juridiction épiscopale, sous peine d'amende. La raison d'être de ce devoir, assez commun en Bretagne, était le maintien de l'ordre dans les foires et assemblées. 

Dans le fief de Poligné, les vassaux étaient obligés de fournir au seigneur évêque, lors et chaque fois qu'il y allait en personne, ou à ses officiers le représentant, un dîner appelé mangier, « quels officiers peuvent requerir allencontre desdits paroissiens ledict devoir de mangier et les y contraindre à le paier sur peine de l'amende » (Aveux de Claude Dodieu et de François Larchiver). Dans son fief de Rannée, l'évêque de Rennes avait encore un droit de bouteillage à raison de deux pots par pipe, outre la dîme des vins bretons.

Cinq plaids généraux étaient assignés par année pour les appropriements à faire sous le ressort des régaires de l'évêché : 1° le jour avant la veille de Noël, dans la salle de l'officialité, près de l'église cathédrale ; 2° le 28 mars ; 3° le jour de la foire des Pollieux, sous le portail de la maison des Quatre-Boeufs, carrefour Jouaust ; 4° le jour Saint-Armel, sous le portail du manoir de Bruz ; et 5° le 4 septembre, sous le chapitreau de l'église de Saint-Grégoire. 

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« Prévôt féodé. — Les aveux du régaire de Rennes constatent que c'était au fief, terre et seigneurie de Carcé, en la paroisse de Bruz, qu'était attachée la charge héréditaire de prévôt féodé de l'évêque de Rennes. Cet office imposait au titulaire l'obligation de faire exécuter à ses frais les sentences criminelles sur les sujets dudit évêque, condamnés par sa Cour séculière, et même « de fournir d'exécuteur ». On voit qu'il ne s'agit point ici d'un juge-prévôt, mais seulement d'un officier de police chargé des exécutions de la justice du régaire, office qui toutefois était, dès l'origine, rempli par des personnes nobles. 

Le prévôt, sieur de Carcé, devait de plus payer à son seigneur évêque une rente de 4 livres 10 sols, exigible le lundi qui suit la fête de saint Armel. 

En compensation de ces devoirs, plusieurs privilèges étaient attribués à la charge de prévôt. Ainsi, suivant le texte des aveux, « il a le droit de prandre et lever le droict de bouteillage sur les vendans vins et autres breuvages en la chastellainie de Bruz, scavoir de chaque pipe quatre pots ; — et de chacun boucher vendant chair en icelle paroisse et chastellainie à chacune des festes de l'Ascension, saint Jean-Baptiste, Assumption de Notre-Dame et la Toussaintz, un quartier de mouton ; — et des marchands boullangers, à chacune desdictes festes, deux blanchées (nota : la "blanchée" est la valeur d'un "blanc", petite monnaie d'argent) de pain (Aveu de 1682). Item, ô (avec) droict audict provost de faire mettre à prix par les officiers dudict evesque les vins qui sont vendus en détail en icelle paroisse ; — avec le droict et le debvoir d'estellonaige audict provost par les officiers dudict evesque sur les mezures des vendans vins par détail en icelle paroisse, à deux plaids tenuz deux fois l'an audict Bruz, scavoir apprès la feste de saint Martin au mois de juillet et apprès la feste sainct Armel » (Aveux de 1542 et 1618). 

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« Franchise et droit d'asile du Régaire. — Dans leurs aveux, Claude Dodieu et François Larchiver reconnaissaient tenir du souverain leur manoir épiscopal  « ô (avec) le franc régaire (leur) appartenant allentour desdites églises et manoir ». Ceci demande quelques explications. On sait que très-anciennement les églises cathédrales, et par extension les maisons épiscopales, jouissaient du droit d'asile, qui s'étendait à trente pas, quelquefois à soixante autour des édifices privilégiés ; c'est ce que plusieurs Conciles du XIème siècle ont appelé du nom de dextri ecclesiœ.

La franchise du régaire de Rennes présente ici une application de cette coutume vénérable, introduite pour protéger le faible contre l'abus de la force. Remarquons, toutefois, qu'il ne faut pas confondre cette immunité de l'asile religieux avec les minihis bretons, lieux d'asile aussi, mais bien plus étendus, et dont l'origine est un peu différente. 

Dans une enquête faite en 1532, pour Révérend Père en Dieu Yves Mahyeuc, évêque de Rennes, par le président de Bretagne, Louis Des Desers, à la suite d'un procès que soutenait contre le prélat le procureur général devant la chancellerie et conseil de Bretagne, j'ai trouvé, continue M. de la Bigne Villeneuve, d'assez curieux détails sur ce droit d'asile et de franchise, attribué à la résidence de l'évêque. D'abord, l'étendue de cette franchise y est ainsi débornée, d'après les dépositions des témoins entendus dans l'en­quête : « De tout temps, y lit-on, il était tenu pour chose commune et notoire audict Rennes que le tout du circuit du dehors desdictz église, cymetiere d'icelle et dudit manoir épiscopal, d'iceluy costé jusqu'au ruisseau et my-pavé de ladite rue de la Cordonnerie, d'empuis la grande porte dudict manoir, tirant amont celle rue jusques au coing et entrée d'une petite rue appelée la rue Sainct Guillaume, conduisante de ladicte rue de la Cordonnerie par emprès la Nonnerie et cohue à blé de ladicte ville à ladicte église kathedralle, et de la porte ô chapitreau d'icelle église, tirant par devant les maisons de la Provosté du Chapitre et de Psalette de ladicte église jusques au coing et arrivée de la rue du Chapitre, et dudict coing par une petite ruelle estant au derrière de ladicte église, passant par devant la porte de la maison de la Thésaurerie de ladicte église, retournant par devant le grand cymetiere d'icelle à ladicte grande porte dudict manoir, a esté et est de toute antiquité et temps immémorial lieu de franchise et immunité ; et qu'il n'est permis ne loisible à aulcuns juges ne officiers de Court et juridiction séculière prendre ny faire appréhender de corps aucunes personnes estant audict deport et circuit, tant ès maisons y estantes que sur lesdictes rues et pavez dempuis le milieu et ruisseau desdictes rues, du costé devers lesdictes église, cymetiere et manoir épiscopal et en tous les endroits desdictes methes (bornes). Quel circuit il qui parle (le témoin) a ouy de tout temps nommer et appeler, tenir, censer et réputer notoirement et publiquement le franc régalle dudict seigneur évesque de Rennes et de ladicte église kathédralle et Chappitre d'icelle et que ainsi a esté et est gardé et observé de temps immémorial. Aussi les témoins furent-ils unanimes pour déposer « avoir veu par plusieurs fois, à divers jours et ans, plusieurs sergens de la Court de Rennes… conduisans et menans aucuns prisonniers …. faire aller et marcher lesdictz prisonniers par sur le pavé de ladicte rue de la Cordonnerie de l'autre costé que celuy devers ledict manoir épiscopal, appelé le franc Régalle, et lesdicts sergens se mettre et tenir devers ledict costé dudict franc régalle, et disait-on et estait le commun dict des gens qui ce leur voyaient faire, que c'était pour doubte et crainte que avaient lesdicts sergens que ceulx prisonniers eussent passé et pris franchise audict costé du pavé devers ledict manoir ». 

En effet, d'après la législation régissant cette matière, tout coupable, tout accusé, tout individu poursuivi pour dettes ou même pour crime, s'il pouvait atteindre les limites de la franchise du régaire et y demeurer, se trouvait par là même exempt et placé sous la sauvegarde de l'asile que les officiers de justice n'auraient pas enfreinte impunément. L'enquête déjà citée nous en fournit une preuve : l'on y voit les sergents de la Cour de Rennes excommuniés par les vicaires généraux de l'évêque pour avoir saisi un accusé qu'ils trouvèrent assis « sur une grosse pierre estante jouxte le coing « de la muraille et closture du cimetière de l'église kathédralle » c'est-à-dire dans le franc régalle. Frappés des foudres de l'Eglise, les sergents furent obligés de ramener l'accusé dans le lieu d'asile qu'ils avaient violé et d'aller « à genoux requérir pardon dudict cas esdits vicaires et en demander absolution »

De l'ensemble de l'enquête citée, il résulte que le franc régalle, c'est-à-dire l'enceinte privilégiée de franchise, d'immunité et d'exemption de la juridiction séculière ne s'étendait pas, à Rennes, au-delà des limites assignées à l'asile religieux, d'après les lois canoniques. — Il est assez curieux, du reste, de voir ce privilège en plein exercice dans notre province, au moment où il était à la veille de disparaître sous les dispositions restrictives de l'ordonnance de 1539, rendue par François Ier pour corriger les abus du droit d'asile. 

Naturellement on en peut conclure qu'antérieurement ces prérogatives étaient maintenues avec une grande sollicitude. On verra par l'anecdote suivante, que raconte encore M. de la Bigne Villeneuve, à quelles solennités donnait lieu, au XIVème siècle, la réparation des infractions commises au préjudice des immunités du régaire de l'évêque de Rennes. 

Trois sergents du duc de Bretagne avaient violé la franchise de la justice séculière épiscopale, en arrachant violemment des prisons du manoir de Rennes deux prisonniers. Dès que ce scandale eut été commis, les coupables devinrent l'objet de l'animadversion générale : on cria au sacrilège ; on les proclama excommuniés. Effrayés eux-mêmes de leur audace, les malheureux sergents se soumirent à toutes les réparations en usage. En conséquence, maître Berthelot du Chasteignier, procureur général du duc de Bretagne, se présenta, le 12 novembre 1329, devant Révérend Père en Dieu messire Guillaume Ouvroing, évêque de Rennes, et lui adressa ces paroles :  « Messire, quelques sergents de Monseigneur de Bretagne sont entrés violemment dans votre manoir de Rennes, ont forcé la prison dudit manoir, et en ont extrait deux hommes, scavoir, Robert Baron et Etienne Renier, que vous voyez ici présents, et qui y étaient renfermés ; puis ils les ont emmenés avec eux en même temps qu'un cheval qui se trouvait audit manoir. Et comme ils ont reconnu que c'était indûment et injustement qu'ils avaient agi, ils sont venus me livrer ces deux hommes et le cheval, afin que j'en fisse ce qui me semblerait convenable. Or, comme je sais et qu'il me parait constant que ces deux hommes et ce cheval doivent légitimement vous être restitués, voici les prisonniers et le cheval que je vous remets présentement ». Alors l'évêque Guillaume accepta la remise du procureur général et fit réintégrer en prison ses deux prisonniers. Ces formalités furent accomplies dans le manoir épiscopal, en présence de plusieurs chanoines, prêtres, clercs et autres témoins. Mais tout n'était pas fini. Le même jour, les trois sergents coupables, Guillot de Vélobert, Jamet Piron et Guy Hates, vinrent supplier humblement Révérend Père en Dieu Monseigneur Guillaume, évêque de Rennes, de vouloir bien les absoudre de la sentence d'excommunication encourue par l'acte de violence et d'infraction à la franchise du régaire qu'ils avaient commis en forçant la prison du manoir. Ils jurèrent sur les Saints Evangiles de donner toute satisfaction au seigneur évêque et à l'Eglise de Rennes, en payant l'amende de leur méfait, montant à 300 livres pour chacun : somme considérable pour l'époque ; après quoi le Révérend évêque les déclara absous de la sentence d'excommunication qu'ils avaient encourue ; ils prêtèrent le serment accoutumé de comparaître et d'obéir aux mandements de l'Eglise, en payant l'amende à la première réquisition. Le tout se passa le jour susdit, devant la grande porte de l'église cathédrale, en présence de nombreux témoins. C'est ainsi que la répression suivait de près l'offense et que le droit était maintenu dans son intégrité.

Ajoutons et rappelons ici, pour expliquer la longue faveur dont a joui au moyen-âge, aux yeux des populations, la justice séculière des évêques, que la législation en usage dans les tribunaux ecclésiastiques brillait par sa sagesse, sa douceur, et la protection efficace dont elle couvrait la faiblesse et l'innocence trop souvent sacrifiées ou méconnues dans les formes sommaires et parfois brutales de la justice des seigneurs laïques (De la Bigne Villeneuve, Mélange d'Histoire et d'Archéologie, II, 78). 

L'évêque de Rennes fut toujours élu, jusqu'au XVIème siècle, par son Chapitre, et présenté au Pape par les ducs de Bretagne d'abord et par les rois de France plus tard. Mais, comme on le sait, le Concordat de 1516 entre Léon X et François Ier accorda aux rois de France la nomination des évêques de leur royaume. Toutefois, à cette époque, la Bretagne étant encore indépendante, ne fut pas comprise dans cette transaction. Aussi assure-t-on qu'à ce roi, qui avait déjà une de ses mains sur notre province, le Souverain-Pontife dut, par un indult, accorder également la nomination aux sièges bretons. Toujours est-il que les évêques de Rennes ne tardèrent pas à être nommés par le roi, comme tous les autres prélats français. 

L'évêque de Rennes, dit l'abbé Tresvaux, était censé ne jouir d'un revenu que de 32.000 fr., et ses bulles n'étaient taxées à Rome qu'à 1.000 florins ; mais ce revenu, estimé à l'époque du Concordat de 1516, avait sans doute éprouvé depuis ce temps une grande augmentation (Eglise de Bretagne, p. 5). Cependant un état des revenus et des charges ordinaires de l'Evêché de Rennes en 1790 ne contredit pas ce chiffre ; en voici le résumé :

évêché de Rennes

De sorte que le revenu « net, certain et casuel » de l'évêché était de 32.877 livres 4 sols. Mais à cette somme il fallait ajouter une partie des revenus de l'abbaye de Saint-Melaine, dont la manse abbatiale avait été unie à l'évêché de Rennes en 1770, en faveur de Mgr de Girac, comme nous avons eu occasion de le dire. 

En 1790, les administrateurs du district de Rennes reconnurent que le revenu de l'évêché était de 38.352 livres 9 deniers ; mais, donnant plus exactement que dans l'état précédent le chiffre des charges, ils montrèrent que le revenu net n'était que de 27.902 livres 14 sols 3 deniers En y ajoutant les revenus de l'abbaye de Saint-Melaine, qui étaient, nets, de 24.363 livres 4 sols 4 deniers ils arrivaient au total de 52.265 livres 18 sols 7 deniers, formant le revenu net de l'évêché de Rennes à cette époque (Archives départementales d'Ille-et-Vilaine, 4 G, 15 ; 1 V, 25). 

Terminons par un aperçu des devoirs qui incombaient à l'évêque de Rennes vis-à-vis le Chapitre de Saint-Pierre : « Le seigneur Evesque est obligé de contribuer, pour une moitié, aux réparations  nécessaires de l'église de Rennes (c'est-à-dire la cathédrale Saint-Pierre), et le Chapitre pour l'autre moitié, et autres affaires de ladite église. Plus est obligé et tenu de donner à ladite église de Rennes chappes et chapelles d'or fournies de chasubles, tunicques, dalmatiques et ornements pour tout l'estat de chacune chapelle. Voici comment s'exprime à ce sujet le livre des Usages de l'Eglise de Rennes, rédigé en 1415 : « Pour scavoir coment Messeigneurs les Evesques de Rennes ont accoustumé et doivent présenter et donner de lours biens à liglise de Rennes, ce qui semble estre assez convenable chose. De mémoire ancien Messeigneurs les Evesques de Rennes, en oultre leurs autres biens, ont accoustumé, entre autres choses plusieurs, présenter et donner à liglise de Rennes chappes et chappelles d'or fornies de chasuble, tunique, dalmatique et ornemens pour tout l'estat de la chappelle ; et comme il puet apparoir d'ancienneté l'evesque de Rochetenguy, que Diex absolle, y rendit et presenta la chappe et chappelle des fleurs de lis toute fornie et un drap d'or à fleurs de lis, desquelles choses len fait le service et le doit len fère au jour de son obit ; l'evesque Morice, que Diex pardoaint, y rendit et poia la chappelle des bezans toute fornie, et dit len (et dit-on) qu'il poia et bailla à liglise de Rennes la chappe de pourpre que len (l'on) prise moult ; l'evesque de Tréal, que Diex absolle, y bailla et presenta plusieurs draps d'or de grant valour, il fist fère la table d'auter, les ymaiges de Saint Père et Saint Poul et moult d'autres biens » (Archives du Chapitre). 

« Et parce que ledit sieur Evesque doit l'office aux jours et solennités des festes de Pasques, Pentecostes, Saint Pierre et Saint Paul, Toussaint et Noël, la fête et solennité de son O (nota : il s'agit ici des antiennes O que l'on chante à l'église dans les jours qui précédent Noël ; nous verrons plus tard avec quelle solennité avait lieu ce chant liturgique à Rennes), il doit et est obligé du disner (c'est-à-dire de donner à dîner lorsqu'arrivent ces fêtes) à un chacun des chanoines, choristes et officiers de ladite église ; et pour l'office de sondit 0, il doit sept livres 4 sols tournois, oultre la collation et potation ordinaire deue à tout le choeur de ladite église, le jour dudit O. Doit oultre ledit Evesque, à chacun jour de la Feste-Dieu et du Saint-Sacrement de chacun an, quatre torches ardentes armoiées de ses armes et le paiement de quatre prestres qui les portent tant ledit jour que l'octave, et le disner tant aux chanoines, choristes et officiers de ladite église qu'aux abbé et religieux de l'abbaye de Saint-Melaine près la ville dudit Rennes. Et parce que le sacriste de ladite église est tenu sonner à six heures du soir la plus grosse cloche de ladite église, ledit sieur Evesque lui doit, par chacun jour, après ladite cloche sonnée, deux pots de vin breton. Item doit ledit Evesque à chacun jour des deux synodes et le jour du jeudy absolu, quand il fait le saint chresme, à chacun des officiers assistans le disner, et à la Psalette un escu par chacun desdits jours. Doit davantage ledit sieur Evesque sur les dixmes de la paroisse de Chartres le nombre de quatre quartiers (nota : le quartier de blé étant de 16 boisseaux, c'était 64 boisseaux que l'évêque de Rennes devait au Chapitre chaque année) de bled-seigle, mesure de Rennes, payables en la main du provost et receveur dudit Chapitre, à rendre à grenier lesdits bleds » (Archives départementales d'Ille-et-Vilaine, 5 G, 15). 

Après avoir vu quel était le pouvoir temporel de l'évêque de Rennes et comment il l'exerçait, il convient de parler de sa puissance spirituelle, ou plutôt de ceux avec lesquels il la partageait pour le plus grand bien des âmes qui lui étaient confiées ; inutile, en effet, de nous arrêter ici à considérer en elle-même la haute dignité de l'épiscopat et les augustes pré­rogatives qui y sont attachées ; nos lecteurs les connaissent.

L'évêque de Rennes avait nécessairement besoin d'auxiliaires pour lui venir en aide dans l'administration de son diocèse ; au premier rang figuraient le Chapitre et les archidiacres ; au second se trouvaient les vicaires généraux et l'official. Comme ces derniers relevaient directement et uniquement de l'évêque, nous nous en occuperons d'abord. 

évêché de Rennes

VICAIRES GENERAUX

Dès le XIème siècle, les évêques, pour réduire la puissance des archidiacres, qui semblaient vouloir trop s'élever, commencèrent à se faire assister par des vicaires généraux, auxquels ils déléguèrent l'exercice d'une partie de leur juridiction. « Au siècle suivant, ces vicaires généraux étaient devenus universels. Les évêques, qui avaient pris des mesures pour les contenir dans une perpétuelle dépendance, continuèrent toujours à se servir de leur concours. C'est qu'en effet ils les choisissaient eux-mêmes, leur confiaient de leur juridiction l'exercice d'une part qu'ils déterminaient, pourvu qu'ils ne la réduisissent point à n'être plus moralement générale, et les révoquaient à leur gré. Il était, du reste, bien juste qu'il en fût ainsi, puisque les évêques devaient prélever sur les revenus de leur manse épiscopale les émoluments de leurs vicaires généraux. Chaque prélat pouvait se créer autant qu'il voulait de ces auxiliaires. Pour éviter à sa manse des charges trop onéreuses, il les prenait le plus souvent dans le sein du Chapitre, et n'avait plus, au lieu d'un traitement intégral, à leur fournir qu'un supplément aux revenus de leur prébende. Cette disposition devait avoir un autre avantage, et conférer au vicaire général chanoine, au profit de la vérité et de la justice, une liberté d'allures qu'il ne pouvait toujours s'arroger comme simple grand-vicaire. Malgré sa position précaire, la grande autorité exercée par lui dans tout le diocèse fit du vicaire général un personnage important. Il ne s'éleva jamais, toutefois, au rang de dignitaire proprement dit ; mais, outre sa juridiction, qui devint ordinaire, une certaine préséance lui fut accordée par le droit lui-même. Ainsi, quand il n'était pas chanoine, ou, l'étant, ne portait pas l'habit canonial, il occupait dans le choeur une place distinguée et assignée par la coutume ; en l'absence de l'évêque, il siégeait même au premier rang, et précédait les dignitaires dans les cérémonies et les processions [nota : non, toutefois, sans protestation de la part des dignitaires. Ainsi, le 25 janvier 1554, le Chapitre de Rennes déclara que les dignitaires et chanoines seuls avaient « droit, en absence de l'évêque, et en présence de son grand-vicaire, de donner la bénédiction aux prédicateurs de la cathédrale » (Délibérations du Chapitre, Archives départementales, 5 G, 12) — Ainsi, encore le 23 décembre 1668, M. Gaultier, grand-vicaire, ayant voulu aller chanter l'O « à la place où se chante l'O de Mr de Rennes, sans estre député du Chapitre, en fut énergiquement empesché par le sieur trésorier, qui en avait parlé à MM. du Chapitre » (Mémorial d'un Chanoine de Rennes, Archives départementales, 5 G, 1)], sans avoir néanmoins le droit de célébrer à la place du prélat, même avec délégation de lui, aux solennités dites pontificales ; c'était là une des prérogatives des dignitaires. En vertu de son titre, il n'avait non plus ni entrée au Chapitre, ni participation aux actes capitulaires. Quoique ordinaire, sa juridiction ne différant pas de celle de l'évêque, il en résultait cette double conséquence : que de ses décisions, en fait de jugement, il n'y avait point appel à l'évêque, mais au métropolitain ou au Saint-Siège, et ensuite que toute cause qui modifiait, suspendait ou éteignait la juridiction de l'évêque, atteignait également la sienne ; de sorte que, à la démission, à la translation ou à la mort de l'évêque, tous les pouvoirs du vicaire général prenaient immédiatement fin, ainsi que son titre lui-même » [nota : l'abbé Luco, Organisation de l'ancien personnel d'un diocèse (Bulletin de la Société Polymathique du Morbihan, 1874). — Nous ferons de fréquents emprunts à cet intéressant travail ; quoiqu'il ait été composé spécialement pour le diocèse de Vannes, les généralités qu'il renferme se rapportent à  tous nos évêchés de Haute-Bretagne]. 

 

VICAIRES GENERAUX DE RENNES

Il n'est pas possible de donner une liste complète des vicaires généraux ; ils n'avaient point autrefois l'importance qu'ils ont de nos jours, et, n'étant point dignitaires, ils se rencontrent rarement dans les chartes du moyen-âge. 

— Frère Michel de Fournouil, abbé de Saint-Melaine, vicaire-général en 1304 de l'évêque Yves Ier (Dom Morice, Preuves de l'Histoire de Bretagne, I, 1185). 

— Alain de Châteaugiron, archidiacre de Rennes, vicaire-général en 1304 de l'évêque Yves Ier. 

— Nicolas de Tréal, abbé de Saint-Melaine, vicaire-général de Guillaume Ouvrouin (1329-1347). 

— Guillaume Hequenoille, chantre de Rennes, vicaire-général de Guillaume Ouvrouin (1329-1347). 

— Jean, archidiacre du Désert, vicaire-général de Guillaume Ouvrouin (1329-1347). 

— Thomas Minier, vivant au XVème siècle. 

— André d'Espinay (1461), vicaire-général de Mgr Jacques d'Espinay. 

— Guillaume Henry (1473), vicaire-général de Mgr Jacques d'Espinay. 

— Jacques Troussier, chantre de Saint-Malo, nommé vicaire général de Rennes par les commissaires du Saint-Siège, après l'arrestation de l'évêque Jacques d'Espinay (1481). 

— Olivier de la Fontaine, administrateur de l'Hôtel-Dieu de Fougères (1482). 

— Pierre Bourgneuf, trésorier, vicaire-général de d'Yves Mahyeuc (1501-1541). 

— Olivier Ferré, chanoine, vicaire-général de d'Yves Mahyeuc (1501-1541). 

— Michel Le Duc, chanoine, vicaire-général de d'Yves Mahyeuc (1501-1541). 

— Jean Lhuillier, protonotaire apostolique et chanoine du Mans, nommé vicaire général, le 22 juin 1541, par Claude Dodieu, coadjuteur de l'évêque de Rennes. 

— Sébastien Thomé, chanoine de Rennes, prieur commendataire de Saint-Sauveur-des-Landes, vicaire général de Claude Dodieu (1545). 

— Jacques Cadier,  vicaire-général de Mgr Bochetel (1561-1665).

— Claude Dodieu, chanoine, archidiacre de Rennes et abbé de Saint-Mahé, vicaire-général de Mgr Bochetel (1561-1665).

— Thomas Le Piffre, chanoine, vicaire-général de Mgr Bochetel (1561-1665). 

— René Allain, archidiacre du Désert (1577), vicaire-général de Mgr Hennequin. 

— Jean de Brye, recteur de Beaucé (1578), vicaire-général de Mgr Hennequin. 

— Jean Chantebel, chanoine (1579), vicaire-général de Mgr Hennequin. 

— Pierre d'Argentré, chanoine (1581), vicaire-général de Mgr Hennequin. 

— François Chaussière, chanoine et scholastique (1581), vicaire-général de Mgr Hennequin. 

— Louis Cadier, archidiacre du Désert (1589), vicaire-général de Mgr Hennequin. 

— Jean Le Prévost, chanoine (1598), vicaire-général de Mgr d'Ossat. 

— Melchior de Marconnay, abbé de Rillé (1600), vicaire-général de Mgr d'Ossat. 

— François Le Prévost, trésorier (1602), vicaire-général de Mgr d'Ossat. 

— André Guyon, prieur de Saint-Sauveur-des-Landes, vicaire général, en 1603, de Mgr Larchiver. 

— Antoine Moreau, chanoine, vicaire-général de Mgr Cornulier. 

— N... Laurent (1634), vicaire-général de Mgr Cornulier. 

— Denis Le Louzce, recteur de Chavagne (1637), vicaire-général de Mgr Cornulier. 

— Jacques Dreux, docteur en Sorbonne, chanoine théologal (1638), vicaire général de Mgr de Cornulier et de Mgr de la Mothe-Houdancourt ; décédé le 5 décembre 1656.

— Julien Riou, recteur de Domalain (1657). 

— Frère François Pislard, chanoine régulier et prieur-recteur de Bourg-des-Comptes, conseiller du roi et grand-aumônier de la reine d'Angleterre, vicaire général de Mgrs de la Mothe-Houdancourt et de la Vieuville (1660-1663). 

— Thomas du Hamel, docteur en Sorbonne (1662), vicaire-général de Mgr de la Vieuville.  

— Clément Durand, chanoine de Vienne, vicaire-général de Mgr de la Vieuville. 

— Pierre Gaultier, chanoine et pénitencier, vicaire général de Mgrs de la Mothe-Houdancourt, de la Vieuville et de Beaumanoir (1658-1685), décédé le 15 août 1685, inhumé à la cathédrale, dans la chapelle du Voeu.

—  Laurent du Bouexic, docteur en théologie, vicaire général en 1679. 

— Urbain Bouessay, docteur en théologie, chanoine (1682 et 1690). 

— André Esnouf, chanoine, vicaire-général de Mgr de la Beaumanoir (1698).

— Charles Fournier, chanoine, vicaire-général de Mgr de la Beaumanoir (1698). 

— Jean Le Bois, chanoine, vicaire-général de Mgr de la Beaumanoir (1698). 

— Jacques Le Gault, chanoine, vicaire général, en 1712, de Mgr Turpin de Crissé. 

— Pierre Perrin, docteur en théologie et recteur de Toussaint, vicaire général de Mgrs de Beaumanoir, de Breteuil et de Vauréal. 

— François Roussel de Tilly, abbé de Mauléon et chanoine de Rennes, nommé vicaire général le 10 septembre 1725. 

— N... Mignot, supérieur du Grand-Séminaire, vicaire général, en 1727, de Mgr de Breteuil. 

— Emmanuel de Montalembert, recteur de Saint-Germain, vicaire général, nommé le 17 septembre 1725.

— Daniel de Langle, vicaire général, en 1733, de Mgr de Vauréal. 

— Guillaume-Marie du Breil de Pontbriand , vicaire général en 1732, devint plus tard évêque de Québec, au Canada. 

— Jean-François de Guersans, archidiacre de Rennes, vicaire général de Mgr de Breteuil, nommé le 16 novembre 1728, puis de Mgr de Vauréal et de Mgr des Nos. 

— Jean Le Moyne de la Borderie, archidiacre du Désert, d'abord vicaire général de Mgr de Vauréal, puis de Mgr des Nos. 

— Alexis-César de Talhouët de Bonamour, scholastique, nommé le 28 mai 1747, vicaire-général de Mgr de Vauréal. 

— Charles de Vendomois de Saint-Aubin, scholastique, nommé le 22 octobre 1753, vicaire-général de Mgr de Vauréal. 

— N... de la Freslonnière, abbé de Sainte-Croix de Guingamp (1762), vicaire général de Mgr des Nos.

— Maurille Hay de Bonteville, trésorier, nommé le 18 décembre 1761, par Mgr des Nos, nommé de nouveau par Mgr de Girac le 6 avril 1770. 

— Charles de Caqueray de Vallolive, nommé le 13 juillet 1762, vicaire-général de Mgr des Nos. 

— Claude de la Corbière, nommé le 13 avril 1762, vicaire-général de Mgr des Nos. 

— Olivier-Julien Gibon du Pargo, trésorier, vicaire général de Mgr des Nos (28 février 1765) , puis de Mgr de Girac (6 avril 1770).

— Augustin Le Mintier, vicaire général de Saint-Brieuc, puis de Rennes en 1770 ; archidiacre d'Armagnac à Auch et abbé de Melleray, nommé évêque de Tréguier en 1780, vicaire-général de Mgr de Girac. 

— Philippe Marie Dagorne du Bot, chanoine (1770), vicaire-général de Mgr de Girac. 

— Alexandre Hyacinthe du Laurent, nommé le 25 juin 1770, vicaire-général de Mgr de Girac. 

— Marie-Joseph de Conty-Hargicourt, chanoine de la Sainte-Chapelle (1770), vicaire-général de Mgr de Girac. 

— Jean-Michel de Saint-Cristan, nommé le 17 août 1772, vicaire-général de Mgr de Girac. 

— Bonaventure du Plessix de Grenédan, chanoine, nommé le 20 février 1775, vicaire-général de Mgr de Girac. 

— Jean-André de Fayolle de la Févière, nommé le 21 mai 1776, vicaire-général de Mgr de Girac.

— Jean-Jacques Provost de la Boissière de Boisbily, abbé de Notre-Dame du Tronchet, nominé le 20 octobre 1778, vicaire-général de Mgr de Girac. 

— Louis-Jules Loaisel de la Villedeneu, chanoine, nommé le 18 août 1782, vicaire-général de Mgr de Girac.

—  Benjamin de Goyon des Hurlières, chanoine, abbé de Coëtmalven (1788 et 1790), vicaire-général de Mgr de Girac. 

— Jean-Louis de Bourge de Bléry, principal du Collège de Rennes, nommé le 11 février 1788, vicaire-général de Mgr de Girac. 

évêché de Rennes

OFFICIALITE

Comme les vicaires généraux, dont il vient d'être question, n'exerçaient d'ordinaire que la juridiction gracieuse, pour conférer les bénéfices, octroyer des pouvoirs aux prêtres, faire des règlements, résoudre les questions d'administration dans les cas embarrassants, etc., toute la partie contentieuse restait encore sur les bras de l'évêque ; celui-ci s'en exonéra en créant un official. 

Chargé de l'exercice de la juridiction contentieuse, l'official était, comme le grand-vicaire, nommé par l'évêque et révocable par lui. A lui étaient dévolus les jugements en matière criminelle et la répression des délits. Il était président du tribunal connu sous le nom d'officialité et y rendait des sentences dont il n'y avait point non plus appel à l'évêque. Pour l'assister, mais non pour juger avec lui, il avait des assesseurs dont les conseils étaient destinés à l'éclairer. L'exercice de cette juridiction n'étant pas quotidien, il ne pouvait absolument absorber son titulaire : c'est pourquoi l'official était bien souvent pris dans la classe des recteurs, ce qui était encore une économie pour la manse épiscopale. Enfin, pour leur cessation, les pouvoirs de l'official suivaient exactement la condition faite à ceux du vicaire général. 

Auprès du tribunal de l'officialité il y avait un autre magistrat qui jouait un rôle assez important, c'était le promoteur, nommé également par l'évêque, et dont les attributions étaient analogues à celles qu'exercent les procureurs auprès de nos tribunaux civils. Il évoquait devant le juge et les causes criminelles et les accusés, et requérait contre les coupables l'application des pénalités édictées par les sacrés canons, les lois et les règlements de l'Eglise. Pour instruire les causes, avant d'en saisir le tribunal, et pour recevoir la déposition des témoins, il avait sous ses ordres des auditeurs, qui devaient dresser et lui remettre leurs rapports. En cas de procédures trop nombreuses ou trop considérables, il pouvait, avec le consentement de l'évêque, s'adjoindre un avocat fiscal. A côté et au-dessous de ces principaux membres de l'officialité se trouvait une foule d'autres officiers tels que greffiers, huissiers, notaires, avocats. Un de ces derniers portait le titre d'avocat des pauvres, et devait d'office et gratuitement plaider pour ceux qui n'avaient pas les moyens de payer un défenseur de leur choix. Official, vice-gérant (nota : le nom du vice-gérant de l'officialité indique par lui-même les fonctions de cet officier ; il remplaçait au besoin l'official, et comme lui dépendait de l'évêque),  promoteur, assesseurs, auditeurs, à la nomination et révocation de l'évêque, disparaissaient avec lui. Dès que le siège épiscopal devenait vacant, tous leurs pouvoirs cessaient, et il incombait au Chapitre ou de les rétablir dans leurs fonctions, ou de les remplacer par d'autres. Ce même droit passait du Chapitre au vicaire capitulaire, qui pouvait à son tour l'exercer jusqu'à la prise de possession du nouvel évêque (l'abbé Luco, Organisation de l'ancien personnel d'un diocèse). 

Les officialités étaient nombreuses au moyen-âge, et nous ne parlons ici que de celle de l'évêque ; mais les archidiacres et les abbés des grands monastères avaient également de semblables tribunaux ecclésiastiques ; c'est ainsi que nous voyons au XIIIème siècle saint Yves Hélory official non pas de l'évêque de Rennes, mais de l'archidiacre Maurice. Lorsque la puissance des archidiacres disparut, leurs officialités tombèrent en même temps. 

Nous connaissons le sceau de l'officialité de Rennes au XIIIème siècle : la face de ce sceau, de forme ronde, présente un buste d'évêque tenant de la main gauche sa crosse et levant la droite pour bénir ; un peu au-dessus de la main qui bénit, sont figurées deux clefs adossées, accostées d'une étoile de chaque côté ; à gauche de la tête du personnage une petite croix ; légende : SIGILLUM CURIE REDONENSIS. Contre-scel : le champ, plus petit que la face, est occupé par deux clefs adossées que tient un dextrochère ; à senestre on voit un croissant et une étoile ; légende : + CONT. S. (contrasigillum) CURIE REDON » (De la Bigne Villeneuve, Bulletin de l'Association Bretonne, IV, 216 – Ce sceau est de 1269). 

Nous avons, en outre, deux autres sceaux de l'officialité de Rennes : l'un de 1293, a été précédemment décrit, à propos de l'évêque Guillaume de la Roche-Tanguy, dont il porte le nom ; — l'autre, de 1504, présente seulement l'écusson de l'évêque Robert Guibé, avec une crosse posée derrière en pal ; sa légende est devenue illisible (Archives départementales d'Ille-et-Vilaine, 9 G, 53). 

OFFICIAUX DE RENNES

— Guillaume de Pincé, chanoine et trésorier (1213). 

— Guillaume de Callin (1227). 

— Jehan Quarré, recteur de Notre-Dame de Dol (1239). 

— Adam, archidiacre du Désert (1255). 

— Jehan de la Roue (1256). 

— P. de Fougères (1261). 

— Godoc (1280). 

— Robert Baut (1315). 

— Jacques de Quincé, licencié ès lois, recteur d'Ercé, semi-prébendé, fondateur d'un anniversaire à la cathédrale, décédé le 15 mai 1411. 

— Robert Le Comte, (Robertus Comitis), licencié ès lois, chanoine, mourut le 11 février 1435 et fut inhumé à la cathédrale ; sa pierre tombale (utilisée aux siècles derniers à fermer le caveau d'Yves Mahyeuc) portait une figure de chanoine et deux écussons pareils, sur lesquels étaient trois croissants, avec cette inscription : « Cy gist vénérable et discret homme Mtre R. Le Conte, licencié-ès-loys, jadis chanoine et official de Rennes, qui déceda le 11e jour de febvrier l'an MCCCCXXXV » (Inventaire de la Cathédrale de Rennes de 1755). 

— Pierre Chouart (1469). 

— Pierre Mehaud, chanoine (1476). 

— Olivier Ferré, docteur en l'un et l'autre droits, chanoine (1498). 

— Jacques Cérisier, recteur de Cintré et de Chesné, vers 1500. 

— Mathurin Patry (1520). 

— Michel Le Duc, grand chapelain, puis chanoine (1536). 

— A... Bernard (1540). 

— Jehan Agaice, chanoine (1542). 

— Jehan Gentellier, chanoine. 

— Jacques Cadier, recteur de Toussaint et chanoine (1555). 

— Pierre Le Bauldrier, chanoine (1559). 

— Guillaume Drouault, chanoine, recteur de Vignoc, etc. (1561). 

— Pierre d'Argentré, chanoine, prieur de Sens et recteur d'Argentré (1576 et 1582). 

— Louis Cadier, chanoine et recteur de Toussaint (1588). 

— Jean Le Provost, recteur de Toussaint et chanoine, mourut le 1er juillet 1607 et fut inhumé à la cathédrale, avec cette épitaphe : « Cy gist noble homme Missire Jean Le Provost, vivant chanoine et official de Rennes, recteur de Toussaint, qui décéda le 1er jour de juillet 1607, a fondé céans l'octave de la feste de Saint Pierre » (Inventaire de la Cathédrale de Rennes, de 1755). 

— Gilles d'Argentré, sieur du Listré, chanoine, recteur de Toussaint et archidiacre de Dinan (1615). 

— Georges Le Bel, chanoine (1631), mourut vers 1642 et fut inhumé dans l'aile droite de la nef de la cathédrale, avec cette inscription : « Cy gist vénérable et discret Missire Georges Le Bel, chanoine et official de Rennes, qui décéda ... » (le reste est effacé - Inventaire de la Cathédrale de Rennes, de 1755).

— Jacques Dreux, docteur en Sorbonne, chanoine et vicaire général (1639), décédé en 1656. 

— Gilles de Gain, chanoine et scholastique (1658). 

— Clément Durand, chanoine de Vienne (1667). 

— Jérôme de Racinoux, chanoine scholastique (1673). 

— Urbain Bouessay, chanoine et vicaire général (1690). 

— Pierre Perrin, recteur de Toussaint et vicaire général (1698-1728). 

— Emmanuel de Montalembert, recteur de Saint-Germain de Rennes, nommé en 1728. 

— Jean-François de Guersans, chanoine et vicaire général, nommé en 1733. 

— Jean Le Moyne de la Borderie, chanoine et vicaire général, nommé le 7 mars 1757. 

— Charles de Caqueray de Vallolive, chanoine et vicaire général, nommé le 17 avril 1764. 

— Alexandre du Laurent, vicaire général, nominé le 25 juin 1770. 

— Olivier Gibon du Pargo, vicaire général, nommé le 7 décembre 1772. 

— Pierre-Pélage Fournier, chanoine, nominé une première fois le 21 avril 1770, et une seconde fois le 8 février 1781. 

évêché de Rennes

CHANCELLERIE vel SECRETARIAT

Outre ses vicaires généraux et les membres de son officialité, l'évêque de Rennes avait encore auprès de lui un chancelier ou un secrétaire, dont les fonctions n'ont pas besoin d'être expliquées. Il paraît que l'évêché de Rennes n'avait pas de sceau particulier, mais les actes épiscopaux étaient toujours scellés du sceau de chacun des prélats ; à leur décès, les sceaux des évêques furent pendant longtemps déposés dans leurs tombeaux avec leur dépouille mortelle ; plus tard, on se contenta de les remettre aux mains du Chapitre, qui devait les faire briser. 

CHANCELIERS ET SECRETAIRES DE RENNES 

— Moyses, archidiacre de Rennes et chancelier (1028-1030). 

— Hamelin, chancelier en 1158 et 1163. 

— Jean de Beaumont, chanoine, secrétaire de Mgr de Chantemerle (1422). 

— Olivier Drouet, chancelier en 1483. 

— Jean Le Marchand, secrétaire de Mgr Guibé (1490). 

— N... Bernardy (1517), secrétaire de Mgr Mahyeuc. 

— Hervé Mahyeuc (1526), secrétaire de Mgr Mahyeuc

— N... Le Loucze (1614), secrétaire de Mgr Archiver. 

— Antoine Moreau, chanoine (1626), secrétaire de Mg Cornulier. 

— Pierre Gaultier, sr du Pilier (1642), secrétaire de Mgr de la Mothe-Houdancourt. 

— A... Laurent (1643), secrétaire de Mgr de la Mothe-Houdancourt. 

— J... Geoffroy (1650), secrétaire de Mgr de la Mothe-Houdancourt. 

— N.. de Bordeaux (1662), secrétaire de Mgr de la Vieuville. 

— Guillaume Mazure (1672), secrétaire de Mgr de la Vieuville. 

— Hyacinthe de la Perche, secrétaire de Mgr de la Beaumanoir. 

— N... Chanhuon, secrétaire de Mgr de Beaumanoir. 

— N... Grimaud de la Gasnerie, secrétaire de Mgr de Beaumanoir. 

— F... Vivier (1726), secrétaire de Mgr de Breteuil. 

— N... Doublard, secrétaire de Mgr de Breteuil. 

— N... Bouvier (1740), secrétaire de Mgr de Vauréal. 

— Guillaume Eon, sr des Rivières (1743), secrétaire de Mgr de Vauréal. 

— N... Druet (1754), secrétaire de Mgr de Vauréal. 

— N... Tanguy (1757), secrétaire de Mgr de Vauréal. 

— N... Le Roux (1762), secrétaire de Mgr des Nos.

— N... Poisson, secrétaire de Mgrs des Nos et de Girac. 

— N... Vaneau (1774), secrétaire de Mgr de Girac. 

— N... de l'Epinay (1776), secrétaire de Mgr de Girac. 

— Gilbert Gontier (1781), secrétaire de Mgr de Girac. 

— N... Hauguet (1786), secrétaire de Mgr de Girac. 

 

évêché de Rennes

PENITENCERIE

Le quatrième Concile de Latran, tenu en 1215 par Innocent III, décréta l'établissement des pénitenciers dans toutes les cathédrales, pour porter secours aux évêques dans l'audition des confessions et l'imposition des pénitences. Les Pères du Concile de Trente leur firent une position stable en exigeant qu'ils fussent chanoines. En même temps, ils posèrent les conditions auxquelles ils devaient satisfaire et les attributions qu'ils avaient à remplir. Pour être pourvu de la prébende pénitencielle, il fallait avoir quarante ans, être maître, docteur ou licencié en théologie ou en droit canonique. Avec des pouvoirs pour tout le diocèse, la fonction du pénitencier était d'entendre les confessions et d'absoudre de certains crimes énormes et des cas réservés à l'évêque, mais dans les limites qu'il plaisait à ce prélat de lui tracer. Son confessionnal, à la cathédrale, lui était désigné par l'évêque, et il devait siéger le matin des grandes fêtes, pendant le Carême, l'Avent et les Quatre-Temps, et s'y rendre, par ailleurs, toutes les fois qu'on l'y demandait. Cet assujettissement était compensé par la dispense d'assister aux offices du choeur pendant qu'il avait des confessions à entendre, et cela sans préjudice de ses distributions manuelles. Il n'était point dignitaire du Chapitre, où il n'avait aucune préséance, en vertu de sa fonction. Son canonicat, comme les autres, était à la collation du Pape et de l'évêque, avec cette différence, toutefois, que sede vacante, cette collation était réservée au Souverain-Pontife (l'abbé Luco, Organisation de l'ancien personnel d'un diocèse). 

Dans les archives du Chapitre de Rennes, nous n'avons trouvé mention faite que de deux chanoines-pénitenciers : l'un, François Pinczon, sieur de Tellé, occupait la pénitencerie depuis onze ans, est-il dit en 1617 ; il la tenait encore en 1629 ; l'autre, Pierre Gaultier, était en même temps vicaire général en 1645. Un peu plus tard, la pénitencerie, abandonnée, paraît-il, fut érigée de nouveau en bénéfice, mais cette fois sans canonicat, par Mgr Jean-Baptiste de Beaumanoir, le 10 mars 1691. Une déclaration de ce bénéfice, faite le 14 décembre 1728 à l'assemblée générale du clergé de France, va nous le faire connaître : La grande-pénitencerie de Rennes n'est ni dignité ni canonicat ; comme elle ne paraissait point érigée en titre de bénéfice avant 1690, elle le fut le 10 mars 1691, par l'union de quatre petites chapellenies de très-peu de valeur, dont les revenus ne suffisaient pas alors pour faire le service, savoir : celles du Vaurouil, du Petit-Pilier, de Saint-Jean ou des Quatre-Evangélistes et de Saint-Joseph. Ces quatre chapellenies, desservies à la cathédrale, étaient présentées les unes par le Chapitre, les autres par des seigneurs laïques. « La grande-pénitencerie est toujours en la libre disposition de l'évêque, cela est porté dans le consentement des patrons de ces chapellenies » (Cartulaire du Chapitre – Archives départementales d'Ille-et-Vilaine, 5 G). 

Le fonds de la chapellenie du Vaurouil consistait en une maison située rue Saint-Guillaume, et en un jardin et petite maison se trouvant hors la ville, aux Pollieux ; le fonds de celle du Petit-Pilier consistait uniquement en une maison joignant celle du Vaurouil, dans la rue Saint-Guillaume. Le premier grand-pénitencier, Pierre Valo, fit raser ces deux maisons, qui tombaient en ruine, et bâtit à la place, dans la même rue Saint-Guillaume, un nouvel édifice servant de « logement au grand-pénitencier, qui peut, en oultre, en affermer pour cent livres ou environ ». Le fonds de la chapellenie des Quatre-Evangélistes ou de Saint-Jean consistait en un trait de dîmes, en Argentré, affermé 120 livres ; de plus, le prieur de Brielles devait 20 livres au chapelain ; quant au fonds de la chapellenie de Saint-Joseph, c'était une petite ferme, au village de la Heuzardière, en la paroisse du Rheu, affermée 80 livres seulement. 

Voici donc quels étaient, outre son logement, les revenus du grand-pénitencier :  

- Jardin des Pollieux, affermé (80 livres).

- Maison de la rue Saint-Guillaume, affermée (100 livres).

- Dîmes en la paroisse d'Argentré, affermées (120 livres).

- Rente due par le prieur de Brielles (20 livres).

- Ferme de la Heuzardière, au Rheu (80 livres).

D'ou total des revenus : 400 livres. 

Les quatre chapellenies unies à la pénitencerie devaient plus de 400 messes ; mais l'évêque les réduisit à 245, qui, « à 12 sols la messe, font 150 livres ». Le grand-pénitencier devait, en outre, payer 6 livres au premier chappier de Saint-Pierre, 15 livres au seigneur d'Acigné et à quelques autres seigneurs ; 20 livres pour décime et capitation ; enfin, il évaluait à 100 livres l'entretien de ses immeubles, ce qui ne lui laissait que « très-peu de revenant bon », 109 livres seulement (Archives départementales d'Ille-et-Vilaine, 5 G, 29). 

Lorsque arriva la Révolution, la position financière du pénitencier de Rennes s'était améliorée, car il déclara, en 1790, qu'en y comprenant son logement, il jouissait d'un revenu de 955 livres, avec 189 livres de charges, par suite, d'un revenu net de 766 livres (Archives départementales d'Ille-et-Vilaine, 1 V, 25).

 GRANDS-PENITENCIERS DE RENNES

— Pierre Valo, premier grand-pénitencier, nommé en 1691, mourut le 2 août 1700, et fut enterré dans les recherches du choeur de la cathédrale. 

— Jacques Le Gault, docteur en théologie, chanoine et grand-péni­tencier (1700), résigne en 1706, décédé en 1728. 

— François Le Dauphin, nommé le 7 janvier 1707, mourut le 14 mai 1743, et fut inhumé vis-à-vis la chapelle du Saint-Sacrement, à la cathédrale. 

— Julien Drouin, nommé le 2 novembre 1743, grand pénitencier, mourut le 7 janvier 1755, âgé de 56 ans ; il fut inhumé dans la chapelle de l'Ecce-Homo

— François-Henry Hervagault, prêtre licencié en droit, nommé grand-pénitencier en 1755, devint chanoine, syndic du clergé, etc., et mourut en décembre 1764. 

— Julien Gibon du Pargo, chanoine et vicaire-général, prit possession de la grande-pénitencerie le 8 mars 1765 et donna sa démission en 1767. 

— Pierre Gilles Poisson prit possession de la pénitencerie le 26 juin 1767, et s'en démit le 24 septembre 1770, étant devenu doyen de Bain. 

— Jacques Doré, chapelain de l'Hôtel-Dieu, ne remplaça le précédent, en qualité de grand-pénitencier, que le 25 mai 1772 ; il donna lui-même sa démission le 13 juin suivant, et le bénéfice demeura vacant jusqu'en 1781. 

— Joseph Le Barbier, recteur de Saint-Sauveur, prit possession de la pénitencerie le 12 novembre 1781, et rendit aveu à Mgr de Girac en 1787 pour la maison de la rue Saint-Guillaume, attachée à son bénéfice. Il le possédait encore quand vint la Révolution.

(extrait du Pouillé de Rennes)

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