|
Bienvenue ! |
LE COLLÈGE DE RENNES DEPUIS LA FONDATION EN 1536 JUSQU'EN 1604 |
Retour page d'accueil Retour page "Ville de Rennes"
I. — La fondation du Collège. La vie du collège Saint-Thomas est une lutte contre la misère. Les bourgeois de Rennes ne cessent de faire des efforts pour subvenir à son entretien, ils tâchent d'y maintenir le bon ordre et s'intéressent au progrès des études.
II. — Organisation du collège Saint-Thomas : autorité de la ville ; personnel du collège ; les études ; organisation de la journée.
Au Moyen Age, il n'y a qu'un corps lettré : le cierge ; « clergie » est alors synonyme de savoir, de connaissances littéraires, aussi, jusqu'au XVIème siècle, le personnel enseignant est-il exclusivement ecclésiastique.
L'enseignement est distribué dans diverses categories d'écoles : écoles capitulaires et épiscopales, écoles monastiques, écoles presbytérales [Note : Les universités qui apparaissent au XIIIème siècle sont essentiellement des institutions ecclésiastiques qui, malgré les progrès de l'esprit laïque, ne se sépareront jamais complètement de l'église dans le cours du Moyen-Age. Luchaire, Manuel, p. 127]. Avant le XIIème siècle, le contrôle de ces divers établissements, le choix des maîtres, appartiennent, en général, à l'évêque dans son diocèse, à l'abbé dans son monastère ; mais, au XIIème siècle, la direction de l'enseignement passe au scolastique ou écolâtre ; cessant d'être un simple maître qui instruisait les enfants destinés au service de l'église, c'est lui qui, dès lors, a, comme représentant de l'évêque, autorité sur les écoles, confère (du moins jusqu'au XIVème siècle) la « licentia docendi » ou permission d'enseigner.
A Rennes, comme ailleurs [Note : On constate, d'après les actes, l'existence de « grammatici » ou professeurs de belles lettres chez les ducs de Bretagne, leurs grands vassaux, les seigneurs ecclésiastiques. Mais, de façon générale au moins, ces « grammatici » sont de simples professeurs et non des maîtres d'école. (La Borderie, Histoire de Bretagne, t. III, ch. XII, p. 217, 218). En tout cas, à l'origine du collège de Rennes, ce n'est point un « grammaticus » que nous trouvons], c'est à une initiative ecclésiastique qu'a été due l'organisation de l'enseignement ; et si, à travers les siècles, on voit décroître le pouvoir du scolastique, on constate cependant qu'il subsista des vestiges, de son autorité, traces de sa prééminence première. Ce fait est visible dans l'histoire du collège, objet de notre étude.
En 1035, environ, après la tourmente des invasions normandes, Guérin, évêque de Rennes, dans le but d'instruire ses diocésains, établit un maître d'école dans son église cathédrale [Note : Dom Lobineau, Histoire de Bretagne, t. I, p. 92] et en fit un des dignitaires de son clergé. Les successeurs de ce maître d'école devinrent, dans la suite, les scolastiques de la cathédrale [Note : Guillotin de Corson, Pouillé de Rennes, t. III, p. 485. La maison d'école (établie d'abord à l'entrée de la rue qui est de nos jours « la rue des dames ») se trouvait, au début du XIVème siècle dans un édifice de la rue de la Vieille-Monnoie, entre la porte Mordelaise et la tour Saint-Maran ; cet édifice avait servi de synagogue aux Juifs avant leur bannissement en 1239. (Banéat, Le Vieux Rennes, p. 342)].
Au XIVème siècle, la maison d'école abritait les grandes et les petites écoles qui correspondaient à deux degrés d'enseignement [Note : Banéat, Le Vieux Rennes, p. 342]. Deux ecclésiastiques, portant le nom de « recteurs » gouvernaient chacun de ces établissements. Dans les grandes écoles, on enseignait la philosophie, la rhétorique, les humanités et dans les petites, on apprenait à lire, à écrire, on inculquait aux enfants les principes de la grammaire [Note : Historique du collège de Rennes, Archives municipales, liasse 289].
Jusqu'aux dernières années du XVème siècle, la maison d'école appartint à l'église de Rennes [Note : Le livre des « usages de l'église de Rennes » (manuscrit de 1415) le dit expressément « les enfans du coeur de l'église de Rennes qui apprennent gramoire pœut aller en escolles de gramoire de Rennes s'y apprendre et comme ycelles escolles sont des biens de l'église de Rennes y doivent estre instruyts et en sont franz d'en devoir aulcune chose » f° 57, (cité par G. de Corson, Pouillé de Rennes, I. 257. J’ai adopté la transcription donnée dans le fonds La Bigne-Villeneuve). Or les écoles ne changèrent d'emplacement qu'en 1494 (date à laquelle la ville les installa près de la chapelle Saint-Martin) ; on ne trouve nulle trace d'un contrat d'achat de l'ancienne maison d'école par la ville et nous savons qu'en 1492 l'autorité du scolastique était entière ; on peut conclure que, jusqu'en 1494, les écoles appartenaient à l'église, quoi qu'en dise l'historique du collège. Arch. mun., liasse 289. « Dès le commencement du XIVème siècle, Rennes avait des écoles publiques ; ces écoles se tenaient dans un ancien édifice situé rue de la Vieille-Monnoie ou Cordonnerie, qui avait servi de sinnagogue aux Juifs, et dont la ville avait acquis la propriété »] et l'autorité du scolastique dans la direction de l'enseignement était entière. C'est ainsi que, le 14 juin 1492, Geoffroy Pitart, scolastique de Rennes, nommant 16 procureurs pour exercer ses droits sur les écoles de la ville, leur transmettait les pouvoirs suivants : il les nomme « pro eo ad scolas civitatis et diocesis redonensium regendas tenendas et gubernandas, magistrum seu magistros ad pueros et scolares earumdem scolarum imbuendos instruendos et docendos, instituendos, deputandos, creandos et ordinandos eumque vel eos, quociens opus fuerit, et eidem procuratori visum fuerit expedire, revocandos et destituendos » [Note : Archives départementales d'Ille-et-Vilaine, série D. fonds du collège].
Toutefois, à l'autorité du scolastique allait s'ajouter celle qui devait l'éliminer: l'autorité de la ville. En 1494, les habitants de Rennes firent, de leurs deniers, construire rue de la Vieille-Monnaie, près de la chapelle de Saint-Martin [Note : A l'emplacement de l'École d'artillerie actuelle. Banéat, p. 342], une maison dans laquelle s'installèrent les grandes et les petites écoles. Cette générosité entraînait naturellement certains devoirs des maîtres instituteurs envers leurs bienfaiteurs. Ils s'engagèrent non seulement à témoigner leurs reconnaissance par la prière, mais encore promirent que, tous les ans, le jour de l'élection des miseurs ou trésoriers de la ville, ils remettraient aux bourgeois les clefs de la maison d'école ; cela-ci pourraient de nouveau les faire jouir des bâtiments scolaires, mais, en aucun cas, les maîtres des écoles n'auraient à prétendre, comme à un droit, à cette mise en possession ; c'est « précairement » qu'ils tenaient de la ville l'édifice de la Vieille-Monnoie [Note : Archives départementales d'Ille-et-Vilaine, série D. Procès-verbal de la comparution par la Cour de Rennes, devant notaire, de Thomas Roger, procureur du scolastique de Rennes, et des recteurs des écoles ; il est dit textuellement dans cet acte, que dans la maison de la rue de la Vieille-Monnoie, les maîtres tiendraient les écoles « durant le plaisir des officiers et bourgeois »] ; de ce fait même, la nomination et le maintien des maîtres dépendaient des bourgeois de Rennes et leur domination, à côté de celle du scolastique, avait commencé de s'asseoir sur le dlimaine de l'enseignement. Ils ne cessèrent pas, au reste, de témoigner, pour l'instruction, d'un vrai et louable zèle. A maintes reprises, le corps de ville, dans ses assemblées traita de la nécessité d'établir à Rennes un collège [Note : Archives municipales, 465. Délibération du 22 septembre 1522 ; délibération du 16 décembre 1520. Après délibération, on décide de faire choix d'une maison que la ville achètera pour y tenir école]. Une délibération du 5 avril 1537 exprime en termes pressants combien le besoin s'en faisait sentir : il faut un collège « pour l'instruction des jeunes enffans ès premières lectres, humanité, gramoyre, rethoricque et diallectique » ; on obviera ainsi pour l'avenir aux inconvénients qui se sont présentés dans le passé : des enfants bien doués sont demeurés « ygnares », leurs parents n'ayant pu faire les dépenses nécessaires pour les envoyer « aux universitez hors ce pays » ; d'autres enfants qui suivirent les cours des universités « en France » n'ont pu supporter « la mutation de l'air », les uns sont morts en France, les autres sont revenus malades [Note : Arch. mun., liasse 281. Compte rendu de la délibération du Corps de ville, du jeudi 5 avril 1537]. Il fallait donc relever à Rennes le niveau de l'enseignement ; à cette date de 1537, du reste, l'aménagement du collège se commençait.
Le 23 décembre 1534, Dom Pierre le Faye avait, à la demande des bourgeois de Rennes, et moyennant le payement annuel d'une somme de 50 livres (jusqu'à ce qu'il fût en possession d'un bénéfice donnant même revenu), consenti à résigner, à leur profit, pour l'établissement d'un collège, le prieuré et hôpital de Saint-Thomas dont il était titulaire [Note : Archives municipales, liasse 281. Mandement aux miseurs de payer à Pierre le Faye la somme de 50 livres. 28 mai 1536. L'Histoire du collège de Rennes, liasse 289, arch. mun., dit qu'on trouve des quittances de la Faye, pour les 50 livres de rente qui lui étaient dues « jusques et y compris 1556 ». On ne peut donc dire, avec Ogée et Marteville, Rennes ancien, Rennes moderne, t. I, ch. VII, p. 202, et Ducrest de Villeneuve, p. 222, que le prieuré de Saint-Thomas avait été donné à la ville]. On obtint pour cette cession de bénéfice l'autorisation du pape, un décret de l'évêque et le consentement de l'Abbesse de Saint-Georges à qui appartenait le droit de présentation. Le 31 juillet 1536, François Ier, après s'être assuré par une enquête de M. d'Argentré, sénéchal de Rennes, que la ville n'allait point contre le gré du pape, de l'évêque et de l'Abbesse de Saint-Georges, permit de construire un collège à l'endroit où était située la maison du prieuré Saint-Thomas et d'acquérir, pour le nouvel établissement, des terrains voisins de ce prieuré. Peu de temps après, la communauté de Rennes adjugea des baux pour la construction des édifices qu'elle jugeait nécessaires au collège et fit l'acquisition de plusieurs terrains [Note : Archives municipales, liasse 289. Historique du collège].
Le collège Saint-Thomas prenait la place des petites et grandes écoles.
I.
L'histoire du collège Saint-Thomas, de 1536 à 1604, contient peu d'événements ; elle se résume presque tout entière en une lutte contre la pauvreté, la misère même, semble-t-il, à certaines époques. Ce n'est pas que les bourgeois de Rennes ne se soient pas intéressés à l'établissement qu'ils avaient fondé et n'aient pas su, pour lui, faire de dépenses, mais bien d'autres objets sollicitaient et leur attention et leur bourse.
Dès 1536, le collège commença de fonctionner ; la ville s'occupa immédiatement de lui donner des locaux suffisamment grands et appropriés aux usages scolaires ; en même temps qu'elle acquérait quelques maisons voisines de Saint-Thomas [Note : D'après l'histor. du collège, Arch. mun., liasse 289, Trois maisons qui coûtèrent 361 livres], elle faisait, en 1537 et 1538, élever deux corps de logis qui coûtèrent environ 5000 livres [Note : Arch. mun. liasse 281. « Le conte de la minse faite pour les deux corps de logis du collège Saint-Thomas » et liasse 289. Histor. du collège].
La communauté de Rennes rétribuait elle-même les trois régents qui, au début de l'existence du collège, distribuaient l'enseignement dans trois classes [Note : Arch. mun., liasse 281, quittances. En 1544, le premier régent recevait par an 30 écus ; en 1548, 56 livres ; en 1548, le deuxième régent recevait 22 livres, 10 sols, pour trois quartiers de ses gages] ; elle donnait au principal, (du moins en 1550) un salaire de 300 livres tournois, lui reconnaissait la jouissance du revenu provenant des rétributions scolaires, des jardins et pourpris du collège [Note : Arch. mun., liasse 281. Conditions faites à Pierre Millet, en 1550. C'est le plus ancien contrat passé entre un principal et la ville que nous possédions ; on ne nous dit pas le chiffre de la rétribution scolaire]. Le nouvel établissement étant aménagé, meublé, la comumnauté de ville n'avait plus, semble-il, qu'à veiller sur son bon fonctionnement ; mais, dès 1551, il fallut recommencer de construire, une partie des anciens bâtiments s'étant abattue et les dépenses s'élevèrent à environ 300 livres [Note : Arch. mun. Compte des miseurs de 1551-1552-1553. On ne peut donner qu'un chiffre approximatif, les miseurs ayant mêlé le détail de diverses dépenses]. Aussi la ville, qui depuis 1554 avait porté à 350 livres la rétribution du principal [Note : Conditions faites à Fauvelaye, en 1554. Arch. mun., liasse 281], trouvait-elle lourde la charge de son collège et, à plusieurs reprises, ses principaux furent obligés de réclamer aux miseurs le payement intégral de leur traitement et le remboursement de sommes qu'ils avaient avancées [Note : Arch. mun., liasse 281. Réclamations de Fauvelaye, principal du collège, 1555, 1556 ; de Barat, principal, 1559].
L'importance de l'œuvre de l'éducation était aussi à Rennes comprise par de simples particuliers qui traduisirent par des dons l'intérêt qu'ils y portaient. Vers 1560, Guillaume de Lignières, chanoine de Rennes, abbé de Saint-Aubin-des-Bois, constitua, au profit du collège, une rente annuelle de 105 livres tournois [Note : Arch. mun., liasse 281. Cette rente, constituée par Guillaume de Ligniéres (à condition que chaque lundi fût dite une messe pour le repos de son âme, en la chapelle du collège) fut, par suite de transactions, payée, à partir de 1561, par noble homme Duhan, sieur de Launay, et par messire le Bouteiller, seigneur des Landes, depuis 1593]. En 1567, l'établissement de Saint-Thomas recevait une donation plus importante ; messire Brullon, seigneur de la Muce, conseiller du roi au parlement de Bretagne, lui léguait, à charge de prières, moyennant le bon plaisir de l'évêque de Rennes, Bertrand de Marillac, et des « nobles bourgeois », 75 livres tournois de rente annuelle ; de plus, il avait acheté deux maisons et un jardin contigus au collège et les lui adjoignait, ne le trouvant pas suffisamment « ample » pour l'affluence des écoliers.
Le seigneur de la Muce se montrait soucieux de ce que les enfants élevés à Saint-Thomas y fussent solidement instruits dans les lettres et y reçussent de sérieux principes chrétiens basés sur une connaissance solide de la religion. En effet, dans les conditions mises à son legs, on voit que chaque jour devait être donnée aux élèves une leçon d'instruction religieuse ; de plus, le donateur, comprenant l'importance, pour le progrès des études, de l'émulation et des récompenses décernées publiquement, établissait une véritable distribution de prix. Chaque année, le 1er mai, à l'élève de la 1ère classe qui aurait fait la meilleure composition « en prose et oraison latine » serait décernée, devant une assistance de notables invités, une récompense consistant en une églantine d'argent à « œil » doré valant 60 sols ; le lauréat en prose latine des deux autres classes se verrait attribuer une plume d'argent de la valeur de 40 sols « dont la couronne sera dorée » [Note : Arch. mun., liasse 282. Fondation de Messire Brullon, seigneur de la Muce, en faveur du collège Saint-Thomas (la rente qu'il léguait passa, en 1576, par suite de contrats, à la charge des sieurs Godet et Couriole)].
Le seigneur de la Muce portait donc un intérêt éclairé au collège de sa ville et, pensait-il, de l'instruction qui s'y dispensait devaient profiter non seulement les enfants capables de verser une rétribution scolaire, mais encore les fils des pauvres. Il recommandait avec insistance au principal de recevoir aux leçons les écoliers indigents « sans leur faire payer aulcun debvoir de porte ny de classe » [Note : Arch. mun., liasse 282. Le principal du collège devait faire poser, à la porte de son établissement, un tableau disant que les enfants pauvres y étaient reçus gratuitement]. Cet ordre du seigneur de la Muce ne paraît pas avoir été obéi ; après 1567, comme avant, les conditions faites par la ville aux principaux de son collège indiquent parmi les revenus de Saint-Thomas les redevances scolaires versées par les écoliers et jamais il n'est fait mention d'une exception en faveur des pauvres.
Jusque vers 1580, le collège Saint-Thomas avait, semble-t-il au premier abord, fonctionné sans trop de difficulté. Sans doute, les principaux du collège avaient, à plusieurs reprises, été obligés de réclamer à la ville ce qui leur était dû, mais leur créance avait été assez promptement réglée et les bourgeois de Rennes avaient fourni le nécessaire à l'établissement qu'ils avaient fondé. Son existence, cependant, du fait d'une réelle misère, était menacée ; une seule pièce nous en fait foi, mais le contenu en est grave [Note : Pièce non datée, intitulée « le collège Saint-Thomas », Arch. mun., liasse 283. Vu les noms des personnages qui y sont cités, cette requête pour le collège a dû être faite entre les années 1548 et 1551. Il est à remarquer qu'on ne trouve point les contrats de constitution des rentes qui auraient été alors assignées au collège par quelques officiers et notables de la ville et qu'il n'est jamais fait mention de ces dons. Ces générosités restèrent-elles à l'état de projet ?]. Il ne s'agit de rien moins que de faire « requeste aux gens notables et riches personnaiges de la ville pour avoir de euls des dons pour augmenter le revenu » du collège. Le besoin de nouvelles ressources est pressant : les recettes ordinaires n'étant que de XL livres monnoie, « le revenu des escolliers ne vault chacun an 100 livres monnoie… syl y a des portionnistes ilz despendent plus qu'ils ne payent... il n'y aura exercice syl n'y a aultres rentes ». On se trouvait donc dans l'alternative de faire des dons au collège ou de le fermer ; or il était impossible de renoncer au « grant bien et honneur » d'avoir cet établissement dont la construction « a cousté à la ville plus de 4000 livres monnoie ». Le collège reçut peut-être alors quelques dons ; en tout cas il continua de vivre et les fondations de Guillaume de Lignières et de M. de la Muce vinrent l'aider à subsister.
A partir de 1580 environ, l'état de choses s'aggrava et la situation de l'établissement Saint-Thomas fut, jusqu'en 1604, foit. précaire. Il faut chercher la cause des difficultés que rencontra le collège dans la situation politique d'alors. Catholiques et protestants étaient en lutte, les guerres de religion désolaient la France ; la Bretagne jouit, sans doute, d'un calme relatif jusqu'au soulèvement du duc de Mercœur [Note : B. Pocquet. Histoire de Bretagne, p. 67, 73, t. V], mais depuis plusieurs années elle prenait ses mesures contre l'invasion possible de la guerre et, à Rennes, les travaux de fortification, de défense, absorbaient une très grande partie des ressources du budget municipal [Note : Laronze. Essai sur le régime municipal en Bretagne, p. 109, 110]. Il fallait encore se protéger contre les malfaiteurs dont le nombre augmentait à la faveur des troubles, contribuer à la défense générale du royaume, répondre aux fréquentes levées de subsides du roi [Note : B. Pocquet, op. cit., p. 76, t. V]. Aussi, un gouffre se creusait dans les finances de la ville ; pour le combler il fallait avoir recours aux impôts supplémentaires, aux emprunts, aux cotisations forcées [Note : Laronze, op. cit., p. 112].
A partir de 1587, après le meurtre des Guise, ce fut à Rennes une effervescence générale ; si les chefs de la ville et le parlement restèrent fidèles au roi, des ligueurs, peu nombreux mais ardents, un prédicateur, le jésuite Odon Pigenat, surexcitèrent l'opinion populaire et gagnèrent des sympathies au duc de Mercœur, gouverneur de Bretagne, qui travaillait alors à soulever la province au nom de la Ligue. Pendant quelques jours, Rennes, en mars 1589, fut au pouvoir du duc qui tenta de la reprendre en juin et les années suivantes [Note : Pocquet, op. cit., t. V., p. 95, 96, 97. Ducrest de Villeneuve, op. cit., p. 261 à p. 275. Dom Taillandier, Hist. ecclésiastique et civile de Bretagne, t. II, p. 366. « Aimar Hennequin, évêque de Rennes, ligueur à l'excès, était membre du Conseil de l'union à Paris et avait été envoyé à Rennes pour y faire soulever les habitants, en faveur de la Ligue »].
Ce fut l'époque des grands troubles et nous pouvons supposer que la marche des études, la discipline s'en ressentirent au collège Saint-Thomas ; sur ce point, toutefois, les documents ne nous donnent que peu de renseignements ; mais, nous savons que les charges de la ville continuèrent à s'accroître, du fait des dépenses militaires, des deniers réclamés par le trésor royal, des exigences des officiers ligueurs ou royalistes, des secours qu'il fallait donner aux mendiants dont le nombre augmentait dans des proportions effrayantes, des réceptions de grands personnages et, en particulier, de celle qui fut faite à Henri IV, en 1598 [Note : Laronze, op. cit., p. 112. Sur la misère d'alors, v. D. de Villeneuve, op. cit., p. 278 ; en 1597, le blé était si cher qu'une partie des habitants furent réduits à mendier dans les rues. D. Taillandier, op. cit., t. II, p, 368, dit que quand Rennes eut été remise sous l'obéissance du roi elle « fut, pendant tout le temps de la guerre, la place d'arme des royalistes et ils en tirèrent des ressources qui les mirent en état de faire tête au duc de Mercœur »].
Aussi ne peut-on s'étonner que, jusqu'à 1604, le collège Saint-Thomas n'ait pas reçu de largesses de la ville et qu'elle ait eu peine à remplir ses obligations envers lui ; mais aussi conçoit-on que les « principaux » de Saint-Thomas aient fait entendre des plaintes et, de fait, ces plaintes furent fréquentes.
En 1590, le « principal », Jean Cleray, suppliait les bourgeois, vu, disait-il, « une infinité de pertes qu'il a souffertes les derniers ans et soufre encore de jour en jour à cause de l'injure des temps, » de le laisser quitter une situation qu'il avait occupée plus de douze ans au lieu des six ans pendant lesquels il devait la garder. Les supplications que, à plusieurs reprises, il avait faites à la Communauté et de le décharger de ses fonctions, et de lui fournir quelques ressources étaient, ajoutait-il, restées sans réponse ; « il a esté, et est contrainct d'emprunter du tiers et du quart jusques à grande partie de son vallant sans espoir de s'en puvoir desgaiger ». Aussi est-ce avec instance qu'il formulait sa demande, assurant les bourgeois de Rennes que, s'ils acquiesçaient à ses désirs, il leur serait « bien serviteur et obligé de prier Dieu pour [eux] le reste de sa vie » [Note : Arch. mun. Annexe des comptes. Supplique de Jean Cleray aux bourgeois de Rennes, janvier 1590]. A cette requête pressante, à ces promesses, la ville ne céda point ; peut-être aurait-elle été fort en peine de trouver un autre principal. En février et décembre 1591, en janvier 1592, Jean Cleray renouvelait sa prière, faisant valoir « le peu de revenu dudict collège qui est presque diminué de la moitié à cause du mauvais temps pour estre la pluspart en dismes qui ne peuvent estre recueillyes aux champs » [Note : Arch. mun., liasse 282. Supplique de Jean Cleray, 5 février 1591 ; Arch. num., annexe des comptes, 3 décembre 1591, Délibération de la maison commune sur la requête de Jean Cleray ; Arch. mun., registre 471. Délibération du 3 janvier 1592. Nous voyons par les comptes des, miseurs (Arch. mun.) que, en 1555 encore, c'était la ville et non le collège qui jouissait des dîmes de Nouvoitou et de Chantepie, dépendant du prieuré de Saint-Thomas ; la dîme de Nouvoitou était alors affermée pour 12 quartiers de seigle, celle de Chantepie, pour 8. Nous n'avons pas le contrat passé entre la ville et Jean Cleray lors de son entrée en charge, aussi ne savons-nous pas exactement de quel revenu il jouissait. Il nous indique un chiffre net de 500 livres; mars sur quoi était-il assis ? Quelles étaient les charges du principal ?. Il nous manque bon nombre des contrats faits entre les bourgeois et les principaux du collège ; le dernier que nous possédions, antérieurement à l'entrée en charge de Cleray, est de 1557, il renouvelle les conditions dont nous avons parlé à propos des premiers principaux. Il est probable que les conditions pécuniaires, qui furent faites au successeur de Cleray (et que nous allons exposer plus loin) lui furent imposées à lui-même]. Les bourgeois le supplièrent de continuer à exercer le principale, déclarant. que, sans doute, bon nombre « d'honnestes hommes » se présentaient pour le remplacer mais que, vu la « bonne oppinion » qu'ils avaient de lui, ils désiraient le conserver. N'y aurait-il point là, de la part du corps de ville, sous la forme d'une flatterie, un mensonge ou, tout au moins, une exagération que dictait l'intérêt ? Poussé, s'il faut l'en croire (et il semble qu'on le peut) par le zèle du bien public, Cleray se décida encore une fois à rester en charge, jusqu'à ce que les habitants fussent pourvus d'un autre principal, ce qu'il désirait voir « le plustost que faire se pourra ». Mais, le zèle, tout ardent qu'il soit, ne suffit pas à faire vivre ; c'était peu en temps ordinaire d'un revenu net de 500 livres pour entretenir cinq régents, subvenir à toutes les dépenses du collège, et, par suite des troubles, les revenus diminuaient tandis que les dépenses s'accroissaient. Tout en croyant à la misère du principal, il nous est cependant permis de le taxer d'exagération lorsque nous l'entendons déclarer que « l'eau courte aujourd'huy plus que ne faisait le vin du temps des précédants principaulx dudict collaige ». Quoi qu'il en soit, la communauté de Rennes fut heureuse de le garder momentanément, sous condition de le décharger à l'avenir des réparations dont la dépense dépasserait deux écus et de lui assurer les revenus du bénéfice de Feins, estimés à 200 écus, que la ville s'efforçait alors d'unir au collège [Note : Arch. mun., annexe des comptes. Procès-verbal de la visite faite au collège pair des députés de la maison commune, 20 avril 1592. Arch. mun., registre 470. Délibération du 1er juin 1591. En 1591, la ville sollicitait de l'Abbé de Saint-Melaine, dans le but de l'unir aussi au collège, le bénéfice de Saint-Gilles qui était vacant (Arch. mun., registre 471. Délibération du 22 août 1591). Ce bénéfice donnait un revenu net de 330 livres, 16 sols, 4 deniers, en 1695 (G. de Corson, Pouillé de Rennes, t. II p. 113)].
Le zèle dont Jean Cleray se déclarait animé pour le bien public ne l'empêcha pas (quel est le zèle qui n'a jamais défailli et ne faut-il pas savoir renoncer à dénouer des situations que l'on juge impraticables) de quitter le collège à la fin de l'année scolaire de 1593, l'offre qu'il avait faite de rester en charge moyennant un supplément de revenu annuel de 200 écus ayant été repoussée [Note : Arch. mun., registre 472. Délibération du 16 et 19 juillet 1593. Arch. mun., liasse 282. Julien Bouvier se présente pour remplir la charge de principal].
Au principal qui le remplaça, Julien Bouvier, les difficultés pécuniaires allaient aussi se présenter. La ville lui imposait le payement et l'entretien des régents, lui accordait le revenu du fief et juridiction de Saint-Thomas, des dîmes de Chantepie et de Nouvoitou, du bénéfice de Feins et le dispensait de tout droit d'octroi pour le vin et le bois destinés à l'usage du collège [Note : Ces conditions sont bien différentes de celles que nous avions vues jusqu'ici. Jusqu'en 1557 (date du dernier contrat antérieur à celui de 1593 que nous possédions), la ville donnait une rétribution annuelle de 300 ou 350 livres tournois au principal et salariait elle-même les régents. A partir d'une date qu'on ne peut déterminer, jusqu'en 1604, le principal paya les régents et, en plus des rétributions scolaires, toucha : 1° Une rente annuelle de 100 livres provenant de la fondation Lignières, en 1560 ; 2° Une rente annuelle de 75 livres provenant de la fondation Brullon de la Muce, en 1567 ; 3° Une rente annuelle de 100 livres fondée, en 1574, et due par Jean Maillard et Jean Morel ; 4° Le produit du fief de Saint-Thomas qui s'étendait, d'après un aveu de 1644 (Arch. départ., D.) en la rue Saint-Thomas, la rue Vasselot, la Basse Parcheminerie, la rue Haute, la rue Basse, la rue Hux ; en la paroisse de Chantepie, au bailliage de Saint-Hélier, au terroir de Beaumont. Une déclaration de 1790 (G. de Corson, Pouillé de Rennes, t. III., p. 322, 323) en détaille ainsi le revenu : rentes féodales, 6 l., 17 s. ; rentes foncières, 88 livres ; juridiction et greffe ; 20 livres (le fief entraînait moyenne et basse justice) ; dîme en Chantepie, 366 livres ; dimes en Nouvoitou, 430 livres, déduction faite des charges le revenu se montait à 589 livres, 9 sols, en 1790. Mais un bail des dîmes consenti par. Jean Cleray, le seul que nous possédions postérieur à 1555 (Arch. mun., liasse 282) nous apprend que, en 1603, les dîmes de Nouvoitou étaient affermées pour 190 livres tournois et que, en 1601, celles de Chantepie l'étaient pour 173 liftes tournois. Sans compter les rétributions scolaires, le revenu du collège était donc, en 1604, d'environ 730 livres au maximum]. Il fut décidé que le principal percevrait une somme de 2 sols par mois sur chacun des écoliers de la ville, de 3 sols sur chacun des pensionnaires sans que fût admise aucune exception. A en juger par le procès-verbal des réparations que la ville prenait à sa charge, le collège était en fort mauvais état, le mobilier en était rudimentaire, la chapelle dépourvue d'ornements [Note : Arch. mun., liasse 282. Procès-verbal des réparations à faire au collège, 29 juillet 1593]. Encore que les bourgeois de Rennes eussent promis de porter remède à cet état de choses, le principal dut maintes fois les en faire souvenir [Note : Requêtes de Bouvier, Arch. mun., annexe des comptes, 3 novembre 1593, 31 janvier 1594, 21 avril 1595 ; id. registre 473. Délibération du 11 août 1595].
Les difficultés l’assaillaient : il ne percevait point les revenus du bénéfice de Feins et était en procès avec Jean Quérant qui exerçait dans cette paroisse les fonctions curiales et prétendait en toucher les fruits [Note : Arch. mun., registre 474 C. Délibération du 21 septembre 1597]. Si en février 1597, le taux de la rétribution scolaire fut légérement élevé (il monta à 3 sols par mois pour les externes et à 20 écus pour les pensionnaires) ce ne fut là qu'un maigre accroissement de revenu et une petite compensation pour la diminution qu'avait dû subir le montant des sommes versées par les écoliers, du fait des petites écoles qui s'étaient, depuis plusieurs années, installées à Rennes. En octobre 1593, le principal de Saint-Thomas avait engagé un procès contre les directeurs de ces établissements dont il réclamait la fermeture [Note : En 1550, les miseurs de la ville avaient fait les frais d'un procès intenté « contre aucuns particulliers lesquels tenoient enfans à instruire ailleurs que audict colliaige au préjudice des régens d'icelluy » (Arch. mun., compte des miseurs de 1550). Il est probable que, de cette date à celle qui nous occupe, les petites écoles s'étaient multipliées, tout en étant restreintes dans leur développement, elles avaient conquis un certain droit de cité. En effet, le contrat passé le 19 juillet 1593, entre la ville et Bouvier, en reconnaissait l'existence et spécifiait que les « pédagogues » « tenant enfans » ne pourraient enseigner que « du donnast, l'a be say » et auraient à donner au principal du collège le nom de leurs élèves. Le nombre des petites écoles n'avait pu beaucoup augmenter du 19 juillet au 30 octobre et Bouvier ne dit point, dans le cours du procès, que les maîtres de ces établissements aient manqué à leurs engagements envers lui. Il est probable que, entré en charge, il se rendit un compte exact du tort que causaient à Saint-Thomas les petites écoles et c'est; ainsi qu'il aurait été amené à en réclamer la fermeture]. Sans doute, Bouvier et les bourgeois de Rennes (le procureur syndic de la Communauté intervint au procès) tenaient, par amour-propre, à maintenir les privilèges du collège Saint-Thomas ; ils sintéressaient à ce que l'enseignement ne fût dispensé que par des maîtres capables et instruits ; mais aussi, certes, ils étaient sensibles à la diminution de ressources que causait dans le budget de leur établissement l'existence des petites écoles. L'instruction des enfants, disait le procureur syndic « si toutefoys instructhin se doibt appeller » s'y faisait « au préjudice du dict collège qui est, par ce moyen, dénué d'enfans et escolliers lequel seroit, si tel abus cessoit, florissant et beau ». Bouvier et la Communauté de ville n'obtinrent pas complètement gain de cause ; les petites écoles ne furent pas supprimées comme ils le demandaient, du moins fut-il décidé « que les enfans initiez aux ellemantz de la grammaire et ayant excédé l'âge de huit ans » devraient être envoyés au collège [Note : Arch. mun., liasse 282. Procès du collège et de la ville contre les petites écoles. Les difficultés entre collèges et petites écoles semblent avoir été d'ordre courant. Muteau : Les écoles et collèges en province, Paris, 1882. Carré : Hist. du collège de Troyes, p. 42]. De ce procès, Bouvier se plaignit, en 1597, qu'il eût fait lui-même les frais et, ne trouvant dans sa situation que pertes, après avoir accepté le 7 mars 1597, au terme de ses fonctions, de faire un nouveau bail de quatre ans, il demanda, comme son prédécesseur, d'être déchargé [Note : Arch. mun., registre 474 C. Délibération du 7 mars 1597. Arch mun., annexe des comptes. Supplique de Bouvier à M. de Montbarot, gouverneur de Rennes et aux bourgeois, 13 février 1598. Arch mun., registre 475 A. Délibération du 13 février 1598].
De même que Cleray, il altéra, certes, la vérité dans les plaintes qu'il adressa au corps de ville ; par exemple lorsqu'il affirma que les vivres n'étaient pas chers au temps du précédent principal et que lui, le premier, avait eu à entretenir cinq régents. Mais s'il est vrai qu'il lui fallait donner 400 livres au premier régent et que la pension de ce régent lui revenait à 100 écus, alors que le revenu du collège n'était, disait-il, que de 400 à 500 livres, on comprend que, à un certain moment, l'établissement se soit trouvé manquer d'un professeur de première classe et que Bouvier se soit déclaré incapable de rester en charge [Note : Arch. mun., annexe des comptes. Supplique à M. de Montbarot et aux bourgeois de Rennes, 13 février 1598. Arch mun., liasse 282. Requête de Bouvier, 7 mars 1597. Arch. mun., registre 474 C. Délibération du 7 mars 1597].
Il ne semble pas, encore que Bouvier ait paru le lui reprocher [Note : Arch. mun. liasse 282. Requête du 7 mars 1597], que la ville, durant son principalat, se soit désintéressée du collège. Elle le soutint dans le procès qui était engagé pour le bénéfice de Feins, dans celui qui fut intenté aux directeurs des petites écoles. Si elle ne fit pas les frais de ce dernier, il est à supposer qu'elle ne le pouvait pas ; les années 1593 à 1598 furent dures pour les Rennais : il fallait se garder contre les entreprises du duc de Mercœur et la misère, dans la ville même, était à son comble [Note : Ducrest de Villeneuve, Histoire de Rennes, p. 274 à 280]. Impuissante à subvenir à elle seule ux besoins du collège Saint-Thomas, la Communauté de ville nomma quelques bourgeois pour en être les « économes » et avoir « l’œil et sollicitude de l'augmentation du collège » ; elle ne craignit même pas de recourir à la charité publique : ces économes, déclara-t-elle, en 1595 et 1598, « pourront rechercher des habitants des charités » [Note : Arch. mun., registre 473. Délibération du 11 août 1595. Arch. mun., registre 473. Délibération du 23 octobre 1595. Arch. mun., annexe des comptes. Mission donnée à Etienne Guillou, l'un des miseurs, le 27 février 1598, de recevoir les dons qui seraient faits au collège].
Jacques Babin, recteur Bayes, « maistre et régent aux arts en l'Université de Paris », qui prit la direction du collège, le 2 août 1598, était instruit par l'exemple de ses prédécesseurs, il savait que la situation n'était pas aisée ; aussi s'efforça-t-il d'obtenir un supplément de ressources. Devant le corps de ville assemblé en la maison commune, il lut une requête dans laquelle il présentait des arguments propres à stimuler la générosité de la communauté. Le revenu net qui d'après les comptes des anciens principaux se montait à 550 livres était, dit-il, notoirement insuffisant pour permettre au collège de « fleurir comme on voit quelques autres communs collèges de la France par les provinces ». Une somme de 700 écus était nécessaire chaque année pour les gages et l'entretien des régents, si l'on voulait avoir des maîtres réunissant les qualités professionnelles et morales désirables [Note : Arch. mun., liasse 282. Requête de Babin. Voici le chiffre des traitements que le nouveau principal estimait convenables pour les régents : 400 livres pour le premier ; 250 livres pour le second ; 100 livres pour chacun des trois autres. Babin donne des détails sur les exigences que pouvaient avoir les régents en ce qui concerne le régime alimentaire ; s'ils ne viennent pas, dit, il, de Bretagne, ils ne voudront pas se contenter « de cildre ni de vin breton », il leur faudra « à leur repas ordinaire le tierçon ou plus du meilleur vin d'Orléans ou d'Anjou »] ; pour se la procurer, il réclamait que l'on élevât de 3 à 6 sols par mois, au moins pour une durée de six ans « le droit de porte et d'escollage », il demandait que les corps constitués, les simples particuliers, se montrassent généreux pour le collège, lui fissent des dons et que la Communauté de ville lui témoignât plus d'affection qu'à son « riche » hôpital Saint-Yves, où l'on ne soignait que les corps « corruptibles et mortels » tandis qu'à Saint-Thomas étaient « nouriz et de corps et d'âme.... les esprits qui sont les immortels et divins pourtraicts de la bonté de Dieu » [Note : Arch. mun., liasse 282. Requête de Jacques Babin].
Les bourgeois de Rennes reconnurent que les revenus du collège n'étaient pas « suffisans pour un honnête entretien des gages et nourriture du principal et de ses régents », et, s'ils ne fixèrent qu'à 5 sols par mois le chiffre de la rétribution scolaire, il s'engagèrent à donner à Jacques Babin, en plus de la jouissance des rentes fondées en faveur du collège, du revenu du fief de Saint-Thomas, des dîmes de Chantepie et de Nouvoitou, une somme de 100 écus lors de son entrée en charge [Note : Arch. mun., liasse 282. Conditions faites à Babin. Sur la demande du principal, il était accordé que les élèves « selon la bonne volonté et libéralité de leurs parents et à leur discrétion » fissent des dons à leurs régents, sans qu'il pût en être fait obligation]. Mais cette augmentation de ressources était légère ; de plus, le bénéfice de Feins, par suite de nouvelles difficultés, ne devait rapporter qu'une bien faible somme [Note : En 1597, Jean Querand avait consenti une résignation en faveur de Jean Chassé. Celui-ci devait conserver au collège les fruits du bénéfice, ne se réservant qu'une somme annuelle de 60 écus, la jouissance du presbytère et du jardin. Arch. mun., 476 C. Délibération du 12 mai 1597. Mais en 1600, il déclara ne vouloir tirer profit des lettres qu'il avait obtenues de Rome ; la ville se résolut à faire « dilligence d'obtenir lettres d'union dudict bénéfice de Feins au collège ». Arch. mun., annexe des comptes : Le principal du collège Saint-Thomas expose au Corps de ville, qui délibère ensuite sur cette affaire, la décision de Chassé] ; du moins la charité privée était sollicitée de venir en aide au collège Saint-Thomas : trois ou quatre personnes devaient être élues pour veiller à « l'avancement et promotion du collège » et, spécialement, pour rechercher « les charitez des personnes qui auront moien et volonté de subvenir [à ses] nécessitez. » [Note : Arch. mun., liasse 282. Conditions faites à Babin. Il ne convenait pas, disaient les bourgeois, que le principal recherchât lui-même les charités, cela serait pris chez lui, quoique venant de charité pour « l'exercice d'une sordide avarice »].
Evidemment, les bourgeois de Rennes se sentaient de plus en plus incapables de supporter à eux seuls la charge de la maison qu'ils avaient fondée ; ils avaient toujours peine à exécuter les promesses qu'ils avaient pu faire à leur « principal » : en janvier 1600, Babin, qui avait, semble-t-il, trouvé, en 1598, le collège dans un état déplorable [Note : Arch. mun., annexe des comptes. Requête de Babin, noviembre 1598. « L'eau tombe au dedans du logis, du grenier et aux chambres de faczon que en grande partie d'icelles l'on ne peut habiter ; les fenêtres de la grande salle et des chambres sont rompues et n'y a aucunes vittres tellement que l'on ny sçaurait presque tenir la chandelle allumée ny exercer en icelles les fonctions requises et accoustumées en collège bien reglez ; les classes sont en grande ruine »], suppliait la ville de faire les réparations nécessaires, des procès-verbaux en avaient plusieurs fois été dressés et deux corps de logis menaçaient ruine [Note : Arch. mun., annexe des comptes. Requête de Babin, 4 janvier 1600. Arch. mun., liasse 282. Lettre du Cardinal d'Ossat, mai 1600]. Dans cette détresse, la lettre que reçut le Corps de ville, au mois de mai 1600, du Cardinal d'Ossat, dut être la bienvenue ; le Cardinal promettait de s'employer à promouvoir l'union au collège de bénéfices ou prieurés simples dont les titulaires consentiraient à se démettre [Note : Le Cardinal d'Ossat avait des raisons spéciales de porter intérêt à la vïlle de Rennes. Alors qu'il résidait à Rome pour les affaires de France, il fut nommé, en 1596, évêque de Rennes ; il garda ce titre jusqu'en 1599 où il reçut la pourpre et fut promu au siège épiscopal de Bayeux. Il ne résida, du reste, ni à Rennes, ni à Bayeux. Tresvaux, Église de Bretagne, p. 30].
Cette même année 1600, le prieur de Notre-Dame de Brégain (diocèse de Dol), Fernand Vivien, renonçait au profit du collège de Rennes au bénéfice et prieuré de Gahard. Nous ne voyons pas qu'on ait porté attention à cette offre ; peut-être la condition mise par Vivien que « Messieurs de la ville eussent agréable de l'évincer contre Mrs Pierre Radenatz et. autres qui luy faizaient trouble » empêcha-t-elle la poursuite de cette affaire. Les bourgeois de Rennes s'étaient, cependant, montrés fort reconnaissants envers Vivien après qu'avait été « mise en considération la grande nécessité dudict collège dont le revenu est si petit qu'il est du tout insuffisant de pouvoir satisfaire aux charges d'icélluy » [Note : Arch. mun., annexe des comptes. Exposé de l'offre de Vivien et délibération de la ville à ce sujet, 8 mai 1600].
Parmi toutes ces affirmations de la pauvreté de l'établissement Saint-Thomas, nous sommes étonnés d'entendre (le 13 juillet 1600) Dom Raoul Crocq, régent du collège, s'offrir comme principal (Babin devait se retirer dans son bénéfice de Bayes) en déclarant que le revenu du poste qu'il sollicitait était « passablement suffisant sans qu'un homme qui s'emploira à vostre service [au service de la communauté] y doive emploier ses propres moyens » [Note : Arch. mun., liasse 282. Requête de Raoul Crocq].
Quoiqu'il manifestât un tel optimisme, optimisme qui, sans doute, eût cédé devant la réalité [Note : Cet optimisme était peut-être déjà tombé, car le 10 janvier 1601, la communauté résolut de lui demander s'il maintenait sa candidature. Arch. mun., registre 476 B. Délibération du 10 janvier 1601], ce ne fut pas lui qui, en janvier 1601, remplaça Babin lorsque le corps ville se sépara de celui-çi, à la suite de graves mécontentements.
Jean Cleray, recteur de Chantepie, vint, une seconde fois, expérimenter les difficultés de la direction de l'établissement [Note : Ce « Jean Cleray » est certainement celui qui avait exercé la charge de principal avant Julien Bouvier ; l'identité de nom et prénom en fournit déjà une probabilité ; de plus, les signatures semblent bien tracées par la même main, l'écriture est seulement moins assurée en 1601]. Et, de fait, quoique nommé pour trois ans, il demanda, dès 1603, et à plusieurs reprises, d'être déchargé ; il fallut le prier de rester en fonction jusqu'à la Saint-Rémy 1604 [Note : Arch. mun., registre 476 D. Délibération du 10 juin 1603. Délibération du 27 juin 1603. Délibération du 11 juillet 1603], ce qu'il accepta, à son grand détriment. On ne voit point, en effet, que lui ait été faite l'augmentation de traitement qu'il réclamait pour demeurer en charge, et le 22 juin 1605, alors que déjà les Jésuites étaient établis à Saint-Thomas, il présentait à la Communauté de ville une requête lamentable, réclamant quelque dédommagement de ses pertes. Ne souffrez pas, lui disait-il, que je « demeure ruiné pour vous avoir servy ». Il s'était engagé dans une dette de plus de 500 écus, tant pour subvenir aux traitements, à la nourriture des régents qu'au payement du recteur de Feins, bien qu'il n'eût presque rien touché de ce bénéfice qu'on lui avait dit rapporter 100 écus [Note : Arch. mun., liasse 282. Requête de Jean Cleray, 22 juin 1605. Aucune pièce ne nous dit si le dédommagement réclamé par le principal lui fut accordé. Sur la question du bénéfice de Feins : Arch. mun., 476 D. Délibérations du 10 juin et du 14 novembre 1603. Arch. mun., liasse 290 : le 15 octobre 1603, devant le présidial, les bourgeois de Rennes exposent que Jean Chassé avait laissé la disposition du bénéfice à son frère Pierre qui en passa bail à son profit personnel. A la requête du Corps de ville, le présidial appelle Pierre Chassé à comparaître. Nous n'avons que des indications fragmentaires sur cette affaire du bénéfice de Feins, ce qui est certain, c'est qu'il rapporta fort peu au collège]. La ville, cependant, s'était efforcée d'assurer la subsistence du collége ; si elle avait diminué la rétribution scolaire qui était, de ce fait, descendue à 3 sols par mois pcur les externes, elle déchargeait Cleray des frais de réparations et, en plus des revenus habituels, lui donnait, pour la première année de sa charge, la jouissance « des deniers à Dieu » qui seraient « adjugez » au siège présidial de Rennes ; elle destinait au collège d'autres amendes que devaient recevoir des « personnes capables » [Note : Arch. mun., liasse 282. Conditions faites à Cleray, le 26 janvier 1601. - Arch. mun., registre 476 C. Délibération du 19 août 1602 : on nomme des députés pour recevoir les amendes destinées au collège Saint-Thomas]. Désireux de trouver d'autres ressources, le Corps de ville s'employait à promouvoir l'union à son collége du prieuré de Notre-Dame de Bregain au diocèse de Dol, paroisse de la Boussac. A cet effet, il s'adressait, en 1601, au Cardinal de Joyeuse, abbé commendataire de Saint-Florent, près Saumur, et aux religieux de cette abbaye dont dépendait le prieuré de Bregain. Exposant dans l'assemblée des bourgeois les motifs de ces démarches, Sébastien Frain, sieur du Chesnay, fit sentir l'extrême pénurie du collège ; il s'agit, dit-il, de maintenir « l'exercice des lettres » qui « s'en va désert pour le peu de revenu et nottoire nécessité dudict collège » ; par cette union, est-il dit, dans une assemblée de la maison commune, tenue le 21 mars 1603, pourra se continuer « l'instruction de la jeunesse et l'exercice des lettres qui s'afoiblist journellement et perissoit au grand détriment du publicq ».
Le Cardinal de Joyeuse et les religieux de Saint-Florent consentirent à cette union du bénéfice de Bregain [Note : Arch. mun., annexe des comptes. Extrait du registre de la maison commune, 2 mars 1601, ordre aux miseurs de payer 50 écus pour partie des frais de l'union du prieuré de Brégain au collège. - Arch. mun., annexe des comptes. Extrait du registre de la maison commune, 19 mars 1601. Ordre aux miseurs de payer 50 écus pour satisfaire à partie des frais requis pour aller trouver le Cardinal de Joyeuse et en obtenir lettres d'union du prieuré de Bregain au collège. - Arch. mun., liasse 282. Exposé de Sébastien Frain. Conditions mises par les religieux et le cardinal à l'union du prieuré. Le revenu annuel du prieuré aurait été d'environ 500 livres], mais elle ne devait s'effectuer que quelques années plus tard après que les jésuites eurent pris possession du collège.
De 1536 à 1604, de même qu'ils tâchèrent de donner des ressources à l'étabissement Saint-Thomas, les bourgeois de Rennes s'intéressèrent à son fonctionnement, s'efforcèrent de le développer. Ils se préoccupaient de n'y voir que des principaux et régents doués des qualités les plus sérieuses afin qu'à Saint-Thomas « les enffans des nobles bourgeois » fussent « endoctrinez regiz et gouvernez en tout honneur, bonne littéracture, à l'exsemble des colleiges de Parys » [Note : Arch. mun., liasse 281 passim. Préambule des contrats passés entre la ville et les principaux. - Arch. mun., liasse 282. Conditions faites à Julien Bouvier, 19 juillet 1593 ; il devait entretenir cinq régents pourvus des qualités nécessaires et les « doter » suflisamment. - Arch. mun., liasse 282. Conditions faites à Jacques Babin, 1598 ; il devait avoir au collège des, régents « singuliers en vertu et de bonnes mœurs et de grand scavoir ». - Arch. mun., liasse 282. Conditions faites à Jean Cleray, 26 janvier 1601. Il devait entretenir de gages honnêtes cinq régents, doctes, catholiques, de bonne vie et mœurs. Mais les bourgeois de Rennes qui recommandaient de bien « doter » les régents se rendaient-ils compte que la pauvreté du collège y était un sérieux obstacle ?] ; soucieuse de la dignité des mœurs, la Communauté de ville, en 1593, déclarait que, au cas où l'un des régents « desbocheroict », le principal aurait à le remplacer [Note : Arch. mun., liasse 282. Conditions faites à Julien Bouvier, 1593]. Mais l'exemple des maîtres ne suffirait pas, tout puissant qu'il soit, à mener à lui seul les élèves au bien ; pour les bourgeois de Rennes, toute éducation devait être basée sur la connaissance et la pratique de la religion catholique [Note : D'après le legs de M. de la Muce, les élèves devaient être instruits de leur religion. - Arch. mun., liasse 282. Conditions faites à Bouvier. Il s'engageait à maintenir les régents et écoliers dans l'exercice de la foi catholique. - Arch. mun., liasse 282. Conditions faites à Jacques Babin. Il s'obligeait à ce que tous les dimanches, jours de fêtes et vigiles de l'année, il y eût au collège de « saintes exhortations et leçons extraordinaires » pour apprendre aux élèves à « servir, craindre, aymer et prier Dieu pour parvenir au salut de leurs âmes en faisant bien au pays, à eux et leur prochain »]. Afin de maintenir dans l'intégrité de la foi les enfants qui leur étaient confiés, il fut interdit aux principaux, une fois que le protestantisme eut gagné des adeptes, de recevoir « aulcun raigent ny escollier de la religion » [Note : Arch. mun., liasse 282. Conditions faites, en 1593, à Bouvier].
Si nécessaire qu'elle soit, l'étude de la religion ne doit point faire perdre de vue les diverses branches de connaissances; le soin même qu'avaient les bourgeois de recomander le choix de maîtres « doctes », prouve qu'ils le comprenaient. De cette recommandation générale, on les voit descendre à des détails plus précis : ordonner, suivant l'usage d'alors, de faire les enfants parler « lattin, ne permettre qu'ilz parlent françoys affin de mieux les instruire » [Note : Arch. mun., liasse 282. Conditions faites, en 1598, à Babin], se préoccuper d'augmenter le nombre des professeurs ; en 1550, il n'y avait à Saint-Thomas que trois régents qui tenaient trois classes [Note : Arch. mun., liasse 281. Conditions faites, en 1550, à Pierre Millet, principal], depuis 1592 les professeurs et les classes furent au nombre de cinq [Note : Arch. mun., annexe des comptes. Procès-verbal de la visite faite au collège, le 20 avril 1592, par des députés de la Communauté de Rennes].
En 1598, alors que le collège devait, six ans plus tard, subir une importante transformation en passant aux mains des jésuites, la ville semblait plus que jamais soucieuse de son bon fonctionnement. Elle ordonnait aux régents, sauf à celui de 5ème, d'exercer leurs élèves « en déclamation » chaque samedi ; des jeux publics devraient être donnés une fois l'an « ou comme il sera jugé plus convenable et praoufitable » ; un uniforme enfin était prescrit : Jacques Babin était tenu de faire porter « aux enfans pensionnaires dans le collège, robes longues avecques laizons et le petit bonnet rond ou barette de Mantoue tout ainsy et à l'instar que sont et sont bien réiglez les pensionnaires es collèges de l'université de Paris ». Pour accroître sans doute le prestige des maîtres, une tenue spéciale leur était à eux aussi enjointe : « en public comme en salle et ailleurs », ils devaient porter « habit décent, robbe de classe et Bonnet carré » [Note : Arch. mun., liasse 282. Conditions faites, en 1598, à Jacques Babin. En cas de contravention à cet ordre par un régent, les habitants de Rennes prêteraient « main-forte » au principal pour obtenir obéissance].
En dépit de tous ces soins, le collège de Rennes végéta de 1536 à 1604. Les considérants apportés par le sieur du Chesnay, en 1602, pour promouvoir l'union du prieuré de Brégain au collège Saint-Thomas nous montrent que l’établisseinent scolaire fondé par les bourgeois de Rennes était alors, au point de vue des études, loin d'être prospère. De ce dépérissement, les documents ne nous permettent pas de suivre la marche à travers les années ; le collège de Saint-Thomas avait (à en croire Jacques Babin suppliant, le 16 juillet 1593, le Corps de ville de l'agréer comme principal) connu des jours heureux, mais à cette époque la décadence des études y était notoire [Note : Arch. mun., annexe des comptes. Supplique de Jacques Babin, 16 juillet 1493. Le suppliant considère la décadence des études du collège autrefois, dit; il, si florissant]. Dom Raoul Crocq, l'un des régents, dénonçait sous ce rapport, aux bourgeois de Rennes, des faits graves et les priait de ne plus le considérer comme garant du principal (charge qu'il avait assumée en 1593) trouvant qu'il encourait de ce chef une trop lourde responsabilité. Julien Bouvier, le principal d’alors, donnait, disait Dom Crocq, des congés si fréquents que parfois, en un mois, il n'y avait de lecons que pendant douze jours ; ignorant lui-même, non content de ne pas contraindre les élèves à parler latin, il se prenait à « haïr » ceux qui voulaient, en sa présence, employer cette langue ; la leçon de grec, depuis plus d'un an, ne se donnait que par hasard dans la première classe, si bien que les élèves en étaient « contraint mandier telles leçons aux classes infrieures ». Il n'y a pas lieu de s'étonner grandement que, sous un principal si peu soucieux de ses devoirs, la discipline se soit alors, à Saint-Thomas, sur tous les points, fort relâchée ; à en croire Raoul Crocq, le désordre fut immense. Avec des compagnons, Bouvier se permettait de « boire et yvrongner au sceu des enfans soit dans le collège ou ailleurs, après cela quereller ceux qui ne les immittent » ; il ne retenait point « les pensionnaires en l'honneur et crainte de Dieu » ; permettait « une si grande liberté aux enfans que l'on ne sçait la plus part du temps où les trouver » ; laissait « choses estre exercées dedans le collège... comme quasi au lieu patibulaire » ; souffrait que « les délinquants qui sont hors du collège et qui n'ont offensé ledict collège » s'établissent « dedans la salle lieu, messieurs [disait Crocq aux bourgeois] pour la correction de vos enfans. » [Note : Arch. mun., annexe des comptes, 1593. On peut soupçonner Raoul Crocq de quelque exagération ; si Bouvier avait laissé tomber le collège à ce point, il semble bien que la Communauté de ville l'aurait relevé de sa charge ; or, il quitta le collège de sa propre volonté en 1598 (Arch. mun., rég. 475 A, Délibération du 13 février 1598), et on ne trouve pas de traces d'une enquête exercée sur les faits que dénonce Raoul Crocq].
L'établissement de Saint-Thomas, si grande que semble alors en avoir été la désorganisation, connut encore de plus mauvais jours. En 1601, plusieurs bourgeois et habitants de Rennes s'y rendirent et y virent « fort grand désordre » ; on y trouva une femme « que l’on informa estre de mauvaise vie ». La Communauté de ville releva de ses fonctions le principal, Jacques Babin, recteur de Bayes [Note : Arch. mun., registre 476 B. Délibération du 10 janvier 1601. Arch. mun., comptes des miseurs, 1600. Payement de 8 écus, 30 sols, à Pierre Baranton, 5ème régent du collège, pour nourriture du personnel du collège en attendant qu'on trouve un principal pour remplacer Jacques Babin qui a « esté chassé par Monsieur le Seneschal et habitans dudict. Rennes pour son mauvais mesnaigement et vye scandalleuse contre son debvoir »].
La pauvreté du collège permet d'expliquer ces désordres ; à cause d'elle, on pouvait ne rencontrer que difficilement des régents et principaux doués des qualités désirables ; toujours dans la gêne, leurs plaintes fréquentes en témoignent, les principaux, sans doute, s'abandonnaient au découragement et le collège, qui avait coûté bien des sacrifices, dépérissait [Note : Arch. mun., annexe des comptes. Une lettre de Babin au procureur des bourgeois, 16 octobre 1600, dit que bon nombre de « messieurs de Rennes » envoyaient leurs enfants à Avranches, au lieu de les mettre au collège de leur ville ; nous n'avons pas trouvé d'autres indications sur ce sujet]. Le moment était arrivé, toutefois, où le collège de Rennes allait entrer dans un véritable renouveau, connaître des jours tels qu'il n'en avait jamais vécu : le 18 octobre 1604, les jésuites en prirent possession ; avant de dire comment, depuis longtemps désirés, ils s'y établirent, il nous faut examiner ce que les documents nous permettent de voir de l'organisation du collège jusqu'à leur venue.
II.
Le collège Saint-Thomas, fondé par la Communauté de ville, était assujetti envers elle à une étroite dépendance. Les bourgeois de Rennes en guidaient et surveillaient la marche au point de vue des études et de la discipline et n'hésitaient pas (nous l'avons vu à propos de Jacques Babin) à recourir aux plus sévères sanctions. Ils nommaient parmi eux des députés pour faire, au nom de tout le Corps de ville, des visites au collège [Note : Arch. mun., Historique du collège, liasse 289] et en rapporter procès-verbal dans les assemblées de la maison commune ; de ces commissions faisait, semble-t-il, presque toujours partie le scolastique. Ces mandataires avaient des missions variées : inspecter l'état des bâtiments, voir les comptes du « principal » [Note : Arch. mun., liasses 281, 282. Registres de délibération du Corps de ville ; Comptes des miseurs ; Annexe des comptes, passim]. C'est ainsi, par exemple, que, en février 1599, une commission fut nommée pour se rendre à Saint-Thomas ; elle avait à « veoir les réparations — l'estat du collaige — veoir la charge et descharge des deniers qu'il a reçu — l'estat des raigens — l'estat des enffans et le traitement d'iceulx — s'informer des comportements du principal, raigens et serviteurs » [Note : Arch, mun., registre 476 A. Délibération du 17 février 1599].
Il était rare que les délégués du Corps de ville fussent chargés, en une seule visité, de porter attention à tous ces objets, mais tous étaient de leur ressort.
L'autorité de la Communauté de ville sur le collège se trouvait assurée, du fait que la nomination du principal lui appartenait. Les « principaux » de Saint-Thomas étaient choisis après délibératione des bourgeois assemblés en la maison commune ; à cette délibération prenait part le scolastique de la cathédrale et, au moins dans les premières années du collège, « messieurs du vénérable chappitre de Saint-Pierre et grant nombre des plus apparans de messieurs de la justice » [Note : Arch. mun., liasses 281 et 282. Contrats passés avec différents principaux]. Au directeur qu'ils avaient élu pour être à la tête de leur établissement scolaire, les bourgeois de Rennes, dans une séance du Corps municipal, fixaient la durée de sa charge [Note : Cette durée ne fut pas la même pour tous les principaux. La direction du collège fut confiée à Pierre Millet pour un an, à compter de la Saint-Remy, 1550 ; à Pierre du Vauboret, pour 3 ans, à partir de la Saint-Remy, 1551 ; à Pierre Fauvelaye pour 3 ans, à partir de la Saint-Remy, 1554 ; à Julien Bouvier, pour 4 ans, à partir du 2 août 1593 ; à Jacques Babin, pour 6 ans, à partir du 2 août 1598 ; six mois avant l'expiration de sa charge il devait déclarer au Corps de ville s'il comptait quitter le collège ou demander une prolongation de ses fonctions ; le 15 janvier 1601, la direction du collège fut confiée, pour trois ans, à Jean Cleray], imposaient les conditions pécuniaires et déterminaient les charges qu'il aurait à acquitter. Une fois établi, il importait que le principal n'oubliât pas qu'il était sous la dépendance de la ville ; pour l'en faire souvenir, on l'obligeait à venir chaque année, à la première assemblée municipale, présenter aux bourgeois les clefs de l'établissement qui lui était confié. [Note : L'examen des registres de délibération du Corps de ville en fournit la preuve ; le principal est appelé à rendre ce devoir avec le gardier de l'hôpital Saint-Yves, le grand portier, le garde et gouverneur de la grosse horloge, les tenanciers de maisons appartenant à la ville] Le principal, nous le savons par l'exemple de Jacques Babin, pouvait être révoqué au cas ou il venait a donner mécontentement grave.
Avec ce premier « administrateur et gubernateur » (comme l'appellent souvent les actes) et sous sa conduite, des régents, qui atteignirent le nombre de cinq, assuraient le fonctionnement du collège. Le choix en était laissé presque toujours, semble-t-il, au principal qui ne devait présenter que des hommes doctes, de bonnes mœurs et catholiques ; ce fut lui qui, bientôt, remplaçant en cela la ville, eut à les rétribuer, de même qu'il avait à les nourrir [Note : Arch. mun., liasses 281, 282. Conditions faites aux principaux. Il fut ordonné à Julien Bouvier, lors de son entrée en charge, de présenter ses régents au scolastique pour que celui-ci les interrogeât]. Principal et régents demeuraient au collège, aussi peut-on croire qu'ils appartenaient à l'état ecclésiastique, du moins il est fort probable qu'ils étaient célibataires [Note : Julien Bouvier était prêtre (Arch. mun., registre 472: Délibération du 16 juillet 1593). Jacques Babin était prêtre et recteur de Baye, évêché et sénéchaussée de Rennes (à son entrée en charge, en 1598, il pria la Communauté de Rennes de demander pour lui, à l'Evêque de Rennes, dispense des articles XIV et XVII de l'ordonnance de Blois « par lesquels ne peuvent etre esleuz ni instituez ceux pourveuz de bénéfice qui ayent charge d'âmes et requièrent résidence. Autrement sont leurs bénéfices declarez vacquans »). Arch mun., liasse 282. Jean Cleray était prêtre et recteur de Chantepie. Par contre, en 1555, alors que Pierre Fauvelaye était principal, est inscrite au compte des miseurs une réparation pour la chambre des enfants du principal].
Ils avaient, sous leur direction, des élèves, externes ou « martinets », et pensionnaires ou « portionnistes » qui étaient astreints à payer devoir de porte et classe. Tous les enfants de Rennes devaient se rendre au collège de la ville ; il avait le monopole de l'enseignement. [Note : Arch. mun., compte des miseurs, 1550 « Payé à Jehan Robert, pour avoir intimé et suivy procès contre aucuns particulliers lesquels tenoient enfans à instruire ailleurs que audict colliaige au préjudice des regens d'icelluy »] Toutefois, dans la pratique on apporta des tempéraments et les petites écoles conquirent un certain droit de cité. En 1593, il fut décidé que, à partir de huit ans seulement, les enfants seraient obligés de suivre les cours de Saint-Thomas ; en 1598, la ville elle-même reconnut l'existence des petites écoles et se contenta d'imposer des restrictions à leur développement ; en 1601, il est vrai, la ville donna à Jean Cleray le droit de « faire cesser touttes escolles clandestines » [Note : Arch. mun., liasse 282. Procès de 1593 contre les petites écoles. Arch. mun., liasse 282. Conditions faites à Jacques Babin — les maîtres des petites écoles ne devaient enseigner que l'a b c et donast — ne faisant usage comme « donasts et principes de grammaire que de ceulx que ledict principal fera lire en la cinquième et quatrième classe dudict collège ». On ne pouvait ouvrir d'école en ville, sans examen subi devant le scholastique, en la présence de Babin ou de son premier régent « qui pourront visiter lesdictes écoles pour y donner tel ordre qu'il sera requis ». Arch. mun., liasse 282. Conditions faites à Jean Cleray].
Sur l'enseignement qui se distribuait au collège Saint-Thomas, nous n'avons que fort peu de renseignements ; tout au plus pouvons-nous savoir quelles étaient les matières étudiées : grammaire, rhétorique, dialectique, humanités, [Note : Arch. mun., liasse 281. Délibération du Corps de ville, 5 avril 1537] ; il était, suivant la coutume d'alors, recommandé de s'exprimer en latin, toutefois la langue grecque était également enseignée [Note : Arch. mun., liasse 282. Conditions à Bouvier, 1593 et id. annexe des comptes, 1593, lettre de Crocq aux Bourgeois, sur l'obligation de parler latin ; sur l'enseignement du grec, v. la même lettre de Crocq et Arch. mun., compte des miseurs de 1604. Nous ne savons pas quels étaient les auteurs que l'on étudiait dans les classes. Une lettre de Babin aux bourgeois, en 1600 (annexe des comptes), nous apprend seulement que la 1re satire d'Horace fut expliquée, cette année-là, aux élèves des deux premières classes]. A côté de ces objets élevés d'étude, on n'en oubliait pas de plus humbles : il y eut à Saint-Thomas, a certaines époques tout au moins, un régent dont la tâche consistait à donner des leçons d'écriture [Note : Arch. mun., liasse 282. Conditions à Bouvier]. Mais c'est à l'instruction religieuse que l'on semble avoir accordé le plus de soins [Note : Arch. mun., liasse 282. Conditions aux principaux du collège].
L'enseignement de ces diverses matières remplissait la majeure partie des journées ; mais on peut se demander comment étaient distribués les divers exercices scolaires ; quelle part était faite aux récréations, aux exercices de piété. Nous avons sur ce sujet un document qui, s'il ne représente probablement pas tout à fait l'état de choses en vigueur à Saint-Thomas [Note : Il s'agit de la pièce intitulée « Statuts du collège », qui se trouve dans la liasse 282 des archives municipales de la ville de Rennes et porte la mention « leu en l'assemblée ». Cette pièce, non datée, est signée « A. Thomas » ; après l'exposé du règlement du collège se trouve une clause par laquelle est réclamée la jouissance de l'entier revenu du collège ; viennnent ensuite ces lignes finales : « A ceste cause vous plaise resoudre en ceste assemblée l'affaire nomination et provision dudict edconomat de vostre dict collège suyvant vostre renvoy du 3ème jour de janvier dernier pour terminer l'importunité des poursuyvantz, donner ordre à pourvoire faire preparatifz dilligences et provisions, ferez œupvre louable pour le publicq ». Or, nous savons que le 3 janvier 1592, Antoine Thomas avait présenté une requête par laquelle il demandait à remplacer Jean Cleray qui voulait quitter Saint-Thomas (Arch. mun., registre 471. Délibération du 3 janvier 1592) ; en avril 1592, il priait les bourgeois de délibérer sur sa requête pour qu'il pût se préparer à entrer en charge ou se pourvoir ailleurs. (Arch. mun., annexe des comptes). Il semble certain que les statuts du collège Saint-Thomas contenus dans la liasse 282 ont été présentés par A. Thomas, en 1592, aux bourgeois alors qu'il demandait à être principal. Il est difficile d'admettre qu'ils décrivent la vie que l'on menait au collège, il faut plutôt voir en eux le programme qu'Antoine Thomas comptait suivre ; il n'y est, du reste, pas question de ce qui se fait à Saint-Thomas, mais de ce qui s'y fera : tous les verbes sont au futur. Cependant cette pièce mérite d'être étudiée car il est fort probable que ce que proposait Thomas ne s'écartait pas beaucoup, au moins sur les points essentiels, du régime pratiqué au collège. M. Bourdais a publié cette pièce dans la Revue de Bretagne, t. 45 et la donne comme constituant l'exposé des vrais statuts de Saint-Thomas], mérite cependant d'être pris en grande considération. Nous voyons en le lisant combien était dure et sévère la vie d'un écolier du XVIème siècle : lever matinal « davant six heures quelque saison que ce soit » et journée laborieuse qui prend fin à neuf heures du soir.
« Incontinent 6 heures sonnées », on se rend à la chapelle pour entendre la messe et faire diverses prières ; [Note : « Incontinent 6 heures sonnées se randront à la chappelle pour ouir messe et dire deulx à deux leurs heures sept pseaulmes et sans babiller les ungs avecq les autres ains se contenir en devotion sur peine de discipline apprès plussieurs advertissementz de n'y retourner »] puis on va « en la salle » répéter les leçons avant de déjeûner et de 8 heures à 11 heures les enfants sont en classe. A « onze heures sonnées ilz se rendront à la salle pour disner en communaulté apprès avoir faict la bénédiction de la table tous ensemble et les absentz à la dicte heure ne pourront requerir ne pretandre à disner hors la Communaulté s'il n'y a excuse légitime ». Pendant le repas on fait une lecture tirée de l'histoire sainte ou de l'histoire ecclésiastique ; et, de nouveau, du moins le lundi, le mercredi, le vendredi, le travail recommence pour durer presque jusqu'au dîner du soir [Note : « Apprès le disner graces randues chaincun yra aulx classes soict pour composer ung tesme ou repetter jusques a une heure dapprès midi. Apprès ladicte heure les dimanches se jouront et esbatteront les enfans par la court a jeux honnestes, la paulme ou saulter aux barres ou aultres jeux scollasticques jusques à troys heures quilz yront a vespres en la chappelle du collège... « A l'issue des vêpres y aura leczon jusques à cinq heures, puis salut en la chappelle paravant soupper. Ilz ne s'ébatteront ny jouront les lundiz, mercrediz et vendrediz, mais les mardiz et jeudiz, comme le dismanche et sans vespres et le sabmedy disputte classe contre classe et a vespres et sans leczon et jouront apprès vespres et salut comme davant auparavant soupper tous les jours... »]. Il reprend même après le dîner [Note : « Appres souper, grâces randues, estudiront, soict en communaulté ou en leurs chambres et estudes, jusques à 9 heures du soir et priant Dieu se coucheront »] et se poursuit jusqu'à 9 heures du soir, heure à laquelle à lieu le coucher, précédé d'une prière, « le principal ou les regentz leur feront [aux écoliers] repetter leurs leizons paravant se couscher pour s'en mieulx rememorer le lendemain ». Le dimanche, le mardi, le jeudi, de 1 heure à 3 heures de l'après-midi, et le samedi dans la soirée après une « disputte » classe contre classe, les élèves jouissent d'une récréation ; ces heures de délassement auraient été plus avantageusement réparties sur les différents jours de la semaine, permettant ainsi aux élèves de s'émanciper un peu plus souvent de « la loy de sillence recommandée par Pithagore » [Note : « Ilz ne parleront francoys ains plustost se contiendront soulz la loy de sillence recommandée par Pithagore »]. Et, ce. règlement, on devait veiller à le maintenir au moyen d'une grande vigilance qui préviendrait les infractions à l'ordre fixé, d'une fermeté et d'une sévérité qui n'hésiteraient pas, selon les mœurs de l'époque, à infliger aux délinquants de graves châtiments, tels que le fouet [Note : Ces statuts nous permettent aussi de nous faire une idée du régime alimentaire du collège Saint-Thomas : « Ilz auront troys fois la sepmaine au soir du rosti et seix a ung plact de viande sellon la saison des viandes. Et font les aultres repas, bœuf, mouton, lart, à la concurrence et du veau, selon les saisons avecque ung potaige. Les regentz seront quatre a ung plat de mesme viande que lesdictz enfans. Ilz n'auront que chaincun choppine de cildre ou vin breton à chacque repas. Par chaincun jour, une blanchée de pain blancq a chacun, oultre le pain de seigle a suffizance »]. La monotonie et l'austérité de cette vie n'étaient rompues que par les vacances (dont nous ne savons pas la durée) et par quelques rares fêtes : une distribution de prix qui se faisait le 1er mai avait été fondée, en 1567, par M. de la Muce ; après la remise de l'églantine et de la plume d'argent venait, d'après les instructions de ce bienfaiteur du collège, la représentation d'une « brève moralité » dont le sujet, donné par le principal ou un des régents, devait servir à « l'institution chrétienne » des assistants et pourrait les porter à prier Dieu pour M. de la Muce [Note : Arch. mun., liasse 282. Fondation la Muce]. A cette « réjouissance », assez peu propre, sans doute, à engendrer la gaieté, s'ajouta, à partir de 1598, une représentation annuelle de jeux publics [Note : Arch. mun., liasse 282. Conditions faites à Jacques Babin].
De 1536 à 1604, les Rennais eurent donc un collège qui méritait le nom de « collège de la ville » ; elle l'avait fondé, l'entretenait, l'avait assujetti à sa haute surveillance. Elle le soutint à travers maintes difficultés : mais une ville ne peut, à elle seule ou aidée de quelques dons peu importants, assumer une telle charge ; les efforts des bourgeois de Rennes ne réussirent pas à assurer une existence prospère à leur établissement ; après une période heureuse, à laquelle les documents font quelques allusions, vint bien vite la pauvreté, la misère même et avec elle la décadence.
Voir aussi "Le collège Saint-Thomas de Rennes et les Jésuites"
(Geneviève Durtelle de Saint-Sauveur).
© Copyright - Tous droits réservés.