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CATALOGUE DES EVEQUES DE RENNES

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évêché de Dol

Informations non exhaustives sur les évêques du diocèse de Rennes (de 439 à 1790).

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évêché de Bretagne : évêché de Dol

 

Evêques DE RENNES

Il existe plusieurs catalogues des évêques de Bretagne ; les PP. Du Paz et Le Grand, Bertrand d'Argentré et dom Morice, Ogée et l'abbé Tresvaux, les auteurs des Gallia christiana, ont publié des listes de ce genre. Ce qui distingue notre travail des travaux précédents, c'est le soin que nous avons mis à rechercher les sources mêmes des notices consacrées à nos prélats ; de plus, nous faisons connaître leurs familles, et — ce que n'avait fait personne avant nous — nous donnons leurs armoiries, leurs sceaux et leurs épitaphes. 

I.— FÉBÉDIOLUS Ier. Le premier évêque de Rennes, dont l'existence est attestée d'une manière certaine, est, selon dom Morice et M. de la Borderie, Fébédiolus, qui souscrivit par procureur au Concile tenu à Fréjus vers l'an 439 (Voir dom Martène ; IV, Anecdotes, P. 57). 

II. — ARTHÉMIUS vel ATHÉNIUS assista au Concile de Tours en 461 et à celui de Vannes en 465. Albert Le Grand dit que ce prélat, sacré en 450, mourut en 478 (Labbe, tome IV, Con. et in bibliot. ms. — Chronologie des Evêques de Rennes. — L'abbé Déric insinue dans son Histoire ecclésiastique de Bretagne, I, 143 et 261, qu'Athénius avait dû remplacer un certain Léon, évêque de Rennes, en 452, mais ce n'est qu'une supposition). 

III. — SAINT AMAND. Nous ne savons rien de ce bienheureux évêque sinon que, se voyant sur le point de mourir, il connut par révélation divine que saint Melaine devait être son successeur ; en conséquence, il fit venir près de lui ce fervent religieux et le désigna au choix du clergé et du peuple de Rennes. L'abbé Déric croit cependant que saint Amand fut lié d'amitié avec saint Paulin de Nole et avec le poète Sancto, et qu'il s'établit entre ces trois grands hommes un commerce de lettres dont il reste encore des fragments (Déric, Histoire ecclésiastique de Bretagne, I, 278). « Le corps de saint Amand fut enterré, selon toutes les apparences, dit dom Lobineau, au lieu même où fut bâtie depuis l'église Saint-Melaine, auprès de laquelle il y avait un cimetière ». Le P. Le Grand dit que ce saint évêque, sacré en 478, mourut en 505 ; mais il est plus prudent d'avouer, avec dom Morice, qu'on ignore l'année de sa mort. Sa fête se célèbre le 14 novembre, et ses reliques, longtemps conservées dans l'église abbatiale de Saint-Melaine, sont honorées maintenant dans la métropole de Rennes. Saint Amand est considéré, à juste titre, comme l'un des plus puissants patrons de cette ville, et c'est à son intercession qu'ont recours les fidèles dans les calamités publiques. 

IV. — SAINT MELAINE naquit dans le diocèse de Vannes, vers la fin du Vème siècle, et fut élevé à Plaz, sur le bord de la rivière de Vilaine, à peu près dans le lieu qu'on appelle aujourd'hui le vieux bourg de Brain. Ayant embrassé de bonne heure la règle monastique, il construisit à Plaz un monastère d'où saint Amand l'appela, sur son lit de mort, pour lui confier le diocèse de Rennes [« Fuit Melanius de parochia Venetensi, ex nobilissimis parentibus, oriundus ; qui in fundo qui Placeio vocatur nutritus …, Veniens Melanius de monasterio suo quod propriis manibus fabricaverat in fundo qui vocatur Placio in honorem Dei » (Vita S. Melaniii, apud Bollandum)]. Devenu évêque, saint Melaine se conduisit avec tant de sagesse et de piété qu'il fut « le conseiller du roi Clovis, l'oracle du Concile d'Orléans, en 511, et la gloire de son Eglise » (M. de la Borderie, Annuaire de Bretagne, 1861). Ce prélat souscrivit aussi au Concile d'Angers, en 530, et mourut vers le même temps, le 6 novembre, dans son monastère de Plaz (Note : Une partie du village de la Blandinaye, en Brain, porte encore le nom de Placet ; dans un champ qui l'avoisine et que baigne la Vilaine, on montre l'emplacement du monastère de saint Melaine. On vient d'extraire de ce champ des briques gallo-romaines qui confirment la tradition locale). Plusieurs saints évêques assistèrent à ses funérailles, et son corps, transporté à Rennes par la Vilaine, fut inhumé près de celui de saint Amand, dans le cimetière de cette ville. Un peu plus tard, on éleva sur son tombeau une magnifique église qui donna naissance à la célèbre abbaye de Saint-Melaine. 

V. — FÉBÉDIOLUS II, que quelques auteurs nomment Fidiolus ou Ebédiolus, souscrivit au cinquième Concile d'Orléans, tenu en 549 (Labbé, tome V, Concile). 

VI. — VICTORIUS. Cet évêque, issu d'une grande famille, avait été marié avant d'entrer dans l'état ecclésiastique. On lui connaît une fille nommée Domnole, qui épousa en premières noces Burgolin, puissant seigneur, et en secondes Nectair, frère de Badégisile, majordome du roi Clotaire ; cette dame ayant eu un différend, au sujet de quelques vignes situées en Anjou, avec Bobolen, référendaire de la reine Frédégonde, fut assassinée par ce dernier seigneur, dans sa propriété même, pendant la vendange (Grégoire de Tours, Histoire Franc., VIII, 52). Victorius, devenu évêque de Rennes, assista en 567 au deuxième Concile de Tours ; la même année, il écrivit à la reine sainte Radegonde pour l'exhorter à persévérer dans la résolution qu'elle avait prise de vivre dans un monastère (Labbé, tome V, Concile - Grégoire de Tours, Histoire Franc., IX, 39). Fortunat nomme aussi notre évêque parmi les prélats qui assistèrent à la dédicace de la cathédrale de Nantes en 568, et il fait son éloge en même temps que celui de Domitien, évêque d'Angers : - Domitianus, item Victorius, ambo columnœ, - Spes in utrisque manens pro regionis ope (Fortunat, Cap. in dedicat ecclesiœ Nannetensis). On ignore l'époque précise de la mort de Victorius, mais l'abbé Déric fait observer avec raison que, d'après le témoignage de Grégoire de Tours, il avait terminé ses jours dès l'an 586. 

Ogée prétend que Victorius eut pour successeur Marius, élu en 594 ; mais aucun autre historien ne mentionne ce prélat, dont l'existence ne repose que sur un document reconnu maintenant comme ayant été falsifié (Hauréau, Gallia Christiana, XIV, 740). 

D'Argentré prétend, de son côté, que saint Golven passa du siège épiscopal de Léon sur celui de Rennes, vers cette même époque. « Saint Golven, dit-il en son Histoire de Bretagne, fut premièrement successeur à l'évesché de Léon à Saint Paul, et depuis fut évesque de Rennes. Il était natif du pays de Léon, et, ayant quelque temps administré sa charge, il la quitta pour suivre une vie plus austère, se retirant près le bourg de Saint-Didier, à quatre lieues de Rennes, en un lieu appelé la Motte-Mérioul, duquel il fit son ermitage ; il mourut le premier jour de juillet, l'an 600 de notre salut, et fut apporté son corps en l'église Saint-Melaine près Rennes ». Il est vrai que l'on montre encore aujourd'hui, près du village de la Motte en Saint-Didier, le jardin, le puits et le four possédés, d'après une tradition constante et séculaire, par le saint évêque Golven ; tout prouve donc qu'il est venu de Léon terminer sa vie dans cette solitude. Il est également certain que le corps de saint Golven, conservé jadis tout entier dans l'église cathédrale de Rennes, a toujours été, durant le moyen-âge, un objet de vénération particulière pour le peuple de cette ville ; nous verrons plus loin qu'on le portait dans toutes les processions générales des Rogations. Mais rien, dans les traditions rennaises ni dans le culte spécial qu'on lui rendait, ne prouve que nos ancêtres aient regardé ce saint comme ayant été l'un de nos prélats, et saint Golven ne figure dans aucun catalogue d'évêques de Rennes autre que celui dressé par d'Argentré. Il existe malheureusement, au contraire, dans la série de nos évêques, une lacune d'une soixantaine d'années à cette époque. 

VII. — DURIOTÉRUS n'apparaît, en effet, qu'en 650, époque à laquelle il souscrivit par procureur au Concile de Châlons (Labbé, tome V, Concile). L'abbé Déric dit que ce prélat « conduisit son diocèse avec beaucoup de sagesse et une grande sainteté » ; le Père Albert Le Grand ajoute qu'il mourut en 655. 

Ici encore quelques auteurs, Du Paz, Le Grand et Ogée, placent un Guillaume Ier vivant vers 680 ; mais nous ne pouvons admettre cet évêque, qui n'est signalé que dans un document évidemment falsifié (Hauréau, Gallia Christiana, XIV, 741). 

VIII. — SAINT DIDIER « assista, vers 687, au Concile de Rouen. De là il fut à Rome visiter le tombeau des Apôtres. Comme il en revenait, prenant au plus long et passant, on ne sait pourquoi, par les montagnes des Vosges, il y fut massacré par des brigands », ainsi que son archidiacre Rainfroy (M. de la Borderie, Annuaire de Bretagne, 1862). Bollandus et le Père Longueval ont parlé de ce prélat rennais, dont M. de la Rallaye a raconté l'histoire dans ses Vies des Saints de Bretagne. L'abbé Déric ajoute qu'on honorait de son temps saint Didier comme martyr au village qui porte son nom et où il perdit la vie, dans la Haute-Alsace ; sa fête s'y célébrait le 18 septembre. Par malheur, ce culte ne paraît point s'être introduit dans notre diocèse. 

Après la mort de saint Didier, Agathée, comte de Rennes, s'empara des revenus de cette Eglise et ne permit pas qu'on donnât un successeur légitime à l'évêque défunt. « Sa hardiesse alla même, dit Déric, jusqu'à se faire nommer à sa place ; mais il ne s'embarrassa pas de se mettre en état d'en remplir les fonctions » (Histoire ecclésiastique de Bretagne, II, 151). On croit que cet intrus mourut vers 703. 

IX. — SAINT MODÉRAN, appelé aussi, par abréviation, saint Morand, issu d'une famille distinguée et fils, croit-on, d'un comte de Tournay, monta sur le siège de Rennes au temps de Chilpéric, roi de France. Etant allé visiter le tombeau des Apôtres, il passa par Rheims (Reims), où il reçut des reliques de saint Rémi, qu'il déposa dans l'abbaye de Bercetto, au diocèse de Parme. De retour de Rome, il se fit ordonner un successeur et distribua son bien aux pauvres ; puis, prenant congé de son troupeau, et quittant définitivement Rennes, il retourna en Italie et s'y retira au monastère de Bercetto, où il mourut en odeur de sainteté, le 22 octobre 730, selon Ferrarius. Il fut inhumé dans l'église de cette abbaye, dédiée alors à saint Abundius, martyr, mais qui a pris depuis le nom de Saint-Modéran ; une partie des reliques de ce bienheureux évêque ont été apportées de Bercetto à Rennes en 1845, et l'on célèbre sa fête le 22 octobre (Mabillon, Act. Sanct. Ord. S. Bened – Bollandus, Acta Sanct., IX). 

On trouve encore ici dans les catalogues des évêques de Rennes une lacune de plus d'un siècle. Albert Le Grand la remplit, il est vrai, donnant les noms des prélats qu'il prétend avoir occupé ce siège après la démission de saint Modéran : Auriscand Ier (702-725), — Rothandus (725-747), — Etienne (747-762) — et Auriscand II (763-822) ; mais cet auteur ne fournit aucune preuve de l'existence de ces évêques que rejettent tous les historiens bretons. Remarquons cependant que les Bénédictins, dans leur Histoire manuscrite de Saint-Melaine, admettent Etienne, d'abord abbé de ce monastère, puis évêque de Rennes, mort en Italie, d'après Flodoard, le 16 mai 762. 

X. — WARNARIUS souscrivit, en 843, au Concile de Germigny, et, en 849, à celui de Quierci (Joan Maan, p. 58 – D. Taillandier – Déric). On croit ce prélat le même que Gernobrius, qui embrassa avec ardeur la cause de l'archevêque de Dol créé par Nominë, roi de Bretagne ; aussi refusa-t-il de paraître au Concile de Savonnières, réuni par l'archevêque de Tours. Il est encore fait mention de cet évêque dans une charte de Redon datée de 858, et l'on place sa mort en l'an 866 (Déric, Histoire ecclésiastique de Bretagne, II, 393 - Cartulaire de Redon).

XI. — ÉLECTRAN fut sacré le 29 septembre 866, par Hérard, archevêque de Tours, assisté de Robert, évêque du Mans, et d'Actard, évêque de Nantes. Ce fut lui qui reçut le pénitent Fromond, venu en pèlerinage au tombeau de saint Marcellin dans des circonstances très singulières, rapportées longuement par le rédacteur du Cartulaire de Redon. Ce dernier manuscrit fait, en outre, deux autres fois mention de notre prélat, en 866 et en 871 (Sirmond, Concil. Gall. – Cartulaire de Redon, 42, 195). 

XII. — NORDOARD souscrivit, vers l'an 954, à une charte donnée en faveur de l'abbaye de Saint-Père de Chartres. On ne sait rien de plus de ce prélat.

XIII — THIBAUD. Le Xème siècle fut, comme chacun sait, une époque de décadence morale qui nécessita dans les rangs mêmes du clergé la grande réforme opérée plus tard par le pape Grégoire VII. Si nous en croyons une vieille chronique du Chapitre de Rennes, recueillie par le P. Du Paz et insérée par dom Morice dans ses Preuves de l'Histoire de Bretagne (I, 353), Thibaud, fils de Loscoran, épousa successivement Oirelan et Genergant, devint évêque de Rennes, et eut de sa première union l'évêque Gaultier, son successeur, et de sa seconde Mainguené, premier seigneur de la Guerche, et Triscan, également évêque de Rennes, comme nous allons le voir. Thibaud figure en qualité d'évêque de Rennes dans la charte de 990 par laquelle le comte Conan donne Villamée au Mont-Saint-Michel ; sur la fin de ses jours, il se démit de l'évêché en faveur de son fils Gaultier et se retira à l'abbaye de Saint-Melaine, dont il devint, dit-on, l'abbé (Du Paz, Histoire généalogique des seigneurs de la Guerche. — Quelques historiens n'admettent pas cette chronique du Chapitre, parce qu'elle est, disent-ils, injurieuse à la mémoire des évêques de Rennes ; or ce n'est pas là une preuve historique contre un fait précisé : si on lit l'histoire des autres évêchés de Bretagne, si on considère les chartes du Xème siècle, nous montrant presque toutes les Eglises entre les mains de prêtres mariés, on se convaincra qu'il serait bien extraordinaire de trouver l'Eglise de Rennes seule a l'abri des misères de cette époque, et qu'on peut admettre une tradition qui la fait partager un relâchement général de discipline, relâchement suivi immédiatement de la réforme, et prouvant une fois de plus la vitalité de l'Eglise). 

XIV. — GAULTIER, fils, d'après la précédente chronique, de Thibaud et de sa première femme Oirelan, souscrivit aux donations faites au prieuré de Livré, de 1014 à 1022, et à une autre donation faite à l'abbaye de Saint-Georges après 1032. Comme son père, il abdiqua la charge épiscopale en faveur de son fils et survécut plusieurs années à sa démission (Du Paz, Histoire généalogique – Preuves de l'Histoire de Bretagne, I, 381 – Cartulaire Saint-Georges).

XV. — GUÉRIN, fils de Gaultier et de Oideline, devint évêque de Rennes du vivant même de son père et de son grand-père Thibaud ; c'est ce qui explique comment, en qualité d'évêque, il concéda, d'accord avec Gaultier, également qualifié d'évêque, l'église de Livré aux moines de Saint-Florent, et souscrivit avec le même à la donation de Plubihan faite à l'abbaye de Saint-Georges. Ce Guérin semble avoir été un prélat très-recommandable ; D. Lobineau lui attribue le rétablissement de la discipline ecclésiastique dans le diocèse de Rennes, et cette salutaire réforme des moeurs cléricales qu'achevèrent les évêques Sylvestre de la Guerche et Marbode. Il favorisa beaucoup les établissements religieux de son temps et souscrivit aux nombreuses donations faites aux abbayes de Saint-Georges, de Saint-Méen et de Saint-Gildas-des-Bois ; il signa enfin la fondation du prieuré de Saint-Cyr de Rennes, faite en 1037, et mourut le 13 septembre, sans qu'on sache positivement en quelle année (Du Paz, Histoire généalogique, 48 – Preuves de l'Histoire de Bretagne, I, 363, 371, 374, 382). 

XVI. — TRISCAN, fils de Thibaud et de Génercant, frère de Mainguené, seigneur de la Guerche et oncle du précédent évêque, succéda à ce dernier sur le siège de Rennes. Ce prélat, qui fut d'abord abbé de Saint-Melaine, ne dut siéger que fort peu de temps ; il ne nous est connu que par la chronique du Chapitre de Rennes, qui lui donne le surnom de Trigonel (Du Paz, Histoire généalogique, 48 – Preuves de l'Histoire de Bretagne, I, 353). 

XVII. — MAIN. On ignore l'origine de cet évêque, qui figure dans la fondation du prieuré de Quiberon. Il souscrivit au Concile de Rome en 1049, à celui de Tours en 1055, et à celui de Rennes en 1069 [Note : Ce Concile fut tenu en Bretagne par Amé, évêque d'Oléron et légat du Saint-Siège, mais il n'est pas très certain que ce fut à Rennes, quoiqu'il porte ordinairement le nom de cette ville, (V. Tresvaux, Eglise de Bretagne, 13)]. Il donna les églises de Poilley et de Villamée au Mont-Saint-Michel, en 1050, confirma la donation de Montautour à l'abbaye de Redon, et mourut le 20 août 1076, d'après la chronique de Saint-Melaine (D. Morice, Preuves de l'Histoire de Bretagne, I, 395, 398, 427 – D. Morice, Catalogue des Evêques). 

XVIII. — SYLVESTRE DE LA GUERCHE. Après la mort de Main, le clergé et le peuple de Rennes élurent pour évêque Sylvestre, seigneur de la Guerche et de Pouancé, chancelier de Bretagne. C'était un descendant de ce Thibaud dont la famille avait occupé pendant trois générations le siège épiscopal de Rennes. Sylvestre avait lui-même été marié, et son fils devint seigneur de la Guerche après lui ; mais ayant perdu sa femme, il embrassa l'état ecclésiastique, et se distingua par son humble résistance à accepter la dignité d'évêque. Malgré ses vertus, son attachement à la cause de Raoul, archevêque de Tours, lui attira de graves difficultés de la part du légat du Saint-Siège, en 1078. Il est fait mention de notre prélat dans les donations faites à Redon en 1084 et à Saint-Florent en 1086 ; Sylvestre donna lui-même, en 1087, l'église de Brielles à l'abbaye de Saint-Serge, et fonda le prieuré de Saint-Nicolas de la Guerche, en faveur des moines de Saint-Melaine ; il fut du nombre des commissaires nommés par le duc Alain Fergent, en 1087, pour juger le différend entre les chapelains de ce prince et les religieux de Redon. Cet évêque eut, au reste, toute sa vie la confiance de ses souverains, et le comte de Rennes lui donna, à lui et à ses successeurs, ce qu'il possédait dans le cloître de Saint-Pierre de Rennes, le faubourg de cette ville appelé depuis Bourg-l'Evêque, et la paroisse de Bruz. Sylvestre de la Guerche travailla de tout son pouvoir à continuer la réforme de son clergé et à sanctifier son diocèse, et il trouva, pour y réussir, un zélé coopérateur dans le bienheureux Robert d'Arbrissel, qu'il fit trésorier de Saint-Pierre. Ce vertueux prélat mourut le 18 janvier 1093, laissant à ses successeurs sur le siège de Rennes son manoir patrimonial de Rannée, près de la Guerche, et les dîmes de cette même paroisse de Rannée. Ses armoiries étaient : de gueules à deux léopards d'or, l'un sur l'autre (Note : Hauréau, Gallia christiana, 747. — Le Grand, Chronologie des Evêques. — Preuve de l'Histoire de Bretagne, I, 459 et 463. — Dans la restauration de la Métropole de Rennes entreprise par le cardinal Saint-Marc, Son Eminence a fait peindre dans les verrières les armoiries de presque tous les évêques de Rennes depuis la fin du XIème siècle. Quelques-uns de ces blasons, il faut bien l'avouer, laissent à désirer sous le rapport de l'exactitude héraldique ; mais comme le monument qui les renferme les conservera aux générations à venir, nous croyons devoir les signaler en notes lorsqu'ils ne seront pas exactement ceux que nous donnons nous-même. Le premier écu épiscopal placé au Sud du sanctuaire est celui de Sylvestre de la Guerche, blasonné : de gueules à deux léopards d'argent, l'un sur l'autre, et accompagné de la date 1076). 

XIX. — MARBODE. Nous ne pouvons que résumer ici l'histoire de cet évêque, malgré l'intérêt qu'elle présente : Marbode naquit à Angers, vers 1040, de Robert Le Pelletier et d'Hildeburge. Destiné à l'état ecclésiastique, il devint successivement, dans sa ville natale, chanoine, scholastique et archidiacre. Il remplit ses divers emplois avec tant de sagesse et de prudence, que le clergé de Rennes le choisit pour son pasteur après la mort de Sylvestre de la Guerche ; mais il ne fut sacré qu'en 1096, par le Pape Urbain II lui-même, au milieu du Concile de Tours. Aussi savant littérateur que zélé pontife, Marbode nous apparaît écrivant de nombreux poèmes latins qui ne manquent point de charme, et s'occupant en même temps de la sage administration de son diocèse, dont il acheva la réforme commencée par ses prédécesseurs. Il souscrivit au Concile de Troyes, en 1104, et à celui de Loudun, en 1109 ; puis, appesanti par le travail et l'âge, après vingt-sept ans d'épiscopat, il se démit de cette charge et se retira à l'abbaye de Saint-Aubin d'Angers. Ce fut dans ce monastère que Marbode mourut, le 11 septembre 1123, comme l'indique le Nécrologe de Saint-Pierre de Rennes (« SEPT. III id. anno Domini M° C° XXIII°, obiit Marbodus Redon. episcopus » — Nous ferons de nombreux emprunts aux deux intéressants Nécrologes manuscrits appartenant encore au vénérable Chapitre de Rennes). Il fut inhumé dans l'église abbatiale, où l'on voyait encore son tombeau au XVIIIème siècle ; son éloge fut composé par Ulger, évêque d'Angers, et par Rivallon, archidiacre de Rennes. Voici comment s'exprime ce dernier : - Reddidit ingenium sapientem, lingua disertum, - Mens memorem, vigilem, sollicitudo gregis, - Ætas longa senem, jucundum gratia moris, - Ordo pontificem, religioque sacrum, - Sobrietas parcum Sibi, munificentia largum - Pauperibus, rectum regula justitiœ. - Hic basis Ecclesiœ pondus portabat, et idem - Mansuetudine Los, et feritate leo (M. Ropartz, Poèmes de Marbode. — D. Morice, Preuves, I, 455, 499, 549. — Catalogue des Evêques de Rennes. Les oeuvres littéraires de Marbode ont été imprimées plusieurs fois ; dernièrement, M. S. Ropartz a traduit en vers français quelques poèmes de cet évêque, les faisant précéder d'une intéressante introduction historique. — Les verrières de la Métropole donnent à Marbode les armoiries des seigneurs de Marboeuf : d'azur à deux épées d'argent, garnies d'or et passées en sautoir, les pointes en bas, avec la date 1096).

XX. — ROUAUD. Il est fait mention de cet évêque de Rennes dans une charte de Savigné et dans une permission accordée par son successeur à deux particuliers de se battre en duel. Rouaud mourut le 21 novembre 1126, suivant le Nécrologe de l'abbaye de Saint-Serge (Note : D. Lobineau, Preuves de l'Histoire de Bretagne, 204. Pour blasonner les verrières de la Métropole, le peintre s'est servi d'un Armorial ms. des Evêques de Rennes, composé en 1718 par sœur Elisabeth Jamet des Lesdiguères, religieuse de Saint-Georges, et dédié à Mgr Turpin de Crissé. Ce manuscrit, appartenant au cardinal Saint-Marc, a dû être légué par Son Eminence au Grand-Séminaire de Rennes ; il attribue à l'évêque Rouaud : de gueules au sautoir ancré d'or).

XXI. — HAMELIN, abbé de Saint-Aubin d'Angers lorsque Marbode mourut dans ce monastère, le quitta pour le siège épiscopal de Rennes que lui conféra l'élection du 15 mai 1127. La même année, le nouveau prélat assista à la réconciliation de l'église de Redon ; il souscrivit au Concile de Rheims (Reims) en 1131, et son nom figure dans de nombreuses chartes contemporaines. En 1138, Hamelin fit le voyage de Rome ; de retour en Bretagne, il mourut le 3 février 1141, d'après le Nécrologe de Saint-Pierre, qui s'exprime ainsi : « FEBRUARIUS III. Non. Obiit Hamelinus hujus ecclesie venerabilis episcopus ». Gaignières nous a conservé son sceau de 1136 : il est de forme ovale et représente un évêque debout, la mitre en tête, tenant d'une main une crosse tournée en dedans et bénissant de l'autre ; autour est cette légende : + SIGILLUM HAMELINI REDONENSIS EPISCOPI (Hauréau, Gallia Christiana, XIV, 748. — D. Morice, Preuves, I, 566. — Gaignières, Ms. de la Bibliothèque Nationale, fonds des Blancs-Manteaux, n° 17028. — Les verrières de la Métropole blasonnent l'écu d'Hamelin : bandé d'argent et de gueules de six pièces).

XXII. — ALAIN Ier souscrivit, en 1141, en qualité d'évêque élu, à la fondation du temple de Nantes faite par Conan III. Le grand nombre de chartes que l'on trouve de ce prélat dans les abbayes de Marmoutiers, de Saint-Melaine, de Savigné, de Saint-Georges et de Saint-Sulpice, prouve l'estime qu'il avait pour les ordres monastiques. En 1151, il assista, avec plusieurs autres évêques de Bretagne, à la translation du corps de saint René à Angers ; il mourut le 1er mai 1157, d'après le Nécrologe de Saint-Pierre de Rennes, et fut inhumé dans sa cathédrale, au haut de la nef. Lorsqu'en 1756 cette église fut démolie pour être reconstruite, l'on retrouva le tombeau d'Alain « construit en maçonnerie de pierres de Taillebourg et recouvert par des pierres ardoisines » ; il renfermait « des cendres, un morceau de crosse en bois et un sceau en métal rouge au milieu duquel était la figure d'un évêque vu de face à mi-corps, tête nue, bénissant de la main droite et tenant sa crosse de la main gauche ; autour étaient ces mots en lettres gothiques : + SIGILLUM ALANI REDONENSIS EPISCOPI » [D. Morice, Catalogue des Evêques. — Collection de Sceaux, de M. Douet d'Arcq. — Inventaire des tombes de la cathédrale de Rennes en 1756 (ms. des Archives départementales d'Ille-et-Vilaine). — Dans les verrières de la Métropole, Alain porte : d'hermines au croissant d'azur bordé d'or]. 

XXIII. — ÉTIENNE DE LA ROCHEFOUCAUD naquit à Angoulême d'une famille honorable, mais on ne sait pas au juste s'il appartenait à l'illustre maison de La Rochefoucaud qui subsiste encore aujourd'hui ; les frères Sainte-Marthe ne le pensent pas ; mais M. de Courcy semble le croire. D'après les PP. Du Paz et Le Grand, son père se nommait Hélie et sa mère Constance ; il se fit Bénédictin à Saint-Florent de Saumur et fut élu d'abord prieur, puis abbé de ce monastère ; mais avant d'avoir reçu la bénédiction abbatiale il fut choisi par le clergé de Rennes pour évêque de ce diocèse. Etienne « fit paraître, dit D. Morice, une grande habileté à manier les affaires civiles et ecclésiastiques pendant son pontificat ». En 1158, il fit le voyage de Rome ; il assista, l'année suivante, à la translation du corps de saint Florent à Saumur. Il mourut très-regretté, le 4 septembre 1166, et, d'après ses dernières volontés, son corps fut inhumé dans le cloître de l'abbaye de Saint-Melaine, auprès de la porte de l'église, lieu que son humilité lui avait fait choisir pour sépulture. Le sceau d'Etienne de La Rochefoucaud, en 1162, est de forme ogivale ; on y voit un évêque debout, vu de face, coiffé d'une mitre cornue, tenant sa crosse et bénissant ; autour on lit ces mots : + SIGILLUM STEPHANI REDONENSIS EPISCOPI (D. Lobineau, Histoire ms. de Saint-Melaine. — Hauréau, Gallia Christiana. — Collection Douet d'Arcq. — Les verrières de la Métropole donnent à Etienne les armoiries des seigneurs de La Rochefoucaud : burelé d'argent et d'azur à trois chevrons de gueules brochant sur le tout). 

XXIV. — ROBERT Ier, chanoine régulier de l'abbaye de Rillé, près de Fougères, succéda à Etienne de La Rochefoucaud et ne tint le siège épiscopal qu'un an ; il mourut le 9 décembre 1167, suivant le Nécrologe de Rillé.

XXV. — ÉTIENNE DE FOUGÈRES, chapelain d'Henri II, roi d'Angleterre, fut élu évêque en 1168 ; il appartenait, semble-t-il, à la noble maison des sires de Fougères, qui portaient : d'or à une plante de fougère de sinople. Cet évêque nous a laissé par écrit un curieux résumé de son administration épiscopale. Il construisit, l'année même de son sacre, une chapelle dans le jardin de l'évêché, répara les moulins du Bourg-l'Evêque, en construisit un nouveau, acquit la terre de Charan et en rendit les bois à l'agriculture ; il racheta une terre du fief de Saint-Pierre, située près la chapelle des lépreux, et, le feu ayant dévoré son palais épiscopal, il le réédifia en pierre et y ajouta un verger ; il fit encore rebâtir le four banal et travailla beaucoup à améliorer le temporel de son évêché. Ces grands travaux ne lui firent pas négliger pour cela le salut des âmes, car nous voyons, de son temps, l'archevêque de Tours venir présider à Rennes une assemblée provinciale, sorte de Concile où les évêques s'unirent pour repousser l'hérésie des Albigeois. Enfin, Etienne de Fougères cultiva les belles-lettres et s'appliqua à la poésie ; mais, dit la tradition, Dieu lui ayant fait connaître, dans une vision, que la poésie profane ne convenait pas à un évêque, il y renonça et composa les vies de saint Firmat, évêque, de saint Vital, abbé, et de saint Hamon, moine de Savigné. Il mourut le 23 décembre 1178, laissant au Chapitre de Rennes une rente de 20 sols sur le recteur de Bourg-Barré, pour les frais de son service anniversaire [« DECEMBER, X Kal. Obiit Stephanus Filg. episcopus Redon. ad cujus anniversarium habemus cum rectore de Burgo-Bariato, XX s. » (Necrol. Sancti Petri Redon.)]. Etienne de Fougères fut inhumé dans sa cathédrale, au haut de la nef, auprès de l'évêque Alain ; « son tombeau, composé d'une seule pierre de grain, creusée à un pied et demi de profondeur », fut retrouvé en 1756 ; il renfermait encore « ses ossements, des fragments d'ornements pontificaux, entre autres deux morceaux de gants sur l'un desquels étaient ces mots : AGNUS DEI, et sur l'autre, DEXTERA DEI, une crosse en bois toute pourrie et un sceau en métal rouge, au milieu duquel était la figure d'un évêque assis, tenant sa crosse de la main gauche et donnant la bénédiction avec la droite, et autour étaient ces mots : S. STEPH. RED. EP. ET REGIS AIE CAPELLANI ». Gaignières nous a conservé un autre sceau ogival du même évêque, en 1174, où il est représenté debout, avec cette légende : + SIGILLUM STEPHANI DEI GRATIA REDONENSIS EPI (D. Morice, Preuves, I, 672 – Hauréau, Gallia Christiana – Inventaire de la cathédrale – Ms. de Gaignières). 

XXVI. — PHILIPPE, religieux de l'Ordre de Cîteaux, fut d'abord abbé de Notre-Dame-des-Fontaines, au diocèse de Tours, puis de Notre-Dame-de-Clermont, près Laval ; ce fut de ce dernier monastère qu'il monta sur le siège épiscopal de Rennes, en 1179. Ce prélat trouva sa cathédrale menaçant ruine, et, « n'ayant pas de fonds pour la réparer, il s'adressa à Dieu, qui lui fit connaître qu'il y avait un trésor caché dans cette église » ; plein de confiance en la Providence, il fit démolir cet ancien édifice et en reconstruisit l'abside avec l'argent qu'il trouva, en effet, dans les fondements (Note : Cette trouvaille de l'évêque de Rennes n'a rien qui doive beaucoup surprendre, puisqu'a coté même de la cathédrale les chanoines de Saint-Pierre trouvèrent bien, en 1774, un vrai trésor, dont la pièce principale était la fameuse patère d'or déposée aujourd'hui au cabinet des médailles, à la Bibliothèque Nationale, à Paris). Le duc Geoffroy confia à Philippe les sceaux de Bretagne, mais ce prélat n'exerça pas longtemps les fonctions de chancelier, étant mort dès le 8 avril 1181, suivant le Nécrologe de son église, qui en parle en ces termes : « APRILIS, VI id. Obiit Philippus bone memorie qui primo fuit abbas Clarimontis postea factus episcopus Redonensis, dedit et concessit beato Petro suisque canonicis quod quilibet canonicus post decessum suum fructus prebende sue integre per annum haberet ; ipse et primus ecclesiam novam Sancti Petri incepit edificare ». Le sceau de cet évêque est ovale et le représente debout, vêtu d'une riche chasuble, portant la crosse et la mitre, et bénissant de la main droite ; la légende est : SIGILLUM PHILIPPI REDONENSIS EPISCOPI (D. Morice, Catalogue des Evêques. — Dans les verrières de la Métropole on donne à Philippe pour armoiries : de gueules à trois demi-vols d'argent, posés 2, 1, accompagnant un besan de même en abîme).

XXVII. — JACQUES Ier ne nous est connu que par la confirmation qu'il fit à Mathelin Privé, abbé de Saint-Melaine, de la donation de l'église de Moulins à son abbaye. Cet acte ne porte point de date ; mais Mathelin Privé ayant succédé à son oncle Guillaume Privé vers 1180, il faut placer cette confirmation en 1182 ou 1183. L'épiscopat de Jacques fut, du reste, tellement court, que M. Hauréau doute de son existence, s'appuyant sur le témoignage d'un contemporain des évêques Philippe et Herbert, qui prétend que ces deux prélats se succédèrent immédiatement ; cependant on ne peut guère rejeter Jacques, puisque son nom est inscrit dans la charte dont nous venons de parler (Cartulaire de Saint-Melaine, ms. de la Bibliothèque de la ville de Rennes). 

XXVIII. — HERBERT. Ce fut encore un abbé de Clermont, près de Laval, qu'élut en 1184 le clergé de Rennes : il se nommait Herbert, était né à Vouvé, près de Château-du-Loir (Sarthe), et avait une grande réputation de sainteté. Cet évêque embrassa avec ardeur la cause d'Arthur de Bretagne et montra beaucoup de sagesse dans toute sa conduite politique ; il ne négligea point pour cela les intérêts de son diocèse ; il continua la réédification de sa cathédrale et ressuscita, dit la tradition, un enfant écrasé par un chariot chargé de pierres destinées à cet édifice ; son pouvoir s'étendait jusqu'aux animaux sauvages, qui obéissaient à sa voix [« Dicitur de ipso quod quadam die erant quadrige ad aportandos lapides pro edificatione ecclesie Redonensis, et quod quidam puer mortuus fuit per transitum cujusdam quadrige, et quod Deus suscitavit puerum ad ipsius supplicationem et universi populi congregati » « Postea dicitur quod quidam corvus furatus fuit annulum suum, et ipse episcopus pro suo annulo excommunicavit, et coram universo populo ipse corvus ipsi episcopo annulum apportavit » (Necrol. Sancti Petri Redon.)]. Ce prélat thaumaturge mourut en prédestiné, le 11 décembre 1198 ; le Nécrologe de Saint-Pierre fait mention de son décès comme il suit : « DECEMBER, IV id. Obiit Herbertus, primo abbas Clarimontis post episcopus Redonensis, vir summe religionis anno domini M° C° nonagesimo octavo, qui sedit annis quatuordecim et mensibus quinque, ad cujus anniversarium habemus LX sol. in feodo de Cornelia apud capellam de Calandor in feodo nostro ». Herbert fut inhumé dans le choeur de sa cathédrale, du côté de l'évangile ; on y voyait encore au XVIIIème siècle son tombeau « près les escabeaux des enfants », et Du Paz dit qu'il s'y opérait des miracles ; en 1756 on ouvrit ce « cercueil en maçonnerie de pierre de Taillebourg », enfoui à cinq pieds de profondeur dans le sol, sans pierre tombale extérieure ; on y trouva des « ossements réduits en poussière, les fragments d'une crosse en cuivre et un sceau de métal rouge en ovale portant la figure d'un évêque tenant sa crosse d'une main et donnant la bénédiction de l'autre, avec ces mots alentour, en lettres gothiques : SIGILLUM HERBERTI REDONENSIS EPISCOPI ». Gaignières, dans un acte de 1197, a retrouvé le même sceau accompagné d'un contre-scel rond représentant un cheval passant, avec cette légende : + SECRETUM (Dom Morice, Preuves, I, 122. – Archives du Chapitre de Rennes. — Ms. Bibliothèque Nationale. — D'après les verrières de la Métropole, Herbert portait : d'or au chevron de sable accompagné de deux annelets de même en chef et d'un croissant de mime en pointe).

XXIX. — PIERRE DE DINAN était, selon quelques auteurs, fils de Roland de Dinan, seigneur de Montatilan ; mais, d'après M. de Barthélemy, il appartenait plutôt à la famille de Dinan établie en Angleterre, et devait être fils d'Olivier, frère de Geffroy, seigneur de Dinan. M. de Barthélemy ajoute que Pierre de Dinan fut d'abord moine à Marmoutiers, prieur de Combourg et chanoine de Nantes (Mélanges d'Archéologie bretonne, III, 2). Chanoine aussi et archidiacre de l'église d'York, en Angleterre, il fut élu en 1199 évêque de Rennes. Il imita son prédécesseur dans son dévouement au jeune prince Arthur et à la duchesse Constance, sa mère, qui le fit chancelier de Bretagne. Il mourut le 15 janvier 1210, après avoir doublé les honoraires de ses chanoines en Avent et en Carême, et fondé un service anniversaire pour le repos de son âme dans sa cathédrale  [« JANUARIUS, XVIII Kal. Obiit Petrus episcopus Redon. de Dinnano, qui duplicavit communiam canonicorum, Beati Petri in Adventu et Quadragesima, et LX s. cum priore de Tramblio dedit eisdem canonicis qui intererunt ejusdem anniversario, et XV s. clericis et presbiteris de die et nocte convenientibu et V s. sacriste, et XX s. ad candelas matutinales canonicales pro totum annum » (Necrol. Sancti Petri Redon)]. 

La maison de Dinan-Montafilan, à laquelle appartenait cet évêque, portait : de gueules à quatre fusées d'hermines en fasce accompagnées de six tourteaux de même, trois en chef et trois en pointe. Quant au sceau de Pierre de Dinan, il est de forme ogivale et représente ce prélat assis, vu de face, mitre en tête, tenant d'une main la crosse tournée en dedans et bénissant de l'autre, avec ces mots : + SIGILLUM PETRI REDONENSIS EPISCOPI ; le contre-scel, de forme ronde, représente une clef posée en pal, le panneton à droite, et cette légende : + DOMINI ARTURI CANCELLII. (Du Paz, Histoire généalogique des seigneurs de Montafilan. — Gaignières, Ms. de la Bibliothèque Nationale).

XXX. — PIERRE DE FOUGÈRES, fils, croit-on, de Raoul, seigneur de Fougères, et neveu de l'évêque Etienne de Fougères, dut porter, comme eux : d'or à une plante de fougère de sinople. Il fut d'abord chanoine régulier à l'abbaye de Rillé, puis sacré évêque de Rennes, au mois de mars 1210, dit Du Paz, par Jean de Faye, archevêque de Tours, dans un Concile tenu à Rennes même ; mais on n'a point d'autres preuves de l'existence de ce Concile, qui semble supposé ; ce qui est plus certain est la confirmation par Pierre de Fougères en qualité d'évêque de Rennes, le 1er juillet 1210, de la fondation de la collégiale de Vitré. Ce prélat s'occupa activement des monastères de son diocèse, en particulier des abbayes de Saint-Melaine et de Saint-Sulpice ; il était chancelier de Bretagne en l'an 1218 ; il mourut le 10 juillet 1222 et fut inhumé dans sa cathédrale, où il avait fondé un anniversaire [« JULIUS, VI id. Obiit vir bone memorie Petrus Filgeri, episcopus noster, qui constituit XX s. in ecclesia de Sancto Merveio percipiendos ad suum anniversarium  faciendum » (Necrol. Sancti. Petri Redon.)]. En 1756, on découvrit dans le choeur de cette église trois tombeaux antiques, l'un formé d'une seule pierre de grain creusée, et les deux autres construits en maçonnerie ; les crosses qu'on trouva dans ces trois cercueils prouvèrent qu'on y avait déposé des évêques, mais rien ne put indiquer leurs noms ; il se pourrait bien que Pierre de Fougères fut l'un de ces prélats. Le sceau de l'évêque dont nous nous occupons était, en 1214, de forme ogivale, le représentant debout, mitré, la crosse en main et bénissant ; on lisait autour : + SIGILLUM PETRI REDONENSIS EPISCOPI ; le contre-scel, rond, portait une fleur de lys et ces deux mots : + SECRETI SIGILLUM (Hauréau, Gallia Christiana – Dictionnaire de Bretagne, voir Fougères – Gaignières, Ms. de la Bibliothèque Nationale). 

XXXI. — JOSSELIN DE MONTAUBAN, fils de Josselin, seigneur de Montauban, et de Mabille de Montfort, fut élu après la mort de Pierre de Fougères. Il assista, en 1224, à la dédicace de l'église abbatiale de Villeneuve, et, en 1234, fonda un anniversaire dans les églises de Saint-Pierre, Saint-Melaine et Saint-Georges de Rennes, pour y être célébré le vendredi avant la Toussaint. Il mourut le 30 octobre de cette même année 1234 [« OCTOBER, III Kal.. Obiit joscelinus episcopus Redon. ad cujus anniversarium habemus LXV s. cum rectore de Veteri Viello, de quibus canonici habent XL s., alii clerici chori nostri et luminare XX s. sacrista et compane V s. » (Necrol. Sancti Petri Redon.)] et fut inhumé dans le chapitre de l'abbaye de Saint-Jacques de Montfort, dont sa famille était bienfaitrice. La maison de Montauban avait pour armoiries : de gueules à sept macles d'or, 3, 3, 1 (alias à neuf macles, 3, 3, 3), au lambel de quatre pendants d'argent (alias d'or) (De Courcy, Nobiliaire de Bretagne – D. Morice, Catalogue des Evêques). 

XXXII. — ALAIN II. Cet évêque ne figure point dans les catalogues dressés par les historiens bretons, M. Hauréau seul nous le fait connaître : en 1237, Alain étouffa un procès relatif à la paroisse de Saint-Gilles, et, le 4 novembre de la même année, il approuva des lettres de Geoffroy, évêque du Mans. Son épiscopat fut, au reste, fort court, car au mois de juin 1239 le pape Grégoire IX manda à l'archidiacre de Rennes, sede vacante, de permettre certain mariage, ce qui prouve qu'Alain était alors décédé (Hauréau, Gallia Christiana, XIV, 753 – Ms. des Blancs Manteaux, XLI, 101). 

XXXIII. — JEAN GICQUEL appartenait à une famille noble qui possédait dans nos pays les manoirs de la Lohière, en Loutehel, et de l'Ourme, en Pleumeleuc ; elle portait : d'azur au chevron d'argent chargé de cinq coquilles de sable et accompagné de trois quintefeuilles de même (Note : Les verrières de la Métropole donnent à Mgr Gicquel : d'azur au chevron d'argent accompagné de trois quintefeuilles de même). Ogée prétend que ce prélat naquit à Guer, bourg voisin du manoir de la Lohière. D'abord trésorier de l'Eglise de Rennes, il fut élu et sacré évêque en 1239. Joinville nous apprend que Jean Gicquel se croisa à l'exemple de quelques évêques, fit le voyage de la Terre-Sainte en 1250 et s'y signala par sa vaillance contre les Sarrasins. De retour en son diocèse, il favorisa les établissements religieux et fit son testament, le vendredi après l'Epiphanie 1258 ; par ce dernier acte de sa volonté, il fonda un anniversaire dans sa cathédrale, léguant à cet effet sa maison de campagne de la Bérengère au Chapitre et diverses choses précieuses à l'église ; il mourut le 14 janvier de la même année [« JANUARIUS, XVII Kal. Obiit Johannes Gicquel, episcopus Redon., qui dedit Capitulo Redon. Berengariam quam emerat a Philippo Berengarii, ad suum anniversarium faciendum, que tradita est ad presens Petro arch. pro LX sol. quorum medietas canonicis et majoribus capellanis et calera medietas clericis, luminaribus et tintinabulis, anno Domini M° CC° L° VII°, kal. febr. XVII°, dedit et centum libras ad ornamenta ecclesie et ymaginem Beate Marie et Crucifixum et sex pannos silicos et cupellam ad ponendum corpus Xti  » (Necrol. Sancti Petri Redon.)].  Son sceau, de 1253, nous le représente debout, mitre en tête, la crosse tournée en dehors et bénissant ; de chaque côté du prélat est une clef posée en pal, le panneton en dehors ; la légende porte : + SIGILLUM JOHANIS EPISCOPI REDONENSIS ; le contre-scel, rond, représente un dextrochère tenant deux clefs adossées et posées en pal, avec ces mots : + CONT. S. JOHIS. EPI. REDONEN. (De Courcy, Nobiliaire de Bretagne – Hauréau, Gallia Christiana – Gaignères, Ms. Bibliothèque Nationale). 

XXXIV. — GILLES Ier prêta serment de respecter les coutumes de son Eglise et fit son entrée solennelle à Rennes, en 1258, porté par Guy de Laval, seigneur de Vitré et d'Aubigné, Geffroy, seigneur de Châteaugiron, et Geffroy, seigneur de la Guerche ; il ratifia, au mois d'octobre, le testament de son prédécesseur et mourut lui-même le 26 septembre 1259 [« Hœc est forma juramenti quod fecit Egidius Dei gracia episcopus Redonensis : juravit se tueri jura et libertates et servare constitutiones et consuetudines Ecclesie Redonensis, et simpliciter, et sine determinatione prœstitit juramentum prœsentibus magistro Guillelmo de Marescallia thesaurario, et magistro Petro de Bouëroul et magistro Guillelmo de Bellomonte archidiaconis, et aliis canonicis ; domino Guidone de Laval portante episcopum pro se tanquam domino de Vitré et pro se tanquam domino Albineiensi, et Gauffrido domino de Castrogironis, et Gauffrido domino Guirchie dictum episcopum portantibus et pluribus aliis » (Necrol. Sancti Petri Redon.) — Du Paz, Histoire généalogique, 249. — Les verrières de la Métropole attribuent à Gilles Ier cet écusson : de gueules à deux clefs d'or placées en sautoir]. 

XXXV. — MAURICE DE TRÉSIGUIDY appartenait à une noble famille de Cornouaille qui portait : d'or à trois pommes de pin de gueules, les pointes en haut. Ogée prétend qu'il naquit au château de Trésiguidy, dont on voit encore les ruines en Pleyben (Finistère). Cet évêque confirma, en 1260, une transaction concernant le prieuré de Livré ; de son temps, en 1273, Jean de Montsoreau, archevêque de Tours, vint présider un Concile provincial à Rennes. Maurice de Trésiguidy mourut le 17 septembre 1282, après avoir fondé son service anniversaire dans sa cathédrale [« SEPTEMBER, XV Kal. Obiit Mauricius, bone memorie, episcopus Redon., ad cujus anniversarium habemus LX s. capiendos cum Droeto Malecot de Burxia et quibusdam aliis, et debentur in festo Apostolorum Petri et Pauli, et est medietas canonicis et majoribus cappell. et alt. med. clericis, luminaribus, campanis, et inhumatus fuit anno Domini M°  CC° octuag° secundo ». (Necrol. Sancti Petri Redon.)]. Son sceau, de forme ogivale, le représente debout, vu de face, la mitre en tête, tenant la crosse d'une main et bénissant de l'autre, avec cette légende : t S. MAURICH DEI GRA. REDONENSIS EPISCOPI ; le contre-scel, rond, nous montre saint Pierre, patron du diocèse, vu de face, à mi-corps, tenant d'une main deux clefs et de l'autre un livre, avec ces mots : + S. PETRUS ORA PRO NOBIS (D. Courcy, Nobiliaire de Bretagne – Tresvaux, Eglise de Bretagne – Gaignières, Ms. Bibliothèque Nationale). 

XXXVI. — GUILLAUME DE LA ROCHE-TANGUY, docteur en théologie, selon Du Paz, fut élu évêque de Rennes vers la fin de l'année 1282. Il appartenait à une famille bretonne aujourd'hui disparue et était cousin d'Alain de Lamballe, doyen de Saint-Germain-l'Auxerrois. On ne connaît point les actes de ce prélat, qui fut exécuteur testamentaire du duc Jean Ier et dont les contemporains font l'éloge en trois mots, le disant doux, discret et éloquent ; il mourut le 20 septembre 1297, après avoir fondé son anniversaire à Saint-Pierre [Hauréau, Gallia christiana — « SEPTEMBER, XII Kal. Obiit Mag. Guill. de Rocha Taingui, benignus, discretus et facundus, episcopus Redon., qui decessit anno Domini M° CC° LXXX° XVII°, ad cujus anniversarium habemus L s. super ecclesia de Visseca, item LXI s. super voleriis qui fuerunt quondam Johannis de Landa furnerii sitis in rua Bassa, inter herbergamentum Gaufrid. Le Jumel ex uno latere et domum et herbergamentum Johanis Homede ex altero, in nostro feodo » (Necrol. Sancti Petri Redon.)]. Dans les verrières de la Métropole on lui donne pour armoiries : d'azur emmanché d'argent en pointe de trois pièces, au chef de même. Nous n'avons point le sceau particulier de Guillaume de la Roche-Tanguy, mais seulement celui de son officialité, représentant ce prélat vu à mi-corps, la crosse en main, bénissant de la main droite, accompagné des clefs adossées, de deux étoiles et d'une petite croix, avec cette légende : + S. GUILLELMI EPISCOPI REDONENSIS (Charte de 1295). 

XXXVII. — JEAN DE SAMOIS. Cet évêque, religieux franciscain, naquit dans le diocèse de Sens, au village de Samois, dont il conserva le nom. Il embrassa l'institut des Frères Mineurs et fut élu évêque de Rennes en 1297. Frère Jean de Samois n'occupa que deux ans notre siège épiscopal et fut transféré, par le pape Boniface VIII, à l'évêché de Lisieux, en 1299. Il mourut le 30 octobre 1302 (Tresvaux, Eglise de Bretagne – Les verrières de la Métropole lui donnent : de gueules à la fasce d'argent accompagnée de deux besans de même en chef et d'un croissant de même en pointe). 

XXXVIII. — GILLES II. Le Cartulaire de Saint-Serge nous apprend que ce prélat, visitant son diocèse, vint en 1299 à Brielles, dont l'église dépendait de cette abbaye. C'est tout ce que l'on sait de cet évêque, dont les historiens bretons ont ignoré l'existence. 

XXXIX. — YVES Ier occupait le siège de Rennes en 1304, d'après une charte du Chapitre : on y voit qu'à cette époque ce prélat, se trouvant hors de son diocèse, institua des vicaires généraux pour le gouverner en son absence. Dom Morice dit qu'Yves mourut cette même année ou la suivante (Note : Dans les verrières de la Métropole, Yves Ier porte : de gueules au sautoir d'argent cantonné de quatre merlettes de sable). 

XL. — GILLES III fit serment de fidélité au duc de Bretagne, en 1306, au mois de mars, et mourut peu après, le 27 septembre de la même année. Son temporel, saisi par les officiers du duc, fut affermé en 1307 pour la somme de mille francs. M. Daru dit qu'il se nommait Gilles Ansel (D. Morice, Catalogue des Evêques. — Histoire de Bretagne, III, 381. — « SEPTEMBER, V Kal. Obiit Egidius, Redon. episcopus, qui impetravit huic ecclesie indulgenciam unius anni et XL d. Et fuit concessum in capitulo generali Purificationis Beate Marie, anno M° CCC° VI° quod fiat ejus anniversarium de cetero ista die ». (2um Necrol. Sancti Petri Redon.). 

XLI. — GUILLAUME II. Après la mort de Gilles III, à la fin de 1306, Alain de Châteaugiron fut élu évêque de Rennes ; « mais, dit D. Morice, il y a apparence que son élection se trouva défectueuse et que l'archevêque de Tours y suppléa par la nomination d'un autre sujet. En effet, le pape Clément V écrivit, en 1310, au duc de Bretagne pour lui recommander Guillaume, évêque de Rennes, et ce Guillaume conféra la même année la chapellenie de Saint-Louis ». On ne sait rien de plus de ce prélat, et l'on ignore s'il mourut sur son siège ou s'il abdiqua. 

XLII. — ALAIN III DE CHATEAUGIRON, fils de Geoffroy, seigneur de Châteaugiron, d'abord archidiacre de Rennes, chanoine et trésorier de Saint-Pierre, enfin secrétaire du duc Arthur II et conseiller du duc Jean III, fut élu évêque dès 1306 ; obligé de renoncer pour quelque temps au siège épiscopal, il y remplaça Guillaume II vers 1311. Ce fut un prélat « extrêmement zélé pour l'honneur du clergé, auquel il procura plusieurs privilèges ». Il fit son testament en 1327, fonda un anniversaire dans sa cathédrale, et mourut le 12 avril de la même année. Le sceau de cet évêque renferme un écu en losange portant : de vair à une bande de gueules chargée de trois coquilles d'argent ; la légende est ainsi conçue : + SIGILLUM ALANI EPISCOPI REDON. [« APRILIS, II id. Obitus bone memorie deffuncti Alani de Castrogironis quondam episcopi Redon. die Veneris post Quasimodo, anno Domini millesimo CCC° vicesimo septimo, qui dedit ad ejus anniversarium XXX sol. sitos super una pecia terre et oseiria noncupata Les Sablonnières inter herbergamentum Guill. de Bourgon ex una parte et terram dicti Guillemi noncupatam Les Sablonnières ex altera, de quibus chorus habebit II  s. sacrista XVI d. diaconus et subdiaconus IIII d. et chorus residuum decem sol. et solvet. luminare et clericis ». (2um Necrol. Sancti Petri Redon.)].

XLIII. — ALAIN IV DE CHATEAUGIRON, fils de Galeran, seigneur de Châteaugiron, et neveu du précédent évêque, lui succéda d'abord à la trésorerie de l'Eglise de Rennes, puis à l'épiscopat. Il ne tint le siège qu'environ dix-sept mois et mourut le 21 novembre 1328, âgé de quarante-trois ans. Il fut inhumé dans le déambulatoire du choeur de la cathédrale, derrière le maître-autel et devant la chapelle Saint-André : son tombeau consistait en une dalle portant son effigie, et sur la bordure cette inscription en lettres gothiques : HIC JACET ALANUS DE CASTROGIRON EPISCOPUS REDONENSIS, OBIIT ANNO MILLESIMO CCC XXVIII, ANIMA EJUS REQUIESCAT IN PACE. Sous cette pierre était un caveau dans lequel on retrouva, en 1756, la tête et quelques ossements du prélat. 

Nous n'avons point le sceau de ce prélat, mais seulement celui de son père, composé d'un écu portant : de vair à la bande d'argent, avec ces mots : + SIGIL. GALERANI DE CAS. GIRONIS. Cependant le pontifical de Michel Guibé donne à notre évêque pour armes : d'or au chef d'azur, et le P. Du Paz dit que la famille de Châteaugiron portait ce même blason. Mais nous venons de voir que l'évêque Alain III portait de vair à une bande chargée de coquilles, et il est vraisemblable qu'Alain IV avait les mêmes armoiries que son père et son oncle (Du Paz, Histoire généalogique des seigneurs de Châteaugiron. — Inventaire de la cathédrale en 1756. — D. Morice, Preuves).

XLIV. — GUILLAUME OUVROUIN, fils de Jean Ouvrouin, seigneur de Poligné, appartenait à une famille des plus distinguées de Laval, qui portait : bandé d'or et d'azur (alias : de gueules), de dix pièces, au franc quartier d'hermines. D'abord archidiacre de Plougastel, au diocèse de Tréguier, Guillaume fit sa soumission à la Chambre Apostolique au mois de juin 1329, en qualité d'élu de Rennes ; il assista au Concile provincial tenu à Châteaugontier en 1336, fit en 1341 le voyage de Rome, et, pendant le siège de Rennes par les Anglais, en 1343, montra la plus grande vaillance, au rapport de Froissart. Albert Le Grand a confondu ce prélat avec son contemporain l'évêque de Léon. Guillaume Ouvrouin fit son testament le 27 mai 1347, et ordonna que ses funérailles fussent faites au couvent des Frères Prêcheurs de Rennes, et que son corps fût ensuite transporté et inhumé dans la chapelle Saint-Michel du Cimetière-Dieu de Laval, fondée par son père. Cet évêque fonda lui-même quatre chapellenies dans ce sanctuaire, ainsi que des obits dans sa cathédrale et dans les monastères de Saint-Melaine et de Saint-Georges de Rennes, de Saint-Pierre de Rillé et de Saint-Sulpice-des-Bois. Guillaume mourut, d'après le Nécrologe de Saint-Pierre, le 12 juin 1347, et fut inhumé à Laval, selon sa volonté dernière, dans la chapelle de Saint-Michel, érigée en collégiale l'an 1421. Après la ruine de cet édifice, son tombeau fut, au commencement de notre siècle, transporté par M. Matagrin, curé de la Trinité de Laval, dans cette dernière église, devenue cathédrale de nos jours. Il se compose d'une arcature, sous laquelle repose une belle statue de marbre blanc, représentant Guillaume Ouvrouin revêtu de ses ornements pontificaux, reposant ses pieds sur un lion ; sur une table de marbre noir on lit cette inscription moderne : JACEBAT OLIM MARMOR ISTUD IN ECCLESIA SANCTI MICHÆLIS LAVALLENSIS, CUJUS CAPITULI, ANNO 1421, FUNDATORES FUERUNT REVERENDI DOMINI GUILLELMUS OUVROIN EPISCOPUS REDONENSIS NEC NON FRATER EJUS JOHANNES EPISCOPUS LEONENSIS. HOC MONUMENTUM HIC HONORIFICE REPONI CURAVIT CAROLUS-JOHANNES MATAGRIN, HUJUSCE ECCLESIÆ PAROCHUS, CENOMANENSIS CATREDRALIS CANONICUS HONORARIUS, ANNO DOMINI 1805 [Note : Il y a une double erreur dans cette inscription : Jean Ouvrouin, évêque de Léon (1370-1383), n'était pas le frère, mais bien le petit-neveu de Guillaume ; en outre, la date 1421 n'est pas celle des fondations que firent ces deux prélats à Saint-Michel de Laval, mais celle de l'érection de cette chapelle en collégiale par Jeanne Ouvrouin, dame de Poligné et des Roches, nièce de l'évêque de Léon. — Nous devons ces renseignements sur Guillaume Ouvrouin à l'obligeance de M. Paul de la Bigne Villeneuve]. 

XLV. — YVES DE ROSMADEC, issu d'une famille noble de Cornouaille, qui portait : palé d'argent et d'azur de six pièces (sceau de 1365) (Note : Le peintre-verrier de la Métropole, s'appuyant toujours sur l'Armorial de 1718, adopte les armes d'une autre famille de Rosmadec : d'or à trois jumelles de gueules), succéda au précédent évêque en 1347 ; il n'occupa que deux ans le siège de Rennes, et mourut le 14 octobre 1349, après avoir reconstruit la maison de la Bérengère ou de la Motte Saint-Golven, que possédait son Chapitre, et fondé un anniversaire dans sa cathédrale [« OCTOBER, II id. Obiit bone memorie Yvo de Rosmadoc, episcopus Redonensis, qui construxit de novo domum quam habemus in pratis de Berangaria que vocatur Mota Sancti Golvini, ad cujus anniversarium habemus super herbergamento Johannis Le Tenours in Burgo episcopi, sub dominio nostro, XXIII s. V d. ; item super domo et herbagamento Thome Cousin, quod tenet Perrona relicta Johannis de la Cailloule et Guillotus, Perotus et Johannes ejus filii in parochia Sancti Laurentii, V s. et III d. ; item super manerio nuper domini Stephani de Fago, de civitate Redon., quem dominus Robertus de Castrogironis accepit de novo, LX s. et habemus litteras de ipso » (Nécrol. Sancti Petri Redon.)].

XLVI. — ARCAND, appelé Artaud par D. Morice, et Arnauld par M. Hauréau, n'est guère connu ; ce dernier auteur prétend qu'il paya les droits de la Chambre Apostolique, en qualité d'évêque de Rennes, le 27 octobre 1348 ; mais c'est évidemment une erreur, puisque, d'un côté, le Ms. Episc. Redon. eleuchus, rédigé, semble-t-il, par un contemporain, dit que Yves de Rosmadec mourut en 1349, et Arcand en 1354, et, d'un autre côté, le Nécrologe de Saint-Pierre porte en note qu'Arcand ne gouverna que quatre ans et demi ; d'après cela, il faut reconnaître que ce prélat siégea de 1349 à 1354 (Note : Dans les verrières de la Métropole on donne à Arcand : d'azur au chevron d'argent accompagné de trois besans d'or). 

XLVII. — PIERRE DE LAVAL, fils, d'après Moreri, de Guy IX, baron de Laval et de Vitré, et de Béatrice de Gavre, appartenait à une des plus illustres familles de son époque, portant : d'or à la croix de gueules chargée de cinq coquilles d'argent et cantonnée de seize alérions d'azur. Il est fait mention de cet évêque de Rennes en 1354, et le P. Le Grand dit qu'il fit beaucoup de bien à son Eglise ; le même historien ajoute qu'il mourut le 11 janvier 1357, pendant que les Anglais assiégeaient de nouveau sa ville épiscopale, après seulement trois ans d'épiscopat, selon le Nécrologe de Saint-Pierre

XLVIII. — GUILLAUME POULART vel GIBON. D'après M. Hauréau, ce prélat, fils de Pierre Poulart, seigneur de Kergoalen, trésorier de la duchesse Jeanne de Penthièvre, et de Constance de Keraoul, appartenait à une famille bretonne portant : de gueules à une rose d'argent, écartelé de sinople plein (sceau de 1365) ; il était chanoine de Saint-Brieuc lorsqu'il obtint, en juin 1357, du pape Innocent VI, le siège épiscopal de Rennes ; n'ayant que 28 ans, il reçut une dispense d'âge au mois de juillet suivant, et, un peu plus tard, il paya les droits de la Chambre Apostolique, le 14 octobre 1358 ; l'année suivante, il fut transféré par le Souverain-Pontife à l'évêché de Saint-Malo, comme le prouvent les lettres d'Innocent VI publiées par Suarez (Hauréau, Gallia Christiana, XIV). 

Mais, d'après le Nobiliaire de M. de Courcy et une Généalogie moderne de la maison de Gibon, ce Guillaume, dont les historiens bretons ne donnent point le nom patronymique, était fils de Simon Gibon, seigneur du Grisso, mari de Gervaise de Coesmes ; il fut inhumé dans l'église conventuelle des Cordeliers de Rennes, sous un tombeau-arcade, pratiqué dans la muraille du côté de l'évangile, orné de tous les attributs épiscopaux et des armoiries de la famille de Gibon : de gueules à trois gerbes d'or ; adoptant cette opinion, l'on a placé cet écu dans les verrières de la Métropole ; malheureusement, cette Généalogie ne nous fait point connaître l'inscription du tombeau qu'elle décrit, et ce qui nous reste du Nécrologe des Cordeliers de Rennes ne fait point mention de ce prélat. On a bien retrouvé au couvent des Cordeliers une pierre tombale déposée aujourd'hui au Musée de Rennes et représentant un évêque, dont l'écusson est écartelé aux 1er et 4ème de trois fusées de fasce, et aux 2ème et 3ème de trois gerbes, 2 et 1 ; mais l'inscription de cette pierre nous apprend que ce prélat, nommé simplement Raoul, était évêque de Lydda et conseiller de Guy, comte de Laval, dominus Radulphus Lidensis episcopus, consiliarius illustrissimi domini Guidonis comitis de Laval. Cet évêque, dont le tombeau fut construit en 1486, de son vivant, semble-t-il, pouvait bien appartenir à la famille de Gibon, dont il portait les armoiries, mais il n'était nullement évêque de Rennes. 

XLIX. — PIERRE BEN0IT vel DE GUÉMENÉ. Il est certain, dit M. Hauréau, que Pierre Benoît, évêque de Saint-Malo, permuta, en février 1359, avec Guillaume Poulart, évêque de Rennes, et fut le même personnage que Pierre de Guémené dont parlent les historiens rennais ; d'après cela, conclut-il, le nom de famille de ce prélat semble avoir été Benoît et son lieu d'extraction Guémené (Hauréau, Gallia Christiana, XIV). Quoi qu'il en soit de cette opinion, Pierre fit son entrée solennelle à Rennes le 3 novembre 1359, et eut l'avantage de consacrer le même jour sa cathédrale, enfin terminée ; il mourut quatre ans plus tard, vers la fin de l'an 1363. Dans les verrières de la Métropole on lui donne pour armoiries : d'argent semé de merlettes d'azur à un croissant d'or en abîme et au franc quartier de sable

L. — RAOUL DE TRÉAL fit sa soumission à la Chambre Apostolique le 28 janvier 1364. Issu d'une famille distinguée du diocèse de Vannes, chanoine de Rennes et archidiacre du Désert, il fut élu évêque par le Chapitre, à la recommandation du duc Charles de Blois, qui l'estimait grandement. « Riche en patrimoine, dit D. Morice, Raoul en employa les revenus aux réparations de son église et au soulagement des pauvres ; instruit des vérités de la religion chrétienne et de la doctrine des saints Canons, il travailla beaucoup à la réformation de son diocèse et à soutenir les droits de son siège ». Il assista, en 1365, au Concile d'Angers, et s'appliqua, de retour en son diocèse, à en faire observer les décisions. Obligé de repousser les injustes prétentions du duc Jean IV, Raoul de Tréal eut beaucoup à souffrir de ce prince, et il fut même si odieusement calomnié par ses favoris, que les vicaires généraux de Tours ordonnèrent, en 1382, une enquête sur sa conduite privée ; ces persécutions abrégèrent sa vie, et il mourut avant la fin de cette triste affaire, le 24 février 1383, d'après le Nécrologe de Saint-Pierre. De nos jours, M. Paul de la Bigne Villeneuve a noblement vengé la mémoire de ce saint prélat et réduit à néant les accusations portées contre lui par quelques-uns de ses propres prêtres et relatées avec trop de légèreté par D. Lobineau (Mélange d'Histoire et d'Archéologie bretonne, II, 36). Après la mort de Raoul de Tréal, un tombeau fut élevé à cet évêque dans la chapelle de Saint-Méen et Saint-Louis, dite depuis de l'Ange-Gardien, qu'il avait fondée et fait bâtir dans sa cathédrale. Ce monument, exécuté en marbre, représentait Raoul en costume épiscopal sur la partie supérieure d'un socle décoré de bas-reliefs, avec statuettes de pleureuses abritées sous des arcades ogivales ; les chanoines de Saint-Pierre y firent graver sur trois côtés une longue épitaphe, à la louange du défunt, résumant toute sa vie. Malheureusement, dès le XVIIème siècle, on ne pouvait plus déchiffrer de cette inscription que quelques mots, bien précieux toutefois pour la mémoire d'un évêque victime de la calomnie : RADULPHUS TRÉAL... IMMENSIS PUGIL... PRAVOS CLERICORUM MUTAVIT MORES, GREGIQUE VIGILAVIT.  CAMPANA MAGNA DATUR .....  PER EUM TEMPLUM REPARATUM .............  CONSERVANDO SUA JURA ........  NON PERDIT ...  PLURIMA DANS... AC ALIENATA REVOCANTUR ........ MANSIO RENOVATUR PONTIFICALIS. CONSERVARE PIA VELIT TEMPLUM VIRGO MARIA. AMEN. A la tête du tombeau était un écusson écartelé des armes de Tréal : de gueules au croissant burelé d'argent et d'azur. Gaignières nous a conservé le sceau de Raoul de Tréal : il est rond et renferme un écu portant une crosse en pal chargée d'un croissant brochant sur le tout. Mais M. Douet d'Arcq nous en fait connaître un autre de forme ogivale représentant dans une niche gothique un évêque debout, vu de face, mitré, crossé et bénissant ; de chaque côté de la niche est un écu chargé d'un croissant et d'une bordure engreslée ; la légende dit : S. RADULFI DEI GRA . EPISCOPI REDONENSIS. Lorsqu'en 1756 l'on ouvrit le tombeau de Raoul de Tréal, on y retrouva ses ossements, des morceaux de vêtements violets, et une crosse de cuivre fort bien travaillée (De la Bigne Villeneuve, Mélange d'Histoire et d'Archéologie bretonne. — Inventaire ms. de la Cathédrale. — Ms. Bibliothèque Nationale). 

LI. — GUILLAUME BRIZ vel DE BRIE. Après la mort de Raoul de Tréal, le Chapitre élut un de ses membres, Pierre Levesque, fils de Hervé Levesque et de Mathée du Molant, seigneur et dame du Molant, en Bréal ; mais le duc Jean IV fit casser cette élection et pourvoir Guillaume Briz. Ce dernier était, selon M. de la Bigne Villeneuve, étranger non-seulement au Chapitre, mais même à la Bretagne ; cependant, d'après M. de Courcy, il se rattachait à notre diocèse au moins par l'origine de sa famille, tirant son nom du château seigneurial de Brie, voisin de Rennes. Guillaume fit sa soumission à la Chambre Apostolique le 8 juillet 1384, mais il ne fit son entrée solennelle à Rennes qu'au mois de juin 1385. Un an plus tard, il fut transféré sur le siège épiscopal de Dol, où il mourut le 2 février 1391. Nous connaissons le sceau de ce prélat, représentant un écusson posé devant une crosse et portant : d'argent à trois fasces bretessées de sable ; c'était non-seulement ses armoiries, mais encore celles de la maison noble de Brie, paroisse de même nom, près de Rennes (Necrol. Sancti Petri – Nobiliaire de Bretagne – Preuve de l'Histoire de Bretagnes). 

LII. — ANTOINE DE LOVIER, natif de Revel, en Dauphiné, docteur en droit civil et canonique, doyen de l'Eglise de Vienne, fut pourvu de l'évêché de Rennes en 1386, et fit sa soumission à la Chambre Apostolique le 15 décembre de la même année. Comme son prédécesseur, il ne fit qu'un court séjour à Rennes, et fut transféré, en 1389, à l'évêché de Maguelonne, où il mourut le 23 octobre 1405. Ce prélat portait : d'azur à deux loups d'or passant

LIII. ANSELME DE CHANTEMERLE. Ce fut encore un étranger et un ami de Jean IV qui devint évêque de Rennes en 1389. Anselme de Chantemerle appartenait à une illustre famille de Picardie, portant pour armes : d'azur à la bande d'argent chargée de trois coquilles de gueules (alias de sable). Il fut sacré le 1er octobre 1389 et fit, l'année suivante, son entrée solennelle à Rennes. « Les belles qualités de l'esprit et la piété remarquable que Dieu avait donnée à ce prélat le mirent en grand crédit auprès des ducs de Bretagne », qui aimaient à venir familièrement le visiter à son manoir de Bruz, où il se tenait ordinairement. Il fut même chancelier de Bretagne sous le règne de Jean IV et pendant la minorité de Jean V, et envoyé plus tard par ce dernier prince en missions importantes. Décoré du pallium par le pape Martin V, Anselme combla de ses générosités l'église cathédrale de Rennes, qu'il décora avec soin et enrichit de pieuses fondations ; il fit faire aussi d'importants travaux à ses manoirs épiscopaux, légua un calice à chacune des paroisses de son diocèse, et joignit à cette libéralité la pratique de toutes les vertus chrétiennes. Ce sage prélat mourut le 31 août 1427 et fut inhumé dans sa cathédrale le 1er septembre ; « il estoit de moult noble lignée et fut moult pacient et moult gentile en son règne, et à son enterrement furent le duc de Bretagne, moult grant nombre d'évesques et abbez et aussy de barons, chevaliers et escuiers ». Son tombeau en marbre noir, décoré de plusieurs écussons et surmonté de son effigie en marbre blanc, de grandeur naturelle et recouverte d'un treillis de fer, occupa, sous l'horloge, le point central de la chapelle Saint-Yves et Saint-Gicquel. Cette chapelle avait été restaurée par Mgr de Chantemerle, mais elle fut condamnée à disparaître en 1638, et le tombeau de cet évêque ainsi que ses ossements furent alors transférés derrière le choeur, dans la chapelle de Notre-Dame de Villeboul. Autour de ce mausolée on lisait l'inscription suivante, qui nous apprend, entre autres choses, qu'Anselme de Chantemerle fonda à Saint-Pierre la fête solennelle de la Présentation de la Sainte Vierge : HIC JACET ANSELMUS, CLARUS PRÆSUL REDONENSIS, DE CANTUMERULÆ, PATIENS, PIUS ATQUE BENIGNUS, QUEM VERUS PAPA PALLIO SACRO DECORAVIT MARTINUS QUINTUS, SUMPTO DE CORPORE PETRI, DUMQUE PRÆSENTAT. VIRG. FESTUM CELEBRAVIT, PER QUEM FUNDANTUR MISSÆ, SANCTI VENERANTUR ; ANNO MILLENO CUM C QUATER XXVII, SEPTEMBRIS PRIMA, CADAVER DEFERTUR AD IMA ; PARCAT EI DOMINUS, QUI REGNAT TRINUS ET UNUS. AMEN (De la Bigne Villeneuve, Mélange d'Histoire et d'Archéologie bretonne — D. Morice et Du Paz. — Inventaire de la Cathédrale en 1756). 

LIV. — GUILLAUME BRILLET, natif de Vitré, fils de Drouet Brillet, sieur du Rolland, en la paroisse d'Etrelles, fut d'abord chanoine et chantre de l'Eglise de Rennes, puis élu évêque de Saint-Brieuc en 1424 ; trois ans plus tard, ce prélat, « homme doux et pieux », fut transféré sur le siège de Rennes. Il fonda en 1443 et 1445 la psallette de Saint-Pierre, et se démit de l'épiscopat en faveur de son neveu Robert de la Rivière, en 1447 ; le Pape lui donna le titre d'archevêque de Césarée, en Palestine. D'Argentré, garant de cette démission, assure qu'il mourut en 1470, dans une grande vieillesse ; mais le P. Du Paz et le Nécrologe des Cordeliers de Rennes mettent sa mort au commencement de février 1448 [« FEBRUARIUS, 1a die. Obiit reverendus in Christo pater dominus Guillelmus Brillet, episcopus Redonensis, qui multa bona contulit conventui. Anno Domini 1448 ». (Necrol. Franciscan. Redon. — Bibliothèque Nationale)]. Guillaume Brillet fut inhumé dans la chapelle absidale, dite du Saint-Sacrement, qu'il avait fait bâtir derrière le maître-autel de la cathédrale de Rennes ; cette chapelle était couverte de ses armoiries peintes et sculptées : d'argent à trois têtes de loup coupées de sable (Note : arrachées de gueules dans les verrières de la Métropole), écusson qui se retrouve sur son sceau, supporté par deux palmes, timbré d'une crosse, et portant cette légende : S. GUILLERMI DEI GRA. REDONENSIS EPISCOPI. Quant à son tombeau, c'était une arcade ouverte dans la muraille de la chapelle et abritant la statue du prélat, couché sur une table de marbre, la tête appuyée sur un coussin et les pieds reposant sur un lévrier ; au fond du monument, une inscription gothique à demi-effacée laissait seulement voir ce qui suit en 1755 : REVEREND PERE EN DIEU MESSIRE GUILLAUME BRILLET EN SON TEMPS EVESQUE DE RENNES FIST FAIRE CETTE CHAPELLE EN LAQUELLE A FAIT FONDATION DE DEUX CHAPELLENIES L'UNE DE QUATRE MESSES PAR CHACUNE SEPMAINE DE L'ANNÉE     (le reste illisible) (De Courcy, Nobiliaire de Bretagne – D. Morice, Catalogue des Evêques – Inventaire de la Cathédrale en 1755).

LV. — ROBERT DE LA RIVIÈRE fils de Jean, seigneur de la Rivière d'Auverné, chambellan du duc François Ier et chancelier de Bretagne, et de Jeanne Brillet, soeur du précédent évêque, fut d'abord chanoine et chantre de l'Eglise de Rennes. Guillaume Brillet, son oncle, s'étant démis de l'évêché de Rennes en sa faveur, il obtint ses bulles le 7 juin 1447. L'année suivante, il assista au Concile provincial d'Angers ; il fut député, en 1449, vers le roi de France, pour lui demander secours contre les Anglais, qui avaient pris Fougères. Robert de la Rivière mourut le 18 mars 1450 et fut inhumé dans le choeur de sa cathédrale, où il avait fondé un anniversaire, au pied du maître-autel, sous une tombe de cuivre qu'on voyait encore au XVIIème siècle, mais dont on n'a pas relevé l'inscription. Ce prélat avait pour armoiries : écartelé aux 1er et 4ème de gueules à la croix pattée d'argent, et aux 2ème et 3ème de gueules à la croix d'or frettée d'azur [Missel de Michel Guibé. — Diurnal des obits de Saint-Pierre. (Archives départementales) — Les verrières de la Métropole donnent à cet évêque : écartelé aux 1er et 4ème de gueules à la croix pattée d'argent, au 2ème de gueules à la croix d'or, au 3ème de gueules à la croix d'azur]. 

LVI. — JEAN DE COETQUIS, de la maison des seigneurs de Kernéguez, près Morlaix, d'abord chanoine de Rennes et archidiacre du Désert, fut élu pour succéder à Robert de la Rivière ; mais le pape Nicolas V le nomma à l'évêché de Saint-Malo et transféra à Rennes Jacques d'Espinay, évêque de Saint-Malo, par bulles datées du 4 mars 1450. Le duc Pierre II, dit D. Morice, n'approuva point cette translation, et pour en empêcher l'effet il accusa Jacques d'Espinay d'avoir fomenté la division dans sa famille et d'avoir pris part à la mort du prince Gilles de Bretagne. Le Pape écrivit au duc, le 1er janvier 1451, pour justifier Jacques d'Espinay des crimes dont on l'accusait, mais Pierre II persista dans ses préventions et voulut que Jean de Coëtquis demeurât évêque de Rennes. Plus tard, ce duc finit par agréer Jacques d'Espinay, en 1454, et consentit à la translation de Jean de Coëtquis sur le siège de Tréguier, où il mourut le 23 septembre 1464. Ce dernier prélat avait, en 1451, un sceau rond renfermant son écusson surmonté seulement d'une mitre et portant : d'argent au sautoir de gueules cantonné en chef d'un annelet de même, et en flancs et pointe d'une étoile de même (Missel de Michel Guibé – Archives du Chapitre – D. Morice, Preuves, II, planche XII). 

LVII. JACQUES D'ESPINAY, fils de Robert, seigneur d'Espinay, en Champeaux, grand-maître de Bretagne, et de Marguerite de la Courbe, fut d'abord protonotaire apostolique, puis nommé évêque de Saint-Malo le 7 janvier 1450, enfin transféré sur le siège de Rennes le 4 mars suivant, et remplacé à Saint-Malo par Jean L'Espervier. Le duc Pierre II ayant refusé de recevoir à Rennes Jacques d'Espinay, ce prélat se trouva par suite sans évêché, ce qui l'obligea à se rendre à Rome. Nous venons de dire qu'à son retour en Bretagne il obtint enfin l'assentiment du prince ; il fit, par suite, son entrée solennelle à Rennes, en qualité d'évêque de cette ville, le 10 avril 1454. 

Ce personnage historique, dont la vie fut fort agitée, est devenu l'objet de jugements sévères portés par plusieurs de nos historiens bretons, depuis dom Lobineau et dom Morice, qui ont adopté un peu légèrement les accusations formulées contre lui par ses ennemis et ses envieux. A leurs témoignages, qui semblent suspects de partialité, on peut opposer ceux de Le Baud, du P. Du Paz et de B. d'Argentré, qui représentent notre évêque comme étant « adonné à l'estude des bonnes lettres, très scavant en toutes sortes de sciences, sage et discret, prudent en conseil et grave en ses moeurs ». On doit encore ajouter qu'il fut très-aimé du duc François Ier et du pape Nicolas V, et que les actes contemporains du Chapitre de Rennes rendent hommage à sa mémoire. Jacques d'Espinay n'en finit pas moins par succomber, victime des intrigues et des persécutions organisées contre lui par le célèbre trésorier de Bretagne, Pierre Landais, favori de François II. Un procès criminel lui fut intenté ; suspendu de ses fonctions épiscopales en octobre 1481, le prélat fut saisi dans son manoir de Bruz et conduit en prison comme un vil criminel ; il vit tous ses biens confisqués et ses ennemis triomphants. Jacques d'Espinay ne put survivre à tant d'affronts et mourut, avant d'avoir pu être jugé, au mois de janvier 1482 ; il fut inhumé dans l'église collégiale de Champeaux, fondée par son père, mais l'on n'y voit plus son tombeau. Cet évêque avait un sceau composé de l'écusson de sa famille : d'argent au lion coupé de gueules et de sinople, lampassé et couronné d'or, supporté par deux palmes et timbré d'une crosse surmontée d'une mitre, avec cette légende : SIGILLUM JACOBI. EPI. REDONENSIS. Après la mort du trésorier Landais, Guy Ier, seigneur d'Espinay, neveu de l'évêque de Rennes et frère de cinq autres évêques, obtint la réhabilitation de son oncle Jacques d'Espinay : sa mémoire fut remise en honneur et son innocence reconnue et vérifiée judiciairement, en Conseil d'Etat du duc de Bretagne François II, le 20 décembre 1485 (D. Morice, Catalogue des Evêques – Gaignières, Ms. de la Bibliothèque Nationale – Levot, Biographie Bretonne).

LVIII. — MICHEL GUIBÉ, fils d'Adenet Guibé et d'Olive Landais, soeur du fameux trésorier, fut d'abord chanoine de Notre-Dame de Nantes, évêque de Léon en 1477, puis évêque de Dol l'année suivante. A l'époque de l'arrestation de Jacques d'Espinay, par ordre de Landais, son oncle, il fut nommé coadjuteur de Rennes, et Jacques d'Espinay étant venu à mourir, il lui succéda et fit, en qualité d'évêque de Rennes, serment de fidélité au duc François II, le 29 juillet 1482 ; le 8 août suivant, il fut mis en possession du temporel de son évêché, confisqué par ce prince ; il fit son entrée solennelle à Rennes le 11 août, porté par Jean d'Acigné, Briant de Beaumanoir, Michel de Parthenay et le sire de Tréal, représentants des quatre barons de Vitré, Aubigné, Châteaugiron et la Guerche ; Gilles de la Rivière, archidiacre de Rennes, reçut son serment au nom du Chapitre. Michel Guibé a laissé la réputation d'un prélat pieux et zélé ; il décora son église avec magnificence, disent ses contemporains, et y fonda une chapellenie. Le Chapitre de Rennes possède encore maintenant un missel pontifical, manuscrit précieux, exécuté par les ordres et pour l'usage de ce prélat ; ses armes : d'argent à trois jumelles de gueules, accompagnées de six coquilles d'azur, 3, 2, 1, au chef d'or, y sont peintes sur plusieurs feuillets, parmi les encadrements de fleurs et de fruits de toutes couleurs, rehaussées d'or, qui décorent chaque page (Note : Ce missel renferme à la fin un Catalogue des Evêques de Rennes, accompagné de leurs armoiries, qui vaut la peine d'être consulté, et dont nous nous sommes parfois servi. — M. Le Gonidec de Traissan, député, possède aussi un autre fort beau missel enluminé ayant appartenu à Mgr Guibé). Michel Guibé mourut au mois de février 1502, et fut inhumé dans la chapelle de Saint-Armel, qu'il avait fait construire dans le pourtour du choeur de sa cathédrale. Son tombeau consistait en une arcade ouverte dans le mur du côté de l'évangile ; sur le sarcophage reposaient deux statues d'évêques, la sienne et celle de son frère Robert, quoique ce dernier, son successeur, eût été inhumé à Rome. Lorsqu'on ouvrit ce tombeau en 1756, on n'y trouva qu'un seul cercueil et une plaque de plomb portant une inscription gothique conçue en ces termes : HIC JACET REVERENDUS IN CHRISTO PATER ET DOMINUS, DOMINUS MICHAEL GUIBOEUS HUJUS ECCLESIÆ, CIVITATIS ET DIOCESIS EPISCOPUS, QUI OBIIT DIE DOMINICA PENE ULTIMA MENSIS FEBRUARII [Délibération du Chapitre de Rennes (Ms. des Archives départementales d'Ille-et-Vilaine) – Inventaire de la Cathédrale]. 

Après la mort de Michel Guibé, le chapitre élut, le 13 mars 1502, pour évêque, l'un de ses membres, Guy Le Lyonnais ; mais Anne de Bretagne refusa de ratifier ce choix. Du Paz dit que cette princesse offrit l'évêché de Rennes à son aumônier, Pierre Le Baud ; celui-ci ne crut pas devoir l'accepter, et la reine nomma alors Robert Guibé, frère de l'évêque défunt. 

LIX. — ROBERT GUIBÉ, né à Vitré, était encore mineur lorsqu'il fut pourvu de l'évêché de Tréguier, mais il ne fut sacré que beaucoup plus tard. D'abord abbé commendataire de Saint-Méen en 1493, Robert fut transféré de Tréguier à Rennes après la mort de son frère, et il prêta serment au roi, pour ce dernier évêché, le 21 mai 1502. Deux ans après, il retourna pour la troisième fois à Rome, et le pape Jules II, à la recommandation de la reine Anne de Bretagne, le créa cardinal, au titre de Sainte-Anastasie, le 1er janvier 1505. L'évêché de Nantes étant venu à vaquer l'année suivante, le roi le lui donna et le Pape lui en expédia les bulles le 22 janvier 1507. Le cardinal Guibé avait été pourvu d'une foule de bénéfices en France et en Bretagne ; mais ayant pris parti pour le Pape contre le roi dans les démêlés suscités entre Jules II et Louis XII, ce prince saisit le temporel de toutes ses abbayes et de tous ses prieurés ; comme il s'était démis volontairement de son évêché de Nantes en faveur de son neveu François Hamon, il se trouva réduit à une véritable pauvreté, après avoir été l'un des plus riches cardinaux de son temps. Robert Guibé assista au Concile de Latran, en 1512, et mourut à Rome le 9 septembre 1513 ; il fut inhumé dans son église nationale de Saint-Yves-des-Bretons, à Rome, dont il avait été le bienfaiteur, et l'on y célébrait naguère encore un service anniversaire pour le repos de son âme. Il parait, toutefois, que sa dernière volonté avait été d'être inhumé à Rennes, dans la chapelle fondée par son frère Michel et par lui-même dans la cathédrale, et c'est ce qui explique la présence de sa statue tumulaire placée à côté de celle de Michel ; son désir ne fut pas réalisé, puisqu'à l'ouverture de ce tombeau, en 1756, l'on n'y retrouva qu'un seul cercueil, renfermant un seul corps, celui de son frère, comme nous l'avons précédemment dit. Cependant, il ne paraît pas qu'on lui ait jamais élevé un monument funéraire à Rome ; il n'en reste du moins aucun vestige à Saint-Yves-des-Bretons, où sa sépulture avait été considérée comme provisoire. Gaignières nous a conservé le sceau de Robert Guibé, en 1502 ; il portait un écu : d'argent à trois jumelles de gueules accompagné de six coquilles d'azur, 3, 2, 1, au chef d'or, timbré d'une crosse et d'une mitre, avec ces mots : SIGILLUM ROBERTI EPISCOPI REDONENSIS (D. Morice, Catalogue des Evêques – Ms. de la Bibliothèque Nationale).

LX. — YVES MAHYEUC naquit en 1462, à Plouvorn, au diocèse de Léon, d'une famille d'honnêtes marchands ; il embrassa la vie religieuse dans le couvent des Dominicains de Morlaix, et fut envoyé par ses supérieurs à celui de Bonne-Nouvelle de Rennes. Ce fut alors qu'il devint le confesseur d'Anne de Bretagne, et plus tard des rois Charles VIII et Louis XII. Cet emploi le conduisit, malgré ses résistances, à l'évêché de Rennes, dont le pape Jules II lui donna les provisions le 29 janvier 1507. Devenu évêque, Yves Mahyeuc ne changea rien à sa manière de vivre et conserva l'habit de saint Dominique. « En souvenir de la Passion de Notre-Seigneur, il blasonna son écu d'argent à trois hermines enlevées de sable, 2, 1, au chef de gueules (c'est-à-dire d'or) chargé de trois couronnes d'épines de sinople, et entoura ledit écu d'une grande couronne d'épines de même » (Le Grand, Vies des Saints de Bretagne). D. Morice nous a conservé le sceau d'Yves Mahyeuc, mais il en a mal lu le blason ; ce sceau est rond, et porte un écusson aux armes ci-dessus (D. Morice a pris les trois couronnes pour trois roses), timbré d'une crosse posée en pal derrière l'écu, et d'une mitre dont les fanons flottent ; la légende est : SIGILLUM R. P. D. IVONIS EPISCOPI REDON. (Note : Nous avons nous-même retrouvé ce sceau aux Archives d'Ille-et-Vilaine, 21 H-2 et 1 G-48). Ce saint évêque vécut presque constamment dans son diocèse, aimant à se retirer parfois dans la solitude, soit au manoir épiscopal de Bruz, soit dans une cellule qu'il s'était réservée au monastère de Bonne-Nouvelle ; son amour pour les pauvres était si grand qu'il se dépouillait de tout en leur faveur. Il mourut à Bruz en odeur de sainteté, le mardi 20 septembre 1541, et l'on trouva, dit-on, après sa mort, sa poitrine marquée d'une grande croix d'une blancheur éblouissante. Son corps, apporté solennellement à Rennes, fut inhumé, le dimanche suivant, dans le transept méridional de la cathédrale, sous une arcade pratiquée au-dessous de la grande verrière et près de l'autel Saint-Sébastien ; cette arcade était « ornée des trophées de la Passion, sculptés, peints et dorés » ; le tombeau lui-même, sculpté en pierre de Taillebourg, était couvert de bas-reliefs représentant les mêmes insignes de la Passion et l'écusson du prélat, accompagné de cartouches sur lesquels on lisait ces trois noms vénérés : J. H. S. —  MARIA  —  DOMINICUS. A peine Yves Mahyeuc fut-il décédé, que des miracles s'opérèrent par son intercession ; sa sépulture ne tarda pas à devenir célèbre sous le nom de tombeau du bon Yves ; on y accourut en pèlerinage, et les évêques de Rennes, ses successeurs, durent s'occuper de sa béatification [Note : Le 6 décembre 1638, les Etats de Bretagne décidèrent d'écrire au Pape pour lui demander qu'en présence des miracles opérés au tombeau d'Yves Mahyeuc, il soit permis d'invoquer publiquement ce saint personnage.. (Archives départementales d'Ille-et-Vilaine). Malheureusement, les démarches faites à Rome par les évêques de Rennes et les Etats de la province traînèrent en longueur et furent arrêtées par la Révolution]. On ouvrit cette tombe bénie une première fois en 1596, et l'on trouva le corps exempt de corruption et les vêtements intacts ; en 1756 eut lieu une nouvelle ouverture du tombeau qui renfermait ces restes précieux ; cette fois l'on y retrouva seulement « une partie du corps sans aucune odeur d'aromate ni de fétidité », une portion des ornements épiscopaux, une crosse en bois et un anneau d'or orné d'une cornaline gravée. Le 9 avril 1756, ces ossements furent recueillis avec vénération et enveloppés dans du coton ; on en forma huit paquets, déposés dans un nouveau cercueil de plomb, portant cette inscription : HIC OSSA ET CINERES YVONIS MAYEUC ARMORICI DIOECESIS LEONENSIS, ORDINIS PRÆDICATORUM, D. D. EPISCOPI REDONENSIS, VIRI VIRTUTIBUS HEROICIS NOMINATISSIMI, ETIAM ET MIRACULIS, DE QUIBUS INSQUISITIO SOLENNIS AD SEDEM APOSTOLICAM TRANSMISSA EST, EXPECTANT UT RELIQUIIS BEATORUM ANNUMERENTUR. OBIIT ANNO DOMINI 1541 DIE 28a SEPTEMBRIS, EFFOSUS EST LOCULUS PRIOR DIE 26 MARTII ANNI 1756, COLLABENTE PER VETUSTATEM ECCLESIA SANCTI PETRI REDONENSI ET IN PRESENTEM MUTATUS DIE 9a APRILIS EJUSDEM ANNI (Note : Ce cercueil de plomb fut renfermé dans un autre cercueil de chêne et déposé dans le caveau construit par le Chapitre au bas de la nef de Saint-Pierre. Dernièrement l'on a retrouvé cet enfeu, mais vide, hélas ! des reliques authentiques d'Yves Mahyeuc). 

LXI. — CLAUDE DODIEU, seigneur de Velly, dans le Lyonnais, maître des requêtes au Conseil de Bretagne et abbé commendataire de Saint-Richard, au diocèse d'Amiens, fut fait coadjuteur de Rennes en 1540, et prit possession du siège épiscopal l'année suivante. « Né pour les grandes affaires, dit D. Morice, il fut successivement ambassadeur de France auprès du pape Paul III, de l'empereur Charles V et des Pères du Concile de Trente. De retour en sa patrie, il assista au couronnement de la reine Catherine de Médicis, fait à l'abbaye de Saint-Denis en 1549, et aux Etats-Généraux tenus à Paris l'an 1557, et fut inhumé dans l'église des Célestins », étant mort en la même ville l'an 1558. Ce prélat avait prêté serment au Parlement de Bretagne en qualité de conseiller-né, le 16 mars 1554. Il portait pour armes : d'azur à la bande d'argent accompagnée de deux lions de même

LXII. — BERNARDIN BOCHETEL, originaire de Bourges, fils de Guillaume, seigneur de Sassi, fut nommé à l'évêché de Rennes en 1558, et en prit possession par procureur, le 5 mai 1561 ; il le tint pendant sept ans sans être sacré. Ce prélat avait été secrétaire du roi François II, et il l'était encore d'Henri III ; aussi ne résidait-il point dans son diocèse. Les ambassades et les négociations dont il fut chargé lui firent juger, dit D. Morice, qu'il ne pouvait pas servir Dieu et le roi en même temps, et il se démit de son évêché en 1565. Le sceau de Bernardin Bochetel porte un écu échancré : d'argent à trois glands de sinople, avec une crosse posée en pal derrière l'écu et cette légende : BERNADINUS BOCHETEL EPISCOPUS REDONENSIS (Archives départementales d'Ille-et-Vilaine, 9 G, 45). 

LXIII. — BERTRAND DE MARILLAC, fils de Gilbert, seigneur de Saint-Genest, et de Marguerite Genest, appartenait à une famille noble d'Auvergne, et fut nommé évêque de Rennes le 26 octobre 1565. « Il avait d'abord embrassé la règle des Pères Mineurs, chez lesquels il avait pris le bonnet de docteur en théologie, et s'était distingué par ses prédications. Après avoir passé quarante ans dans cet Ordre, il le quitta pour des raisons qui ne nous sont point connues. Charles de Marillac, archevêque de Vienne, son frère, l'admit au nombre de ses grands-vicaires, et le roi lui donna l'abbaye de Thiers, au diocèse de Clermont. Enfin, il fut nommé à l'évêché de Rennes, vacant par la démission de Bernardin Bochetel. La cérémonie de son sacre fut faite le 27 décembre 1565, en la chapelle de l'archevêché de Paris. Cette nouvelle dignité ne ralentit point son zèle pour le salut des âmes ; il continua ses prédications, et Dieu bénit ses travaux par la conversion de plusieurs hérétiques qui rentrèrent dans le sein de l'Eglise ». Le 25 février 1566, il fit son entrée au Parlement en qualité de conseiller-né. Le 31 décembre 1572, le prélat légua tout son mobilier aux hospices de Rennes, choisit par testament sa sépulture dans sa cathédrale, et défendit qu'on lui fit après sa mort « pompes, ny armes, ny tombeau, ny chapelle ardente, ny autres dépenses inutiles ». Il mourut à Rennes, le 9 mai 1573, et fut inhumé dans le choeur de Saint-Pierre, du côté de l'épître, sous une pierre tombale portant son écusson : d'argent maçonné de sable de sept pièces, 2, 3, 2, à six merlettes de sable en orle, et en cœur un croissant de gueules, et accompagné de cette inscription : HIC JACET REVERENDUS IN CHRISTO PATER ET DOMINUS BERTRANDUS MARILLACCUS EPISCOPUS REDONENSIS QUI OBIIT IX MENSIS MAII 1573. Une plaque de cuivre incrustée à côté de la tombe contenait, en outre, l'épitaphe suivante : MENTEM, CHRISTE, TIBI, TELLURI CORPUS, EGENIS - CÆTERA DO, MORIENS HÆC MARILLACUS AIT. - MENTEM CHRISTUS HABET, CORPUS REPARABILE SERVAT - TELLUS, ARCA INOPUM COELICA. CONDIT OPES. - INCLYTA MENS COELI CORPUS COELESTE MORATUR, - IPSA SUIS SOLIDUM TUNC FRUITURA BONIS. - PRÆSULIS HOC MERUIT PIETAS, HOC INCLYTA VIRTUS - COMMISSI HOC MERUIT SEDULA CURA GREGIS (D. Morice, Catalogue des Evêques – Archives départementales d'Ille-et-Vilaine – Inventaire de la Cathédrale en 1755). 

Le sceau de Mgr de Marillac, en 1574, est rond et composé d'une simple crosse placée en pal derrière l'écu qui porte ses armes ; on lit autour : B. DE MARILLAC EPISCOPUS RHEDONENSIS.  

LXIV. — AYMAR HENNEQUIN, chanoine de l'Eglise de Paris et  abbé de Saint-Martin d'Epernay, était fils de Dreux Hennequin, président à la Chambre des Comptes de Paris, fils de N... Hennequin et de Catherine Gobaille, et de Renée Nicolaï, fille d'Aymar Nicolaï, seigneur de Saint-Victor, et d'Anne Baillet ; il avait été désigné par le pieux Bertrand de Marillac comme digne d'occuper le siège épiscopal de Rennes : il se montra tel, en effet, et fut sacré, vers la fin de 1573, à Notre-Dame de Paris, par le cardinal de Lorraine, assisté des évêques de Paris et d'Avranches, au milieu d'une nombreuse et illustre assemblée où l'on comptait trois archevêques et douze évêques. Il prit séance au Parlement de Bretagne, comme conseiller-né, le 21 mars 1575 ; il assista aux Etats-Généraux tenus à Blois en 1577, et souscrivit au Concile provincial ouvert à Tours en 1583 et terminé à Angers en 1585. Ce prélat s'occupa spécialement de l'éducation de la jeunesse dans son diocèse, composa un excellent catéchisme, corrigea les livres liturgiques de Rennes, qu'il fit imprimer conformément aux prescriptions du Concile de Trente, et traduisit en français les Confessions de saint Augustin et les Lettres de saint Jérôme, enrichies de notes pieuses et savantes. Il fit aussi plusieurs fondations dans sa cathédrale, et voulut y reposer après sa mort à côté de son saint prédécesseur Yves Mahyeuc. Mûr pour le ciel, Aymar Hennequin rendit son âme à Dieu le 13 janvier 1596, dans la nuit du vendredi au samedi, « et fut descouverte sa face en son lit, depuis le dimanche jusqu'au mercredi jour de ses funérailles, et par les rues estait mesme descouvert, en le portant en terre, depuis la trésorerie, où il décéda, jusqu'à Saint-Pierre, en passant par la Cordonnerie et bout de Cohue » (Journal de Pichart). Il fut inhumé le 17 janvier, selon son désir, dans la chapelle Saint-Sébastien, en sa cathédrale, sous une pierre tombale portant cette inscription : REVERENDI IN CHRISTO PATRIS AC DOMINI DNI ÆMARI HENNEQUINI REDONENSIS EPISCOPI CORPUS SUB HOC LAPIDE CONDITUM JACET. OBIIT DIE 13 JANUARII 1596. Au-dessus de ces mots était l'écusson du prélat défunt : écartelé : aux 1er et 4ème, vairé d'or et d'azur, au chef de gueules chargé d'un lion léopardé d'argent, qui est Hennequin ; aux 2ème et 3ème, d'azur à la fasce d'argent chargée de trois hures de sanglier de sable, accompagnée de trois étoiles d'or, deux en chef, une en pointe, qui est Nicolaï ou Gobaille ; sur le tout : d'azur à la bande d'argent accostée de deux dragons d'or, qui est Baillet. Les mêmes armoiries se retrouvaient sur une table de marbre scellée dans le mur de la chapelle, du côté de l'épître, et contenant cette autre épitaphe, résumant les actes et les vertus d'Aymar Hennequin : QUOD POSTERI OLIM DE ÆMARO HENNEQUINO SCIRE CUPIENT LAPIS HIC INDICAVIT : E SENATORE APUD LUTETIAM PARISIORUM QUA IN URBE NOBILI GENTE CLARAQUE NATUS ERAT, DESIGNATUS RHEDONUM EPISCOPUS, ANNIS VIGINTI DUOBUS ECCLESIÆ HUIC PRÆFUIT, MAGNÆ ERUDITIONIS ET PIETATIS, COETERARUMQUE VIRTUTUM LAUDE ILLUSTRIS, AMANTISSIMUS ETIAM DIVINI CULTUS, VESTEM ORNATUMQUE AD SACERDOTII MUNUS RELIGIOSE OBEUNDUM ECCLESIÆ SUÆ CONTULIT, NECNON ALIQUOT DIES ANNI FESTOS PASCHATIS INSTAR AUT PENTECOSTES ESSE VOLUIT, PRÆSERTIM OCTAVUM DIEM QUOTANNIS RECURRENTEM POST SACRÆ EUCHARISTIÆ SOLENNEM ET PUBLICAM ADORATIONEM, INFERIAS QUOQUE DECESSORI SUO BERTRANO MARILLACCO, SIBI, OMNIBUSQUE RETRO EPISCOPIS RHEDONENSIBUS DICI MANDAVIT, QUARUM RERUM ACTA TESAURARIUS ET CANONICI IN SACRARIO PENES SE HABENT ET PUBLICE TESTATI SUNT QUADRINGENTOS AUREOS AB ÆMARI SIBI FUISSE NUMERATOS. DECESSIT AUTEM SEPULTUSQUE EST RHEDONI IN HOC TEMPLO, ANNO ÆTATIS QUINQUAGESIMO QUARTO, SEXTOQUE CALENDAS FEB. ANNI 1596, HENRICO QUARTO MAGNANIMO INVICTOQUE REGE. FRATRES MOESTISSIMI POSUERE ABIIT NON OBIIT (Missel de Michel Guibé – D. Morice, Catalogue des Evêques – Inventaire de la Cathédrale en 1755). 

Le sceau de Mgr Hennequin, en 1579, est ovale ; il renferme son écusson, portant les armes ci-dessus, surmonté d'une mitre et d'une crosse tournée en dedans ; la légende porte : ÆMARUS. HENEQUIN. EPISCOPUS. REDONENSIS (Archives départementales, 9 G, 17). 

LXV. — ARNAULT D'OSSAT naquit, le 20 juillet 1537, à La Roque, près de Castelnau-Magnoac, au diocèse d'Auch, de Bernard d'Ossat, pauvre ouvrier forgeron, et de Bertrande Conté, d'aussi basse extraction. Il ne dut sa fortune qu'à sa vertu et à sa rare aptitude pour les affaires ; il passa la plus grande partie de sa vie à Rome, et rendit des services signalés à Henri IV dans l'importante affaire de sa réconciliation avec l'Eglise. Arnauld d'Ossat était doyen de Varen, au diocèse de Rhodez, lorsqu'il fut nommé à l'évêché de Rennes, le 25 janvier 1596 ; il fut sacré, le 27 octobre suivant, par le cardinal-évêque de Vérone, dans l'église de Saint-Marc, à Rome. Le pape Clément VIII, l'ayant revêtu de la pourpre en 1599, le cardinal d'Ossat fut transféré à l'évêché de Bayeux, sans avoir vu son premier diocèse. Il ne vit pas le second davantage, toujours retenu à Rome par des affaires importantes pour le bien de l'Eglise. Contrarié cependant de ne pouvoir résider en France, il donna sa démission d'évêque et termina à Rome son honorable carrière, le 14 mai 1604. Il fut inhumé dans l'église de Saint-Louis-des-Français, et son tombeau s'y voit encore dans la chapelle de Sainte-Jeanne de Valois. Ce tombeau fut modifié en 1755, lorsqu'on restaura cette église ; il est surmonté du portrait du cardinal et de ses armoiries : d'azur au pigeon d'argent becqué de gueules, tenant au bec une branche d'olivier de sinople ; on y lit l'inscription suivante, qui remplace l'ancienne épitaphe qu'on retrouve dans ses lettres : MONUMENTUM - ARNALDO. OSSATO. S . R . E PRÆSBYTERO . CARDINALI. - OB. INSIGNIA. IN. SUOS. REGES. UNIVERSAMO. - CHRISTIANAM. REMPUBLICAM. - MERITA. - INGENTI. APUD. OMNES. FAMA. ADMINISTRO. - DUDUM. JAM. A. PETRO. BOSSU. ET. RENATO. COURTIN. - UTROQ. A. SECRETIS. - AN. MDCIV. VIX. AB. OBITU. IPSIUS. EXCITATUM. - SED. ÆVITATE. NOVAQUE. TEMPLI. MOLITIE. DISJECTUM. - COMES. MATHEUS. DE. BASQUIAT. DE. LA. HOUZE. - ET. DE. BONNEGARDE. EQUES. HIEROSOLIMITANUS. - PRIDEM. AD. UTRIUSQUE. SICILINÆ. REGEM. - MOX. AD. P. P. CLEMENTEM. XIII. LUDOVICI. XV. ORATOR. - AD. PERENNANDAM. CONTERRANEI. SUI. MEMORIAM. ET. AD. GALLICI. NOMINIS. SPLENDOREM. RESTITUIT. TITULUMQUE. CUM. IMAGINE. OPERE. MUSIVO. ÆRE. SUO. PONI. FECIT. AN. MDCCLXIII. 

LXVI. — SÉRAPHIN OLIVIER-REZALI. Lorsque le cardinal d'Ossat fut transféré de Rennes à Bayeux, en 1599, Henri IV nomma évêque de Rennes Séraphin Olivier-Rezali, nonce du Saint-Siège en France ; mais ce prélat ne prit point possession de son évêché, et le cardinal d'Ossat administrait encore Rennes en 1602, par l'entremise de son grand-vicaire François Le Prévost ; aussi Séraphin se démit-il de son titre à cette époque en faveur de François Larchiver. Séraphin Olivier-Rezali, né à Lyon, d'un père français et d'une mère italienne, avait d'abord été auditeur, puis doyen de la Rote, patriarche d'Alexandrie, etc. ; il fut fait cardinal en 1604, et mourut à Rome le 9 mars 1609 ; il fut inhumé dans l'église française du couvent des Minimes de la Trinité-du-Mont, à Rome ; mais on n'y retrouve plus de trace de sa sépulture. Les armoiries de ce cardinal étaient : écartelé au 1er et 4ème de sinople à la branche d'olivier d'azur, aux 2ème et 3ème de sable ; sur le tout, au chef d'azur à trois fleurs de lys d'or et au lambel de gueules (Missel de Michel Guibé). 

LXVII. — FRANÇOIS LARCHIVER, natif de Plouezoc'h, au diocèse de Tréguier, alla, jeune encore, étudier à Paris, puis à Rome ; il se fit distinguer dans cette dernière ville, et y devint d'abord curé de Saint-Yves-des-Bretons, puis curé de Saint-Louis-des-Français ; pendant l'année du Jubilé de 1600, il fut nommé grand pénitencier des Bretons en Cour de Rome ; fait plus tard chanoine de Verdun et trésorier du Chapitre de Nantes, il fut enfin élu évêque de Rennes, sur la résignation de Séraphin Olivier, et sacré le 24 juin 1602. Il fit son entrée solennelle à Rennes le 1er septembre suivant, et prit séance au Parlement de Bretagne le 9 du même mois. Député des trois Ordres de la province, il assista aux Etats-Généraux tenus à Paris en 1614. Il mourut le 22 février 1619, dans son palais épiscopal de Rennes, laissant la réputation d'un savant et saint évêque. L'évêque de Saint-Malo officia à ses obsèques, le 25 février, et le Père Camart, célèbre prédicateur et général de l'Ordre des Minimes, prononça son oraison funèbre. Ce dernier, dit D. Morice, le loua surtout d'avoir partagé son temps entre les offices divins, la prédication, le confessionnal et la visite des malades. François Larchiver fut inhumé dans le choeur de sa cathédrale, du côté de l'épître, sous une pierre tombale portant son écusson : d'argent à une double ancre de sable, au chef d'azur chargé d'un croissant d'argent, soutenu d'or, à deux fasces de gueules, et l'épitaphe qui suit : HIC JACET CORPUS D. D. FRANCISCI LARCHIVER. - BRITONES ME GENUERE, INTER CAPITOLIA CREVI, - SUSPEXIT MORES INCLYTA ROMA MEOS. - AD RHEDONUM ASCENDI ROMANO E COLLE THIARAM, - HINC AD COELUM, JAM ALTIUS IRE NOLO. - OBIIT XXII FEBRUARI 1619 (Missel de Michel Guibé – Inventaire de la Cathédrale en 1755). 

LXVIII. — PIERRE CORNULIER, fils de Pierre Cornulier, seigneur de la Touche, en Nozay, et de Claude de Comaille, né à Nantes, en 1575, fut d'abord doyen de la cathédrale de Nantes, prieur de Pirmil, conseiller-clerc au Parlement de Bretagne, puis abbé commendataire de Sainte-Croix de Guingamp, de Saint-Méen et de Notre-Dame-de-Blanche-Couronne. Nommé, en 1617, évêque de Tréguier, il fut transféré à Rennes au mois de mars 1619, et fit son entrée solennelle dans sa nouvelle cathédrale le 22 du mois de septembre suivant. « Prélat véritablement homme de bien, d'une vie pénitente et austère, d'une grande pureté de moeurs et d'un détachement digne d'être proposé pour modèle », Pierre Cornulier se montra le plus zélé des pasteurs, lorsque la peste désola Rennes pendant dix années consécutives ; on l'y rencontrait partout, « visitant assidûment les malades et administrant lui-même la sainte communion aux pestiférés ». Il donna libéralement à sa cathédrale, et voulut contribuer au voeu fait par la ville à Notre-Dame-de-Bonne-Nouvelle en 1634, et à la suite duquel la contagion cessa miraculeusement. Ce vertueux évêque mourut le 22 juillet 1639, à son manoir patrimonial des Trois-Croix, près de Rennes (Note : Le manoir des Trois-Croix, ou simplement des Croix, passa après la mort de l'évêque de Rennes aux mains de Claude Cornulier, son frère). Son corps, apporté le soir même au palais épiscopal de cette ville, fut inhumé, le 28, par Hector d'Ouvrier, évêque de Dol, dans la chapelle de Notre-Dame-du-Voeu, fondée dans le transept septentrional de la cathédrale. Son tombeau consistait en une arcade pratiquée dans la muraille du côté de l'épître, ornée de sculptures et de l'écusson plusieurs fois répété des Cornulier : d'azur à la rencontre de cerf d'or surmontée d'une hermine d'argent. Dans le fond de l'arcade était gravée sur une plaque de marbre noir l'épitaphe suivante PETRUS PECCATOR EPISCOPUS HIC RESURRECTIONEM EXPECTAT - SALVE, HOSPES, ET VALE, NIL TE MORAMUR ILICET ; REAPSE PUBLICE INTEREAT ILLUSTRISSIMI ET REVERENDISS. D. D. PETRI CORNULIERII PRÆSULIS RHEDONEN. ZELUM IN ECCLESIAM, FIDEM ET OFFICIA IN PRINCIPES, CHARITATEM IN PATRIAM, MERITA IN SINGULOS FUTURIS SOECULIS INNOTESCERE, VIRQUE VIRTUTIBUS OMNIBUS INSIGNIS NOMINI ET FAMÆ COELO ET STYLO PARENTARI, SED EA QUAM SUPREMAM REBUS SUIS LEGEM DIXIT ALIUD TUMULO EPIGRAMMA VETUIT INSCRIBI ; NOBIS NON PARUISSE NEFAS. TU, DEUM PRECARE UT SECUNDUM EXPECTATIONEM IN GLORIA RESURGAT. OBIIT XI CALENDAS SEXTILES, ANNO MDCXXXIX, ÆTAT. LXIV, EPISCOPAT. XXII. 

Nous avons retrouvé un sceau de Mgr Cornulier ; il est de forme ronde, portant l'écusson de sa famille, timbré d'une mitre et d'une crosse tournée en dehors et soutenu de deux palmes ; il n'y a pas de légende [Généalogie de la maison de Cornulier. — Mémorial d'un chanoine. (Archives départementales d'Ille-et-Vilaine) — Inventaire de la Cathédrale en 1755]. 

LXIX. — HENRI DE LA MOTHE-HOUDANCOURT, fils de Philippe, seigneur de la Mothe-Houdancourt, en Picardie, et de Louise du Plessix-Picquet, frère des évêques de Mende et de Saint-Flour, et du maréchal de France duc de Cardonne, fut d'abord docteur et proviseur du collège de Navarre, théologal de Paris, abbé de Saint-Martial de Limoges et de Souillac, près de Cahors. Nommé évêque de Rennes en 1639, ce prélat ne prit possession de son évêché, par procureur, que le 4 août 1641, et ne fut sacré que le 4 janvier 1642, à Saint-Germain-des-Prés, à Paris, par Victor Le Bouteiller, archevêque de Tours, assisté des évêques de Senlis et d'Auxerre, et en présence du nonce apostolique et de quinze évêques. 

Le samedi, veille des Rameaux, 12 avril de la même année, il arriva à Saint-Melaine de Rennes, « et le lundy ensuivant il fist son entrée en la cathédrale avec grandes acclamations de tout le peuple ». Il prêta serment le 28 avril 1642, au Parlement de Bretagne, en qualité de conseiller-né. Nommé, en 1653, premier aumônier de la reine Anne d'Autriche, Henri de la Mothe-Houdancourt fut transféré à l'archevêché d'Auch en 1661. Il mourut à Mazères le 24 février 1684, et fut enterré sous la tour de la cathédrale d'Auch, selon qu'il l'avait ordonné par testament ; sa pierre tombale porte encore l'inscription suivante, composée par l'humble prélat lui-même : HIC JACET - HENRICUS DE LA MOTHE-HOUDANCOURT - INDIGNUS - ARCHIEPISCOPUS AUSCITANUS - EXPECTANS - RESURRECTIONEM MORTUORUM - OBIIT 1684, 24 FEBRUARII.

Au-dessus de cette tombe, le Chapitre d'Auch fit graver cette autre épitaphe, qui existe également dans la cathédrale de cette ville : QUOD HENRICI MERITIS DETRAXIT HUMILITAS - ID REDDIT VERITAS, - ILLUM PIETATE, DOCTRINA ET NOBILITATE - CLARISSIMUM - VENTURIS RETRO SÆCULIS COMMENDANS - 1684. 

Nous avons retrouvé le sceau de Mgr de la Mothe-Houdancourt, en 1643 ; il est rond et chargé d'un écu portant : écartelé au 1er et 4ème d'azur, à la tour d'argent crénelée et maçonnée de sable ; au 2ème et 3ème d'argent, au lévrier rampant de gueules, colleté d'azur, à la boucle d'or, accompagné de trois tourteaux de gueules et surmonté d'un lambel de même à trois pendants ; l'écu timbré d'une couronne comtale et d'un chapeau épiscopal à six houppes. Il n'y a pas de légende (Mémorial d'un chanoine de Rennes. — Monographie de la cathédrale d'Auch. — Les verrières de la Métropole reproduisent à tort l'écusson de Mgr de la Motte-Houdancourt tel qu'il se trouve dans le Missel de Michel Guibé : écartelé : aux 1er et 4ème d'azur à la tour d'argent maçonnée de sable, aux 2ème et 3ème d'azur au lion d'or et au lambel d'argent à trois pendants. L'écusson véritable se trouve imprimé sur la bulle d'indulgence du pardon de Vezins, aux Archives départementales, et est conforme d'ailleurs à tous les armoriaux). 

LXX. — CHARLES DE LA VIEUVILLE, fils de Charles, duc de la Vieuville, en Artois, et de Marie Bounier, fut d'abord abbé commendataire de Savigné, en Normandie, de Saint-Laumer de Blois, de l'Esterp et de Saint-Martial, au diocèse de Limoges. Il permuta cette dernière abbaye contre l'évêché de Rennes. Il fut sacré dans l'église des Filles-Dieu de Paris, le 30 avril 1661, par l'évêque de Chartres, assisté des évêques de Périgueux et de Césarée, et fit son entrée solennelle à Rennes le 21 décembre suivant, et non pas en 1664, comme le dit D. Morice (Voir Journal d'un Bourgeois de Rennes – Mélange Historique et Archéologique de Bretagne, I, 138). Le 2 janvier 1662, il prêta serment au Parlement de Bretagne en qualité de conseiller-né.

Ce prélat, homme d'érudition profonde, mourut à Paris le 29 janvier 1676 ; il portait : écartelé : aux 1er et 4ème fascé d'argent et d'azur, au chef d'argent chargé de trois annelets enfilés de gueules, qui est la Vieuville ; aux 2ème et 3ème d'hermines, au chef danché de gueules, qui est d'O ; sur le tout : d'argent à sept feuilles de houx de sinople, 3, 3, 1, qui est Du Cosquer. D. Morice dit que Mgr de la Vieuville fut inhumé dans son église cathédrale, d'après ses dernières volontés ; mais c'est une erreur ; le Journal d'un Bourgeois de Rennes, contemporain de cet évêque, mentionne seulement le service d'octave qu'on fit à Saint-Pierre le 3 février 1676 pour le repos de son âme, et l'Inventaire des Tombeaux de la cathédrale, en 1755 et 1756, ne signale point sa sépulture à Rennes. D. Morice fut mis dans l'erreur parce qu'on avait effectivement l'intention d'apporter à Rennes le corps de Mgr de la Vieuville ; mais ce projet ne fut pas exécuté. On lit, en effet, dans le Journal de Loret : « Le lundy 3 février 1676, l'on a fait à la cathédrale de Rennes un service solennel pour feu Mgr de la Vieuville, notre évêque, depuis peu décédé à Paris ; l'Hôtel-de-Ville et tout le clergé y ont assisté ; et ensuite chacune église a célébré en sa paroisse un service à son intention. Son corps doit estre en peu apporté ici et inhumé à Saint-Pierre notre cathédrale » (Journal ms. de Loret, p. 251). 

Le sceau de Mgr de la Vieuville, en 1668 et 1675, est rond et armorial ; il porte les armes de la Vieuville écartelées de celles d'O et chargées sur le tout de celles du Cosquer ; l'écu est surmonté d'une couronne de marquis, accosté d'une mitre et d'une crosse tournée en dehors, et timbré d'un chapeau à dix houppes ; la légende porte : CAROLUS FRANCISCUS DE LA VIEUVILLE EPISCOPUS RHEDONENSIS (Archives départementales, 9 G, 40 et 44). 

Après la mort de Charles de la Vieuville, son neveu, François de la Vieuville, fut nommé par le roi, le 3 février 1676, évêque de Rennes et abbé de Savigné ; mais cette nomination n'eut pas de suites (Hauréau, Gallia Christiana – Missel de Michel Guibé – D. Morice, Catalogue des Evêques). 

LXXI. — DENIS-FRANÇOIS BOUTHILLIER DE CHAVIGNY, fils de Léon Bouthillier, comte de Chavigny, et d'Anne Phelippeaux, docteur en Sorbonne, aumônier du roi et abbé commendataire de plusieurs monastères, fut nommé à l'évêché de Rennes après le désistement de François de la Vieuville. Il ne prit pas toutefois possession de son siège, et, avant même d'être sacré, il fut transféré à l'évêché de Troyes, en 1677. Mgr de Chavigny portait pour armes : d'azur à trois fusées d'or. Il se retira en 1697, chez les Chartreux de Troyes, après avoir donné sa démission d'évêque, et mourut à Paris le 15 septembre 1731.

LXXII. — JEAN-BAPTISTE DE BEAUMANOIR DE LAVARDIN, fils de Claude de Beaumanoir, marquis de Lavardin, au Maine, et de Renée de la Chapelle, d'abord doyen de l'Eglise du Mans, devint évêque de Rennes en 1677 ; il fut sacré le 20 février 1678, et fit son entrée solennelle le 6 avril suivant. Il devint en même temps abbé commendataire de Moutier-Ramey et de Beaulieu, prêta serment au Parlement de Bretagne comme conseiller le 15 juillet 1678, et acquit la réputation d'un des évêques les plus recommandables de son temps. Son sceau est ovale et porte son écusson en bannière : d'azur à onze billettes d'argent, posées 4, 3, 4, surmonté d'une couronne de marquis, d'une crosse et d'une mitre, et timbré d'un chapeau à dix glands, avec cette légende : JOHANNES DE BEAUMANOIR DE LAVARDIN EPISCOPUS RHEDON. Jean-Baptiste de Beaumanoir mourut, en son palais épiscopal de Rennes, le 23 mai 1711, et fut inhumé le 27 dans la chapelle absidale de sa cathédrale, dite chapelle du Saint-Sacrement, du côté de l'épître, sous une pierre tombale de marbre noir portant ses armoiries et cette épitaphe :  JOANNI-BAPTISTÆ DE BEAUMANOIR DE LAVARDIN - EPISCOPO RHEDONENSI, - SUÆ GENTIS ULTIMO ET MAXIMO, ARMORICÆ PARENTI OPTIMO, - ECCLESIÆ SUÆ MUNIFICENTISSIMO, - CANONICI RHEDONENSES MONUMENTUM HOC POSUERE. 

Le Chapitre de Saint-Pierre ne s'en tint pas à cette marque de sa reconnaissance envers Mgr de Beaumanoir : en 1756 il releva les ossements de ce prélat et les déposa dans une nouvelle châsse de plomb, accompagnée de cette inscription : HIC OSSA ILLUSTRISSIMI ET REVERENDISSIMI D. D. JOANNIS BAPTISTÆ DE BEAUMANOIR DE LAVARDIN EPISCOPI RHEDONENSIS, EXIMIÆ PIETATIS VIRI, DE ECCLESIA OPTIME MERITI, IN SPEM GLORIÆ, REQUIESCUNT. RUINAS AGENTE VETERI ECCLESIA TEMPLO EFFOSSA SUNT ET SEDULO COLLECTA, ANNO 1756, ET HIC DEPOSITA IN TESTIMONIUM REVERENTIÆ SINGULARIS ET GRATITUDINIS CAPITULI ET CANONICORUM. OBIIT ANNO DOMINI 1711. 

Cette châsse fut ensuite déposée dans le caveau du Chapitre avec les restes d'Yves Mahyeuc (Inventaire de la Cathédrale en 1756 – Le cœur de Mgr de Beaumanoir fut porté en 1711 à Malicorne, résidence de sa famille). 

LXXIII. — CHRISTOPHE TURPIN DE CRISSÉ DE SANSAY, fils de Louis Turpin, comte de Sansay, en Poitou, et d'Anne-Marie de Malairges, né en 1670, docteur en théologie de la Faculté de Paris, chanoine de Tournay, puis abbé de Moreaux, au diocèse de Poitiers, et doyen de Saint-Martin de Tours, fut nommé par le roi évêque de Rennes, le 15 août 1711 ; mais il ne fit son entrée solennelle en sa ville épiscopale que le 31 décembre 1712, et prit séance au Parlement de Bretagne le 12 janvier 1713. Ce prélat donna, en 1717, sa démission du doyenné de Saint-Martin, et obtint en échange l'abbaye de Sainte-Croix de Quimperlé. 

Lors du terrible incendie de Rennes, en 1720, Mgr Turpin de Crissé se montra véritable pasteur et n'épargna rien pour soulager les victimes de ce déplorable évènement. « Doux, affable et plein de charité, dit l'abbé Tresvaux, cet évêque était chéri de son troupeau », lorsqu'il fut transféré sur le siège de Nantes, en 1723, et pourvu peu après de l'abbaye de la Chaume, dans ce même diocèse. Il mourut au manoir épiscopal de Chassais, près de Nantes, le 29 mars 1746, et fut inhumé le 4 avril suivant, dans sa cathédrale. 

Son sceau, de forme ovale, portait les armes de sa maison : d'argent losangé de gueules, accompagnées d'une mitre, d'une crosse, d'une couronne de marquis et d'un chapeau à dix houppes ; on lisait autour : CHRISTOPHORUS LUDOVICUS TURPIN CRISSE DE SANSAY EPISC. RHED. (De la Nicollière, Armorial des Evêques de Nantes – Archives départementales d'Ille-et-Vilaine). 

LXXIV. — CHARLES LE TONNELIER DE BRETEUIL, fils de François Le Tonnellier de Breteuil, marquis de Fontenay-Trésigny, et d'Anne de Calonne de Courtebonne, frère du marquis de Breteuil, secrétaire d'Etat, fut nommé en même temps, le 17 octobre 1723, évêque de Rennes et abbé de Saint-Pierre de Chaume, au diocèse de Sens. Il fut sacré le 15 juillet 1725, prit possession, par procureur, de son évêché le 22 août suivant, et fit son entrée solennelle à Rennes le 7 juin 1726. Il montra une grande fermeté contre les jansénistes, dont il préserva son diocèse, et publia des statuts synodaux ; il mourut d'une attaque d'apoplexie, le 24 avril 1732. L'évêque de Saint-Brieuc présida aux funérailles de ce prélat, qui fut inhumé le 29 avril, dans la chapelle absidale de sa cathédrale, du côté de l'évangile. En 1756, il n'y avait point encore de marbre sur la tombe de Mgr de Breteuil, mais l'on retrouva son cercueil de plomb, sur lequel étaient gravées ses armoiries. : d'azur à l'épervier au vol éployé d'or, grilleté et aux longes de même, avec cette inscription : CY GIST Mgr L'ILLUST. ET REVER. CHARLES-LOUIS-AUGUSTE LE TONNELLIER-BRETEUIL, EVESQUE DE RENNES, CONSEILLER-NÉ DU PARLEMENT DE BRETAGNE, GRAND MAITRE DE LA CHAPELLE DU ROI, CONSEILLER DU ROI EN TOUS SES CONSEILS, ABBÉ COMMENDATAIRE DE L'ABBAYE ROYALE DE SAINT-PIERRE DE CHAUMES, PRIEUR DES PRIEURÉS DE ST-PIERRE DE REUIL ET DE L'ESCALMEL, DÉCÉDÉ A SON PALAIS ÉPISCOPAL, LE JEUDI, 24 AVRIL, ET INHUMÉ DANS CE TOMBEAU, LE 29 DU MEME MOIS, DE L'ANNÉE MIL SEPT CENTS TRENTE DEUX, AGÉ DE QUARANTE CINQ ANS. REQUIESCAT IN PACE. 

Le cercueil de Mgr de Breteuil fut déposé, en 1756, auprès de celui de Mgr de Beaumanoir, dans le caveau construit à cette époque par ordre du Chapitre, au bas des nefs de la cathédrale. 

Le sceau de Mgr de Breteuil est ovale et de style rocaille ; il porte ses armoiries, l'écu accompagné d'une couronne de marquis, d'une crosse et d'une mitre, et surmonté d'un chapeau à dix houppes ; on lit autour : CAR. LUD. AUG. LE TONNELIER DE BRETEUIL RHED. EPISCOPUS (Moreri, Dictionnaire historique – Inventaire de la Cathédrale en 1756 – Journal d'un Bourgeois de Rennes). 

LXXV. — LOUIS-GUY GUÉRAPIN DE VAUREAL, baron de Vauréal et comte de Belleval, fils de Michel-Antoine Guérapin, comte de Belleval, et de Françoise Fretel de Bazoche, né en 1688, docteur en théologie, grand-vicaire de Meaux, abbé commendataire de Jouy, devint, en 1732, évêque de Rennes et maître de la chapelle du roi. Il fut sacré le 24 août 1732, et entra solennellement à Rennes le mois suivant ; il fut fait ensuite abbé de Molesmes, ambassadeur en Espagne en 1741 et abbé de Saint-Aubin d'Angers en 1742 ; il fut encore créé grand d'Espagne en 1745 et reçu membre de l'Académie Française en 1749. Toutes ces charges importantes empêchèrent souvent Mgr de Vauréal de résider à Rennes comme il l'eût désiré ; mais l'on n'en a pas moins conservé souvenir, dans le diocèse, de son excellente administration et de ses grandes vertus. Il se démit de son siège épiscopal en 1758, et mourut le 15 juin 1760, revenant des eaux de Vichy, non pas à Nevers, comme l'a cru l'abbé Tresvaux, mais dans un village situé près de Nevers, et appelé Magny. Ce prélat fut inhumé sans pompe dans le caveau de la famille de Boisvert, alors seigneur de l'endroit. Mgr de Vauréal portait : d'argent au lion de sable tenant une hache de gueules, à la bordure d'azur semée de fleurs de lys d'or

Son sceau, de forme ovale, contenait cet écusson, accompagné d'une mitre, d'une crosse et d'une couronne ducale, enveloppé d'un manteau fleurdelysé et fourré d'hermines, et surmonté d'un chapeau à dix houppes. La légende porte : LUDOVICUS GUIDO DE VAUREAL EPISCOPUS RHEDONENSIS (De Courcy, Nobiliaire de Bretagne – Lettre du secrétaire général de l'évêché de Nevers – Archives départementales). 

LXXVI. — JEAN-ANTOINE DE TOUCHEBOEUF-BEAUMONT DES JUNIES, né dans le diocèse de Cahors, en 1705, était fils de François de Toucheboeuf-Beaumont, baron des Junies, seigneur de Ferrières, etc., et de Charlotte de Montalembert-Monbeau. Licencié en Sorbonne, il fut d'abord vicaire général et grand archidiacre de Tours. Nommé évêque de Rennes le 3 février 1759, il fut sacré, le 13 mai suivant, dans la chapelle du séminaire de Saint-Sulpice, à Paris, par Mgr Dillon, archevêque de Toulouse, assisté des évêques de Meaux et de Senlis. Le nouveau prélat ne fit guère que paraître à Rennes, car sa mauvaise santé l'obligea à se démettre de son siège épiscopal dès le commencement de l'année 1761. Il portait pour armes : d'azur à deux boeufs passant d'or (Lettre de M. le curé des Junies, en date de 1874). 

LXXVII. — HENRI-LOUIS-RENÉ DES NOS, fils de Charles des Nos, comte des Nos, seigneur de la Chérissière et d'Ernée, et de Thérèse-Catherine des Nos, naquit le 7 janvier 1717, à Ernée, au diocèse du Mans. D'abord chanoine du Mans, puis abbé commendataire de Redon et de Saint-Evroult, et vicaire général de Saint-Brieuc, il fut nommé évêque de Rennes en 1761. Sacré à Paris, dans la chapelle de l'archevêché, le 16 août, par Mgr de Beaumont, archevêque de Paris, le nouvel évêque de Rennes prit, par procureur, possession de son siège le 24 décembre suivant, et entra solennellement dans sa ville épiscopale le 3 avril 1762. Malheureusement, Mgr des Nos s'attira l'inimitié du Parlement de Bretagne, en soutenant contre lui les intérêts de la cour de France, et il crut devoir changer de diocèse. Transféré en 1770 à l'évêché de Verdun, il s'y fit chérir de son clergé et de son peuple. Son refus de prêter le serment à la Constitution força ce digne évêque à s'exiler en 1791 ; il se retira à Trèves, rentra en France en 1792, fut de nouveau contraint de regagner la terre étrangère, et mourut à Coblentz en 1793. L'électeur de Trèves lui fit rendre de grands honneurs funèbres, à cause de sa qualité de comte palatin et prince de l'Empire, comme évêque de Verdun. Mgr des Nos portait pour armoiries : d'argent au lion de sable, armé, lampassé et couronné de gueules. Son sceau, ovale et de style rocaille, renferme cet écu, accompagné d'une crosse et d'une mitre, timbré d'une couronne de marquis, et surmonté d'un chapeau à dix houppes ; la légende porte : HENRICUS-LUDOVICUS DESNOS EPISCOPUS RHEDONENSIS. Un autre sceau, plus grand, du même prélat, ovale et armorial, est semblable au précédent, sauf la légende qui porte seulement ces mots : HENRICUS LUDOVICUS RENATUS EPISCOPUS RHEDONENSIS (Tresvaux, Eglise de Bretagne – Registre paroissiale d'Ernée – Archives départementales d'Ille-et-Vilaine, 9 G, 45). 

LXXVIII. — FRANÇOIS BAREAU DE GIRAC, fils de Jacques Bareau, seigneur de Girac, président en la sénéchaussée et siège présidial d'Angoumois, et de Sylvie de Devesaux de Chasseneuil, naquit à Angoulême le 1er février 1732 : il fut d'abord vicaire général de son diocèse, puis doyen du Chapitre d'Angoulême. En 1766, le roi, qui connaissait son mérite, le nomma évêque de Saint-Brieuc, et le nouveau prélat fut sacré à Paris le 31 août 1766, dans l'église Saint-Roch, par Mgr de Beaumont, archevêque de Paris, assisté des évêques d'Orléans et de Beziers. François de Girac ne resta pas longtemps à Saint-Brieuc ; dès le 22 décembre 1769, il fut transféré à Rennes ; il prit, par procureur, possession de ce siège le 10 avril 1770, et fit son entrée solennelle dans sa nouvelle ville épiscopale le 15 septembre suivant. Plusieurs fois chargé de la présidence du clergé aux Etats de Bretagne, cet évêque donna de grandes preuves de sa capacité et de son désintéressement ; aussi les abbayes de Saint-Evroult, de Froidmont et de Saint-Sever-Cap lui furent-elles données pour subvenir à ses besoins ; l'abbaye de Saint-Melaine fut, en outre, de son temps unie à l'évêché de Rennes, en 1770. Administrateur habile, Mgr de Girac s'occupa activement de son diocèse, et fut un des premiers, parmi les évêques, à résister au schisme constitutionnel. Il eut toutefois la douleur de voir, pendant la Révolution, son siège envahi par un intrus, Claude Le Coz, qui prit le titre d'évêque métropolitain du Nord-Ouest. Ne se croyant plus alors en sûreté en France, Mgr de Girac s'exila et habita successivement Bruxelles, Vienne et Pétersbourg, où le dernier roi de Pologne voulut l'avoir près de lui. Pie VII ayant, en 1801, demandé à tous les évêques de France leur démission, notre prélat adressa la sienne au Souverain-Pontife et rentra bientôt après dans sa patrie. Napoléon voulut alors lui donner un nouveau siège épiscopal, mais Mgr de Girac refusa et ne voulut accepter d'autres fonctions que celles de chanoine de Saint-Denis ; il passa le reste de ses jours à Paris et mourut le 23 novembre 1820, âgé de 88 ans. Ses armoiries étaient : écartelé : au 1er d'argent à la fasce de gueules ; au 2ème d'argent à la tour de sable ; au 3ème de gueules au lion d'argent ; au 4ème d'azur à la fasce d'or soutenue d'une étoile de même en pointe, au chef danché d'or ; sur le tout : d'or au chevron de gueules accompagné de trois croissants de même (Registre paroissial d'Angoulême. — De Courcy, Nobiliaire de Bretagne. — Tresvaux, Eglise de Bretagne. — Archives départementales. — Dans les verrières de la Métropole, ou attribut à Mgr de Girac : écartelé : au 1er d'azur à la fasce de gueules ; au 2ème d'argent à la tour de sable ; au 3ème de gueules au lion rampant d'or ; au 4ème d'azur à la fasce d'or soutenue d'une étoile d'argent en pointe, au chef danché d'or ; sur le tout, d'or au chevron de gueules accompagné de trois croissants d'argent). Le sceau de Mgr de Girac portait exactement ces armoiries : de forme ovale, il avait pour ornement de l'écu une mitre, une crosse, une couronne de marquis et un chapeau à dix houppes ; la légende portait : FRANCISCUS BAREAU DE GIRAC EPISCOPUS RHEDONENSIS. 

Avec le nom de Mgr de Girac se termine le catalogue des évêques de Rennes sous l'ancien régime. Les révolutionnaires qui firent ce prélat prendre le chemin de l'exil crurent bien en finir avec le catholicisme ; mais ils se trompèrent : leur schisme et leurs impiétés durèrent peu, et nous verrons l'Eglise de Rennes renaître pleine de vie et d'espérance, et parvenir bientôt à un degré de gloire qu'elle n'avait point encore connu.

(abbé Guillotin de Corson - Pouillé de Rennes).

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