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René-Jean-Francois CLÉMENT, prêtre guillotiné à Rennes
en exécution de la loi des 29-30 vendémiaire an II.

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51. — René-Jean-François CLÉMENT, fils légitime de maître Louis Clément, sieur de la Noë, notaire et procureur de plusieurs juridictions seigneuriales, et de demoiselle Vincente Courtois, naquit au bourg de Retiers, le 26 février 1756, et fut baptisé le jour de sa naissance. Ses parents, qui possédaient une petite aisance, ne négligèrent pas de lui faire faire ses humanités et lorsqu’elles furent achevées avec succès le jeune Clément, qui se sentait attiré vers l’état ecclésiastique, entra au Grand Séminaire de Rennes. On le trouve recevant dans cette ville la tonsure et les ordres mineurs le 21 septembre 1776, le sous-diaconat le 4 mars 1778, le diaconat le 19 décembre de cette même année. Enfin il fut fait prêtre à Avranches, en vertu d’un dimissoire en date du 3 mars 1780.

Nommé vicaire à Brielles en 1784, il y demeura jusqu’en 1791 et contribua beaucoup à affermir dans le droit chemin son propre recteur, Germain Cordé, qui refusa le serment et mourut pendant la tourmente, caché à Gennes sa paroisse natale.

52. — Lorsque Le Coz envahit le siège épiscopal de Rennes en 1791, en qualité d’évêque constitutionnel, il publia une lettre, prétendue pastorale, à l’occasion de son installation, et l’adressa à toutes les paroisses du département d’Ille-et-Vilaine. Le maire de Brielles voulut que M. Clément fit la lecture de cette lettre à la messe paroissiale ; celui-ci promit d’en donner connaissance aux paroissiens. Le dimanche suivant, 5 juin 1791, il monta en chaire, et s’attacha à faire ressortir l’opposition qui existait entre la doctrine du nouvel évêque et celle qu’enseignait le catéchisme du diocèse, ainsi que l’Eglise catholique tout entière. Il insista aussi avec force sur l’obligation de demeurer en étroite communauté avec le Saint-Siège sous peine de sortir du giron de l’Eglise.

Dénoncé au district de La Guerche par sa municipalité pour avoir tenu des propos, que ces excellentes gens qualifiaient « d’incendiaires », ainsi que pour avoir traité Le Coz « d’excommunié », l’abbé Clément fut arrêté et traduit, à juste titre, devant le tribunal de ce district, qui, le 18 juin 1791, le condamna à 3 livres d’amende et aux dépens et lui fit défense de séjourner durant deux ans dans le district de La Guerche, et même de s’en approcher à une distance de moins de quatre lieues. (Cf. Journal des Départements, etc., du 23 juin 1791).

53. — L’abbé Tresvaux du Fraval a prétendu même qu’à cette occasion l’abbé Clément dut faire plusieurs mois de prison et qu’il profita de sa détention pour composer et faire imprimer en secret une brochure, écrite avec talent et dans laquelle l’auteur réfutait les sophismes de l’évêque intrus. Cet opuscule, paru, dit-il, sous le voile de l’anonymat et dont on a retrouvé un exemplaire, « est rédigé dans un style alerte et contribua, assure Tresvaux, à discréter le schisme et à affermir les catholiques d’Ille-et-Vilaine dans la vraie Foi ».

54. — Banni d’une partie du département, l’abbé Clément se réfugia à Rennes, où sa présence est signalée par les « patriotes » de cette ville, le 15 juin 1792. Dénoncé à cette occasion comme un « perturbateur », cet ecclésiastique sut échapper à toutes les recherches opérées pour le saisir. Quoique directement atteint par la loi du 26 août 1792, qui l’obligeait à se déporter, comme prêtre fonctionnaire public insermenté, il refusa de s’y soumettre, malgré les pénalités qui le menaçaient en cas de désobéissance. Continuant de demeurer caché à Rennes, il s’y dévoua tout entier au salut de ses compatriotes.

René Clément passait les jours et les nuits à entendre les confessions et à procurer les bienfaits de son ministère à tous les fidèles, et particulièrement aux malades. C’est ce qui explique la vénération qu’on lui portait, au témoignage de Mgr Bruté de Rémur, et le long souvenir qu’il laissa après lui dans la capitale de la Bretagne. « Le faubourg Saint-Hélier et les campagnes environnantes étaient spécialement le théâtre de son zèle, écrit ce témoin contemporain Un habile déguisement lui permettait de parcourir la ville, et plus d’une fois il fut témoin de l’exécution de ses confrères ; c’est là qu’il allait apprendre à bien mourir ».

« Ce fut l’abbé Clément, écrit M. le comte Xavier de Bellevue, dans son volume intitulé L'Hôpital Saint-Yves de Rennes, qui, au péril de sa vie, confessa et communia les religieuses augustines de cette maison pour leurs Pâques en l’an 1794.

Les cachettes où l'abbé Clément se réfugiait étaient aussi multipliées que ses déguisements. On cite encore, rapporte l’abbé Guilhard, plusieurs maisons de la campagne de Saint-Hélier qui lui servaient d’abri, à lui et ainsi qu’à d’autres prêtres proscrits comme lui et heureux de réchauffer leur âme au foyer de ses lumières et de sa charité ».

55. — Lorsque René Clément fut arrêté, le 2 avril 1794, ainsi que le raconte le procès-verbal qui a été publié ailleurs, il venait d’administrer un malade et il portait encore sur lui l’huile des infirmes qu’accompagnait une image du Sacré-Cœur de Jésus.

Conduit à la prison de la Porte Saint-Michel, qu’on appelait alors la Porte-Marat, il fut traduit trois jours après devant le Tribunal criminel. En face de ses juges, il confessa hautement sa loi et déclara n’avoir point prêté le serment à la Constitution, parce qu’il le regardait comme « un acte répugnant à sa conscience ». Les autres réponses de M. Clément furent aussi fermes que prudentes et ne fournirent à son interrogateur nul détail pouvant lui permettre d’inquiéter quelque catholique. On a du reste publié ailleurs le texte de cet interrogatoire.

Bien que ce bon prêtre se fût contenté, d’après ses dires, d’exhorter les personnes qu’il fréquentait « à la patience », bien nécessaire en ces temps malheureux, il avait le tort inexcusable d’être prêtre insermenté ; aussi, le jour même de son interrogatoire, les juges, « dans l’intérêt républicain » (textuel), le condamnèrent-ils à la peine de mort « comme convaincu d'avoir été sujet à la déportation (en qualité d’insermenté) et d'être resté caché en France, en contravention avec la loi ». De plus, pour bien montrer l’esprit qui les animait, ces Jacobins forcenés ordonnèrent qu’au pied de l’échafaud sur lequel l’abbé Clément perdrait la vie, on brûlerait le reliquaire orné d'un Sacré-Cœur que ce prêtre portait sur lui lors de son arrestation.

M. Clément fut exécuté sur la Place d’Armes de Rennes, le jour même de sa condamnation, ainsi qu’en fait foi son acte de décès, conservé sur les registres de l’état civil de cette ville pour l’an II.

56. — M. Clément était très aimé et très vénéré des catholiques rennais. Longtemps après sa mort, a consigné Mgr Bruté de Rémur dans ses Souvenirs, ceux qui l’avaient connu ne parlaient jamais de lui sans ajouter en soupirant : « Ce pauvre M. Clément ! ce digne M. Clément ! ». Quelques personnes à Brielles conservent encore pieusement son souvenir, sa famille est éteinte dans son pays natal.

Un vicaire de Brielles, M. Guet, arrivé dans cette localité en 1837, a noté certains souvenirs qu’il recueillit à cette époque sur M. Clément « de gens d’une probité reconnue ». Ce digne ecclésiastique au dire des personnes interrogées, « se distingua dans la lutte contre la Constitution civile du clergé, et c’est grâce à lui que les autres prêtres de Brielles ne tombèrent pas dans le schisme ».

On conservait alors à Brielles sa mémoire en vénération et la génération qui l’avait connu, le considérait comme un martyr.

BIBLIOGRAPHIE. — Guillon, Les Martyrs de la Foi, durant la Révolution Française, 4 in-8°, Paris, 1821, t. II, p. 442. — Tresvaux du Fraval, Histoire de la Persécution révolutionnaire en Bretagne, op. cit., t. II. p. 19 et 20. — Guillotin de Corson, Les Confesseurs de la Foi, etc., op. cit., p. 20-22. — Revue de Bretagne et Vendée, années 1860 et 1861. — Arch. Nat., AA 42, plaq. 2. — Abbé Lemasson, Les Actes des prêtres insermentés de l’arch. de Rennes, etc., op. cit., p. 36 et 251, où figurent toutes les pièces officielles de la condamnation à mort de M. Clément.

(Dossier n° 201 des actes du tribunal criminel d’Ille-et-Vilaine, série B, Parlement, aux archives d’Ille-et-Vilaine).

(Articles du Procès de l'Ordinaire des Martyrs Bretons).

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