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 L'île de Batz durant la Révolution

LA PAROISSE DE L'ILE DE BATZ

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A la Révolution, le recteur, M. Inizan, et son vicaire, Nicolas Laviec, refusèrent le serment. M. Inizan fut même accusé, par le Procureur-Syndic du district de Morlaix : « d'avoir essayé de faire signer à plusieurs une protestation contre la Constitution civile du Clergé, d'avoir, le 13 Mars 1791, à l'issue des vêpres, lu en chaire une prétendue lettre du Pape et d'y avoir dit que les Evêques nouvellement consacrés, comme celui de Quimper, n'étaient que des intrus et que leur pouvoir et celui de leurs prêtres étaient sans valeur ». M. Inizan quitta l'île le 21 Juillet 1791, et fut remplacé par Barthélemy Le Gall, né à l'île de Batz le 26 Mars 1756, qui fut nommé curé constitutionnel de l'île le 29 Novembre 1792. Il se rétracta et devint en 1804 recteur de Henvic.

Nicolas Laviec, interné au château de Brest, fut déporté en Espagne le 12 Août 1792, revint au district de Morlaix en 1795 ; il résidait en Espagne, à Mondonedo. Le 16 Août 1794, le Maire ayant reçu une circulaire du district ordonnant la destruction de toutes les croix de sa commune, écrivait : « Depuis longtemps, nous avions fait disparaître tous les signes de royauté et de féodalité qui pouvaient insulter aux yeux républicains, nous avions seulement réservé deux ou trois croix situées sur des hauteurs et servant de marques pour les bâtiments, nous venons de les faire abattre ». Tant pis pour les marins !

En 1804, Jean Le Saout, né au Minihv Léon, le 12 Février 1756, ancien curé de Carantec, déporté en Espagne en 1792, fut nommé recteur de l'île de Batz au Concordat. En 1807, M. Miollis, préfet du Finistère, écrivait à l'Evêque qu'en dehors des militaires, le Maire est le seul qui sache lire et écrire, et qu'il s'est vu obligé de demander au Recteur d'accepter les fonctions d'adjoint. « Chacun se félicitait de cette organisation qu'on regardait comme le gage du bonheur public dans cette Île, lorsque, trois mois après, le Maire, M. Guéguen, donna sa démission ». M. Le Saout fut prié d'accepter la charge et de désigner un nouvel adjoint. Mais, de son côté, M. le Recteur écrivait à l'Evêque, le 3 Avril 1807, qu'il avait prié M. le Préfet de le dispenser « de cette fâcheuse corvée », « de nommer au plus tôt un autre en ma place ou de me donner quelqu'un qui m'aurait suppléé dans mes absences et quand mes affaires religieuses m'auraient appelé ailleurs. Je fis la même requête au Sous-Préfet, et pas un ne m'a répondu depuis trois mois que je suis en fonction, sans greffier, sans adjoint et même sans Conseil municipal ».

Le 8, l'Evêque écrivait au Préfet : « J'ignorais que M. le Recteur eût accepté la place d'adjoint ; je n'y aurais pas plus consenti que pour la paroisse de Melgven. Le Gouvernement avait décidé les places de maire ou d'adjoint incompatibles avec celles de curé ou desservant. Je vous prie, M. le Préfet, de décharger de la charge d'adjoint, M. le desservant de l'île de Batz ».

C'est probablement vers cette époque, en 1806, que se passa ce fait d'un essai de descente des Anglais sur la côte. Le Recteur, voyant la flotte ennemie approcher, aurait appelé sur la côte les femmes de l'île, qui, avec leur coiffure, pouvaient passer de loin pour un groupe d'artilleurs ; lui-même mit le feu à un canon et les Anglais, qui croyaient surprendre l'île sans défense, s'éloignèrent, renonçant à leur tentative de débarquement. Ce fait, qui nous est rapporté par la tradition, est des plus vraisemblables ; et ce qui est absolument certain, c'est que M. Le Saout fut nommé membre de la Légion d'honneur, distinction bien rare à cette époque pour un simple ecclésiastique. La lettre que nous citions plus haut de ce bon recteur est signée : « Le Saout, prêtre desservant de la succursale de l'île de Batz, membre la Légion d'honneur, le 3 Avril 1807 ».

Cette distinction était accordée vingt ans plus tard à un enfant de l'île, le chevalier Trémintin, pour un fait dont il nous a laissé le récit, et que transmet à l'Evêché, comme il suit, M. Milin, recteur de l'île, le 8 Décembre 1855 :

« J'ai cru ne pouvoir vous transmettre, sur l'affaire de Stampalie, de détails plus authentiques, plus intéressants que le rapport qu'en fit lui-même Mr. le Chevalier Trémintin à son vice-amiral H. de Rigny.

MON COMMANDANT,

J'ai l'honneur de vous rendre compte du malheureux évènement qui a causé la destruction de la prise du pirate le Panayoti, où vous m'aviez mis comme second de Mr. l'enseigne de vaisseau Bisson à qui vous en aviez confié le commandement.

Dans la nuit du 4 au 5 Novembre (1827), le mauvais temps nous ayant séparés de la frégate [la Magicienne, qui les accompagnait pour venir d'Alexandrie à Smyrne], le capitaine se détermina à chercher un abri contre le vent et fit route en conséquence pour l'île de Stampalie. A deux heures moins un quart, arrivé à la pointe de l'île, deux des prisonniers grecs se sont jetés à la mer pour joindre la terre. Le 5, à huit heures du matin, nous avons mouillé dans une petite baie, située à trois milles dans le N.-0. de la ville de Stampalie. Le même jour, M. le capitaine Bisson fit charger nos quatre canons, tous nos fusils et fit monter sur le pont tous les sabres. Aucune bonne disposition ne fut négligée pour repousser les pirates qu'il supposait pouvoir venir nous attaquer, à l'instigation des deux Grecs échappés. A six heures du soir, le capitaine fut prendre un peu de repos. Avant de me laisser, il me dit : " Pilote, si nous sommes attaqués par les pirates et qu'ils réussissent à s'emparer du bâtiment, jurez-moi de mettre le feu aux poudres, si vous me survivez ". Je lui promis de remplir fidèlement son intention.

A dix heures du soir, nous aperçûmes deux grandes tartanes doubler une pointe de rochers, dont les hommes se mirent aussitôt à pousser des cris. Chacun de nous se mit aussitôt à son poste de combat. Le capitaine Bisson monta sur le beaupré, pour mieux observer les tartanes qui se dirigeaient sur notre avant, en nageant avec force. Le capitaine les fit héler plusieurs fois ; enfin, les voyant à demi-portée de fusil, il nous donna l'ordre de tirer et tira lui-même son fusil à deux coups. Elles nous répondirent par une vive fusillade. Une des tartanes nous aborda presqu'aussitôt par-dessous le beaupré, et l'autre par la joue de babord.

Plusieurs des nôtres avaient déjà succombé ; en un instant, malgré tous nos efforts et ceux de notre brave capitaine, plus d'une trentaine de Grecs furent sur notre pont : une grande partie d'eux s'affalèrent dans la cale et dans les autres parties du bâtiment, pour piller. Je combattais en ce moment à tribord, près du capot de la chambre. Le capitaine, qui venait du gaillard d'avant et qui était couvert de sang, me dit : " Ces brigands sont maîtres du navire, la cale et le pont en sont remplis ; c'est là le moment de terminer l'affaire ". Il s'affala aussitôt sur le tillac de l'avant-chambre, qui n'était que trois pieds au-dessous du pont, et où étaient les poudres. Il tenait cachée dans sa main gauche une mèche ; dans cette position, il tenait le milieu du corps au-dessus du pont. Il me donna l'ordre d'engager les Français encore en vie de se jeter à la mer. Ensuite, il ajouta en me serrant la main : " Adieu, pilote, je vais tout finir " !  Peu de secondes après l'explosion eut lieu, je sautai en l'air. Etant arrivé à terre, presque mourant et gisant sur le sable, sans secours, je ne saurais dire comment j'y suis arrivé ; ce n'est que par un effet de la puissance divine. Dans cet état, un des brigands échappés au désastre me dévalisa, en me mettant un poignard sur le coeur, de tout ce que j'avais, et notamment de la montre du brave capitaine Bisson, qu'il m'avait confiée. Enfin, des hommes, envoyés par le gouverneur de l'île pour faire la recherche des malheureux qui auraient pu gagner le rivage, m'ont enlevé et conduit chez lui, à deux heures du matin …».

Là se termine le rapport de Mr. Trémintin à son Vice-Amiral. Il n'y est point fait mention, comme vous le voyez, de l'apparition de la Sainte Vierge ; mais le brave Pilote a toujours dit et répété, il proclame devant tout le monde qu'il n'a dû sa conservation qu'à la bonne Sainte Vierge, à Marie, la patronne du marin, l'Etoile de la mer.

Aussi c'est avec bonheur, avec reconnaissance qu'il atteste et certifie, qu'après l'explosion du Panayoti étant retombé dans la mer, sans connaissance, perdant son sang par ses blessures, une femme portant un enfant sur le bras lui apparut et lui dit : « Courage, courage, courage » mais sans prononcer son nom. Aussitôt, il se relève sur l'eau, trouve sous sa main une amarre, a la présence d'esprit de s'en entourer le bras, et est traîné sur le rivage par une des tartanes, à laquelle tenait cette amarre.

Une marque de la foi de Mr. Trémintin, dans cette circonstance, fut le signe de croix qu'il commença avec son pistolet, dont il venait de renverser un pirate, mais l'explosion ne lui laissa pas le temps de l'achever.

Je ateste la verité du faite raporté ciedessu. TREMINTIN, Chevalier de la Légion d'honneur.

L'île de Batz, le 8 Décembre 1856 ».

(Extrait des Archives du diocèse de Quimper et de Léon).

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