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JEAN II (1286-1304)

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Jean II, devenu duc, garda pour lui le titre de comte de Richemont. Il n'allait pas tarder à reconnaître en quels embarras ce titre l'engageait.

Avant de porter ses vues sur le continent, Edouard Ier se promettait de soumettre toute l'île de Bretagne en réunissant à la couronne le pays de Galles et l'Ecosse.

Deux ans après son avènement, il entra en armes dans le pays de Galles ; mais il lui fallut trois campagnes pour obtenir une soumission. Or, le duc de Bretagne, convoqué à cette guerre, comme comte de Richemont, n'avait pas répondu à l'appel royal : manquement au droit féodal dont la sanction était la saisie de Richemont. Toutefois le Roi pardonna au duc et même lui remit les subsides de guerre qu'il aurait pu réclamer (28 juin 1289) [Morice. Pr. I, 1089].

L'amitié qui unissait les deux beaux-frères expliquerait cette indulgence ; mais la politique y avait sa part. Edouard avait intérêt à ménager le duc de Bretagne : une guerre allait commencer en Ecosse, et la paix avec la France était si précaire ! La décision gracieuse du Roi était un avertissement donné au duc qu'au cas de guerre avec la France il aurait, comme comte de Richemont, à rendre au Roi le service militaire.

Après la mort sans enfants du Roi d'Ecosse Alexandre III (1286), la couronne avait été disputée par plusieurs prétendants, en tête desquels Jean Baliol et Robert Bruce. Ils prirent pour arbitre Edouard, et celui-ci jugea en faveur de Baliol, dont il savait la faiblesse. Baliol essaya bientôt de secouer le joug humiliant que Edouard lui imposait, se souleva (1293), fournit ainsi l'occasion d'entrer en armes sur ses terres, fut bientôt vaincu, fait prisonnier et chassé en Normandie (1296).

Il ne semble pas que le duc de Bretagne ait été convoqué à cette guerre : le Roi allait l'appeler ailleurs, mais Edouard avait en Ecosse le fils puîné du duc, Jean de Bretagne, son neveu, dont les fidèles services allaient être, comme nous le verrons, magnifiquement récompensés.

En même temps que commençait la guerre d'Ecosse, une autre guerre se préparait en France. En 1294, à propos d'avanies faites à Bordeaux par des marins d'Angleterre à des marins français, le Roi Edouard, en tant que duc d'Aquitaine, fut cité par Philippe le Bel devant le parlement. Il ne comparut pas ; et, après un nouvel ajournement, Philippe saisit toutes les possessions anglaises en France et chargea le connétable d'exécuter, notamment en Aquitaine, l'arrêt du parlement. En réponse, Edouard donna l'ordre à Saint-Jean, son sénéchal d'Aquitaine, de lever une armée, et il en rassembla une autre qu'il devait lui-même commander en Flandre.

En même temps (1er juillet 1294) il nommait le duc de Bretagne son lieutenant général en Aquitaine, et ordonnait au sénéchal et à tous ses officiers d'obéir à son lieutenant comme à lui-même [Note : Lobineau. Pr. 441. — Le texte appelle Jean II neveu du Roi d'Angleterre. Il était son beau-frère, mari de sa soeur Blanche]. Jean II acceptait ce titre et, au mois d'août, il assemblait les seigneurs bretons à Ploërmel pour qu'ils fissent la déclaration des services militaires dus par eux [Note : C'est la reconnaissance connue sous le nom des Otz dus au duc de Bretagne. Lobineau, Pr. 436. — Morice, Pr. I. 1110. — Le duc sachant bien que les seigneurs le suivent malgré eux à cette guerre lointaine contre le roi de France, proteste d'avance contre les déclarations de service insuffisantes et les menace d'amendes]. En octobre, une flotte anglaise touchant à Saint-Mathieu conduisit le duc et les Bretons à l'entrée de la Gironde.

L'entrée du duc en campagne fut marquée par des succès. Sauf Bordeaux, toutes les places qu'il menaça furent prises. A ce moment, Jean, partageant l'armée, en mit la moitié aux ordres du sénéchal : les deux corps devaient se prêter un mutuel appui ; mais le sénéchal, jalousant l'autorité suprême donnée au duc, ne lui prêta pas secours au moment opportun, et les places prises retombèrent au pouvoir des Français.

L'inaction calculée de Saint-Jean refroidit le zèle du duc pour les Anglais : et les nouvelles qu'il reçut de Bretagne n'étaient pas de nature à le leur ramener. Une flotte anglaise venant en Aquitaine sous les ordres du comte de Leicester, frère du Roi, avait touché à Saint-Mathieu ; et les Anglais, n'obtenant pas de vivres, avaient pillé la ville, mis à sac l'abbaye, poursuivi et tué sans pitié nombre de paysans fugitifs [Note : Lobineau, Hist. 284. L'historien remarque que les « Gallois s'acharnèrent sur les Bretons, en tuèrent un grand nombre et coururent tout le pays pillant et brûlant ». — Ils avaient pourtant la même origine que les Bretons et la même langue. Il est probable qu'ils se vengeaient de la présence de Bretons dans l'armée qui dix ans auparavant avait envahi leur pays]. Ce n'est pas tout : depuis son absence, des pillards anglais étaient descendus sur plus d'un point du duché.

De ce moment, le duc écouta les plaintes des seigneurs bretons qui l'avaient suivi à contre-coeur contre le Roi de France, et il accueillit les avances de Philippe le Bel. Bientôt prenant résolument son parti, il renonça au service du Roi d'Angleterre. S'il ne combattit pas les Anglais qu'il venait de commander, il rentra en Bretagne : c'est tout ce que demandait le Roi de France ; sa retraite suffisait pour condamner l'armée anglaise à l'inaction. — Ceci se passait vers la fin de 1296.

Ce revirement eut pour le duc une double conséquence : le Roi d'Angleterre saisit le comte de Richemont ; et le Roi de France, pour récompenser « les services du duc », et peut-être pour l'attacher plus étroitement à la cause française, érigea la Bretagne en duché pairie (septembre 1297) [Note : Lobineau. Pr. 442. Le Roi lui accorda de plus Isabelle de Valois, fille de Charles de Valois, et soeur du futur Philippe VI pour son fils puîné Jean. — De plus, il déclara que, sauf des cas déterminés, les appels ne seraient pas portés des juges ducaux au parlement de France].

Pendant ce temps, Robert Bruce, excité sous main par le Roi de France, réclamait la succession de Baliol et menait vivement la guerre en Ecosse : des rébellions éclataient au pays de Galles et sur d'autres points. Les trêves en France succédaient aux trêves ; et en fait les hostilités étaient finies. Dès 1297, le Roi Edouard préparant le malheur de son fils, obtenait pour lui la main d'Isabelle de France, et lui-même (1299) épousait Marguerite, soeur de sa future bru.

Le duc de Bretagne, qui s'entremettait pour la conclusion du traité de paix, ne dut pas y avoir grande peine. La paix fut signée à Montreuil, le 3 mai 1303 [Note : Morice. Pr. I, 1180-1181. — Juillet 1303].

Jean II y gagna une rente de 1.000 livres (environ 100.000 francs, monnaie actuelle en 1897) que le Roi lui assigna sur des domaines de France et la restitution de Richemont qui lui fut rendu seulement, le 1er mai 1304 [Morice. Pr. I, 1182].

Jean II n'eut pas longtemps la paisible possession de son comté. Le 18 novembre suivant, il mourait d'accident à Lyon (extrait de J. Trévédy).

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