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COMTÉ DE RICHEMONT

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Le comté de Richemont est entré dans la maison ducale de Bretagne après les seigneuries de Montfort, Limoges, Etampes et Vertus.

Peut-être cette esquisse aura-t-elle quelque intérêt ?. En effet les vicissitudes par lesquelles nous allons voir le comté passer durant quatre siècles sont, s'il est permis de le dire, comme un réflecteur des relations de la Bretagne et même de la France avec l'Angleterre.

On ne s'étonnera pas de voir un comté d'Angleterre possédé par les ducs de Bretagne. S'il en était autrement, une phrase du savant Hévin ferait cesser cet étonnement :

« La plupart des Bretons et Normands avaient des terres et possessions en Angleterre, et les Anglais en Normandie. Les abbayes mêmes de la Basse-Bretagne, comme Saint-Sulpice, près de Rennes, avaient des revenus, prieurés et présentations de bénéfices en Angleterre ». [Note : Pour Saint-Sulpice, remarquons que la première abbesse fut Marie, fille du Roi Etienne de Blois, et petite fille de Guillaume le Conquérant. Elle y mourut en 1159. L'origine de beaucoup des autres possessions dont parle Hévin remontait à la conquête normande. — Avec saint Sulpice on peut nommer saint Melaine de Rennes, comme nous verrons plus loin].

 

§ I — Consistance, revenus et officiers du comté.

Lobineau, Morice, M. de la Borderie ont écrit Richemont ( par un t ).  Ce semble être l'orthographe étymologique, ( mons dives ), et on trouve le nom ainsi écrit dans des actes très anciens. (Lettres de 1243. Lobineau, Pr. 293. Comitem... Comitatum de Richemont). — Bouchard et d'Argentré écrivent indifféremment Richemont ou Richemond ( par un t ou par un d ). Cette dernière forme qui a prévalu en Angleterre (Richmond, aujourd'hui) est la traduction du nom latin Richemundia, très anciennement en usage. (Testament de Constance, 1201, Morice. Pr. I. 785-786). Richemundia retraduit en français a donné Richemund et Richemond.

Le comté de Richemont était situé dans le comté d'Yorck (ou York), au nord-ouest de cette ville, vers la limite du comté de Durham.

Nous voudrions placer ici une description du comté de Richemont ; mais pour la tenter nous aurions eu besoin de pièces que nous n'avons pu voir et étudier.

D'Argentré, qui écrivait sans doute en présence de documents anciens, a dit : « Ce comté est l'une des plus puissantes et principales seigneuries d'Angleterre, étant de grande étendue, contenant sous son ressort et juridiction cent quarante paroisses » [Note : La Bretagne féodale n'avait eu qu'une seule seigneurie de cette importance : c'était l'ancien Penthièvre avec plus de 250 paroisses. L'ancien comté de Léon en comptait environ 130 ; depuis, la vicomté en eut 60 ; le comté de Porhoët en avait 57 ; la vicomté de Rohan 81, avant tous les détachements qu'elle subit. Porhoët et Rohan réunis (137 paroisses) doivent égaler à peu près Richemont. Comme point de comparaison, le département actuel du Morbihan contient 250 communes 140 paroisses représentent plus de la moitié du département].

Nous ne pouvons vérifier cette indication. Ce qu'on peut dire c'est que le comté se composait du corps principal autour du chef-lieu, situé comme nous l'avons dit, au fond du comté d'Yorck (ou York), et de seigneuries plus ou moins nombreuses éparses en divers comtés d'Angleterre.

Disons ici que la consistance du comté de Richemont a varié plus d'une fois dans le cours des âges, — nous en aurons bientôt la preuve ; et ajoutons que les ducs de Bretagne ont possédé en Angleterre nombre de seigneuries ou de terres qui ne faisaient pas partie de leur comté.

Je devais présenter cette double observation avant de dresser une liste (sans doute incomplète) des seigneuries bretonnes en Angleterre.

Les archives de Nantes (E. 116) possèdent « un sommier des redevances dues par les vassaux du comté de Richemont ». Ce registre, qui doit être du temps du Roi Henri III, sans parler de la ville de Richemont, donne une liste de vingt-sept ou vingt-huit châtellenies ou seigneuries relevant de Richemont [Note : 1ère liste (E. 116). Livre des domaines, fiefs relevant de Richemont. Je donne les noms par ordre alphabétique. Je souligne les noms qui se retrouvent dans la seconde liste ci-dessous. J'ajoute l'indication ville résultant d'autres pièces. Aldbroug, Arkengarth, Radingham, Bainbridge, Bennibrough, Benningholme, Bonby, Boston, Bowes, Burghersh, Catterik, Cheshunt, Crowhurts, Darfield, Forset, Frompton, Gayton, Gilling, Hastings (ville), Kirtin, Landenham, Moulton, Richemont (ville), Saxby, Skirbeck, Swafflam, Swafflam-Market (ville), Washinhorough (ville), Wisk. J'écris Swafflam et Swafflam-Marquet deux fois parce qu'il semble qu'il y ait deux seigneuries du nom de Swafflam].

Au même lieu se trouve (E. 118) un rôle des comptes des prévots, baillis et receveurs de seize domaines. De ces seize noms, dix seulement figurent sur la première liste [Note : 2ème liste (E. 118). Rôle des prévôts des domaines de...  Je supprime les dix noms soulignés dans la liste ci-dessus. Il reste : Sevenhampton (ville), St-Botolph (port), Noumby, Kirton, Binham, comté de Norfolck. Il doit s'agir d'une seigneurie quelconque dans ce comté ; il ne peut être question du comté tout entier]. Nous pouvons en conclure que les six autres domaines ne relèvent pas de Richemont.

Nous trouverons (E. 116) en possession du duc Jean III sept nouvelles seigneuries qualifiées villes [Note : 3ème liste (E. 116). Lettres de Jean III confirmant l'abbaye de Croyland dans la jouissance des biens qu'elle possède dans les villes de : Algarkick, Dondick, Holbéack, Onappelade, Suterton, Swiseshead, Wigtost].

Nous voyons le comte Etienne (de Penthièvre) possessionné dans cinq contrées (faut-il lire comtés ?) dont les noms ne se trouvent pas dans les pièces précédentes (E. 116) [Note : 4ème liste (E. 116). — Lettres du comte Etienne de Bretagne (de Penthièvre) concédant aux religieux de N. D. de Warwick les villages de..... avec diverses pièces de terre dans les contrées de Amoldestop, Buttfort, Flaston, Torrington, Witton].

Enfin nous voyons aux mains du duc de Bretagne une autre seigneurie dite ville (Stapleton), et trois manoirs Hinton, Caistron, Rising ou Riffing. Ce dernier avec sa châtellenie avait, comme nous le verrons, une grande importance ; et, sans connaître l'importance des deux autres, nous ne pouvons douter qu'ils ne fussent aussi chefs-lieux de seigneuries (E. 116).

Récapitulons. Voilà cinquante lieux nommés, dont vingt-huit ou vingt-neuf relèvent du comté de Richemont. Treize sont qualifiés ville, et un autre port. — On voit quelle était l'importance des possessions des ducs de Bretagne en Angleterre.

Nous ne pouvons dire si toutes ces possessions se sont trouvées dans la même main ; mais nous savons qu'au commencement du XIVème siècle, un Breton, comte de Richemont, qui n'était pas duc de Bretagne, mais frère du duc, possédait hors de son comté des « terres et tènements » dans neuf comtés d'Angleterre, avec la faculté de les transmettre à la maison de Bretagne (Morice, Preuves, I, 1230).

Tel était le comté de Richemont, comprenant selon d'Argentré 140 paroisses, « une des plus belles seigneuries d'Angleterre », selon M. de la Borderie [Géographie féodale, p. 56].

Ne serait-on pas curieux de savoir le revenu du comté ?

Le livre des Domaines conservé à Nantes fait connaître le chiffre des redevances des vassaux tenanciers et hommagers : il l'élève à 1.418 livres 8 sous 4 deniers, soit environ 141.800 francs de notre monnaie en 1897 [Note : Il ne s'agit pas de livres sterling. Nous allons voir le Roi Henri III apprécier le revenu total de Richemont à 1.200 livres sterling. Le rapport de 1 à 100 est adopté par M. de la Borderie pour cette époque. (Cours d'histoire de Bretagne. Conférences, I, p. 135)].

Mais les redevances féodales, rentes féodales ou cheffrentes, ne représentent qu'une fraction, que l'on peut dire minime, des revenus d'une seigneurie. Que sont en effet ces rentes quelquefois d'une obole, auprès des droits de foires, marchés, entrées, issues, moulins, pêcheries, taxes, etc. ; auprès des produits des biens domaniaux (forêts, chasse, pêche, etc.) et même des recettes dites accidentelles ou extraordinaires comme amendes, épaves, déshérences ?

Le chiffre de 1418 livres n'est donc qu'un élément du chiffre du revenu total.

Une évaluation de ce revenu est donnée par le Roi Henri III au milieu du XIIIème siècle. Il l'élève à 1.200 livres sterling ou 1.800 marcs [Note : C'est le Roi lui-même qui établit le rapport entre la livre sterling et le marc. Morice, Pr. I, 929. Lobineau, Hist. 248. Nous verrons cet acte plus loin. Je dois dire que M. de la Borderie considère « la rente annuelle de 1.200 livres sterling comme très supérieure aux revenus du comté ». (Cours d'histoire de Bretagne. Conférences, I, p. 135)]. Le marc vaut trois livres de France et un tiers environ [Note : Le rapport du marc à la livre (3, 31) nous est donné par un acte de saint Louis : l'évaluation du revenu de l'Agenois est portée en 1261, à 3.720 livres, huit sols, six deniers, pour laquelle somme le Roi paie une rente de 1.200 marcs. (Traité entre les Rois de France et l'Angleterre ... par du Tillet, p. 176). Nous reviendrons sur cet acte]. L'évaluation de Henri III revient à 5.958 livres, soit environ 595.800, près de six cent mille francs en 1897.

Un siècle et demi plus tard, en 1382, Richard II évalue le même revenu à 1.786 livres sterling — ou 2.679 marcs — ou 8.867 livres.

Mais il faut tenir compte de la dépréciation progressive de la livre. Pour avoir la valeur actuelle, il n'est plus permis de multiplier par cent. Multiplions seulement par 70, la valeur en 1897 sera environ 600.690 francs [Note : Je ne garantis pas l'exactitude absolue du rapport. — M. de la Borderie, multipliant par 100 pour obtenir le rapport en 1250, ne multiplie plus que par 40 pour obtenir le rapport de 1486 (Cours d'histoire de Bretagne. Conférences, II, p. 225). — Je me suis cru autorisé vers le milieu de cette période de 236 ans à prendre un chiffre intermédiaire]. Chiffre qui se rapproche sensiblement du chiffre donné par le Roi Henri III.

Nous ne pouvons fournir d'autres indications sur ce point ; mais nous rappelons qu'il ne s'agit ici que des revenus du comté de Richemont, et que les ducs de Bretagne avaient en Angleterre des fiefs non annexés au comté. On voit de quel préjudice était pour nos ducs la confiscation de leurs possessions d'Angleterre.

Le livre des domaines donne une liste des officiers du comté.

A leur tête est un gouverneur représentant le comte et chargé de tous pouvoirs. Au-dessous de lui on voit, comme d'ordinaire, ce que nous nommerions en 1897 les autorités judiciaires, militaires et administratives.

Il y a un bailli (on disait ailleurs sénéchal) pour le comté. C'est le juge suprême. Chaque châtellenie a un bailli pour la châtellenie. Chaque seigneurie a son prévôt, ou juge inférieur. Les appels vont sans doute d'un juge à l'autre jusqu'au juge suprême.

Chaque château a son capitaine. Au commencement du XIVème siècle, il est question, pour le château de Richemont d'une connétablie. Il faut sans doute entendre ce mot au sens où le prenait Froissart : « compagnie de gens de guerre affectée à la garde d'une place ». Un sire de Burton « avait des droits sur la connétablie » de Richemont : c'est-à-dire apparemment que la connétablie lui avait été concédée en fief [Note : Ces concessions perpétuelles et féodales attachées à une terre gratuites ou à titre onéreux n'étaient pas rares. Exemple : les sergenteries féodées. L'office de grand écuyer héréditaire de Bretagne était ainsi attaché à une mince seigneurie (sergenterie féodée ducale) Brécé, (commune de Noyal-sur-Seiche, canton sud-est de Rennes). — Voir mes Sergents féodés, sergents généraux et d'armes. Revue générale de droit 1889 ; et mes Grands écuyers héréditaires de Bretagne. Revue de l'Ouest]. Le comte la racheta (E. 114).

Le comté de Richemont avait plus d'un château-fort. On peut supposer que celui du chef-lieu était le principal. Il était immense, disent les dictionnaires géographiques. Mais ne disons pas après eux que les ruines qui subsistent sont celles d'un château bâti au XIème siècle.

Ce château ne ressemblait en rien aux châteaux de Coucy élevé au XIIIème siècle, de Pierrefonds et de la Bastille Saint Antoine qui dataient du XIVème. Au XIème siècle, on ne connaissait que les châteaux à motte [Note : On entend par là une tour carrée en bois placée au sommet d'une motte le plus souvent artificielle. Le château à motte était dans une enceinte enfermant les bâtiments d'habitation et de service, et défendue par un rempart de terre couronné d'une palissade ; au devant du rempart était creusé un fossé. Au siècle suivant (XIIème) les moyens d'attaque devenant supérieurs à la défense, il fut construit des donjons en pierre carrés puis cylindriques. Enfin, au siècle suivant, pour donner satisfaction aux nécessités de la défense et aux besoins nouveaux du luxe, on commence à construire ces vastes châteaux-forts ou de grands corps de logis se lient aux murs d'enceinte, fortifiés de proche en proche de tours cylindriques, du genre de ceux dont nous voyons aujourd'hui les derniers restes. Ex. de donjon carré en Bretagne : la tour de Trémazan (commune de Landunvez, canton de Ploudalmézeau, Brest) (en ruine) fin du XIIème ou XIIIème siècle. Ex. de donjon cylindrique, la tour du château de Laval avec son hourt, même époque].

Nul doute que le château de Richemont n'ait subi une complète métamorphose entre sa fondation première et le commencement du XIVème siècle. A cette époque, il devait être à la mode nouvelle : nous voyons en effet le duc Jean II entretenir six chapelains dans la chapelle de son château (E. 116) [Note : Nous en dirons autant du manoir de Caistron où Jean de Bretagne, frère du duc Arthur II, et comte de Richemont, (1305-1333). entretient trois chapelains (E. 114)].

Enfin nous voyons, par les deux documents des archives de Nantes auxquels j'ai déjà fait plusieurs emprunts, que les ducs de Bretagne avaient dans plusieurs, sinon dans toutes leurs châtellenies anglaises, des receveurs chargés de percevoir les deniers de toutes sortes ; et il semble que ces recettes étaient centralisées entre les mains d'un receveur général du comté de Richemont.

Nous sommes contraints de nous en tenir à ces indications malheureusement incomplètes et nous allons passer à l'histoire du comté (extrait de J. Trévédy).

§ II Voir MAISON DE PENTHIEVRE - ALAIN LE ROUX - ALAIN LE NOIR - ETIENNE - ALAIN LE NOIR (1066-1146).

 

§ III Voir MAISON DE BRETAGNE - CONAN - CONSTANCE ET GEFFROY - ARTHUR - ALIX ET PIERRE DE DREUX (1146-1233).

 

§ IV Voir JEAN Ier DIT LE ROUX (1237-1286)

 

§ V Voir JEAN II (1286-1304).

 

§ VI Voir ARTHUR II (1304-1312) - JEAN III (1312-1341) - JEAN DE BRETAGNE, COMTE DE RICHEMONT (1307-1333).

 

§ VII Voir JEAN DE MONFORT (1341-1345) - JEAN IV (1345-1399).

 

§ VIII Voir JEAN V (1399-1442) - FRANCOIS Ier (1442-1450) - PIERRE II (1450-1457) - ARTHUR III (1457-1458) - FRANCOIS II (1458-1488) - ANNE.

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