Région Bretagne : Web Internet de Voyage, Vacances, Location, Séjour, Immobilier, Hôtel, Camping, Location, Boutique en Bretagne

Bienvenue !

MAISON DE PENTHIEVRE - ALAIN LE ROUX - ALAIN LE NOIR - ETIENNE - ALAIN LE NOIR.

1066-1146

  Retour page d'accueil         Retour "Comté de Richemont"   

Boutique de Voyage Vacances Rencontre Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

Boutique de Voyage Vacances Rencontre Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

A quelle date le comté de Richement est-il entré en la possession de princes bretons ?

D'après une tradition, le grand Arthur aurait marié sa soeur à Audren ou Aldroen, quatrième roi de la Bretagne Armorique ; et, quand il eut conquis l'Angleterre, il fit don du comté à Audren. D'après une autre tradition, le même Arthur aurait été assisté d'Hoël le Grand, fils de Budic et petit-fils d'Audren qui, pour prix de ses services aurait reçu le comté.

Si d'Argentré rapporte ces traditions il les rejette avec raison [Note : D'Argentré. (Ed. de 1618, p. 129). Il ajoute : « Les autres disent (le comté) avoir été donné à celui de nos ducs qui accompagna Guillaume Longue-Epée en la conquête d'Angleterre ». Deux inadvertances du savant historien, qu'il corrigera plus loin (p. 224). Guillaume Longue-Epée, fils et successeur de Rollon, était le septième prédécesseur de Guillaume le Batard, conquérant d'Angleterre. — Aucun de nos ducs n'a accompagné Guillaume en Angleterre. D'Argentré donne pour dates extrêmes au règne d'Audren 412-438, à celui de Hoël 448-484 ; il fait régner Arthur jusqu'en 482. On place aujourd'hui le règne d'Arthur au VIème siècle, et on ne place nulle part Audren, successeur du fabuleux Conan Mériadec et aïeul prétendu de Hoël le Grand].

Sans rappeler ces traditions, Alain Bouchard dit que Hoël, duc de Bretagne, envoya son fils Alain Fergent à la suite de Guillaume le Bâtard ; et que, après la conquête, celui-ci paya les services d'Alain du don de Richemont [Note : F° 28 v°. Ed. des Bibliophiles Bretons].

D'Argentré complète ces renseignements. Alain, dit-il, vint se joindre à Guillaume, avec une troupe de bretons. Il commandait la seconde des trois batailles de Guillaume à Hastings. L'historien ajoute : « La reconnaissance et remerciement du secours reçu du duc Hoël et des Bretons fut que Guillaume donna à Alain Fergent, surnommé par aucuns le Roux, qui était son neveu, le comté de Richemont à perpétuité ». D'Argentré a même imprimé l'acte d'investiture daté du siège devant Yorck [Note : D'Argentré. 224-225. Cette pièce est sans doute apocryphe comme celle que d'Argentré donne après Bouchard (f° 89 r°) sur l'établissement du parlement de Bretagne par Alain Fergent. Cette pièce est postérieure à 1420. Nous l'avons démontré. (Grands écuyers héréditaires de Bretagne p. 6 — et Organisation judiciaire de la Bretagne avant 1789, p. 194 et suiv.). Il est surprenant que Daru ait accepté cette pièce (I p. 45 note et 317), et qu'elle soit acceptée par l'auteur de la Biographie Bretonne, quand le judicieux Hévin l'avait condamnée comme « marchandise de contrebande ». Questions féodales, p. 330, n° 6]. — Or c'est seulement, deux ans après la victoire d'Hastings, en 1068, à la suite de la révolte des provinces du nord, qu'Yorck fut assiégé ; et il semble que Guillaume avait disposé de Richemont entre 1066 et 1068 [Note : En 1067, selon Lobineau. Hist. p. 98].

La vérité est que Alain dit depuis Fergent n'a pas pris part à la conquête. Il était presque enfant en 1066 ; ses premières armes semblent être de 1077, et son premier mariage avec Constance, fille de Guillaume le Conquérant, est seulement de 1087 [Lobineau. Hist. 101 et 104].

Mais il y avait, à cette époque en Bretagne, un autre prince du nom d'Alain, neveu de Guillaume le Batard ; et la similitude de leurs prénoms aura sans doute causé la méprise de l'historien. C'est ce prince qui accompagna Guillaume à la conquête, et auquel se rapporte ce que d'Argentré dit d'Alain Fergent, qui, du reste n'est pas nommé le Roux.

Eudon, premier comte de Penthièvre, avait cinq fils. Deux d'entre eux suivirent le Conquérant, Alain surnommé le Roux et Brient. C'est Brient, dit-on, qui assura la conquête en détruisant l'armée de secours que les fils d'Hérold ramenaient d'Irlande [Note : Lobineau, Hist., p. 98, nomme : Geffroy, Alain Le Roux, Alain le Noir, Etienne, Brient. Il ne donne pas leur ordre. Il se peut que Brient passé en Angleterre avec son frère fût un des aînés. — Quoi qu'il en soit, nous verrons Etienne qui semble le plus jeune recueillir la succession de Richemont, et celle de Penthièvre. Nous avons rangé les quatre premiers frères dans l'ordre qu'a adopté D. Morice, ordre que les faits confirment. Remarquez que dans sa généalogie de Penthièvre, D. Morice donne Brient pour bâtard avec Ribaldus. D. Morice ne nomme pas Brient. M. de la Borderie (Géographie féodale, p. 126) dit que « Brient reçut de Guillaume le comté de Richemont, un des plus beaux fiefs de l'île ». Les exploits décisifs de Brient expliqueraient ce don généreux du Conquérant. Contrà un acte de Alain le Roux que nous allons citer].

Dans le partage qui suivit la conquête, Guillaume assigna à Alain les domaines qui allaient devenir le comté de Richemont.

Au milieu de ses nouvelles possessions, Alain éleva un château qu'il nomma Richemont : de là le nom de la seigneurie [Note : Mais non quoi qu'en disent les géographies, le château dont elles signalent les ruines immenses. On ne construisait pas ainsi au XIème siècle].

Avant la construction du château, ce lieu était-il le siège d'une agglomération ou bien est-ce après la construction que, comme il arriva souvent, des habitations se sont élevées à l'ombre et sous la protection de la forteresse ? C'est ce que nous ne pouvons dire. Mais ce que nous savons c'est qu'une ville existait auprès du château dès le temps d'Alain le Roux. En effet nous le voyons donner « aux bourgeois de Richemont la terre et le bourg de Fontenay ; pour une redevance de 29 livres » (E. 116).

Une autre donation d'Alain le Roux mérite une mention. Vers 1080, il donna à l'abbaye de Saint-Serge, à Angers « où reposent, dit-il, les martyrs Serge et Bacche, et saint Brieuc, l'église de Swawessey près de Cambridge, avec ses sépultures, ses oblations, etc. ». Il donne en outre des dîmes importantes à Swawessey et à Berwich. Le comte fait cette donation « pour son âme, pour celles du Roi Guillaume et de la reine Mathilde [Note : Morice, Pr. I 452-453. Cujus auxilio honorera acquisivit. Mathilde mourut en 1083, et cette indication semble reporter la donation à une date postérieure. Pourquoi tant de libéralités à une abbaye étrangère à la Bretagne ? Un mot de l'acte répond à la question. C'est la mention faite de Saint-Brieuc. Le père d'Alain, Eudon, a été inhumé (1079) dans l'église du monastère (aujourd'hui cathédrale) de Saint-Brieuc, et les reliques de Saint-Brieuc sont gardées à l'abbaye de Saint-Serge. Données à Saint-Serge par Erispoé, fils de Nominoé, les reliques furent rapportées seulement aux premières années du XIIIème siècle dans son église, qui les garde encore (Albert le Grand, St-Brieuc, in fine). Comparaissent à l'acte Ribaldus et Bardulfus fratres comitis. L'un des noms doit-il être traduit par Brient ?] qui lui a valu ses honneurs [Note : C'est donc à Guillaume et à Mathilde qu'il doit le comté et non à son frère Brient], pour les âmes des fils et des filles du Roi, enfin de son père Eudon et de ses parents morts ou vivants ». Le comte obtient même que, suivant son exemple, tous ses hommes de Swawessey abandonnent leurs dîmes aux religieux.

Après Alain le Roux, ses deux frères, qui l'un après l'autre vont lui succéder, confirmeront cette donation ; et le second, Etienne, y ajoutera quelques libéralités nouvelles [Note : Etienne donne en plus la dîme des moulins de Cambridge, et les pêcheries de Swawessey. Morice, Pr. I. 452].

Après Alain le Roux mourant sans hoirs, le comté passa à son frère cadet, nommé comme lui Alain et surnommé le Noir. Celui-ci confirma le don de son frère aux bourgeois de Richemont, en y ajoutant des franchises de nature à attirer de nouveaux habitants (E. 116) [Note : Nous verrons le comte Etienne et le duc de Bretagne Jean II, suivre la même méthode et accorder de nouveaux droits aux bourgeois de Richemont].

Alain avait fondé, en 1088, l'abbaye de Notre-Dame d'Yorck ; et, quand il mourut, quelques années plus tard, son coeur y fut déposé [Note : Lobineau. Hist. p. 98. L'auteur ajoute que « le corps d'Alain Le Noir fut inhumé dans l'abbaye de Bégar ». — (Bégard, aujourd'hui chef-lieu de canton, arrondissement de Guingamp). L'erreur est certaine. L'abbaye de Bégard n'a été fondée qu'en 1130 par Etienne dont nous allons parler. (Voir Notice sur fondation. Morice, Pr. I. 562-563). Son fils Alain surnommé le Noir, comme son oncle, et comme lui comte de Richemont, fut inhumé à Bégard en 1146 : de là la confusion].

Comme son frère le Roux, il mourait sans enfants ; et le comté de Richemont passa à son frère puîné Etienne que la mort du frère aîné Geffroy, comte de Penthièvre, tué à Dol en 1093, avait déjà fait ou allait faire comte de Penthièvre.

Etienne suivant l'exemple de ses frères confirma les privilèges accordés aux bourgeois de Richemont, et les dons faits aux abbayes ; et même il leur concéda des possessions nouvelles : ainsi un des Alain avait accordé aux religieux de Notre-Dame de Warwick la dîme de toute la chasse du comté : en confirmant cette donation, Etienne concéda aux mêmes religieux des franchises de taxes, la propriété de quatre villages et diverses terres dans « quatre contrées » (E. 116).

Etienne était comte de Tréguier ; son mariage avec Havoise, héritière du comté de Guingamp, réunit les deux comtés ; en 1093, il recueillit le reste du Penthièvre dans la succession de son frère Geffroy, en sorte qu'entre ses mains se reforma l'unité du grand apanage donné autrefois à son père [Note : Quand on dit le Penthièvre on entend le vaste apanage donné à Eudon en 1034, comprenant le littoral du département actuel des Côtes-du-Nord (aujourd'hui Côtes-d'Armor) de l'Arguenon au Douron. Ce territoire, qui enclavait les regaires de Saint-Brieuc et Tréguier, est coupé en deux par la rivière de Gouet qui vient du sud de Quintin tomber au Legué, port de Saint-Brieuc. A droite du Gouet (est) les quatre châtellenies de Lamballe, Jugon, Moncontour et Cosson formaient le comté dit spécialement de Penthièvre, capitale Lamballe. A gauche du Gouet (ouest) le Goëllo, Minibriac, Tréguier, Lannion formaient le comté de Tréguier avec la mouvance de Guingamp, que le mariage d'Havoise avec Etienne réunit au comté. La ville de Tréguier étant à l'évêque, Guingamp devint la capitale du comté de Tréguier]. Il vécut jusqu'en 1137.

Etienne avait conclu le mariage de son second fils Alain, dit le Noir, comme son oncle, avec Berthe, fille du duc de Bretagne Conan III.

En mourant, il laissa Richemont à Alain le Noir ; et il partagea le Penthièvre, entre ses deux autres fils : l'aîné, Geffroy, eut le comté de Penthièvre ; Henri, le plus jeune, eut le comté de Tréguier avec Guingamp. Etienne jugeait que Richemont et l'espérance du trône de Bretagne était assez pour Alain.

Celui-ci en jugea autrement, et une guerre commença entre les trois frères. Ces débats armés durèrent sept années, mollement suivis par Alain qui passait souvent dans son comté de Richemont. En 1144, un accord fut conclu, qui laissa, à ce qu'il paraît, les choses en l'état.

Deux ans auparavant Alain avait fondé l'abbaye de Notre-Dame de Coetmaloën (ou Coatmalouen) dans la châtellenie de Quintin au pays de Goëllo [Note : Lobineau. Hist. p. 149, Morice. Hist. II, CXLVII. Coetmaloën, commune de Saint-Gilles-Pligeaux, canton de Saint-Nicolas du Pelem, arrondissement de Guingamp].

Alain avait, semble-t-il, hérité l'ambition de son aïeul Eudon. Son beau-père lui avait donné le titre de comte de Bretagne [Note : Donation faite à Quimper, en faveur de l'abbaye Saint-Melaine (de Rennes), d'une maison où pourra résider l'abbé chaque fois qu'il viendra visiter ses possessions d'Angleterre. Si, pour une cause quelconque, ce don ne peut recevoir pleine exécution, Alain donne à l'abbaye trois biens d'Angleterre qu'il nomme « Monasteriolum rubeum, ecclesia de S. Maria de Valle, ecclesia S.... de Renborch », Morice, Pr. I. 596] ; mais ce titre ni même celui de duc qu'il attendait, ne lui suffisait : il prétendait rétablir la dignité royale en Bretagne [Note : Chronicon Britannicum. — Morice. Pr. I, 5. — Obiit Alanus, comes in Anglia et in Britannia strenuissimus, cui mentis erat minoris Britanniae Regiam dignitatem reintegrare. Juvenis quidem fuit crudelissimas et praedo, vir autem factus fuit pater patriciae et Ecclesiae vigilantissimus amator. — Il y eut ainsi deux hommes dans Alain le Noir]. La mort coupa court à ces rêves : Alain ne fut même pas duc, il mourut deux ans avant Conan III, en 1146 [Note : Lobineau. Hist. p. 149. C'est lui, comme nous l'avons dit, et non son oncle Alain le Noir qui fut inhumé à Bégard. Lobineau dit que le coeur d'Alain inhumé à Bégard « fut porté à l'abbaye de N.-D. d'Yorck, qu'il avait fondée en 1088 ». Cette indication ne peut se rapporter à Alain le Noir II].

Il laissait un fils, qui allait être duc de Bretagne sous le nom de Conan IV, et qui méritera son surnom de petit.

C'est ainsi que le comté de Richemont entra dans la maison de Bretagne. Depuis ce moment, sauf quelques courtes périodes, où les ducs abandonnèrent le comté ou le donnèrent en apanage, nous les voyons en prendre le titre. Mais combien peu ils en eurent la possession effective ! Comme Limoges et Montfort étaient des gages aux mains du Roi de France, ainsi le comté de Richemont était à la disposition du Roi d'Angleterre, qui le saisissait et en disposait à sa fantaisie.

Singulière situation du duc de Bretagne ! Il est placé et comme étreint entre les Rois de France et d'Angleterre, trop souvent aux prises. Chacun d'eux a intérêt à l'engager dans leurs luttes sans cesse renaissantes. Le duc se tourne-t-il vers la France, le Roi d'Angleterre saisit Richemont. Le duc se montre-t-il favorable à l'Angleterre, le Roi de France saisit Montfort.

D'Argentré a écrit que : « Toujours jusques au dernier nos ducs mirent Richemont au second titre de leurs inscriptions et grandeurs » [Note : D'Argentré. Hist. 225. Il semble insinuer que c'est à cause de son importance que Richemont est nommé le premier. Imagination] c'est-à-dire que dans leurs actes ils plaçaient leur titre de comte de Richemont après le titre de duc de Bretagne. C'est vrai (et il ne pouvait en être autrement) jusqu'au temps où les ducs sont devenus comtes de Montfort ; mais, depuis cette époque, ils font suivre leur titre ducal du titre de Montfort ; et François II s'intitulait comte de Montfort, de Richemont, d'Etampes et de Vertus, intervertissant l'ordre des dates d'acquisition de Montfort et de Richemont (extrait de J. Trévédy).

 © Copyright - Tous droits réservés.