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LE CONNETABLE DE RICHEMONT ARTHUR III ET JEANNE D'ARC.

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Artus de Bretagne-Montfort, comte de Richemont, d'Ivry et de Parthenay, duc de Touraine, connétable de France, plus tard duc de Bretagne sous le nom d'Arthur III. Arthur III de Bretagne dit le « Connétable de Richemont » ou « le Justicier » est né le 24 août 1393, au château de Suscinio, près de Vannes, et décédé le 26 décembre 1458 à Nantes. Il est le fils de Jean IV, duc de Bretagne, et de sa troisième épouse Jeanne de Navarre. Blessé et fait prisonnier à la bataille d'Azincourt en 1415, prisonnier en Angleterre pendant cinq ans, Arthur III est nommé connétable de France par Charles VII le 7 mars 1425 et reprend Paris aux Anglais le 13 avril 1436.

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En 1428, Richemont qui avait, à deux reprises, tenté par des procédés, peut-être un peu trop radicaux mais indispensables, d'arracher le roi de France à la funeste domination d'indignes courtisans, était en complète disgrâce.

Le nouveau favori, Georges de la Trimouille, sacrifiant le salut de la patrie à de secondaires questions d'influence personnelle et de possessions territoriales mal acquises, avait arraché au faible souverain l'ordre d'exil de son ancien chef et bienfaiteur, avait fait fermer devant le chef suprême de l'armée française les portes des places fortes du royaume, et avait déchaîné sur les possessions poitevines du Connétable, non seulement les bandes d’Ecorcheurs de Jean de la Roche mais encore les troupes royales qui, en ce moment, eussent pu plus utilement être employées à l'expulsion des Anglais du sol français.

De sa retraite de Parthenay, Richement suivait attentivement les événements : il apprenait, avec le plus grand intérêt, la mise du siège à Orléans, la belle défense de Raoul VI de Gaucourt qui, ne pouvant, d'après le droit des gens de cette époque, chevaucher ni combattre en rase campagne, puisqu'il n'avait pas achevé de payer sa rançon, avait, du moins, licence de soutenir un siège, et s'était jeté dans la place.

On lui rapportait les exploits des bons canonniers Jean d'Huis et Jean de Montesclaire, dit le Lorrain ; l'attaque des Tournelles, le 21 octobre ; l'entrée en ville, le 25, des renforts amenés par le Bâtard d'Orléans ; la blessure de Salisbury, le 28 octobre, et sa mort, trois jours après, à Meung, juste et miraculeuse vengeance de Notre-Darne de Cléry pour le sac de son sanctuaire.

Il savait la retraite partielle des Anglais à Meung et à Jargeau, ne laissant devant la place, aux Tourelles et à Saint-Augustin, que les 500 hommes de Gladsdale.

On lui contait, au jour le jour, la chute de cheval et l'indisponibilité de Gaucourt ; son remplacement par le Bâtard ; le retour des Anglais, le 29 décembre, sous les ordres de Suffolk, Talbot, Jean de la Pole, Scales, Lancelot de l'Isle ; le renfort amené par Falstolf, le 18 janvier, et l'encerclement de la place, sur les deux rives de la Loire, par des bastilles et des ouvrages en terre.

Le 2 novembre, le Parlement de Poitiers l'avait supplié de venir, sans tenir compte des défenses du roi, au secours d'Orléans.

Il était au courant de l'arrivée successive des faibles renforts français : Culant avec 200 hommes, le 5 janvier ; Stuart, d'Orval et La Hire, avec 1.300 hommes, le 7 février ; La Fayette avec 300 hommes, deux jours après.

Il n'ignorait pas l'assemblée à Blois d'une armée de secours commandée par le comte Charles de Clermont, la jonction de cette armée avec des troupes sorties d'Orléans et sa dispersion, le 12 février, à la lamentable journée des Harengs.

Puis lui venaient les nouvelles des souffrances et du découragement des assiégés, leurs instances auprès du duc de Bourgogne pour qu'il prît la ville sous sa protection tant que durerait la captivité du duc Charles d'Orléans ; il suivait avec intérêt les démarches faites dans ce sens par son beau-frère Philippe le Bon, qui vint à Paris, le 4 avril 1429, plaider, en personne, la cause des Orléanais. On lui rapportait l'insuccès de ces démarches, le refus injurieux de Bedford, qui n'avait pas, disait-il, battu les buissons pour qu'un autre prît les oisillons (J. Chartier), et les sarcasmes de Raoul Le Sage, ricanant que les Anglais n'avoient pas mâché les morceaux pour que le duc de Bourgogne n'ait que la peine de les avaler (Monstrelet).

Grande fut sa joie quand Philippe, sous les reproches dont l'accablaient ses alliés au sujet de ses pourparlers continuels avec lui et ses négociations pour la paix, crut sa sécurité compromise et quitta précipitamment Paris, en envoyant à ses troupes sous Orléans l'ordre d'abandonner le siège.

Ses amis restés à la cour lui écrivaient la désespérance de Charles VII qui, au lieu de monter à cheval et d'appeler autour de lui tous les bons Français, songeait à abandonner la partie.

Enfin, au moment où tout espoir humain semblait perdu, éclataient les nouvelles qu'il venoit une Pucèle par devers le roy, laquelle se faisoit forte de faire lever le siège d'Orléans (Chronique de la Pucelle).

Richemont eût volontiers partagé la curiosité de son frère, le duc Jean V, qui donnait mission à son confesseur, Yves Milbeau, et au héraut Hermine d'aller s'assurer de visu de la réalité des faits miraculeux qu'on lui rapportait ; il eût avec joie imité son neveu Jean d'Alençon qui, de sa retraite de Saint-Florent-les-Saumur, voulut voir par lui-même la Vierge du Bois-Chesnu, annoncée par Merlin, la femme que devait sauver la France perdue par une femme, et s'entendit dire par Jeanne d'Arc : Vous, soyez le très bien venu ; plus il y en aura du sang royal ale France, mieux ce sera : Quanto plures erunt de sanguine regis Franciæ insimul, tanto melius (Procès de Jeanne d'Arc).

L'annonce de la merveilleuse délivrance d'Orléans lui parvenait ensuite, celle du renouveau du courage français et de la levée d'une armée pour achever et exploiter le succès en poursuivant les deux tronçons toujours menaçants de l'armée anglaise : Talbot à Meung, Suffolk et ses frères à Jargeau.

Le moment lui parut favorable pour rentrer en scène : après une courte apparition en Bretagne, d'où il envoya au duc d'Alençon les premiers contingents qu'il put lever en invoquant le service du roi et les devoirs de sa charge, il revint en Poitou faire ses préparatifs de départ.

Jean de La Roche venait, convoqué avec tout son monde par le Lieutenant-général, de débarrasser, fort à propos, cette contrée ; Artus put donc quitter Fontenay qu'au cours du printemps, il avait mis à l'abri de toute tentative, et se mit, lui aussi, en route sur Selle-sur-Cher, rendez-vous général de l'armée royale, accompagné de 400 lances poitevines et bretonnes et de 800 archers.

Ses mouvements étaient étroitement surveillés par les agents de la Trimouille ; aussi, en arrivant à Loudun, rencontra-t-il les sires de la Jaille et de Serrant qui venaient, de la part du roi, lui signifier qu'il s'en retournast à sa maison et qu'il ne feust tant hardy de passer en avant, et que s'il passait oultre le roy le combattroit (G. Gruel).

Artus n'était pas homme à céder à de pareilles injonctions : il répondit qu'il sçavoit ce qu'il avoit à faire, que son honneur et son devoir envers le roi et le serment qu'il avait fait en recevant l'épée de Connétable lui interdisaient de demeurer oyseux en ce temps où Charles VII avait si grand besoin de tous les bons serviteurs de la couronne et que, d'ailleurs, s'il se présentoit quelqu'un pour l'empescher, il estait délibéré de veoir qui ce seroit et parleroit par raison (D'Argentré).

La Jaille, oubliant alors qu'il n'était que le porte parole du roi, et sentant bien qu'à la place du Connétable il n'eût pas parlé ni agi autrement, répliqua sans détour : Monseigneur, il me semble que vous ferez très bien (G. Gruel), et se retira, regrettant amèrement de ne pouvoir marcher sous la bannière de celui qu'il était chargé d'arrêter.

Après avoir franchi la Vienne à gué, en amont de Chinon, et appris par le Bourc'his de Kermoysan que Jargeau était repris, que le roi et la Trimouille battaient en retraite devant lui par Tours, Loches, Selles, jusqu'à Sully, et que l'armée royale marchait sur Meung, il courut droit à Amboise, où le capitaine Regnault de Bours le mit complètement au courant de la situation et, malgré les défenses royales, lui ouvrit le passage de la Loire.

Après la délivrance d'Orléans, un temps précieux avait été perdu, à Loches, pour arracher au roi l'autorisation de poursuivre l'oeuvre commencée : Jeanne suppliait Charles VII de venir, sans délai, accomplir le second acte de sa mission : le sacre de Reims ; les capitaines et les funestes conseillers du roi objectaient que le voyage de Reims abandonnait aux Anglais tout le pays au bord, de la Loire, et que le siège d'Orléans reprendrait infailliblement dès que l'armée française se serait éloignée ; il fallait d'abord, à leur avis, nettoyer complètement le pays entre Loire et Seine.

Les plus entreprenants préconisaient, et en cela ils eussent, au point de vue tactique, été dans le vrai si leurs moyens d'action avaient été en proportion de leur ardeur, de prendre résolument l'offensive et de porter la guerre en Normandie où les Anglais avaient leur principale puissance.

L'avis de la campagne de la Loire prévalut : le duc d'Alençon, qui venait d'acquitter ses ostaiges (Chronique de la Pucelle), fut nommé Lieutenant-général du roi pour cette guerre, avec la recommandation de faire et d'user entièrement selon le conseil de la Pucelle ; le Bâtard d'Orléans lui fut donné comme ad latus et conseiller technique ; le maréchal de Boussac de Sainte-Sevère, l'amiral de Culant, le grand-maître des arbalétriers Graville, Ambroise de Loré, La Hire, vinrent se ranger sous sa bannière, à Selles-sur-Cher.

L'armée royale comptait environ 1.200 lances, près de 7.000 hommes, ce qui était bien peu; elle marcha sur Orléans en plusieurs échelons, et y arriva du 7 au 9 juin.

Talbot avait profité de ce grand mois de répit pour reformer et reposer ses troupes.

Alençon décida de marcher d'abord contre Suffolk et ses frères qui tenaient Jargeau et menaçaient de là la retraite du roi à Sully.

L'armée royale quitta Orléans, le samedi 11 juin ; Falstolf accourait, en ce moment, à marches forcées, de Paris, au secours de Jargeau. Dans cette ville, les Anglais n'attendirent pas l'assaut : ils se mirent en bataille devant la place. Les Français, suivant leur habitude d'alors, se présentèrent en désordre, et leur élan se brisa contre les rangs serrés et correctement alignés de leurs adversaires. Jeanne d'Arc, pour les ramener en avant, dut se porter avec son étendard en tête de l'armée, et rétablit le combat. Les Anglais finirent par se replier sur le pont fortifié et derrière les murailles ; les faubourgs furent rapidement emportés par les Français, qui dressèrent aussitôt leurs batteries : il n'y avait, en effet, pas de temps à perdre avant l'arrivée imminente du secours de Falstolf.

Et fut en peu d'heures ceste ville fort batue et empirée de coups de bombardes et de canons, nous dit la Chronique de la Pucelle, et la brèche fut promptement praticable.

C'est au cours de cette lutte d'artillerie qu'eut lieu l'intervention de Jeanne d'Arc, pressant vivement le duc d'Alençon de changer de place ; le sire du Lude, qui vint le remplacer, fut aussitôt abattu par un projectile ; le bon canonnier lorrain, Jean de Montesclaire, fut appelé et le vengea en abattant à son tour l'artilleur anglais.

Tout était prêt pour l'assaut quand Suffolk, pour permettre à Falstolf d'arriver, demanda à parlementer et offrit de se rendre non secouru sous quinze jours ; Jeanne ne lui accorda que la vie sauve, affirmant être assurée du succès de l'assaut ; Suffolk rompit les négociations.

L'assaut dura quatre heures ; Jeanne, descendue dans le fossé, mettait le pied sur la brèche, quand un Anglais lui lança sur la tête une grosse pierre qui, se brisant sur son casque, la rejeta étourdie au bas de la pente. Elle se releva aussitôt en poussant son cri de victoire : Montez hardiment et entrez dedans, tout est nôtre ! et donna l'exemple en arrivant la première au sommet des ruines.

Suffolk, sentant que la résistance était désormais inutile, essaya de gagner le pont, mais, serré de près par un écuyer d'Auvergne, nommé Guillaume Renault, il le fit chevalier avant de lui rendre son épée. Un de ses frères, Jean de la Pole, fut également pris, tandis que le troisième, Alexandre de la Pole, était massacré avec 500 Anglais ; d'ailleurs, las de toujours retrouver sur les champs de bataille les mêmes ennemis déjà pris à plusieurs reprises et relâchés après rançon, les gens du commun arrachèrent des mains des gentilshommes les prisonniers mis à part et les jetèrent à l'eau.

La prinse de Jargeau fut aussitôt mandée au roy, lequel en fut très joyeulx et en remercia et regracia Dieu (Chronique de la Pucelle).

L'armée française revint, le jour même, se reposer à Orléans. Le 15, renforcée des Bretons envoyés par Richemont et amenés par Guy de Laval, son frère. André de Lohéac et Gilles de Raiz, qui depuis… mais alors il était vertueux, elle se porte sur Meung et s'empare du pont, tandis que les Anglais se réfugient dans le château, d'où on ne peut les chasser.

Les Français, laissant une garnison au pont de Meung, marchent sur Beaugency ; Talbot, ne s'y sentant pas en sûreté, constitue une garnison suffisante pour la garde du château, et se dirige vers Janville, à la rencontre de Falstolf.

Les Français entrèrent donc dans la ville sans résistance et s'occupèrent d'asseoir le siège devant le château, du côté de la Beauce.

Pendant qu'ils s'installent, surviennent Rostrenen et Tugdual le Bourgeois, venant, de la part du Connétable, annoncer son arrivée et demander place au siège.

Les ordres du roi et de la Trimouille étaient formels : si le Connétable se présentait, on devait le recevoir à coup de lance, dût-on pour cela abandonner le siège entrepris.

Jeanne d'Arc persuadée de la nécessité de la discipline et sachant bien, plus de quatre cents ans avant que le maréchal Soult, duc de Dalmatie, l'eût proclamé en termes lapidaires, qu'elle fait la force principale des armées, était d'avis que le ordres du roi devaient être exécutés à la lettre, immédiatement, sans hésitation ni murmures.

Alençon, neveu d'Artus, eût été heureux du secours qui lui arrivait s'il n'eût été l'obligé de la Trimouille qui avait payé une partie de sa rançon, et si une considération toute personnelle ne l'eût fait pencher à l'obéissance au roi : le Connétable, du fait qu'il était présent, commandait de droit, et Alençon, tout Lieutenant-général du roi qu'il était, fût passé sous ses ordres ; il parla de se retirer si on accueillait le proscrit.

Rostrenen revint en toute hâte avertir Richemont des sentiments hostiles de ceux qu'il venait secourir, et le prévenir qu'au camp royal on allait monter à cheval pour lui barrer la route. Artus se contenta de répondre que s'ils venoient, il les verroit, et continua son chemin.

Quand il fut tout proche, Jeanne, Alençon et quelques autres firent sonner le boute-selle. Plusieurs capitaines, entre autres La Hire, La Pallière et Guitry, s'approchèrent d'eux et leur demandèrent ce qu'ils avaient décidé de faire : Jeanne leur répondit qu'il fallait aller combattre le Connétable rebelle. Les capitaines lui firent observer que si elle allait croiser le fer avec le chef des armées françaises, elle trouveroit à qui parler, et La Hire, résumant l'opinion générale, ajouta sans aucune précaution oratoire, qu'il y en avoit en la compaignée qui seroient plus tost à luy qu'à elle et qu'ils aimeroient mieux luy et sa compaignée que toutes les pucelles du royaulme de France (G. Gruel).

Cette déclaration, qui avait au moins le mérite de la franchise, donna à réfléchir : on venait d'apprendre l'approche de Talbot et de Falstolf ; les effectifs de l'armée royale étaient bien faibles, et un renfort de plus de trois mille hommes de bonnes troupes n'était pas à dédaigner ; la lutte entre Français contre un chef d'armes, serviteur du roi venant à leur secours, était bien difficile, d'autant qu'il avoit en l'armée des serviteurs et amis en tel nombre qu'il ne seroit pas aisé, et qui, pour mourir, ne porteroient pas les armes contre luy (D'Argentré).

Les capitaines qui n'admettaient pas que le roi se privât des services d'un soldat tel que. Richemont pour plaire à un homme qu'on voyait rarement dans les camps, profitèrent de l'hésitation pour supplier la Pucelle, laquelle avoit toute croyance avec le roy, de luy en parler et le supplier de recevoir le Connétable en grâce comme personne grande et fort nécessaire aux affaires du royaulme pendant ce temps (D'Argentré) ; ils ajoutaient que Jeanne, ayant reçu du roi pleine autorité, pouvait, dans l'intérêt même de la cause royale, passer outre aux défenses portées et accepter un si utile concours.

Alençon et Jeanne étaient donc fort perplexes en se mettant en selle.

La rencontre eut lieu à la Maladrerie : Laval, Lohéac, Raiz et le Bâtard d'Orléans lui-même, se jetèrent dans les bras de Richemont et entraînèrent les autres.

Jeanne mit pied à terre et vint, selon la coutume, embrasser le genou du prince breton qui, ne connaissant que par ouï-dire sa mission, et ayant une haine particulière pour les sorciers et les thaumaturges de mauvais aloi, mit immédiatement sa conscience à l'aise en lui disant : Jeanne, on m'a dict que vous me voulez combatre ; je ne sçay si vous estes de par Dieu ou non ; si vous estes de par Dieu, je ne vous crains rien, car Dieu sçait mon bon vouloir ; si vous estes de par le diable, je vous crains encore moins (G. Gruel).

Jeanne, après lui avoir fait la révérence, lui répondit qu'elle n'avait jamais rien pensé ny dict que ce qu'elle avoit cogneu estre l'intention du roy, de particulier, n'avoit elle rien au seigneur Connestable, désirant qu'il feust envers le roy tout aussi bien receu comme méritoit l'estat et degré qu'il tenoit et ses bons services (D'Argentré).

Richemont lui répliqua qu'il n'avait d'autre intention que de servir le roi loyalement, que sa disgrâce était imméritée et due seulement aux rapports mensongers de ses ennemis. Il pria Jeanne de le recevoir pour le roy au service de sa couronne pour y employer son corps, sa puissance et toute sa seigneurie, en luy perdonnant toute offense.

Les capitaines présents se portèrent garants de sa fidélité. Alençon lui-même lui fit bonne chière et se montra aise de sa venue.

Les choses ainsi mises au point, tous ensemble se rendirent au camp sous Beaugency, où Richemont lut chargé du siège devant le pont, du côté de la Sologne (Chronique de la Pucelle). Artus et ses gens n'eurent pas de logis pour cette nuit, et, suivant la vieille coutume d'après laquelle les nouveaux venus devaient prendre la garde, ils firent le guet devant le château, et, nous assure Guillaume Gruel, le fidèle compagnon et l'historiographe du Connétable, fut le plus beau guet qui eust esté en France passé a longtemps (G. Gruel).

Dés son arrivée, Artus, instruit des dangers que couraient les quelques Français retranchés au pont de Meung, les fit renforcer par 20 lances et environ 120 archers, sous la conduite de Charles de la Ramée et de Pierre d'Augy.

Le lendemain, 17 juin 1429, Alençon et Jeanne, apprenant que Talbot et Falstolf se dirigeaient sur Meung, laissèrent Artus au siège, où toute la journée fut jeté de bombardes et de cagnons à ceulx de la place (P. de Cagny). Ils allèrent à la rencontré des Anglais, mais tout se borna, de part et d'autre, à une mise en bataille et à l'échange de défis ; à la fin de la journée, les Français regagnèrent Beaugency dont la garnison se rendit au Connétable dans la soirée ; les Anglais canonnèrent le pont de Meung.

Thomas Guérard et le bailli d'Évreux, Richard Guétin, évacuèrent la ville, le 18 juin, au lever du soleil, sous promesse de ne pas porter les armes contre les Français pendant dix jours. L'armée française se mit aussitôt en route pour secourir, s'il en était temps encore, le pont de Meung, dans la direction duquel le canon s'était fait entendre une partie de la nuit.

Les Anglais rassemblés devant Meung apprirent de bonne heure la capitulation et l'évacuation de Beaugency, par un poursuivant d'armes du bailli d'Évreux qui vint les en avertir.

Aussitôt que les coureurs français commencèrent à se montrer, Talbot et Falstolf, découragés par la jonction de Jeanne d'Arc et du Connétable, s'empressèrent d'évacuer Meung, y abandonnant les vivres et munitions qui auraient pu alourdir leur marche et emmenant avec eux la garnison commandée par Scales.

Tous ensemble prennent la direction de Janville où sont restés les trains de Falstolf, et où, en cas de poursuite, ils pourront faire une bonne défense.

L'armée française, informée par ses coureurs de la retraite ennemie, s'arrête ; au lieu d'agir, ses chefs tiennent conseil ; la plupart d'entre eux sont d'avis, puisque le but qu'on s'était fixé, la délivrance de Meung, était atteint, et puisque les Anglais s'en allaient de bonne volonté, qu'il n'y avait pas lieu d'aller plus avant et de risquer de compromettre le succès obtenu, en affrontant dans la Beauce les terribles archers anglais, toujours victorieux en rase campagne ; le souvenir de Crécy, Poitiers, Azincourt et Verneuil était encore vivant.

Jeanne, au contraire, soutenue en cela par Richemont et assurée de la victoire, était d'avis de pousser de l'avant : en nom Dieu, disait-elle, il faut combattre ; s'ils estoient pendus aux nues, nous les aurons ! Ce mot : nous les aurons, immortalisé par nos modernes poilus, a là sa véritable origine.

Malgré ses instances, le parti de ceux qui voulaient aller se reposer à Beaugency allait l'emporter, quand Rostrenen s'approchant du Connétable lui dit avec son rude bon sens : Faites tirer vostre estendart en avant, et tout le monde vous suivra (G. Gruel).

Tout le monde le suivit, en effet, et Jeanne, au comble de l'enthousiasme, ne put s'empêcher de crier : Ah ! beau Connestable, vous n'estes pas venu de par moi, mais vous estes le très bien venu !

Une avant-garde fut composée des mieux montés et confiée à Poton de Saincte-Treille, La Hire, Ambroise de Loré et Thibaud de Termes, avec ordre de reprendre, le plus tôt possible, le contact avec les Anglais qui, pendant ces hésitations, avaient gagné du terrain, et de les empêcher, à tout prix, de s'établir en fort lieu et de se ranger en bataille derrière les piquets terrés de leurs archers.

Le reste de l'armée suivrait en ordre de bataille : Beaumanoir et les Bretons à l'aile gauche, le Bâtard d'Orléans à l'aile droite, le Connétable, le duc d'Alençon et Jeanne au centre.

Sur le plateau mouvementé et parsemé de boqueteaux que va de Meung à Janville par Patay, les troupes de Talbot semblaient évanouies, quand un cerf dérangé par les coureurs de La Hire alla, près du bois des Coynées ou des Coyonnées, se jeter dans l'arrière-garde anglaise. Les huées qui s'élevèrent à sa vue, prévinrent l'avant-garde française que ceux qu'elle cherchait étaient là.

Les Anglais avaient, jusqu'à ce moment, marché en profondeur, en trois fractions : une avant-garde, suivie de près par le convoi, l'artillerie, les chariots et les valets d'armée, éclairait la route ; le corps de bataille conduit par Falstolf suivait à une assez grande distance ; Talbot s'était réservé l'arrière-garde, la place d'honneur dans les marches rétrogrades, et suivait de loin, prêt à retarder la poursuite.

Aussitôt que les Français furent signalés, l'artillerie et le convoi reçurent l'ordre de serrer sur l'avant-garde, qui dut prendre position le long des haies bordant le village de Patay. Le corps de bataille continua sa marche pour rejoindre aussi l'avant-garde et la prolonger, entre l'église fortifiée du village et un petit bois.

Talbot arrivé entre le hameau de Lignerolles et le village de Coinces, à un endroit, au sud-est de Patay, où se trouvaient deux fortes haies entre lesquelles les Français devaient forcément passer, mit pied à terre et s'y posta avec 500 archers d'élite, promettant d'y tenir jusqu'à ce que toutes les dispositions du corps de bataille fussent prises. Des cheminements derrière les haies furent reconnus pour lui permettre de se replier quand son rôle retardateur serait achevé. Il se plaça au centre, ayant Henry Branch à sa droite et Scales à sa gauche, et se mit en devoir de renforcer cette position déjà très solide par elle-même.

Avant d'attaquer, La Hire fit prévenir le Connétable que les Anglais étaient en vue, en force assez respectable et qu'ils semblaient vouloir faire tête.

Jeanne, dit le duc d'Alençon, voilà les Anglois en bataille ; combattrons-nous ?Avez-vous de bons éperons ? répondit-elle gaîment. — Comment da, nous faudra-t-il nous retirer ou fuir ?En nom Dieu, allez sur eux, car ils s'enfuiront et n'arresteront point et seront deseonfits sans guères de pertes de vos gens, et pour ce, il faut-il vos esperons pour les suivre (Chronique de la Pucelle).

D'après les règles militaires de ce temps-là, les hommes d'armes, qui étaient jusqu'alors restés, armés plus ou moins à la légère, sur leurs montures de route, eussent dû mettre pied à terre, achever de revêtir leur lourde carapace, monter sur leurs énormes chevaux de bataille, se ranger face à l'ennemi, sur une ligne parallèle à son front, échanger, comme jadis les héros d'Homère, de longs et verbeux défis, et attaquer à l'allure majestueusement lente que leur poids permettait seule à leurs destriers. Grâce à l'élan enthousiaste de Jeanne, à l'impatience de La Hire de croiser la lance, au sens génial que possédait le Connétable de se plier aux nécessités du moment sans tenir compte de la vieille routine, eut lieu une heureuse innovation, présage des futures charges au trot de la guerre de Trente ans et des galopades des conscrits de la République et de l’Empire.

L'avant-garde française, forçant l'allure et galopant à grant erre, se jeta brusquement sur les archers de Talbot qui n'avaient pas eu le temps de terminer leurs préparatifs et que opposèrent, néanmoins, la plus vive résistance ; mais le corps de bataille français arriva presqu'aussitôt et donna dessus de telle vertu (A. Bouchard), que la ligne anglaise fut enfoncée de partout ; Talbot, Branch, Scales, Rameston, Hungerford, furent cueillis en passant, et le torrent français continua à rouler jusqu'à Patay, où la principale ligne de défense des Anglais semblait devoir être établie.

Au bruit inattendu du combat, Falstolf, qui avait traîné en route et qui n'était pas encore arrivé sur la position qui lui avait été assignée, prit les allures vives pour la gagner au plus tôt.

L'avant-garde et les valets, déjà placés, le voyant accourir, en toute hâte et en désordre, le crurent en déroute, abandonnèrent les haies et prirent la fuite sans regarder derrière eux.

Falstolf essaya, un moment, d'arrêter la charge victorieuse des Français, mais bientôt la panique devint générale et l'entraîna lui-même, et toute cette cohue, folle de terreur, se bouscula sur la route de Janville, talonnée par la cavalerie française, qui avait beau jeu pour plonger ses longues lances dans le dos des fuyards.

Le massacre dura jusque près de Janville et ne prit fin que lorsque les chevaux des Français, entièrement fourbus par la galopade du matin et la poursuite, refusèrent d'avancer.

Les pertes, du côté français, furent relativement minimes : sept vingt ou trois cent tuez (A. Bouchard) ; celles des Anglais sont généralement évaluées à 2.000 morts et 200 prisonniers par les contemporains. Cette disproportion entre les tués et les pris vient de ce que tous ceux qui ne paraissaient pas en état de payer une forte rançon destinée à la solde des vainqueurs furent impitoyablement égorgés.

Après laquelle bonne besongne, qui fut environ deux heures après midi tous les capitaines se rassemblèrent ensemble en regraciant dévotement et humblement leur Créateur (Monstrelet). L'autel devant lequel eurent lieu ces actions de grâces existe encore à Patay.

Les Français couchèrent sur le champ de bataille, car bien estoient las et avoient grant chaud (G. Gruel).

Le lendemain matin, 19 juin, ils traversèrent Meung où ils pillèrent soigneusement les bagages laissés par Scales, et, de là, gagnèrent Orléans où ils furent reçus en triomphe, à grande joye, par les gens d'Église, bourgeois et commun peuple qui en rendirent grâces et louanges à Dieu (Chronique de la Pucelle).

Janville ferma ses portes aux débris de l'armée vaincue : le lieutenant du capitaine anglais qui y commandait s'entendit avec les habitants et leur fit serment d'estre bon et loyal François. Les petites garnisons anglaises, celles de Montpipeau et de Saint-Simon, entre autres, s'empressèrent d'évacuer les places, après y avoir mis le feu, et de suivre la retraite sur Paris.

Falstolf ne s'arrêta qu'à Corbeil où Bedford, furieux, le dégrada de la Jarretière et le fit jeter en prison.

La victoire de Patay eut un immense retentissement : l'invincibilité des Anglais en rase campagne n'était plus un dogme indiscuté ; une campagne de neuf jours en avait fait justice. Au témoignage du Bâtard d'Orléans, deux cents Anglois, avant cette bataille, eussent mis en fuite plus de huit cents François ; maintenant, quatre ou cinq cents hommes d'armes de France n'eussent pas hésité à braver toute la puissance de l'Angleterre (Procès de réhabilitation de Jeanne d'Arc).

Le merveilleux s'en mêla : la Chronique du mont Saint-Michel fait remarquer que la victoire eut lieu le jour de la fête de saint Aubert, fondateur et second patron de l'abbaye, et y voit une relation de cause à effet ; dans l'ouest de la France, et jusques en Poitou, l'on vit, ou l'on crut voir, des hommes armés de toutes pièces chevaucher dans l'air sur ung grand cheval blanc, et tout le pays de Bretaigne en fut espaventé, car le duc n'a guères avoit faict serment aux Anglois (Chronique du mont Saint-Michel).

A la nouvelle du succès des armes françaises, d'ailleurs, ce même duc Jean V, fidèle à son système de bascule, chargea Rostrenen d'aller offrir à Jeanne, de sa part, avec ses compliments, une dague d'acier et plusieurs chevaux de prix.

Enfin, pour que rien ne manquât à la gloire des vainqueurs, le métrificataur officiel accorda sa lyre et célébra la victoire par ce chronogramme de bien médiocre latinité, rappelant que la bataille Patay eut lieu en 1429, sous le signe du cancer : VICtrIX In CanCro fVIt a Patay Marte PVeLLA (A. Bouchard).

A Paris, l'émotion et l'effroi étaient au comble : on disait que les Armagnacs arrivaient sur les talons des fuyards anglais : le Conseil fut assemblé à la hâte et les partisans de Bedford ne purent retenir leurs larmes au récit des misères et de la destruction de leurs gens.

Le guet fut doublé, le corps de ville fut épuré ; le prévôt des marchands et les échevins suspects de tiédeur furent destitués et remplacés par des gens sûrs ; Bedford réclama du secours en Angleterre, et arrêta, par provision, 250 lances et 2.000 archers que le cardinal de Winchester envoyait à la croisade contre les Hussites de Bohème ; ce renfort, commandé par sir Thomas Radeliff, entra à Paris le 25 juillet ; un de ses capitaines arborait une bannière blanche où était peinte une quenouille avec la devise : Ores, vienne la belle, pour signifier que, si Jeanne d'Arc se présentait, elle aurait du fil à retordre.

L'ordre fut donné de démolir toutes les places qu'on ne pouvait songer à défendre victorieusement ; Pontorson fut du nombre des forteresses rasées.

Des soulèvements éclataient même en Normandie, à Rouen et à Cherbourg, notamment, et il fallut les étouffer dans le sang.

Une ambassade dut aller supplier le duc de Bourgogne de venir le plus tôt possible à Paris pour aviser aux mesures urgentes à prendre, et le ton qu'on prit avec lui n'avait rien de commun avec celui que Bedford et son entourage avaient cru pouvoir employer à son égard, moins de deux mois auparavant.

Du côté français, les habitants d'Orléans espéraient que le roi, en juste récompense de leur belle défense, viendrait les visiter : ils avaient fait tendre les rues à ciel (Chronique de la Pucelle) et tout était prêt pour le recevoir : La Trimouille eut peur qu'entraîné par l'enthousiasme général, Charles VII ne lui échappât ; il le décida à ne pas bouger, de quoy aulcuns qui estoient entour luy ne feurent guères contens (Chronique de la Pucelle).

Jeanne alla le trouver à Sully et tout ce qu'elle put en obtenir fut de l'amener jusqu'à Saint-Benoît, prés de Châteauneuf-sur-Loire.

Pendant ce temps, Richemont attendait à Beaugency le résultat des démarches que Jeanne, Alençon et les autres chefs de l'armée avaient promis de faire en sa faveur : Ils s'estoient portez forts d'appaisier le roy et luy faire pardonner son maltalent, à quoy ilz ne peurent parvenir, et le roy ne voulut souffrir qu'il allast par devers luy pour le servir, de quoy il feust en grant desplaisir (Chronique de la Pucelle).

Jeanne, cependant, redoublait d'instances et y travailla fort pour la rigueur et suggestion que faisoit le seigneur de la Trimouille au contraire, car le roy ne hayoit pas tant le Connestable comme il y estoit journellement esperonné par ce seigneur qui en craignoit le retour (D'Argentré).

Richemont reçut pour toute réponse l'ordre de retourner en sa maison (G. Gruel).

Ne considérant pas cette décision comme définitive, il envoya Beaurnanoir et Rostrenen prier la Trimouille qu'il luy pleust le laisser servir le roy et qu'il feroit tout ce qu'il luy plairoit et fust jusques à le baiser aux genoux (G. Gruel).

La Trimouille fut inflexible, et, à son instigation, luy fist mander le roy qu'il s'en allast et que mieulx aimeroit jamais n'estre couronné que mondict seigneur y feust (G. Gruel).

Tout ce qu'il put obtenir fut la commission donnée par le roi de prendre garde à la frontière de Normandie (D’Argentré) pendant qu'il serait au sacre ; son ami Pardiac, qui partageait sa disgrâce, fut renvoyé à garder la duché d'Aquitaine et de Bourdelois (Monstrelet). La Trimouille tenait à les séparer.

Richemont qui venait, au cours de ces pourparlers, de remettre en l'obéissance du roi Marchenoir et quelques autres places que les Anglais tenaient encore, dévora son ressentiment et obéit ; cette victoire qu'il remporta sur lui-même, dit Villaret, fut peut-être l'action la plus héroïque de sa vie.

Après quelques jours passés à Orléans, il reprit la route de Parthenay, lie et joyeulx de la journée de Patay que Dieu avoit donnée au roy et très marry de ce que le roy ne vouloit prendre en gré son service (P. de Caguy).

En route, on luy ferma toutes les villes et passages et luy feirent tous du pis qu'ils peurent, parce qu'il avoit faict tout le mieulx qu'il avoit peu (G. Gruel).

Jeanne et lui, chacun de son côté, allèrent à leur sort : pour Jeanne, ce furent les pompes du sacre et l'accomplissement de sa glorieuse mission ; puis vinrent les échecs de Paris et de la Charité, amenés par la jalousie des intimes du roi qui, pour détruire son prestige, l’employaient, malgré elle, à des missions infimes avec des moyens d'action plus infimes encore ; ce furent ensuite Compiègne, la captivité, l'indifférence et l'abandon du roi qui lui devait sa couronne, l'infâme procès et le bûcher de Rouen, les cendres jetées à la rivière par la main du bourreau ; enfin vint le jour de la réhabilitation, l'amour de tout un peuple que ne put ternir la bave de quelques écrivains, indignes de ce nom, puis le culte universel auquel s'associent même les fils des bourreaux.

Pour Richemont, c'est le long ressentiment du roi, l'exil et l'inaction mortelle pour un homme d'action ; puis le retour à la tête des armées, la réconciliation à Arras, par son intermédiaire, des deux branches de la famille royale de France ; la conquête de la capitale : la couronne et la vie de Charles VII sauvegardées au cours de la Praguerie ; l'ordre rétabli dans le pays par le licenciement des bandes féroces plus à redouter que l'ennemi ; la création de la première armée française permanente ; la merveilleuse campagne du Cotentin qui accomplit, avec Formigny, Vire, Bayeux, Avranches, Caen, Falaise et Cherbourg, le rêve glorieux de Jeanne : les Anglais boutés hors de France.

Puis vint, pour le vieux Connétable devenu duc de Bretagne, la jalousie de ceux qui avaient été ses meilleurs compagnons d'armes ; la spoliation, de son vivant, de ce Parthenay auquel l'attachaient tant de souvenirs ; la mort au milieu des amertumes dont l'abreuvaient ceux qui lui devaient tout, dans des souffrances auxquelles, disent les contemporains, la malveillance n'était peut-être pas étrangère ; enfin l'oubli, la disparition même des cendres du libérateur de la patrie, jetées au vent par les bourreaux de cadavres de 1793, au milieu de l'indifférence générale partagée même par ses compatriotes, qui ont attendu jusqu'en 1905 pour le dresser en bronze sur la place publique de Vannes, sa capitale.

C'est à ces deux grands morts sans sépulture près de laquelle nous puissions nous recueillir, sans reliques devant lesquelles nous puissions nous incliner, que j'ai voulu apporter ici mon hommage de Français et de soldat.

(E. Fonssagrives).

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