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Historique de la chapelle Saint-Gobrien à Rohan.

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Historique de la Chapelle Saint-Gobrien.

[Note : Voir Archives municipales. Registres des délibérations du Général et du Conseil de fabrique de l'époque].

Devenue église paroissiale vers 1653, a cessé de l'être en 1897, quand l'église neuve actuelle fut livrée au culte.

Le voyageur qui visite la petite ville de Rohan, aperçoit sur les bords de l'Oust, au bas de la place de la mairie vers le nord-est, la base d'une tour rectangulaire, reste d'une antique église dédiée à Saint Gobrien. Son ancienneté d'ailleurs fut son seul mérite [Note : Cette monographie a été lue à Vannes — ainsi que celle de la chapelle Saint-Martin — au Congrès de la Société Française d'Archéologie par son Directeur-adjoint, M. Deshoulières, le 22 juin 1914, et a reçu les félicitations du Congrès].

En face, des mouvements de terre sur lesquels git une croix de granit. Par endroits des pierrailles débris du sanctuaire, jonchent le sol inculte. Là existait primitivement une chapelle sous le vocable de Saint-Gobrien. Elle est signalée dans le testament de dom Jean Jéhannot (20 mars 1551). Son érection semble bien antérieure à cette époque.

Dans le modeste sanctuaire, de temps à autre on célébrait la grand'messe paroissiale. Le même fait se produit encore de nos jours pour certaines chapelles de hameau, à la fête ou solennité du saint titulaire de l'édifice.

Vers 1653, la chapelle Saint-Gobrien détrôna sa mère, et prit à sa place le titre d'église paroissiale. Autour de cette église fut transféré le cimetière, parce que l'esprit du christianisme a toujours été que les morts reposent à l'ombre de la maison de Dieu. Longtemps même les églises servirent de cimetières.

L'acquisition du terrain pour le transfert du cimetière, donna lieu à un contrat d'échange entre le chapelain de la fondation des Jéhannots et les habitants de Rohan. Cet acte légal fut conclu dans une première assemblée pronale, à la chapelle de Saint-Gobrien le 27 septembre 1653, et ratifié dans une seconde assemblée pronale, le premier novembre suivant, à l'église encore paroissiale de Saint-Martin. De ces deux réunions nous allons donner le procès-Verbal que nous ferons suivre d'une courte explication.

« Au prosne de la grande messe [Note : Archives municipales. Pièce en très mauvais état] dicte et célébrée en l'église de Saint-Gobrien de cette ville de Rohan, le vingt et unième jour de septembre mil six cent cinquante et trois, par vénérable et discret missire Jean Buisson recteur du dict Rohan et Saint-Gouvry où estoient les paroissiens du dict Rohan en grand amas et congrégation populaire, tant pour entendre le dyvin service que pour traycter de leurs affaires parochiales, entres autres Messire André de Famichon sr de la Lande, à présent fabricque, Maistre Paul le Rouzic sr de la Villeneuve [Note : Villeneuve, métairie en Saint-Gouvry. Remarquons qu'au XVIIème siècle et jusqu'à la Révolution les Bourgeois, à l'imitation des Nobles, prirent les titres de leurs terres], Maîstres Vincent le Rouzic, Guillaume Boudet, François Amprou, Honorables gens Vincent Collin, Guillaume le Page, Jan Robin, sire Pierre Bonamy, François Hamonic, Guillaume Hyver et plusieurs autres faisant la meilleure et plus saine voix des dits paroissiens, qui furent tous d'avis et dirent d'une voix commune, qu'il était très à propos et fort convenable de faire un cimetière à l'entour de l'église du dit S. Gobrien, et d'y planter vers le chemin une croix. Mais, afin que le cimetière soit plus beau et plus grand, et l'arrivée à la dite église plus spacieuse et agréable, conclurent aussi ensemblement que l'on fit échange d'une maison couverte de paille qui est dépendante de la chapellenye des Jéhannots et devant la dite église, parce que même elle en empesche la veüe, avec les jardins l'un donné à la fabrique du dit Rohan, par Thomyne Louyseau, nommé le jardin du Challan contenant environ deux hommées d'hommes à bescher, joignant d'un bout et costé à terre et clos appartenant aux Hoirs de feu N. H. Jan de Bréhand Sr de la Tousche [Note : La Touche, métairie de Bréhand-Loudéac] et d'autre costé à terre et jardin appartenant aux Hoirs de feu Maistre Olivier Bazin et Vincente Marquer sa femme — et autres jardin (sous-entendu : donné) par Mathurin Brault et Vincente le Gal sa femme, nommé le jardin de la Roche contenant environ une journée et demie d'homme à bescher, joignant d'un costé à autre jardin appartenant aux hoirs de défunte honorable femme Gilette le Rouzic, et d'autre costé à terre à Mathieu du Bos Sr de Kergourio, et d'un bout au grand chemin qui conduit de cette ville à Pontivy.

A ces causes, honorables gens Vincent Colin, François Amprou et Jean Robin se sont expressément transportés en la dite maison et aux dits jardins pour priser et estimer ce que pouvoyent valoir les dites choses, de rente par chacun an, ce que, après avoir bien et meurement considéré, ils ont dit et affirmé par serment, que les choses dont est cas, se pourraient équivaloir de rente par chacun an, et c'est pourquoi, sur leurs déclarations et du consentement du sieur chapelain de la dite chapellenye, qui est à présent le dit Sieur Recteur de Rohan et Saint-Gouvry, et autres qui ont intérêt comme les présentateurs, les nobles habitants citoyens et bourgeois du dit Rohan, ont permis et permettent, voulu et veulent, et consentent la dite échange estre faite des dits jardins avecque la dite maison ainsi qu'ils se contiennent en général, sans nulle ni aucune réservation, pour avoir effet entre eux, leurs successeurs... à jamais aux temps à venir. — Estantes les dites choses situées tant en la dite ville de Rohan, qu'aux appartenances d'icelle et tenues présentement de la seigneurie et juridiction particulière de Rohan, à charge au dit Sieur chapelain de payer les rentes si aucunes se trouvent établies sur les dits jardins, comme et par les fabriques de la dite ville et paroisse, d'acquitter les rentes sur la maison, si aucunes se trouvent sur icelle, ne sachant à présent les dits parouessiens s'il est dû aucune rente sur les dites choses et biens. Partant, au moyen de ce que dit dessus, le dit Sieur chapelain et les dits parouessiens s'y sont desmis, dessaisis, dépossédés, savoir : le dit Sieur chapelain de la dite maison, et les dits parouessiens des dits jardin... [Note : Ces points remplacent les formules habituelles et insignifiantes à dire vrai, des contrats de l'époque]. Et pour effectivement se mettre et induire en la réelle et actuelle possession et jouissance des choses baillées en échange, ont le dit Sieur chapelain et les dits habitants, nommé et institué leurs procureurs généraux et spéciaux, savoir le dit Sieur chapelain : Maistre Vincent le Rouzic, et les dits parouessiens : Maistre Paul le Rouzic, le fait desquels ils ont promis ce touchant, avoir pour agréable, ferme et stable et ne le révoquer.

Il est expressément entendu par le présent, que les prières accoutumées à être faites à l'intention des fondateurs et donateurs des dites choses à cause d'icelles, ne seront diminuées ; ains, au contraire, augmentées autant qu'il sera possible ; par ce que les dites partyes ont tout ce que devant « ainsi voulu et consenti, promis et juré tenir sans y contrevenir en aucune manière, à quoi ils ont renoncé, et renoncent ; à leurs prières et requêtes avec le jugement et autorité de notre dite cour et sous le sceau d'y celle, les y avons jugés et condemnés.

Fait et gréé par nous soussignants, notaires du Duché de Rohan pairie de France, avec soumission jurée et siège particulier de Rohan, et néanmoins inducés au prosne de la grande messe, dite et célébrée en l'église Saint-Martin parochiale du dit Rohan, par le dit Sieur chapelain Recteur de Rohan et Saint-Gouvry, le premier jour de novembre 1653, environ les dix heures du matin, où estoyent présents les cy-dessus nommés, et écuyer Armel le Goaesbe Sieur de la Buzardière (Village de Crédin), Sénéchal du dit Rohan, Vincent Pilorget, Olivier Nogue, Gilles Tommelin et plusieurs autres, et ouïs les dits Sieurs chapelain et de la Buzardière et le Sieur de Famichon, Maistres Paul et Vincent le Rouzic, Boudet, Robin, Amprou, le Page.

Signé pour leurs respects, et aux requestes de Vincent et Jacques Colin, son fils, et des dits autres paroissiens qui ne savent signer… de Gilles Ruelland soubcuré de la dite paroisse, les dits jour et an.

Ainsi signé : le... le Rouzic notaire... Guillaume Boudet notaire au dit Rohan, J. Robin, le Rouzic avocat, procureur fiscal, Amprou, Fammichon, le Clainche notaire regestrateur, J. Guillaume autre notaire.

La présente [Note : Le contrat fut enregistré au greffe des insinuations ecclésiastiques, au siège royal de Ploërmel le 29 décembie 1653, par Merel greffier. Missire Buisson chapelain des Jéhannots, fut mis en possession des deux jardins échangés, le 5 janvier 1654. Personne n'ayant fait valoir ses droits contre cet échange, après les trois publications réglementaires, l'échange fut définitivement reconnu à la séance des Plaids généraux de la cour de Rohan, le 20 octobre 1655] délivrée au sieur chapelain, le quatrième jour de novembre 1653. Payé pour l'Ecriture . 6 #.., lors de la délivrance de la pièce des 30 sols.

GUILLOT notaire. Jean LE CLAINCHE notaire ».

RÉSUMÉ EXPLICATIF.

Le procès-verbal du prône ci-dessus, ne cite que les notables de la paroisse Rohan-Saint-Gouvry.

La délibération prônale roule sur la création d'un cimetière, autour de l'église Saint-Gobrien, dans la ville de Rohan.

Afin que ce cimetière soit plus grand, et l'arrivée à l'église plus spacieuse et agréable, « les nobles habitants citoyens et bourgeois de Rohan », proposent l'échange suivant : une maison couverte en paille, dépendante de la chapellenie des Jéhannots, est placée devant l'église de Saint-Gobrien dont elle masque la vue. Pour l'obtenir, dans le but de la faire disparaître, les paroissiens céderaient à missire Buisson : recteur de Rohan-Saint-Gouvry, et chapelain des Jéhannots, les jardins du Challan et de la Roche, sis en la ville de Rohan et donnés autrefois à la fabrique. Des experts ont jugé équivalent le revenu des immeubles à échanger.

Les intéressés : le recteur de Rohan d'une part, et de l'autre les paroissiens et les présentateurs aux fondations, concluent l'accord de cession mutuelle, le vingt et un septembre 1653. L'acte fut « inducé » c'est-à-dire confirmé, au prône de la grand'messe dite en l'église paroissiale de Saint-Martin, le premier novembre suivant. Le quatre du même mois, la cour de Rohan enregistrait l'échange. Aux termes du contrat, les intentions des fondateurs devaient être scrupuleusement observées ; bien plus, les prières pour le repos de leurs âmes, augmentées dans la mesure du possible.

Cependant la nouvelle église paroissiale assez grande, peut-être, pour les citadins, était bien insuffisante pour les contenir avec leurs voisins de Saint-Samson, Bréhan-Loudéac, Crédin qui de tout temps ont pris part aux offices de Rohan.

Un agrandissement de l'ancienne chapelle s'imposait, et le moyen le plus simple de l'obtenir, était d'annexer au sanctuaire deux bras de croix. C'est ce que firent les paroissiens.

Il fallait en outre une tour au sanctuaire. Dans le but de l'édifier, l'après-midi du 26 avril 1693 s'assemble le Général de Rohan. Il comprenait, suivant la règle : le corps des délibérants les 12 membres ordinaires plus un certain nombre de notables : missire Guillaume Loyer recteur de la paroisse, Jean Blanchart Sénéchal et seul juge de la juridiction de Rohan, Mathieu Amprou son procureur fiscal, maître Jean le Maître marguillier, Yves Blanchart... Ils agitent le projet de construire une chapelle et un dôme dans l'église paroissiale. « Veu le peu d'étendue qu'elle a, déclarent-ils, les paroissiens ne peuvent commodément entendre ni assister au divin service ».

La chapelle aura 24 pieds de long : la largeur et la hauteur de l'église ; la charpente sera en croupe rabattue, la maçonnerie de pierres communes et en bonne terre.

Cette annexe communiquera avec l'église, à l'aide d'un pilier en granit, destiné au support des sablières et de la charpente. La corniche et le pilier seront bâtis à chaux et à sable. Au fond de la chapelle, on disposerait une verrière et une porte vitrée.

On hésitait à élever le dôme, à l'extrémité méridionale de la chapelle, ou à l'intertransept. La première idée prévalut.

Les dimensions prévues pour le dôme étaient les suivantes : diamètre à l'extérieur : 15 pieds ; en dedans : 8 ; largeur des murs : 3 pieds ; hauteur jusqu'à la croix : 30 pieds [Note : En réalité la tour eut une hauteur de 34 pieds (12 mètres) depuis le sol jusqu'à la naissance de la flèche (voir rapport de M. Z. Richard, architecte à Pontivy, 5 avril 1841. — Arch. municip.)], La base de la tour aurait la forme d'une pyramide tronquée.

Une grande corniche décorée dans l'ordre toscan, doit servir de doubleau à la couverture du dôme. Ses quatre angles seront en granit, ainsi que la porte, la verrière et la corniche elle-même. Correspondant aux angles, quatre clochetons en bois donneront plus d'élégance à la rotonde.

Maître Armel Gourier, architecte et entrepreneur à Ploërmel, venait d'achever la construction du presbytère actuel de Saint-Samson (fin de l'année 1692). Le Général de Rohan le pria de dresser un plan et devis de ses travaux en projet. Il décida, au préalable, que tous les ouvriers seraient payés à la journée. Gourier viendrait deux jours, au moins, par semaine, surveiller l'entreprise, et recevrait pour son salaire quotidien, 35 sous. Avec les ouvriers on conviendra d'un prix ; l'argent leur sera remis par le fabrique de semaine.

Sans retard, commencent les travaux de la chapelle Saint-Louis. Dans les murs de fondation, on encastre une pierre en granit de forme carrée ; au milieu de cette pierre, l’ouvrier a tracé un ovale. Il porte, au centre, le monogramme du christ, et à la base l’année de la construction : 1693. Sur les côtés, en dehors de la figure géométrique, des lettres initiales rappellent, en latin, la piété des habitants. Elles signifient, croyons-nous : « Nomen Jesu sit honori burgensibus de Rohan », le nom de Jésus soit en honneur auprès des bourgeois de Rohan, ou ce qui serait plus conforme au style épigraphique : « Nomini Jesu Salvatoris hominum burgenses de Rohan (sous-entendu : ædificaverunt) : au nom de Jésus Sauveur des hommes, les bourgeois de Rohan édifièrent cette chapelle ».

A la fin d'octobre 1693, la maçonnerie de la chapelle était achevée, et la construction de la charpente adjugée aux enchères, le 3 novembre 1693, pour le prix de 18 #, à Guillaume et Olivier Jéhanno, le premier du village de Lindreuc en Crédin, l'autre du bourg de Saint-Samson.

A Pierre Richard de la Potinais en Saint-Samson, échut, également aux enchères, le marché de la couverture, à raison de 31 # 15 sols, avec les clauses suivantes : ardoises de bonne qualité ; sur le plein œuvre, à chaque ardoise : un clou et une cheville aux autres ardoises : deux clous, le tout fourni par les paroissiens, ainsi que le bois de la charpente ; paiement au commencement, au milieu, à la fin du travail, par sommes égales. En cas d'insuffisance des deniers de la fabrique, le trésorier en informera les ouvriers ; il aura à s'entendre avec eux.

Hélas ! L'argent allait bientôt manquer, et les travaux traîner en longueur pendant plus de deux grandes années.

« Messieurs les bourgeois, manants et habitants de la ville et paroisse de Rohan, représentés par leur Général, étaient assemblés pour traiter des affaires concernantes les biens et l'intérêt de leur église », le dimanche premier juillet 1696. La réunion eut lieu au prône, c'est-à-dire, à la postcommune de la grand'messe, dite en l'église paroissiale de Saint-Gobrien.

Le célébrant missire G. Loyer leur fait remarquer, « que la bourse de la fabrique était épuisée par la construction de la chapelle et dôme ». Il est urgent, ajoute-t-il, de trouver de nouvelles ressources, pour l'achèvement de cet ouvrage si nécessaire aux paroissiens.

Les raisons de leur pasteur bien pesées, les assistants se disent : « pour nous procurer de l'argent, nous allons demander au Grand Maître des eaux et forêts en Bretagne, l'autorisation de vendre les arbres des cimetières paroissiaux ».

Les « nobles soussignants » : G. Loyer recteur de Rohan et Saint-Gouvry, Amprou procureur fiscal, le Rouzic, Denis-Joseph le Mercier, F. Amprou procureur notaire, Y. le Maistre, M. de Villiers, N. le Maistre, donnent pouvoir à Yves Blanchart fabrique, d'écrire en leur nom.

En conséquence, ce dernier adressait, le dimanche 8 juillet 1696, la lettre qui suit :

Monsieur,
Grand Maistre des eaux, bois et forêts de la province de Bretagne,
« Vous remonstre très-humblement Maistre Yves Blanchart procureur de la juridiction de Rohan, à présent fabrique et trésorier de l'église paroisse de Rohan, évêché de Vannes, que Vénérable et discret Missire Guillaume Loyer, recteur du dict lieu, fist dimanche dernier, premier jour de ce mois, entendre au publique y assemblé, que la bourse de la fabrique de la paroisse, était épuisée pour la construction de la chapelle et dôme encommencez dans l'église de Saint-Gobrien leur paroisse, qu'il était nécessaire de trouver nouveaux moyens pour continuer cet ouvrage ; sur quoi il fut délibéré dans l'endroit, par le général des paroissiens, de vous exposer, Monsieur, qu'il y a dans les cimetières de leurs églises, particulièrement de celui de Saint-Martin, plusieurs sortes de bois inutiles, même incommodes aux couvertures et murailles par leurs dégoûts, et incapables de servir à aucuns édifices soit royaux soit autres, comme n'étant que fouteaux, fresnes, iffes, et meschants chesnes, et de vous demander, sous votre bon plaisir, pouvoir et permission de les abattre et vendre, pour l'entière construction de cet ouvrage, paiement des matériaux et ouvriers qui y travailleront, et pour faire les autres réparations requises et nécessaires aux dites églises. Ce considéré, vous plaise, Monsieur, voir l'extrait de la délibération des paroissiens du dict Rohan, et en conséquence nous accorder le pouvoir et permission d'abattre et vendre les dicts arbres inutiles et d'en disposer pour le service ci-dessus exposé, par offre que font les dicts paroissiens, d'en planter d'autres, si besoin est, suivant leur dite délibération, et ferez bien. ? Y. BLANCHART ».

J. de Pierry accorda au général de Rohan, l'autorisation d'abattre dans le cimetière de Saint-Martin, 30 pieds d'arbres « les plus sur le retour ». Dans la permission, il était stipulé que le produit de la vente serait employé à la destination marquée par la requête ; à la place des arbres abattus, les paroissiens en planteraient 60 autres ; la demande et licence seraient enregistrées au greffe de la maîtrise des eaux, bois et forêts à Vannes.

Enfin le dôme est construit : reste à le couvrir.

Le 12 mai 1697, missire Loyer, le moment du prône venu, expose à ses paroissiens, la nécessité de construire la charpente du dôme. Il demande leur avis : s'il faut faire le travail par adjudication aux enchères, ou par un bail conventionnel. D'une voix unanime le général répond qu'il vaut mieux traiter à forfait, et donne plein pouvoir au trésorier pour conclure le marché.

Une église sans cloches, est un corps sans voix ; une église où ne parle qu'une cloche, semble un monument incomplet.

Le dimanche 6 janvier 1699, missire G. Loyer, à l'issue de la grand'messe, demande à ses paroissiens des cloches. Leur place naturelle se trouve dans le dôme qui vient d'être achevé. Le pasteur dit à ses ouailles, combien utiles et même nécessaires, sont les cloches au service divin. Comme les deux de Saint-Martin sont cassées, il serait bon de les faire descendre et refondre ; on monterait la cloche de Saint-Gobrien à leur place, dans le clocher de la chapelle. Missire Loyer en a avisé Mgr l'Evêque de Vannes (Monseigneur François d'Argourges) et ses grands Vicaires ; ils ont donné leur approbation au projet, moyennant le consentement des paroissiens.

Missire Guillaume Colin, prêtre habitué à Rohan, et les bourgeois présents, après avoir mûrement réfléchi et délibéré avec le Général, se rangent à l'avis de leur pasteur : les deux cloches de Saint-Martin seront refondues avec le timbre de l'horloge de l'auditoire, et leur poids augmenté.

Les cloches une fois montées dans le dôme, on fixera sur la plus grosse, les mouvements de l’horloge.

Les paroissiens chargent le trésorier de la fabrique, Maître Pierre-François le Page, de passer un contrat avec Maître Michel Cossé, fondeur en la ville de Dinan, aux conditions suivantes : l'acheteur paiera 3 sols et demi la livre de vieux métal mis en œuvre, et le nouveau 19 sols au poids de 16 onces, ainsi qu'il a été convenu verbalement au prône de la grand'messe.

Ont signé : Blesteau, Pierre Lepage, J.-B. Blanchart, Blesteau, Connan, M. Amprou procureur fiscal, F. Amprou, le Rouzic, G. Loyer recteur, M. Collin, le Maistre, Blesteau, Jean Bazin, Jean Blanchart sénéchal. Ce dernier a fait précéder sa signature de cette note : comme sénéchal de cette ville et juridiction, je suis d'avis que la présente délibération soit exécutée.

L'église de Rohan était loin d'être riche. Aussi le recteur se voyait-il souvent dans l'obligation de faire appel à la charité de ses paroissiens. « Il n'y a plus deniers à la fabrique, disait-il au prône du dimanche 23 août 1699, et cependant il y a nécessité pressantes d'éliger de l'argent pour le paiement des cloches posées au dôme, et réparations urgentes ».

Or, demoiselle Françoise Georget, veuve de maître Jean Guillot, notaire, sr de Kermaprézo, a mis « par un devoir de piété », entre les mains du précèdent fabrique, un billet de 270 livres sur feu missire Yves y Bernard, prêtre. Le pasteur de Rohan donne lecture de ce legs pieux à ses paroissiens. Ils l'acceptent avec le plus vif plaisir. Puis ils chargent maistre Jean-Baptiste Guillot, trésorier de la fabrique, de recouvrer cette somme à moindres frais possibles, « et sa conscience comme bien d'église ». La fabrique ne lui paiera que ses frais de voyage et encore sur présentation de son mémoire. Mais comme le Général a eu connaissance, que plusieurs héritiers de missire Bernard — relevant de diverses juridictions — sont en procès, au sujet de la succession, il prie maistre Guillot, de se pourvoir en la Cour, pour réglement de compte, et de conférer de temps à autre, avec les paroissiens, de l'état du procès.

Il était encore pendant en juin 1707, lorsque missire Benoît Guédon, recteur de Moréac, l'un des héritiers, proposa pour terminer le différend, la somme de 150 livres, pour tout dû en principal et accessoires à la fabrique de Rohan. Le Général accepta, et ainsi prit fin le litige.

Revenons en arrière. Les cloches sonnaient au dôme de leur église paroissiale, mais les Rohannais ne les avaient pas entièrement payées. En présence du Général assemblé le dimanche de Quasimodo 1700, le trésorier dit à missire Loyer : « il reste à payer, le premier mai prochain, à maître Michel Cossé, 500 livres, et je n'ai deniers en main ! ».

Le recteur annonce la nouvelle au prône. Les paroissiens décident alors que le trésorier en charge ou son successeur, sollicitera du Parlement, l'autorisation de lever une imposition de 600 livres sur la paroisse, pour payer le fondeur et les frais d'homologuement. A cet effet, ils délèguent pleins pouvoirs à maître Yves Blesteau, procureur en la Cour ducale de Rohan. Lui-même désignera, une fois obtenue l'autorisation, les égailleurs pour faire la répartition de la somme.

Le 25 août 1701, assemblée du Général de Rohan à la sacristie. Missire Loyer parle en ces termes : « il est nécessaire d'avoir des mouvements d'horloge frappant sur la grosse cloche du dôme de cette église, pour le règlement du service divin, la commodité des habitants de la ville, des commerçants et étrangers qui viennent aux marchés. Enfin plusieurs particuliers en ont témoigné le désir. Aussi a-t-il cru qu'il était de son devoir charitable et pastoral, d'en faire la présente remontrance, au Général de cette ville et paroisse, au post-commun de sa grand'messe, dimanche dernier ».

Les paroissiens trouvent parfaitement justes les observations de leur pasteur, d'autant qu'ils ont expérimenté les avantages de l'ancienne horloge placée au dôme de l'auditoire. En conséquence, ils sont unanimes à demander ces mouvements d'horloge « capables de jouer et sonner une heure et demi-heure, sur la grosse cloche du dôme, avec un cadran et des aiguilles à l'extérieur ».

Les Rohannais achetèrent leur horloge à René Nayl, maréchal et horloger à Saint-Servant, près de Josselin, pour la somme de 120 livres payables : 40 en rapportant l'acte du marché, 40 deux mois après, au moment de placer l'horloge, enfin 40 au bout de deux mois, à titre de garantie. Les paroissiens donnent procuration à H. H. Julien Maumissard, pour passer l'acte en bonne et due forme.

Signent trois prêtres : G. Loyer, G. Sablé, Athanase le Moyne de Talhoët. — En outre : Jean Blanchart sénéchal, Mathurin Amprou procureur fiscal, Blesteau, le Maistre, de Villiers ; le Rouzic est requis de signer pour les paroissiens ne sachant le faire.

Dans une autre séance, le dimanche 9 juillet 1702, le Général arrête qu'il sera versé 12 livres par an, à Jean Dinan « secrétaire » pour régler l'horloge.

Les recteurs de Rohan depuis 1653, avaient travaillé à agrandir et orner l'antique chapelle de Saint-Gobrien, devenue église paroissiale. Mais, située dans un fond, basse elle-même, entourée de maisons qui l'encerclaient et la masquaient, son aspect était plus que modeste. Ils avaient, la même année 1653, acquis par contrat d'échange, le terrain du cimetière ; seulement dans la suite, ils ne l'avaient point clos entièrement de murs.

Un cabaretier, Jean le Mouel, avait une maison près du sanctuaire, et une porte dont il entendait se servir, distante seulement de onze pieds, de l'entrée de l'église. Il soutenait, en outre, avoir droit de passage dans le cimetière, pour desservir une écurie dépendante de sa maison.

Qu'arrive-t-il ? Les bestiaux entrent dans le cimétière, même dans l'église, y « commettent des indécences, deshonorent le saint lieu ».

Le 22 mai 1707, le recteur missire Alexis-Joseph le Belliguet, se plaint dans son prône, d'un pareil état de choses ; il rappelle, à ce sujet, plusieurs ordonnances de Monseigneur l'Evêque de Vannes.

Sur les instances du Général, le Mouel offre de reculer aussi loin que possible, la porte de sa maison, d'enclore le cimetière, d'y mettre des barrières à clef, et de les entretenir, lui, ses ayant cause et descendants, sans déroger à ses droits et prétentions.

Mais voici que les anciens fabriques se présentent, soutiennent avoir le droit de clore absolument le cimetière, et de veiller « à la révérence due aux saints lieux ».

La porte en question, riposte le Mouel, est l'ancienne « serte » de sa maison. Il peut le justifier par acte et titre.

Pour éviter un procès, les parties acceptent l'offre de le Mouel, de fermer la porte actuelle, d'en pratiquer une nouvelle, au haut de son écurie, devant le dôme de la chapelle Saint-Louis. Il établira une barrière fermant à clef ; à l'un des bouts les plus commodes, il fera mettre un pavé pour le passage du public, afin d'éviter la continuelle ouverture de la barrière.

Au surplus, le Mouel construira, à ses frais, un pan de mur allant du jardin de la demoiselle le Pré, jusqu'à l'avis du second angle du dôme. Là, on élèvera une barrière comme la précédente, avec à côté, un pal commode. Ces deux barrières seront faites, à l'instar de celles du cimetière de la Chèze. Le Mouel et ses héritiers auront la charge de les entretenir, mais non le pan de mur. Il ne pourra utiliser que pour la vue, les deux fenêtres de sa maison qui donnent sur le cimetière.

Faute de remplir ces obligations, le Général saura se pourvoir contre lui, par les voies de droit. En tant que besoin, un acte authentique de cette convention, sera dressé par devant notaires, aux frais de le Mouel ; il en délivrera deux copies : l'une aux paroissiens l'autre au procureur fiscal.

Signé : Alexis-Joseph le Belliguet recteur de Rohan, M. Amprou procureur fiscal, le Maistre avocat à la Cour, Yves Desgrées greffier, Hervizo, G. Sablé prêtre, etc...

Suit l'acceptation de le Mouel ; nous la reproduisons intégralement :
« En tesmoing de quoy je signé arohan ce dit jour ving deussiesme may mil cet cent sep intelligné quy sont deux feunestre existante, et dont je ne pouray servirre par le cimetiere, sinon pour ma veüe seulement, ancienne, et quy demeureront dans l'estat où elle sont. Approuvé : Jean LE MOUEL ».

L'humble église de Rohan, au lendemain de la tourmente révolutionnaire, avait un besoin urgent de réparations [Note : Registres des délibérations de la fabrique (1811-1842, pages 28, 29]. Dans sa séance du 3 avril 1814, le conseil de fabrique, décide que la sacristie sera plafonnée, parquetée et garnie d'une boiserie.

Les deux chapelles de l'église paroissiale, sont dans un état de complet délabrement. Le 3 octobre 1819, la fabrique s'adresse à la municipalité, pour l'aider à restaurer ou reconstruire l'aile gauche : la chapelle du Rosaire. Ses murs penchent considérablement vers la rivière d'Oust, qui passe à ses pieds ; son lambris en plusieurs endroits, sous l'effort de la poussée, vient de s'ouvrir, ainsi que la colonne en pierres qui sépare cette chapelle de la nef. La charpente elle-même cède au poids et à la pente.

Dans la chapelle Saint-Louis, à l'aile droite, le lambris et l'escalier de la tour, tombent en ruines.

A cause du manque de ressources, en 1828 seulement, fut réédifiée la chapelle du Rosaire. A la même époque, on érigeait une petite annexe extérieure au pignon nord-ouest, pour servir de fonts baptismaux, et la nef était agrandie.

1822. L'église Saint-Gobrien s'enrichit d'une cloche « Marie-Denise », du nom de son parrain Denis-Mathurin Rolland Desaunays, président de la fabrique, et de sa marraine Marie-Louise Muy de Blé, veuve Cordier.
1827. Achat d'un autel.
1843. Pavage en granit de la chapelle Saint-Louis.
1868. Elargissement de la porte principale de l'église, pour permettre le passage du dais [Note : L'église de Saint-Gobrien construite en petit appareil, était de style roman. De petites fenêtres évasées à l'intérieur, éclairaient le sanctuaire. Çà et là apparaissaient dans l'édifice quelques vestiges de l'ancien château de Rohan. De l'ancienne église il reste une partie de la tour, environ six mètres de hauteur].

A la fin du dix-neuvième siècle, la pauvre église de Saint-Gobrien, faite de pièces et de morceaux, disait assez par elle-même aux Rohannais : « Bâtissez un autre temple qui soit plus digne de la majesté divine ». Les paroissiens entendirent sa supplique.

A Pâques 1895, on creusait les fondements de la nouvelle église ; le 29 avril 1897, elle était bénite et livrée au culte. L'année suivante, on démolissait la vieille église Saint-Gobrien. Ses pierres de granit furent conduites dans le cimetière paroissial, où elles attendent le moment d'être utilisées pour la reconstruction d'une chapelle Saint-Martin, plus belle que celle qui existe actuellement.

Quant à la nouvelle église paroissiale dédiée à Saint-Gobrien, elle fut construite de 1894 à 1897 par les soins de Messieurs René Ménard, architecte, et Edouard Doublé, entrepreneur, tous les deux de Nantes. Le montant prévu des travaux d'après les plans et devis s'élevait à 61.055 fr. 42, déduction faite des honoraires de l'architecte. Un rabais eut-il lieu à l'adjudication ? Nous l'ignorons.

La fabrique se réservait de fournir les moellons ordinaires, les bois de chêne du pays et les charrois des matériaux du quai du canal à pied d'œuvre suivant les prix portés au bordereau.

L'édifice est bâti dans le style ogival moderne. On accède à la porte d'entrée principale par un double escalier en granit.

La façade et le clocher sont les parties intéressantes de l'édifice. Le portique et le tympan qui le surmonte et sur lequel est sculptée l'image de la Sainte Trinité, ont une réelle valeur artistique.

Le clocher inachevé domine légèrement le faîtage de l'église.

Les murs à l'exception des ouvertures et d'un cordon en granit sont en moellons shisteux du pays ; à l'intérieur, pierres blanches de Saint-Savinien et de Saint-Mesme.

Le sanctuaire ne possède qu'une nef ; au fond du vaisseau tribune avec arcade.

Les fenêtres larges, géminées, à leur partie supérieure portent un quatrefeuilles qui se retrouve dans le transept et au choeur.

Le chœur présente une forme rectangulaire. Deux verrières l'éclairent, représentant l'une les Rohannais au pied de la Madone, l'autre l'apothéose de Saint Gobrien : peintures fines, délicates de M. Lorin, de Chartres. On aimerait toutefois à y voir une teinte plus foncée, une plus grande richesse de coloris, le velouté de nos vitraux moyennageux. Au-dessus deux rosaces aux armes des Rohan. Des grisailles ferment les autres fenêtres.

Le maître-autel en bois sculpté dans le style ogival de la première période, est un don des moines de Thymadeuc, et provient de leur ancienne chapelle abbatiale.

L'église de Rohan légèrement trop basse, est plutôt un édifice de perspective. Vu des hauteurs avoisinantes, ce sanctuaire offre un aspect gracieux et un point agréable dans le décor de la ville, du côté de l'occident.

(P. Martin).

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