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Historique de la chapelle Saint-Martin à Rohan.

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Historique de la Chapelle Saint-Martin.

Nota : Voir pour ce chapitre : Archives municipales (liasse des vieux titres), les registres de la fabrique et notre ouvrage : Assemblées pronales dans les églises de Bretagne au Moyen-Age et à la Résolution.

D'abord prieurale, elle devient ensuite église paroissiale et de nouveau simple chapelle, à partir de 1653.

Nous avons vu Alain vicomte de Porhoët fonder, à la porte de son château de Rohan un prieuré, donner le terrain pour y construire la chapelle et le cimetière de Saint-Martin, en faveur des religieux de Marmoutiers (1127). Sous le vocable du grand évêque de Tours leur patron, fut placé le nouveau sanctuaire, secondairement, croyons-nous, sous le patronage de Notre-Dame de Bon Secours. Vraisemblablement deux moines le desservirent. Ils étaient à la fois chapelains du vicomte, et affectés au ministère religieux dans le voisinage.

Plus tard, au XIVème siècle, avant 1330, la chapelle prieurale devint église paroissiale. Durant le XIVème siècle, elle dut être sécularisée et son administration enlevée aux moines de Saint-Martin.

A l'origine Rohan eut un vicaire perpétuel. Au nom du prieur de Saint-Martin de Josselin, il dirigeait la paroisse.

Pendant le moyen-âge et plus tard, à certains jours, les dimanches et fêtes, au prône de la grand'messe paroissiale, c'est-à-dire après la postcommunion, le clergé et les notables de la paroisse — tel un parlement.

Au petit pied — s'assemblaient dans les églises, à l'effet de délibérer sur les affaires religieuses ou mixtes, rarement temporelles. Au cours de ce chapitre, nous parlerons de quelques réunions pronales tenues dans la chapelle de Saint-Martin.

Le vicaire perpétuel de Rohan « était élu à la pluralité des voix des habitants de la ville et paroisse de Rohan, en son église de Saint-Martin, sous le bon plaisir et approbation de Monseigneur l'évêque » (Archives municipales. Liasse des vieux titres).

L'élu, sans doute, était présenté par l'abbé de Marmoutier à l'Ordinaire qui lui donnait ses lettres de provision.

Comme il nous serait agréable de nous étendre sur ces assemblées ! Le malheur est que les archives municipales ne nous fournissent, à ce sujet, qu'une simple notice. Mais sans effort d'imagination, on peut situer l'événement. Durant les préliminaires de ces élections, s'il y avait moins de beuveries et de pression que dans nos luttes électorales actuelles, que d'agitations néanmoins, d'influences diverses en faveur du candidat ou contre lui ! Et dire que le nouvel élu accablé d'éloges ou de blâmes pendant la période électorale, n'avait pas encore l'heur de contenter, le vote émis, tous les paroissiens et son père !

Une singulière assemblée eut lieu dans l'église de Saint-Martin le 15 octobre 1542. Son objet ? Un accord passé entre ses paroissiens et le recteur de Rohan. Nous allons en donner le procès-verbal in-extenso avec un résumé explicatif : « Pou... (Pour ?) accord ? nouveau venu à cognoessance de Pierre Baron et Julian de Remungol, Jéhan le Page dit Clergan (Clergan, petit village de la commune de Crédin), Guillaume Brizonart, Alain Brizonart, Guillaume le Rouzic, Vincent Hervé, Colas [Note : Diminutif de Nicolas] Busson, Julian Busson, Jehan Marquer, demoiselle Jehanne de Bréhant veuve de feu Vincent de la Chasteigneraye sr du dit lieu en son vivant, en son nom et garde de son filz, Guillemette Jégorel veusve de feu Jehan le Doue, Jehanne Busson femme Françoys Jégo, Jehanne Guéguen femme Anthoine Michart, Guillaume Alio, Jehan Légal, François Brantrill, Yvon Jéhanno, Mathelin [Note : Petit Mathurin] Labour, Jehan et aultre Jehan les Pedrons, Pierre Roumain, Vincent Marquer, Jehan Labour, Guillaume Michart, Guillaume Jehan, Olivier Jégo, Jehan Frèlo, Jehan Lasure, Guillaume Guéguen, François Poullain, et chacuns parouessians de la parouesse de Rohan, Jehan Lepage clerc, Allain Mando et chacun ou aultres aussi parouessians du dict Rohan, avoir, au moys de septembre dernier an présent mil cinq cens quarante et deux, obtenu en la chancellerie de ce pays, à instance des dicts parouessians de Rohan, lettres et mandement par lequel il est mandé adjourner, à terme competant, comparoir au conseil de ce dict pays, missire Pierre Nycollas recteur du dict Rohan, ses vicayres et comys pour estre ouyz sur le donné à entendre par le dict mandement contenant : iceulz parouessians debvoir jouir et percepvoir le revenu de la chappelle de Sainct Gobrian sise en la dicte parouesse de Rohan, une des deux [Note : Nous croyons — pour que la phrase soit intelligible — qu'il est nécessaire de supprimer le mot : « deux » : d'ailleurs, au XVIème siècle, les scribes, au lieu de raturer un mot, se contentaient parfois de mettre à la suite : « c'est... » ou simplement, sans aucune addition, le terme voulu, si l'erreur était évidente. Le sens est donc ici : « le tiers du revenu »] tierces parties du dict revenu, le tout duquel le dict recteur ou ses vicaeres s'avançoint prandre. Et le dict mandement faict intymer au dict Nicollas, et iceluy adjourné pour sur le dict contenu estre ouy procéder, et respondre les dicts parouessians comme appartiendroit.

Au terme duquel adjournement, auroint les dicts le Page, Mando et chacun ou aultres, au moyen d'une lettre de procuration avoir esté grée et consenty par les dicts parouessians, procéder au nom des parouessians en général et à la soustenance ? du dict mandement, fourny allégances vers le dict recteur et icelles partyes appointées s'entre fournir leurs escriptures dedans certain temps leur lymité pour, au terme ensuyvant, convenir concluttes ainsin qu'est rapporté par le proceix de ce entre eulx, enssuy du dict Conseil le cinquiesme jour d'octobre présent moys, signé de Carouys secrétaere. Pourquoy pourroint les dictes partyes tourner en grande involucion de proceix et en iceluy soubz le nom universel des dicts parouessians estre comprins les dessurnommez en première instance ce que disent n'avoir entendu ny entendent en manière qu'ils pourroint tomber en inconvenantz fraiz et mises, combien que n'ayent entendu intenter ny entendent poursuivre le dict proceix, pour à quoy obvier se sont comparuz devant nous notayres et passeurs soubz scriptz de la cour de la Chèze, (à laquelle cour les dictz nommez se sont soumis quant à ce, eux et leurs biens et par leurs sermenz prins), au prosne de la grand messe dicte et célébrée en l'église de Monseigneur Sainct Martin au dict Rohan, ce jour de dymanche quinziesme jour d'octobre, l'an prédict mil cinq cenz quarante et deux, les parouessians d'ycelle parouesse, et comme sont la plus maere et sayne part des dicts parouessians y congrégez pour ouyr le dyvin service et disposant de certains aultres leurs négoces et affayres, les dicts Baron de Remungol, le Page dict Clergant, Brizonnartz, le Rouzic, Hervé, les Bussons, les Marquers, Jehanne de Bréhant et au dict nom Guillemette Jégorel [Note : On disait d'abord au pays de Rohan ; Jacquorel petit Jacques, diminutif qui devint plus tard Jégorel], Jehanne Busson, Jehanne Guéguen, Alio, le Gal, Brantrill, Jehanne Labourier, Pédronz, Roumain, Michart, Jehan Jégo, Fréto, Lasure, Guéguen, Poullain et chacun quels un ammenant l'un amprès l'autre, ont dict, déclaré et expressément protesté en présence des autres parouessians du dict Rohan, ne vouloir conduyre le dict proceix contre le dict Nycollas, et n'entendre poyer aulcuns deniers au moyen de quelque taillée qui espoir quant à la poursuite du dict proceix surmencionné, pourroit estre myse et imposée sur les dicts parouesssians, ne à icelle ensemble aux poyemenz des despens, dommages et interestz qui par l'yssue du dict proceix, pourroint estre adjugez au dict recteur contre iceulx parouesssians, nullement contribuer.

Et ainsin l'ont voullu et juré par leurs sermenz, et promis jamais n'aller ny venir au contraire en aucune manière. De tout quoy nous ont demandé le présent acte, pour leur servir où et quand mestier sera, les dicts lieu, jour et an que dessus. J. DE QUENGO. - J. DE BRÉHANT ».

RÉSUMÉ EXPLICATIF.

Au mois de septembre 1542, dans la cité Rohannaise régnait une grande agitation. Si une nouvelle se répand comme une traînée de poudre, une affaire de quelque importance passionne vite les esprits dans une petite ville. Là une question était à l'ordre du jour : des paroissiens hommes et femmes réclamaient à leur recteur, le tiers des oblations faites à Saint-Gobrien dans sa chapelle. Le Pasteur Missire Pierre Nycolas n'entendait point de cette oreille, et voulait conserver ses droits.

L'abbé Jehan le Page prend le parti de ses compatriotes. Le mécontentement grandit ; impossible de s'entendre ; un procès s'engage. Les paroissiens élisent pour leurs procureurs Missire le Page et Alain Mando. Sur les instances de leurs commettants, les deux mandataires obtiennent en la chancellerie de Bretagne [Note : Le Parlement de Bretagne] (septembre 1542) lettres et mandement pour citer à « comparoir au conseil de ce pays », Missire Pierre Nycolas, ses vicaires et commis |Note : Les commis du recteur dans la circonstance, doivent être les trésoriers de la fabrique ?]. Les juges au tribunal de première instance [Note : La cour de Pontivy immédiatement supérieure à celle de Rohan], décident par arrêt du 5 octobre de la même année 1542, que les parties auront à fournir dans un temps fixé, leurs écrits et preuves à la justice, afin que ses représentants puissent, dans une audience ultérieure, tirer leurs conclusions.

Pour éviter un long et dispendieux litige, « des inconvenants frais », les adversaires conviennent d'un accord. Le dimanche 15 octobre 1542, les paroissiens font amende honorable à leur Pasteur, au prône de la grand'messe paroissiale, et lui reconnaissent le droit de percevoir les oblations de Saint-Gobrien.

Représentons-nous cette petite assemblée des nobles habitants, citoyens et bourgeois de Rohan [Note : Titres donnés aux habitants des villes avant la Révolution de 1789] dans leur antique église paroissiale de Saint-Martin. Hommes et femmes défilent successivement dans le sanctuaire « un ammenant l'un amprès l'autre ».

Parmi les paroissiens on remarquait Jehanne de Bréhant veuve de Vincent de la Châteigneraie, Guillemette Jégorel veuve de feu Jehan le Doue, Jehanne Busson femme de François Jégo, Jehanne Guéguen [Note : On dit aujourd'hui Guégan] femme Antoine Michart, Jehanne Labourier.

Les femmes en général : vieilles filles, veuves et autres mues par une piété souvent sincère, se préoccupent non rarement de l'administration des paroisses. Les susnommées, à l'instar des hommes en présence de tous les paroissiens, prennent la parole dans l'église, déclarent avec protestation expresse, qu'elles se refusent à continuer le procès intenté à leur Pasteur, à payer aucuns deniers levés dans l'avenir par tailles extraordinaires [Note : A ces impôts on donnait le nom de taillées], à contribuer au paiement des dépenses, dommages et intérêts qui pourraient être adjugés à leur recteur.

L'acte d'accord fut passé devant les notaires de la Chèze. Pourquoi pas ceux de la Cour de Rohan ? Peut-être, dans la circonstance, n'entraient-ils pas dans les vues d'une entière soumission au chef de la paroisse ?

Au milieu du XVIIème siècle, l'église de Saint-Martin menaçait ruine. Restaurée en 1646, les Rohannais l'abandonnèrent néanmoins vers 1653. Pour quelle raison, nous l'ignorons. A cette époque, la chapelle Saint-Gobrien devint l'église paroissiale. A l'ombre de ses murs, on créa un nouveau cimetière, qui fut délaissé, à la Révolution, pour l'ancien cimetière de Saint-Martin.

Un aveugle sectarisme allait renverser durant la période révolutionnaire, ce sanctuaire vénérable. Le 8 germinal an II (28 mars 1794), la municipalité de Rohan arrête qu'il sera procédé, le 15 du mois suivant, environ les deux heures de l'après-midi, à la vente aux enchères de tous les matériaux de la chapelle Saint-Martin, les fers des vitraux exceptés, après bannies faites les décadi et primidi venants [Note : Le 25 septembre 1793, le Comité de Salut Public avait ordonné que le fer des églises et des chapelles fût employé à la fabrication des fusils].

Au jour fixé, eut lieu la vente. A ce sujet, les municipaux prirent la délibération suivante :
« Du quinze floréal an second de la République [Note : 4 mai 1794] française une et indivisible, les citoyens Nicolas-Etienne Lorant maire, Mathurin Fuméliaud, Pierre le Texier, Marc Malliaud, Jean Raulet, Jean Audrin notables. Louis-François Conan agent national présent a dit qu'en vertu de l'arrêté ci-dessus du 8 germinal, de bannies faites en conséquence du onze de ce mois, répétition à Loudéac, le quatorze de ce mois, a été procédé à la vente de la chapelle et porchet de Saint-Martin. Et au préalable, les conditions ont été réglées comme ci-après :
1° L'adjudicataire enlèvera tous les matériaux sous deux ans, si ce n'est ceux qu'il ne voudra prendre.
2° Il paiera le prix de son adjudication avant de pouvoir rien enlever, ensuite tous les frais de bannie et de vente.
3° La démolition se fera au moins endommageant possible »
.

Sur le champ, à la demande de l'agent national, on procède à l'adjudication.

Le citoyen Mathurin le Malliaud, ex-chartreux d'Auray, met .... 200 #
— Julien-Marie Gambert, ancien procureur de la juridiction de Rohan et marchand d'étoffe ....... 300
— Joseph Audrin, officier de santé. .... 350
— Jean-Marie Le Maître, greffier de la justice .... 400.

Le citoyen Pierre Le Texier, marchand de tabac, de sabots, etc .... 500 #
— Joseph Audrin ........ 510
— Joseph Jouet, commerçant, époux de Mathurine le Malliaud, sœur du moine apostat........ 550
— Pierre-Ambroise Rolland Desaunays, marchand de vin....... 600
— Mathurin Fuméliaud, marchand...... 650
— Pierre le Texier ........ 800
— Marc le Malliaud, charron, frère de Mathurin ....... 850
— Pierre le Texier ......... 900
— Mathurin Fuméliaud ........... 1000
— Marc le Malliaud .......... 1025
Et comme aucun enchérisseur ne s'est présenté, la chapelle a été adjugée à Marc le Malliaud de Rohan.

Signent : P. le Texier notable, J. Houédin, Raulet notable, Olivier le Roc notable, Jean Audrin notable, Conan agent national, Lorant maire, M. Fuméliaud notable, M. le Malliaud notable, Guillot secrétaire, Julien Doublet, M. Rolland.

Bien que tous les enchérisseurs eussent acquis leur domicile à Rohan, plusieurs d'entre eux étaient d'origine étrangère à la cité. Julien Gambert venait de Pleugriffet, Joseph Audrin de Saint-Caradec-Loudéac, Pierre le Texier de Plumieux (Côtes-du-Nord, aujourd'hui Côtes-d'Armor), Rolland Desaunays de Saint-Thélo, même département. De plus, le moteur de cette vente sacrilège montre le bout de l'oreille : c'est le moine apostat le Malliaud. Le premier il offre une mise à prix ; c'est à son instigation, qu'agissent les membres de sa famille, c'est à son frère Marc qu'échoit l'adjudication. L'opinion, alors et dans la suite, l'accusa d'avoir été le principal fauteur de la démolition de la chapelle.

En ce jour, du 15 floréal an II, les bourgeois Rohannais se montrèrent les tristes émules des Jacobins les plus avancés c'est-à-dire les plus franchement imbéciles, les dignes quoique bien obscurs précurseurs des Allemands qui ont détruit l'université de Louvain, incendié les cathédrales de Reims, Soissons, Arras... Cependant chez les notables Rohannais la peur plus que l'impiété avait enfanté la haine destructive et barbare. Oui, la peur d'être traités, comme on disait à l'époque, de calotins et de fanatiques, car nous verrons, à l'instant, ces mêmes enchérisseurs et leurs familles pressés par le remords, travailler à la réédification du sanctuaire démoli.

L'ordre et le culte rétablis après la Révolution, les Rohannais n'eurent rien de plus à cœur que leur chapelle reconstruite. Celui qui s'employa avec le plus d'ardeur à cette œuvre, fut Denis-Mathurin Rolland Desaunays [Note : Fils de Pierre-Ambroise, l'un des enchérisseurs de la chapelle (voir plus haut l'adjudication)], maire de Rohan et commissaire pour le rétablissement de la chapelle. L'un de ses collaborateurs Pierre-François Cordier était chargé de recevoir les offrandes dédiées à Notre-Dame de Bon Secours.

La chapelle venait d'être reconstruite [Note : Elle fut reconstruite avec les pierres du château de Rohan]. Dans sa séance du 5 avril 1814, le conseil de fabrique, sur le rapport du maire Rolland Desaunay, prit les arrêtés suivants :
1° Les statues de saint Martin et de Notre-Dame de Bon Secours seront reportées dans la chapelle à la place qu'elles occupaient anciennement.
2° La chapelle sera bénite par M. le Curé de Rohan, après autorisation de Monsieur l'Evêque.
3° La bénédiction aura lieu, le 17 mai suivant, jour de la Pentecôte, si Monsieur l'Evêque le permet ; le lendemain on y chantera la messe.
4° Tous les ans, il sera célébré en faveur des personnes qui ont contribué au rétablissement de la chapelle, deux messes : le lendemain du pardon de Notre-Dame de Bon Secours et le jour de la fête de Saint Martin. Elles seront payées par la fabrique de Rohan, si MM. les Curés l'exigent
5° Le jour de la Fête-Dieu, la procession se rendra comme jadis, à la chapelle Saint-Martin. On y prendra la statue de Notre-Dame de Bon Secours, pour la porter processionnellement à l'église Saint-Gobrien. Là elle sera exposée pendant l'octave de la Fête-Dieu. Le dimanche suivant, jour du petit sacre, on la reportera en procession dans sa chapelle.
6° La veille du pardon de Notre-Dame de Bon Secours : vêpres dans la chapelle Saint-Martin, procession dans l'intérieur du cimetière, conformément à l'ancien usage. Le jour du Pardon, on y chantera grand'messe et vêpres. La procession aura lieu immédiatement après la messe, d'après également l'ancien usage. Levée à Saint-Martin, elle prendra fin au même sanctuaire, après s'être reposée dans l'église paroissiale et avoir suivi le grand parcours..
7° Le lendemain de la fête de tous les saints, l'office des morts sera célébré à Saint-Martin, attendu que le cimetière de la paroisse s'y trouve maintenant.
8° Tous les seconds dimanches du mois, on chantera grand'messe et vêpres dans la chapelle [Note : Cet arrêté est depuis longtemps oublié, si jamais on l'observa].
9° En mémoire de sa reconstruction, on y dira une messe chaque année, le lundi de la Pentecôte. Les personnes qui ont le plus contribué à sa restauration, seront recommandées aux prières des fidèles.
10° Le Conseil de fabrique arrête de soumettre la présente délibération à l'approbation de Monsieur l'Evêque de Vannes, lors de son passage dans la paroisse, ainsi qu'au Conseil municipal de la commune. Provisoirement, elle sera mise à exécution, si Monsieur l'Evêque donne son agrément à la bénédiction de la chapelle, avant sa venue à Rohan.

Fait et arrêté au presbytère de Rohan lieu des séances de la fabrique, les dits jour et an.

ROLLAND maire. CORDIER. LE PIOUFLE curé. Pierre MACÉ. F. COBIGO. LE VACON.

Le conseil municipal, le 2 mai 1812, et l'évêque de Vannes en visite pastorale, dans la paroisse, le 4 juillet 1815, approuvaient la délibération ci-dessus.

En 1812 les Rohannais offrirent une cloche à la chapelle Saint-Martin. Parmi les donateurs figuraient Mathurin Fuméliaud, Mathurin Chéreux, Joseph Jouet, Jean Raulet, Joseph Audrin, Marc le Malliaud, l'ancien acquéreur.

Cette cloche fut bénite, le 21 mars 1813, par le curé de Rohan, M. le Pioufle, accompagné de M. Fiacre Ménager, desservant de Crédin. Le parrain fut Julien-Marie Gambert, notaire impérial, la marraine Marie-Jeanne Chapel, dame Rolland Désaunays. Assistaient à la cérémonie :

MM. Rolland Desaunays, maire de Rohan, Hanry du Quengo, juge de paix du canton, René le Vacon, adjoint au maire, François Cobigo, Président de la fabrique, Pierre-François Cordier, trésorier de Notre-Dame de Bon Secours, Joubier, desservant de Saint-Samson, du Kercron, Marie-Louise Muy de Blé, Sainte Kergrohen.

En 1814 la fabrique construit un porche à la chapelle à l'emplacement de l'ancien [Note : La chapelle a été rebâtie à la place de l'ancienne. La fontaine de Notre-Dame de Bon-Secours se trouve à 100 mètres environ au sud-ouest du sanctuaire, en bordure de l'ancien chemin de Rohan à Crédin ; la fontaine de S Gobrien une centaine de mètres au-dessous de la précédente ; la fontaine Saint-Martin à 50 mètres environ au nord-est de la chapelle, sur les bords du canal ; la chapelle de Notre-Dame de Bonne-Encontre, à 100 mètres environ de ce sanctuaire, sur la route de Rohan à Bréhan-Loudéac].

Le conseil de fabrique pour acquitter une dette de reconnaissance envers le restaurateur de la chapelle Saint-Martin, prenait, sous la présidence de M. Olivo, le 4 avril 1819, la délibération suivante :

« Vu les dispositions des articles 30 et 72 du décret du 30 décembre 1809 ;
Considérant que le sieur Denis-Mathurin-Rolland Desaunays actuellement maire de cette ville, s'était volontairement chargé, en qualité de commissaire autorisé par le conseil municipal et autres notables, du rétablissement de la chapelle Saint-Martin, qu'il s'en est acquitté avec tout le zèle et l'économie possible ;
Considérant de plus que tout récemment il vient encore de faire peindre et dorer, à ses frais, le rétable et autres objets de cette chapelle, sans prétendre aucuns remboursements ;
Considérant enfin que le rétablissement de cette chapelle n'est dû qu'à ses soins ;
Le Conseil voulant reconnaître les services et bienfaits du sieur Rolland Desaunays, déclare lui accorder par la présente délibération, le droit de placer un banc dans la dite chapelle pour lui et les siens, qui ne pourra en être extrait sous aucun prétexte, parce qu'il paiera néanmoins une somme de 3 # par an à la fabrique de Rohan.
Fait et arrêté lesdits jour et an que devant »
.

Georgelin, Olivo, Rottier, M. Fontaine, Rolland, maire.

Depuis lors, la chapelle n'a subi aucune modification. On y remarque la statue moderne et banale du Sacré-Cœur, les statues en bois de saint Michel, de saint Martin et de Notre-Dame de Bon Secours. La première des trois est l'œuvre d'Honorat Jouannic, menuisier ébéniste à Rohan. Son travail lui fait honneur. Le sculpteur d'occasion a eu seulement le tort de mettre une barbe à l'archange. Les statues de saint Martin et de Notre-Dame paraissent remonter à plusieurs siècles. La robe de la Madone a des plis qui ne manquent pas de grâce et d'une certaine valeur artistique.

Vers 1909, M. l'abbé Mathurin Ropert, prêtre retiré du ministère à Bourc-ès-Moines, fit don à la chapelle de sa verrière en couleurs. Elle représente les Rohannais des temps passés, en prières aux pieds de la Vierge.

Les habitants de Rohan et leurs voisins ont en grande vénération Notre-Dame de Bon Secours. Ils aiment à visiter son sanctuaire, à lui adresser dans le besoin leurs supplications, à l'invoquer contre les accidents, l'incendie en particulier. Pour implorer son aide ils font célébrer fréquemment des messes en sa chapelle. Le patronage chrétien des jeunes gens de la paroisse s'est placé dès sa fondation (1911), sous la sauvegarde de Notre-Dame de Bon Secours. Et comme preuve de leur confiance envers cette bonne mère, chaque jour, pendant la grande guerre européenne en 1914 et 1915, un groupe de femmes pieuses montèrent de la cité vers la chapelle, pour y réciter le chapelet.

Mais c'est surtout au jour de sa fête, qu'éclate la dévotion des Rohannais envers Notre-Dame de Bon Secours ! Combien pieuse et belle est la procession ! Manifestation religieuse des plus imposantes, elle ne compte pas moins de 2.000 personnes. Lentement des hauteurs de Saint-Martin, les fidèles descendent recueillis, pour se dérouler en lacets tortueux à travers les rues de la ville. Les croix étincellent, les bannières et oriflammes brillent au soleil d'automne, agités par la brise. Voici s'avancer les enfants et les vierges portant l'image bénie de la Madone, les femmes sur deux files, un cierge à la main, le clergé et les hommes. Et dans cette atmosphère de piété, les chants des cantiques retentissent mêlés aux harmonies lointaines de la musique, et aux bruits sonores de la fanfare du patronage. Toutes ou à peu près les maisons sont décorées, et le soir, illuminées ainsi que le roc Morgan. Là sur la colline pittoresque, couronnée de sapins, aux flancs ravagés par des grottes naturelles, viennent le soir, se grouper les jeunes gens. Alors les feux artificiels des fusées et pétards, les dessins capricieux et les inscriptions lumineuses des lampions posés sur les flancs de la colline, se reflètent milliers d'étoiles scintillantes dans les eaux de l'Oust canalisé.

Bientôt du sommet de la colline les hommes entonnent les chants en l'honneur de la Vierge, auxquels répondent les fidèles massés sur le pont de Notre-Dame. Le spectacle est touchant, féérique.

Ici point les désordres habituels à nos pardons et presque inévitables. La fête de N.-D. de Bon Secours qui éclipse de beaucoup celle du patron Saint-Gobrien, a gardé un caractère essentiellement religieux.

Elle est fixée au dimanche qui suit le 8 septembre, pour éviter la coïncidence avec la fête de Notre-Dame du Roncier, qui toujours est célébrée le jour de la Nativité de la Sainte Vierge.

M. Nourry, ancien curé de Rohan, a écrit dans l'histoire manuscrite de la paroisse, qu'il a eu sous les yeux, un bref pontifical très ancien, concernant Notre-Dame de Bon Secours. Le malheur est qu'il ne l'a point transcrit. Ce précieux document égaré, perdu peut-être à jamais, accordait, au dire de M. Nourry, maints privilèges à la dévotion à Notre-Dame de Bon Secours dans la paroisse de Rohan.

Quel était l'objet de ces faveurs ?

Le bref du pape ne détrônait pas évidemment Saint Gobrien, patron de la paroisse, titulaire d'une antique chapelle devenue dans la suite, église paroissiale ; il ne détrônait pas davantage Saint Martin, titulaire de la chapelle pirieurale, qui fut plus tard église paroissiale, pour être de nouveau, à partir du XVIIème siècle jusqu'à nos jours, une simple chapelle. Non, Rome ne répudie pas un saint titulaire ou patron, afin de mettre à sa place, la Bonne Vierge.

Nous croyons, suivant une tradition populaire, que le bref en question établissait Notre-Dame de Bon Secours patronne du lieu, patrona loci, plaçant ainsi sous son vocable les voisins immédiats, en sorte que son patronage débordait les limites de la paroisse.

(P. Martin).

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