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Charles SAINT-PEZ, prêtre guillotiné à Saint-Malo
en exécution de la loi des 29-30 vendémiaire an II.

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130. — Charles SAINT-PEZ, fils de Jacques, sieur de Langle et de Françoise Péan, son épouse, naquit à Roz-Landrieux, le 19 juin 1749 et fut baptisé le lendemain dans l’église de sa paroisse.

Le jeune Saint-Pez fit ses études au collège de Dol, où, nous dit l’abbé Carron, il ne cessa d’être un modèle d’édification pour tous ses condisciples. Ordonné sous-diacre en 1773, il fut fait diacre le 19 mars 1774 et prêtre le 1er avril 1775 par Mgr des Laurents, évêque de Saint-Malo ; mais appartenant par sa naissance au diocèse de Dol, il fut d’abord chargé de la chapellenie de Saint-Julien de Lang, en Miniac-Morvan. Dans la suite, on le nomma au commencement de 1788, curé d’office de Lillemer, puis du Vivier. En août de la même année, il devint curé d’office de Sainte-Urielle, petite paroisse aujourd’hui supprimée et réunie à Trédias. Il occupa ce poste jusqu’en novembre 1789.

Partout, il s’acquit l’estime et l’affection de ses paroissiens ainsi que celles de son évêque, Mgr Hercé, par sa piété et son zèle dans les retraites et les missions ; genre de ministère auquel il se livra avec succès, parfois même sous les yeux du premier pasteur du diocèse qui ne regardait pas ce travail comme au-dessous de sa dignité.

Aussi, la cure de Saint-Coulomb, étant devenue vacante, Mgr de Hercé proposa-t-il ce bénéfice assez important à l’abbé Saint-Pez ; mais l’humble prêtre supplia le prélat de le laisser au contraire dans « le fond des terres, bien loin des villes ». On lui donna satisfaction en le nommant, le 29 octobre 1789, recteur d’Aucaleuc, petite paroisse située à quelques lieues de Dinan. Il ne tarda pas à y conquérir l’estime, non seulement de ses enfants spirituels, mais encore des fidèles de tous les lieux voisins. Il fit naître au milieu de son troupeau le goût des choses saintes et une piété fervente. « Il établit la dévotion si touchante au Sacré-Cœur de Jésus, rendit la jeunesse édifiante, les ménages unis et vertueux. Durant son court séjour à Aucaleuc, tout son peuple se renouvela. Rempli de l’esprit du Seigneur, il le répandait autour de lui, et ses auditeurs ne sortaient de ses instructions que profondément attendris ».

131. — Il va sans dire que le recteur d’Aucaleuc refusa constamment de prêter le serment schismatique que la nouvelle Constitution prétendait imposer au clergé de France, il ne se résigna cependant à s’éloigner de sa paroisse que le plus tard possible, y donnant asile aux bons prêtres traqués ailleurs. Il percevait encore son traitement de recteur en avril 1792. Du reste, il déclara lui-même dans un de ses interrogatoires qu’il n’abandonna Aucaleuc qu’au mois de septembre 1792, époque à laquelle la loi du 26 août précédent l’obligea à s’exiler. Après s’être retiré durant quelques jours à Roz-Landrieux, auprès de sa mère malade, on ne voulut pas l’y laisser séjourner et il dut s’embarquer pour Jersey où il arriva vers la fin de septembre.

A peine eut-il passé un mois sur cette terre étrangère, que l’amour du sol natal et surtout le désir d'être utile aux âmes qu’il savait en France exposées à tant de dangers, bouleversèrent tout son être. Il alla donc trouver son évêque, Mgr de Hercé, réfugié comme lui à Jersey et lui demanda la permission de rentrer en Bretagne. « Mon cher Saint-Pez, lui répondit le prélat, en retournant dans ta patrie, sais-tu bien que tu voles à la mort ? »« C’est très probable, Monseigneur, répondit le bon prêtre, mais qu’importe ; mon troupeau a besoin de moi, je dois me sacrifier pour lui ». Devant de tels arguments, l’évêque céda. M. Saint-Pez s’embarqua donc sur un bateau français avec deux autres prêtres, dont l’un était l’abbé Joseph Morel, de Carfantain, destiné lui aussi à périr victime de son zèle. Ils débarquèrent sur la côte, non loin de Saint-Coulomb et s’acheminèrent vers l’intérieur à travers mille périls.

Alors pour M. Saint-Pez commença une vie errante et apostolique. Il séjourna, dit-il lui-même, dans diverses maisons de Saint-Coulomb et du Marais de Dol. Il s’en fut même à Dinan. Il parut aussi à Pleudihen, à Miniac, à Baguer-Morvan et à Carfantain, prodiguant partout les consolations de la religion aux nombreux fidèles qui étaient demeurés attachés aux bons principes. Ce fut au cours de cette vie pleine de dangers qu’il fit en 1794 la rencontre d’un jeune homme qu’il décida à le suivre. Celui-ci nous a gardé de ses relations avec M. Saint-Pez l’intéressante déclaration qu’on va lire, et que M. Carron dit avoir recueilli de la bouche même du narrateur : « Je puis assurer, écrit Delalande, que durant les quarante jours que je l’ai accompagné, je ne l’ai point vu boire de vin ni manger un mets recherché. Il couchait tout habillé sur une paillasse après avoir tiré du lit la couverture, et souvent il dormait sur le plancher. Il dormait très peu et priait le reste du temps. En m’éveillant, je l’apercevais à genoux ou prosterné la face contre terre. Signé : Pierre-François DELALANDE, témoin oculaire et auriculaire ».

Cette mission dura jusqu’au 24 avril 1794. Ce jour-là, M. Saint-Pez et son compagnon, revenaient de Dol, se dirigeant vers Baguer-Pican pour administrer un malade quand ils furent arrêtés, vers les dix heures du soir, dans le cimetière de Carfantain, par des gardes nationaux et des soldats du régiment de Salm-Salm.

132. — D’après la narration de Pierre Delalande, M. Saint-Pez et lui devant le danger, s’enfuyaient à toutes jambes, lorsque le prêtre entendit pousser un cri et crut son compagnon rejoint et mis à mort. L’émotion le fit alors tomber évanoui, ce dont profitèrent les poursuivants pour l’arrêter, ainsi que son ami. On les emmena tous les deux à Dol, et, le long de la route, les prisonniers ne cessèrent d’essuyer les basses injures et les cruelles railleries de la soldatesque.

Le lendemain, dans l’après-midi, M. Saint-Pez fut amené devant l’un des administrateurs du district pour subir son premier interrogatoire que nous possédons en entier. Il fit preuve dans ses réponses d’une admirable franchise et ne cela autre chose que ce qui aurait pu compromettre des tiers, près donc avoir déclaré qu’il était prêtre depuis 1775 et qu’il en conservait toujours le caractère, il reconnut sans hésiter être revenu de Jersey où on l’avait déporté pour refus de serment, afin de faire du ministère dans le pays dolois. Il proclama que la politique n’avait jamais été le mobile de sa conduite et que le seul bien des âmes abandonnées sans aucun secours, lui avait inspiré ses actions. Il déclara aussi que les hosties saisies sur lui se trouvaient consacrées.

Ramené dans sa prison après son interrogatoire, Saint-Pez devait y demeurer jusqu'à son transfert à Saint-Malo, le 11 mai suivant. Ces délais n’étaient point le fait des révolutionnaires dolois qui ne désiraient rien tant que l’exécution de M. Saint-Pez. Ils avaient même espéré le voir juger et guillotiner à Dol, témoin la lettre ci-dessous, qu’ils adressèrent le 30 avril 1794 au Directoire départemental d’Ille-et-Vilaine :

« Conformément au décret du 3 nivôse dernier, nous requérons le Tribunal criminel de se transporter à Dol, pour juger le nommé Saint-Pez, ci-devant prêtre, natif de Roz-Landrieux, près Dol, et ci-devant recteur dans le ci-devant diocèse de Dol, s’il est dans le cas déterminé par les décrets des 7 et 10 avril 1793.

Saint-Pez a été arrêté, il y a quelques jours, pendant la nuit, par des commissaires et un détachement de la force armée que nous avions envoyés à Carfantain, près de Dol. Il a déclaré dans son interrogatoire qu’il étoit ci-devant recteur à Ocaleuc, diocèse de Dol, qu’il a été déporté en exécution de la loi du 26 août 1792, à Jersey, pendant deux mois ; qu’au bout de ces deux mois il est repassé en France avec plusieurs autres prêtres, que les hosties dont il s’est trouvé saisies (sic), il les donnait à ceux qui en vouloient, et qui lui donnoient un morceau de pain ; que depuis son retour en France, il a célébré plusieurs messes dans des maisons particulières avec des verres et des ornements qui lui appartenoient. Il importe au bien public, « ad terrorem populi », de faire disparaître de pareils monstres du territoire de la liberté et que l’exécution de Saint-Pez soit faite à Dol... ».

133. — Jean-Pierre Delalande, son compagnon de captivité, a fait à l’abbé Carron, le 22 novembre 1816, un précieux récit de ces jours d’épreuve : « Durant notre détention, M. Saint Pez me disait souvent : Eh bien ! mon fils, mon fidèle compagnon, te sens-tu assez de courage pour aller au martyre ? — Es-tu bien résigné à souffrir innocemment la mort ? Jésus-Christ qui n’avait jamais péché, ne l’a-t-il pas soufferte pour nous, misérables pécheurs ? Qu’en dis-tu ? » — « Oui, sans doute, répondais-je, je suis résigné ! » Il me recommandait aussi de prier Dieu pour lui. « Mais, Monsieur, lui dis-je, vous qui êtes plus dans la grâce de Dieu que moi, priez plutôt pour moi. » — « Ah ! certes, je le ferai, prions sans cesse. » Il me dit aussi bien d’autres choses excellentes dont j’ai perdu le souvenir.

La veille de son départ pour Saint-Malo, où nous devions être traduits à la commission militaire, il écrivit des lettres à ses parents et conjurait les personnes pieuses qui venaient le visiter de ne pas l'oublier dans leurs prières. Il recommanda surtout à maman, qui vint nous voir, de dire à ses parents qu’il n’avait plus besoin que de leurs instances auprès du Père des miséricordes.

Le 23 floréal (12 mai), le geôlier, qui n’avait cessé de le charger d’outrages pendant sa détention, ouvrit la porte et lui cria : « Sors, calotin, ainsi que ton camarade ». On nous attacha par le bras droit, au-dessus du coude, avec une grosse corde ; mais ensuite les administrateurs viennent abroger ma sentence et me font délier. Au moment du départ, le saint prêtre m’embrassa, en versant des larmes ; ce n’était pas la crainte de mourir qui le faisait pleurer, mais il s’affligeait, sachant que j’allais rejoindre mon corps de troupe et craignant que je ne perdisse la Foi... Après avoir donné ses meilleurs habits aux pauvres, il me dit : « Adieu, mon fils, pense à moi ». Il monta ensuite dans la charrette, avec Tessier de l’Abbaye, près Dol, qui y fut lié à ma place ».

134. — Les révolutionnaires de Dol informèrent la commission militaire de Saint-Malo de l’arrivée des victimes qu’ils lui adressaient. Ils ne se faisaient du reste nulle illusion sur le sort qui attendait là-bas ces malheureux et s’en réjouissaient à l'avance, ainsi qu’on le verra par quelques mots de la lettre ci-dessous, datée du 17 mai 1794.

« Nous te faisons passer, citoyen président, sous bonne escorte, les dénommés ci-après, savoir : Saint-Pez, ex-prêtre, avec les pièces de conviction et un interrogatoire ; ... Nous t'invitons, citoyen président, aussitôt que tu auras prononcé sur le sort des plus scélérats, de les renvoyer exécuter sur les lieux à Dol. Les bons patriotes des communes voisines le désirent tous pour faire trembler le reste de la horde des conspirateurs ». « Nous croyons que tu céderas à cette invitation, telle que nous l’a promis Le Carpentier ».

135. — Le trajet de Dol à Saint-Malo ne dure que quelques heures. M. Saint-Pez parvint donc le 12 au soir dans sa nouvelle prison. A son arrivée, il y trouva incarcérée sa propre nièce, Marie Le Poitevin, arrêtée à cause d’un catéchisme dont on l’avait trouvée en possession. C’était une simple villageoise, mais pourvue d’une éducation au-dessus de sa condition. M. Carron a recueilli de la bouche même de cette femme de précieux détails sur l’emploi du temps de l’abbé Saint-Pez durant le court intervalle qui s’écoula entre son incarcération à Saint-Malo et son exécution. Nous insérons textuellement ici cette édifiante déposition :

« Aussitôt, nous dit cette vertueuse femme, que j’appris qu’on amenait en prison des habitants de Dol, je me présentais au guichet ; mais quel coup ressentis-je, quand j’aperçus mon oncle attaché avec de grosses cordes à d’autres prisonniers, tout meurtri de coups et ses habits entièrement déchirés ».

Sitôt qu’il m’aperçut, il vint à moi d’un air plein de gaieté, me serra vivement la main et me dit : « Ma chère filleule, nous voici donc enfin réunis. Qu’il me tardait de te revoir, tant j’étais inquiet sur ton sort ! Je suis content de te trouver dans de tels sentiments. Que Dieu nous fait de grâces, ma chère amie, de souffrir pour son amour ! Pardonnes-tu de bon cœur à tous tes ennemis ? — Oui, lui répondis-je en sanglotant. — Eh bien, ma chère nièce, du courage ; notre tristesse ne sera peut-être pas longue... Mais dis-moi donc où est mon cousin Poitevin et sa sœur; sont-ils encore ici ? — Oui, à la maison d’arrêt. — Le pauvre vieillard ! répond M. Saint-Pez, quelle douleur il va éprouver s’il apprend que je suis en prison ! Connais-tu ses sentiments ? Sais-tu s’il est bien résolu à accepter la mort ? — Il m’écrivit ces jours derniers, répondit sa nièce ; j’ai reconnu, dans sa lettre, sa résolution, ainsi que celle de sa sœur ; tous deux me parurent bien décidés. — Que je suis content de le savoir ! Vous contribuez à m’adoucir les horreurs de la mort. Courage, ma chère nièce, bannissons toute crainte. La guillotine n’est rien, c’est un mal d’une minute, minute qui sera si bien récompensée ».

Dans ce long entretien avec son oncle, la nièce de M. Saint-Pez remarqua sur sa figure « une gaieté si parfaite que, dit-elle, je ne pourrais la dépeindre ». — « Avant de le quitter, ajouta-t-elle, je lui proposai plusieurs objets nécessaires. Il ne voulut rien accepter et me dit : « Il y a ici du pain, si j’en ai besoin, j’en mangerai ». Le voyant couché sur la paille, je lui fis passer un lit ; il n’en usa point, ne se coucha même pas, mais après avoir confessé tous les prisonniers et les avoir exhortés généreusement à la mort, il consacra le reste de la nuit à la prière ».

136. — Nous avons dit que M. Saint-Pez n’arriva à Saint-Malo que vers la fin de l’après-midi du lundi 12 mai 1794. Ce ne fut que dans l’après-midi du lendemain qu’il fut amené devant la commission O’Brien ; c’est ce qui nous semble du moins, car celle-ci ne rendit son verdict que ce même jour vers les 6 heures du soir. On a conservé le texte de l’interrogatoire de l’abbé Saint-Pez, ainsi que du jugement qui le condamna à la peine capitale.

Il y déclara que mis en demeure de quitter sa cure ou de prêter serment, il se résolut au premier parti en septembre 1792 « attendu ses opinions religieuses ». Il reconnut une seconde fois être passé à Jersey, puis au bout d’un séjour de deux mois être rentré en France. Il ne nia point avoir exercé en France les fonctions sacerdotales, sans vouloir indiquer chez qui et affirma ne s’être jamais mêlé aux ennemis du Gouvernement.

Les faits et gestes de M. Saint-Pez tombaient spécialement sous le coup des lois persécutrices. Avoir été déporté pour refus de serment, avoir rompu son ban, avoir fait en France du ministère caché, autant de cas dignes de mort. C’est du reste la peine à laquelle, il fut condamné le 13 mai 1794 par la commission militaire séant à Saint-Malo en vertu des lois du 18 mars et 5 et 6 octobre 1793. On indique dans le texte de son jugement qu’il est revenu de Jersey en Bretagne où « il a confessé, administré et exercé furtivement les fonctions ecclésiastiques depuis cette rentrée dans les diverses communes qu’il parcourait nuitamment pour fanatiser et nuire à l’affermissement de la République, qu'il a été saisi avec des linges appelés purificatoires, une boite d'hosties et une peinture (l'insigne du Sacré-Cœur) connue pour être un signe de ralliement des contre-révolutionnaires fanatiques. Qu’enfin il ne s’est pas conformé à l’article 14 de la loi des 29 et 30 vendémiaire, en se rendant auprès de l’administration du département soit du lieu de sa naissance, soit du lieu de son domicile pour être déporté au terme de l’article 12 ». Comme suite, « la commission militaire, chaque membre ayant énoncé successivement son avis motivé, fut d’avis à l’unanimité que Saint-Pez, ex-curé, sujet à la déportation, est convaincu d’avoir rentré et résidé sur le territoire de la République, en contravention aux loix ci-devant rapportées. En conséquence, elle ordonna qu'il sera livré à l'exécuteur des jugements criminels et mis à mort, demain à midi, sur la place de la Révolution, et ses biens de Saint-Pez confisqués au profit de la République ».

137. — M. Saint-Pez fut probablement reconduit à la prison après son interrogatoire et n’assista pas au prononcé de sa condamnation. Au reste, qu’avait-il à apprendre qu’il ne sût d’avance ? Cependant le greffier de la commission militaire fut chargé de s’en aller à la maison de détention lui notifier son arrêt.

L’exécution devait avoir lieu le lendemain, au matin. Les détails en sont horribles à lire. Cependant M. Carron assure l'authenticité parfaite du récit qu’il nous en a conservé. Après avoir refusé l’aide de ceux qui voulaient l’aider à gravir les degrés de l’échafaud en leur disant : « Je monte seul à l’autel », M. Saint Pez expira en proférant les cris de « Vive Jésus, vive Marie ». C’est en vain qu’on cherche trace, aux registres de l’Etat civil de la mairie de Saint-Malo, de l’exécution de l’abbé Saint-Pez. Mais son dossier déposé aux Archives d’Ille-et-Vilaine, en conserve la mention suivante, consignée à la suite du texte du jugement que l’on a donné ailleurs :

« Soussignés, membre et secrétaire de la commission militaire, certifions avoir vu mettre le jugement des autres parts à exécution, sur la place de la Révolution de cette commune. A Port-Malo, ce 25 floréal, an second de la République française une et indivisible, à midi. ». Signé : Gorbel, secrétaire ; Rivière.

A la suite de la biographie de M. Saint-Pez, écrite en 1820, l’abbé Carron rapporte plusieurs miracles opérés par l’intercession de ce saint prêtre, dont le souvenir est resté justement en vénération à Roz-Landrieux, sa paroisse natale, aussi bien dans sa famille que chez ses compatriotes, qui conservent encore une émouvante complainte racontant ses derniers instants.

138. — Chose bien rare quand il s’agit des martyrs de la Révolution, l’on garde de M. Saint-Pez une précieuse relique. Son chef est encore maintenant pieusement conservé dans la famille de M. Delamaire, chef de bataillon en retraite et frère de Mgr Delamaire, naguère archevêque de Cambrai, lequel a détenu jusqu’à sa mort ces restes vénérables.

Voici comment ils lui étaient advenus : après sa décollation, le corps de M. Saint-Pez fut inhumé dans le sable de la grande grève, non loin de la porte Saint-Thomas, lieu de son supplice. Une pieuse personne, témoin de son exécution, s’en fut la nuit suivante recueillir dans le sable la tête du confesseur de la Foi et la remit quelque temps après à M. Bertrand Delamaire, beau-frère de l’abbé Saint-Pez. Celui-ci, longtemps avant son trépas, la confia à son fils aîné, M. l’abbé Joseph Delamaire, mort en 1876 doyen de Châteauneuf.

Ce vénérable ecclésiastique la légua à son neveu devenu depuis Mgr Delamaire, comme un précieux héritage et au décès de celui-ci en 1913, elle est devenue la propriété de son frère, qui comme nous le disions plus haut, la conserve actuellement.

Le chef de M. Saint-Pez porte tracés sur le front, d’une écriture ancienne, mais lisible, les derniers mots qu’on lui prête avoir prononcés en quittant ses compagnons de captivité pour aller au supplice « Hodie mihi, cras tibi ».

BIBLIOGRAPHIE. — Carron, Les Confesseurs de la Foi de l'Eglise gallicane, op. cit., p. 16 à 39. — Guillon, Les Martyrs de la Foi, etc., op. cit., IV. — Tresvaux du Fraval, Histoire de la Persécution révolutionnaire en Bretagne, op. cit., II, p. 42-44. — Guillotin de Corson, Les Confesseurs de la Foi, etc., op. cit., 106-109. — F. Duine, Traditions relatives à Saint-Pez, parues in Annales de Bretagne, juillet 1899, p. 679 et nov. 1900, p. 75. — Delarue, Le District de Dol, t. II, p. 259, t. III, p. 177, 183, 187, 347. — Abbé Lemasson, Les Actes des prêtres insermentés du diocèse de Saint-Brieuc mis à mort de 1794 à 1800, op. cit., p. 66 à 89 où l’on a publié toutes les pièces officielles du procès de M. Saint-Pez.

(Archives d'Ille-et-Vilaine, dossiers de la commission O’Brien, n° 39).

(Articles du Procès de l'Ordinaire des Martyrs Bretons).

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