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CONTRAT DE LA TERRE ET SEIGNEURIE DE SAINT–GILLES CONSENTY PAR M. DE LA VILLETHEARD AU PROFIT DE M. DE SAINT–GILLES. 26 JANVIER 1767.

« Par devant les Notaires Royaux à Hédé soussignés (maîtres Mathurin Cochery et François Robiou, sr du Pont) ont comparu Me Louis Bossart... lequel, en vertu de procuration de très haut et très puissant seigneur Messire Louis Xavier Visdelou, chevalier, seigneur comte de la Villetéhart et très haute et très puissante dame Innocente Prudence Guillemette de Rosnivinen, dame comtesse de la Villetéhart... et aussy en vertu de la procuration de demoiselle Artuze Jeanne Charlotte Visdelou, demoiselle de Champagné, émancipée de justice..., a, pour lesdits constituants, leurs hoirs... vendu, cédé... à Messire Joseph Marie de la Motte, de la maison de Dinan, seigneur de Monmuran... aussy porteur de procuration... consentye par très haut et très puissant seigneur Messire Jean Baptiste Polycarpe François de Paul Angélique René, chef de nom et armes, chevalier, seigneur marquis de S-Gilles .....

Scavoir est la terre et seigneurie de St-Gilles consistant dans les choses cy-après : premièrement le chasteau de St-Gilles situé sur la paroisse du mesme nom…. avec ses douves, jardin, colombier, chapelle domestique dans le chasteau, explanade, avenue, bois de haulte fustays et de décoration... ; la Retenue dud. chasteau de St-Gilles qui comprend partye des logements dudit chasteau et de la basse cour, le fruittier, le bois taillis, un trait de dixme ayant leur cours en laditte paroisse de Saint-Gilles, les prairyes et terres labourables ... ; la prairye de la Retenue divisée en deux partyes par un ruisseau ; contenant environ quatre journaux ; le moulin nommé le Moulinet, actuellement abandonné et dont l'étang est réduit en prairye, ledit étang contenant avec les édifices encore subsistant, environ cinq journaux.

Plus le droit d'indemnité des biens acquis au profit des pauvres de la paroisse de Saint-Gilles, sous la mouvance des fieffs de laditte seigneurie, par laquelle indemnité l'on paie quatre vingt livres tournois de vingt ans en vingt ans...

Plus le fief et bailliage du Bourgt de Saint-Gilles ayant droit de moyenne et basse justice, avec touttes les rentes féodales qui en dépendent, tant en argent que froment, mesure de Rennes...

Le fief et bailliage du Clos ayant droit de hautte, moyenne et basse justice, ayant cours en laditte paroisse de Saint-Gilles, aussy avec tous ses droits, rentes et redevances seigneurialles...

Le fief et bailliage de Place aussy avec ses droits de hautte, moyenne et basse justice, ayant leur cours dans les paroisses de Saint-Gilles et de Pacé, aussy avec touttes les rentes et redevances seigneurialles...

L'étang de la Vallée en la paroisse, de Saint-Gondran... à la charge de tenir et de relever du Roy sous son domaine à Hédé.

Le tout des autres articles... relevants prochement et noblement du Roy par son Domainne de Rennes à devoir de foy et homages, chambelinage, lods et ventes et rachat quand le cas y echoit, sans aucune rentes...

Secondement : Les halles dud. lieu de St-Gilles avec droit de marché tous les lundys et deux foires par chascun an, l'une le premier septembre, l'autre le deuxième novembre ; droit de coustume ; l'Auditoire dud. et les prisons y joignantes et autres édifices y annexés, mesme les terres dont jouit le fermier desdits édiflices.

La Rabine qui conduist dud. bourg aud. chasteau de Saint-Gilles... relevant prochement du Roy.

Le fief du Grand bailliage de Saint-Gilles ayant cours en laditte paroisse avec touttes les rentes et redevances seigneurialles qui en dépendent, tant en argent que grains, poulies et corvées...

Le fief et bailliage de Travoret ayant cours en laditte paroisse de Saint-Gilles.

Le fief et bailliage de Saint-Gilles, en Claye...

Le fief et bailliage de Breteil, s'étendant en la paroisse du mesme nom et autres... lesquels quatre fiefs et bailliages ont droit de haute, moyenne et basse justice.

Plus les deux moulins à eau de la Motte, sous la mesme couverture... donné, pris et accepté, tenu prochement et noblement du Comté de Montfort, sans charges, rentes ny devoirs que la nue Obeissance...

Plus le Greffe de lad. seigneurie de Saint-Gilles tenu du Roy sous son Domainne de Rennes et du Comté de Montfort à proportion des fiefs qui en relèvent, ledit greffe affermé, conjointement avec celui de Champaigné appartenant à M. de Normeny, la somme de deux cents livres...

Enfin laditte terre et seigneurie de Saint-Gilles... avec tous les droits qui sendépendent, tant honorifiques qu'utilles, recindents et recisoires, revenus certains et casuels..., pour led. seigneur acquereur jouir du tout et exercer lesdits droits tout ainsy... que lesdits seigneur et dame vendeurs avaient droit de le faire ».

(Ne sont pas vendus scavoir : la métairie du Rocher, paroisse de Pacé ; le fief et bailliage de Pleumeleuc, s'étendant entre la paroisse de ce nom et autre).

Les Seigneurs vendeurs déclarent que de laditte terre et seigneurie de St-Gilles dépendent « la fondation et Supériorité dans l'église et cimetière de St-Gilles à l'exclusion de tout autre..., banc au chanceau de laditte église du costé de l'Evangille, enfeu prohibitif, armoiry et écusson, listre et cinture funèbre au dehors et au dedans de l'église et générallement tous droits appartenants au seigneur fondateur et supérieur ».

Qu'il dépend également de lad. terre et seigneurye « le droit de supériorité en l'églize paroissiale de Claies, lesquels droits lesdits seigneur et dame vendeurs transportent au seigneur acquereur »…

« Sera tenu le seigneur acquéreur de payer et aquitter à l'avenir trente bouxeaux de froment de rente annuelle et foncière, mesure de Montfort, due sur laditte terre de St-Gilles au Monastère et Abaye de Saint-Jacques de Montfort, mesme de faire aquitter la fondation faitte par feu Monsieur Beschard, propriétaire de lad. terre, laquelle fondation est de cent vingt livres de rentes par chascun an destinée pour la dot de la chapelle dud. chasteau de Saint-Gilles et de faire dire et célébrer les messes à l'intention du fondateur.

Sont compris dans la présente vente : les callice, linges et ornements destinés au service de la chapelle... réservant les seigneur et dame vendeurs, tous les autres meubles estant aud. Chasteau de Saint-Gilles.

S'obligent les seigneur et dame vendeurs à remettre aud. seigneur acquéreur tous et chascuns les titres concernant laditte terre et seigneurie de Saint-Gilles, de bonne foy et sans en retenir aucuns...

La vente de tout ce que dessus faitte et acordée pour et moyennant la somme de cent quarante sept mille deux cents livres...

Et, en l'endroit, le procurateur du seigneur aquéreur nous a déclaré que la susdite somme de 147,200 liv..... lui a été fournye par M. de la Lande-Magon, son beau-père, à valloir d'autant sur les deniers stipulés au contrat de mariage d'entre luy, seigneur marquis de Saint-Gilles, et la dame marquise de Saint-Gilles, son épouse, fille de mondit sieur de la Lande-Magon ».

Deux mois après, le 28 mars, Me Charles Blanchard, muni de procuration de Messire Jean Baptiste Polycarpe François de Paul Angélique René, marquis de Saint-Gilles, demeurant à son chateau de Peronnay, paroisse de Romillé, le nouveau propriétaire, prit, au nom de celui-ci, possession de l'Etang de la vallée, dans la paroisse de St-Gondran, et le 30, du chateau çe St-Gilles et dépendances..., puis de l'église paroissialle de St-Gilles, ou l'on reconnait... « le banc seigneurial du côté de l'Evangile, proche le balustre du grand-autel..., dans la vitre au-dessus du grand-autel un écusson ayant pour armes trois pots ou marmites [Note : Montbourcher ; d'azur à trois channes ou marmites d'or. La seigneurie de Saint-Gilles était sortie de la famille de ce nom en 1492, au décès de Bertrand de Saint-Gilles, dont Anne, la fille et unique héritière, l'avait portée, par son mariage avec Guillaume Le Léonnais, dans cette maison d'où elle passa, également par alliance, aux Saint-Amadour, puis aux Malestroit. Les Montbourcher la possédèrent à leur tour par suite du mariage de Jeanne de Malestroit avec François de Montbourcher, dont le fils, René de Montbourcher, la reçut_en 1553 de son cousin Germain, René de Malestroit, fils de Claude, frère aîné de sa mère, en partage après le décès de leurs grands parents. Ils la conservèrent jusqu'en 1689 que René du Bouays de Meneuf, heritier de sa mère Henriette de Montbourcher, la vendit, le 12 juillet, à Messire Pierre Beschard, au prix de 80,000 l.] ; dans la vitre qui est au midy la place d'une bannière de fleurs de lys, dont il n'en reste plus que quelques marques ; dans la vitre sur le cœur, des armes de trois pots ou marmites ; sur le banc seigneurial trois têtes de loup arrachées, cinq ronds, trois supérieurs et cieux inférieurs qui paraissent sur un fond de sable et, au dossier du même banc, les mêmes armes ; et, sur le tombeau proche ledit banc, huit fleurs de lys, deux à demies croisées, lesquelles fleurs de lys sans nombre en champ d'azur sont, de toute antiquité, les armes du seigneur de la Maison de Saint-Gilles et prouvent ainsi qu'il est notoire en cette province que cette terre a été le berceau des seigneurs de St-Gilles, auteurs du seigneur acquereur ».

Le lendemain, 31 mars, pour finir, maître Charles Blanchart alla, avec les notaires, prendre possession des droits de supériorité qu'avait acquis le seigneur de St-Gilles au presbytère et dans l'église de Claies.

Note : D'argent à trois têtes de loup arrachées de sable, qui est Visdelou, et d'or à deux fasces de sable chargées, la première de trois besans d'or, et la seconde de deux besans aussi d'or qui est Boisbaudry, écusson d'alliance de Mre Pierre-Toussaint-François Visdelou, sieur de la Villethéart, et de Artuze de Boisbaudry, sa femme. La terre de Saint-Gilles arriva aux Visdelou par le mariage de Louis-Hyacinthe Visdelou de la Villethéart, fils aîné de Claude et de N. Rogon de la Villebargouet, avec Anne-Perrine Beschard, fille de Messire Pierre et de dame Anne de Robien de Querambourg.
Des cinq enfants qu'avait eu de son mariage Pierre Beschard, un fils et deux filles seulement vivaient au moment de son décès en 1708 ; encore le fils ne lui survécut-il qu'un an et mourut en 1709, sans alliances. Des deux filles, demoiselle Monique, la cadette, s'était mariée en 1707 avec messire Jacques du Bouëttiez dont elle eut deux fils et une fille, et l'aînée, demoiselle Anne-Perrine, née le 23 mai 1681, avait épousé le 3 février 1705, messire Louis-Hyacinthe Visdelou, lui apportant en dot les terres de Saint-Gilles, de Champaigné, du Coudray , de la Chaponiére, etc.
De ce mariage vinrent quatre enfants : Pierre-Toussaint-François Visdelou, Jean-Sevére, chevalier de la Villethéart, Inspecteur des haras de France, qui semble mort sans alliances ; Thomase-Louise-Claire, mariée par contrat du 25 juillet 1726 à Claude-Charles Gouyon du Vaurouault, fils aîné de Charles Gouyon, sieur du Vaurouault de Villegouray, etc., et de Françoise-Hyacinthe Boschier, né le 24 août 1695 et une autre fille décédée sans alliance. (Tous ces noms se trouvent dans une licitation au rapport de Me Boursin, notaire royal à Hédé, après le décès de Luc Beschard, sieur des Faveryes).
La dame de la Villethéart mourut en 1713.
Pierre-Toussaint-François, le fils aîné, comte de la Villethéart et de Saint-Gilles, châtelain de Champaigné, marquis de Trans, épouse le 8 novembre 1730, dans la chapelle de St-Michel du Gage, en Pleugueneuc, demoiselle Marie Artuze du Boisbaudry, fille aînée de messire Marc-Antoine du Boisbaudry. marquis de Trans, et de dame Jeanne-Marie de St-Gilles du Gage, et dont la sœur cadette, Agnès-Nathalie, fut mariée à Louis-Marie du Boisgelin.
Comme Marc-Antoine n'avait point laissé d'héritier mâle, la branche aînée des Boisbaudry s'éteignit avec lui en 1745 et l'époux de Marie Artuze devint sieur du Boisbaudry et marquis de Trans.
Pierre Toussaint François Visdelou, sieur de St-Gilles, mourut le 12 septembre 1754 laissant les deux enfants nommés dans l'acte de vente : François-Xavier-Louis, nommé en 1758 à la Bouillie et mort à Rennes le 14 mars 1820, qui, dès 1662, encore mineur, avait vendu la terre de Champaigné, et Artuze Jeanne Charlotte.

(A. Anne Duportal).

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