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LE TOMBEAU DE SAINT-GILLES

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« Quoique saint Gilles ne soit pas un Saint breton, il n'en est pas moins en Bretagne l'objet d'un culte particulier. Il est le patron de beaucoup de nos paroisses ; sa statue est dans un grand nombre de nos églises, et nos parents bretons aiment à donner son nom à nos enfants ».

Ainsi s'exprimait en 1876 S. E. le Cardinal Saint-Marc, Archevêque de Rennes, dans une lettre à M. le chanoine d'Everlange, doyen de Saint-Gilles, en Provence, restaurateur de la magnifique église de ce nom, et historien tout à la fois de ce monument et du grand Saint dont le tombeau s'y trouve encore.

Né en Grèce d'une noble famille, saint Gilles abandonna sa patrie pour se consacrer plus complètement à Dieu et vint aborder en Provence vers le milieu au VIIème siècle. Il s'y fixa non loin d'Arles dans un désert connu sous le nom de Vallée Flavienne, et il mena longtemps dans cette solitude la vie érémitique. C'est alors qu'eut lieu la rencontre du Saint et du roi visigoth Wamba, devenu maître de Nimes. Ce prince se livrant un jour au plaisir de la chasse, aperçut une biche et lança ses chiens à sa poursuite ; or cet animal était l'unique et fidèle compagnon du solitaire Gilles, qu'il nourrissait de son lait. La biche, effarée par les aboiements des chiens, courut se réfugier dans la grotte du Saint, semblant demander aide au bon et doux ermite ; en même temps une flèche lancée par un des chasseurs vint atteindre le serviteur de Dieu derrière lequel s'était caché le pauvre animal poursuivi. Quel fut donc l'étonnement des chasseurs quand, croyant avoir atteint la biche, ils aperçurent l'anachorète tout couvert de sang ? Quelle fut surtout leur émotion lorsqu'ils virent saint Gilles verser des larmes, non à cause de sa blessure mais à la pensée du danger auquel venait d'être exposé l'ami de sa solitude ! « Scène ravissante, — dit un hagiographe, — scène empreinte d'une inexprimable poésie ! trait le plus populaire de la vie de saint Gilles, dans lequel on a vu une image touchante du rôle de l'Eglise protégeant le faible contre le fort, l'innocent contre l'oppresseur » (Saint Gilles et son culte, par M. de Kerval).

Informé de ce qui venait d'arriver, Wamba s'empressa de saluer le pieux solitaire, et ce roi voulut élever dans la Vallée Flavienne un monastère dont saint Gilles, dut accepter la direction ; c'est là que mourut le bienheureux, le 1er septembre 721.

Au moyen-âge l'abbaye de Saint-Gilles acquit une grande puissance, et le tombeau du saint ermite devint le but de nombreux pèlerinages. Bientôt le monastère ne suffit plus à recueillir les âmes jalouses de vivre à l'ombre de cette tombe illustre ; une ville se forma autour de l'abbaye et devint l'une des cités les plus populeuses du midi de la France.

« Plusieurs chartes du moyen-âge, citées par Dom Mabillon, désignent, en effet, le tombeau de saint Gilles comme un des trois grands pèlerinages de l'Occident ; elles le placent sur le même rang que les sanctuaires de St-Pierre à Rome et de St-Jacques de Compostelle » (Saint Gilles et son pèlerinage, par l'abbé d'Everlange).

Comment s'étonner dès lors de voir s'élever sur le tombeau de saint Gilles une magnifique église et une crypte incomparable dont l'autel majeur fut consacré par le pape Urbain II lui-même en 1095 ?

Mais hélas ! de cette admirable basilique une partie seule subsiste ; les révolutionnaires de 1793 détruisirent le chœur, profanèrent la crypte et mutilèrent odieusement le grand portail occidental.

Le portail de Saint-Gilles ! Qui ne connaît, au moins par la gravure, cette façade splendide, la merveille de l'art bysantin en France. « Elle se présente comme un immense bas-relief de marbre et de pierre, où le fond disparaît sous la multiplicité des détails, disait Mérimée ; il semble qu'on ait pris à tâche de ne pas y laisser une seule partie lisse : colonnes, statues, frises sculptées, rinceaux, motifs empruntés aux règnes végétal et animal, tout s'enlace, se confond. Des débris de cette façade on pourrait décorer des édifices somptueux. Devant tant de richesses prodiguées avec une profusion inouïe, le spectateur ébloui d'abord, attiré de tous les côtés à la fois et ne sachant où arrêter ses regards, a peine à reconnaître des formes générales ».

Encadrée dans deux petites tourelles, cette façade de l'église de Saint-Gilles présente trois portes, plusieurs grandes statues et une multitude de bas-reliefs ; elle se termine par une frise merveilleusement sculptée qui règne au-dessus de l'archivolte de la porte centrale.

Nous venons de dire que l'ancien chœur de la basilique n'offre plus que des ruines ; là se trouve cependant encore un des plus riches spécimens de l'art au XIIème siècle, c'est l'escalier en spirale connu de tous les architectes sous le nom de vis de Saint-Gilles.

Quand nous visitâmes dernièrement ce chœur en partie démoli, un détail, bien intéressant pour nous, nous y fut révélé. Depuis plusieurs années, nous dit-on, un fils de notre chère et catholique Bretagne consacre ses loisirs et ses ressources personnelles à l'embellissement de ces ruines ; non content de les avoir entourées d'une grille et d'y avoir déposé de nombreux cénotaphes anciens, M. Eugène Chévremont vient d'y ériger une statue de la Ste Vierge sous le vocable de Notre-Dame des Ruines. C'est ainsi qu'un Breton, fidèle à la foi de ses pères, panse les blessures faites au temple de Dieu par les iconoclastes de la révolution, et honore de la sorte le glorieux saint Gilles si vénéré dans notre chère Armorique.

Mais il nous tarde de pénétrer dans la crypte ou église souterraine renfermant le tombeau de saint Gilles. Ce n'est qu'en 1867 qu'a été retrouvé ce sépulcre vénérable, disparu sous la tourmente des guerres civiles. La crypte se compose de trois nefs dont les voûtes reposent sur de majestueuses colonnes romanes. Dans la nef centrale, une chapelle, rappelant les confessions des basiliques de Rome, renferme le saint tombeau composé d'un sarcophage de pierre portant cette inscription : IN. H. TVML. Q. C. B. AEGD. [Note : C'est-à-dire : Dans ce tombeau, repose le corps du Bienheureux Gilles]. Autour de cette tombe, se dresse une fort belle grille dont les angles sont ornés de grands candélabres ; les fidèles aiment à garnir ces derniers de cierges allumés, touchant symbole de leur foi et de leur amour pour saint Gilles. A la tête du tombeau est un autel antique : c'est celui sur lequel le saint anachorète disait la messe. Non loin est un second sarcophage en marbre blanc, avec des sculptures d'une grande beauté représentant l'entrée des Rois Mages à Jérusalem.

Depuis la découverte de la sépulture de saint Gilles les anciens pèlerinages ont surgi de nouveau dans la vallée sanctifiée jadis par ce pieux ermite. Les évêques de Nîmes et de Digne sont venus les premiers s'agenouiller auprès du glorieux tombeau, et les peuples ont suivi leur pasteur. Non seulement la Provence et le Languedoc ont voulu rendre honneur à saint Gilles en s'acheminant pieusement vers sa tombe, mais des fidèles appartenant à de lointaines nations n'ont pas craint d'entreprendre ce dévot pèlerinage. La ville de Saint-Gilles a vu naguères la Pologne, l'Angleterre et la Belgique, représentées par ses plus dignes enfants, venir successivement prier sur le tombeau du saint anachorète dont elle porte le nom.

Ainsi renaît le culte de saint Gilles là où il vécut et mourut ; ainsi est honoré de nouveau son antique sépulcre.

« Comme autrefois, une source de résurrection et de vie jaillit de cette pierre sur laquelle plane l'ombre du grand anachorète ; et ceux qu'il a réjouis par des prodiges s'en retournent dans leur patrie par tous les chemins du globe, chantant en l'honneur de saint Gilles des hymnes de reconnaissance et d'admiration » (Saint Gilles et son pèlerinage).

(abbé Guillotin de Corson).

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