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Les guerres civiles (la ligue) à la fin du XVIème siècle à Saint-Gravé. |
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Il est utile, avant de commencer ce chapitre, de dire quelques mots des seigneurs de Rochefort, et d'expliquer comment les comtes de Rieux s'établirent dans le pays.
Jean II de Rieux, deuxième fils de Jean Ier et d'Isabeau de Clisson, épousa en 1374 Jeanne, dame de Rochefort, de Donges, de Châteauneuf, et hérita de son frère Guillaume de Rieux ; il prit les noms et armes des Rochefort. Maréchal de France en 1387, il mourut le 7 septembre 1417 et fut inhumé à N.-D. de la Tronchaye.
Jean III, né en 1377, épousa Béatrix de Montauban, dame de la Gacilly, et, en deuxièmes noces, Jeanne d'Harcourt ; il fut inhumé à Rochefort en 1431. Sa veuve épousa Bertrand de Dinan, baron de Châteaubriant.
Son frère, Pierre de Rieux, né en 1389, maréchal de France en 1417, prit part au siège d'Orléans, avec Jeanne d'Arc, et épousa Jeanne, de Molac ; il mourut en 1439 et fut inhumé à N.-D. de la Tronchaye.
Francois de Rieux, son fils, né en 1418, épousa en 1442 Jeanne de Rohan, vendit l'hôtel de Rochefort, à Nantes, à sa nièce Françoise d'Amboise, en 1455. Chambellan du roi Charles VII, il mourut en 1458, et ses restes furent déposés à N.-D. de la Tronchaye.
Son fils, Jean IV, né en 1447, épousa en 1462 Françoise Raguenel de Malestroit, et prit en 1471, le titre de seigneur de Malestroit et de Largoët. En 1487, la noblesse du parti du roi, assiégeant Redon, fait prisonnière la dame de Rieux, qui se trouvait dans la ville. Elle fut rendue à son mari sur la sollicitation du roi, qui écrivit de Châteaubriant au chef de l'armée. Jean IV fut tuteur d'Anne de Bretagne et épousa en 1495 Claude de Maillé, qui mourut peu après suffoquée dans un incendie du château d'Elven. Il épousa, en troisièmes noces, Isabelle de Brosse ou de Bretagne.
En 1498, il installa une collégiale à Rochefort, composée d'un doyen et de six chapelains. Elle fut définitivement établie par son fils en 1527.
Il suivit Louis XII dans le Milanais en 1511, et mourut en 1518.
Claude Ier, né en 1497, épousa Catherine de Laval, dame de la Roche-Bernard, fut fait prisonnier à la bataille de Pavie, en 1525, et §e remaria en 1529 à Suzanne de Bourbon ; il mourut en 1532. Claude de Rieux et Catherine de Laval furent enterrés au milieu du choeur des chanoines, à Notre-Dame de la Tronchaye. On prétend que leurs statues tumulaires, renversées pendant la Révolution, ont été retouchées et transformées en un saint Joseph et en une Sainte Vierge.
Claude II, né en 1530, s'appela comte d'Harcourt, et mourut en 1548, à l'âge de 18 ans.
Sa soeur Claude épousa en 1548 François de Coligny, sieur d'Andelot, frère de l'amiral de Coligny ; son fils aîné, Paul de Coligny, devint seigneur de Rieux et de Rochefort, et mourut en 1586 ; il eut pour successeur Guy de Coligny, qui mourut sans postérité en 1605.
Ce fut le colonel d'Andelot, mari de Claude de Rieux, qui importa le calvinisme dans le comté de Rochefort. Il vint s'y établir avec des ministres protestants et gagna beaucoup de gentilshommes à sa religion.
Rochefort eut un prêche, et la famille du Matz, du Brossais, accepta les idées nouvelles ; le Brossais devint un foyer de calvinisme.
Les guerres religieuses éclatèrent vers 1562 : M. du Matz, du Brossais, y prit part un des premiers, comme capitaine de l'arrière-ban de la noblesse à Nantes ; il marcha sur le Croizic, où l'évêque de Nantes luttait contre la religion huguenote. En 1562, les ministres protestants sont au Brossais, avec le colonel d'Andelot.
Trois ans plus tard, M. du Matz s'occupe avec ce dernier de lever des troupes ; en 1559, le sieur Bouillé écrivait de Nantes au duc d'Etampes : « Ce matin, le sieur du Brossay (Saint-Gravé), nous est arrivé avec un certain nombre d'hommes à cheval, et, comme on sait bien qu'ils sont calvinistes, on a des soupçons et des craintes en les voyant ensemble ; on a fait des visites domiciliaires, sans trouver d'armes ; je travaille à persuader aux gens d'église de tenir des hommes sous les armes, car c'est eux que cela regarde le plus ».
En août 1560, le même Bouillé écrivait : « Il y a eu une révolte dans la ville de Nantes ; un homme a été grièvement blessé, et M. du Brossay est accusé d'avoir porté le coup. Je ne crois pas que ce soit lui, car je l'ai toujours reconnu pour un homme rassis et discret ».
Le 10 décembre 1560, M. Bouillé écrivait à M. du Brossay, pensionnaire ordinaire du roi, capitaine des Gentilhommes de l'Evêché de Nantes, pour l'avertir que la reine, étant fort malade, avait envoyé des ordres pour faire cesser toute collision ; qu'il l'en avertissait, afin qu'il fit connaître à tous les gentilshommes qui étaient sous sa charge de se tenir prêts pour le service du roi. Le 13 décembre 1560, il lui annonça la mort du roi François II et deux jours plus tard, que la reine-mère (Catherine de Médicis) a l'administration du royaume, qu'elle craint des soulèvements, et qu'en conséquence il prévienne ceux de sa compagnie de se tenir prêts à marcher au premier appel.
Le duc de Mercœur, beau-frère du roi Henri III, fut nommé en 1582 gouverneur de Bretagne. Il se déclara le chef des ligueurs en Bretagne après l'assassinat des Guises (1588), traita directement avec les Espagnols et leur livra le port de Blavet.
Le parti du roi en Bretagne était sous les ordres du maréchal d'Aumont, qui périt en 1596, à Comper, près de Rennes, d'un coup de mousqueton. Nous n'entrerons pas dans le détail de la Ligue en Bretagne, nous bornant à ce qui concerne la région qui nous occupe. Au mois de mars 1588, le duc de Mercoeur entre dans la ville de Redon, sans aucune espèce de résistance de la garnison, gagnée par les moines qui étaient seigneurs d'une partie de la ville. Talhouet en fut nommé gouverneur, et y commanda pendant toute la durée de la Ligue.
En 1589, Malestroit appartenait à la Comtesse de Brissac, à qui la dite baronnie fut enlevée par le duc de Mercœur, qui fit raser une partie des fortifications, créées en 1463. Elles furent réparées, et la ville fut de nouveau assiégée, et prise par le duc de Mercœur ; fortifiée de nouveau, elle subit un troisième siège et fut reprise en 1592 par Mercœur, qui la garda quelque temps.
En septembre 1592, Lahideuc, officier expérimenté, la soumit à Henri IV, fit construire cinq petites tours détachées, et la mit en état de résister à l'ennemi. Pendant cette période, Saint-Gravé reçut les communications ci-après :
Le 22 novembre 1590, le sénéchal de Malestroit écrivait aux habitants de Saint-Gravé : « Paroissiens de Saint-Gravé, il vous est mandé et commandé de tenir, sous huit jours, dans la ville de Malestroit, 32 boisseaux de grains, 2/3 de froment et 1/3 de seigle, mesure de Malestroit. C'est la portion qui vous incombe sur 400 charges de grains imposées pour l'entretien de la garnison de Malestroit. Sa Majesté nous envoie des troupes sous peu de jours, pour s'opposer aux ennemis de la France.
Mr. le prince de Dombes, gouverneur de Bretagne, a signé l'ordre que je vous transmets le 10 du présent mois. Hâtez-vous d'envoyer ce qu'on vous demande, ou vous en répondrez tous, et chacun sur vos biens meubles et immeubles, emprisonnement de vos personnes... Signé Perret ».
Un appel du même genre du sieur Trescar, gouverneur de Malestroit, en 1592, imposait à Saint-Gravé la fourniture de 16 charretées de foin, 4 minos d'avoine, 6 charretées de paille. Vers la même époque (18 mai 1589) le sénéchal de la ville de Redon écrivait, au nom du duc de Mercœur, aux habitants de Saint-Gravé : « Faisons savoir que nous avons reçu, le 8 courant, mandement du duc de Mercœur, gouverneur et lieutenant général pour le roi en Bretagne, par lequel il nous est ordonné de lever pour la garnison tenue par le capitaine Alize dans cette ville la somme de 10 sols par jour pour les dépenses des vivres de 20 soldats, les foins, pailles et avoines pour les chevaux. Un mandement postérieur nous ordonna de lever la somme de 500 écus par mois pour l'entretien de ladite garnison et pendant tout le temps qu'elle y demeurera.
Sur ce, vous êtes requis d'envoyer à Redon, dans l'auditoire de la ville, le 24 du présent, trois hommes parmi les plus notables de votre paroisse, munis d'avance de vos deniers, rôles de fouages, etc... pour assister à la répartition entre les paroisses des dites sommes et fourrages ; les hommes auront avec eux l'argent nécessaire pour payer à l'avance le premier mois. Faute à vous d'envoyer les hommes, il sera passé outre ; vous serez taxés et, deux jours après, vous serez forcés au paiement, sous les voies et peines accoutumées en telles affaires : Signé : CLAREL, greffier ».
On faisait en outre des préparatifs de défense ; le sénéchal de la cour de Redon, Jean Flonic, sieur du Croix, réclamait en juillet aux paroisses voisines le nombre d'hommes, charrettes et harnais, chalands et autres choses nécessaires et propres à curer, nettoyer les douves de la ville, relever les fossés, amener par terre et par eau les matériaux propres aux réparations des fortifications de la ville de Redon.
Pour ces travaux, dirigés pàr le capitaine Durbin, ingénieur, furent réquisitionnées les paroisses suivantes : Bains, Langon, Avessac, Renac, Rieux, Allaire, Saint-Vincent, Glénac, Fégréac, Massérac, Saint-Just, Pipriac, Bruz, Carentoir, le Temple, les Fougerets, Saint-Martin, Saint-Congard, Peillac, Saint-Gravé, Béganne, Malansac, Caden, Sévérac, Saint-Dolay, Guenrouet, Saint-Gildas.
En 1525 Talhouet, gouverneur de Redon, voyant que le duc de Mercoeur ne voulait pas faire sa paix avec le roi, prit le sage parti de faire un arrangement particulier.
Il se rendit au camp devant Comper, auprès du maréchal d'Aumont, qui lui fit présent, de la part du roi, d'une écharpe blanche de grande valeur, l'assura d'un brevet de maréchal de camp dans l'armée du roi et le continua dans sa place de gouverneur de Redon, dont la survivance fut promise à son fils.
Le duc de Mercœur, voulant punir Talhouet, essaya de surprendre Redon, mais inutilement. Ne pouvant réussir par la ruse, il l'attaqua à force ouverte, mais le vaillant gouverneur se défendit si bien, que le prince Lorrain fut obligé de renoncer à son entreprise.
Après avoir signé une trêve avec Henri IV en 1525, Mercœur se soumit entièrement en 1598, et maria sa fille unique au duc de Vendôme, bâtard du roi.
Saint-Gravé se trouva, pendant la guerre civile, entre les places de Redon et de Malestroit, souvent ennemies, et eut à éprouver les éclaboussures de ces luttes. (A. de Kerdrel).
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