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Saint-Gravé pendant la Révolution.

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Suivant les ordonnances du roi Louis XVI, en date du 24 janvier 1789, relatives aux réformations à apporter dans le gouvernement de l'Etat, chaque paroisse fut convoquée pour exprimer ses avis avant la convocation des Etats généraux. Jean-François Briend, substitut du procureur fiscal de Peillac, réunit à Saint-Gravé environ 25 des notables habitants des villages et dressa son procès-verbal, renfermant les plaintes qui suivent :

Les habitants, ou Tiers-Etat, de la commune de Saint-Gravé demandent :

« 1° Que la liberté individuelle soit garantie à chaque Français.

2° Que le retour périodique des Etats généraux soit fixé par une loi précise, et que les impôts ne soient consentis que d'une tenue à l'autre.

3° Que dans les Etats généraux on opine par tête, et non par ordre.

4° Que les impôts votés par les Etats généraux soient généralement et également répartis sur les citoyens de tous les ordres, à l'effet de quoi tous les impôts distinctifs à chaque ordre seront supprimés, notamment les droits de grands fiefs.

5° Qu'il sera établi un nouveau tarif des droits de contrôle et d'insinuation, dans lequel il n'y aura rien d'arbitraire.

6° Qu'il sera fait un fonds suffisant pour l'abolition de la corvée sur les grandes routes et pour l'achat des miliciens, lequel fonds sera levé par une contribution proportionnelle sur tous les ordres et sur toutes les personnes, habitants des villes et des campagnes, sans distinction.

7° Que tout droit de propriété sera inviolable et que nul ne puisse en être privé, même à raison d'intérêt public, qu'il n'en soit dédommagé au plus haut prix et sans délai.

8° Que la noblesse par charge sera dès à présent supprimée par tout le royaume.

9° Que les abbayes seront mises en économat au fur et à mesure qu'elles viendront à vaquer et que les revenus seront employés annuellement à payer les dettes du clergé en principal et en intérêts.

10° Que Sa Majesté sera instamment suppliée de supprimer les pensions excessives qu'elle a pu accorder, et n'en donner à l'avenir qu'aux personnes qui n'auront pas le moyen de subsister honnêtement sans pension relativement à leur état et aux services réels, et non prétendus, rendus au royaume.

11° Que les députés de la Sénéchaussée de Ploërmel aux Etats-Généraux se réuniront à ceux du clergé de Vannes, pour demander la suppression du droit d'Annat, que les chanoines de l'église cathédrale de Vannes sont en possession de prélever sur les cures dudit Evêché.

12° Que Sa Majesté sera suppliée de supprimer une infinité de petits gouvernements, places militaires, qui ne sont d'aucune utilité dans l'Etat.

13° Que les vassaux seront déchargés de voiturer les matériaux employés à faire les réparations des moulins, nonobstant arrêts contraires.

14° Qu'il ne sera payé à l'avenir aucun droit de lots de vente sur les échanges en Bretagne, attendu que le droit de lots et ventes fut affranchi en 1700 des deniers des communes de Bretagne.

15° Qu'il sera fait une loi fixe et invariable sur la propriété, l'usage des terres appelées communs situées dans la province de Bretagne.

Toutes les demandes ci-dessus ont été arrêtées dans l'assemblée générale des habitants roturiers de la paroisse de Saint-Gravé, sous le seing de ceux qui savent signer.

Ils représentent de plus, lesdits habitants, qu'ils sont écrasés par les rentes seigneuriales, les dîmes, les corvées et charrois, de sorte que, les impositions royales et les redevances seigneuriales acquittées, il leur reste à peine le quart de leurs revenus pour leur subsistance.

Lesdits habitants sont en outre obligés de conduire les troupes et leurs bagages, et, comme plusieurs paroisses n'ont pas cette charge, ils pensent qu'il serait juste qu'elles donnassent des indemnités aux autres, il serait également juste, à leurs yeux, que les moulins à bras fussent permis dans la province, sans payer de redevances ; ils demandent aussi qu'il soit permis de tirer sur les pigeons qui leur coûtent presque autant que la dîme ».

Suivent dix-neuf signatures.

Les 15 articles ci-dessus sont évidemment dûs au rédacteur, le sieur Briend ; quant aux dernières représentations, elles proviennent certainement des habitants de Saint-Gravé, qui énonceent les charges et dommages qui les atteignent directement.

Les peuplades de l'Ouest avaient d'ailleurs été toujours libérales ; il fallut pour faire prendre les armes aux Bretons que l'oppression bouleversât leurs propres consciences et leurs foyers.

Tombé aux mains des Bleus, en janvier 1794, d'Elbée, torturé pendant cinq jours, répondit à un interrogatoire insultant par cette déclaration remarquable : « Je jure sur mon honneur que, bien que je préférasse un gouvernement monarchique, j'eusse vécu en citoyen paisible sous tout gouvernement qui eût assuré ma tranquillité et le libre exercice de ma religion ». C'est ce que l'on pensait en Bretagne et en Vendée.

« Le régime féodal, écrivait M. Thiers dans son Histoire de la Révolution, s'était empreint en Bretagne d'un caractère tout patriarcal, et la Révolution, loin de produire une réforme utile dans ce pays, y blessa les plus douces habitudes et y fut reçue comme une persécution ».

L'enrôlement forcé, qui ménageait les villes aux dépens des campagnes, acheva l'irritation ; les paysans, convaincus qu'on voulait les mener à la boucherie, répondirent : « Autant vaut mourir chez nous ».

Ce sentiment s'ajouta à la persécution religieuse : la loi du 26 août 1792 ordonna la déportation des prêtres réfractaires.

Le 3 octobre 1791, la municipalité de la paroisse de Saint-Gravé, composée de Guillaume Quiban, maire, Pierre Robin, Guillaume Dufraiche, Jean Jounaux, Joseph Caudar, Jean Boissel auxquels s'étaient joints des notables, G. Bellavoir, Pierre Naël, René Denizet, Diguet, Pierre Dugué, procureur de la commmune, Pierre Hallier, s'est réunie pour entendre annoncer que les électeurs du district de Rochefort devaient s'assembler pour remplacer le recteur non assermenté, et que, si le remplacement avait lieu à Saint-Gravé, ce serait un grand malheur. Tous ont dit la même chose et ont ajouté : « Nous sommes redevables de la paix, de la tranquillité et de l'union dont nous jouissons, à Messieurs notre recteur et curé ; c'est pourquoi nous désirons les conserver. C'est notre voeu et celui de tous les habitants de Saint-Gravé.

Ainsi, par la délibération de ce jour, nous prions Messieurs les Administrateurs du Directoire du district de Rochefort, et surtout M. le Procureur syndic de prendre en considération notre demande auprès de Messieurs les Electeurs, afin que nous n'éprouvions pas le malheur que nous craignons ; d'ailleurs aucune raison n'exige de remplacement à Saint-Gravé ; au contraire, il est de l'intérêt du gouvernement de nous laisser nos pasteurs, qui ne cessent de nous prêcher la soumission aux lois par leur exemple et leurs instructions ».

Malgré ce voeu, les habitants de Saint-Gravé ne purent conserver leurs prêtres, car nous lisons dans le procès-verbal de la séance du Conseil municipal du 16 septembre 1792, que la municipalité a délivré deux passeports à M. Pierre Le Thiec, curé de Saint-Gravé, et à M. Jean Huit, vicaire, pour aller en Espagne. — Sur 80 prêtres environ du district de Rochefort, 4 seulement prêtèrent serment à la Constitution civile du clergé.

Pendant que nous en sommes aux délibérations du conseil municipal, il est intéressant de citer la suivante, du 22 septembre 1793, adressée aux citoyens administrateurs du district de Rochefort, séant à Malestroit.

« En l'assemblée de la municipalité de la communauté de Saint-Gravé, où étaient les citoyens Julien Piogé, maire, Olivier Leborgne, Pierre Naël, Guillaume Dufraiche, Guillaume Quiban, officiers municipaux, Pierre Dugué, procureur de la commune, présent , — Citoyens administrateurs, nous vous prions instamment de vouloir bien avoir la bonté d'étendre vos vues sur le décret du 23 juillet 1793, qui ordonne qu'il ne sera laissé qu'une cloche par paroisse. Citoyens, nous sommes privés de toutes les nôtres, qui ont été enlevées par la municipalité de Malestroit, le 28 mars 1793, par le citoyen Jacques Philippo, officier municipal. C'est pourquoi, citoyens, nous réclamons de vous justice ; nous vous prions de vouloir bien nous en faire remettre une, qui puisse se faire entendre dans l'étendue de la paroisse ».

Le 18 avril 1793, la municipalité s'était réunie pour le tirage au sort et la levée d'hommes fixée à six hommes pour la paroisse de Saint-Gravé par le Directoire du district de Rochefort.

De même, le 3 novembre 1793, la municipalité invitée à fournir une levée de six chevaux, de 4 pieds 6 pouces, répond qu'après l'inspection et le toisé de tous les chevaux de la paroisse, il ne s'en est trouvé aucun de la taille exigée, et même de 4 pieds 4 pouces.

Le 22 ventôse, an II de la République, l'agent national du district de Roche-des-Trois, Le Clainche, demandait par lettre l'argenterie de l'église de Saint-Gravé ; la municipalité se réunit le 4 germinal, puis le 6 germinal, et le 8 germinal, pour voter l'envoi de ladite argenterie, composée du soleil, du ciboire ; « le calice du recteur, celui du curé perdu, étant à la disposition des prêtres, nous n'en avons pas la charge ; mais, après avoir cherché lesdits effets, nous n'avons pas trouvé lesdits calices ».

Le 7 prairial, an II de la République, la municipalité se réunit de nouveau pour répondre à la demande faite par les administrateurs du district de Rochefort, « de conduire à Roche-des-Trois, le plomb et le cuivre de l'église, savoir deux croix de cuivre, dont une soufflée d'argent, une lampe de cuivre, un encensoir, un bénitier ».

Le 3 messidor an II, on trouve une nouvelle demande d'envoi à Roche-des-Trois des cordes des cloches, des ferrements, d'un état de l'actif et du passif, de la réquisition des cochons, du tableau des chiffons.

Le même Le Clainche, agent national, envoyait, le 29 messidor an II, une réquisition de la prairie du Brossay, pour être pâturée par les chevaux de la République, exigeant qu'aucun bétail n'y entre. Le citoyen Gicquiaux était nommé garde-magasin du Brossay, pour le gouvernement.

C'est à contre-coeur que la municipalité de Saint-Gravé exécutait les ordres du District de Rochefort, la délibération suivante en est la preuve : Liberté, Egalité, Humanité, Justice : Gravé, neuf ventôse, 3ème année républicaine. Au citoyen administrateur et agent national du district de Roche-des-Trois, département du Morbihan. Le maire et les officiers municipaux, l'agent national et greffier de la commune de Gravé, vous exposent, citoyen, que depuis cinq ans que nous sommes dans les charges de la municipalité, sans avoir été remplacés, quoique les décrets citent qu'il doit y avoir un changement tous les ans ; en conséquence, nous vous prions instamment, citoyen, de nous remplacer dans le plus court délai, ou sans quoi nous n'existerons pas davantage. Il y a assez longtemps que nous sommes obligés à quitter nos travaux pour agir aux affaires de la commune, attendu qu'il y en a d'autres dans le commerce capables de nous remplacer, et vous ferez justice. Signé J. PIOGE, maire ; Olivier LE BORGNE ; P. DUGUE ; G. DUFRAICHE ; GAUTIER, secrétaire-greffier.

Ces citations nous ont fait laisser de côté les événements qui ont signalé les débuts de la Révolution dans le canton de Rochefort ; il est temps d'y revenir.

Le mouvement commença en mars 1793, et une de ses premières manifestations fut l'échauffourée de la Roche-Bernard, où Joseph Sauveur, justicier impitoyable envers les prêtres réfractaires, fut tué par les paysans ; la Convention donna à la Roche-Bernard le nom de Roche-Sauveur, président du District, avec lequel périrent  : Lefloch, du Cosquer, procureur syndic ; Lefloch Lahéchaie, aîné et cadet, neveux du précédent ; Galland, gendarme , à la résidence de la Roche-Bernard ; Gabriel Lubin, brigadier à la résidence de Muzillac ; François Bertho, gendarme à la résidence de Muzillac ; Girard, gendarme à la résidence de Muzillac ; Lamarre, sergent ; Amelin, Robillard, Piel, Poireaux, Col, Vibaux, Gallais, Brunet, fusiliers du 109ème régiment.

Rochefort fut occupé par les paysans, le 16 mars 1793, et trois bleus payèrent de leur vie leur ressentiment : Lucas, jeune, administrateur du district ; Duquèro, secrétaire du district ; Denoual, chirurgien à Peillac.

Ce fut la raison de la nouvelle appellation de Roche-des-Trois, que prit Rochefort. La veuve Duquèro reçut un secours provisoire de 600 livres.

Par arrêté des représentants du peuple, Malliaud et Guermeur, du 1er mai 1793, il fut accordé à la veuve Denoual un secours de 50 livres.

Sur les observations des administrations des districts de Roche-des-Trois, la Roche-Sauveur et Pontivy, l'administration ordonna, par son arrêté du 16 septembre 1793, que, dans chaque district, les communes qui seraient reconnues par l'administration du district comme ayant participé à la révolte, seraient provisoirement tenues de contribuer, au marc la livre de leurs cotes d' habitations, aux sommes réclamées et adjugées aux citoyens victimes de la fureur des révoltés, sauf le recours de ces communes vers les auteurs des troubles. Saint-Gravé fut frappé d'une imposition de 4.000 livres. Les blancs ayant gardé Rochefort en leur pouvoir, l'administration fit marcher contre eux toutes les forces qu'elle avait à sa disposition, lesquelles durent se replier. Renforcés par les secours qu'ils reçurent du Finistère, les Républicains eurent enfin le dessus le 27 mars et se portèrent ensuite sur Roche-Sauveur, accompagnés des commissaires Lucas et Chaignant.

Des massacres s'en suivirent, on arrêta les suspects, on enleva des églises les cloches qui ralliaient les chouans, dont les principaux chefs étaient, dans le district de Rochefort, Montmejan et Chevalier. Leur tête fut mise à prix ; 600 livres furent promises à celui qui livrerait le premier, 300 livres à celui qui saisirait le second. Chevalier fut pris à Carentoir, jugé par une commission militaire et mis à mort.

Maîtres de Rochefort, les républicains n'eurent rien de plus pressé que d'en démolir le château ; ce travail, fait du 18 avril à la fin de mai, coûta à l'administration 1.364 livres, 7 sols, 6 deniers (compte de l'administration du département du Morbihan pour l'année 1793).

Le 7 avril Rochefort fêta sa délivrance.

En septembre 1793, les administrateurs composant le Directoire du District de Rochefort étaient les citoyens Geslin, Jonan, Tallé ; le receveur, Guillotin.

Au commencement de 1794, l'agent national du district était Leclainche, qui écrivait dans les termes suivants à la municipalité de Saint-Gravé, le 22 nivôse an II : « Citoyens, tous les Français se hâtent de venir au secours de la patrie, toutes les communes offrent l'argenterie de leurs églises ; mais, dans votre district, nous n'en comptons encore que deux qui se soient débarrassées de ces hochets superstitieux. L'influence des mauvais citoyens est cause du retard où nous nous trouvons ; ils dirigent les municipalités, et se servent du prétexte religieux pour arracher à une patrie qu'ils détestent une ressource conséquente. Oui, citoyens,je dois vous le dire, ces hommes sont de véritables ennemis de la république, et soyez assurés que celui qui vous détourne de faire porter à la monnaie l'argenterie qui vous reste, est un contre-révolutionnaire, dont il faut délivrer la société. S'il vous parle de religion, ce n'est que pour vous séduire ; il ne sacrifie pas à une idole aujourd'hui sans autel. Son but, son seul but est de traverser la marche de la Révolution ; et si, pour y réussir, il suffisait de renier l'être qu'il dit adorer, vous le verriez, ce qu'il est dans le fond, un déiste décidé. C'est à moi, citoyens, à vous démasquer les scélérats : c'est à moi à vous en débarrasser, et en voici les moyens : aussitôt la réception de la présente, je vous prie et vous requiers de vous assembler extraordinairement, et de prendre en considération l'envoi à la Monnaie de l'argenterie qui vous reste. Vous distinguerez dans votre délibération les noms et demeures de ceux qui auront voté contre. Démasquons tous les caméléons, et forçons-les de concourir avec nous au bien-être de notre chère patrie ; qu'une pareille tâche est douce à remplir pour des républicains ! Je charge votre responsabilité de m'accuser réception de la présente ou de m'envoyer sous huitaine la délibération qui en doit être la suite. Signé : LECLAINCHE ».

Cette lettre, d'un style si emphatique, eut pour effet l'envoi à Rochefort du saint ciboire et de l'ostensoir, ainsi que nous l'avons vu dans les délibérations des 4, 6 et 8 germinal. La belle et riche croix d'argent de 1664 se trouva heureusement soustraite à cet envoi, et cachée dans cette circonstance difficile.

Nous ne reviendrons pas sur les détails déjà donnés du sort que subirent pendant la Révolution les églises, chapelles, châteaux, etc. Mais il semble utile de dire quelques mots sur l'administration des biens nationaux pendant ces tristes jours.

Par ses décrets des 23 et 28 octobre 1790, l'Assemblée Nationale avait désigné sous le nom de biens nationaux : 1° Tous les biens des domaines de la couronne. 2° Ceux des apanages. 3° Ceux du clergé séculier et régulier. 4° Ceux des séminaires diocésains.

Des décrets postérieurs (1791, 1792 et 1793) y ajoutèrent : 1° Les biens des fabriques. 2° Ceux des fondations établies dans les paroisses. 3° Ceux des collèges, séminaires-collèges, retraites et tous établissements destinés à l'enseignement public. 4° Les biens des hôpitaux, maisons de charité et établissements destinés au soulagement des pauvres. 5° Ceux de l'ordre de Malte et de tous ordres religieux militaires. 6° Les biens des émigrés (décret de l'Assemblée Nationale du 9 février 1791).

Les biens immobiliers vendus et à vendre dans le département du Morbihan furent évalués en capital à la somme de 10 millions, suivant les états de valeur approximative fournis en 1791 par les 9 districts.

La perception des revenus nationaux était attribuée aux préposés de l'enregistrement, par le décret du 19 août 1791, et les corps administratifs étaient chargés de la surveillance. Les receveurs de district ne percevaient que l'intérèt du prix dû des ventes d'immeubles.

La loi du 1er février 1793 exigea des municipalités les Etats de consistance des biens des émigrés ; un article de la loi du 28 mars 1793 accorda à tout citoyen qui fera connaître des biens d'émigrés, qui auraient été recelés ou omis dans les listes, la dixième partie de ces mêmes biens.

Dans le district de Roche-des-Trois, le revenu annuel des biens des Emigrés se montait à 69.728 livres.

Dans les Archives du Brossais se trouve une liste des biens des Emigrés mis, dans le département du Morbihan, sous la main de la Nation, en exécution du décret de l'Assemblée Nationale du 9 février 1791, pour être administrés conformément à la loi du 8 avril suivant.

Cette liste, imprimée à Vannes chez L. Bizette, place de la Réunion, est signée des membres du Directoire : ESNOUL, président. LEFEBVRIER, LEHOHIC, LUCAS, fils, DANET, aîné, LEBOUHELEC, fils, BOULLE, cadet, POULLIQUEN, administrateurs ; GAILLARD, procureur général syndic, BAUMART, pour le secrétaire général.

Elle comprend, pour Saint-Gravé, la terre du Brossais, dont le sieur Briend est régisseur, à l'émigré de Mallier de Chassonville, qui avait aussi des biens dans Malansac, Peillac, Saint-Marcel, Saint-Congard et Pleucadeuc.

L'émigré Freslon de la Freslonnière, demeurant à Rennes, avait également des biens à Saint-Gravé ; il en est de même de l'émigré de Castellan, de l'émigré Guillards Desaulnays.

Sur la liste des émigrés possédant des biens dans le district de Rochefort établie par le Directoire en 1793, nous relevons les noms suivants :
Beauchène, de Sarzeau, possédant des biens en Questembert, Larré, Limerzel.
Budes, frère .... en Missiriac.
Bedée, dit Vice de Loup ... en Molac et Pluherlin.
Bégasson, dit Lalardais ... en Pleucadeuc et Carentoir.
Carné de Trécesson ... en Questembert.
Couëssin, dit Delherhaude ... en St-Gorgon et St-Vincent.
Castellan, aîné ... en Peillac, St-Perreux, St-Gravé, St-Jacut, Pluherlin, St-Martin, La Gacilly.
Castellan, cadet ... en St-Marcel et Bohal.
Chérel de la Rivière ... en Caden.
Cornullier (intéressé dans les forges en Questembert) ... en Questembert.
Dubot, dit Dugrégo ... en Saint-Jacut.
Les enfants Dufou dit Bezidel ... en Saint-Marcel.
De Laruée, père et ses fils ... en Tréal, La Gacilly, Carentoir.
Dubois dit de Saint-Gonan ... en Peillac.
De Rieux (ancien militaire) ... en Glenac, les Fougerais, Peillac.
Dufrèche, prêtre, demeurant à Paris ... en Cournon.
Deforges et sa femme, lieutenant de vaisseau ... en Berric et Saint-Perreux.
De Sol de Grissol ... en Questembert.
Duhon de Forsan, possédant des biens ... en Pluherlin et St-Marcel.
Fournier de Trélo, conseiller au parlement de Rennes ... en Carentoir.
Ve Guillard Desaulnaye ... en Caden.
La demoiselle Gouvello ... en Caden.
Guerry, cadet ... en Larré.
Guillards Desaulnaye ... en St-Gravé et les Fougerais.
Gourro de Pommery, militaire, de Sixte ... en Carentoir.
Guériff et Lannouan, de St-Nazaire ... en Carentoir.
Veuve Guébriant et ses enfants ... en Missiriac.
Huchet de Cintré, de Monteneuf ... en Tréal.
Huchet de Labédoyère ... en Saint-Jacut.
Justel, Julien, domestique de St-Martin ... en Saint-Martin.
Dlle Lebrun, ayant son père, de Vannes ... en Questembert.
Lalandelle, père, les deux fils et trois soeurs ... en Peillac.
Labourdonnay, fils aîné ... en Carentoir et les Fougerais.
Ledouarain de Trévelec, aîné ... en Saint-Martin.
Labouexière, officier de marine ... en Carentoir.
Lemétayer du Pourpris ... en Questembert.
Lemaintier Lehellec, cadet ... en Malansac.
Lamotte Beaumanoir, de Dinan ... en Carentoir.
Lahoussais, fils, de Redon ... en St-Martin et les Fougerais.
Latouche-Quedillac ... en Carentoir.
Marnière de Guer, de Guer, ex-président au parlement de Rennes... en Pleucadeuc et Molac.
Femme Potiers de Gèvres, possédant des biens ... en Saint-Dolay.
Pont-Carré, ex-président au parlement de Rouen ... en Questembert, Larré, Molac, Pluherlin.
Quifistre de Bavalan, de Vannes ... en Berric.
Rado, frères, de Carentoir ... en Glénac.
De Rieux ... en Peillac.
Saint-Pern .... en Saint-Marcel.
Serrent, ci-devant maréchal de camp ... en Missiriac.
Saint-Pierre, fils, dit Lempereur ... en Questembert, Malansac, Pluherlin.
Lestourbillon.
Viel, femme d'Argence .... en Allaire, Malansac, Pluherlin.

L'orthographe des noms compris dans cette liste a été scrupuleusement conservée.

Sur une liste supplémentaire d'émigrés, signée le 7 germinal an II par Dubreton, président, Rio, Marcel, Ernous, Haumont, Destouches, Degatine, jeune, T. Couëtihuel, administrateurs, et Chapaux, secrétaire général, nous relevons les noms des émigrés ci-après :
Boyer, vicaire à Saint-Jagu, possédant des biens en Saint-Jagu et Peillac.
Briend, Noël, prêtre.
Collet, René, prêtre à Bains, ... en Saint-Perreux.
Coué, dit Latouche, prêtre à Vannes, ... en Molac.
David, Antoine, curé, à Malansac, ... en Berric.
Dudoué, Vincent, prêtre à Questembert.
Deslandes, Olivier prêtre à Questembert, possédant des biens en Questembert.
Eon, curé à Limerzel, ... en Limerzel.
Gueheneuc, Joseph, vicaire à Saint-Martin, ... en Peillac.
Germinal, prêtre à Bains, ... en Peillac.
Gueheneuc, curé à Saint-Pierre de Vannes, ... aux Fougerais.
Guillouzic, prêtre à Questembert, ... en Caden.
Houeix, Pierre, curé des Fougerais, ... en Peillac et aux Fougerais.
Hémery, René, prêtre à Allaire, ... en Allaire.
Havard, Mathurin, prêtre à Muzillac, ... en Missiriac.
Jamet, Pierre, curé de Lizio, ... en St-Marcel, et Missiriac.
Jamet, Augustin, vicaire à Larré.
Lucas, Joseph, prêtre à Molac, ... en Pleucadeuc.
Lebreton, Mathurin, curé à Pleucadeuc, en Pleucadeuc.
Laurent, Jean-Marie, curé aux Fougerais, père et mère à St-Laurent.
Lenormand, Jean, curé à Larré, ... en Pluherlin.
Marchand, Joseph, curé à Malensac, ... en Allaire.
Monnier, prêtre, ... en Saint-Jagu.
Méhat, Joseph, prêtre à Questembert en Saint-Jagu.
Madouas, Jean, vicaire à Questembert, ... en Questembert.
Magreix, Louis, prêtre à Questembert, ... en Questembert.
Mouro, Athanase, prêtre à Questembert, en Questembert.
Minié, vicaire, à Limerzel, (a été pris et guillotiné).
Penhaleu, prêtre à St-Dolai, ... en Peillac.
Pucelle, prêtre à Saint-Jagu, possédant des biens en Peillac.
Picard, Joseph, curé de Radenac, ... en Bohal.
Pichon, Augustin, vicaire à Molac.
Poissemé, Mathurin, prêtre à Molac.
Rivière, curé de Lantillac, ... en Peillac et Saint-Vincent.
Robert, Joseph-Pierre, vicaire à Cournon.
Servais, René, prêtre à Molac.
Thomin, Mathurin, vicaire à Malestroit, ... en Missirac et St-Marcel.
Trégoumard, noble, ... en Allaire.
Thomin, Joseph, vicaire à Redon. en Missiriac et St-Marcel.

Sur une autre liste supplémentaire, du 7 prairial, nous relevons les noms de : Grayo, vicaire à Péaule, possédant des biens à Questembert.

Enfin, sur une dernière liste, signée le 30 brumaire an III, par Thomas Coëtdihuel, président, Bigarré, J. Lauchon, L. B. Arnous, administrateurs, nous trouvons :
Dupuis-Montbrun, dit Montméjan, chef de brigands, ... en Carentoir.
Dubot, veuve Juchault dit de l'Orme, condamnée à mort le 8 floréal, à Nantes.
Guillermo, de St-Philibert, ... en Carentoir.
Hervé, François, tanneur à Rochefort, ... en Rochefort.
Hélard, François, vicaire à Béganne, ... en Caden.
Hélard, Honoré, curé à Béganne, ... en Caden.

Cette liste, un peu longue, prouvera le grand nombre de prêtres qui ont refusé de prêter serment.

Outre ceux qui émigrèrent, beaucoup d'autres furent enfermés à la citadelle du Port-Louis, où ils restèrent un an, pour être ensuite, en 1794, déportés à Rochefort.

La maison de la retraite des femmes à Vannes servit de prison à un grand nombre, depuis septembre 1792. La loi des Suspects, du 12 et du 16 août 1793, fut exécutée avec rigueur dans le Morbihan ; chaque ville eut une maison d'arrêt pour les nobles, les religieuses, les parents des émigrés. L'Histoire du diocèse de Vannes, par le chanoine Le Mené, donne les noms de ces victimes innocentes de la Révolution.

La Convention trouva pourtant que les administrateurs du Morbihan étaient trop tièdes, et envoya le représentant du peuple, Prieur de la Marne, pour y mettre bon ordre. Il fit mettre en prison les citoyens Gaillard, procureur général syndic, les administrateurs Boullé, Chaignard, Chesnel, Danet, d'Haucour, Dubodan, Dufeigna, Fages, Faverot, Graverand, Lauzer, etc... des juges, des officiers municipaux.

Les agents révolutionnaires du Morbihan avaient cependant donné des gages de leur fanatisme révolutionnaire ; nous avons sous les yeux un jugement du tribunal criminel du département du Morbihan, séant à Lorient, le 6 ventôse, l'an second de la République française condamnant à mort Jeanne-Louise Champaux, veuve de Louis-François Sécillon, ancien capitaine d'infanterie, ci-devant noble, demeurant à Trégouët, commune de Bégane, district de La Roche-Sauveur. Son crime était d'avoir envoyé à Aucfer, où se réunissaient des brigands, du pain, du grain et du cidre, en mars 1793, d'avoir connu Gardon, chef des
brigands, d'avoir envoyé des fermiers au dit rassemblement, et enfin, d'être ci-devant noble.

Cette condamnation, signée de J.-M. Raoul, président, et de L. Daubin, commis greffier, fut prononcée par les juges J. Néron, J. Lefur, et A.-M. Brullé.

Le jugement fut imprimé à l'imprimerie Baudoin, à Lorient, rue du Port, suivi de la copie des art. I, IV, VI et VII de loi du 19 mars 1793 et de la loi du 5 juillet 1793.

Le citoyen Rio fut nommé président de la nouvelle administration du Morbihan.

L'Eglise catholique continua d'être persécutée, mais maintint avec une fermeté inébranlable l'intégrité de la foi ; elle compta plusieurs martyrs.

M. Olivier Le Pellic, prêtre à Bubry, se tenait caché dans le pays, pour remplir son ministère ; il fut découvert, traduit devant le tribunal criminel de Lorient, condamné à mort comme réfractaire, et exécuté le 11 décembre 1793, à l'âge de 39 ans.

M. Julien-François Minier, né à Limerzel, où il était vicaire, comparut devant le même tribunal, le 10 janvier 1794 ; il fut condamné à mort et guillotiné immédiatement. Peu après Marie Le Normand, veuve Caudart, de Malansac, et Jean Desgrées, secrétaire de la municipalité de Limerzel, furent condamnés à la déportation, pour recel de prêtres ; il en fut de même de Joseph Morice, cultivateur à Pluherlin.

M. René Servet, prêtre à Molac, sa paroisse natale, fut condamné à la réclusion, le 11 février 1794, et non à mort, étant âgé de 65 ans.

Nous voilà entraînés bien loin de l'histoire particulière à Saint-Gravé, mais nous avons tenu à rappeler ici le nom de ceux qui ont payé de la mort, de la déportation ou de l'exil leur attachement aux principes dans lesquels ils furent élevés. Le district de Rochefort a eu une grande place dans cette énumération de martyrs, et il nous a paru utile de citer ces nobles exemples à une époque où la religion est de nouveau persécutée par un gouvernement sectaire.

La Terreur se ralentit au commencement de 1795, et les prêtres cachés commencèrent à célébrer publiquement la messe, mais les condamnations et exécutions reprirent à la fin de cette année, sous le Directoire.

Le tribunal criminel, transporté de Lorient à Vannes, au commencernent de l'année, avait pour président le citoyen Chesnel ; pour juges, les citoyens Fabre, Le Meur, Le Blanc et Mancel ; pour accusateur public, Lucas. M. Yves Le Manour, prêtre de Languidic, fut condamné à mort, le 31 décembre 1795 et exécuté à Vannes sur la place du Marché.

En 1796, des colonnes volantes, pillant le pays, tuèrent 8 prêtres, dont elles découvrirent la retraite. Un jeune diacre de Ménéac, Jean Gaudaire (de la famille du R. P. Gaudaire, supérieur général des Eudistes), fut tué dans le champ des Roches-Blanches.

En 1797 et 1798 eurent lieu plusieurs envois de prêtres du Morbihan vers la Guyane, où beaucoup moururent de misère et de maladie.

En janvier 1799, M. Michel, prêtre de Malansac, meurt en Espagne ; on se borna à déporter à l'île de Ré les prêtres arrêtés.

Sous le Consulat, qui remplaça le Directoire en novembre 1799 (18 brumaire an VIII) l'insurrection royaliste prit un nouvel essor, sous l'impulsion de Cadoudal, qui, en octobre, avait pris Sarzeau, pendant que Desol de Grisolles s'emparait de Guérande, de La Roche-Bernard et de Redon. Enfin la paix fut signée avec le général Brune, le 12 février 1800.

La loi du 17 février 1800 supprima les districts qui furent groupés en arrondissements ; la religion catholique commença à respirer, et le 26 messidor an IX (15 juillet 1801) fut signé le Concordat.

Le 27 décembre 1801, on remonta une cloche dans le clocher de l'église de Saint-Gravé.

Mgr. de Pancemont, du diocèse d'Autun, fut nommé évêque de Vannes le 9 avril 1802 ; le 13 septembre 1802, il publia un mandement contenant la liste des paroisses érigées, et le tableau des recteurs nommés. Il créait 37 cures ; il reconstitua les communautés religieuses, en commençant par les soeurs hospitalières. Il eut pour successeur Mgr. de Bausset.

Le 17 floréal an IX (8 mai 1803) le Conseil municipal écrit au général Julien, préfet du département du Morbihan, pour lui demander la révocation de Gautier Hallier, maire de Saint-Gravé depuis 1794, « qui ne donne pas au Conseil la liberté de délibérer pleinement, et l'a inculpé en disant qu'il n'y avait dans la commune personne en état de remplir les fonctions de maire ».

Cette délibération est signée de Sébastien Danet, adjoint, G. Dufraiche, Guillaume Le Nuet, Jean-Louis Tertre, F. Morice, Salomon Plormel, P. Rio, Joseph Crété, Jean Hémery, Olivier Niol, Hallier, maire, Gautier, greffier. - Hallier resta maire jusqu'en 1808, époque à laquelle il fut remplacé par Pierre Dugué.

Une délibération du 14 messidor an IX vote huit cents francs pour l'ameublement du presbytère, et une somme annuelle de 400 francs pour supplément au traitement du desservant ; elle exprime en même temps le voeu que le « desservant puisse jouir des anciennes dépendances du presbytère, qui consistent en un pré, un verger et une pâture, faisant observer que le tout, y compris la maison curiale, et le jardin, même une petite chapellenie destinée ci-devant au prêtre qui disait la messe du matin, et qui ne consiste qu'en une maison et deux petits prés, n'est affermé que 120 francs ».

Le 3 février 1811, le conseil municipal de Saint-Gravé, composé de P. Dugué, maire, G. Dufraîche, adjoint, Olivier Niol, Guillaume Quiban, Julien Bertau, Joseph Crété, Jan Moisan, Jean-Louis Terte, François Guillaume, Gautier, est d'avis d'acheter l'ancien presbytère, s'obligeant solidairement à fournir aux vendeurs le premier paiement, qui est le cinquième du prix existant, pour le 1er mars 1811. Les détails relatifs à l'acquisition du presbytère et de la chambre neuve (chapellenie de Saint-Denis) en 1817 ont été donnés par ailleurs. (A. de Kerdrel).

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