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SAINTE BRIGITTE. |
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Sainte Brigitte de Kildare, patronne de l'Irlande, que les bretonnants appellent santéz Berhet, vivait au VIème siècle et n'est jamais venue en Armorique, où son culte, si en honneur, a été importé par les émigrés insulaires ; le Morbihan possède nombre de paroisses, chapelles et lieux dits sous le nom de sainte Brigitte et sous le nom breton de Loperhet ou Locperhet, le lieu de Berhet [Note : Dans la presqu'île du Plec en Locoal, non loin d'une chapelle de sainte Brigitte, se dressent deux lechs : l'un, de neuf pieds de haut et paraissant avoir été surmonté d'une croix, est kégil Brehet (Brehet, métathèse de Berhet), la quenouille de Brigitte ; l'autre, de deux pieds de haut et présentant une grossière sculpture du Christ, est le fuseau de la sainte, gourhet Brehet. Quelques autres pierres levées morbihannaises portent aussi le nom de quenouille, en raison de leur forme ; il y a à Silfiac, kégil er diaul, la quenouille du diable, ayant treize pieds d'élévation, — et, près de Plaudren, la quenouille de la femme de Gargantua, menhir de dix-sept pieds].
Sainte Brigitte est le grand guérisseur des maladies du sexe féminin ; les femmes stériles la prient pour avoir des enfants, les femmes enceintes pour assurer une grossesse favorable, les femmes en couches pour obtenir une heureuse délivrance, les jeunes mères pour avoir du lait ; on lui demande même la guérison des tumeurs malignes et des cancers du sein.
A Grand-Champ, dans la chapelle XVIème siècle de Loperhet, on l'invoque contre les maux d'oreille et la surdité, et on lui apporte en oblation plein un chapeau de seigle.
D'après M. Le Rouzic, dans la chapelle du Cosquer en Plouharnel, on sollicite d'elle la guérison des maux de dents. — A cinq cents mètres du Cosquer, dans une prairie, existe la fontaine sacrée qui, entr'autres propriétés thérapeutiques, a le pouvoir de faire marcher les petits enfants ; par un beau dimanche de printemps ou d'été, après une station à la chapelle, les mères portent leurs bébés à la source, les déshabillent et les plongent dans l'eau jusqu'à la ceinture ; on lave la chemise, que l'on remet sur le dos de l'enfant après l'avoir fait sécher, — et quelquefois humide encore, afin de conserver à l'eau sa vertu curative.
Jadis, alors que, pour l'épouse bretonne, n'être pas mère était un déshonneur, les paysannes stériles, voisines d'une fontaine de santez Berhet, y trempaient le soir l'une de leurs chemises et se la mettaient sur le corps en montant dans leurs lits clos.
Les jeunes gens consultent sainte Brigitte pour savoir à qui donner leur cœur ; ils vont au mois de mai, trois lundis de suite, au crépuscule, regarder dans une fontaine de la bienheureuse, et, s'ils ont la foi, ils aperçoivent au fond de l'eau, sinon l'image, au moins la vague silhouette de la fiancée que sainte Brigitte leur a choisie.
(André Viaud-Grand-Marais).
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