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Multiples sont les grâces obtenues en priant près du tombeau et devant les reliques de saint Vincent Ferrier ; « Grand nombre de personnes touchent des yeux le marbre du tombeau pour être guéries ou préservées des maux qui affectent si douloureusement cet organe délicat » (abbé Mouillart) ; les rhumatisants et les céphalalgiques demandent à un contact du même genre la cessation de leurs souffrances ; enfin chacun sait que le patron de Vannes guérit de la fièvre parce qu'il en est mort et que les saints sont compatissants aux maux dont ils ont souffert.

Ce qu'on ignore, c'est qu'autrefois on s'adressait à ce celeste protecteur pour avoir des maris, à Vannes du moins ; dans la première moitié du siècle dernier, voire même sous le second Empire, les Vannetaises qui ne voulaient pas coiffer sainte Catherine avaient recours au bon saint Vincent et allaient le prier dans sa chapelle de Limur ; leur oraison était accompagnée d'une pratique superstitieuse, celle de piquer une épingle dans l'un des pieds de la statue ; il fallait que l’épingle fût droite ; sinon on avait un mari bossu. (Cf. Dr Fouquet).

Vous n'êtes pas sans avoir remarqué ce don d'épingles remis d'une si singulière façon aux saints et saintes s'occupant de mariage ; l'épingle est le symbole de l'attachement, et son offrande est une demande au bienheureux d'attacher votre cœur à un autre coeur. Parfois les jeunes filles et les veuves désirant sortir de viduité, au lieu de cribler d'épingles les pieds, les mollets ou la tête du saint, jettent leurs épingles dans la fontaine du bienheureux ; si l'épingle surnage, le saint sera favorable ; les demanderesses subtiles engluent l'épingle ou la piquent dans une, feuille qui lui sert de radeau.

(André Viaud-Grand-Marais).