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Le CHAPITRE de Saint-Malo

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évêché de Saint-Malo

Constitution d'un Chapitre régulier de l'Ordre de Saint-Augustin par l'évêque saint Jean-de-la-Grille (1152). — Sécularisation de ce Chapitre par l'évêque Raoul (1319). — Organisation définitive. — Théologale. — Préceptorerie. — Pénitencerie. — Prébende vicariale. — Régaire du Chapitre. — Armoiries et sceaux. — Revenus du Chapitre en général et de chacun de ses membres en particulier. — Suppression et protestation du Chapitre de Saint-Malo en 1790.

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évêché de Bretagne : évêché de Saint-Malo

 

LE CHAPITRE DE SAINT-MALO

évêché de Saint-Malo

Nous n'avons pas assez de renseignements sur le Chapitre de l'Eglise d'Aleth pour pouvoir en parler d'une manière intéressante ; nous ne commencerons donc cette notice historique qu'à l'année 1152, époque vers laquelle saint Jean-de-la-Grille transféra à Saint-Malo le siège épiscopal d'Aleth. 

A peine ce bienheureux évêque se vit-il paisible possesseur de l'église de Saint-Malo qu'il en fit sa cathédrale, et y introduisit à la place des Bénédictins un Chapitre composé de chanoines réguliers de Saint-Augustin de l'observance de Saint-Victor de Paris. 

C'étaient de vrais religieux, vêtus d'une robe de serge blanche, d'un rochet et d'un long manteau noir. Au choeur, ils remplaçaient ce manteau par un surplis à larges manches et une aumusse de peau et de drap noirs, qu'ils portaient sur le bras gauche ; en hiver, ils usaient d'une grande chape noire avec un ample camail à capuchon. Leur règle était fort sévère : ils vivaient en communauté dans un cloître, couchant au même dortoir, mangeant au même réfectoire, pratiquant le jeûne pendant une grande partie de l'année. Ils n'usaient jamais de viande et gardaient entr'eux un silence si étroit qu'ils ne se parlaient que par signes. Ils chantaient l'office  canonial de nuit et de jour : matines et laudes à deux heures du matin, prime à six heures, tierce à neuf heures, sexte à midi, none à trois heures, vêpres à six heures du soir et complies avant de se coucher ; ils tenaient chapitre tous les jours après prime, et ils se livraient au travail des mains qui leur était prescrit. En un mot, ils menaient la vie religieuse des plus austères communautés d'hommes (Abbé Manet, Vie de saint Jean-de-la-Grille. — Hélyot, Histoire des Ordres religieux). 

Le nouveau Chapitre de Saint-Malo fut composé d'un prieur, de deux archidiacres, d'un grand-chantre et d'un nombre indéterminé de chanoines, tant pour le service du choeur que pour celui de quelques paroisses dont nous donnerons bientôt la liste. Son cloître était accolé à l'église cathédrale du côté du Midi ; il en reste encore un dernier vestige : c'est un débris d'arcade romane reposant sur un chapiteau historié de même style, près de la porte méridionale de la cathédrale appelée aujourd'hui même porte du Cloître. Sur l'emplacement de ce cloître, du monastère et des jardins occupés par les chanoines réguliers, s'élevèrent plus tard les maisons prébendales du doyenné, de la chantrerie, etc. 

Pour assurer à ce Chapitre régulier dont il voulait former son conseil une existence convenable, saint Jean-de-la-Grille, religieux du même ordre que ses chanoines, ne retint pour lui-même et pour ses successeurs sur le siège épiscopal que le tiers des revenus de l'Eglise de Saint-Malo ; il abandonna les deux autres tiers au Chapitre, et dans sa générosité il lui donna encore tous les revenus qu'il percevait dans les églises dont voici les noms : Plumaugat, Guer, Saint-Pierre de Plouer, Saint-Pierre de Bossac (nota : On ne voit point où placer cette église, si ce n'est au prieuré de Bossac ou Boussac, en Maure, encore faudrait-il admettre que ce prieuré changea plus tard de titulaire, car saint Barthélemy en était le patron en dernier lieu), Saint-Malo d'Yvignac, Saint-Pierre de Sévignac, Saint-Eloi de Montauban, Broons, Mégrit, Néant, Guignen, Goven, Baulon, Plumaudan, Plélan, Trémeur, Saint-Pierre de Beignon, Saint-Armel de Ploërmel, Caulnes, Médréac, Saint-Malo de Beignon, Saint-Pierre-Marc-en-Poulet, Saint-Servan, Saint-Pierre de Plorec, Saint-Pierre d'Aleth, Caro, Augan, Maure, Guipry, Bréal, Pipriac et ses chapelles. Il permit en même temps à ces chanoines de desservir eux-mêmes toutes ces églises ou de les faire desservir, à leur choix, par des prêtres révocables pour causes graves du consentement de l'évêque. 

Les papes Eugène III en 1152, et Adrien IV en 1157, approuvèrent ces diverses donations (Hauréau, Gallia christiana, XIV, instrumenta 234. — Archives départementales d'Ille-et-Vilaine) ; plus tard, le pape Luce III y mit aussi sa sanction en 1181, et l'on voit qu'à cette dernière époque d'autres églises avaient encore été ajoutées aux précédentes et données au Chapitre. 

Ces Souverains-Pontifes ordonnèrent, en outre, que tous les évêques de Saint-Malo, ainsi que tous leurs archidiacres, seraient choisis exclusivement parmi les membres du Chapitre ; mais on ne tarda pas à déroger à cette clause au moins quant aux évêques, peut-être par défaut de sujets convenables, peut-être aussi par la volonté des ducs de Bretagne. 

A la suite de circonstances demeurées inconnues, l'évêque Raoul fit avec son Chapitre, le 23 août 1219, un important concordat que nous devons analyser ici. Il fut d'abord convenu que l'évêque et le Chapitre ne pourraient que d'un consentement commun envoyer des chanoines réguliers de la cathédrale desservir les églises rurales appartenant au Chapitre, et qu'ils ne pourraient également les en rappeler que d'un mutuel accord ; toutefois, si les deux parties ne pouvaient s'entendre sur ces cas d'envoi ou de rappel, l'évêque resterait maître d'agir selon sa volonté (nota : La règle était, parait-il, que les chanoines desservant les paroisses ne pouvaient rentrer au cloître qu'au bout d'un an, après en avoir préalablement fait la demande au Chapitre et avoir rendu compte de leur administration). Il fut aussi stipulé que l'évêque et le Chapitre nommeraient ensemble les prêtres chargés de desservir les paroisses dépendant du Chapitre, et qu'ils recevraient ensemble les nouveaux habitants de Saint-Malo admis dans l'enceinte de ville après serment fait aux deux parties. L'exercice de la juridiction commune fut également réglé par la même occasion. Enfin, chose très-importante, Raoul, enchérissant encore sur la générosité de son prédécesseur Jean-de-la-Grille, concéda au Chapitre les trois quarts des revenus de l'Eglise de Saint-Malo au lieu des deux tiers dont il jouissait précédemment, et décida que le même partage aurait lieu dans les nouveaux acquêts que l'évêque et le Chapitre feraient en commun dans les paroisses désignées par saint Jean-de-la-Grille et Albert, son successeur. 

Cette transaction, par laquelle l'évêque faisait de si grands sacrifices, ne paraît pas avoir été immédiatement homologuée par les Souverains-Pontifes, aussi sa validité fut-elle contestée plus tard par quelques prélats ; cependant nous avons au dépôt des Archives départementales, outre la charte en question, une confirmation de ce qu'elle renferme, donnée en 1274 par le page Grégoire X. 

Les chanoines réguliers de Saint-Malo avaient, comme l'on voit, une véritable puissance. En 1245, le pape Innocent II autorisa chacun d'eux à posséder en même temps plusieurs bénéfices. Ils menaient à la fois la vie monastique et séculière, tantôt renfermés dans leur cloître, tantôt desservant les paroisses. Mais cette existence n'était pas sans danger, et les évêques de Saint-Malo crurent devoir un jour changer cette institution. 

Les chanoines possédaient en 1319 les paroisses et bénéfices dont les noms suivent, produisant de beaux revenus, comme le prouvent les chiffres qui accompagnent chaque nom : Guer, 137 livres, — Guipry, 63 livres, — Plouer, 100 livres 4 sols, — Pleurtuit, 80 livres, — Néant, 80 livres, — Beignon, 52 livres 15 sols, — Augan (y compris l'archidiaconé de Porhoët), 200 livres, —  Saint-Père-Marc-en-Poulet, 121 livres, — Saint­Jouan-des-Guérets, 108 livres, — l'archidiaconé de Dinan, 181 livres, — Saint-Servan, 104 livres, — Saint-Pierre d'Aleth, 182 livres 10 sols, — Plumaudan, 107 livres 6 deniers, — Paramé,  63 livres, — Bréal, 66 livres, — Saint-Briac, 55 livres 6 sols, — Saint-Lunaire, 80 livres, — Saint-Malo, 198 livres 18 sols. 

Le Chapitre régulier de Saint-Malo se composait alors de vingt chanoines, dont voici les noms : Rolland de Dinan, prieur, — Pierre de Porhoët, archidiacre, — Rolland, doyen de Plumaudan, — Pierre Hoyen, — Jean Guinart, — Foulques de l'Orme, — Jean Gilot, — Jean Niel, — Etienne Bigot, — Guillaume de Saint-Sauveur, — Jean Marquier, — Robert Pédriel, — Arthur Le Breton, — Etienne Nicolle, — Geffroy de Largoët, — Ruellan Ferron, — Olivier Ventre-d'Orge, — Thomas La Bégasse, — Alain de La Bouëxière — et Jean Arnoul. Voici comment ils furent les derniers, de leur ordre à Saint-Malo. 

Dès la première année de son pontificat (1317), l'évêque Alain Gonthier, voyant que de toutes les cathédrales suffragantes de l'Eglise de Tours celle de Saint-Malo était la seule conservant un Chapitre régulier, pria les Pères du Concile de Saumur de se joindre à lui pour obtenir la sécularisation de son Chapitre. Le pape Jean XXII ne fit point difficulté d'accéder à ce voeu et, par deux bulles du 27 octobre 1319, il sécularisa le Chapitre de Saint-Malo. Il ordonna, toutefois, que tous les chanoines réguliers conserveraient, leur vie durant, leurs places respectives au choeur et au Chapitre, vivant selon leur règle, et qu'à mesure qu'ils décéderaient ils seraient remplacés par des chanoines séculiers ; il régla, de plus, que les archidiacres et les chanoines réguliers desservant les paroisses conserveraient également leurs bénéfices tant qu'ils vivraient, mais qu'à leur mort il serait formé de ces bénéfices des prébendes pour les chanoines séculiers, en observant, toutefois, d'établir dans ces paroisses des vicaires perpétuels pour y prendre soin du service divin et du salut des âmes. Enfin, le Souverain-Pontife nomma trois commissaires, Raoul Rousselet, évêque de Laon (jadis évêque de Saint-Malo), Jean Le Parisi, évêque de Vannes, et Thomas d'Anast, doyen d'Angers, pour opérer la sécularisation. Le Chapitre de Saint-Malo fut, en conséquence, définitivement constitué comme il suit, et il demeura tel jusqu'à l'époque de la Révolution. Dix-neuf prébendes furent formées, et l'une d'elles fut donnée à l'évêque. Quatre dignités furent créées pour quatre chanoines, à savoir : le doyenné, les archidiaconats et la chantrerie. Les simples chanoines, au nombre de quatorze, prirent place et eurent voix, d'après la date de leurs provisions, à la suite des dignitaires ; chacun d'eux eut de revenu annuel 30 livres pour son gros ou pension fixe, et 40 livres pour les distributions manuelles (nota : Ces distributions manuelles et quotidiennes étaient de 2 sols les jours ordinaires, savoir : 6 deniers pour matines, 4 deniers pour la messe, 4 deniers pour vêpres et 2 deniers pour chacune des autres heures ; quiconque manquait à l'un de ces offices perdait la rétribution qui s'y trouvait attachée. Outre ces distributions ordinaires, chaque chanoine recevait 3 sols à chacune des quatre principales fêtes de l'année, ainsi qu'a celle de saint Malo, et 2 sols aux fêtes de la Circoncision, l'Ascension, saint Jean, saint Pierre et saint Paul, la Toussaint et les quatre principales fêtes de la Sainte Vierge), en tout 70 livres de traitement. Tous furent obligés à une résidence exacte, au moins pendant six mois de l'année, sous peine d'être privés des gros ; tous aussi, nommés par l'évêque seul, durent, dans l'année de leur réception, faire don à l'église d'une chape du prix de 10 livres tournois. 

On forma ensuite quatre semi-prébendes, qui furent appelées sacerdotales, parce que leurs titulaires devaient nécessairement être prêtres, tandis qu'il suffisait d'être clerc pour devenir chanoine. Le revenu de chacune d'elles fut fixé annuellement à 40 livres, dont 20 livres pour les gros et 20 livres pour les distributions ; leur nomination fut laissée au Chapitre seul. Les quatre semi-prébendés furent chargés de chanter les grand'messes capitulaires. 

Il y avait alors cinq chapellenies de choeur fondées dans l'église cathédrale ; le Pape voulut qu'on en établît dix autres, dont chacune serait dotée de 25 livres de rente ; il ordonna aussi l'établissement de huit clercs ou bacheliers, au salaire de 10 livres par an, pour vaquer au service du chant ; de quatre enfants de psallette, à 100 sols de gages chacun, et enfin d'un custode et sonneur de cloches qui recevrait aussi 10 livres par an. Outre ces rétributions fixes, les bacheliers et enfants de choeur eurent droit à quelques deniers d'assistance chaque jour. 

Les chapitres ou réunions capitulaires furent fixés au nombre de deux par semaine, les lundis et mercredis, après prime ; chaque chanoine présent y eut droit à 2 deniers ; chacun d'eux dut avoir la même rétribution pour assistance à la procession faite chaque dimanche. Enfin, il fut décidé qu'aux offices d'obits célébrés à la cathédrale les chanoines présents recevraient pour honoraires deux parts entre tous, et que la troisième part serait proportionnellement répartie par le Chapitre entre tous les officiers présents. 

Le costume des chanoines, des semi-prébendés, des chapelains et des autres clercs consistait en un surplis avec le camail et l'aumusse en été ; mais les chanoines seuls avaient le camail ou capuce plus ample, et leur aumusse devait être vairée ou garnie de fourrure ; depuis la Toussaint jusqu'à Pâques, tous, même les bacheliers et les enfants de choeur, devaient porter des chapes ou grands manteaux noirs en outre de leurs capuces (nota : tous ces détails, aussi bien ceux concernant les derniers chanoines réguliers que ceux se rapportant au nouveau Chapitre, sont extraits de la bulle de sécularisation donnée par Jean XXII. – Archives départementales). 

Les Statuts du Chapitre faits en 1360 et 1518 changèrent peu l'état de choses que nous venons de décrire ; on y confirma l'usage de ne point admettre les chanoines simples clercs à avoir voix au Chapitre, tant par honneur pour le sacerdoce que pour déterminer ces bénéficiers à se faire prêtres le plus tôt possible. Ces mêmes chanoines, clercs, sous-diacres ou même diacres, durent siéger dans les basses stalles du choeur et attendre leur promotion au sacerdoce pour monter dans les hautes. Quant à la résidence, il fut réglé qu'après le temps de sa rigoureuse chaque chanoine pourrait prendre un jour de vacance par semaine sans perdre ses gros fruits, et qu'il pourrait prendre trois semaines consécutives de congé dans le cours de l'année. 

En 1402, l'évêque Robert de la Motte unit à la mense capitulaire 40 livres sur la cure de Pleurtuit pour être employées en pain du Chapitre destiné à encourager les suppôts du choeur à l'assistance des offices. Jusqu'en 1670 on fit cuire ces petits pains de distribution dans un four établi dans la maison cantoriale, mais à cette époque les intéressés jugèrent plus convenable de recevoir en blé ce qui leur était dû de pain, et le four fut détruit (L'abbé Manet, Grandes recherches ms.). 

Nous avons vu que des dix-neuf prébendes du Chapitre cinq étaient, dès l'origine, réservées à l'évêque et aux dignités ; mais on attacha encore successivement quelques-unes des quatorze qui restaient à diverses charges ecclésiastiques ; ainsi l'on eut : un chanoine théologal, — un précepteur jouissant d'une prébende, — un chanoine pénitencier, — et enfin un vicaire perpétuel de Saint-Malo chanoine (nota : en 1515, le pape Léon X unit à la psallette une prébende entière du Chapitre ; mais en 1729, Mgr des Maretz, voulant avoir un chanoine de plus au choeur, rétablit cette prébende). Quand vint la Révolution, il n'y avait plus que dix prébendes complètement libres. 

Il nous faut donc, avant d'aller plus loin, dire quelques mots de ces diverses institutions de l'Eglise de Saint-Malo ; nous parlerons ailleurs, dans un chapitre spécial, des quatre dignités ; il nous suffit ici d'entretenir brièvement nos lecteurs de la théologale, de la préceptorerie, de la pénitencerie et de la vicairie perpétuelle. 

En vertu des décrets du Concile de Trente et de l'ordonnance royale de 1561, une prébende de la cathédrale de Saint-Malo fut affectée à la charge de théologal, par Mgr Bohier, dès cette même année ; il fut convenu que « le docteur en théologie pourvu de cet office annoncerait la parole de Dieu chaque jour de dimanche et reste solennelle, et, ès autres jours, ferait trois fois la semaine une leçon publique de l'Ecriture Sainte où seraient tenus les chanoines assister (sous peine de) privation de leurs distributions ». Les commencements de la théologale de Saint-Malo ne furent pas, toutefois, sans difficulté : plusieurs briguèrent cette place ; d'abord Jean Levesque, docteur de l'Université de Nantes, et nommé par Mgr Bohier, mais mal reçu par les bourgeois de Saint-Malo, qui lui préféraient un habile prédicateur, Julien David, docteur de Paris ; puis Laurent Morin, qui se prétendait bien pourvu par un visa d'un vicaire général de Saint-Malo en date du 19 février 1563. L'évêque, voyant ces prétentions entraver l'oeuvre qu'il voulait établir, se débarrassa de toutes ces intrigues et fit recevoir définitivement théologal par son Chapitre un religieux dominicain nommé Julien Brisorgueil, auquel il donna la prébende alors vacante du chanoine Guillaume Gauffrier (Archives départementales – Registre des insinuations ecclésiastiques de Saint-Malo).

Un peu plus tard, vers 1597, l'évêque aliéna une portion des dépendances de son manoir, à Saint-Malo, et sur cet emplacement fut construite, en 1601, une maison affectée au logement du théologal. Cette habitation fut vendue nationalement le 27 avril 1791. 

Dans les siècles derniers nous voyons les théologaux de Saint-Malo remplir leurs fonctions avec une assiduité exemplaire qui ne se retrouvait pas alors dans tous les diocèses. Ainsi Jean Potier, pendant les cinquante-et-un ans qu'il occupa la théologale (1623-1674), épuisa toutes les matières de dogme, de morale, de discipline et de critique sacrée. Jacques Meslé de Grandclos, dernier théologal (1768-1789), traita successivement le traité de la justice considérée par rapport aux lois modernes, — les psaumes, — le traité des lois, — le traité des Péchés, — les matières proposées pour les conférences ecclésiastiques, etc. (Registre des délibérations capitulaires de Saint-Malo).

THEOLOGAUX DE SAINT-MALO 

Frère Julien Brisorgueil, religieux dominicain, docteur en théologie, nommé le 16 août 1567 et installé par le Chapitre le 6 septembre suivant. Ni lui ni ses deux successeurs, religieux comme lui, ne quittèrent leur habit et leur règle monastique, et n'eurent, en conséquence, rang au choeur et voix délibérative au cha­pitre. 

Frère Julien Barbedor, également de l'ordre des Frères-Prêcheurs, pourvu le 31 octobre 1576, sur la résignation du précédent, fut reçu par le Chapitre le 9 novembre suivant ; décédé en 1588. 

Frère Jean Fallon, religieux augustin du couvent d'Angers, docteur en théologie, nommé le 2 janvier 1589, fut installé le 5 suivant ; décédé le 5 janvier 1595, « après avoir essuyé bien des tracasseries pendant la Ligue »

François Turmeau, alors simple bachelier et depuis grand-chantre, fut élu le 18 janvier 1595 ; le Chapitre refusa d'abord de le recevoir et n'y consentit que le 15 juin 1598. Cette vacance de la théologale donna lieu au vicaire général de nommer pour remplir cette place un autre sujet, frère Guillaume Neveu, de l'ordre de Saint-François ; mais ce dernier fut débouté, aussi bien que François Turmeau, par un arrêt du Parlement. 

Nicolas Bourgoing, docteur en théologie et curé de Saint-Lô, fut nommé chanoine et théologal le 19 septembre 1599 par Mgr du Bec. Reçu le lendemain par le Chapitre, il conserva la charge jusqu'en 1611, la résigna à cette époque, puis la reprit de nouveau en 1619. Il devint évêque de Coutances en 1623, mourut en avril 1625, et fut inhumé dans le choeur de sa cathédrale. 

Guillaume de Gifford, Bénédictin anglais, dit en religion frère Gabriel de Sainte-Marie, fut nommé le 2 août 1611. C'était un homme d'un grand mérite, qui fonda le monastère bénédictin de Saint-Malo, et mourut archevêque de Rheims en 1629. Il avait résigné la théologale en 1619 et avait été remplacé, comme nous venons de le dire, par Nicolas Bourgoing, son prédécesseur, qui se démit de nouveau en 1623 pour aller à Coutances. 

Jean Potier, docteur en Sorbonne, nommé le 27 septembre 1623, occupa, comme nous l'avons dit, la théologale avec distinction pendant cinquante-et-un ans. 

Etienne Le Breton, sieur de la Ville-Hervy, pourvu en 1674, décédé âgé de soixante-neuf ans, le 15 septembre 1681, et inhumé dans la cathédrale. 

Gilles Le Glaunec, nommé en octobre 1681, devint archidiacre de Porhoët en 1683. 

Louis-Charles du Breil de Pontbriand, pourvu, sur la résignation du précédent, le 17 avril 1683, décédé en mai 1695. 

Julien Magon, sieur de Trégueury, nommé le 30 juillet 1695, prit possession le 12 août suivant. Claude Jacob et Olivier de Verneuil, qui s'étaient fait pourvoir en Cour de Rome, lui disputèrent en vain cette place et en furent déboutés par arrêt du Parlement en 1700. Julien Magon mourut en 1742. 

Julien Le Bourgeois, pourvu le 28 mars 1743, fut reçu le même jour par le Chapitre. 

Jacques-Julien Meslé de Grandclos, nommé théologal le 2 août 1768, conserva sa charge jusqu'à l'époque de la Révolution. 

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Nous ne dirons ici que deux mots de la préceptorerie de Saint-Malo, parce que les précepteurs n'y faisaient point partie du Chapitre, quoiqu'ils eussent la jouissance d'une prébende. Par son ordonnance royale de 1561, Charles IX avait réglé qu'à l'avenir le revenu d'une prébende serait affecté au traitement d'un précepteur chargé d'instruire gratuitement les enfants. En conséquence, le canonicat de Laurent Dubois étant venu à vaquer à Saint-Malo, en 1565, les revenus en furent consacrés à perpétuité à l'entretien de la préceptorerie de cette ville. Cette nouvelle école contint trois classes : l'une pour l'étude de la langue latine, l'autre pour l'écriture et les mathématiques, et la troisième pour apprendre à lire aux petits enfants. Le précepteur fut soumis à l'élection de l'évêque, du Chapitre et de la Communauté de Ville, réunis en la salle capitulaire ; il fut tenu d'avoir à ses frais deux sous-maîtres (Archives départementales). 

Un arrêt du Conseil d'Etat du 4 octobre 1727 ordonna que le précepteur jouirait de tous les fruits de son bénéfice, comme chaque chanoine, quoiqu'il ne fût pas tenu à l'assistance au choeur ; qu'il porterait à l'église le costume des chanoines, s'il était dans les ordres sacrés, aurait sa place dans leurs stalles au choeur, mais ne marcherait qu'après eux ; qu'il serait révocable pour attaque aux moeurs ou négligence grave, etc. Enfin une maison prébendale fut affectée an logement de ce fonctionnaire (L'abbé Manet, Grandes recherches ms.). 

Quoique le Concile de Trente et celui de Tours, en 1583, eussent décidé la fondation d'une pénitencerie et la réunion d'une prébende à cette charge dans chaque cathédrale, ces décrets ne furent exécutés qu'en 1611 à Saint-Malo. A cette époque, le Chapitre, sur la demande de Mgr Le Gouverneur, consentit à l'union d'une prébende à la pénitencerie, et arrêta que son titulaire serait réputé présent au choeur, pour en gagner les fruits, toutes les fois qu'il serait au confessionnal. Cette fondation fut confirmée par le pape Paul V, le 7 mai 1614, à condition qu'aucun prêtre ne pourrait être pourvu de la pénitencerie de Saint-Malo s'il n'était docteur ou au moins licencié en théologie et âgé d'environ quarante ans. Les lettres patentes du roi approuvant la même érection furent expédiées le 28 février 1615, et l'enregistrement au Parlement de Bretagne eut lieu le 1er juin suivant (Archives départementales). 

En 1620, le Chapitre de Saint-Malo essaya d'obtenir de Rome l'érection de la nouvelle pénitencerie en cinquième dignité, et proposa à cet effet de lui faire un revenu convenable ; mais ces démarches échouèrent, parce que c'eût été porter atteinte à la bulle de sécularisation du Chapitre donnée par Jean XXII, que les Souverains-Pontifes regardèrent toujours comme étant la règle invariable à suivre dans la constitution de l'Eglise de Saint-Malo (L'abbé Manet, Grandes recherches ms.). 

Une maison prébendale fut unie à la pénitencerie dès l'origine ; elle avoisinait la cathédrale et fut vendue nationalement le 1er mars 1791. 

PENITENCIERS DE SAINT-MALO

Claude Durand, docteur en Sorbonne, chanoine et vicaire général, fut fait pénitencier par Mgr Gouverneur en 1611. Il unit sa prébende à son nouvel office, et elle y resta affectée après lui. Après l'exécution des formalités exigées par l'érection de la pénitencerie, il en prit possession le 13 avril 1615. Claude Durand composa plusieurs livres de spiritualité, et, devenu aveugle, résigna en août 1627 en faveur de Pierre Hogues ; mais ce dernier ayant donné sa démission dès le 2 octobre suivant, Claude Durand reprit ses fonctions de pénitencier, qu'il exerça jusqu'en janvier 1633 ; il mourut un mois plus tard, le 22 février.

Louis de Morainvilliers d'Orgeville, prêtre de l'Oratoire, docteur en théologie, abbé des Chastelliers et vicaire général, fut nommé le 28 janvier 1633 et reçu le 25 février ; décédé le 1er juillet 1654. 

Jean Coupperie, sieur des Jonchers, docteur en l'un et l'autre droit, conseiller du roi, vicaire général, official, maître des requêtes de la reine, etc., fut pourvu le 3 mai 1650, sur la résignation du précédent ; décédé le 17 mars 1651 à Châteauneuf, et inhumé à Saint-Malo. 

Pierre Berthault, prêtre de l'Oratoire, docteur en Sorbonne, vicaire général, etc., eut son visa de chanoine pénitencier le 27 mars 1651, suivit à Chartres Mgr de Neufville et mourut en 1681 prévôt ou archidiacre de cette dernière Eglise. 

Jacques Symon, docteur en Sorbonne et vicaire général, pourvu le 27 janvier 1661, sur la résignation du précédent, prit possession le 4 février suivant ; décédé vers 1698. 

Jean Gaultier, sieur de Saint-Lunaire, chanoine et archidiacre de Porhoët, n'eut son visa pour la pénitencerie que le 3 novembre 1698 , quoiqu'il semble avoir exercé dès l'an 1691 ; décédé en 1699. 

René Oresve, docteur en Sorbonne, fut reçu chanoine-pénitencier le 8 juin 1699 et devint vicaire général. 

Mathurin Le Ray, sur la résignation du précédent, fut pourvu le 18 mars 1723 et installé le 20 du même mois ; décédé le 27 mai 1734. 

Alain Le Large, docteur en théologie, fut nommé le 11 juin 1734 ; décédé âgé de soixante-seize ans, le 17 août 1769, et inhumé dans la cathédrale. 

Jean Jacob, ancien recteur de Trigavou, nommé le 15 février 1770, fut reçu le lendemain 16, et fait vicaire général le 17. Il résigna la pénitencerie le 15 février 1771, et, à la prière de l'évêque, consentit à en être pourvu de rechef le 7 août suivant ; il s'en démit définitivement le 30 mars 1783 et mourut le lendemain. 

Alexandre-Basile Rozy, docteur en théologie, semi-prébendé, official de Dinan et vicaire général, fut pourvu le 30 mars 1783 et reçu le 4 avril suivant ; il était aussi prieur de Saint-Cyr. Il mourut sur la fin de la Révolution, après avoir dignement confessé sa foi dans les prisons du Mont Saint-Michel. 

Enfin, peu de temps avant la Révolution, une prébende du Chapitre fut unie à la vicairie perpétuelle de Saint-Malo ; voici à quelle occasion. 

Comme de tout temps le Chapitre avait été curé primitif de la paroisse de Saint-Malo, de tout temps aussi il s'était maintenu dans la possession de nommer seul un vicaire perpétuel à cette cure. La bulle de sécularisation voulait que ce vicaire, appelé communément grand-curé pour le distinguer des autres curés ou vicaires ses confrères, fût un des chapelains du choeur de la cathédrale ; mais souvent le Chapitre nomma un de ses membres pour remplir ce poste ; un arrêt du Parlement, du 7 décembre 1719, remédia à cette dérogation à la bulle de Jean XXII, en déclarant tout canonicat incompatible avec le vicariat perpétuel de Saint-Malo. Les choses en étaient là lorsqu'en 1780 François du Fresne des Saudrais, grand-curé depuis plusieurs années, se plaignit à Mgr des Laurents de l'insuffisance de ses revenus, consistant dans une chapellenie du choeur et dans la dîme d'un marais de Saint-Malo. L'évêque écouta sa requête et obtint des lettres patentes du roi, datées de mars 1781, unissant à perpétuité un canonicat et prébende entière à la vicairie perpétuelle, en place de la chapellenie du choeur. Il fut aussi réglé que le grand-curé conserverait sa dîme du marais, aurait place au choeur et au chapitre selon l'ordre de sa réception, ferait l'office à son tour comme les autres chanoines, serait nommé alternativement par l'évêque et le Chapitre, paierait les honoraires de ses vicaires et ne pourrait prétendre à aucune des quatre dignités du Chapitre (Archives départementales, 4 G). 

En 1782, le canonicat de Henry Nouail étant venu à vaquer par suite de décès, François du Fresne des Saudrais, déjà chanoine honoraire et grand-vicaire, fut pourvu de cette prébende le 21 mai de la même année ; il mourut le 17 décembre 1788. 

Jean-Christophe Le Saout fut nommé à sa place et installé chanoine et vicaire perpétuel le 27 décembre 1788. La tourmente révolutionnaire l'obligea à s'exiler à Jersey, mais il revint en France dès 1797 et mourut curé de Saint-Malo, chanoine honoraire et vicaire général de Rennes, le 10 mai 1811 (Registre des insinuations ecclésiastiques de Saint-Malo). 

Le Chapitre de Saint-Malo, richement doté par ses évêques, était d'autant plus puissant qu'il partageait avec eux la seigneurie de la ville épiscopale ; toutefois ; dans le relevé que nous allons faire des biens de ce Chapitre, nous ne parlerons point de cette seigneurie commune et indivise, mais seulement des revenus particuliers du Chapitre. 

Dans leur Déclaration faite au roi le 7 mai 1677, les chanoines de Saint-Malo signalaient d'abord comme leur appartenant en propre les maisons du Doyenné, de la Chantrerie, de la Théologale, de la Pénitencerie et de la Psallette ; nous parlerons ailleurs de chacune d'elles. Le Chapitre possédait, en outre, douze autres maisons habitées par Messires Alexis Martin, Vincent et Charles de la Haye, Servan Pépin, Jean Porée, Yves Lesquen, Thomas Boullain, Jean Pépin, Bertrand Le Fer, Etienne Gaillard, Pierre de la Cornillère, tous chanoines, et Jacques du Fresne, semi-prébendé. Comme il se trouvait plus de prébendés que de maisons, les derniers pourvus étaient logés ad turnum quand des maisons se trouvaient disponibles (nota : en 1790, la municipalité de Saint-Malo prétendit que toutes les maisons prébendales réunies valaient de rente 9.312 livres, avec 108 livres 17 sols 6 deniers de charges, partant net : 9.203 livres 2 sols 6 deniers). 

Quelques rentes, montant à 298 livres 2 sols 11 deniers, étaient dues aux chanoines dans la ville de Saint-Malo sur certaines maisons qu'ils avaient arrentées. « Plus confessent lesdits chanoines tenir en propre, comme devant, en franc regaire et fief amorty, les bailliages cy-après déclarés : Le bailliage de Château-Malo et de la Flourie, en Saint-Servan ; — le bailliage de la Cité, aussi en Saint-Servan ; — les bailliages du Val et de Rotesneuf, en Paramé ; — le bailliage de Saint-Jean-des-Guérets ; — le bailliage de Saint-Méloir et Fougeray, en la paroisse de Saint-Méloir ; — un bailliage ayant cours dans les paroisses de La Gouesnière et de Saint-Benoît ; — le bailliage de Bonaban, en la paroisse de ce nom ; — le bailliage de Pival et Saint-Alexandre, en la paroisse de Saint-Enogat ; — le bailliage de Pleurtuit, même paroisse ; — le bailliage de la Ville-Garnier, en Cancale ; — et enfin le bailliage de la Corbière, en Taden »

Le Chapitre possédait également, en propre et en fief amorti, la métairie de la Vigne, située au bord de la mer, en la paroisse de Paramé, « ornée d'une petite chapelle et d'un colombier », et ayant 28 journaux de terre en 1679. Il avait aussi « les moulins de Routoüan, avec leurs chaussée et estang, situés partie en ladite paroisse de Paramé et partie en celle de Saint-Servan, affermés, communes années, huit mines de froment, et sont subjects auxdits moulins les hommes des bailliages voisins »

Dans la paroisse de Saint-Servan, les chanoines possédaient la métairie du Poncel, les « pescheries du Nest et de Quidallet », et au « village de Boisouse, un four à ban auquel sont tenus les habitants dudit village et autres villages circonvoisins aller cuire leurs pastes ». Dans ce même village se tenait une foire « au jour et feste de saint Malo d'esté », c'est-à-dire à la fête de la translation des reliques de saint Malo, au mois de juillet ; et à cette foire, « déclarent lesdits chanoines avoir droit et privilège de prendre et lever coustumes sur toutes les marchandises, denrées et bestiaux qui s'y vendent ». En 1660, Louis XIV augmenta une donation faite précédemment au Chapitre par les seigneurs d'Avaugour ; voici comment s'exprime à ce sujet la Déclaration de 1677 : « Plus confessent lesdits chanoines tenir sous la juridiction royale de Dinan trois moulins situés sur le ruisseau d'Argentel, avec leurs biefs, chaussées et estangs, lesquels moulins sont nommés : le Suzain, situé en la paroisse de Saint-Malo de Dinan ; les deux autres la Mer et la Roche, situés en la paroisse de Taden, lesquels moulins ont été donnés et cédés par notre seigneur roi à présent régnant... avec obligation auxdits chanoines de dire tous les ans le 4 de mai un obit et anniversaire pour le repos de l'âme du feu roy Louis XIII …. et continuer les prières et fondations faites par les seigneurs d'Avaugour, autrefois propriétaires desdits moulins » (Archives départementales). 

Tels étaient, avec la seigneurie commune, les terres et revenus du Chapitre de Saint-Malo ; ces biens n'étaient point trop considérables, car les obligations des chanoines étaient grandes : « Reconnaissent lesdits sieurs doyen, chanoines et Chapitre, estre tenus et obligés d'envoyer aux Estats de Bretagne un ou deux des chanoines de leur Eglise comme membres desdits Estats, et sont aussy tenus de prester serment de fidélité à leur souverain seigneur roy et duc quand il luy plaist. Et mesme, à cause desdites choses sont tenus lesdits sieurs chanoines de faire prières et oraisons pour la santé et prospérité de leur souverain seigneur roi et pour le repos des âmes de ses prédécesseurs roys ; sur lesquelles choses sont aussy obligés d'entretenir grand nombre de chapelains, chantres et choristes pour aider à faire et célébrer le divin service auquel ils s'employent journellement ; sont aussy obligés de payer sur lesdites choses leurs officiers ou receveurs et de satisfaire à plusieurs frais qu'ils sont obligés de faire pour l'entretien de toutes les choses cy-devant déclarées » (Archives départementales). 

Nous connaissons plusieurs sceaux du Chapitre de Saint-Malo, dont les armoiries étaient, en 1727, d'azur à un navire d'or aux voiles éployées de même. Le plus ancien sceau est de 1395 ; « c'est un grand sceau orbiculaire, représentant une ville entourée des flots ; au-dessus des murailles se voit une cathédrale à transepts et munie de deux tours sans flèches ». M. Douët d'Arcq signale à la même époque un sceau rond figurant une ville entourée d'une muraille percée d'une porte et baignée par des flots ; à senestre se tient saint Malo en costume d'évêque, debout sur les flots ; la légende porte : SIGILLUM DECANI ET CAPITULI MACLOVIENSIS Un autre sceau, du XVème siècle, figure « une ville fortifiée et sommée de tours, entourée des flots de la mer ; à senestre saint Malo se tient debout, en costume d'évêque, bénissant cette ville ». Enfin, en 1789, le sceau du Chapitre était de forme ovale et représentait ses armoiries : d'azur au navire d'or aux voiles éployées de même, avec cette légende : SIGILLUM CAPITULI MACLOVIENSIS (Bulletin de l'Association bretonne, IV, 216, 249 – Archives départementales). 

Le 23 janvier 1730, le Chapitre de Saint-Malo déclara que le total de ses revenus montait à la somme de 33.744 livres 19 sols, ses charges à 9.589 livres 17 sols, et qu'il lui restait, en conséquence, de revenu net, 24.155 livres 2 sols. 

En 1790, le Chapitre fit une nouvelle déclaration, de laquelle il résulte que tous ses biens étaient alors divisés en huit classes : la première comprenait ceux qui lui étaient communs avec l'évêque, et dans laquelle ce dernier était fondé pour un quart, comme évêque ; — la deuxième, les biens propres au Chapitre, dans lesquels l'évêque n'était fondé que comme chanoine ; — la troisième, les biens de l'obiterie ; —  la quatrième, ceux de la fabrique ; — la cinquième, les préciputs des deux archidiacres ; — la sixième, les maisons prébendales ; — la septième, les revenus affectés à la psallette ; — la huitième, la maison de la diacrerie. 

Suivant cette déclaration faite à la municipalité de Saint-Malo, le 26 février 1790, le total des revenus du Chapitre s'élevait alors à, 52.124 livres 10 sols 7 deniers, et les charges à 15.225 livres 18 sols 3 deniers ; restait nette la somme de 36.898 livres 12 sols 4 deniers, partagée de la manière suivante : Les biens des deux premières classes, divisés en 451 portions, étaient employés ainsi : 32 portions (2.325 livres) au doyen, premier dignitaire ; — 24 portions (1.789 livres 10 sols) au chantre ; — 14 portions (1.091 livres 6 sols 6 deniers) à chaque chanoine ; — 8 portions (596 livres) à chaque semi-prébendé ; — 5 portions (406 livres 3 sols 11 deniers) à chaque chapelain ; — 2 portions (163 livres 12 sols 6 deniers) à chaque bachelier et musicien ainsi qu'au sacristain ; — 1 portion (82 livres) à chaque enfant de choeur. 

Outre ce traitement, chaque chanoine avait sa part du pain du Chapitre et était la plupart du temps logé. Enfin, les revenus de l'obiterie, montant net à 7.354 livres 10 sols 7 deniers, se partageaient entre le haut-choeur, qui en touchait les deux tiers, et le bas-choeur, qui recevait le dernier tiers. D'après ces données, on comprendra facilement le tableau qui suit. 

Etat des revenus de MM. du Chapitre de Saint-Malo en 1790.

évêché de Saint-Malo

évêché de Saint-Malo

Telle était la situation honorifique et pécuniaire du Chapitre de Saint-Malo, seigneur avec l'évêque de cette ville importante, lorsque éclata la Révolution française. Le 14 octobre 1790, trois membres de la municipalité de Saint-Malo signifièrent à l'évêque et aux chanoines la Constitution civile du clergé, la suppression de l'évêché et la dissolution du Chapitre décrétées par l'Assemblée Nationale. La veille avait eu lieu une dernière réunion capitulaire, dans laquelle le doyen et M. Rousselin, chanoine, avaient été nommés « commissaires pour suivre les affaires du Chapitre dès qu'il ne pourrait plus s'assembler » (« 13 octobre 1790, mercredy, par extraordinaire, après vêpres. Présents MM. le doyen, l'archidiacre de Porhoët, le chantre, Marion, Frostin, Heurtault, Rousselin, Rozy, Bernard, du Monteil. MM. ont prié MM. le doyen et Rousselin de vouloir bien être commissaires pour suivre les affaires du Chapitre dès qu'il ne pourra plus s'assembler, approuvant tout ce qu'ils feront à cet égard tant en charge que décharge. Signé : Goret de Villepépin, doyen ; J. Doublet, secrétaire » - Registre des délibérations capitulaires). Le 15 octobre, l'évêque de Saint-Malo quitta son palais épiscopal où il ne devait plus rentrer, et le Chapitre se dispersa, après avoir adressé aux membres de la municipalité la protestation suivante, remarquable par sa concision, sa modération et le ton touchant qui y règne : « Messieurs, quelque affligeants que soient pour nous les ordres supérieurs que vous nous avez intimés, nous ne perdrons point de vue que les ministres des saints autels doivent fléchir sous le poids de l'autorité, non-seulement sans résistance active, mais encore avec résignation. Nous avions des devoirs sacrés à remplir ; les augustes fonctions du culte divin nous étaient confiées, nous étions investis du pouvoir spirituel pour exercer les fonctions de la juridiction épiscopale pendant la vacance du siège. Chargés du précieux dépôt de la tradition de notre Eglise, nous formions le conseil ordinaire et naturel de ses pontifes. La justice la plus étroite nous imposait un service habituel, pour que les précieuses intentions des fondateurs ne fussent pas frustrées. L'impossibilité la plus absolue de satisfaire à ce concours d'obligations pourra seule soulager notre conscience, et nos principes nous la montrent, cette impossibilité, dans la défense que nous font les décrets de l'Assemblée Nationale. Dans ce moment, ces principes nous prescrivent impérieusement de vous manifester toute l'amertume de nos regrets, non sur la perte de notre état et des honneurs qui pouvaient y être attachés, mais sur la privation d'un ministère que nous avions toujours cherché à remplir avec dignité et édification. Nous devons encore vous manifester notre désir extrême que vous preniez les moyens convenables pour que toutes les fondations de notre Eglise continuent d'être acquittées, et nous vous prions de vouloir bien consigner l'expression de nos sentiments dans votre registre, comme un monument de notre attachement le plus fidèle aux obligations que nous avions contractées, et en même temps de notre respectueuse soumission aux lois de la nation. La douleur la plus amère nous suivra jusqu'au tombeau, et elle ne pourra, Messieurs, être tempérée que par le souvenir précieux qui nous restera de n'avoir cédé qu'à l'autorité et d'avoir donné à nos concitoyens l'exemple de l'obéissance la plus prompte, an prix du sacrifice le plus rigoureux  » (Archives municipales de Saint-Malo).

(extrait du Pouillé de Rennes)

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