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LES DERNIERS CORSAIRES MALOUINS : LA CAMPAGNE

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Les parages fréquentés par les Corsaires. Le point de Croisière.

Une fois sorti du port, le corsaire n'a plus qu'une seule préoccupation : faire des prises nombreuses et productives tout en échappant lui-même aux vaisseaux qu'il jugera d'une force par trop supérieure à la sienne.

L'immense majorité des armements malouins sont destinés aux mers d'Europe. On peut même dire que, sauf d'assez rares exceptions, durant toute cette période les capitaines ne quittent guère la Manche et la partie de l'Océan Atlantique immédiatement voisine.

Pourtant, quelques Malouins se rendirent célèbres vers cette époque par la hardiesse et le succès presque fabuleux de leurs courses dans l'Océan Indien.

C'est tout d'abord Robert Surcouf, « le roi des corsaires », qui selon l'expression de Ch. Cunat, l'un de ses biographes, « gagna aux bouches du Gange durant les années VI et VII tant de lauriers et une si belle fortune » [Note : CUNAT dans OGÉE. Dictionnaire de Bretagne, p. 818]. Ses campagnes sur l'Emilie, la Clarisse, la Confiance (armée à Nantes), les combats du Triton et du Kent sont bien connus. Le récit qui en a été fait abonde en traits de beau courage et d'heureuse témérité.

C'est aussi Thomas Le Même, capitaine de l'Hirondelle, petit brig portant 12 canons de 4 et 110 hommes d'équipage. Il prend d'abord à l'abordage dans le détroit de la Sonde la corvette Batave, armée de 8 pièces de 9. Ainsi renforcé par sa prise, il enlève en 40 minutes le vaisseau hollandais Le William-Thesied, percé pour 60 canons et en portant 40, malgré la vigoureuse résistance de son commandant John Thomson. Plus tard, sur La Ville-de-Bordeaux, il s'empare du bateau portugais Le Saint-Sacrement, et de sa cargaison évaluée 10 millions. Il mourut le 30 mars 1805, prisonnier des Anglais, après un combat disproportionné contre la frégate La Concorde [Note : C. CUNAT, op. cit., p. 819].

On peut encore citer les belles campagnes de Bouvet, le futur amiral, qui, au début de la guerre de l'an XI, fit subir aux Anglais des pertes considérables.

Mais aucun de ces armements n'est sorti de Saint-Malo. Ils ont pour centre l'Ile de France. Il n'entre nullement dans le cadre de cette étude de refaire un récit déjà plusieurs fois abordé [Note : C. CUNAT. Saint-Malo illustré par ses Marins. Histoire de Robert Surcouf, SURCOUF. Un Corsaire malouin : Robert Surcouf. Napoléon GALLOIS. Les Corsaires français. E. FABRE. Voyages et Combats, 2ème série : Le contre-amiral Bouvet. PRENTOUT. L’Ile de France sous Decaen, p. 503 et suiv.].

Trois navires seulement, tous armés d'ailleurs par Robert Surcouf ou Blaize, son beau-frère, partirent de la Grand Rade pour aller faire la course aux Indes. En 1804 la Caroline, sous les ordres de Nicolas Surcouf, le frère et l'ancien compagnon de Robert, prit aussi l'Ile de France comme base d'opérations. Il fit d'abord d'heureuses campagnes, mais tomba à sa troisième sortie au pouvoir des Anglais. En 1806 le Napoléon, capitaine Malo Lenouvel, fit côte à Hood-Bay, près du cap de Bonne-Espérance, sous le feu des frégates ennemies. Il réussit seulement à sauver l'équipage et les objets précieux. Les trois prises qu'il avait faites précédemment ne suffirent point à couvrir les frais d'armement [Note : Vigie de l'Ouest, 7 mai 1839.]. Enfin, le 28 février 1807, Robert Surcouf prit luimême le commandement du Revenant et, pourvu d'une Lettre de Marque Valable pour deux années, il le conduisit à l'Ile de France. Son heureuse fortune le servit durant cette course comme dans les précédentes. Mais après une seconde campagne aussi productive que la première, le navire fut prehendé par le général Decaen pour les besoins de la colonie. Robert Surcouf revint à Saint-Malo sur la frégate Le Charles. A partir de cette époque nul corsaire malouin ne devait plus reprendre le chemin de l'Océan Indien [Note : Les Anglais s'emparent de l’Ile de France en 1810].

Durant quelques années l'Espagne sortie de la coalition entretint avec le gouvernement français les relations les plus cordiales [Note : Corresp. minist., 19 pluviôse an V]. Le roi permit d'abord le transbordement sur navires neutres dans les ports de la péninsule ibérique des marchandises capturées par nos corsaires [Note : Corresp. minist., 7 mess, an V, St-S.], puis leur vente dans ces mêmes ports, à charge de réexportation [Note : 23 fructidor an VII, Corr. min. La décision date du 14 juillet 1799] Plusieurs capitaines en profitèrent pour étendre le cercle de leurs opérations jusque dans ces parages si fréquentés par les voiliers anglais. Ils réussirent ainsi à terrir et à solder quelques-unes de leurs prises dans les ports de la Galicie, Vigo ou La Corogne. Mais les rapports diplomatiques entre les deux pays ne tardèrent point à se tendre. Toutes les autorisations antérieures furent retirées par un décret royal en date du 23 mars 1804. Un corsaire malouin Le Général Pérignon (6ème course) forcé d'aborder à Ribadao, fut saisi par le gouvernement espagnol en 1808 et relâché seulement après un assez long procès.

Le 8 mars 1809, M. Kermel reçut pour son navire Le Saratu une licence de 12 mois l'autorisant à partir pour les Antilles. Forcé par la situation précaire de nos colonies d'Amérique à renoncer à cette expédition, il voulut cependant profiter des dépenses considérables faites pour cet armement. Il demanda et obtint du Ministre une Lettre de Marque pour aller faire la course sur le Grand-Banc à Terre-Neuve, afin d'y surprendre les nombreux navires ennemis qui chaque année faisaient la pêche en ces parages. La même autorisation fut accordée à Robert Surcouf pour l'Auguste. Mais les deux bâtiments tombèrent au pouvoir des anglais avant même d'atteindre le but de leur voyage et l'on ne songea plus dès lors à ce genre d'expédition [Note : Corresp. min., 8 mars 1809, St-S.].

Les corsaires malouins préfèrent de beaucoup rester dans le voisinage des côtes bretonnes. Presque toutes leurs sorties se font de Bréhat, de Batz ou de l'Aberwrach. Ils gagnent de là soit les baies de Plymouth, soit l'entrée de la Manche. Sauf nécessité de relâche ou poursuite de l'ennemi, ils ne dépassent guère à l'est le cap de La Hague. Quelques-uns seulement des plus grands s'écartent à l'ouest jusqu'au 15 ou 16ème degré de longitude, afin de saisir au passage les navires venant d'Amérique pour la côte occidentale anglaise. Au Nord ils vont jusqu'à la hauteur de Cork en Irlande et à l'entrée du canal de Bristol. Au Sud ils atteignent rarement le 47° degré de latitude et restent beaucoup plus volontiers dans le voisinage des côtes, de Belle-Ile jusqu'à Brest.

Les prises forcées de rejoindre la terre au plus vite en profitant du premier vent favorable s'éloignent parfois davantage de cette base d'opérations depuis Le Havre jusqu'à Bordeaux. Mais pour l'immense majorité les grands ports d'atterrissage sont aussi Saint-Malo, Paimpol, Perros, Morlaix, Roscoff et Brest.

Les noms les plus fréquemment relevés dans les rapports des capitaines sont sur la côte anglaise :

Start Point, Cap Lézard, Cap Land's End, Sorlingues, baie de Plymouth, baie de Talcombe, baie de Bristol, mer d'Irlande.

Et sur la côte bretonne :

Plainville, Dielette, les Ebihens, cap Frehel, Bréhat, Tréguier, Perros, les Sept-Iles, Morlaix, Roscoff, île de Batz, île Thomé, fort Cezon, pointe de Pontusval, l'Aberwrach, Ouessant, Molène, le Conquet, Brest, l'Iroise, Benodet, Belle-Ile.

Les îles anglo-normandes. Jersey, Guernesey, Serq, Aurigny sont surtout fréquentées durant l'été par de petits bâtiments. Cachés grâce à leur faible tonnage dans des criques inhabitées, ils peuvent de la épier les navires anglais du commerce, les surprendre et s'en emparer en évitant d'être aperçus par les croiseurs anglais et surtout de laisser deviner leur retraite [Note : P. j. n° 25. Lettre du Commissaire, 16 mai 1807].

Chaque capitaine a son « point de croisière » préféré. Les qualités et la force du bateau, l'expérience personnelle de son chef et sa connaissance parfaite des lieux l'indiquent le plus souvent. Les renseignements transmis par les prisonniers ennemis et les désirs de l'armateur en déterminent aussi parfois le choix. Tel corsaire ira jusque sous la côte, anglaise dans la baie de Plymouth surprendre les caboteurs et les courriers anglais. Tel autre attendra non loin de l'île de Batz les grands voiliers qui « emmanchent » entre Ouessant et les Sorlingues.

Mais ordinairement le corsaire ne se rend pas en quittant Saint-Malo directement au lieu choisi pour ses futurs exploits. Il gagne tout d'abord un point plus rapproché, de la côte anglaise ou de la route suivie par les bâtiments du commerce, afin de pouvoir, au moment favorable, s'élancer sur sa proie et ratteindre en quelques heures. Ce voyage préliminaire dure parfois des semaines, de relâches en relâches et d'abris en abris, avant d'atteindre la rivière de Morlaix ou l'Aberwrach. C'est souvent la partie la plus dangereuse et la plus pénible de toute la campagne : La discipline est dure à bord et rien n'est plus terrible qu'une tempête en Manche sur la côte bretonne.

(abbé F. Robidou).

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