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Réquisitions. — Charrois. — Recensement des grains, farines, légumes. — Résistance passive. — Amende.

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Nous avons dit, par ailleurs, qu'il y avait à Saint-Nic un bon nombre de métiers de tisserands. C'est donc aussi que le lin et le chanvre y étaient cultivés plus qu'aujourd'hui. Le 18 Brumaire, le citoyen Gestin, employé civil de la Marine, invite la municipalité à réquisitionner 600 livres de fil, et la municipalité désigne un certain nombre de gens en assignant à chacun la quantité à fournir.

Le 19 Frimaire, an III, le Conseil municipal « arrette de requérir et requier au nom du devoir sacré qui porte à faire le bien. (sic) que les voitures de cette commune se rendent à Moalien (en Plonévez-Porzay) pour transporter ce qu'elle pourront de bois à Lanvéoc... ». En tout, 14 charrettes.

Nous avons vu que la réquisition des travailleurs marchait de pair avec la réquisition des biens, et nous avons vu les tailleurs de Saint-Nic s'en aller vers les ateliers nationaux. Ils n'avaient pas été les seuls à partir. Les forgerons aussi avaient été réquisitionnés. L'un d'eux s'appelait Joseph Le Baron et était employé à Brest. Pour une raison ou pour une autre, il lui fut permis de rentrer à Saint-Nic, le 1er Nivose, an III. Mais immédiatement, la municipalité « requiert Yves Piclet de se transporter de suite à Brest auprès de l'ingénieur constructeur en chef du port de Brest où il sera employé au lieu et place de Joseph Le Baron ».

Le même jour, réquisition de 7 cochons. (Nous avons dit que tout allait de pair !).

Huit jours plus tard, Jean Le Droff, du moulin de Kermazily, est obligé de couper une corde de bois et de la, transporter au corps de garde de Cameros. Nous sommes, en effet, en plein hiver, et il faut que les douaniers aient chaud.

Puis, réquisition de 50 quintaux de froment, le 15 Nivose. Comme d'habitude, les propriétaires et fermiers sont désignés.

Le 27 du même mois, réquisition de 14 charrettes pour transporter du bois, de Moalien à Lanvéoc. Le 20 Pluviose, nouvelle réquisition de charrettes pour transport de bois. Cela représentait chaque fois un voyage de près de 70 kilomètres, entre l'aller et le retour.

En Décembre, les Jacobins étant vaincus, avaient été votées l'abolition du maximum, la suppression de la Commission d'approvisionnement et la liberté totale du commerce.

C'est pourquoi, le Directoire du District demande aux Conseils généraux des communes de donner leur avis sur le prix des grains et des fourrages. Le Conseil général de Saint-Nic estime le quintal de froment, transport compris, 90 livres, le quintal de seigle 75 livres, le quintal d'avoine 45 livres, le millier de foin 200 livres, le millier de paille de froment 150 livres...

Ces prix serviront désormais à régler les paiements des produits réquisitionnés. Car, malgré la réaction thermidorienne, les réquisitions continueront longtemps encore. La famine augmente dans la France entière.

Le 29 Pluviose, on exige 250 quintaux de froment, 20 quintaux de seigle, 40 quintaux d'avoine, 40 quintaux de foin et 80 quintaux de paille. L'expédition de ces grains et fourrages à Port-Launay se fera en trois fois dans l'espace de six décades.

Nous avons vu plus haut une réquisition de lits et de literie. Mais celle-ci ne dure pas toujours... Le 15 Ventose, ceux qui ont fournie ces lits et literies sont invités par le citoyen Lelchat, commandant le détachement de Quélern, à faire changer les draps, couvertures, traversins et couettes. Ils doivent faire parvenir au manoir de Quélern, au plus tard dans deux jours, 42 draps, 21 couvertures, 21 traversins et 20 couettes.

Le 7 Floréal, en vertu d'un arrêté du 4 Germinal, le Conseil général de Saint-Nic nomme un certain nombre de ses membres pour faire le recensement des grains battus et non battus, des farines et des légumes. Les quatre cinquièmes de ces grains, farines et légumes seront laissés à la disposition des propriétaires. L'autre cinquième sera ainsi réparti : la moitié restera entre les mains des propriétaires, mais à la disposition de la municipalité, qui en disposera selon les besoins, et l'autre moitié sera transportée immédiatement au magasin de la République pour servir à l'approvisionnement des Armées et de la commune de Paris.

Mais cette fois encore, les cultivateurs ne bougent pas. La dîme de l'Ancien Régime n'avait jamais été aussi lourde que la dîme de la Révolution. A quoi bon avoir fait la Révolution, songent-ils, si c'est pour être plus malheureux et plus accablés d'impôts qu'auparavant ! Et chacun reste chez soi. Mais le Directoire du District, qui ne l'entend pas de cette oreille, maintient la réquisition et y ajoute une amende...

Dans le même temps, sont réquisitionnés 144 livres de chanvre et 20 sacs, qui sont payés 160 livres 10 sols.

Le 27 Prairial, « vu la loi du 2 Prairial relative à un recensement général des farines et des grains battus ou en gerbe, le procureur seindic arrette de nommer et nomme pour commissaire pour la commune de Saint-Nic Pierre Pelliet du bourg de Ploéven, invite le dit commissaire de s'occuper sans délai du dit recensement, d'en déposer les états au secrétariat du district aussitôt ses opérations terminées et de se conformer en tout à la loi précitée... et enjoint à la dite municipalité de Saint-Nic de prêter aide et assistance par tous les moyens possibles au commissaire susdénommé... ».

On remarquera le changement de méthode. Le dernier recensement avait été fait par les officiers municipaux et les notables de Saint-Nic même, donc par des gens enclins à l'indulgence pour eux-mêmes et pour leurs compatriotes. C'est dire que le recensement dut être fort mal établi. Aussi, cette fois, nomme-t-on pour faire le travail un commissaire étranger à la paroisse, et sur qui l'on peut par conséquent compter davantage. Réussit-il mieux que ses prédécesseurs ? C'est peu probable ; il est bien certain que les habitants de Saint-Nic firent ce que faisaient tous les paysans de France, je veux dire qu'ils cachèrent leurs récoltes et qu'ils n'en laissèrent voir que ce qu'ils voulurent bien.

Le même 27 Prairial, 29 charrettes sont encore réquisitionnées pour transporter 50 cordes de bois, de Moalien à Douarnenez. Le 20 Vendémiaire, on ne demande que 20 charrettes pour la même corvée. Mais cette fois, il y a 180 cordes à transporter. Chaque voiture aura donc 9 cordes à transporter, ce qui l'oblige à faire plusieurs voyages.

A chaque instant, on réquisitionne des lits, des draps, des couvertures, des traversins, des couettes, de la paille fraiche pour les douaniers ou les soldats du corps de garde de Cameros. Ce corps de garde se trouvait à peu près à égale distance entre Pentrez et Cameros. Il en subsiste encore aujourd'hui le pignon occidental, percé d'étroites meurtrières. De loin, il ressemble à un immense menhir. Du haut de la falaise, se détachant sur le ciel comme une sentinelle, il semble encore veiller sur le pays et surveiller la Baie de Douarnenez, comme au temps où l'ennemi venait par mer...

Des ordres de réquisition de literie qui se suivent régulièrement, on peut déduire que les douaniers changeaient de draps tous les trois mois...

Le 21 Frimaire, an IV, réquisition de 10 milliers de foin et àutant de paille à transporter au magasin du citoyen Cosmao, à Ville-sur-Aulne, avant la fin du mois.

Le 14 Nivose, comme si les cultivateurs n'avaient pas autre chose à faire, réquisition de trois charrettes « bien attelées », pour transporter du grain de Ville-sur-Aulne à Châteauneuf, ce qui faisait un voyage de 80 kilomètres entre l'aller et le retour.

(Abbé Corentin Parcheminou).

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