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François GAVARD, prêtre mis à mort en 1799 par les colonnes mobiles
dans le territoire de l'Archidiocèse de Rennes.

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332. — Julien Gavard et Jeanne Maillard, paroissiens de Saint-Ouen-de-la-Rouerie (Saint-Ouen-la-Rouërie), eurent l’honneur de donner le jour à deux prêtres, François-Jean-Pierre-Marie et René-Julien. L’aîné d’entre eux, auquel nous consacrons cette notice, était né le 18 novembre 1754. Il reçut le baptême le même jour. Tonsuré en 1774, il reçut à Rennes les ordres mineurs le 21 septembre 1776 et le sous-diaconat le 20 septembre 1777, le diaconat à Saint-Malo le 16 septembre 1778. Enfin il fut promu au sacerdoce à Rennes le 18 septembre 1779, le jour même que son jeune frère recevait la tonsure. On l’envoya ensuite en qualité de vicaire, d’abord à Izé, durant trois ans, puis à Parcé en 1782. A Parcé, cependant, la Constitution civile apporta l'agitation et le trouble. Déjà en octobre 1790, des individus s’étaient crus autorisés à « commettre des irrévérences durant les offices », et la municipalité fut invitée « à faire maintenir l’ordre et la décence dus aux temples ». Bientôt, sur le refus du recteur et du vicaire de prêter serment, on élut un curé constitutionnel, pour cette localité, qui y fut installé le 22 mai 1791.

333. — Obligé de s’éloigner de Parcé, à la suite de l’arrêté du Directoire d’Ille-et-Vilaine du 14 juin de cette année, l’abbé Gavard, qui, élu officier municipal à Parcé en 1790, y jouissait d’une grande influence, se retira dans sa famille à Saint-Ouen-de-la-Rouerie et, de sa retraite, continua de s’intéresser à Parcé où la paix ne se faisait point. Aussi demanda-t.-il en vain à revenir « pour y cultiver une petite propriété, nommé les Noyers, dont son industrie lui avait facilité l’acquisition ». Satisfaction ne fut point donnée à sa requête, « car, écrivait-on au district, on l'eût suivi comme un prophète » ; du reste, ajoutait-on, « si le curé constitutionnel n’a de relation avec ses ouailles que par les injures qu’il en reçoit, il faut sans doute l’attribuer aux correspondances perfides de l’ancien vicaire ».

Jugeant sa situation intenable, le curé intrus donna irrévocablement sa démission. Pour lui succéder, arriva comme curé d’office un sieur Hubeaudière, qui, bien que né dans la paroisse, n’y fut pas accueilli avec plus d’aménité. Son installation fut troublée par de violentes rumeurs dans l’assistance, laquelle finalement quitta l’église en tumulte avant la clôture de la cérémonie. Dénoncé comme l’un des organisateurs de cette manifestation, l’abbé Gavard qui, à la suite de l’arrêté du Directoire d’Ille-et-Vilaine, était revenu se cacher à Parcé, fut arrêté dès le soir même et incarcéré à Fougères. De là, le 29 mai 1792, on le transféra avec ses complices présumés à Rennes, où il comparut devant le Tribunal criminel, qui, le 21 juillet suivant, dut l’acquitter faute de preuves.

Tout en dissimulant sa présence, M. Gavard, qui ne s’était pas exilé, malgré les mesures de persécution de plus en plus violentes qui l’atteignaient., vécut à Parcé et à Saint-Ouen-de-la-Rouerie les terribles années 1793 et 1794. On a même la preuve qu’il fit une inhumation à Parcé, le 25 décembre 1793, en pleine Terreur.

Après le traité de la Mabilais, François Gavard pensa pouvoir sortir des cachettes où il célébrait le Saint Sacrifice. Dès le mois de février 1795, il exerçait les fonctions de son ministère dans la chapelle Sainte-Anne, dépendant du château de Mué, en Parcé. Le 4 avril suivant, l’intrépide vicaire commença la rédaction d’un registre paroissial qu’il termina le 28 avril 1799, quelques semaines avant sa mort. Ce cahier, précieusement conservé et fort intéressant, renferme non seulement les actes de baptêmes et de mariages de la paroisse de Parcé, mais encore ceux de plusieurs paroisses voisines, car les habitants des alentours venaient volontiers trouver M. Gavard pour qu’il leur administrât les sacrements. Le registre ne contient pas moins de cinq cent quarante-quatre actes de baptême et quatre-vingt douze actes de mariage. De plus, le pieux confesseur de la Foi y a inséré quelques faits qui lui semblaient, à juste raison, dignes d’intérêt, telle la mort de M. Duval relatée à son article.

Il apprend ainsi que le 3 mai 1795, assisté du vénérable M. Duclos, il réconcilia lui-même l’église et le cimetière de Parcé « en présence d’un peuple innombrable, accouru de toutes les paroisses voisines ».

Ailleurs, il mentionne la bénédiction de plusieurs croix élevées sur le territoire de sa paroisse, notamment en mai, juin et août 1797, aux lieux dits le Bas-Bourg, les Perrières, la Villeray, la Rue et le Quartier. On a vu en quels termes, pleins de foi, il rendait compte du meurtre de l’abbé Duval. Le 10 avril 1799, il consignait qu’un de ses confrères voisins venait d’être arrêté « en haine de la religion romaine ». « Que Dieu le conserve dans sa miséricorde et le rende à l’Eglise ! » ajoutait-il.

334. — Que de peines cependant avait-il à supporter ! A peine M. Gavard était-il rentré dans l’église de Parcé, « désolée et entièrement ravagée », le 24 avril 1795, qu’il lui fallut de nouveau l’abandonner le 18 septembre suivant et recommencer sa vie errante dans les villages, où des caches lui étaient préparées. En avril 1797, il put sortir de nouveau et recommencer le culte public, mais au prix de mille précautions et souvent au péril de sa vie ! Bientôt survinrent les proscriptions qui marquèrent le mois de fructidor de cette année.

Bien que l’abbé Gavard, pour donner le change aux Révolutionnaires, eût demandé à Parcé, le 22 vendémiaire an VI (13 octobre 1797), un passeport « pour une île britannique, d’où il certifierait sa résidence aussitôt qu’il y serait descendu », l’on croyait si peu à son départ, que, un an après, en vendémiaire an VII (octobre 1798), « un rapport de police le dénonçait comme ayant tout récemment réuni aux Noës une vingtaine de confrères, dont Beaugendre d’Izé et Hunault de Billé ». Mais en quel endroit habitait-il ? Ce n’était point chose facile à déterminer. Il passait cependant pour se retirer parfois chez son cousin Jean-Louis au village de la Rue, et c’est là qu’on l’arrêta le 23 mai 1799 (4 prairial an VII), d’après un procès-verbal qui se trouve aux Arch. d'I.-et-V., série L, 446.

335. — Immédiatement dirigé sur Vitré après sa capture et le lendemain mis en route sur Rennes, sous l’escorte de six fusiliers et d’un caporal commandés par un sergent, l’abbé Gavard marchait depuis le matin, lorsque, sur les limites de Noyal-sur-Vilaine, il reçut deux coups de feu de ses gardiens, qui l’étendirent raide mort, au moment, déclarèrent-ils, « où il essayait de s’enfuir ».

L’excuse traditionnelle qui légitime tous les assassinats des révolutionnaires se retrouve encore ici : « Nous avons été obligés de tirer sur le fuyard » est une phrase stéréotypée qui reparaît bien souvent dans les rapports des militaires de la Révolution. Aussi les autorités révolutionnaires d’Ille-et-Vilaine n’en furent-elles pas dupes. Cependant, lit-on aux Archives de ce département sur des documents qui ont été reproduits ailleurs, elles se contentèrent d’infliger à l’escorte un simple blâme « pour avoir d’elle-même fait justice et de s'être livré à un acte de nature à soulever le peuple ».

L’assassinat n’était cependant que trop réel, si bien que dans une lettre en date du 9 prairial, le commissaire du Directoire exécutif près du canton de Noyal-sur-Vilaine faisait savoir que « les circonstances de cet événement offraient matière à amples réflexions. Le corps de la victime, dit-il, était couvert de contusions et il est prouvé qu’elle a été fusillée à bout portant ». (Arch. d'I.-et-V., série L, 446).

Voici la version traditionnelle de son assassinat :

Le samedi, 25 mai, l’abbé Gavard devait partir pour Rennes à cinq heures du matin (c’était du moins l’assurance qu’on avait donnée à son domestique qui l’accompagnait). Il espérait aussi être conduit par le commandant qui lui avait témoigné de la sympathie ; mais de nouveaux ordres changèrent tout. Dès trois heures du matin, un détachement fit sortir l’abbé Gavard de sa prison. L’escorte suivit la route de Rennes et traversa Châteaubourg ; mais, arrivé à quelque distance au delà, au pont d’Olivet, en la paroisse de Noyal-sur-Vilaine, elle s’arrêta et, quittant la grande route, entra dans un chemin qui conduit au bourg de Servon. A peine M. Gavard y eut-il fait quelques pas, qu’on lui signifia que sa dernière heure était venue ; immédiatement il fut, en effet, fusillé.

« Le corps du martyr fut apporté dans les prairies qui sont au pied du bourg de Servon, près du château du Gué ; certain médecin vint en faire l’autopsie, et, d’après la tradition persistante jusqu’à présent dans la localité, dans sa rage révolutionnaire, ce misérable en enleva le cœur et le porta dans une maison du bourg de Servon, que l’on montre encore ; là, le cœur du saint prêtre fut apprêté et mangé par les cannibales qu’engendrait la République jacobine ! ».

Un habitant du pays, nommé Bricet, recueillit ensuite les vénérables restes de l’abbé Gavard et les inhuma dans le cimetière paroissial de Servon, mais lorsqu’on a désaffecté celui-ci, il y a une plusieurs années, on a mélangé dans une fosse commune les ossements de M. Gavard. A Servon, vit toujours le souvenir de M. Gavard, massacré en haine à la Foi. A Saint-Ouen-la-Rouerie, vivent encore plusieurs petits-neveux de M. Gavard qui conservent avec vénération la mémoire et se transmettent d’âge en âge la mémoire du confesseur de la Foi.

A Parcé même, le souvenir de ce prêtre héroïque n’est pas encore complètement disparu.

336. — En terminant, on doit signaler d’après l’abbé Tresvaux (1845) les châtiments qui, écrit-il, atteignirent les bourreaux du saint vicaire de Parcé : « Son dénonciateur éprouva bientôt les effets de la colère divine : il devint infirme et il était perclus de tous ses membres lorsqu’il mourut. Un de ceux qui avaient arrêté le confesseur de la Foi se brûla la cervelle, en prison, d’un coup de pistolet, pour éviter le dernier supplice. Un autre mourut en impie, en 1844 ».

BIBLIOGRAPHIE. — Tresvaux du Fraval, Histoire de la Persécution révolutionnaire en Bretagne (1845), op. cit., 1ère éd., t. II, p. 355-358. — Guillotin de Corson, Les Confesseurs de la Foi pendant la Grande Révolution, etc. (1900), op. cit., p. 145-148. — Kerviler, Répertoire général de Biographie et Bibliographie bretonne (1905), t. XV, p. 339. — Lemasson, Les Actes des prêtres insermentés de l'archidiocèse de Rennes, etc. (1927), op. cit., p. 240-255. — E. Pautrel, Notions d'Histoire et d'Archéologie pour la région de Fougères, Rennes, 1927, in-8°, p. 262.

(Articles du Procès de l'Ordinaire des Martyrs Bretons).

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