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HISTOIRE DE LA CATHEDRALE DE SAINT POL DE LEON

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L'évêché de Saint-Pol, ou plutôt de Saint-Paul [Note : C'est par une erreur assez bizarre que l'on a adopté, au XIXème siècle, la forme française du moyen âge que les Bretons, restés fidèles à l'orthographe latine, n'avaient jamais employée], fut fondé au VIème siècle, à l'époque de l'émigration bretonne, par un moine insulaire Paulus Aurelianus, dont nous possédons une vie écrite au IXème siècle par Wuormonoc, moine de l'abbaye de Landévennec.

La cathédrale ne remonte qu'à la fin du XIIIème siècle. C'est à cette époque que semble avoir été commencée la nef. Les travaux ont dû se prolonger jusque dans les premières années du XIVème siècle.

En 1433, l'église se trouvait « choite en ruine » et nous voyons les habitants s'imposer une contribution volontaire pour aider aux réparations (Archives du Finistère, G. 121), mais déjà, en 1431, le duc de Bretagne avait accordé à l’évêque de Léon des subsides pour « réédifier son église » (Comptes de la maison de Bretagne, Bibl. nat., fs. 11542, f° 11).

Ces documents s'appliquent sans doute à une église romane dont on avait dû laisser subsister la partie est tout en construisant une nouvelle nef. Les indications fournies par les textes concordent d'ailleurs avec celles que nous donnent les armoiries : les voûtes du chœur portent les armes des évêques Jean Validire (1427-1432) et Guillaume Ferron (1439-1472). Les armes de Guillaume Ferron se voient également à la clef de voûte de la croisée du transept. Le chœur serait donc un peu plus ancien que le transept. La grande rose du croisillon sud doit dater également du XVème siècle : sa reconstruction paraît avoir entraîné un premier remaniement de ce croisillon, qu'il fallut surélever.

Au XVIème siècle, le déambulatoire fut doublé, et, pour donner un débouché normal aux nouvelles travées, on fut obligé de changer la distribution de celles des croisillons. Les chapelles du pourtour du chœur ont été construites peu à peu sans plan d'ensemble dans le cours du même siècle. Celle qui occupe l'angle du déambulatoire et du croisillon sud paraît être la dernière en date. La sacristie est aussi du XVIème siècle.

Une voûte en anse de panier qui sert de soutien aux orgues porte la date de 1625.

Au XVIIIème siècle, on détruisit le jubé dont l'escalier subsiste à l'intérieur de l'un des massifs qui délimitent l'entrée du chœur.

Enfin, en 1868, la fenêtre de fond du croisillon nord, qui était désaxée et avait sa pointe enfoncée sous la voûte, fut placée exactement au milieu du mur.

Plan de la cathédrale de Saint-Pol-de-Léon (Bretagne).

Plan. — Le plan comporte une nef de sept través bordée de collatéraux. Un porche s'ouvre en avant de la façade, un autre porche donne accès à la quatrième travée du collatéral sud. A la suite de ce porche, mais sans communication directe avec lui, sont construites sur le même alignement trois travées qui forment jusqu'au transept un second collatéral. Chaque croisillon du transept comprend trois travées. Le choeur se compose de quatre travées droites et d'un chevet à cinq pans. Le déambulatoire double donne sur une chapelle d'axe rectangulaire et sur une série de chapelles plantées de diverses façons.

Cathédrale de Saint-Pol-de-Léon (Bretagne).

Nef. — La nef, construite en pierre des carrières de Caen se rattache à l'école gothique de la Normandie. Bien que peu élevée — 16 mètres sous voûte — elle ne manque pas d'élégance. Le profil des ogives et des doubleaux se compose d'un tore en amande avec filet sailtant.

Les piliers forment un faisceau de douze colonnettes, dont trois vont supporter les ogives et le doubleau de la voûte principale, tandis que les autres reçoivent la retombée des moulures des grandes arcades en tiers-point et des arcs des bas-côtés. Les chapiteaux inférieurs sont évasés. Ceux d'en haut, affectent déjà la forme renflée. Presque tons ceux d'en bas sont décorés de crochets dont quelques-uns figurent de minuscules têtes humaines. On remarquera que certaines bases ornées de dessins en creux — lignes brisées ou cannelures — sont cantonnées de griffes ou soutenues par des consoles.

Cathédrale de Saint-Pol-de-Léon (Bretagne).

Le triforium de la première travée est de style tout à fait normand, avec ses arcs qui se recoupent. Il n'est achevé que du côté sud : les colonnettes du côté nord ne sont pas sculptées. Dans les autres travées prévaut un système moins élégant : entre deux cordons de quatre-feuilles et de trèfles en creux s'ouvrent deux arcs brisés flanqués de deux étroites baies en tiers-point : des trèfles décorent les écoinçons. Au-dessus règne une coursière qui traverse le tableau des fenêtres sous la voussure des formerets. Ce passage est ajouré par deux petites arcades trilobées entre les baies hautes divisées par un meneau qui correspond à un cercle sauf dans quelques travées où l'on voit deux trèfles sous un quatre-feuilles.

 

Bas-côtés. — Les bas-côtés sont conçus d'après les mêmes données que la nef. On remarquera que dans leur première travée les ogives ont été refaites en granit au XVIème siècle.

Un détail intéressant à noter dans cette cathédrale, où la sculpture figurée est si rare, c'est que, dans le bas-côté sud, sous un chapiteau supportant la retombée d'un doubleau, une tête d'animal monstrueux reçoit dans sa gueule l'amortissement d'une baguette verticale entre deux cavets taillée — peut-être par erreur — à la place d'une colonnette ordinaire.

Le second collatéral sud, dont nous avons parlé plus haut, présente un aspect assez particulier. C'était primitivement une suite de trois petites salles accolées au mur du bas-côté et séparées l'une de l'autre par des murs. Au XVème siècle, on a percé toutes ces cloisons pour faire communiquer largement les salles avec le bas-côté et entre elles. On a gardé du Côté nord les amorces des murs séparant les salles et, contre ces restes de murs, on a appuyé des colonnettes en granit à chapiteaux historiés d'un travail assez grossier. Tous les arcs établis lors de ce remaniement sont aussi en granit ; au contraire, les ogives sont en pierre de Caen et retombent sur des culots de même matière ornés de jolies figurines.

Le nouveau collatéral ainsi formé communique avec le transept par une ouverture anormale qui n'est pas dans l'axe des voûtes. A gauche de l'entrée, contre le pilier déjà repris au XVème siècle, on a collé une grosse pîle ronde avec des moulures à pénétrations.

 

Transept. — Le carré du transept est notablement plus élevé que les croisillons, celui du sud étant d'ailleurs plus haut que celui du nord.

Ce qui frappe tout d'abord lorsque l'on pénètre dans le croisillon sud c'est la rose qui surmonte un fenestrage trilobé : ses formes encadrent des trèfles et des quatrefeuilles.

On remarquera de part et d'autre les tronçons d'un formeret qui n'a plus sa place. C'est un indice tendant à prouver que ce croisillon a été surélevé. Nous en verrons d'autres preuves à l'extérieur.

En tout cas, la disposition des travées a été changée au XVIème siècle. Les colonnes et les nervures des voûtes présentent les caractères de cette époque et des écussons portent les armes de deux évêques du même temps.

Pour établir l'une des colonnes, il a fallu boucher en partie une grande fenêtre qui ouvrait largement le mur ouest. Dans le reste d'embrasure qui subsiste, il y a encore une petite fenêtre. De l'autre côté de la colonne du XVIème siècle, on retrouve dans le mur une base de colonnette de la fenêtre primitive.

Dans le croisillon nord, les colonnes et les voûtes datent également du XVIIème siècle. Là encore on voit les preuves d'un remaniement. Ainsi la présence d'un contrefort à l'extérieur a empêché de mettre dans l'axe d'une travée la fenêtre occidentale. C'est peut-être une raison du même genre — par exemple l'existence de bâtiments appuyés contre le pignon — qui n'avait pas permis d'ouvrir bien au milieu du mur de fond la grande fenêtre, irrégularité corrigée, nous l'avons vu, en 1868.

 

Chœur. — Le chœur, dont les voûtes d'ogives sont recoupées par une lierne d'axe, comprend quatre travées droites et un chevet à cinq pans, la seconde et la troisième travée étant d'ailleurs plus longues que les deux autres. La disposition générale est la même que celle de la nef, mais dans le style d'une autre époque : les arcs du triforium sont en accolade. La galerie de circulation a une balustrade formée de mouchettes dont la pointe est tournée alternativement vers le haut et vers le bas.

La première galerie du déambulatoire est tout à fait régulière. Au contraire, certaines travées de la seconde s'élargissent pour former clos chapelles ; il v a de plus des chapelles adjointes aux travées normales.

La chapelle qui se trouve dans l'angle du déambulatoire et du croisillon sud mérite une mention spéciale. Elle a été établie dans l'espace compris entre le mur extérieur du transept, le mur extérieur du collatéral et le mur extérieur d'une chapelle. Ce dernier devint mur de séparation et l'on abattit les autres : un pan subsiste encore, faisant office de pilier à l'angle du déambulatoire et du transept. Au sommet de ce support d'occasion, une pierre en encorbellement sur laquelle se fait la retombée d'un grand arc est ornée de sculptures du XVIème siècle. Mérimée voulait que ce fût un vestige romain. Au milieu de la chapelle, un pilier rond reçoit les pénétrations des nervures de quatre voûtes. Dans l'angle sud-est, un corbeau historié soutenant une ogive représente un fou accroupi.

La chapelle du chevet est rectangulaire, comme à la cathédrale de Dol.

 

Extérieur. — La façade et les flèches de la cathédrale au lieu d'être construites comme la nef en pierre calcaire, sont en granit, ce qui ne les empêche pas d'ailleurs d'avoir un caractère bien normand.

Au-dessus d'un porche surmonté d'une plate-forme s'ouvre un triplet dont la fenêtre centrale est plus haute que les autres. Plus haut, on voit une galerie de quatre arcades en tiers-point redentées, avec une balustrade formée d'arcs brisés qui se coupent. Une seconde balustrade tréflée reliant les deux tours couronne l’ensemble.

Les clochers ont tous deux à peu près le même dessin : une souche nue au-dessus de laquelle règnent une série d'arcatures. Dans la partie supérieure, deux longues fenêtres sur chaque face avec des traverses, selon l'usage normand. Les flèches sont toutes deux à six pans ajourés de trèfles, flanquées l'une et l'autre de quatre clochetons d'angle et de quatre lucarnes. La flèche du midi a des clochetons à deux étages plus élevés que ceux de la flèche du nord. En revanche, elle ne s'élève pas comme l’autre sur une plate-forme entourée d'une balustrade. Ajoutons que tous les clochetons, très compromis, ont été l'objet de réparations importantes en 1880. Les pinacles ont été restitués.

L'extérieur de la nef ne présente pas un aspect très intéressant, les arcs-boutants ne pouvant avoir qu'un faible développement dans une église aussi peu haute.

Le porche sud, contemporain de la nef, est également construit en pierre de Normandie. Il est voûté d'ogives et relié au mur du bas-côté sud par un formeret, orné de feuillages sculptés dans la pierre calcaire. Mais les portes géminées qui donnent accès dans l'église sont un placage en granit du XVème, siècle. Ce placage s'amortit par une frise où l'on voit sculptés des chiens poursuivant des lièvres.

Les pignons des chapelles formant le second bas-côté relient le porche au transept.

Le carré du transept est surmonté d'un élégant clocheton octogone ajouré sur chaque face par deux baies tréflées et surmonté d'une flèche de pierre qui est percée de lucarnes. Le croisillon sud présente plusieurs traces de remaniements. On distingue très nettement les contours de l'ancienne grande fenêtre qui s'ouvrait dans le mur occidental avant la transformation de ce croisillon au XVIème siècle. Sur le mur sud, à peu de distance de la nef, on aperçoit quelques arcatures dans le genre de celles que nous verrons au mur nord du Kreisker. Elles semblent marquer l'ancien amortissement du mur aujourd'hui surélevé, hypothèse confirmée par les traces d'un solin restées visibles sur le mur de la nef à un niveau inférieur à celui du rampant actuel du toit du croisillon sud.

Cathédrale de Saint-Pol-de-Léon (Bretagne).

Le pignon de ce même croisillon est ajouré par la très belle rose que nous avons déjà signalée. Au sommet du mur est une galerie au milieu de laquelle se trouve une sorte de chaire extérieure abritée sous un gâble.

Les chapelles entre le transept et l'abside sont disposées de façon fort irrégulière.

L'abside, très élégante, se trouve un peu masquée par la sacristie. Elle se termine par un chevet plat ajouré par une fenêtre gothique entre des contreforts surmontés de pinacles, comme les chapelles du déambulatoire.

Le côté nord de l'église n'est pas dégagé. Pour voir l'extérieur du déambulatoire au nord, il faut pénétrer dans la cour du presbytère. On remarquera, dans l'angle formé par la troisième et la quatrième chapelle, la trace d'une élégante petite fenêtre flamboyante aujourd'hui bouchée. Le mur de la chapelle qui fait l'angle du déambulatoire et du transept paraît porter des restes de mâchicoulis. Le côté nord, que l'on peut voix en entrant dans la cour de la gendarmerie, est encore plus sobre que le côté sud.

Cathédrale de Saint-Pol-de-Léon (Bretagne).

Mobilier. — Parmi les objets mobiliers que contient la cathédrale de Saint-Pol-de-Léon, le plus ancien est une cloche portative, de forme rectangulaire, en cuivre fondu, dite cloche de Saint-Paul, et qui est peut-être un souvenir du temps de l'émigration bretonne, car il semble que c'est à elle que fait déjà allusion, au IXème siècle, Wuormonoc, moine cle Landévennec, dans sa Vie de saint Paul. Le portant de bois qui sert de monture est moderne.

Cathédrale de Saint-Pol-de-Léon (Bretagne).

Il faut citer aussi les stalles, où plusieurs accoudoirs et miséricordes sont d'une fantaisie assez remarquable.

Stalles de la cathédrale de Saint-Pol-de-Léon (Bretagne).

 

Stalles de la cathédrale de Saint-Pol-de-Léon (Bretagne).

 

Stalles de la cathédrale de Saint-Pol-de-Léon (Bretagne). Stalles de la cathédrale de Saint-Pol-de-Léon (Bretagne).

On voit encore trois vitraux du XVIème siècle ; l'un, dans le bas-côté sud, représente, en deux parties superposées, la parabole des pasteurs séparant les boucs de brebis et les damnés qui tombent dans l'enfer. Un vitrail du bas-côté sud, daté de 1550, comprend quatre panneaux où l'on voit quatre des œuvres de miséricorde. Enfin, sur un autre vitrail, des démons sont précipités dans l'enfer au milieu d'un écroulement d'édifices. Nous n'avons là que des fragments de compositions plus importantes. Dans la troisième chapelle du sud du déambulatoire se trouve une curieuse peinture représentant trois faces humaines jointes ensemble de façon à former un triangle dont les sommets sont constitués par les trois mentons : il y a trois boucles, trois nez, et seulement trois yeux, chaque oeil étant commun à deux visages. Sur des phylactères sont écrites en lettres gothiques les devises Ma Doué (mon Dieu) et Arabat (il ne faut pas).

Plusieurs tombeaux d'évêques de Léon se trouvent dans le déambulatoire : ce sont ceux de Rolland de Neuville, évêque de Léon de 1562 à 1613 — tombeau en granit curieux pour son aspect archaïque. — de Mgr de la Marche, dernier évêque de Léon, et de Francois Visdelou — par Nicolas de la Colonge (1711). Le tombeau de Guillaume de Kersauzon (évêque de 1272 à 1327) n'est qu'un pastiche moderne. Dans la chapelle absidale se voit le tombeau des chanoines Richard, dont la maison, construite en 1535 existe encore derrière la cathédrale sur la place du petit cloître. Signalons encore un sarcophage roman utilisé comme bénitier près de la porte du porche sud, et un palmier en bois sculpté du XVIIème siècle, recourbé en forme de crosse et contenant, suspendue au-dessus du maître-autel, la Sainte-Réserve.

(Par M. Lucien LÉCUREUX).

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