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SAINT-POL-DE-LEON SOUS LA REVOLUTION (CHAPITRE 2).

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CHAPITRE II.

SOMMAIRE.

Les préludes de la Révolution. — Emeutes dans diverses villes de la France. — Troubles à Saint-Pol et à Roscoff. — Demande de troupes par la municipalité. — Ministères de Calonne et de Loménie de Brienne. — Agitations. — Saint-Pol prend fait et cause pour le Parlement. — MM. Chef du Bois et du Dresnay sont délégués pour aller à Versailles solliciter l'élargissement des députés Bretons, détenus à la Bastille. — Leur démarche est couronnée de succès. — Etats de Bretagne. — M. Chef du Bois y est envoyé.

Depuis quelques années le prix du blé et des farines en France soulevaient des plaintes générales. Les famines de 1740, 1750, 1768 et 1769 avaient été attribuées à l’accaparement des grains par une compagnie dans laquelle le roi lui-même aurait eu des intérêts. Le Pacte de Famine a été contre les traitants, la cour et Louis XV, l'occasion d'accusations trop facilement acceptées. On a pu nommer les financiers dont les spéculations eurent pour les populations des conséquences déplorables ; mais il serait injuste de voir un système dans des faits isolés, et d'attribuer à la complicité de la cupidité royale ce qui ne fut qu'une faiblesse.

Ce qu'on décore du nom de Pacte de Famine n'est, en vérité, qu'une légende. Il est reconnu aujourd'hui que les accusations mises à la charge de Louis XV sont controuvées. Louis XV a fait faire sans doute des achats de blé, de grains, mais c'était uniquement afin de procurer aux Parisiens le pain à bon marché. Voilà comment on écrit l'histoire [Note : Voir Edmond Biré — Causeries littéraires. Il y cite MM. Gustave Bord et Léon Biollay, qui ont traité en maîtres ce point historique. Le document qu'ils ont mis au jour se trouve aux Archives nationales sous la cote F 1194].

Des émeutes, provoquées par la cherté du pain, éclatèrent à Paris, à Dijon, Pontoise, dans plusieurs villes du Midi, à Lille, à Avesnes, à Amiens. Des boutiques de boulangers furent pillées, et pendant que Turgot croyait voir dans ces soulèvements la main de ses ennemis, que ceux-ci cherchaient des coupables partout, même à l'étranger, on aurait pu y découvrir l'effet d'un mécontentement général de la gêne, et d'un esprit nouveau, hostile à tout pouvoir.

Cet esprit frondeur se généralisait, et les malveillants profitaient des moindres prétextes pour s'attaquer à l'autorité et ruiner insensiblement la monarchie. Les provinces les plus éloignées de la capitale n'en furent pas à l'abri. Le 12 juillet 1788, il y eut à Saint-Pol une émeute populaire contre l'embarquement des grains. L'exportation du blé avait été autorisée par une déclaration du roi du 17 juin 1787, enregistrée le 30 août suivant au Parlement de Rennes. Cette année il y avait eu surabondance de blé et la récolte prochaine donnait les meilleures espérances.

Des individus de la dernière classe du peuple mirent tout en œuvre pour susciter des troubles et pour empêcher les embarquements qui devaient se faire à Penpoull et à Roscoff. Les habitants de Saint-Pol et de Roscoff se rallièrent aux mutins. Pour prévenir les suites fâcheuses que pourrait occasionner l'attroupement des séditieux, la municipalité fit appel à la brigade de la maréchaussée de Morlaix, qui vint à Saint-Pol le 11 juillet.

La maréchaussée escorta de douze à treize voitures jusqu'à Penpoull. Elle fut bientôt assaillie par une troupe innombrable de mutins, qui l'accablèrent d'une grêle de pierres, ainsi que les voituriers. Le détachement du régiment de la Beauce, établi à Roscoff, ne se composait que de trente hommes, insuffisants pour réduire les émeutiers, soulevés le même jour et presque à la même heure à Penpoull et à Roscoff. Il est clair qu'il y avait eu entente préalable entre les meneurs des deux localités.

Pour assurer le bien public et aviser à la sécurité des habitants honnêtes et pacifiques de Saint-Pol et de Roscoff, le corps municipal s'adressa au comte de Langeron, commandant pour le roi à Brest, la plus prochaine garnison, d'expédier encore sur les lieux un renfort de trente hommes [Note : Reg. 17 des délib. de la communauté de Saint-Pol, fol. 65].

Un mauvais vent soufflait sur tout le pays ; on marchait rapidement vers la Révolution. Une grande agitation régnait dans tous les esprits, et il était facile de prévoir qu'un nouvel ordre de choses devait bientôt surgir. L'ancienne société avait fait son temps.

Calonne, qui avait succédé à d'Ormesson, comme contrôleur général des finances (1783), avait prodigué l'argent à pleines mains. A bout de ressources, il finit par avouer au roi « qu'on ne pouvait rétablir solidement les finances que par la réformation de ce qu'il y avait de vicieux dans la Constitution actuelle ». Il proposa de créer un impôt foncier général et permanent, sous le nom de subvention territoriale. En même temps, il proposa d'étendre à tout le royaume les assemblées provinciales dans lesquelles le Tiers aurait une représentation double de celle des deux autres ordres, avec le vote par tête ; d'adoucir les tailles et les gabelles, d'abolir les corvées, de rendre plus facile le commerce intérieur, d'établir l'uniformité administrative et de détruire les privilèges.

Ces réformes parurent trop radicales.

L'Assemblée des Notables, convoquée à ce sujet à Versailles en février 1787, reprocha à Calonne d'avoir dissipé les fonds publics et lui dénia toute confiance. Il dut quitter son poste et il fut remplacé par son antagoniste Loménie de Brienne, archevêque de Toulouse, et qui ne valait guère mieux sous le rapport de la moralité. C'était un athée.

Arrivé au ministère qui depuis longtemps était l'objet de son ambition, Brienne se trouva bientôt dans la situation la plus fâcheuse. Il eut recours aux emprunts ; mais les emprunts multipliés, loin de soulager l'Etat, ne faisaient que l'obérer. Pour combler le déficit qui grandissait chaque jour, l'établissement de nouveaux impôts était indispensable. Mais comment les obtenir ? Il y avait tout à redouter de l'opposition systématique du Parlement.

Deux édits bursaux furent décrétés dans le conseil du roi. L'un portait un nouveau droit sur les papiers timbrés ; l'autre concernait la subvention territoriale. Avant de consentir à l'enregistrement des édits, le Parlement demanda qu'on lui communiquât le tableau des recettes et des dépenses afin, disait-il, que la nation fût convaincue de la nécessité de nouvelles charges. Au milieu des débats que suscitaient les édits, un des conseillers du Parlement, Sabatier de Castres, dit : « ce ne sont pas états qu'il nous faut ; ce sont des Etats Généraux ». Le mot fit fortune et, le 16 juillet, le Parlement dans une assemblée générale en demanda la convocation.

Mandé à Versailles en un lit de justice le 6 août, il dut enregistrer les édits sous les yeux du roi. Rentré au palais, le Parlement déclara l'enregistrement illégal. Il fut exilé à Troyes. Cet exil fut un véritable triomphe. Les citoyens de toutes les classes, par des pétitions, toutes les cours du royaume, par des remontrances, défendirent à l'envi sa cause. Le gâchis s'étendait de plus en plus.

Afin de soumettre le Parlement, Brienne essaya de lui enlever ses attributions politiques et de le réduire aux fonctions judiciaires. Une cour plénière, composée des grands fonctionnaires civils, militaires et ecclésiastiques et d'un député par chaque province devait hériter des attributions politiques du Parlement. En soi, c'était une mesure des plus sages. Des magistrats, chargés d'appliquer les lois, d’exercer la justice doivent se tenir en dehors de la politique, sinon, au lieu d'arrêts, ils rendront des services, et dès lors la magistrature est avilie et perd toute considération.

Brienne voulut également réduire la compétence judiciaire du Parlement en faveur des bailliages dont il étendait le ressort.

Duval d'Espréménil en eut connaissance par le moyen d'un ouvrier de l'imprimerie de la cour, qu'il parvint à corrompre. Avec une violence extrême il souleva l'opinion contre le roi. Il devint l'idole de la foule. La cour ordonna de l'arrêter ainsi que Goislard de Monsabert, autre membre du Parlement. Plus tard, ce même d'Espréménil qui, par ses fougueuses déclamations, avait si puissamment contribué à la chute du trône, avouera, lorsqu'on le conduisait à l'échafaud, qu'il méritait la mort, et qu'après avoir cassé le Parlement, Louis XVI aurait dû le faire pendre pour le punir de sa trahison. Plus d'un membre de ce Parlement aurait pu faire la même confession, avant de passer sous le niveau Egalitaire.

Dans ces questions du timbre, de la subvention territoriale et des réformes que les ministres de Louis XVI voulaient établir, le corps municipal de Saint-Pol prit fait et cause pour le Parlement. A l'assemblée des officiers municipaux, composée de MM. Hervé Chef du Bois, maire, Kernoter-Le Coat, procureur fiscal, Conversy, procureur du roi, Corre, recteur du Minihy, de Troërin, chanoine, Prud'homme de Keraugon, Le Hir, Langée et le Floch, un membre remontre que « connaissant l'unité des sentiments patriotiques qui animent tous les membres du corps municipal, il n'y a point à douter qu'il ne se porte à réclamer, avec tous les autres corps de citoyens, contre les opérations ministérielles qui répandent partout la terreur et la consternation, contre les nouveaux édits qui tendent à renverser et à détruire les lois fondamentales de l'Etat, les constitutions particulières de la province de Bretagne, les droits et prérogatives de la magistrature souveraine ».

Il fut arrêté dans cette séance, tenue le 21 juillet, que des expéditions de la présente délibération seraient adressées aux membres de la commission intermédiaire et au procureur général syndic des Etats ainsi qu'au premier président et au procureur général du Parlement de Bretagne.

Douze cents gentilshommes, assemblés à Saint-Brieuc, avaient prié Louis XVI de retirer les édits que « tout le royaume s'accorde à nommer désastreux et inconstitutionnels ». Leurs députés, chargés de remettre les doléances au roi lui-même, furent enfermés à la Bastille.

Nouvelle protestation du corps municipal de Saint-Pol, le 25 juillet. Dans la séance de ce jour, la communauté, extraordinairement réunie, délibère unanimement « d'unir ses vœux à celui des autres ordres, corps et communautés de Bretagne et d'adhérer spécialement aux représentations et doléances que la commission intermédiaire des Etats s'est déjà empressée de porter aux pieds du trône, à l'effet d'obtenir de la bonté et de la justice du roi la liberté des illustres détenus qui n'ont mérité la confiance de leur ordre et celle de la nation entière, que pour avoir signalé, dans toutes les occasions, leur fidélité envers le roi, et leur attachement inviolable aux vrais intérêts de la patrie » [Note : Reg. 17 des délib. — Fol. 66-69].

Quatorze jours après, le 8 août 1788, le corps municipal de Saint-Pol nomma M. Hervé Chef du Bois, maire, « pour se joindre aux députés des différents ordres, à l'effet de supplier Sa Majesté d'ordonner l'élargissement des illustres Bretons détenus à la Bastille, et de suspendre le cours des nouveaux édits jusqu'à la prochaine assemblée des Etats de Bretagne, et des Etats Généraux du royaume. ». L'ordre de la noblesse désigna M. le marquis du Dresnay, pour remplir la même mission.

En présence des embarras inextricables qui se dressaient devant lui, Brienne, voulant essayer une dernière ressource, promit les Etats Généraux ; mais, par ce moyen, il hâta sa fin. Louis XVI, effrayé de la route où Brienne l'avait engagé, renvoya, le 7 août 1788, ce ministre qui avait exaspéré la nation, soulevé les corps de l'Etat, compromis l'autorité royale et rendue inévitable la convocation des Etats Généraux. Ils furent en effet convoqués pour le 1er mai 1789.

La Révolution était décrétée d'office. Bientôt on verra les événements se précipiter avec une rapidité vertigineuse dans toute la France.

La communauté de Saint-Pol ayant su que MM. Chef du Bois et du Dresnay avaient eu un plein succès à Versailles, arrêta qu'à leur retour on ferait prendre les armes à la milice bourgeoise pour les recevoir à l'entrée de la ville, qu'on allumerait un feu de joie sur la Grande Place et que MM. de Keraugon et Conversy iraient à leur rencontre. Il fut également décidé qu'une expédition de la délibération serait adressée à Mgr l'Intendant pour le prier d'honorer de son approbation et d'allouer pour les dépenses qui pourraient être faîtes dans la circonstance la somme de trente livres.

Comme les Etats de Bretagne devaient se tenir à Rennes le 27 octobre, le duc de Penthièvre manda au corps municipal de nommer un député pour le représenter aux Etats. M. Hervé Chef du Bois, alors maire de Saint-Pol, fut choisi, et on lui donna pleins pouvoirs pour émettre son avis sur ce qui serait proposé dans cette assemblée.

Entre temps, il y avait eu dans toute la Bretagne quantité de démonstrations, à l'occasion de l'élargissement des gentilshommes qui avaient été renfermés à la Bastille. De plusieurs points du territoire on avait envoyé à Rennes des députations pour notifier au Parlement qu'il avait la confiance du pays. L'administration de la justice finit par en souffrir, et le 10 octobre 1788 on fit savoir que désormais aucune députation ne serait reçue. Il n'était que temps de mettre un terme à cette ridicule comédie qui avait jeté le trouble dans toute la province [Note : Reg. 17. Fol. 77-78].

A Saint-Pol un mauvais vent continuait de souffler.

Dans la séance du 16 novembre 1788, le procureur du roi-syndic, M. Conversy, sollicita vivement le corps municipal de se joindre aux autres communautés et villes pour demander, conformément « aux vues bienfaisantes de Sa Majesté », que le nombre des représentants de l'Ordre du Tiers fût augmenté aux Etats de Bretagne et qu'on donnât à cet Ordre, tant aux dits Etats qu'aux Etats Généraux du royaume « l'influence qu'il méritait pour son zèle, par ses lumières, par les services nombreux et continuels qu'il rendait à la patrie et surtout par son attachement inviolable à la personne du monarque ».

M. Conversy fit observer en outre que si les impôts, levés en Bretagne, avaient été jusqu'à cette époque supportés en grande partie par l'Ordre le plus faible et le moins opulent, c'est parce que cet Ordre n'avait jamais été suffisamment représenté aux Etats de la province.

Ces observations ne manquaient pas de justesse.

M. Louis Poulpiquet de Brescanvel, qui avait pris part à la séance, non comme membre du corps municipal, mais en qualité de défenseur des droits et privilèges de son Ordre, déclara non recevable toute délibération qui lui serait contraire et préjudiciable. Il ajouta que le Tiers « tendait à renverser toutes les constitutions de la province, même la loi municipale qui portait qu'un homme noble n'était pas tenu à la corvée, que si le Tiers portait dans la capitation environ 14/15, il avait au moins cette fortune en proportion. M. de Poulpiquet requérait en outre que tout fût rapporté aux Etats prochains pour y être ce que de raison. D'après lui, les requêtes et les délibérations, dont lecture avait été donnée, ne tendaient qu'à une émotion, et il ne manquerait pas de les dénoncer tant au procureur syndic des Etats qu'au procureur général du Parlement de la province ». Après avoir apposé sa signature sur le registre, il se retira en déclarant qu'il n'y avait certainement pas lieu de délibérer sur des pièces dont il requérait le dépôt.

Aux objections présentées par M. de Poulpiquet, M. Conversy répliqua que les démarches du Tiers ne tendaient, conformément au vœu de Sa Majesté, qu'à établir une juste répartition des charges entre les ordres de la province. En conséquence, sans s'arrêter au plaider ci-dessus, le corps municipal devait passer outre et délibérer [Note : Reg. 17. Fol. 79-80].

Quelques jours après, le 22 novembre, M. Conversy déclara qu'il ne voulait nullement porter atteinte à la Constitution bretonne ; que son unique désir était de s'adresser à Sa Majesté pour l'augmentation des députés du Tiers aux Etats particuliers de la province et aux Etats Généraux du royaume. Sur ces entrefaites, on avait reçu à Saint-Pol des copies des délibérations des communautés de Ploërmel, Saint-Malo, Guingamp et Lesneven ainsi que des procureurs du Présidial de Rennes. Nantes, Rennes et Vitré adressèrent également à Saint-Pol des copies de leurs délibérations, lesquelles concluaient à de sérieuses réformes. MM. Corre, recteur du Minihy, Kernoter-Le Coat et Conversy, procureur du roi-syndic, chargés d'examiner ces dernières, en firent un rapport qui fut déposé dans les archives.

Dans cette même séance du 22 septembre 1788, M. Hervé Chef du Bois, élu pour représenter Saint-Pol aux Etats de Bretagne, fut prié de se rendre huit jours avant l'ouverture des Etats à Rennes, afin de se concerter avec les autres députés au sujet des réclamations à faire concernant la représentation du Tiers, le dégrèvement des charges si lourdes qui pesaient sur ce corps et une répartition plus rationnelle et plus équitable de ces charges entre le Tiers et la noblesse ainsi que de la corvée des grands chemins et des fouages extraordinaires.

Le procureur du roi-syndic fut chargé d'adresser une expédition de la présente délibération à MM. de Villedeuil, Necker, de Castillon et de Malesherbes, et aux différents corps municipaux de la province.

Quelques membres du conseil, tout en approuvant la délibération, ne le firent pas sans restriction. Ainsi, M. de Tromelin, vicaire général, signe : sauf les droits de son ordre ; M. de Poulpiquet, sauf les droits du sien. Quant à MM. de Keraugon, Conversy, Joguet, Kernoter-Le Coat, Corre, recteur du Minihy, Langée Le Floch, Gérard Mège, ils signent sans aucune réserve.

Dans une séance tenue le 18 janvier 1789, le conseil déclare qu'il n'a pas eu l'intention de lier son député aux Etats à l'effet de se refuser à toute délibération concernant les demandes au roi, qu'il n'eût été, au préalable « fait droit sur les réclamations particulières du Tiers » [Note : Reg. 17. Fol. 79-80].

« En conséquence, pour obtempérer à l'arrêt du Conseil d'Etat du 3 janvier, la communauté autorise par la présente délibération son député à délibérer concurremment avec les deux autres Ordres sur les demandes qui pourraient être faites au nom de Sa Majesté ainsi qu'à continuer les pouvoirs des commissions intermédiaires et à nommer des commissaires pour la chiffrature du registre se référant à sa première procuration du 22 septembre 1788 » [Note : Reg. 17. Fol. 97].

Les commisaires du Tiers-Etat à Rennes adressèrent le 16 mars 1789, au corps municipal de Saint-Pol, une lettre dont lecture fut faite dans la séance tenue le 23. On y notifiait « L'arrêt du conseil approbatif de l'état des fonds, ne portant aucun retranchement des dons, pensions et gratification de la noblesse, malgré le refus qui en aurait été fait par l'ordre du Tiers, ou le bon plaisir du roi ». Le conseil déclara qu'il n'y avait pas lieu de délibérer sur l'objet des dits dons, pensions et gratifications, n'ayant en sa possession ni le dit arrêt approbatif, ni le procès-verbal des séances des trois Ordres de la dernière tenue des Etats. M. Conversy, procureur du roi-syndic fut chargé de répondre à la lettre du commissaire du Tiers-Etat et de leur adresser une expédition de la présente délibération [Note : Reg. 18 des délib. Fol. 4].

Dons, pensions, gratifications, bientôt il n'en sera plus question. Ils ne serviront qu'à désigner les titulaires à la proscription sous le nouveau régime qui va s'imposer à la France.

A la fin de ce chapitre nous insérons deux notes que nous avons omises dans le texte. Les voici : Avant la Révolution il y avait dans la rue Verdérel une croix de granit. Cette croix, paraît-il, gênait le passage des voitures et les travaux de pavage. Dans une séance, tenue le 14 septembre 1788, la communauté de la ville arrêta que la croix serait placée dans un lieu voisin et opportun. — Reg. 17. Fol. 71-72.

Sur la Grande Place, il existait également un cimetière dont la démolition fut arrêtée par la communauté de la ville dans sa séance du 15 juillet 1779, après avoir obtenu au préalable de Mgr l'Intendant, l'approbation de la dépense de 121 livres, 19 sols, somme requise pour faire ce travail. — Voir délib. du 24 décembre 1788. Reg. 17. Fol. 92.

(abbé J. Tanguy).

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