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SAINT-POL-DE-LEON SOUS LA REVOLUTION (CHAPITRE 34). |
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CHAPITRE XXXIV.
SOMMAIRE.
Célébration de la chute de Robespierre. — Demande de secours à Morlaix pour l'hospice. — Difficultés pour le transport du bois de Kerlaudy. — Réorganisation de la municipalité. — Célébration, du 10 août. — Pétition du Jureur Dumay au conseil général. — Autre pétition faite par des catholiques. — Le conseil permet au Jureur d'user de la cathédrale de dix heures du matin à midi, et de deux heures de l'après-midi à quatre heures. — Le Directoire. — Mesures prises contre les prêtres fidèles. — Perquisitions en ville et à la campagne. — Protestation de Plougoulm contre l'érection de Roscoff en chef-lieu de canton. — Rôle de la contribution foncière. — Le citoyen Salaün refuse la présidence de l'administration municipale. — Le citoyen Dumay demande qu'on lui délivre gratuitement du pain, de la viande et du bois. — Trobert est nommé instituteur en chef d'une école primaire à Morlaix.
Le neuf thermidor, an II, — 27 juillet 1794, —
Maximilien Robespierre périssait sur l'échafaud, après avoir fait égorger des
milliers de victimes. L'anniversaire de la mort de ce monstre fut célébré sur
toute l'étendue du territoire français. Saint-Pol tint aussi à avoir sa fête.
Nous reproduisons ici ce qui fut décidé, à cette occasion, par la municipalité,
la veille de la solennité.
« Le conseil considérant que le 9 thermidor doit être un jour cher aux français et être célébré d'une manière analogue aux sentiments d'allégresse et de reconnaissance que cette époque à jamais célèbre dans les faces (fastes) de la république française doit exister dans tous les cœurs des vrais amis de la patrie, arrête, ouï le procureur de la Commune, que la dite fête se célébrera demain à 10 heures du matin à la salle décadaire.
Le conseil général, accompagné des différentes autorités constituées, s'y transportera. Les citoyens seront invités par une publication à se trouver à la dite fête. Ce soir, la grosse cloche sera sonnée et demain matin à trois reprises différentes. On chantera des hymnes patriotiques et lecture sera faite de l'adresse du citoyen Abgrall, administrateur du département, relative à la dite fête et le procureur de la Commune sera invité à prononcer un discours analogue à la fête » [Note : Reg. 25. Fol. 174].
Nous avons vu par ailleurs dans quelle situation désastreuse se trouvait l'hospice civil de Saint-Pol ; tout y manquait. Le 13 thermidor (31 juillet), le citoyen Le Roy, administrateur de l'hospice faisait savoir à la municipalité qu'il était entièrement dépourvu de fonds et qu'il ne pouvait pourvoir aux besoins de l'établissement.
Le conseil, qui s'était déjà adressé, mais sans succès, au Directoire du district de Morlaix, revient à la charge et lui demande une somme de 20,000 livres pour fournir aux besoins urgents de l'hospice.
Le comique à Saint-Pol ne laissait pas de côtoyer assez fréquemment ce qui, de sa nature, pouvait inspirer la pitié. Ce même jour, 13 thermidor, le conseil arrête qu'il sera placé à la porte principale de la maison commune un bonnet de la Liberté avec une flamme en bois aux trois couleurs pour éviter les dépenses multipliées d'un drapeau en laine qui ne peut résister à l'impétuosité du vent et à la pluie. Le citoyen Berdelo est chargé de s'occuper du dit objet [Note : Reg. 25. Fol. 178].
Le transport du bois de Kerlaudy à Saint-Pol suscitait à chaque instant des difficultés à la municipalité. Le conseil général de Plouénan lui fait savoir le 16 thermidor qu'il se refuse formellement à obéir à ses réquisitoires. La commune de Plougoulm répond aussi, par un refus, aux injonctions qui lui sont faites. La municipalité en donne connaissance au Directoire de Morlaix. Plusieurs cultivateurs de Saint-Pol, requis à leur tour, refusent également. Pour triompher de cette obstination le conseil réclame l'assistance de la gendarmerie et de la troupe.
Le lendemain, 17 thermidor, — 3 août — les gendarmes conduisent devant le conseil les réfractaires dont les noms suivent : François Kerbrat, de Creachguéren ; Alain Prigent ; Thomas Combot, de Kerrioual ; Guillaume Fischet ; Nicolas Perrot ; Alain Guillerm ; François Bonderf ; Michel Guillerm ; Hervé Picart ; Jacques Bonderf ; François Cocaign ; Jacques Herry ; Jean Kéruzec ; Hervé Bohic ; Jacques Plantec ; Jean Kerrien ; René Prigent ; Paul Munens ; Yves Perrot ; Allain Kerrien ; Paul Le Deroff ; Jean Le Baron ; les enfants de la veuve d'Hervé Guivarch ; Jacques L'Errant ; Nicolas Quéré.
« Les quels après avoir eu lecture de la délibération de ce jour et des arrêtés et lettre y mentionnés ont déclarés qu'ils obtempereroient dans le jour de demain aux réquisitoires qui leur avoient été donnés, invitant le conseil à prendre en considération qu'ils avoient été occupés ces jours à tirer leurs lins de l'eau.
Sur quoy, le conseil délibérant, ouï le procureur de la commune, a arrêté de renvoyer provisoirement les dits cultivateurs à leurs ménages, au dessus de la promesse solennelle qu'ils ont faite de remplir sans délay les réquisitoires qui leur ont été donnés, réservant le conseil de statuer sur les réclamations à raison de l'assortiment des attelages, d'après les vérifications faites à ce sujet, et enfin de sévir ultérieurement contre les récalcitrants au cas qu'il s'en trouve » [Note : Reg. 25. Fol. 182].
Signé : Miorcec, maire, Le Roux, Villeneufve, Ménez, Conversy, etc., etc.
Un arrêté du 14 thermidor, an III, du Directoire du district de Morlaix avait mis en surveillance le citoyen Kermenguy du Roslan, avec défense expresse de sortir des limites de la commune de Saint-Pol, et sous l'obligation de se présenter tous les jours devant la municipalité. Six jours après, il se présentait au bureau municipal et déclarait en présence de plusieurs officiers municipaux qu'ils savaient que « l'arrêté des représentants du peuple étoit cassé, et que par ce seul fait, il ne pouvoit être en surveillance. ». Il se retira aussitôt, au rapport du secrétaire, avec tant de précipitation, qu'on ne pût en tirer d'autres explications. Le citoyen Villeneufve, étant entré à l'instant au bureau, et ayant pris connaissance de la déclaration, courut immédiatement après le citoyen du Roslan et le rappela par la fenêtre pour donner au bureau plus ample connaissance de ce qu'il venait de dire. Il répondit au citoyen Villeneufve, ajoute le secrétaire, « d'une façon assez mal-honnête qu'il s'étoit présenté à la municipalité et qu'il s'en tenoit à la déclaration qu'il y avoit faite, et que lui, dit citoyen Villeneufve devoit avoir connoissance du tout ainsi que ses collègues » [Note : Reg. 25. Fol. 183].
Dans cette même séance du 20 thermidor — 7 août 1795 — le conseil municipal, en considération de la cherté des denrées de première nécessité et des travaux multipliés de la commune porte le traitement du secrétaire greffier à 300 livres par mois et celui du commis greffier à 250, après toutefois approbation des autorités supérieures.
Considérant ensuite qu'il manquait plusieurs membres dans le conseil général et qu'il était urgent de pourvoir à sa réorganisation, il arrête « de procéder à une désignation des citoyens propres à remplir les places du dit conseil général et d'envoyer copie de la dite liste au district de Morlaix, avec invitation de la remettre sous les yeux des représentants du peuple.
Et a procédé ainsi qu'il suit à la désignation.
Pour maire,
Le citoyen Clet-Marie Le Coat-Kernoter,
ancien homme de loi.
Pour officiers municipaux :
Jean-Marie Salaün,
propriétaire.
Louis-Raymond Poulpiquet-Brescanvel, propriétaire.
Vincent
Gélébart, marchand.
Jean-Louis Laugée, propriétaire.
Louis-Marie Poulpiquet
Kermen, propriétaire.
Philippe Le Roy Lavarie, marchand.
Jean Guivarch,
cultivateur.
Hamon Le Sann, cultivateur.
Procureur de la Commune,
Le citoyen Jean-Louis-Hervé Chef de Bois, propriétaire.
Pour notables :
Les citoyens — Guillaume-Pierre Rageul, propriétaire.
Pierre Macé,
vitrier.
François-Joseph Le Roux, marchand.
Mathurin Lavor,
perruquier.
Gabriel Floch, menuisier.
Alain
Livolant, marchand.
Aignan Joguet, propriétaire.
Yves-Louis Geffroy
Rochglas, propriétaire.
Guillaume Fissot, marchand.
François Le Boulch,
musicien.
Paul Nénan, cultivateur.
Bernard Le Bouhec, notaire.
Yves Le
Roux, marchand.
Joseph Saillour, cordonnier.
Yves-Lubin Salaün,
propriétaire.
Guillaume Castel, aubergiste.
Jean Le Veyer, libraire.
Fait et arrêté en conseil général les jour, mois et an que devant. Signé : Miorcec, maire, Ménez, procureur de la Commune, Conversy, Varsavaux, etc., etc. ».
Une lettre du district de Morlaix, en date du 20 thermidor, recommandait à la municipalité de célébrer l'anniversaire du 10 août. Dans sa séance du 22 le conseil général arrête de se transporter en corps, accompagné des autorités constituées, à dix heures du matin, à la salle décadaire. La grosse cloche sera mise à la volée le soir de ce même jour et le lendemain matin. Une publication invitera le peuple à se trouver à la dite fête, et on y chantera des hymnes patriotiques.
Le citoyen Kernoter Le Coat qui avait été élu maire dans la séance du 20 thermidor fait observer que son grand âge ne lui permet pas d'accepter cette charge et prie le conseil de prendre en considération ses réclamations. Le citoyen Ménez, procureur de la Commune fait également observer qu'il lui avait été adressé différentes réclamations par les citoyens nommés le 20 du courant pour remplir des places dans le conseil général. Le conseil municipal est chargé en conséquence d'écrire au Directoire du district de Morlaix pour le presser d'inviter les représentants du peuple à Brest de réorganiser le conseil général de Pol-Léon dans le quel plusieurs places sont venues à vacquer [Note : Reg. 25. Fol. 183].
Le 23 fructidor, an III, — 10 septembre 1795 — le citoyen Dumay, cet odieux jureur, avec quelques autres citoyens, adressait la pétition suivante au conseil général de Saint-Pol.
« Aux citoyens maire, officiers municipaux, procureur de la commune et notables d'icelle à Pol-Léon.
Le citoyen Antoine-Louis Dumay, domicilié sur votre Commune depuis environ cinq ans, époque où il fut nommé par le peuple curé constitutionnel, réitérant sa soumission aux loix de la République dont il a acte, demande avec les citoyens soussignants :
1° L'exécution de la loi du onze prairial qui leur assigne pour local de l'exercice de leur culte le lieu où ils l'exerçoient le premier de l'an deux de la République ;
2° Comme républicains ils demandent les ornements et attributs essentiels et nécessaires à ce culte qui appartiennent à la République ;
3° Le loyer de la sacristie et des appartements au dessus, ainsi que du jardinet qu'occupe, et a occupé depuis 1791 en qualité de sacristain cy-devant le citoyen Le Roux, officier municipal, officier public et gardien des ornements et attributs essentiels à notre culte qui y sont renfermés ;
4° Le citoyen Antoine-Louis Dumay payera au taux de l'estimation à la République le susdit local adhérent et faisant portion de l'église où il exerçoit son culte le premier de l'an deux de la République ;
5° Enfin le citoyen Dumay repond sous sa responsabilité capitale des ornements et attributs essentiels et nécessaires à son culte appartenants à la République, et sous la caution des citoyens soussignants.
A Pol-Léon le 23 fructidor, l'an trois de la République française.
Les citoyens — Dumay prêtre soumis aux lois de la République, Joseph Dero, Le Joyeux, Le Pen, Pouliquen, Joseph Masson, René Masson, M. Prigent, Louis Floch, Loussaut, Prat, Kerubler, Petitmair, Morgant, Gilbert, F. Plautrou, Le Moal, Garel, Pierre Gaillard, Richar, Martin, Coguiec, J. Vazel, Labat, François Le Deroff, Pierre Vigier.
Le conseil général, ouï le citoyen Le Roux, en l'absence du citoyen Ménez, procureur de la Commune, arrête de délivrer le dit édifice aux dits pétitionnaires, en se conformant au contenu de la dite loi ; renvoy au surplus les pétitionnaires, se pouvoir vers l'administration supérieure pour les autres objets mentionnés en leur pétition ; arrête au surplus que la dite pétition sera transcrite au long pour y avoir recours au besoin » [Note : Reg. 25. Fol. 183].
Le matin du 13 brumaire, an IV, — 3 novembre 1795, — quelques citoyens de la commune de Saint-Pol présentent au conseil une pétition signée par un grand nombre de personnes, demandant l'usage de la cy-devant église cathédrale pour y exercer paisiblement leur culte, sans le secours de ministres. Dans l'après midi, ils se rendent de nouveau devant la municipalité et demandent à retirer leur pétition. Le conseil, ouï le procureur de la Commune est d'avis de la leur rendre.
Le lendemain, nouvelle pétition du citoyen Dumay, demandant les clefs de la cathédrale pour le libre exercice de son culte.
La municipalité prend en considération la démarche faite par le jureur et arrête :
« 1° qu'il sera libre au citoyen Dumay d'exercer le culte dans la dite église cy-devant cathédrale depuis dix heures du matin jusqu'à midy, et depuis deux heures de relevée jusqu'à quatre heures, sauf néanmoins l'approbation des administrations supérieures, attendu que le citoyen Dumay jouit déjà d'un local dite l'église de Saint-Pierre ;
2° que les citoyens Le Roux, officier municipal et Bolloré notable sont chargés de faire les vérifications et recensement de tous les objets qui ont été mis en la possession du citoyen Jean-Marie Le Gall, précédemment chargé du soin de la cy-devant cathédrale ;
3° que les citoyens Varsavaux, Ménez et Lafitte sont pareillement chargés de prendre l'état de tous les objets qui ont été mis en la possession du citoyen Maurice Prigent, cy-devant soumissionnaire de la cy-devant église de Saint- Pierre ».
Le Directoire du district de Morlaix se montre également favorable au Jureur. Ce triste sire, paraît-il, avait réussi à capter la bienveillance des administrateurs morlaisiens. C'est ce qui ressort d'une délibération du conseil général de Saint-Pol, du 22 brumaire [Note : Reg. 25. Fol. 127 et Reg. 29. Fol. 15].
Par suite du recensement fait après le 15 brumaire, la population de la commune de Saint-Pol est de 5,174 et non de 4,670, comme il avait été rapporté précédemment.
Le 4 brumaire, an IV, — 26 octobre 1795, — la Convention disparaissait, après avoir couvert la France de ruines et de sang. Elle était remplacée par le Directoire. Il ne faut pas s'imaginer qu'après la chute de Robespierre, et de ses séides, les prêtres restés fidèles ne furent plus inquiétés ; ce serait une lourde méprise. Longtemps encore ils furent cruellement molestés, et sous le Directoire, on continua de les poursuivre et de les traquer, à l'instar de bêtes fauves. Ce gouvernement, en effet, ne le céda en rien à la Convention. Aux échafauds succédèrent les déportations ; au tribunal révolutionnaire les commissions militaires. Comme le Comité de Salut public, le Directoire a les mains rouges de sang. Il a, ainsi que le fait observer M. Edmond Biré, multiplié les attentats de toutes sortes contre la liberté des personnes, et ses victimes se comptent par milliers. On était jugé, condamné et exécuté dans les vingt-quatre heures, sans appel possible. Les historiens de la Révolution, tels que Thiers, Mignet, Michelet n'en parlent pas, à vrai dire, et pour cause. Des écrivains honnêtes, comme de Barante et Granier de Cassagnac consacrent seulement quelques lignes pour raconter les forfaits perpétrés par ces bandits. Ce n'est que plus tard qu'il s'est trouvé un homme assez indépendant pour dénoncer et maudire les attentats du Directoire, de cet ignoble gouvernement. Ce vaillant et généreux historien, c'est M. Victor Pierre, qui a écrit l'histoire du Directoire avec un talent et une conscience rares. Son livre intitulé : La Terreur sous le Directoire, un grand volume in-octavo, a paru en 1887 à Paris, chez Retaux-Bray, rue Bonaparte, 82.
A cette néfaste époque, la municipalité de Saint-Pol obtempérait sans résistance à tous les ordres, quels qu'ils fussent, qui lui venaient du gouvernement révolutionnaire. Dans la soirée du 22 brumaire, an IV, le conseil général recevait du district de Morlaix un extrait de la loi du 3 courant, portant à l'art 10 : « Les lois de 1792 et de 1793 contre les prêtres sujets à la déportation ou à la réclusion seront exécutées dans les 24 heures de la promulgation du présent décret, et les fonctionnaires publics qui seroient convaincus d'en avoir négligé l'exécution seront condamnés à deux années de détention ».
A cet extrait était joint un arrêté du Directoire du district de Morlaix qui chargeait le conseil « de tenir la main à l'exécution des dits articles des lois et de lui rendre de l'exécution compte dans tiers jours ».
Le lendemain, le conseil, sur le réquisitoire du procureur de la Commune, nommait et commettait les citoyens Villeneufve. Ménez et Le Roux, officiers municipaux, pour se transporter avec des gendarmes chez les prêtres insermentés et dans les maisons où ils croiraient pouvoir en trouver, et pour faire provisoirement conduire en la maison de détention de la commune les prêtres qui n'auraient point obtempéré à la loi et qui seraient sujets à la déportation ou à la réclusion.
Vaine expédition !
Les dits commissaires, de retour, rapportent en effet s'être transportés dans les domiciles et autres maisons que fréquentaient habituellement les ministres non conformistes et n'y avoir rencontré aucun, malgré les recherches et les perquisitions qu'ils ont faites [Note : Reg. 29. Fol. 16].
L'administration siégeant à Quimper adressait le 23 brumaire, an IV — 12 novembre 1795 — au conseil général de Saint-Pol un arrêté qui était de nature à entraver les relations de commune à commune. D'après cet arrêté, la commune de Saint-Pol formerait et aurait seule une municipalité ; les autres communes, faisant précédemment partie de ce canton, formeraient d'après le mode déterminé par la Constitution une autre municipalité dont le chef-lieu serait provisoirement à Roscoff.
Dans sa séance du 27, le conseil général arrête : « d'instruire l'administration du Directoire du district de Morlaix de la réception du dit arrêté, ainsi que de l'envoi fait de copie en forme du même arrêté aux communes de Roscoff, Plouénan, Plougoulm et l'Isle de Bas.
D'inviter l'administration du district à décider :
1° Si d'après l'établissement d'une municipalité à Saint-Pol-de-Léon, l'assemblée primaire prorogée au 1er frimaire prochain (21 novembre 1795) en la dite commune pour la nomination du président du canton ne doit point être envoyée et convoquée à Roscoff, devenu le chef-lieu provisoire ;
2° Si d'après la nouvelle démarcation, le juge de paix, nommé dans la séance de l'assemblée primaire du 24 courant pour la ville de Saint-Pol-de-Léon, ne doit point avoir pour ressort toute l'étendue de la municipalité du dit Pol-de-Léon, attendu que cette commune devient absolument distincte de toutes les autres.
Charge au surplus le bureau municipal d'écrire à ce sujet au Directoire du district de Morlaix en lui envoyant copie de la présente délibération » [Note : Reg. 27. Fol. 129].
Il n'y eut à protester contre cette décision illogique que la municipalité de Plougoulm. Le 3 frimaire — 23 novembre — le conseil municipal de cette commune fit observer à l'administration départementale que cet arrêté était absolument le contre-pied de celui de la Convention qui, loin de vouloir écarter les communes de leurs anciens chefs-lieux, avait cherché à les en rapprocher pour faciliter leurs rapports. Les administrateurs de Quimper étaient donc priés de maintenir le canton à Saint-Pol-de-Léon, afin d'épargner des inconvénients sans nombre aux habitants de Plouénan et de Plougoulm, lesquels étaient éloignés de Roscoff. On ne tint alors nul compte de ces réclamations si justes, et Roscoff devint pour quelque temps chef-lieu de canton.
Comme le citoyen Dumay ne cessait de harceler la municipalité de Saint-Pol par ses demandes intempestives, le conseil général, dans une délibération prise le 6 frimaire, prie le Directoire du district de Morlaix de mettre un terme aux importunités de ce triste personnage, qui entravent les opérations de la municipalité.
Trois jours avant, le Directoire de Morlaix dans une séance tenue par le citoyen Guiomar, vice-président, assisté des citoyens Verchin, La Cour-Rozec et Guillaume, administrateurs, ouï le procureur syndic Saillour, nommait commissaire pour le travail des rôles de la contribution foncière de l’an III et toutes opérations y relatives le citoyen Loussaut pour la commune de Saint-Pol-de-Léon [Note : Reg. 29. Fol. 22].
Le 17 frimaire, an IV, la municipalité se réunissait à l'effet d'élire un président, un officier public et un commissaire provisoire du Directoire exécutif, jusqu'à ce que le Département eût pourvu au remplacement du citoyen Conversy qui avait opté pour la justice de paix.
Après avoir délibéré, le conseil nomme d'abord, par la voie du scrutin pour commissaire provisoire le citoyen Le Floch, puis à l'unanimité le citoyen Jean-Marie Salaün, pour président ; par la même voie le citoyen Benjamin Kervingant est élu officier public.
Comme le citoyen Salaün ne voulait pas accepter la présidence de l'administration municipale, les conseillers s'adressèrent à l'administration du Département, la priant de « statuer définitivement sur les refus réitérés et irréfléchis du citoyen Salaün de siéger dans l'administration sans alléguer des motifs légitimes. Si les refus de Salün sont agréés, les autres donneront tous leur démission » [Note : Reg. 29. Fol. 25].
Un arrêté du Département du 18 frimaire nomme le citoyen Trobert, commissaire provisoire du Directoire exécutif, professeur de langue française à Plougoulm. L'administration l'installe en cette qualité après sa déclaration d'accepter la dite place et après avoir préalablement déclaré « qu'il n'a provoqué ni signé aucun arrêté séditieux et contraire aux lois, et qu'il n'est parent ou allié d'émigré aux degrés déterminés par l'article 2 de la loi du 4 brumaire dernier ».
Le même jour le citoyen Le Roux est nommé commissaire de police.
Le 8 pluviôse, an IV, — 28 janvier 1796 — le citoyen Dumay écrit à la municipalité pour lui demander d'autoriser provisoirement les préposés aux subsistances de lui délivrer du pain, de la viande et du bois remboursable sur sa pension.
L'administration municipale considérant que cette mesure n'est point de sa compétence et manquant de moyens pour venir au secours du dit Dumay, arrête de le renvoyer se pourvoir vers le Département, lui déclarant qu'il n'est parvenu à l'administration aucun ordre du Département pour le paiement de la dite pension [Note : Reg. 29. Fol. 53].
Le citoyen Trobert, qu'un arrêté du Département avait nommé le 18 frimaire, commissaire provisoire du Directoire exécutif de Saint-Pol, se voit bombardé le 12 pluviose, — 1er février 1796, — par l'administration municipale du canton de Morlaix, instituteur en chef d'une école primaire de cette commune.
« Flatté de la confiance que lui témoigne la commune de Morlaix, et désirant seconder ses vues phylantropiques, il s'est déterminé après un mûr examen des obligations que lui impose le titre de citoyen à accepter les fonctions utiles qui lui sont offertes dans l'intime conviction qu'ayant pendant plus de vingt années suivi la carrière de l'instruction publique où son goût particulier l'a toujours porté, il y sera plus utile que dans l'administration, que d'ailleurs la nullité reconnue de sa fortune ne lui permet point sans une imprudence présomptueuse de préférer avec moins de moyens que de zèle une place provisoire dont la nature est même d'être toujours précaire, il invite donc l'administration municipale à nommer un de ses membres pour remplir provisoirement les fonctions dont il se démet » [Note : Reg. 29. Fol. 53].
Le citoyen Déniel, ex-homme de loi, refuse la place de Trobert, à cause, dit-il, de ses infirmités.
Les citoyens Radermacher et D'Arbo qu'un arrêté du 30 pluviôse, an IV, — 18 février 1796, — invite à remplacer en qualité d'administrateurs le citoyen Le Floch nommé garde magasin des grains provenant de la contribution foncière, et le citoyen Jean Guivarc'h, démisionnaire, acceptent provisoirement. Leur déclaration est couverte d'applaudissements.
Le citoyen Le Sann, administrateur, est nommé commissaire provisoire du Directoire exécutif [Note : Reg. 29. Fol. 55].
(abbé J. Tanguy).
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