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Je suis la Mère du bel amour, de la crainte, de la science et de la sainte espérance.

Ce texte de l'Ecclésiastique a été appliqué de bonne heure à la Vierge Marie. L'Église l’a reçu dans sa liturgie, où il figure maintes fois aux diverses fêtes du cycle marial ; spécialement les derniers mots semblent avoir inspiré l’invocation d’une des antiennes les plus vénérables et les plus connues : Salve, Regina... SPES NOSTRA, SALVE, invocation qui se retrouve dans l’hymne plus récente : Praeclara custos Virginum ... SPES NOSTRA, cœli gaudium.

Il serait oiseux de montrer comment la piété populaire est, sur ce point, d’accord avec le sens théologique le plus scrupuleux. N’est-ce pas sur la puissance d’intercession de Marie que les chrétiens assurent de préférence leur confiance en Dieu ? Et quelle espérance, celle qui se dégage du testament laissé par Jésus expirant à son Apôtre le mieux aimé et, en lui, à tous ses disciples à venir : Fils, voilà ta Mère !

Toutefois, il est à remarquer que ce vocable d’allure si consolante et si pieuse, n’a pas connu jadis, en France du moins, le succès d’autres invocations, sans doute plus accessibles au sentiment des masses. Contre une longue série de Bon-Secours ou de Vierges de Pitié, l’ouvrage du savant abbé Hamon et la grande collection du P. Drochon [Note : Hamon, curé de Saint-Sulpice, Notre-Dame de France. — R. P. Drochon, Histoire des Pèlerinages français de la très sainte Vierge] signalent à peine, çà et là, quelques Notre-Dame d'Espérance ou de Bonne-Espérance ; encore en est-il dont l’origine n’est même pas mariale.

Cette lacune avait vivement frappé l’esprit du jeune prêtre qui, en l’an 1837, fut chargé par son évêque de restaurer une vétuste chapelle briochine, dédiée à Marie et à l’apôtre saint Pierre. Par une inspiration que la suite des événements fait apparaître divine, il sera, en dépit d’obstacles multipliés, l’initiateur de la dévotion à la Mère d'Espérance.

« Des calculs humains auxquels il faut renoncer, des rêves humains qui doivent abdiquer ; et puis, d’autre part, des exigences divines, soudaines, imprévues, qui surgissent et s’imposent comme d'impérieuses surprises, et dont il faut, coûte que coûte, accepter le fardeau, voilà ce qu’on trouve à l’origine de toutes les grandes destinées de fondateur » [Note : Georges Goyau, à propos du P. Chaminade, fondateur des Marianistes].

Telle est, en résumé, l’histoire très simple et très surnaturelle de la dévotion et du sanctuaire de Notre-Dame d'Espérance de Saint-Brieuc.

voir " Notre-Dame d'Espérance : origine du vocable et l'Archiconfrérie "

voir " Notre-Dame d'Espérance : assentiment de l'Episcopat "

voir " Notre-Dame d'Espérance : extension de l'oeuvre "

voir " Notre-Dame d'Espérance : le sanctuaire et les épreuves et consolations "

voir " Le Pape Pie IX et Notre-Dame d'Espérance "

voir " Le Couronnement de Notre-Dame d'Espérance en 1865 "

voir " Notre-Dame d'Espérance et l'apparition de Pontmain "

voir " Dernières années du Fondateur (l'abbé Prud'homme) de Notre-Dame d'Espérance "

voir " Erection du sanctuaire Notre-Dame d'Espérance en Basilique "

voir " La Grande Guerre et le Voeu de l'ostensoir "

L’oeuvre du pieux abbé Prud’homme non seulement lui a survécu, mais, visiblement bénie de Dieu, elle a prospéré. Le mouvement qui entraîne les foules vers le sanctuaire de Notre-Dame à Saint Brieuc, va sans cesse grandissant et c’est par quinze et vingt mille qu’il faut compter les pèlerins au grand Pardon du 31 mai 1927. La Basilique de Notre-Dame d'Espérance est devenue sans contredit, après la guerre de 1914-1918, le centre de l’un des plus beaux pèlerinages de Bretagne. Environ 4.000 messes y sont célébrées chaque année, et on y distribue 100.000 communions.

L'Archiconfrérie, elle aussi, continue à se développer. Elle compte, en 1927, 175 confréries canoniquement affiliées, dont 153 dépendent du siège de Saint-Brieuc et 22 du centre de Rome. A eux seuls, les registres de Saint-Brieuc contiennent (en 1927) les noms de plus de 230.000 associés ; ceux de Rome en comptent environ 80.000.

Quant aux confréries affiliées, il est difficile de savoir exactement le nombre de leurs adhérents ; mais nous ne croyons pas exagérer en affirmant que le total des associés de Notre-Dame d'Espérances répandus dans le monde entier, atteint en 1927, s’il ne le surpasse, le chiffre de cinq cent mille.

De plus, dans les cinq parties du monde, en nombre assez considérable, des églises, des monastères, des missions, des patronages, des oeuvres de tout genre se sont placés sous le vocable et la protection de Notre-Dame d'Espérance. On trouve, en 1927, sa sainte image aux îles Fidji comme au Nyanza, à Constantinople comme en Angleterre ou en Espagne, à New-York et dans les glaces de l'Athabaska-Mackensie, à Lima et au Brésil, au Japon et en Chine, au Tonkin, comme dans l'Hindoustan.

Que, selon le voeu du saint pontife Pie IX, tous les catholiques se groupent donc sous la bannière de Marie, qu’ils l’invoquent sous le titre si consolant qui la fit sourire merveilleusement à Pontmain, et ils ne tarderont pas à éprouver que l’on n’invoque jamais en vain Notre-Dame d'Espérance ! (J. Cadiou).