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LA PAROISSE DE SAINTE-TREPHINE, SON EGLISE, SES CHAPELLES

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Parmi les trèves qui formaient la paroisse de Bothoa, Sainte-Tréphine, et mieux Sainte-Triphine, d'après les historiens et l'idiôme breton, fut la plus petite mais la plus célèbre. Elle doit son origine au culte rendu dans ce lieu, à deux innocentes victimes de la cruauté de Comorre Triphine et Trémeur, son fils, tous deux ses patrons et protecteurs. Leurs tombeaux retrouvés dans le cimetière, et leurs chefs, reliques précieuses, ont conservé jusqu'à nos jours le souvenir de cette page sanglante de notre histoire bretonne.

Tous les historiens s'accordent sur le fait des meurtres de Tréphine et de Tremeur ; mais diffèrent sur le nom de leur auteur, et sur le lieu de leur martyre, ils sont ainsi qualifies dans des litanies anglaises du VIIème siècle.

M. de la Borderie, dans son annuaire historique pour 1862, page 38, dit que Comorre, comte de Poher, s'adonna à une débauche effrénée après la mort de Jonas, fils d'Hoël Ier et de sainte Pompée ou Copaie, en langue bretonne, Santes Coupaia, honorée à Langoat, près Tréguier. Tyran des Domnonéens et valet des Francs, car il s'était inféodé à Childebert ; il avait épousé la veuve de Jonas, afin de s'emparer de la Domnonée, de colorer son usurpation et d'immoler à son ambition Jadual, son beau-fils ; mais la vigilance de saint Léonor ou Lunaire, son oncle, l'avait ravi à sa cruauté, quand il vint pour le saisir dans sa solitude, le saint abbé lui montra au loin, sur les flot, le navire qui l'emportait. Cet homme cruel épousa tour à tour un grand nombre de femmes qu'il égorgeait toutes, l'une après l'autre, dès qu'il les voyait enceintes. De là est né le fameux conte de Barbe-bleue. Entre les victimes de cette abominable luxure, ajoute-t-il, la plus populaire est la belle et douce Tréphine, fille de Guerech, ou Waroch, ou Erech , premier comte du Vannetais breton. Comme Jonas, père de Judual, il était fils d'Hoël Ier et de sainte Copaie, et avait pour frères Tugduald et Léonor. Longtemps le pauvre père s'était refusé à livrer sa fille au monstre. Lassé de ses continuelles obsessions, il finit par s'en remettre à la décision de Gildas, fondateur du monastère de Ruys, vénéré comme le plus sage des Bretons. Gildas voulant empêcher une guerre terrible, et, après avoir d'ailleurs fait jurer au tyran qu'il respecterait sa femme, consentit à son mariage avec la fille de Guérech. Bientôt le serment fut violé. Triphine devenue grosse, lut dans le regard de Comorre le forfait qu'il méditait, et chercha, toute éperdue, son salut dans la fuite. L'infortunée fut atteinte dans un bois où elle s'était cachée, frappée de la main de Comorre et laissée morte sur place ; c'était vers 548 ou 549 au plus tard. D'après Albert le-Grand, Guerech avait donné son consentement au mariage de sa fille à telle condition toutefois que, si le comte de Cornouaille la maltraitait, Gildas s'obligerant à la lui rendre à sa requête, ce que le saint abbé promis de faire. Triphine ayant pris la fuite, voulut se rendre près de son père, et fut surprise en un petit bois, près du château de la Motte, à la porte de Vannes, et décapitée par ce bourreau. Son père, averti de ce crime, s'empressa de faire transporter dans la salle de son palais les restes inanimés de sa fille et alla se jeter aux pieds de saint Gildas, le sommant de tenir sa promesse en lui rendant la vie.

Etant arrivé à Vannes, le pieux abbé invita le peuple à unir ses prières aux siennes, et, plein de confiance dans la puissance de Dieu, il prit la tête de Triphine, la lui mit sur le cou, et, parlant à la défunte, lui dit tout haut : — « Triphine , au nom de Dieu tout-puissant, Père, Fils et Saint-Esprit, je te commande que tu te lèves debout et me dise où tu as été ». A cette voix la dame ressuscita. Le fait de cette résurrection est attesté par les anciens auteurs, et le souvenir en est conservé dans divers vitraux et bas-reliefs, et même dans des hymnes en l'honneur de saint Gildas. Ainsi, avant 1793, dans l'église d'Auray, au rapport de l'abbé Mahé (Antiquités du Morbihan, on chantait une prose dans laquelle se trouvait cette strophe : Sancte Gildasi, qui Triphinam suscitasti, quam tyrannus occiderat inter silvarum pascua.

L'abbé Ando, chanoine honoraire, curé d'Auray, qui vient de faire traduire les diverses phases de la vie du glorieux patron de son église en magnifiques vitraux de couleur, œuvre d'Eugène Oudinot, peintre-verrier d'une haute réputation, et auteur des belles verrières de la basitique de Sainte-Anne-d'Auray, a voulu que le miracle de la résurrection de sainte Triphine fut représenté. Dans l'église de Saint-Gildas de Magoar, autrefois trève de Coadout, du diocèse de Dol, on remarque un panneau en chêne, sculpté, et composé de cinq personnages qui rappelle le même fait. Ce panneau, oublié, ou mieux, enseveli dans des débris sous un autel, a était recueilli par l'abbé Brudour, recteur de Magoar, il l'a fait restaurer par un artiste guingampais et l'a fait entrer dans l'ornementation de la chaire. L'église de Laniscat, également dédiée à saint Gildas, offre peints sur le lambris, au-dessus du chœur, douze tableaux retraçant la vie de son patron, la mort et la résurrection de sainte Triphine y figurent.

Quoi qu'en ait dit Albert-le-Grand, le lieu où Triphine fut immolée par la sombre jalousie de son mari, n'est pas connu d'une manière certaine. Une tradition veut qu'elle ait été tuée dans la forêt de Camors, près de Baud, diocèse de Vannes, en un lieu appelé Castel ar sulen ou ar sulou ; selon les dialectes de Vannes ou de Cornouailles, à peu de distance du moulin de la Motte, et que Guérech courut vers saint Gildas, retiré dans sa solitude du Blavet, sous la montagne de Castenex , et l'amena au château où reposaient les restes de son enfant. Une chapelle élevée en l'honneur de sainte Triphine existe à Camors, et son culte y est public ; on en trouve une autre en Pluméliau , sur le bord du Blavet, non loin de la grotte de saint Bieuzy.

Une autre tradition porte que ce fut dans la forêt de Quénécan ou Kenescam, près de Castel finans ; au-dessous des ruines de ce château on voit encore une fontaine dite de Sainte-Triphine. On prétend que Comorre avait un château dans Saint-Gelven, éloigné seulement de quelques lieues du bourg actuel de Sainte-Tréphine. La forêt de Quénécan, comme celle de Camors, se trouvait sur le territoire de Guérech. La rivière du Blavet servait de limites aux terres du beau-père et du gendre. Une troisième opinion veut qu'elle ait eté frappée du coutelas de son mari dans le lieu même qui porte son nom. Le mot de l'hymne, quam tyrannus occiderat inter silvarum pascua, peut le désigner aussi bien que les deux forêts nommées plus haut. D'après des titres conservés au château de Quintin, la forêt de Quintin couvrait encore une partie de Bothoa durant le XVème siècle. Pour s'enfuir rapidement, elle n'avait qu'à suivre la voie romaine de Carhaix à Corseul, dont le bourg de Sainte-Tréphine n'est éloigné que de trois ou quatre kilomètres.

Après sa résurrection, Triphine donna le jour à Trémeur dans le palais de son père, et quelques années plus tard, Guérech ayant succombé dans un combat livré à son gendre, elle vit Comorre s'emparer de son fils, porter sur lui une main parricide, le dimanche 8 novembre 552, et lui trancher la tête. Ce nouveau crime mit le comble à l'indignation du peuple, qui trouva enfin, pour éclater, un énergique organe. Les évêques de Bretagne assemblés en concile au sommet du Menez-Bré, dans les Etats mêmes de l'assassin, lancèrent sur lui, en présence d'une foule immense, les terribles anathèmes que l'Eglise réserve aux grands coupables.

La tradition conservée religieusement à Sainte-Tréphine, veut que Tremeur ait été tué vers Carhaix, et qu'il ait porté sa tête dans ses mains sur l'espace de plus d'une lieue. Il est ainsi représenté auprès de sa mère. Il paraît plus vraisemblable qu'il fut immolé dans les envirous de son tombeau, ou dans le lieu de son oratoire, au milieu du cimetière. Sainte Tréphine aurait alors fondé un monastère dont la situation est inconnue, où elle passa le reste de ses jours à louer et à bénir le Seigneur, et y mourut. L'auteur du manuscrit de la Bibliothèque nationale, dit l'abbé Luco, (vie de Saint-Gildas), page 79, est assez porté à croire ce que ce monastère était placé sur la paroisse de Bothoa [Note : Histoire manuscrite de l'abbaye de Saint-Gildas par un religieux bénédictin de la dicte abbaye. Bibliothèque nationale fonds Saint-Germain, Français, n° 922, page 30 bis]. L’abbé Luco lui-même semble adopter ce sentiment :

« Le tombeau attribué, dit-il, à saint Tremeur, sur la paroisse de Bothoa, diocèse de Saint-Brieuc, dans les Côtes-du-Nord, et le silence complet gardé sur sa sepulture, à Rhuys permettent de conjectuner le lieu de ce nouveau crime, et qu'il fut commis dans les environs de l'endroit de sa sépulture. Déjà l'auteur du récit de la découverte des tombeaux de la sainte et de son fils, cité par MM. de la Borderie et de la Villemarqué, avait écrit : Dans le cimetière de Ste Tréphine, il y a une pierre grise et dure, de prodigieuse grosseur, en forme de pyramide, de la hauteur de 12 pieds et taillée en dix-huit pans, sur laquelle du costé vers l'église sont gravées plusieurs lettres qu'on ne peut lire. Je crois que plusieurs personnes aient fait leur possible pour les déchiffrer…… Les habitants tiennent, par tradition, que cette pierre fut miraculeusement charroyée par deux jeunes taureaux d'un an, ce qu'à peine vingt paires de bœufs pourroient faire. Ils tiennent aussi que où est placée ceste pierre est l'endroit même où Comorre attrapa Triphine et où il la tua………… et où enfin elle fut enterrée et mis dans un caveau couvert de sa tombe, à cinq ou six pieds, près de la grosse pierre. Le laps de temps qui efface la mémoire des plus saintes et insignes actions, avoit aussi presque englouty le tombeau de sainte Triphine qui étoit caché dans le cimetière depuis longues années, soubz un tas de cailloux et de terres rapportées, sur lesquels estoient crues des ronces, orties, halliers, assez proche de la grosse pierre. Mais il pleust à Dieu les découvrir environ l'an 1570 en ceste façon : un des fabriciens de la paroesse se mist à défrischer ce lieu, lui saschant que cest amas de pierres et halliers occupast ainsy une partie du cimetière ; il ne travailla pas beaucoup qu'il trouva une pierre verte et dure, eslevée de quatre doigts de fleur de terre de cinq à six pieds de longueur et de deux et demie de largenr, un peu eslevée en son milieu et rabbatue par ses costés, plus large par la tête et retrécissant par les pieds en forme de tombeau, la dicte pierre estant armée de cinq gros hémisphères de pierres blanches, deux desquelles qui sont à costé de la teste estant plus gros que les deux qui sont à costé des pieds, au-dessoubz desquels en égalle distance est le cinquième demy-globe plus gros que les quatre autres. Entre, les deux demy-globes qui sont aux deux coitages de la teste, il y a une fenestre de pierre de taille par laquelle on entre dans le caveau qui est couvert de la dicte pierre tomballe, dans laquelle on a trouvé trois [Note : Il n'y en avait que deux] testes et quelques ossements, qu'ils tiennent pour être de sainte Triphine et de saint Tremeur. L'invention de ce tombeau, environné des cinq hémisphères, fut cause que les paroissiens, l'an 1577, prirent la résolution de bastir la chapelle qu'il se voit à présent, — 12 septembre 1670, — construite sur le dict tombeau. Et comme leur esglise estoit dédiée à sainte Triphine, ils firent bénir la chapelle sons le nom de saint Tremeur, et laissant en dehors, du costé de l'Occident, cette grosse masse de pierres ; ils renfermèrent dans la dicte chapelle le caveau avec tous les ossements ».

La chapelle décrite ci-dessus n'existe plus ; l'oratoire que l'on voit, formé de pierres de Liscuit et de madriers avec torchis, est assez récent. L'abbé Loguello, recteur de la paroisse, s'occupe, avec raison , d'en élever un plus digne.

Plusieurs remarques sont à faire au sujet du récit du moine de St-Gildas : il confond le tombeau de Trémeur avec celui de sa mère ; le pilier ou colonne n'est pas d'une prodigieuse grosseur ; il forme un octogone irrégulier, grossièrement cannelé sur toutes ses faces, les angles coupés ont à peine 0,15 c. de largeur, et les quatre façades 0,45 c. ; il est plus gros à la base. Son sommet portait un trou pour recevoir une croix, aujourd'hui elle s'y voit. C'est sur ce pilier, chargé de mousse et de lichens, qu'on lit une inscription composée de deux lignes superposées ; la première renferme cinq lettres, la seconde sept lettres. Ces caractères ou lettres sont effectivement inconnus, dit Ogée, ou du moins n'appartiennent à aucun caractère d'écriture intelligible. Dom Lobineau, dans son livre, Vies des saints de Bretagne, dit aussi à ce sujet :

« Il y a dans le cimetière de Sainte-Triphine une pyramide très ancienne, sur laquelle on voit des caractères inconnus, tels qu'il s'en rencontre sur des monuments anciens, répandus en quelques endroits de la province, et ces caractères semblent avoir été connus aux anciens Bretons ou Gaulois. Parmi les douze lettres qui composent l'inscription du pilier de Saint-Tremeur ou Tromeur, nous n'en n'avons reconnu que quatre qui puissent se rapporter à l'alphabet donné par le P. Grégoire de Rostrenen ».

Ne pourrait-on pas y voir des caractères de l’écriture gothique, ces mots : O Crux, ave, Dei, qu'on croit lire, indiqueraient que l'inscription est postérieure à l'érection de la colonne. La disposition de ces cinq pierres sphéroïdales au pied et au chevet du tombeau, a été également remarquée sur le lieu de sépulture de Salaün ar fol ou Salaün l’idiot, mort en 1358, dans l'ancien cimetière de Quiquelleau, près du Folgoët, dans l'ancien diocèse de Léon. — M. de la Villemarqué (Congrès celtique international, les pierres et les textes celtiques, Saint-Brieuc, 1867), après avoir cité le manuscrit du moine de Saint-Gildas, relavivement à la découverte du tombeau de saint Trémeur, ajoute :

« Ce tas de cailloux et de terres rapportées, cet amas de pierres qui recouvrent le tombeau de sainte Tréphine, représentent bien ce que les Gallois du moyen âge appelaient un Carn, et l'hagiographe latin déjà cité, un Cumulus lapidum La pyramide de granit est un vrai Lech ; le cercueil en pierre à quatre côtés, rappelle à merveille, le Pedrial bid de l'épitaphe d’OWen, contemporain de sainte Triphine, et les cinq grosses pierres semi-circulaires qui l'entourent, répondent au pedwar mein a my tal, dont la tombe de Madauc, guerrier gallois, était entourée ».

D'après ce savant archéologue, les tombeaux de saint Trémeur et de sainte Tréphine auraient conservé la forme que les Celtes et les anciens habitants de l'Armorique donnaient aux tombeaux de leurs parents. Comme fils de prince, Tremeur méritait une sépulture monumentale. L'invention de ces crânes ou chefs, conservés religieusement, avec l'approbation authentique des évêques diocésains, jusqu'à nos jours, et le culte de vénération rendu à ces restes précieux autorisent ce sentiment. Il est difficile d'expliquer autrement cet amas de pierres et de terre, à quelques mètres seulement de l'église, et cette colonne, surmontée d'une croix. Cependant il est difficile de l'accorder avec ce que disent les hagiographes au sujet du transport des reliques de sainte Tréphine et de saint Trémeur, à Paris, par l'évêque Salvator, en 897, pour les soustraire à la fureur des Normands, et de leur dépôt dans l'église de Saint-Barthélemy, en la cité, et de leur culte conservé dans l'église de Saint-Magloire, en la même ville. Peut-être pourrait-on concilier ces deux sentiments, en disant qu'une partie des reliques a été réellement transportée à Paris, et que la plus notable a été déposée dans ce tumulus élevé pour les mieux conserver, On doit remarquer que, lors de l'invention du tombeau, on ne constata que la présence des crânes et de quelques ossements.

L'auteur du manuscrit de la Bibliothéque nationale garde le silence sur un cercueil en pierre, sorte d'auge, conservé dans le cimetière de Sainte-Tréphine ; il a dû être déplacé, il n'est pas orienté de l'Est à l'Ouest, il mesure, dans la partie creusée, 1 m. 38 c. de longueur ; le chevet paraît avoir été brisé, le couvercle n'existe plus, on l'a environné d'une grille et on le vénère comme le tombeau de la patronne de la paroisse. En dehors du cimetière, au-delà de la voie publique, à 12 ou 15 m. de distance, on trouve une pierre de forme pyramidale et carrée, à faces unies, et moins élevée que la colonne de Saint-Trémeur ; comme cette dernière, elle a été surmontée d'une croix ; n'aurait-elle point été placée primitivement au chevet du sarcophage de Sainte-Triphine ? Les habitants du pays la regardent comme une pierre destinée à recevoir une redevance seigneuriale en poivre, ce qui paraît être une grossière erreur. Souvent l'on rencontre de ces sortes de colonnes près des vieilles églises ou chapelles ruinées et même aux carrefours de certaines voies publiques, c'étaient des croix primitives autour desquelles on enterrait. Jean , évêque de Saint-Brieuc, vers le commencement du XIIème siècle, bénissait un cimetière à Jugon, et défendait d'enterrer à l'avenir les corps autour des croix placées sur les chemins.

Lors de l'invention des ossements dans le tombeau de Saint-Trémeur, la dévotion au jeune saint se ranima, et plusieurs miracles l'encouragèrent. La veille du 1er dimanche de mai, jour où l'on célèbre sa fête, une grande et solennelle procession a lieu, et les mères y portent leurs enfants, elles les initient à la marche en les introduisant dans le tombeau de saint Trémeur et dans celui de sa mère. La même solennité existe pour la fête de sainte Triphine, le 3ème dimanche de juillet, et l'on y porte les reliques des deux saints ; les pèlerins se font un devoir de passer sous la châsse qui les renferme. Cet usage existe aussi à Saint-Quay-Portrieux, lors de la fête du patron, célébrée le dernier dimanche de septembre.

L'église actuelle de Sainte-Tréphine a été rebâtie, pour la plus grande partie, par les soins de M. Collin, il y a quelques années. La chapelle du transept sud, le porche et le portail du clocher, rappellent seuls l'église plus ancienne qui était de la fin du XVème siècle. On voit, en éminence, au-dessus de la porte de l'occident, un écusson soutenu par deux lions et sommé d'un cheftain. C'est un fretté ; peut-être rappelle-t-il les Bégaignou ? On le retrouve sur un pendentif au centre du transept. Dans la chapelle du sud, on remarque également sur des pendentifs les armoieries des Ponthou, seigneurs de Kerauter, d'azur à 3 croissants, d'argent ; et un autre écusson portant 3 cannes, et surmontées d'un croissant. Au fond du chœur, du côté de l'évangile, on voit la statue de sainte Tréphine, ayant à sa droite saint Trémeur, debout et tenant sa tête dans ses mains.

A 200 mètres de l'église, vers l'Est, existe une chapelle du XVIème siècle, connue sous le nom d'église Notre-Dame. De vieux titres signaient une chapelle de Saint-Roch, près le bourg, aujourd'hui inconnue. Peut-être est-ce la même sous un vocable différent. Une chapelle, dédiée à saint Jean, était située vers Saint-Nicolas, près de Kereuter ; elle est ruinée depuis longtemps,. Pour en raviver le souvenir, M. de Lesguern en a fait construire une autre près de son château. Elle est de style ogival et placée sous le même vocable.

Le, seigneur de Quintin prit toujours le titre de haute justice et de fondateur de l'église de Sainte-Tréphine. En 1712, le duc de Lorges donnait par afféagement à François Le Gardien, sieur de Kersaludo, pour la somme de 1,400 livres, plus une rente foncière et féodale de 30 sous, les mouteaux-droit de mouture à lui appartenant dans la trève de Sainte-Tréphine.

(M. L. Audo).

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