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RELATIONS COMMERCIALES DE SAINT-MALO AVEC LE CANADA, à la fin du XVIème siècle.

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Depuis la prise de possession du Canada au nom de la France, par Jacques Cartier en 1535, jusqu'aux premières années du XVIIème siècle, l'histoire du commerce breton avec cette partie de l'Amérique septentrionale est peu connue. Voici quelques pièces extraites des Archives d'Ille-et-Vilaine qui mettent en lumière un fait assez curieux et bon à constater : c'est que pendant tout le XVIème siècle, Saint-Malo n'a cessé d'être en relations suivies et très-actives avec les côtes du Canada. Ses hardis navigateurs y faisaient de si brillantes affaires qu'ils excitaient la jalousie de plus d'un concurrent ; aussi, des tentatives furent faites pour obtenir du gouvernement royal le monopole de l'exploitation de ces parages, au détriment de la liberté du commerce malouin. La requête suivante, adressée aux Etats de Bretagne par la communauté de ville de Saint-Malo, atteste l'exactitude de mon assertion.

Requête de Saint-Malo. — « C'est ce qu'il convient faire entendre à Messieurs les députez de la province de Bretagne sur la commission obtenue par Jan Chauvin habitant de Honnefleur pour l'interdiction du négoce qui se faict au pais de Canada afin d'en représenter à Sa Majesté la conscequence et le préjudice qui en adviendroit aux habitants de la dicte province de Bretagne. Premièrement : Que la descouverture dudict pais de Canada a esté faicte par le cappitaine Jacques Cartier habitant de S. Malo pais de Bretagne soubz la vollunté et permission du deffunct roy Francoys Ier et la plus part à ses fraiz et despans dont il n'a eu ny ses hoirs le rembourcement. Que depuis les dicts habitants de S. Malo et aultres dudict pais de Bretagne ont tousjours continué ceste navigation et négoce avec les sauvages habitans dudict pais et faict en sorte que par leur industrerie ils ont rendu les dicts sauvages traictibles, doux et familliers de telles fasson que par la longue cougnoissance qu'ilz ont de ceux avec lesquelz ils fréquentent chacun an par le moien du commerce il se peu faire quelque découverture au contentement de Sa Majesté et bien public. Ce qui se peut espérer par le moien d'un homme qui a esté par les dicts de S. Malo relaissé avec lesdicts sauvages afin d'entrer avec eux dans le pais, recougnoistre leur habituation et ce qui se y peut espérer à l'avenir de meilleur pour en faire le fidel rapport à Sa Majesté. Est-il que les preparatiffs du voiaige de l'année présente sont desja faitcz, les vaesseaux fretez et marchandises achaptées et que s'il estoit ainsi que Sa Majesté voullust interdire le dict négoce à ceux qui de temps immémorial l'ont accoustume, se seroit leur apporter une très-grande perte laquelle n'apporteroit aucun avancement au service de Sa Majesté, ains au lieu qu'il y a apparence d'avancement et ung seur accès audict pais de Canada, se seroit le reculler et mettre les dicts sauvage en deffiance estans facilles à y entrer en voyant gens avec lesquels ils n'ont accoustume de négocier. Il y a plus, c'est que le dict Chauvin ayant entendu qu'il n'y avoit autre moien plus facille pour faire seul ses affaires que d'obtenir de Sa Majesté lettres d'interdiction à tous aultres de non négocier au dict pais de Canada pour dix ans, il a obtenu les dictes lettres soubz promesse qu'il a faicte à Sa Majesté d'abituer le pais et bastir foteresse, ce qu'il ne peut faire la chose ayant esté esprouvée par le dict cappitaine Cartier. Ains le dict Chauvin prétend estre seul négocient audict pais, en frustrer ceux qui de tout temps y ont traficqué et qui espèrent en peu de temps en donner bonne et suffisante raison à Sa Majesté par le moien de la congnoissance et acceix qu'ils ont au dict pais. En considération de quoy S. M. sera très-humblement suppliée de vouloir laisser les dicts habitans du pais de Bretagne jouir paissiblement de leur négoce accoustumé ou du moins jusqu'à ce qu'elle soit plus amplement informée de ce qu'il se y peut espérer, sans donner le fruict de leur labeur à ceux qui n'y ont encorres rien mis du leur. Signé : JAN GOUVERNEUR, député de la Communauté de St Malo pour le fet du présent mémoire ».

Le normand Jan Chauvin ne fut pas le seul à essayer d'accaparer à son profit le produit des relations commerciales avec le Canada ; des Malouins même suivirent son exemple, mais ils ne réussirent pas dans leur entreprise égoïste. Les Etats de la province prêtèrent une oreille attentive aux réclamations des habitants de Saint-Malo, et dans leur session de 1588, ils se firent les interprètes des plaintes légitimes qui leur étaient transmises.

Nous allons voir que la religion du roi, éclairée par l'assemblée des représentants du pays, sanctionna d'une manière solennelle et irrévocable la liberté du commerce malouin avec le Canada. C'est ce que constate la pièce suivante : « Extraict du cahier des Remontrances faictes au Roy par les gens des Trois Estatz du pays et duché de Bretaigne extraordinairement convocquez par auctorité de Sa Majesté en la ville de Nantes, y arresté et conclu le seiziesme jour de mars mil cinq cent quatre vingt huict, respondu au Conseil destat tenu à Rouen le 9ème Jour de juillet oudit an. Combien, Sire, que de tout temps le commerce et traficq ait esté libre à vos subjectz du pais et duché de Bretaigne avecq les sauvages et aux terres-neufves, pays de Canada, Conjugon et autres, tant des pelleteryes, pesches que autres marchandises de quelque sorte que ce soit, toutesfois Estienne Chaton Sr. de la Jaunaye et Jacques Noel habitans de St. Malo sur faulx donné à entendre d'avoir faict quelques découvertures susdites ysles auroient obtenu lettres de Vostre Majesté le 14 janvier dernier portant interdiction à tous aultres de traficquer ausdicts lieux pendant le temps de douze ans, prétendant par ce moien empescher la liberté ancienne et accoustumée du commerce de la dicte province en général. A ces causes vous plaise revocquer les dictes lettres obtenues par les dicts Chaton et Noël comme obreptices et ordonner que sans y avoir esgard il sera permis à vos subjects de traficquer ausdictes ysles avecq telle liberté que au passé. Le Roy accorde la revocation des lettres de permission obtenues par le Sr. de la Jaulnaye et Jacques Noel excepté pour le regard des mynières dont il a fait la recherche et descouverture. Collationné à l'original par moy notaire secrétaire du Roy. Signé Bardoul » (Archives d'Ille-et-Vilaine. — Série E.). (Edouard Quesnet).

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