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LA CHAPELLE NOTRE-DAME DE BONGARANT |
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Les origines de la Chapelle de Notre-Dame de Bongarant.
A trois kilomètres à peine de Sautron s'élève l'antique Chapelle, dédiée à Notre-Dame, connue et vénérée de toute la contrée voisine, sous le vocable de Notre-Dame de Bongarant ou Bois-Garand. Le premier de ces vocables est seul usité de nos jours.
Le domaine de Bois-Garand fut donné en 1038 par le comte Budic et son épouse Adoïs, à un monastère de femmes, pour aider à la reconstruction de l'église monacale et pourvoir à la subsistance des religieuses Bénédictines du Ronceray ou de Notre-Dame de la Charité d'Angers, l'église à reconstruire était celle de Saint-Cyr et de Sainte Julitte à Nantes.
D'autre part, il est certain qu'à partir de 1383, la réunion des prieurés de Saint-Cyr, de Sainte Marie des Moustiers et de Bois-Garand est un fait accompli. Nous savons encore d'une manière certaine que, le 22 Janvier 1471, le recteur de Sautron, Jehan Charette, reconnaît tenir le fief de Notre-Dame de Bongarant de la prieure des Moutiers.
A l'occasion des travaux qui furent entrepris, en 1863, dans l'ancien cimetière, dans la sacristie, et autour de la Chapelle actuelle, on découvrit certains débris qui permettraient de croire à l'existence d'une construction remontant au XIème siècle, et peut-être contemporaine du Comte Budic. La Chapelle actuelle ne serait donc pas la construction primitive.
En tout cas, d'après une pièce datée du Vendredi après l'Ascension de Notre-Dame (Assomption de Marie) l'an 1411, un fermier, nommé Lucas Lasne, reconnaît tenir de la Prieure du Bourg des Moustiers « un domaine situé entre la forest de Sautron, d'une part, et la chapelle de Boays-Garand, d'une autre part et le chemin nantais, d'autre » [Archives de la Loire-Inférieure H, 357].
Un chanoine de l'église cathédrale de Nantes, Vincent Charron, dans son ouvrage intitulé « Kalendrier Historial » de la Glorieuse Vierge Marie, Mère de Dieu, (publié sans date, mais que l'on croit être de l'année 1637) explique, de la façon suivante l'origine de notre Chapelle : « François, second du nom, Duc de Bretagne, fit bâtir, auprès de la forêt de Sautron, qui est à deux lieues de Nantes, une très belle chapelle en l'honneur de la Sainte Vierge, Mère de Dieu, à laquelle il était fort dévôt afin d'y entendre toujours la Sainte Messe lorsqu'il allait à la chasse de ce côté-là. Elle fut dédiée et consacrée le sixième jour de Juin l'an 1464 (ou 1474, d'après le recteur Domallain) par un évêque coadjuteur de Rennes nommé Sinople. Cette chapelle commença dès lors à être fréquentée des peuples non-seulement circonvoisins, mais aussi des lieux les plus éloignés de la Province et fut nommée Notre-Dame-de-Bongarant, tant pour ce qu'elle garantit des courses des Français contre lesquels il avait guerre pour lors, que parce qu'elle garantissait et défendait tous ceux qui la réclamaient sous ce nom là » (p. 374).
De son côté, le recteur de Sautron, Jehan Charette, fait construire, près de la Chapelle, une maison où le duc pouvait loger, ainsi que les pèlerins qui venaient prier Notre-Dame, dans son sanctuaire « pour les merveilleux et innumérables myracles qui se font ». Une charte du duc François II, en date du 13 Novembre 1469 affranchit et exempte la dite maison des impôts, mis ou à mettre sur le pays par le duc lui-même ou ses successeurs, en quelque manière que ce soit.
De ces faits et de ces témoignages on peut, semble-t-il conclure raisonnablement que la Chapelle de Notre-Dame de Bongarant est comme une oeuvre commune sortie de la collaboration intime du recteur, du Duc, du peuple de cette contrée, unis par la même antique et tendre piété envers la Très Sainte Mère de Dieu !
Le Duc François II, ayant des différends avec l'évêque de Nantes, ce fut le Coadjuteur de Rennes, portant le titre d'évêque de Sinople, qui procéda à la consécration de la Chapelle. Il appartenait à l'Ordre de Saint Dominique (Frères Prêcheurs), et se nommait Robert Bergès, maître en théologie [cf. Eubel Hierarchia catholica Medii AEvi. T. II. p. 262]. Les mots : « ... fut parée et dédiée la Chapelle de Notre-Dame de Bongarant », qui se lisent sur le registre du recteur Domallain, évoquent la pensée d'une dédicace au sens strict, et leur sens se trouve précisé et renforcé par les termes dont le chanoine Vincent Charron se sert lui-même dans son « Kalendrier Historial », lorsqu'il écrit : « Elle fut dédiée et consacrée, le sixième jour de Juin, l'an 1464 ».
Voir " Le prieuré et la chapelle Notre-Dame de Bois-Garand ".
Description de la Chapelle. Extérieur et intérieur - Son ornementation.
Cette charmante Chapelle, très bretonne de caractère, doit prendre place parmi les plus beaux sanctuaires dédiés à la Vierge dans le diocèse de Nantes. La pierre choisie pour la construction est du granit qui, enduite d'une couche épaisse de chaux, en 1824, en fut débarrassée heureusement en 1896. Les deux portes qui y donnent accès ont, dans leur partie supérieure, la forme arrondie du plein cintre. A l'intérieur, au-dessus de la porte principale, existait jadis une tribune qui servait, dit la tradition, au duc François II et à sa suite. Cette tribune en bois a disparu. — La petite fenêtre qui s'ouvre dans la façade, au-dessus de la porte d'entrée, les fenêtres latérales, de forme tréflée à leur sommet, ainsi que la grande baie polylobée qui domine le maître-autel, sont de style gothique. — Un petit porche de granit a été ajouté par M. Herbert à la porte d'entrée du côté sud de la Chapelle. Dans son ensemble, l'extérieur de la Chapelle est vigoureux et trapu. Le petit clocher y met une note d'élégance à la fois jolie et surannée. Dans l'intérieur de la Chapelle, deux larges ouvertures, à droite et à gauche, en forme d'arc brisé, qui donnent accès dans deux chapelles latérales. La voûte est une voûte aux poutrelles apparentes, comme il en existe de nombreuses en Bretagne. A raison des planchettes de forme allongée ou rectangulaire qui servent à la former, elle s'appelle voûte en bardeaux, et paraît avoir été usitée, surtout à partir de la fin du XVème siècle. La voûte prend ainsi l'aspect d'une carène de navire renversée. Les poutres longitudinales sont unies, de distance en distance, par des poutres transversales qui supportent, elles-mêmes, une poutre élevée perpendiculairement jusqu'au sommet de la charpente, et que l'on nomme poinçon.
En 1866 et 1867, découverte, puis, en 1901, restauration des peintures des planchettes ou bardeaux. En 1863 et 1864, travaux de terrassement autour de la chapelle, relèvement des murs d'enceinte, exhaussement du dallage en pierres à l'intérieur de l'édifice. En 1868, mise en place du grand vitrail qui surmonte le maître-autel. En 1871, érection du nouveau maître-autel, construit d'après les plans de M. le chanoine Rousteau La statue moderne de la Vierge avait été sculptée quatre ou cinq ans auparavant par un artiste nantais, M. Potet. La galerie des petites statues, à l'intérieur de la nef de la chapelle fut commencée en 1883, et le vestiaire de la sacristie, sorti des ateliers de M. Bouchet à Issé fut placé en 1886. La boiserie du sanctuaire, commencée en 1891 finit par s'étendre à toute la nef. De solides portes de chêne furent données en 1868 et 1869 ; la croix en fer du clocher, en 1869 ; les deux prie-Dieu de chêne en 1870 ; un ornement en drap d'or en 1871.
Les autels.
Voici, d'abord, la disposition du maître-autel. Il est placé au-dessous du grand vitrail ouvert dans le mur plat qui forme chevet, comme il arrive dans beaucoup de Chapelles bretonnes. Il est surmonté d'une statue moderne de la Vierge tenant sur son bras droit l'Enfant-Jésus. Aux coins de l'autel, du côté de l'Epître, la statue de Saint Louis, roi de France, portant dans sa main droite la couronne d'épines de Notre-Seigneur, et tenant de la gauche le sceptre royal ; du côté de l'Evangile, la statue de la Bienheureuse Françoise d'Amboise, duchesse de Bretagne et épouse de Pierre II, ayant un lis à la main. Devant l'autel, la balustrade qui sert de sainte table. Elle est en fer forgé et fut donnée en 1863. Tout l'ensemble de l'autel, avec ses statues, est donc moderne (et date environ de 1863-1871).
Dans la chapelle de gauche, en entrant, c'est-à-dire, du côté de l'Evangile, l'Autel de Saint Cyr et de Sainte Julitte. Les statues sont placées au-dessus d'un rétable que forme une large pierre de granit rectangulaire dressée contre le mur. A chaque extrémité du rétable, les statues de Saint Michel et de Saint Corneille. L'autel et ses statues sont d'origine ancienne avec les caractéristiques bien connues des Saints qu'elles représentent.
Dans la Chapelle de droite, en entrant, du côté de l'Epître, nous nous trouvons en face d'un autel qui, pendant un certain nombre d'années, fut faussement dénommé Autel de Sainte Emérance. Cet autel est surmonté d'un tableau encadré par un retable que couronne une statue, l'Antique Statue de la Vierge de Miséricorde au Manteau Protecteur. De chaque côté, mais appliquées au mur de la Chapelle, la vieille statue de Saint Antoine et celle dite de Saint Roch (qui vraisemblablement pourrait bien être, d'après la caractéristique du moine prêcheur, celle de Saint Dominique, Domini canes !). Le Registre de Paroisse nous apprend qu'on fit en 1865, 1866 et 1871, certaines transformations dans les autels. On découvrit, d'abord, en 1865 ou 1866, comme par hasard, et caché sous les planches travaillées et peintes qui recouvraient le dessus de la table du Maître-autel, tout un petit rétable avec un tableau à l'huile assez défiguré, du temps de Louis XV, représentant le mystère de la Visitation de la Très Sainte Vierge. Des retouches furent alors faites par l'ordre de M. Herbert ; puis, après avoir posé le nouveau maître-autel, il fit transporter ce qu'il avait découvert de l'ancien et qui paraissait être un mélange du Style François Ier et Louis XV, dans la chapelle latérale, du côté de l'Epître. L'autel, alors édifié, le fut donc certainement avec les matériaux de l'ancien maître-autel et, notamment, avec le rétable qui le surmontait, sous la baie du Sanctuaire.
L'antique statue de Notre-Dame de Bongarant. La Vierge de Miséricorde au Manteau Protecteur.
La statue qui surmonte le rétable de la Chapelle de droite, en entrant (côté de l'Epître) est, non pas un joyau d'art, mais une pièce religieuse de la plus haute valeur documentaire, une forme singulièrement expressive de cette dévotion qu'ont eue nos ancêtres envers Marie Médiatrice, et elle est, pour ce motif, d'un prix inestimable !
Les caractéristiques si frappantes qui la désignent, avec évidence, comme une statue de la Vierge de Miséricorde au Manteau protecteur, les concordances parfaites entre les caractères de la statue et les circonstances historiques oui l'ont vu naître, l'autorité de tous les archéologues qui ont vu ou étudié l'image de cette Vierge au manteau protecteur, l'impossibilité d'admettre raisonnablement une légende absurde qui courait, dans le pays, sur Sainte Emérance, constituent un tel faisceau de preuves irrésistibles que nous sommes assurés de nous trouver en face de l'antique statue de Notre-Dame de Bongarant, et heureux de lui restituer la place d'honneur et les hommages qui lui sont dus.
Regardons attentivement cette originale statue. Les personnages groupés autour d'elle sont, indubitablement, non des enfants, mais des personnages de cour dont l'image est offerte en dimensions réduites. Sur les huit, six portent la couronne ducale ; des deux autres, l'un a une mitre ; l'autre une sorte de coiffure allongée qui ressemble à peu près au hennin ou coiffure de femme au XVème siècle. Ces figurants n'ont pas été choisis au hasard ; une intention bien marquée les a placés aux pieds de Notre-Dame. Cette statue appartient donc à un groupe de représentations de la Vierge auxquelles on a donné le nom de Vierge de Miséricorde, de Bon Secours, de Grâce, de Consolation et qui furent en honneur surtout du XIIIème au XVème siècle. Pour quiconque a lu les récents travaux des historiens et critiques d'art, tels que Perdrizet, Emile Mâle, Maurice Vloberg, cette conclusion ne peut souffrir aucun doute.
On a mis l'origine de cette forme de dévotion à Marie sous le patronage des moines de Cîteaux, et rappelé, à cette occasion, la légende que raconte Césaire d'Eisterbach au XIIème siècle (Cœsarius lib. 7, cap. 40) et où il affirme qu'un religieux Cistercien vit, en songe, la Très Sainte Vierge soulever les plis de son manteau et lui montrer les confrères de son Ordre placés, en quelque sorte, sous l'abri de ses ailes ! Maurice Vloberg, dans son ouvrage, « Marie, Notre Médiatrice », consacre le Chapitre Vème à « La Vierge au Manteau ». Il s'empare de la légende que l'on trouve dans « Les Miracles de Notre-Dame » par Gautier de Coincy, bénédictin Soissonnais mort à Saint Médard de Soissons en 1236, et y discerne les marques d'un thème antérieur dont se sent inspirés les deux moines, avec cette différence que la légende du Cistercien, est une adaptation « particulariste » d'une donnée littéraire « primitive » que représente la légende du Bénédictin empreinte de cet esprit « d'universalité » qui est celui de l'Evangile et de l'Eglise. Quoi qu'il en soit, dès le XIIIème siècle, les Cisterciens et les Dominicains ont été les instruments providentiels de l'extension qu'a prise la dévotion à la Vierge de Miséricorde au manteau protecteur.
Il n'est pas douteux, d'autre part, que la consécration de la Chapelle, dédiée à cette Vierge au Manteau, fut faite, comme nous l'avons déjà dit, par un évêque Dominicain, Robert Bergès, évêque de Sinope (et non de Sinople) [cf. Eubei : Hierarchia catholica : Medii AEvi, T. II, p. 262].
Pour dissiper toute équivoque sur l'identification de la statue de Notre-Dame, nous avons voulu consulter des archéologues compétents. Tous ont répondu, sans hésiter, à la simple vue de l'image, qu'il n'y avait aucun doute à avoir sur des caractéristiques qui s'appliquent, visiblement, à la représentation de la Vierge de Miséricorde. Tels furent les témoignages concordants de M. le chanoine Joseph H. M. Clément, du diocèse de Moulins, correspondant du Ministère de l'Instruction publique et des Beaux-Arts, et inspecteur de la Société d'Archéologie ; de M. de Lisle du Dréneuc, Conservateur du Musée Dobrée à Nantes, et de plusieurs membres de la Société d'Archéologie Nantaise. Dans une Chapelle, placée, depuis des siècles sous le vocable de Notre-Dame, peut-on imaginer qu'aucune statue ou image n'y pût être vénérée ? Une conclusion s'impose, et oui ne souffre pas de doute : l'antique Statue de Notre-Dame de Bongarant est bien celle de la Vierge de Miséricorde au Manteau protecteur, méconnue de ceux qui, par suite des circonstances, ignoraient, sans doute, les « caractéristiques » des Saints, et certains détails de l'histoire de la Chapelle.
Document extrêmement précieux de la dévotion populaire de nos ancêtres à Marie Médiatrice, il a traversé les siècles et les révolutions pour perpétuer au milieu de nous le geste touchant de la Mère de Miséricorde !
N.-B. — Quelques amateurs de légende ont prétendu que la mère de Sainte Anne portait le nom d'Emérence. C'est un détail qui nous semble de peu d'importance, et qui n'a aucun rapport avec la représentation de la Vierge au Manteau-protecteur. A titre purement documentaire et pour écarter toute objection un tant soit peu sérieuse, nous ferons au lecteur les remarques suivantes : 1° On n'est point d'accord d'après les Bollandistes, sur les noms qu'il faut attribuer au père et à la mère de Sainte Anne (que d'aucuns ont appelés Saint Stolon et Sainte Emérence). 2° Dans la légende tardive qui concerne les parents de Sainte Anne, aucune allusion n'est faite à un rôle protecteur dévolu à la mère de cette grande Sainte, et qui pourrait ressembler à celui de la Vierge de Miséricorde. 3° On serait bien embarrassé pour démontrer que cette légende tardive ait jamais joui en Bretagne d'une véritable popularité. 4° « La légende dorée » de Jacques de Voragine, vers 1255, célèbre dans l'Europe entière, et dont on sait l'influence sur l'art médiéval, ne donne pas les noms des parents de Sainte Anne.
Si l'on veut étudier cette question, on pourra lire : La vie de Sainte Anne. Mère de la Sainte Vierge, imprimée à Epinal — l'histoire des livres populaires par Ch. Nisard, t. II, p. 266 — Legenda de Sancta Anna et de universa ejus progenie, Cologne 1510 — Encyclopédie de Migre — Dictionnaire des Apocryphes, 2° vol. Col. 105 — Bollandistes, Acta Sanstorum, 26 Juillet — Bréviaire romain de 1536, avant Pie V — François Lucas de Bourges, Commentaire du Cap. 3 de Saint Luc, vers. 23.
Les pèlerins à Notre-Dame de Bongarant.
Ce qui rend le sanctuaire de Notre-Dame de Bongarant particulièrement cher à la piété des paroissiens de Sautron, c'est, évidemment, le patronage bienfaisant que Notre-Dame n'a cessé d'y exercer depuis les temps les plus reculés. Nous avons signalé plus haut la dévotion du duc François II de Bretagne à cette chapelle. Jadis, la fête de la Visitation, qui était alors la fête patronale de l'oratoire voyait affluer à Bongarant une foule énorme de pèlerins. Toutes les paroisses voisines étaient représentées à cette fête : Couëron, Orvault, Saint Etienne de Mont-Luc, Treillières, Vigneux, le Temple, Fay-de-Bretagne, Bouvron, Saint-Sébastien et même certaines paroisses de Nantes, entre-autres, Saint Jacques, Saint Similien. A une certaine époque, ces processions, avec croix et bannières, devinrent trop tumultueuses et furent supprimées par l'autorité ecclésiastique. Parmi les illustres pèlerins qui vinrent à Bongarant s'agenouiller aux pieds de Notre-Dame, nous ne pouvons oublier le frère d'un Roi de France. Au mois de Juin 1467, Charles duc de Berry, frère de Louis XI, quitta Vannes pour aller loger à la Sauzinière-lès-Nantes. Il faisait partie de la Ligue formée par les Seigneurs contre le roi Louis XI, son frère. Réfugié en Bretagne, il se rendit le 12 Juillet 1467 en pèlerinage à la Chapelle de Bongarant. On nous a conservé aux Archives, dans le Rôle de ses dépenses le chiffre précis de l'« offrande de Mon dit Seigneur.... du douzième jour, de Juillet, qu'il fut en pèlerinage à Notre-Dame-de-Bongarant, à savoir vingt sept sous six deniers tournois ». C'était l'écu d'or qu'il avait l'habitude de donner, lorsqu'il faisait un pèlerinage et assistait à la messe (cf. Henri Stein : Charles de France, p. 186, 623, 4 et 260).
La dévotion à Notre-Dame était si vive et si générale au pays de Sautron que plusieurs membres de familles notables demandèrent et obtinrent la faveur de faire bénir leur mariage dans la Chapelle de Bongarant : le 23 Août 1650, Jean Marin, écuyer, sieur de Lardrère et demoiselle Anne de Lisle (mariage bénit par le curé de Sautron nommé Thomas) ; le 21 Novembre 1725, François de Ruays, Sieur de la Renaudière et demoiselle Jeanne Avril du Bois-Thoreau ; le 20 Avril 1726, Roland de l'Isle, seigneur du Dréneuf et demoiselle Marie Charlotte Avril du Bois-Thoreau.
D'après des actes authentiques conservés aux archives de la cure de Sautron, datés du 16 mars 1665 et du 22 Juillet 1712, on chantait des grand'messes et on faisait le prône dans la chapelle de Bongarant. Dans un procès qui eut lieu, en 1714, entre la Fabrique de Sautron et le recteur d'alors, André Herbert, à propos de l'entretien de la Chapelle, les membres du Conseil de Fabrique vont jusqu'à dire que « ladite chapelle est comme un revenu ou une charge de la Cure de Sautron, comme en étant inséparable ; et aussi y a-t-il ès-vitraux de la dite chapelle ces mots Missire Pierre Audin, recteur de Sautron et chapelain de céans ». Il s'agit, sans doute, de Pierre Gaudin, recteur de 1595 à 1617. Les recteurs devaient assurer, à la Chapelle de Notre-Dame de Bongarant, l'office des Fêtes de Notre-Dame, les processions des premiers dimanches du mois. C'est dire combien étaient nombreux les pèlerins qui fréquentaient le sanctuaire de la Vierge !
EPILOGUE CONTEMPORAIN - UNE MESSE EPISCOPALE dans la Chapelle de Notre-Dame de Bongarant.
Le 8 Mai 1952, le groupement Nantais de la J. E. C., rassemblant les étudiants des divers collèges, avait décidé de faire, ce jour-là, un pèlerinage à la Vierge de Bongarant. Ce qui devait en relever la solennité, disons même l'efficacité, c'est que Son Excellence, Monseigneur Villepelet, évêque de Nantes, avait promis d'accorder non-seulement la faveur de sa présence et de sa bénédiction paternelle, mais encore la grâce insigne, exceptionnelle, d'une Messe célébrée, par lui-même à 9h30, du matin, dans la Chapelle de Notre-Dame de Bongarant. Et voici donc qu'en ce jour de l'Apparition de Saint Michel, coïncidant avec l'octave de Saint Philippe et de Saint Jacques, patrons de l'église paroissiale de Sautron, sur la petite route d'où l'on voit pointer, à quelques centaines de mètres, le clocher de l'antique chapelle de Bongarant, on put apercevoir, ce matin-là, un groupe d'au moins trois cents jeunes étudiants, guidés par Monseigneur en personne descendu de voiture. Tous se dirigeaient d'un pas alerte vers le sanctuaire vénéré de la Madone au Manteau protecteur. — M. l'abbé Toublanc, curé de Sautron, a tout préparé pour que la réception de Monseigneur se fasse avec simplicité, piété et dignité. — Monseigneur revêt, au bas de l'autel, les ornements pour célébrer la Sainte Messe. Il est assisté de M. le Curé de Sautron et de M. l'abbé Guiberteau, professeur à l'Ecole Saint Stanislas. M. l'abbé Hardy, professeur à l'Externat des Enfants-Nantais et directeur du groupement des jeunes étudiants, prend place au sanctuaire. Après l'Evangile, Monseigneur adresse à l'assistance une allocution sur les caractères et les fruits d'un vrai pèlerinage. Et, sans doute, plus d'un auditeur de se demander, non sans émotion : en cette chapelle de la Vierge au Manteau protecteur, vénérée du duc François II de Bretagne, consacrée par un évêque dominicain, au XVème siècle, mais cachée modestement dans notre campagne Nantaise, y a-t-il eu et, depuis le XVème siècle, y eut-il jamais une messe épiscopale ? Un évêque monta-t-il un jour à l'autel pour offrir à Dieu l'Auguste Sacrifice, sous l'égide et les auspices de Notre-Dame de Bongarant ? Ce 8 Mai 1952 ne nous paraît-il pas une date historique, celle qui unira, désormais, le nom de la Vierge au Manteau Protecteur, et celui de Monseigneur Villepelet, Evêque de Nantes, célébrant, le Premier, cette messe épiscopale qui restera un souvenir toujours réconfortant pour la piété des heureux pèlerins de Notre-Dame de Bongarant !
Il est évidemment,
impossible de découvrir les confidences intimes que les âmes angoissées ont
faites, dans ce Sanctuaire, à Notre Mère du Ciel. C'est une histoire qui ne
peut s'écrire ici-bas. Certains ex-voto nous laissent entrevoir quelques-unes
des faveurs qui ont été obtenues par l'intercession de Notre-Dame. Mais,
combien d'autres, dont le secret est enseveli au fond des coeurs qui n'oublient
point, certes, les délicatesses et les prévenances de leur Mère du Ciel, tout
en en gardant, pour eux seuls, le réconfortant souvenir !
Prière
à Notre-Dame de Bongarant.
O ma Souveraine, je viens à vous, parce que vous êtes la Reine de tous les Saints et des Esprits Angéliques ; la Reine des rois et des puissants de la terre, des riches et des pauvres, des maîtres et des serviteurs, des grands et des petits. C'est donc à Vous que j'ai recours ; c'est auprès de vous, c'est à l'ombre de votre manteau protecteur que je me réfugie ; c'est à vous que je demande de m'assister en toute chose ; c'est en vous que je mets mon espérance ; jusqu'à ce que Votre Miséricorde, après m'avoir gardé en ce monde des embûches de l'Ennemi, m'introduise enfin dans l'Eternelle Patrie. Ainsi soit-il. (50 jours d'indulgence). Nantes, le 18 Novembre 1924, t EUGÈNE-LOUIS-MARIE, Evêque de Nantes (J.-M. Boissière).
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