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La paroisse de Sens était autrefois gouvernée par un prieur-recteur dépendant de l'abbaye de Rillé ; il se nommait au commencement du XVIIème siècle Raoul Fouscher « prêtre licencié en droit ».

Comme il n'y avait pas, semble-t-il, d'école dotée à Sens à cette époque, Raoul Fouscher résolut d'en fonder une. Mû « par le bon zèle et l'affection qu'il avait tant au salut, profit et utilité, qu'à l'instruction et éducation des enfants de sadite paroisse de Sens, » il donna donc, le 23 décembre 1607, à la Fabrique de Sens une maison située au village de Châteauloger. Cette maison couverte de tuiles avait une chambre haute, était précédée d'une cour et accompagnée de deux jardins et de deux pièces de terre ; le tout relevait de la Seigneurie de Sens.

Le prieur-recteur, en faisant cette donation à la fabrique, stipula que les trésoriers seraient tenus d'affermer la maison et des terres susdites au dernier enchérisseur, et rendre compte aux paroissiens de l'emploi des revenus que le donateur voulait être employés comme il suit :

1° Payer au seigneur de Sens une rente féodale de vingt deniers qui lui étaient dus sur cette maison ; 2° fournir, à chaque fête de la Purification et du Sacre, un cierge audit seigneur de Sens et un autre cierge à sa noble dame ; 3° faire dire une messe tous les vendredis dans l'église paroissiale de Sens, en l'honneur des Cinq Plaies du Sauveur, à l'intention du donateur, messe suivie d'un libera chanté sur son tombeau ; lequel tombeau devait être prohibitif à à lui et à ses successeurs les prieurs recteurs de Sens, et placé à côté du bénitier proche l'autel Saint Sébastien ; 4° payer 18 livres au prêtre chargé de célébrer la susdite messe hebdomadaire ; 5° distribuer, chaque année, le jour du vendredi-saint treize sols à treize pauvres de la paroisse ; 6° enfin, employer le reste de la fondation à solder « un précepteur et maistre d'escole qui enseignera les commandements de Dieu, le catéchisme et autres choses propres à parvenir à la vie éternelle aux enfants habitants de ladite paroisse de Sens » (Archives départ. d'Ille-et-Vilaine).

La Seigneurie de Sens était alors entre les mains d'Anne de Daillon, veuve de Philippe de Volvire, baron de Saint-Brice et de Sens. Du Paz a fait l'éloge de cette pieuse dame qui survécut « trente-trois ans à son mari, en l'estat de chaste viduité, vivant simplement et employant le temps en prières et exercice des bonnes et saintes œuvres » (Hist. généal. des principales maisons de Bretagne, 564).

Aussi donna-t-elle volontiers son consentement, le 31 décembre 1607, à la fondation projetée par le recteur de Sens, fondation qu'accepta aussitôt le Général de la paroisse par acte du 13 janvier 1608 (Archives départ. d'Ille-et-Vilaine).

Mais, une fois ces honoraires de messes payés et les rentes féodales acquittées, il ne restait qu'environ 15 livres à la fabrique de Sens pour rétribuer son maître d'école. Raoul Fouscher comprit bien l'insuffisance de ce traitement ; aussi, dès le 3 février 1613, augmenta-t-il sa fondation.

Ce jour-là, le recteur de Sens donna, en effet, à la fabrique deux pièces de terre nommées, l'une le Pré-Besnard, deune contenance de 2 journaux 10 cordes, l'autre le Clos de la Saline, contenant seulement 60 cordes. Le tout valait 20 liv. de rentes qui, ajoutées aux 74 liv. que rapportaient alors les héritages précédemment donnés, faisaient un revenu total de 94 liv. Avec cette somme, assez considérable pour l'époque, les trésoriers devaient non seulement entretenir l'école, mais encore acquitter toutes les charges stipulées en 1607. Jacques de Volvire , baron de Sens et de St-Brice, approuva cette nouvelle donation qu'acceptèrent avec reconnaissance les paroissiens de Sens (Archives départementales d'Ille-et-Vilaine).

Nous ignorons malheureusement s'il reste à Sens quelques souvenirs de cette ancienne fondation charitable ; probablement qu'en feuilletant les registres de l'Etat Civil, antérieurs à 1789, l'on retrouverait les noms des maîtres d'école établis par le prieur-recteur Raoul Fouscher, voilà deux cent soixante-quatorze ans.

(abbé Guillotin de Corson).

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