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LE CHATEAU DU GUE DE SERVON A SERVON-SUR-VILAINE

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Le manoir primitif du Gué de Servon, siège de la châtellenie du même nom s'élevait à proximité de l'ancien cours de la Vilaine, sur le territoire de l'antique paroisse de Noyal, les terres de ce côté n'ayant été rattachées à la commune de Servon que fort tardivement, en 1856. Anciennement les fiefs du Gué, des Forges et de Tatoux en Noyal relevaient tant du duc que de différents seigneurs. Le vieux fort de Tatoux avait été édifié de bonne heure pour surveiller l'ancien grand chemin de Rennes au Mans qui traversait la paroisse plus au Nord. Il semble que les Comtes de Rennes qui possédaient des dîmes en Servon aient échoué dans leur tentative d'implanter là, en lisière Sud de la forêt de Chevré un établissement de Marmoutiers et il faut attendre le XVème siècle pour voir la cure de Servon, rattachée au chapitre de Rennes, desservie en permanence par un recteur, jusque là simple chapelain de Notre-Dame du Gué.

Château du Gué à Servon-sur-Vilaine (Bretagne).

Le manoir du Gué, d'institution plus récente que celui de Tatoux, paraît avoir été fondé pour garder cet accès sur la Vilaine, à l'initiative des barons de Châteaugiron, auxquels les seigneurs du Gué étaient redevables annuellement de deux mangiers en grains. Cette situation singulière, à cheval sur Noyal et Châteaugiron, devait, en dépit de l'érection postérieure de la châtellenie en faveur de Marboeuf au XVIIème siècle, survivre à la Révolution et peser longtemps sur le sort de la nouvelle commune dont le territoire isolé par les marais ne sera rééquilibré à l'Est aux dépens de Noyal et désenclavé grâce au chemin de fer et au nouveau pont qu'au milieu du Second Empire.

Le Gué a donné naissance à une famille de chevaliers qui paraît avoir marqué profondément ce pays pendant trois siècles. La tradition leur attribue en effet la construction d'une chapelle qui accostait la nef à chevet droit de l'ancienne église de Servon, détruite au XIXème siècle dernier. En leur qualité de seigneurs fondateurs et prééminenciers, les Du Gué y possédaient un enfeu. C'est là que fut enterré en 1586 Mathurin du Gué dernier du nom dont Du Paz nous dit que son corps fut ramené d'Anjou « au tombeau de ses ancêtres ». Cette famille portait « d'argent à la croix engraissée de sable ». De son union avec Renée de Coësmes, Georges du Gué eut un fils Guy décédé en 1408. Amaury son successeur laissa plusieurs enfants dont Gilles qui rend aveu au duc en 1449, Antoine, Pierre et Jean figurent sur les rentiers d'Anne de Bretagne pour services militaires rendus au duché. Tristan du Gué paraît encore à la montre du comté de Rennes en 1541 avec deux hommes à cheval, un archer et un page. Il avoue 1 220 livres de rentes pour des terres dispersées sur Servon, Châteaubourg et les paroisses voisines. Son fils François, chevalier des ordres du Roi épouse Françoise de Coëtlogon, fille du Vicomte de Méjusseaume, d'une vieille famille d'épée du Comté de Rennes. Son frère Mathurin, époux d'Olive de Sévigné, étant décédé sans postérité, laissa, en 1588 la seigneurie entre les mains de son gendre Regnault de la Marzelière.

Les deux fils de ce dernier furent successivement seigneurs du Gué de Servon et de la Marzelière en Bain. On sait le rôle militaire important que joua cette famille catholique installée à Bonne-fontaine, près d'Antrain dans la seconde moitié du XVIème siècle. Ayant abandonné la forteresse qu'elle avait érigée au Fretay en Pancé sur les marches de Bretagne, elle passa du service du Duc à celui du Roi et se signala pendant les guerres de la Ligue où on la voit levant des troupes et montant des garnisons tenant tête partout dans nos campagnes aux entreprises de Mercœur. De son union avec Anne de Guemadeuc, Regnault de la Marzelière eut un fils, François, époux de Françoise de Harcourt. Cette dame fut marraine à Servon en 1636. Elle habitait alors au manoir du Gué, où elle devait se retirer après son remariage avec Henry de la Mark, duc de Bouillon (1657). A sa mort, elle ne laissait que deux filles Mesdames de Coëtquen et du Matz. Elles se résolurent à vendre la terre du Gué qui fut acquise en 1669 par Claude de Marbosuf, seigneur de Laillé.

Ce robin fortuné, non originaire, avait été appelé au Parlement de Rennes par l'achat d'une charge de Conseiller du Roi. Il avait déjà acquis la seigneurie de Laillé au Sud de Rennes dont il avait relevé le château. Homme influent et courtisan habile, il exerça pendant dix ans les hautes fonctions de Président à Mortier. C'est lui qui édifia, à côté de la Préfecture actuelle, l'hôtel connu des Rennais sous le nom d'Hôtel de Caradeuc, où devaient résider successivement les deux procureurs généraux La Chalotais, avant de tomber plus tard dans la succession de Kernier-Rohan-Chabot. C'est également ce parlementaire qui fit reconstruire l'actuel château du Gué. Désireux d'échapper à la suzeraineté de la baronne de Châteaugiron, il n'hésita pas à détourner dans ce but le cours de la Vilaine, transportant, par un carré de douves, sa nouvelle résidence en Noyal. En 1672, il obtenait l'érection de la seigneurie du Gué en châtellenie indépendante, sauf à en rendre directement hommage au Roi. La même année il obtenait pour le bourg de Servon où il avait installé sa haute justice, un marché chaque semaine et quatre foires par an.

Il reste peu de choses de l'ancien manoir si ce n'est, à l'intérieur, les restes d'une porte en accolade. Il occupe le centre d'un rectangle entouré de douves, lequel était naguère flanqué de quatre tours rondes. Le corps de logis est accosté à ses quatre angles de tourelles. Tel quel cependant, il a été défiguré au siècle dernier par l'arasement d'un étage, encore visible sur la lithographie de Landais reproduite par Banéat d'après un dessin d'Huguet conservé au musée de Rennes. Une galerie construite après coup relie le manoir à la chapelle. Cet édifice octogonal béni en 1728 était sommé d'un toit en dôme et d'un campanile aujourd'hui effondré. Le 1er cadastre (1808) antérieur à la construction de la route qui borde la propriété et la sépare de la ferme révèle la disposition ancienne des lieux. Face à l'entrée se voyait un pont-levis qui donnait sur un esplanade rejoignant le cours de la Vilaine. A droite en arrivant se dressaient les écuries, un verger et une orangerie aujourd'hui disparues. A gauche la Basse Cour sert aujourd'hui d'étable à proximité de la nouvelle maison du fermier.

Ce château resta dans la descendance des Marboeuf jusqu'en 1745. Son fils Charles devait être reçu conseiller à la Cour en 1692. Il est qualifié Président en 1713. Son petit-fils Charles François était installé à son tour en 1722. C'est lui qui y vendit la châtellenie le 21 janvier 1745 à Michel Picot, sieur du Bois Feillet, lequel rendit hommage au roi en 1747. Le troisième fils de ce dernier s'en dessaisira le 3 mars 1775 en faveur de son beau-frère Alexis de Gouyon. Ce dernier se retira à Paris sous la Révolution.

Le château et ses dépendances étaient de nouveau remis en vente en 1797. Au XIXème siècle dernier n'étant plus habité, il tomba à l'abandon. Il abrita longtemps l'habitation du fermier. En 1979, propriété de Monsieur Guilleux, premier adjoint au maire de Servon, il est en cours de restauration. Ce dernier est parvenu à reloger son fermier et à mettre hors d'eau le manoir. A l'intérieur on peut admirer un fort bel escalier à double révolution.

(Association bretonne - 1979).

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