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SOUVENIR DE GUERRE

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SOUVENIRS DE GUERRE D’UN ENFANT DE SAINT MICHEL

(par Yves Kerempichon - n°4)

suite

Mes chers Parents

"  Voici enfin quelques nouvelles après un long silence, mais la guerre en Europe nous a beaucoup occupés ces dernières semaines !

Soyez rassurés, nous ne sommes pas dans une zone de combats. Sachez que depuis hier nous avons échoué nos LST sur une très belle plage de la Manche, devant un minuscule village avec une Eglise au bord de l’eau entourée de son cimetière : « Saint Michel-en-Grève ». La population nous a accueillis avec chaleur.

On voit qu’ils nous attendaient depuis longtemps. "…  

débarquement à Saint-Michel-en-Grève

Tel était le début de la lettre que "Jimmy" écrivait à ses parents, aux Etats-Unis d'Amérique. "Jimmy" était matelot à bord de l'un des LST échoués sur la Lieue de Grève en ce mois d'août 44.  J'avais eu une brève rencontre avec "Jimmy". Je le laisse raconter :

"Avec "Fred", mon copain, nous sommes allés à terre cet après-midi. Le bosco nous avait donné quartier libre jusqu'à la marée montante. De toute manière nous n'avons pas le droit de dormir en dehors du bord. Il n'y a pas grand-chose à faire dans ce pays. Nous avons donc marché sur la route qui longe la mer.

Il y a des collines boisées derrière cette route mais il est interdit de s’en approcher car le Génie n’a pas fini les travaux de déminage. Les Allemands ont placé des mines partout dans les champs bordant le rivage. Un troupeau de vaches en a été victime et quand on voit les cratères on se dit que heureusement ce n’était pas des hommes !  (A noter que ces cratères sont toujours visibles dans la prairie située entre l'embouchure du Yar et l'ancien Hôtel du Grand Rocher).

Cette plage est très grande, au moins trois  miles, et les marées y sont très importantes, comme sur la côte nord-est des" States".

Nous  nous apprêtions à rejoindre le bateau quand deux enfants se sont approchés. Ces deux-là curieusement ne réclamaient rien. Parce qu’il faut vous dire que les petits français nous assaillent sans répit, la main toujours tendue en quête de cadeaux. Nous ne pouvons nous en débarrasser qu'en leur laissant des friandises, surtout du chewing-gum, qu’ils ont l’air de découvrir, et qu’ils apprécient beaucoup.

Le débarquement du matériel et des carburants devant s’achever dans un jour ou deux, il va falloir lever l’ancre.

C’est en pensant à ce départ qu’il m’est venu une impulsion que vous allez juger stupide. Sans me l’expliquer, je suis revenu vers ces deux enfants : une fillette et  son petit frère. Ils avaient environ six à sept ans et ils me rappelaient nos petits voisins d’en face. Sans réfléchir j’ai ôté mon bonnet et je l’ai déposé sur la tête du garçon. Fred en a fait de même à la petite fille et nous nous  sommes éclipsés en courant, sans leur laisser le temps de réagir. Bien sûr, nous avons plusieurs bonnets.

Je ne suis pas près d’oublier la tête de ces deux gosses, c’est comme s’ils venaient de voir le Bon Dieu en personne ! 

L'historiette est authentique : les deux enfants c'étaient ma sœur et moi. J'ai inventé des prénoms  à ces  marins américains et j'ai conservé comme une relique le bonnet blanc de "Jimmy". A l'intérieur une inscription à l'encre de chine :

 .   C O  M S T O C H(?)  A. C.  387  

A l'aide, les Archives Militaires Américaines !

L'endroit où nous fûmes, ma sœur et moi, promus au grade de mousses de l'US Navy, était en zone "verboten " : Le Grand Rocher !

Depuis plusieurs mois les Allemands s'activaient dans ce secteur. Soucieux de se ménager des abris à toute épreuve, ils avaient - sacrilège ! - mis en perce le Rocher des Légendes. En y creusant de profondes cavités d'où sortaient des norias de wagonnets sur rails. Le produit du creusement, terre et cailloux, était déversé au plus près, sur la plage, élargissant ainsi le virage où l'on passe maintenant sans problème en voiture. C'est du haut du remblai ainsi créé que nos bienfaiteurs ont sauté sur le sable pour rejoindre leur bateau : bel exploit car à l'époque le niveau de la plage était bien moins élevé que de nos jours.

Les occupants Allemands à peine partis, nous n'avons rien eu de plus pressé que de satisfaire une vilaine curiosité depuis longtemps contenue.

La casemate inachevée, ouverte vers l'ouest, était la porte d'entrée d'un tunnel qui avait une autre sortie en arrière, vers l'est. S'engager là dedans était d'une totale inconscience ! Certes, nous avions peur, pas des explosifs, mais du Diable, l'horrible Diable cornu et son trident, image incontournable de ce Catéchisme Romain que nous devions psalmodier, en français ou en  breton, tous les jeudi, l'ancien jour de congé scolaire. Nous y avions appris - par cœur - une liste de péchés punissables des flammes de l'Enfer, et cette sentence sans appel, que nous résumions ainsi : " Si tu  meurs juste après un péché mortel, tu vas directement en Enfer, tu n'as même pas droit au Purgatoire !". Fort heureusement, la gradation des fautes était imprécise et incomplète, ce qui nous laissait bon espoir de ne commettre, par notre désobéissance, qu'un simple péché véniel.

Peur aussi, car dans nos petites têtes les récits du grand-père avaient imprimé l'image du "Dragon Rouge", réfugié là depuis des siècles, et que les Allemands avaient dû singulièrement énerver avec leurs marteaux pneumatiques .

Peur encore en pensant à l'imprudent " Pierrick " de la Légende, sur qui s'était refermé le Rocher empli de trésors : la Fée ne lui avait donné pour se charger les bras d'or et de pierreries, un soir de Noël, que le temps des douze coups de minuit, mais pour le malheureux  la convoitise avait été trop forte !

Pour nous, ni diable ni trésor sous ces voûtes suintantes où nos pas résonnaient, seulement des objets guerriers épars. En ligne droite la distance d'une sortie à l'autre devait mesurer environ trois cents mètres, en réalité bien plus que cela, les abris militaires, comme les tranchées, n'étant jamais rectilignes. A notre grand regret, l'absence de lampe nous avait contraints à rester en  limite du jour. Nous venions de manquer une occasion qui ne se représenterait plus jamais.

Ces tunnels du Grand Rocher mériteraient d'être à nouveau explorés, au nom de l'Histoire. Si une telle décision était prise il faudrait avant toute chose faire venir une équipe de démineurs, afin de ne pas revivre le drame de l'automne 44 quand un groupe de Maquisards entré dans la casemate ouest pour s'abriter de la pluie déclencha une explosion qui tua et blessa plusieurs d'entre eux.

Ces marins n'étaient pas nos premiers Américains. Un détachement terrestre les avait précédés quelques jours plus tôt. Ils étaient arrivés par l'Ouest, de Plestin-les-Grèves, ce qui nous semblait parfaitement illogique. C'est ainsi que pendant plusieurs jours le bourg fut traversé par d'interminables colonnes de véhicules, surmontés d'immenses antennes fouet, qui remontaient vers Lannion. Un monde à l'envers avec des Allemands qui vont vers l'Ouest, et des Américains vers l'Est !

On sait, grâce aux archives, que les troupes alliées avaient pour mission prioritaire de foncer vers Brest à travers le Centre Bretagne en laissant à la Résistance les "poches" de la côte. En gros, ils devaient suivre le tracé de l'ancienne Nationale 12 qui passait à travers villes et villages, un peu plus au Sud que l'actuelle voie-express.  En plusieurs endroits du Trégor la Résistance était en difficulté et c'est pour lui prêter main-forte qu'un détachement de la "Task Force A ", élément de la Troisième Armée Américaine, s'était dérouté vers l'Est, à partir de Morlaix. Ces forces avaient une autre mission importante : s'emparer de Saint Michel-en-Grève pour en utiliser la plage.

Chez nous le Maquis avait déjà devancé le Génie Américain, chargé comme il se doit, avant un débarquement, de sécuriser les abords immédiats du rivage.  

Il y avait au bas du bourg, devant l'Hôtel du Lion d'Or, un barrage anti-chars fait de troncs d'arbre d'au moins un mètre de diamètre, formant une chicane. Entre ces troncs, des cavités circulaires destinées à recevoir des " teller minen" ou " mines assiette ", les très répandues mines antichars au détonateur réglé à une pression de cent cinquante kilos. La sentinelle allemande de faction devait " débarrasser les assiettes " quand se présentait un véhicule autorisé. Ces véhicules étaient rares, car pour circuler il fallait bénéficier de "Bons d'Essence" et avoir l'incontournable " Ausweis  " délivré par la "Kommandantur". La voiture du Docteur en faisait partie. 

J'ai vu les proches riverains de la maudite chicane scier à la scie passe-partout ces troncs dont ils ne supportaient plus la vue, et arracher la barrière mobile, avec son écriteau "HALT", qui en commandait l'accès, en poussant des cris de victoire. Cette scie là devait être prête depuis des mois ! Nul doute qu'après ces efforts on n'ait débouché une des dernières bouteilles cachées depuis 1940, une de ces bouteilles que l'on buvait dans la clandestinité en prononçant le rituel : " Encore une que les Boches n'auront pas ! "

Quand la première jeep s'est  arrêtée  sur le terre-plein, devant la mer, tout Saint Michel était déjà là.

Nos libérateurs, totalement motorisés -  il n'y avait en effet pas un seul cheval dans l'armée US, ce qui permettait aux avions de chasse alliés de tirer au canon de 20 millimètres, sans se poser de questions, sur toutes les charrettes, y compris sur celles des paysans de chez nous -  furent encerclés dès leur arrivée non pas par les ennemis mais par les bras des femmes et des jeunes filles, et il leur fallut se battre pour ne pas être jetés à terre et étouffés sous les effusions : quel combat !. Beaucoup n'y échappèrent qu'en se cramponnant à la solide mitrailleuse Browning de leur half-track. Pour moi, ces moments uniques se résument au souvenir sur ma joue d'une barbe piquante qui riait sous un casque.

Nos mères nous avaient aidés à grimper dans les véhicules aux nouvelles couleurs, mais pour les baisers aux vainqueurs, elles s'étaient déjà largement servies. On peut les comprendre !

La grande, l'immense attraction ce fut l'arrivée des péniches.

Lorsque les premiers L S T abaissèrent leurs rampes sur le sable gorgé d'eau de la basse mer, la Lieue de Grève allait connaître le seul Débarquement Allié des côtes bretonnes.

C'était le 11 août 1944.

Les bateaux allaient monopoliser toutes nos activités pendant plusieurs semaines. En nombre variable, parfois plus de dix en même temps, ils étaient identifiés par un numéro peint sur leur flanc. Au dessus d'eux, de gros ballons ovales retenus par des câbles, tels des ballons d'enfant, nous intriguaient beaucoup.

Vus du rivage ces  bateaux nous paraissaient énormes et ils l'étaient bien plus encore lorsque, pieds nus, les sabots à la main, nous nous en sommes approchés : cent mètres de long et un pont à la hauteur d'un deuxième étage, une vraie muraille !. En s'immobilisant, ils avaient avec leurs deux hélices creusé dans le sable des souilles grandes comme des étangs où les marins faisaient vrombir d'incroyables canots pneumatiques poussés par des moteurs hors-bord. Du jamais vu et pourtant nous n'étions pas au bout de nos surprises !

Le ventre de chacun de ces mastodontes était rempli comme un Cheval de Troie, mais ce n'était pas des guerriers casqués qui en sortaient, c'était des camions G M C, chargés de bidons d'essence ou de munitions. Chaque bateau pouvait contenir vingt sept camions ou autant de blindés, qui servaient de lest à ces cargos sans quille. Cette force navale, à vocation exclusivement logistique, venait d'Angleterre. Sa mission était de ravitailler les divisions motorisées qui assiégeaient Brest.

Le carburant était conditionné dans des milliers de jerricans de vingt litres. Rappelons, pour l'anecdote l'origine de ce mot "jerrican". Il avait été donné par les Anglais lors de la Première Guerre, à un bidon de conception originale, astucieux et fonctionnel, créé par les Allemands. Ces bidons avaient, entre autres, servi au transport du carburant destiné aux panzers lors de la blitzkrieg contre l'Armée Française, en mai 1940 : ils pouvaient être transportés par n’importe quel véhicule, alors que nos blindés devaient, eux, attendre leurs camions citernes, comme à la station service. Ce sont les Anglais qui ont créé le nom "jerrican", que l'on pourrait traduire par : "bidon boche". Invention géniale  que  les Alliés s'empressèrent de copier à des millions d'exemplaires. 

Si ces bidons contenaient de l'essence et non du gasoil c'est que les tanks "Sherman " américains  avaient besoin pour leurs gros moteurs V8 de ce carburant hautement inflammable. Conséquence, ces blindés, parait il, s'enflammaient si bien quand ils recevaient un coup au but, que les allemands les avaient surnommés " les cocottes minute ". 

Les lourdes péniches à fond plat avaient été précédées de dragueurs de mines. L'un d'eux se donna en spectacle pendant plusieurs jours, beaucoup s'en  souviennent : trompé par son tirant d'eau, il s'était échoué au beau milieu de la grève, imposant à son équipage de vivre penché le temps de plusieurs marées. Il fallut de puissants remorqueurs et un gros coefficient pour tirer le navire de combat de son humiliante posture. Je me demande si, héritiers sans le savoir d'ancêtres naufrageurs, nous n'avons pas été un peu déçus de voir cette proie potentielle nous échapper.  

Faire rouler des véhicules sur une plage, c'est bien, mais il faut aussi les en faire sortir !. Or la Lieue de Grève offrait peu d'accès praticables vers la route côtière.

Seuls quelques points ni empierrés ni bétonnés, " ventres mous " des défenses allemandes de la baie,  étaient faciles à franchir. Sur la commune de Saint Michel il n'en existait qu'un : le talus de sable entre le " chalet rouge " et la rivière Roscoat, en excluant les fondations en dur de l'ancien  "garage d'avions ". Le mol obstacle herbeux ne posa aucun problème aux Américains qui devant nos yeux médusés, avaient fait surgir des cales de leurs LST le premier bulldozer jamais vu dans le pays. Avec les rugissements de ses échappements crachant vers le ciel, la machine, tel un grand fauve, chargea le malheureux talus qui ne résista pas. Sur les brèches mou ainsi créées, comme sur toutes les zones instables, de grandes plaques d'acier perforées - que l'on trouve encore en mains endroits - furent aussitôt posées : et roulent les GMC !

La Lieue de Grève, appréciée pour son sable dur, avait connu les courses de chevaux, les rallyes aériens - celui de l'été 1936 - mais jamais encore les rodéos motorisés !. Elle y eut droit en cet été 44, pour la première et, on l'espère, la dernière fois.

La grande plage, qui n'autorise maintenant que les chars … à voile, n'était pas sillonnée que par des camions. Des grands bateaux sortaient aussi des tanks, des vrais tanks avec des vrais canons. Telle cette colonne blindée venue s'aligner sur l'ancienne voie ferrée, le long des brise-lames, entre les ruisseaux du Roscoat et du Yar. Combien y avait-il de blindés?; Sur environ cinq cents mètres, plusieurs dizaines, en file indienne. 

Ces blindés avaient une particularité, ils étaient équipés à l'avant d'épaisses lames d'acier soudées, taillées en forme de rostres, comme il en existait sur les galères antiques. Ces éperons avaient été découpés dans les " hérissons tchèques ", obstacles anti-débarquement posés en grand nombre sur les plages par les Allemands. On sait que les Américains, bloqués par les haies du Bocage Normand, avaient conçu pour découper les talus des chemins creux, sans les escalader, car cela exposait le ventre de leurs blindés aux canons ennemis, ces sortes d'ouvre boites géants. Il est donc permis de penser que ces chars, devenus inutiles en Normandie, avaient été rapatriés par mer jusque chez nous pour aller ensuite assiéger Brest.

Je ne saurais dire s'il s'agissait de " Sherman " ou de chars anglais, car je ne suis pas historien, mais ce dont je me souviens c'est de la longue estafilade sur ma cuisse provoquée par l'arête vive du rostre de l'un de ces tanks. J'avais trébuché en grimpant, en compagnie d'autres gamins, sur ces jouets grandeur nature qu'aucun soldat ne gardait. 

J'ai conservé pendant longtemps une cicatrice dont j'étais plutôt fier : une vraie blessure de guerre !

Quand la flotte de débarquement leva l'ancre pour s'en aller vers d'autres missions, elle avait laissé quelques gros jouets sur la plage.

Les grands LST éparpillés sur la Lieue de Grève étaient privés, à marée haute, de liaisons "roulantes" avec le rivage. Il leur fallait donc les moyens de ne pas être isolés la moitié du temps. Ils disposaient pour cela de nombreuses annexes suspendues à des bossoirs : radeaux pneumatiques et petites péniches de débarquement de troupes, comme celles utilisées en Normandie le jour "J". Ces péniches de dix mètres de long, en contreplaqué marine, avaient une rampe à l'avant, comme les grands frères. Il est vraisemblable que les premières arrivées, échouées très haut sur la plage, grâce à de gros coefficients de marée, furent prises au piège par les faibles coefficients suivants. Pressés, les Américains n'avaient plus le temps d'attendre les prochaines vives eaux et ils les abandonnèrent, après avoir récupéré les groupes motopropulseurs.

Les épaves abandonnées, il y en avait plusieurs entre Saint Michel et Saint Efflam, furent promptement transformées en fortins par les gamins du pays qui, pour jouer à la petite guerre, avaient été à bonne école pendant quatre ans.

La plus proche de ces péniches était échouée au bas de la descente menant à la plage, en face de l'Hôtel Belle-Vue. Fabuleuse planque, elle permettait à une petite troupe, dissimulée en position accroupie derrière les flancs du bateau, d'engager de violentes attaques-surprise contre des arrivants repérés par des guetteurs. La bataille s'engageait à coup de boules de sable stockées en grand nombre et que l'on avait laissées durcir. Les ennemis, des "Allemands" évidemment, n'avaient aucune chance et devaient rapidement rompre le combat en emportant leurs blessés. 

Ces précieuses épaves ne risquaient pas d'être atteintes par le pourrissement, comme les bateaux traditionnels dans nos cimetières marins. Construites dans des matériaux très intéressants, elles connurent au contraire, quand fut passé le temps des jeux guerriers, de belles destinées. Des garçons plus âgés les avaient méticuleusement mises en coupe. Nous avons encore en mémoire la périssoire taillée dans ce contreplaqué imputrescible par un de nos aînés plein de génie. Ce fut, devant nos yeux émerveillés, le premier bateau de plaisance de Saint Michel, quinze ans avant l'arrivée massive des dériveurs qui allaient coloniser toutes nos plages. 

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