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ROBERT SURCOUF DEVIENT CORSAIRE

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SURCOUF DEVIENT CORSAIRE – CROISIÈRE DE « L'ÉMILIE » - PRISE DU « TRITON ».

Le corsaire Robert Surcouf (1773-1827)

L'on était en 1795, et, par ce temps de guerre navale avec l'Angleterre, le métier de négrier ne pouvait convenir longtemps au jeune capitaine. On lui offrit le commandement d'un fin voilier de 180 tonneaux, armé en guerre, il accepta avec enthousiasme et était sur le point de prendre la mer, quand un ordre du général gouverneur interdit pour un temps la navigation en course, qui enlevait à l'île de France ses défenseurs les plus résolus, en une période critique où les vivres devenaient rares. On ne consentit à délivrer à Surcouf qu'un congé de navigation pour aller aux Seychelles acheter une cargaison de tortues. L'Emilie mit à la voile, le 4 septembre, avec un équipage de 30 marins de bonne trempe, frères de la Côte, et un bon approvisionnement d'armes et de munitions. Le navire arriva le 30 septembre à l’îlot de Mahé, des Seychelles, et déjà commençait son chargement, lorsque apparurent deux gros vaisseaux anglais. Il fallut fuir au plus vite, au milieu de mille récifs. Robert Surcouf sut conduire son trois-mâts hors de danger, et gagna d'un coup la confiance absolue de ses marins.

Après un conseil tenu par les officiers, on convint d'aller charger à Sumatra ; par précaution, le capitaine fit monter sur le pont quelques canons et armer l'équipage. Une terrible tempête faillit faire sombrer l'Emilie et lui fit de grosses avaries. C'est en ce piteux état que, dans les brasses de Pégou, le navire fit la rencontre d'un bâtiment anglais, le Pingouin, qui lui tira un coup de canon de semonce pour le forcer à arborer son pavillon. C'était la réalisation du voeu le plus ardent de Surcouf : on l'attaquait, il pouvait se défendre et montrer ce dont il était capable. Il fit hisser les couleurs françaises, les appuya de trois coups de canon et se dirigea hardiment sur l'anglais, qui, menacé de recevoir la bordée de l'Emilie, amena son pavillon et se rendit. C'était la première prise de Surcouf, son premier avantage personnel sur l'ennemi et, de ce jour, il ne fut plus que capitaine de corsaires. Le Pingouin, chargé de bois, fut envoyé à l'île de France.

Un certain laps de temps se passa sans nouvelle rencontre ; enfin, le 19 janvier 1796, dans les brasses du Bengale, il s'empira d'un brick anglais et de deux autres bâtiments chargés de riz qui furent expédiés à Port-Louis, où la population, menacée de famine, fit fête aux marins qui les amenèrent. Le brick, le Cartier, lui paraissant meilleur marcheur que l'Emilie, il y fit transporter son pavillon et continua sa croisière dans les mêmes parages, avec 23 hommes d'équipage.

Un trois-mâts vint en vue le 28 janvier ; Surcouf fit porter sur lui au milieu des ténèbres, l'accosta brusquement et l'enleva à l'abordage : c'était la Diana, venant de Calcutta avec 6.000 balles de riz. Favorisés par la mousson, les deux navires se dirigeaient vers l'île de France, sans pourtant que Surcouf, auquel il ne restait plus que 16 hommes sur le Cartier, désespérât de faire encore quelque prise.

« Navire ! crie la vigie un matin. — Est-il gros ? demande Surcouf. — Oui, capitaine, il paraît très gros. — Tant mieux, les parts seront plus fortes, » et il fait mettre le cap sur le bâtiment signalé. Mais c'est un grand navire, armé en guerre, de la Compagnie des Indes, le Triton, que montent 150 hommes et dont les sabords sont garnis de 26 pièces de 12. Ce serait folie de s'attaquer à si terrible partie. L'audace du jeune Malouin ne s'en effraye pas ; le Cartier continue à courir sur son aire. Surcouf prend trois hommes sur la Diana et harangue son monde : « Mes amis, dit-il, l'anglais est bien fort et nous ne sommes que dix-neuf. Voulez-vous essayer de l'enlever par surprise et acquérir à la fois la gloire et la fortune, ou préférez-vous aller périr sur les affreux pontons de l'Angleterre ? ». Les marins répondent par des cris de joie : c'étaient tous de rudes aventuriers, d'une race qui tend à disparaître : leur vie se passait au milieu de tous les dangers et à bourlinguer sur toutes les mers ; ils n'avaient pas plus souci de leur peau que de celle des autres et étaient d'une bravoure sans égale.

L'on se rapproche du Triton, Surcouf demeurant seul sur le pont du Cartier, avec trois hommes et quelques Indiens. Il fait hisser pavillon britannique, pour le remplacer aussitôt par les couleurs françaises, qu'il appuie de deux coups de canon chargés à mitraille. Une exclamation de surprise s'échappe du Triton et son équipage descend précipitamment dans la batterie. Surcouf laisse porter ; il accoste l'anglais, ses hardis matelots s'élancent, s'accrochent aux haubans d'artimon du Triton et montent sur la dunette, pendant que le Cartier vient se ranger bord à bord. Surcouf se jette dans les grands porte-haubans de l'anglais et, faute de grappins d'abordage, lie les deux bâtiments avec un filin, puis, à la tête de ses matelots, bondit par-dessus les bastingages, tue le capitaine anglais et s'empare du pont en moins de temps qu'il en faut pour le dire.

Cependant, les canonniers du Triton commencent un feu terrible contre le Cartier, mais les boulets passent pardessus les bords de ce pygmée. Les deux matelots restés à bord du brick tirent à coups de fusil sur ceux des Anglais qui, par les sabords, essayent de passer des armes à leurs camarades. La lutte continue, sauvage. Les Anglais ne peuvent se résoudre à céder à cette poignée de démons ; enfermés dans la batterie, ils essayent de braquer une pièce sur la partie du bâtiment occupée par les Français ; ils sont criblés de grenades et nul espoir ne leur reste plus. L'un d'eux se risque enfin à venir déployer un mouchoir blanc à l'entrée du panneau ; la victoire est aux Français, qui n'ont perdu qu'un homme. De pareils faits d'armes paraissent invraisemblables ; accompli en trois quarts d'heure dans des eaux anglaises, répandit une véritable stupeur dans tous les pays de la couronne d'Angleterre. D'un seul coup, le nom de Robert Surcouf fut célèbre. Les commerçants de l'Inde prirent peur ; les compagnies d'assurances élevèrent leurs primes.

Après le combat, Surcouf avait donné l'ordre à la Diana de rallier et en avait mandé l'ancien capitaine, M. Tapson, qui n'en pouvait croire ses yeux. Le corsaire lui proposa de racheter son navire au prix de 30.000 roupies et d'emmener l'équipage du Triton, dont Surcouf se trouvait fort embarrassé et qui devait être échangé contre un nombre égal de prisonniers français. Tapson et les officiers anglais donnèrent leur parole d'honneur que le marchée serait loyalement exécuté ; ils s'embarquèrent sur la Diana, partirent, et Surcouf n'eut jamais de leurs nouvelles. Le Triton et le Cartier s'en revinrent isolément à l'île de France, mais, chemin faisant, le brick fut capturé.

Le 10 mars 1796, un navire inconnu se présentait devant la rade des Pavillons, à Port-Louis. Une foule considérable s'était amassée sur la rive et les commentaires allaient leur train. Tout à coup, le navire parut un peu par le travers et l'on aperçut à sa corne flotter les trois couleurs de France ; au-dessous, un pavillon anglais était attaché à un balai et traînait à la mer. Ce fut une explosion d'acclamations, dont l'écho arriva jusqu'au Triton et Surcouf débarqua en véritable triomphateur, dans la ville révolutionnée et tout en fête (Philippe Descoux).

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